Thread by @FlorianReynal

THREAD : Dimanche, la passation du drapeau olympique a eu lieu entre la gouverneure de Tokyo et la maire de Paris lors de la cérémonie de clôture.

Mais avant d’en être arrivé là un petit retour en arrière s’impose pour comprendre comment Paris est parvenu à obtenir les JO 2024 ?

I. Projet 💡

Avant l’édition 2024, la ville lumière avait d’abord tenté d’accueillir l’édition 1992, puis 2008, et 2012. Trois échecs qui ont mené à une importante remise en question. Dans la perspective d’une nouvelle candidature, le CNOSF a tenté de comprendre les raisons de ces débâcles.

Un rapport restitué en 2012 à la demande de cette institution pointait des défaillances récurrentes : « politiques trop présents », « leadership inadapté et rôle fondamental des membres français du CIO pas assez reconnu », « CNOSF peu influent à l’international. »

Des décisions ont été prises à l’issue de celui-ci. L’une des plus importantes a été de déléguer la responsabilité des relations internationales en matière de sport au CNOSF (Comité National Olympique et Sportif Français), une mission qui était jusqu’alors gérée par l’État.

Les institutions se sont alors lancées dans de vastes études d’opportunité et de falsifiabilité du projet parisien. Au terme de celles-ci, le projet a reçu le soutien de François Hollande, président de l’époque, et Anne Hidalgo, la maire de Paris qui a longtemps été réticente.

La singularité de Paris 2024 est que 95 % des sites sont déjà existants (70 %) ou temporaires (25 %). Cela répond à son objectif de limiter son empreinte carbone et son cout financier. Sur un total de 36 enceintes sportives, 8 seront rénovés, et seulement 2 seront à construire.

À compter, le pôle aquatique olympique qui pourra accueillir jusqu’à 15 000 spectateurs, et la Bercy Arena dont la capacité sera de 8 000 places. Ces infrastructures serviront à l’héritage olympique, facteur de développement pour le pays dans les années qui suivront l’évènement.

Le village olympique sera, lui, construit en bord de la seine, à quelques encablures du stade de France. Ce projet immobilier préexistait déjà, et la venue des Jeux n’a fait que l’accélérer, tout comme le quartier des médias qui sera également flambant neuf.

Comme l’a déclaré le directeur général de la SOLIDEO, « on construit pour les Jeux, mais aussi pour après les Jeux. » Le budget de ces Jeux du centenaire est estimé à 6,6 milliards d’euros (dont 3,3 milliards d'euros seront financés par le COJO via le sponsoring et les billets).

II. Candidature 📝

Paris annonce officiellement sa candidature aux JO 2024 le 23 juin 2015. Le comité de candidature est présidé par deux anciens sportifs : Bernard Lapasset et Tony Estanget. La ville lumière se retrouve en concurrence avec quatre autres villes : Budapest, Hambourg, Boston, et Rome

Mais très vite, les candidatures chutent les unes après les autres. La ville allemande d’Hambourg est la première à se retirer. Pour cause, en novembre 2015, à l’occasion d’un referendum, 51,7 % des Hambourgeois se prononcent contre la tenue des JO dans leur ville.

Il en est de même quelques mois plus tard pour la candidature de Boston. Le maire ne peut compter sur un soutien populaire infaillible. La candidature américaine est donc remplacée par Los Angeles qui a déjà accueilli les Jeux à deux reprises dans le passé (1932, 1984).

À l’automne 2016, Rome abandonne également son projet d’accueillir les Jeux. Fraichement élue, la maire de la capitale italienne s’oppose fermement à ce projet, estimant qu'il est « irresponsable de dire oui à cette candidature » et d'accepter les « Jeux du béton ».

À son tour, Budapest se retire au début de l’année 2017. Une pétition signée par 200 000 personnes a eu raison de cette candidature. Les opposants affirmaient que l’argent qui y serait consacré serait mieux utilisé pour des projets dans les domaines de l’éducation et de la santé.

La candidature parisienne, quant à elle, peut compter sur le soutien des Français. Selon un sondage Odoxa entre le 21 et le 22 juin 2017, 73 % des Français soutiennent la candidature de Paris. Cet engouement s’est confirmé le lendemain à l’occasion des « journées olympiques ».

De nombreuses installations ont été mises à disposition du public pour partager un moment inoubliable en compagnie d’illustres champions. À l’image du slogan « Made for sharing », le partage était bien le maitre mot de cette fête qui a rassemblé plus d’1,2 millions de personnes.

Le président de la République Emmanuel Macron n’a pas hésité à mouiller la chemise pour montrer tous son soutien. « Je pense que Paris 2024 c'est un projet porté par tout le pays. Il est important d'envoyer le signal que le chef de l'État est aussi au rendez-vous ».

III. Élection 🗳

Seuls Los Angeles et Paris étaient encore en course pour accueillir cette XXXIIIe olympiade. L’idée d’un accord plutôt que d’une confrontation commence à naitre rapidement. « Il faut se placer dans le contexte politique international », estime Pierre Lagrue (historien du sport).

« Le maire de Los Angeles, Éric Garcetti, ne voulait pas d'une compétition avec Paris. Pour lui, la candidature française avait plus de chances de l'emporter. Or, il ne voulait surtout pas risquer un échec d'une ampleur internationale. »

« Il espèr[ait] en effet être le prochain candidat démocrate aux élections présidentielles. Il ne voulait donc pas être tributaire de la mauvaise image de Donald Trump. Surtout qu'en cas de défaite, celui-ci s'en serait allègrement servi contre Garcetti ».

Fermement décidé à accueillir l’évènement en 2024 à l’occasion du centenaire, Paris contraint donc la cité californienne, à se positionner pour les Jeux 2028. En contrepartie, « L.A. » obtiendra une compensation financière d’au moins 100 milliards de dollars de la part du CIO.

L’accord tripartite trouvé le 31 juillet 2017, est gagnant-gagnant-gagnant. Outre la satisfaction des deux villes, cet accord permet au CIO de profiter de deux très bons dossiers dans un contexte où ils se font de plus en plus rares, et donc de pérenniser l’avenir des Jeux.

Ainsi, c’est le 13 septembre 2017 à l’occasion de la 131e session du CIO à Lima, que Thomas Bach (président du CIO) désigne officiellement Paris comme la ville hôte des Jeux Olympiques 2024, et par la même occasion Los Angeles pour ceux de 2028.

Une grande victoire pour tous les membres du comité de candidature. Tony Estanguet s’est félicité de ce succès. « C'est un travail d'équipe, avec tous ces athlètes qui se sont mobilisés derrière Paris 2024 ces deux dernières années. On a tout pour organiser des Jeux incroyables.»

Bernard Lapasset s’est lui aussi montré très heureux de ce résultat. « C'est important de montrer que la France sait se mobiliser, porter des messages, donner du sens à ce qu'elle construit. On va […] transformer le visage de l'olympisme. »

Paris aura donc la chance d’accueillir ses troisièmes olympiades, après celle de 1900 et 1924. La capitale française devient la ville qui a accueilli le plus de fois les JO, au même titre que Londres (1908, 1948, 2012), et Los Angeles (1932, 1984, 2028).

Annexe :
CNOSF : Comité national olympique et sportif français
SOLIDEO : Société de livraison des ouvrages olympiques
COJO : Comité d'organisation des Jeux olympiques
CIO : Comité international olympique

FIN

Merci à tous ceux qui liront et partagerons. 🙏🏻

N’hésitez pas à me faire part de vos retours, ils permettront de m’améliorer pour les prochains threads. 😉

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