Aujourd'hui, 5 septembre, c’est l’anniversaire de la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne d’Olympe de Gouges. Qq petites explications
1)Olympe de Gouges, de son vrai nom Marie Gouze, aux origines biologiques mystérieuses fut éduquée dans un milieu populaire provincial
Montée à Paris à la faveur d’un veuvage (qui comme svnt à l’époque libère la femme…) elle s’essaie à l’écriture, connaît qq succès de renommée
2)Elle prend place dans une bonne société bourgeoise qui apprécie ses positions franches et libérales (elle fréquente Mirabeau, La Fayette)
3)Elle défendait le droit de vote des femmes, mais aussi droit au divorce, mariage civil, la reconnaissance des enfants illégitimes…
Ainsi que la protection maternelle et infantile, l’institution de maternité hors des hôpitaux.
Elle dénonçait également l’esclavage.
4)Elle était favorable à la monarchie constitutionnelle, se prononçait pour le suffrage des hommes ET des femmes, mais censitaire donc excluant les plus pauvres.
5)Elle était contre la mort du roi, s’était même proposée pour le défendre (on lui avait rit au nez, une femme, défendant le roi, vous n’y pensez pas)
6)En septembre 1791 elle rédige donc sa merveilleuse Déclaration des Droits de la Femmes et de la Citoyenne, qu’elle dédicace à Marie Antoinette.
7) La déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen d’aout 1789 est 1 texte fondamental qui marque la coupure révolutionnaire
Mais l’homme, est-ce l’espèce humaine ou sa partie masculine ? Cet "Universel" dont se prévaut la Déclaration ne serait-il pas seulement masculin ?
8)La délimitation du droit de vote dès le débat d’octobre 1789 tend à apporter une réponse : en ce qui concerne le droit de vote, les femmes ne sont pas citoyennes
9)Elles sont aussi exclues des armes. Seuls les hommes sont appelés à entrer dans la garde nationale (qui, comme les urnes, n’est ouverte qu’aux seuls imposables)
10)Dès lors, un certain nombre de femmes protestent contre cette exclusion – et quelques hommes, dont Condorcet.
Olympe de Gouges est de ces femmes.
De nos jours, c’est d’ailleurs l’un des textes les plus connus, les plus évoqués
11)Pourtant, en son temps, son texte ne se distingua pas tant que cela, d’autant qu’Olympe était plutôt isolée.
Elle n’appartenait à aucune des sociétés de femmes révolutionnaires, comme celle de Pauline Léon, Claire Lacombe
12)Après un préambule qui prend les hommes à témoin, le texte est la réécriture «au féminin», avec qq modifications notables, de la DDHC 89
13)Il s’achève par un long postambule qui s’adresse lui aux femmes et les appelle à se mobiliser.
"Femme, réveille toi!!!!"
14)Olympe rejette dès le préambule la relégation de la femme en raison d’arguments naturalistes qui feraient d’elle un être faible, soumis à ses passions, arguments qu’elle tourne en dérision
15)Elle s’amuse même à retourner contre les hommes ces mêmes arguments naturalistes en évoquant « le sexe supérieur en beauté comme en courage, dans les souffrances maternelles »
16)Les naturalistes présentaient tjrs l’opposit° sexe fort/ beau sexe, la beauté n’étant qu’1 consolat° de la fragilité justifiant l’exclus°
La "matrice" dont les naturalistes font la cause de la fragilité de la femme, elle en fait la preuve de leur supériorité en courage
17)Condorcet avait lui d’autres arguments pour démonter l'argument selon lequel règles et grossesses justifieraient l'exclusion des femmes du politique
18) Si l’on regarde le txte, ce qu’OdG réclame c’est l’égalité politique,notamment le vote même si elle ne le cite jamais tel quel. Mais lorsqu’elle dit "la Nation est la réunion des hommes et des femme" c’est dire que les femmes doivent avoir des droits politiques et voter.
19) Elle revendique aussi dans son article XI totalement réécrit les droits des filles mères et la reconnaissance des enfants naturel, mais ne dit mot du divorce.
20)On pourra noter une autre revendication, celle de l’égalité de l’emploi public (art 13 et 14)
21) Pour autant, le texte surprend par un étrange silence. Gouges ne réclament pas le droit de concourir à la force publique, de s’armer donc, établi dans l’article XII du texte originel dont elle livre, elle, une réécriture pour le moins sibylline.
22) Un droit pourtant revendiqué par les femmes alors, et plus même que le vote comme l’a montré Dominique Godineau
22)Pensons ainsi à la pétition de Pauline Léon que l’on ne cite que trop peu
23) ou au discours de Théroigne, discours prononcé à la Société fraternelle des Minimes, le 25 mars 1792 et que j'ai pour partie analysé dans le dernier numéro de @deferlanterevue
24) Le texte est aussi tout du long une dénonciation de l’oppression masculine « Homme, qui t’a donné le pouvoir d’opprimer mon sexe ? »
25) Mais le plus intéressant est son appel à l’engagement militant des femmes dans une lutte contre la tyrannie des hommes.
26)Elle appelle en quelque sorte à déplacer le combat révolutionnaires sur le front de la défense des femmes contre les hommes. Elle incite les femmes à se faire citoyennes, souveraines, ce qu’elle met en pratique en rédigeant, comme le peuple souverain, la déclaration des droits
27) C’est, quand on regarde les autres textes de l’époque, une position finalement rare, et qui explique que ce texte ait pu être à ce point repris au 20e siècle au point de prendre un statut quasi iconique.
28) Olympe de Gouges meurt guillotinée, mais non comme on peut le lire parfois à cause de ses positions féministes, mais à cause de son soutien aux girondins après leur éviction de 1793.
29) Pour autant, on lui aura reproché ses positions féministes…
(extrait du Moniteur universel, condensé de l'antiféminisme )
30)Son texte tombera ensuite dans l’oubli, même s’il continu à être cité par les féministes du 19e siècle, ainsi par ex par Jeanne Deroin en 1848
Il est exhumé par une chercheuse dans les années 1930, puis par Benoite Groult fin des années 70
31) Il n’acquiert alors que là son statut de texte emblématique et matriciel du féminisme français
32) il faut cpdt bien voir qu’ Olympe est icône consensuelle… Plus que les autres femmes révolutionnaires, montagnardes, proches des hébertistes
Olympe est une modérée ; une libérale. Figure plus facilement appropriable que les autres, femmes du peuple et femme de gauche
Allez
un peu d'histoire
Qq rappels sur le Front populaire de 1936
(je m’appuie pour ce faire sur les ouvrages de Jean Vigreux, Serge Wolikoff, Michel Margairaz)
1) Ce qu’il faut rappeler
1 – on parle souvent de l’union SFIO/PCF mais il ne faut pas oublier les radicaux (PR).
C’est essentiel pour comprendre le Front populaire (sur toute la séquence chrono)
2)
2 – on parle souvent du rôle du Komintern (Moscou) mais il ne faut pas oublier que le désir d’Union venait de la base et que l’union était donc déjà bien engagée avant le VIIe congrès de la IIIe internationale.
1) La fête des mère a été instituée en 1929 par la République, dans le cadre d’une politique de "réarmement démographique" (bah oui, les morts de la guerre, ces salauds de pauvres qui faisaient plus assez d'enfants tout ça tout ça)
2)une politique nataliste qui justifiait aussi que l’on interdise l’avortement, la contraception, donc bon….
Le tout avec une bonne réduction des femmes à leur fonction maternelle.
bon je vous apprends pas que le réarmement démographique et les droits des femmes, c'est pas glop
Bon, j’ai regardé les 5 premiers épisodes de la Fièvre (sur C+). Avec les 4 T de Télérama je me suis dit, faut aller voir. Ben… y’a pas mal de choses qui me gênent. Je vous explique rapidement (à noter que tout ce que je mettrai entre guillemets est une citation de la série).
1
Alors je vais essayer de pas trop spoiler. En gros. Tout commence par un incident entre un joueur de foot noir et son entraineur blanc (coup de boule, « sale toubab »). S’ensuit un emballement avec en gros, 3 camps.
2
D’un côté une stand-uppeuse qui joue des paniques identitaires, dénonce le « racisme anti blanc », alimente les peurs et cherche « la guerre civile ». Elle manipule des réseaux sociaux.
De l’autre, les « indigénistes » qui dénoncent « le racisme systémique ».
Article passionnant non seulement sur l'approche en terme de genre en histoire des sciences mais aussi sur les obstacles rencontrées par les chercheurs et chercheuses travaillant sur ces questions hal.science/hal-03477530
deux des chercheuses autrices de l'article rapportent ainsi la réponse d’un archiviste d’une institution scientifique qu’elles ne nomment pas « pas besoin de chercher des femmes dans cette institution, il n’y en a pas »
Spoil : il y en avait!
elles signalent que les archives en France ne présentent pratiquement aucun fonds scientifique associé au nom d’une femme.