Hier, aux @rdvhistoire de Blois, j'ai parlé de compter les mots, mesurer le style, et tenté d'expliquer ce que cette idée curieuse fait à l'École des chartes
Mais au fait, c'est quoi la #stylométrie ?
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Globalement, en comptant la fréquence des mots (ou d'autres propriétés linguistiques), on peut représenter les textes comme des points dans un espace en plusieurs dimensions, et calculer des distances entre eux, observer des nuages de points (textes), etc.
Pourquoi faire ça ? Et bien notamment pour essayer d'identifier le style des textes, ou, pour employer un terme débarassé de connotations artistiques, l'✒️idiolecte🖋️, c'est à dire la variété de langage propre à chacun.
Cette manière de procéder, la stylométrie, qui s'intéresse aux propriétés les moins conscientes et les plus individuelles du langage, remonte au XIXe siècle, même si elle a été «redécouverte» plusieurs fois vraisemblablement…
Déjà, en 1860 en Europe, on comptait les mots-outils en grec dans les œuvres de Platon, mais, sous l'influence des Anglo-Saxons qui ont tout réinventé, on retient surtout Mosteller et Wallace, et leur travail sur les Federalist Papers…
Pour trouver la plume de Madison ou Hamilton derrière ces écrits sous pseudo défendant la sacro-sainte Constitution américaine, ils se sont rendu compte que, quand ça parle de guerre, on a le mot «war», mais que, si l'on cherche à identifier les auteurs, «upon» est + intéressant.
C'est peut-être un détail pour vous, mais pour la stylométrie, ça veut dire beaucoup…
Parce que c'est bien ce genre de petits mots grammaticaux (dites «morphèmes grammaticaux» si vous voulez vous la jouer un peu) qui sont révélateurs du style, de l'idiolecte de chacun.
Mais pourquoi de la stylométrie à l'@Ecoledeschartes , me demanderez-vous, étreint par un suspens insoutenable? (non)
Et bien parce que celle-ci permet de répondre à des questions chartistes par excellence, du type «Qui a écrit ce document ?», «Est-ce un original ou un faux?», questions qui se multiplient pour les documents et œuvres médiévales.
On peut chercher à voir, par exemple, si les auteurs -- parfois, les autrices d'ailleurs -- des textes des trouvères et des mélodies qui les accompagnent sont les mêmes (car oui, on peut aussi faire de la stylométrie de la musique).
Et parfois, on peut aussi s'attaquer à des théories fumeuses, comme cette idée que Corneille aurait écrit les œuvres de Molière, théorie derrière laquelle la responsabilité chartiste est engagée…
puisqu'à son origine on trouve les thèses « anti-stratfordiennes » sur Shakespeare, pauvre comédien incapable de produire une telle œuvre, relayées en France par Abel Lefranc, avant que le poète et dandy Pierre Louÿs ne flaire le bon coup et ne l'adapte à Corneille et Molière.
Comme on l'a déjà montré (doi.org/10.1126/sciadv…), quelque soit l'angle par lequel on prenne cette question, dès lors qu'on est de bonne foi, on retombe sur une séparation très nette entre les œuvres de Molière, de Corneille et de leurs contemporains…
Gardez cela en tête quand, avec le quadricentenaire Molière qui s'approche, certains ne manqueront pas de ressortir ce vieux serpent de mer…
PS: merci à @Ecoledeschartes et à mes co-intervenants pour cette belle table-ronde, et une pensée pour mon compère @F_Cafiero qui n'a pu m'accompagner à Blois hier…
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Le débat s'est beaucoup focalisé sur la question énergétique, mais ce n'est pas forcément le cœur du sujet.
Spoiler: il s'agit surtout de vendre plus de smartphones📱 et des objets connectés.
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En résumé, une bonne partie des arguments pros et antis reposent sur la consommation énergétique 5G:
➡️ moindre (à l'octet)
➡️ mais au total plus grande (notamment car effet rebond).
Or, pour rappel, entre 50 et 75% des impacts écologiques du numérique, c'est le MATÉRIEL. C'est ce qui pollue le plus. Ici, matériel = smartphones et objets connectés.
Parmi 50 mesures #environnement et #numérique le @CNNum propose d'aller vers la diminution des forfaits illimités, 1 mesure parmi bcp d'autres, qui fait écho au débat sur la 5G, mais qui concentre l'attention (110km/h, nous revoilà).
Pour explorer ce très riche rapport, deux questions:
1⃣ Est-ce là que se trouve l'impact principal du numérique? (pas forcément)
2⃣ Pourquoi faut-il quand même penser les usages à préserver et ceux à faire décroître ?
Déjà, est-ce que le numérique est le bon sujet ?
Mine de rien: entre 2 et 5% des émissions mondiales (1% rien que pour la vidéo), comparable avec l'aviation (cf. aussi rapport du @theShiftPR0JECT), en grosse ↗ (+9% par an, soit x2 en 8 ans).
Donc oui, c'est carrément un sujet.