Salut !
Vous vous apprêter à lire ce qui est pour moi le thread le plus important mais aussi le plus dur à écrire. En réalité cela fait plus de 2 ans que je me tâte à l’écrire.
Ce soir, j’ai décidé de franchir le pas...

J'ai grandi dans la secte des témoins de Jéhovah
Je préviens d'avance, je n'ai pas de fil rouge ni réfléchi à la manière dont je vais agencer toutes les idées qui traînent dans ma tête

Je m'excuse par avance des nombreuses fautes que vous pourrez trouver tout au long de votre lecture

Bref, commençons
Je préviens, ça ne va pas être la joie.

Je suis né dans un foyer divisé : ma mère était tj (c'est l'appellation que je vais employer pour dire témoins de Jéhovah), mon père non. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais côté maternel, ils le sont depuis 4 générations
Ma famille a fait parti de ceux qui ont amené la croyance en France.

Ça me fait penser que je n'ai pas défini ce qu'était les tj :
Pour faire simple, il s'agit d'un groupe de croyant aux dérives sectaires, prêtant allégeance plus que tout à leur interprétations de la bible
On parle de dérive sectaire, car ils sont persuadés d'être la seule vraie religion sur Terre, choisie de Dieu, et ne veulent pas se mélanger aux autres non-tj. De plus, ils croient en l'imminence d'un génocide humain, où Dieu ne sauvegardera qu'eux, et quelques rares non-tj
Mais j'y reviendra plus en détail plus tard quand je parlerai comment je l'ai vécu à titre personnel (spoilers : mal)

Enfin bref, ma mère s'est éloigné de la secte temporairement et s'est comme ça qu'elle a connu mon père. Peu de temps après, elle est redevenue une membre active
Mes parents m'ont eu donc, mais la question de l'éducation religieuse ou non ne s'est pas posé. Mon père est mort lorsque j'avais un et demi. Autant vous dire que je ne l'ai jamais connu...
Je ne le "connais" qu'à travers des photos. C'est tout.
Depuis le décès de mon père, ma mère ne s'est jamais remarié, et n'a jamais eu d'autre relation (après, chez les tj, il n'y a de relations sexuelles qu'à travers le cadre du mariage).
Comme je vous l'ai dit plus haut, les tj croient en un génocide connu sous le nom "harmaguédon"
Évènement durant lequel Dieu combattra le diable, et décimera la population de tout mauvais être humains, afin de la laisser aux bons, qui pourront accueillir à leur tour leur chers disparus : la résurrection. Les morts reviendraient à la vie.
Ce qui fait que pendant des années, j'ai grandi et on m'a éduqué dans cette idée que je reverrai un jour mon père, sur une Terre transformée en un paradis. Des années où j'ai été incapable de mener à bien mon deuil. Bah oui, j'allais revoir mon père. Je devais juste être patient.
Excusez-moi, je me mélange pas mal les pinceaux, c'est bien le bordel dans ma tête. J'aurais peut-être dû écrire ça dans mon coin, et remettre dans ordre agréable à lire...
Mais je préférais écrire sur la spontanéité.
En ce qui concerne mon enfance donc, elle est similaire à toutes les enfances d'autre tj comme moi : je ne voyais mes camarades qu'à l'école. Pas encore. Les tj ne veulent pas se mélanger aux autres.
Ce qui fait que là encore, pendant des années, je n'avais pas d'amis de mon âge
J'assistais trois fois par semaines (c'est passé à deux au milieu des années 2000 il me semble), aux réunions de cultes. Elles consistaient à se réunir dans une salle avec les autres partiquants, et écouter des discours basés sur la bible, "étudier" des revues basées sur la bible
Reproduire des scènes de la vie pour s'entraîner à la prédication (vous savez, le fameux porte à porte quand les tj sonnent/frappent à votre porte), des chants religieux, etc...
Si je devais résumer leur contenus : La vie avec Dieu chez les tj, c'est la meilleure des vies
Depuis que je suis gosse, j'ai lu des témoignages, vu quasiment chaque semaines des reportages de gens non-tj tristes, devenir heureux et épanoui depuis leur conversion aux tj, et les dangers que représentent le monde en dehors des tj

Oui, du lavage de cerveaux en somme
Tout les jours il t'es demandé de lire la bible, ainsi qu'un petit fascicule appelés "examinons les écritures chaque jour" qui est un verset de la bible suivi d'un article que les tj ont écrit dessus.
Tout les jours.
Sans exception.
365 jours sur 365.
Même s'ils disent le contraire, les tj te donnent l'image d'un Dieu omniscient observant tes moindres fait et gestes. Ce qui fait que le croyant se sent oppressé, à toujours avoir une attitude exemplaire. Un tj c'est à vie. Cela doit prendre tout ton temps, toute ton énergie.
Revenant sur ce point d'ailleurs. Si jamais vous croisez un tj et que vous lui dites qu'il fait parti d'une secte, il vous rétorquera en vous disant qu'il n'y a pas de gourou puisque c'est Jésus qui chapotent la religion selon eux, et qu'ils ne sont pas à part dans la société
Déjà le premier point est faux. Les tj sont dirigés par 8 personnes, qui font passées toutes leur décisions et prises de paroles comment venant directement de Jésus voire de Dieu lui-même.
Puis il suffit de voir le nombre de paramètres qu'ils cochent pour voir que c'est une secte
Tout cela pour dire que je ne voyais mes camarades en dehors de l'école. De toute l'école primaire, il m'est arrivé qu'une seule fois de passé une après-midi avec des camarades de classe. Voilà.
Par contre j'ai bel et bien fait du porte à porte depuis mes 3 ans je dirais. Et j'ai toujours été le parfait petit tj. Bien sur tout rapport, qui ne se plaint jamais, accepte tout sans jamais poser de contradiction. Je ne fêtais ni mon anniversaire ni Noël,
considérées comme des fêtes païennes.
En ce qui concerne le reste de mon éducation, il faut savoir que chez les tj il n'y a que très peu d'interdits (refus de transfusions sanguines et interdiction de relations sexuelles en dehors du mariage), mais il y a beaucoup, BEAUCOUP,
de choses qui sont "fortement déconseillées". Genre lire et regarder des films qui ont un rapport avec la magie (peut-être le "qui aime la magie ? Jéhovah ou Satan ?" devrait vous parler), qui montrent (ou évoque) le sexe et la violence
Ce qui réduit tes divertissements (quand tu as du temps de libre, car PTDR, et que tu ne le consacre pas à l'organisation) à un nombre limité d'œuvres, et cela varie selon ta sensibilité.
Mais vraiment, le mode de vie tj est vraiment que tu utilise chaque seconde de ta vie à eux
Que tu lises LEURS publications, regardes LEURS films, écoutes LEURS musiques, etc... Toute ta vie doit tournés autour d'eux
Je vais faire un bon dans le temps, et parler du collège. Je vais aussi un peu plus me concentrer sur ce que j'ai vécu et comment je l'ai ressenti, mais pour ne pas vous perdre, il est tout de même important que vous explique le fonctionnement et leur croyances
DONC, après avoir entendu/lu pendant plus de 10 ans, quasiment chaque jours que la meilleure décision de ma vie serait de devenir, et n'ayant jamais eu de contre-argument tangibles (de mon pdv tj), j'ai décidé de me faire baptiser tj à l'âge de mes 14 ans.
Spoiler : C'est la pire décision de ma vie.
Je vais vous résumer en quoi consiste un baptême tj : Grosso modo c'est comme si tu signais un contrat vide, et que "Dieu" venait y mettre ses conditions progressivement.
Par Dieu, comprenait les tj, parlant en son nom.
Le baptême chez les tj, est probablement l'acte le plus important à faire. Néanmoins, pour l'écrasante majorité des personnes qui y cèdent, cela n'est que le résultats de mois voire d'années d'enseignement forcés.
Prenons un exemple : un jour, un tj me racontent une scène. Dieu vient de décimer tout les mauvais être humains, puis les bons humains accueillent les morts qui reviennent à la vie.
Puis il se met à mimer mon père... Il retrouve ma mère, puis fait mine de me chercher.
Il s'adresse à ma mère en disant "Il est où Robin ?", et ma mère lui expliquant que je n'ai pas été sauvé car je n'ai pas été baptisé tj...
Puis il me regarde en me disant "Tu veux vraiment que ton père vive ça ?"

J'étais en larmes.
Je ne sais plus quel âge j'avais quand on me l'a mimé, mais je me rappelle très bien de ce passage.
C'est une spécialité des tj ça aussi : Énormément de culpabilité. On force le croyant à agir par la peur et le sentiment d'échec
Ça me rappelle ce tweet qui montre que les enfants tj sont bassinées par des histoires effrayantes, leur racontant la fin d'un (et non du) monde, et comment par la passé Dieu s'est montré dur envers ceux qui ne l'écoutaient pas
Mais bref, une question doit vous venir en tête : Qu'est-ce qui a été le déclic pour réussir à prendre du recul et comment tu en es sorti ?
Ptdr vous n'avez pas fini de lire
En réalité, trois choses ont été décisives :
Premièrement, un mois après mon baptême tj, où j'étais sincèrement persuadé d'avoir pris la meilleure décision possible, je suis rentré en 3eme, en option audiovisuel. Mon TN vous aura spoilé, c'est devenu ma passion.
Et évidemment à partir de ce moment, j'ai des rêves d'un jour devenir réalisateur, ou du moins travailler dans ce milieu. Mais les tj me font très vite comprendre que non, ça ne vas pas être possible.
Déjà car c'est un milieu qui "craint"
Qui ne promeut pas un mode de vie tj, puis qui prends du temps, et attention le ponpon "en plus, si t'aimes tu risque de rester plus longtemps au travail"

Jsp si vous vous rendez compte ? On m'a dit non car c'est un travail qui me plairait ????
À ce moment là, commence à naitre une grosse frustration
Un an plus tard, je décide de m'inscrire sur Twitter. Chez les tj l'usage des réseaux sociaux n'est pas interdit, mais fortement déconseillés, car ils permettent d'entretenir tes relations en dehors du travail ou l'école
C'est pourquoi en m'y inscrivant, je l'ai fait en cachette. D'ailleurs, ça c'est le point commun de tout les (ex-)tj : tu fais tellement de chose en cachette !
Les tj ont énormément la notion de rapporter ce que le voisin fait
En m'y inscrivant donc je commence à entendre d'autre sons de cloches. Et là où normalement j'étais éduqué à fuir ses sons, à ne pas les entendre, ben j'ai écouté.
Et je suis resté sur Twitter. Car ça me plaisait. Car je ne sentais plus ce poids immense qui me pesait au quotidien
Et enfin, j'ai fait connaissance de mes premier-es ami-es LGBT. Et à lire de nombreux témoignages sur leur oppressions, ce qu'iels vivaient aux quotidiens, leur parcours, etc... Puis j'ai compris quelque chose qui aller à l'encontre totale de ce que je croyais depuis petit :
L'homosexualité est naturelle. Et ce n'est pas un choix.
Quand j'ai lu, compris puis accepté ça, cela à fait une explosion dans ma tête
On m'avait enseigné que Dieu rejetait l'homosexualité.
Mais comment cela pouvait être possible, alors que Dieu est amour, et qu'en plus c'est lui-même qui l'avait mis dans sa nature ?

Énorme choc donc comme je vous disais. Et à partir de là, je me suis dis que si ça c'était faux, le reste pouvait l'être aussi...
J'ai commencé à tout déconstruire progressivement. Puis j'ai aussi commencé à ouvert les yeux sur la manière dont étais inculqué les valeurs et les enseignements tj. Je ne voyais que propagande et malhonnêteté.
Après il faut bien comprendre que cela ne s'est pas fait un claquement de doigt. Déjà car il a fallu que j'aille chercher ses informations, et que j'accepte de les lire, mais également car j'étais toujours tj, et recevait toujours l'enseignement
Puis aussi, dans les notions à déconstruire, y'a celle de la résurrection... Et là je peux vous dire que ça, il m'en a fallu du temps pour l'accepter. C'était tout simplement accepter que je ne (re)verrai jamais mon père, alors que j'ai toujours étais persuadé du contraire
C'est pas normal d'être dans le déni pendant autant d'années. J'avais jamais accepté la mort de mon père. C'était juste une longue absence.
J'allais le revoir... C'était sûr. J'allais lui parler, le prendre dans mes bras, entendre le son de sa voix, le toucher
J'avais tout fait pour le revoir. Il allait être fier de moi. J'aurais pu lui parler de ma vie, tout ce que j'ai fait, mes hauts, mes bas, mes chagrins d'amour, mes fiertés...

Et subitement, tout disparait. Toute cette vision idyllique part en fumée
Ça... Ça c'est indescriptible. C'est un coup de poing dans ta gueule. À ce moment tu veux juste tout casser. Tu viens de perdre ce qui pendant des années te faisait tenir. Ce en quoi tu espérais le plus. Ce que tu as toujours attendu... en vain.
[Petite pause dans le thread : déjà, merci de tout lire. Ensuite désolé si c'est long, j'ai beaucoup, BEAUCOUP à dire. Et enfin, je vous avoue que ça me fait quelque chose d'écrire ça, surtout sur mon père]
Reprenons donc :
Maintenant que tu as déconstruit tout petit à petit, et que tu avales non sans mal la pilule, tu te dis que tu as fait le plus dur...

P T D R

...
Une fois que tu réalises à quel point tu n'as plus ta place, que tu ne te retrouves plus ni dans l'enseignement ni dans les valeurs, te te dis qu'il faut que tu partes pour être plus heureux... Mais si tu savais à quel point c'est dur de partir
Alors tout d'abord, comme répété pas mal de fois, les tj t'apprennent qu'il n'y a qu'avec eux que tu peux être réellement heureux, et avoir l'espérance de vivre éternellement sur une Terre transformée en paradis.
Donc si par malheur tu te mets dans l'idée de les quitter, tu as cette idée en toi que tu ne réussira jamais à être réellement heureux. Et même si tu as tout déconstruit, je peux t'assurer que ça reste, ça te colle et cette idée ne te quitte jamais réellement
Mais bon, soit, ça c'est rien. Si jamais malgré ce risque, tu veux sortir, les tj ont un concept merveilleux :

✨L'excommunication✨
En gros : tout tj reçoivent l'instruction de ne plus t'adresser la parole. Même ton amie d'enfance. Même ton meilleur ami. Même ta famille. Même ta mère, dont la mort de ton père a fait que vous avez une relation fusionnelle et que vous vous connaissez par cœur.
Et ça, ÇA, ça bloque toute personne tj voulant partir :
À quoi bon partir, et prendre le risque de ne pas être heureux, et prendre toutes ses relations ? Est-ce que cela vaut le coup ?

Tu peux simplement être moins actif, sans être excommunié.
Et ça, ça m'a bloqué pendant littéralement des années. Déjà parce que j'étais jeune, j'avais 16/17 ans quand cette idée se concrétisait de plus en plus, puis car ai le courage d'affronter ça. Ai le courage d'accepter de tout perdre.
Ai le courage de pleurer, et de vider tout ton stock de larmes. Ai le courage de supporter ces regards qu'on te jette. Ai le courage d'accepter d'avoir blesser Dieu. Ai le courage d'aller de l'avant ensuite.
Plus j'avançais dans le temps, plus je me sentais oppressé et triste de me retrouver dans une situation dans laquelle je ne voulais plus être
Vient mon entrée en fac. Ma mère ne voulant pas que je prendre mon indépendance immédiatement, a voulu que je reste dans ma ville de lycée
Parmi toutes ces nouvelles personnes, je créé un groupe avec 3 ami-es. @MadebyGaby et @ManaelmZ, en faisait parties, et font partis des gens qui ont sauver et changer ma vie.
On passe tout notre temps de libre ensemble. On n'arrive pas à se quitter. Sauf moi, à 17h, où je devais rentrer à la maison, vous savez les tj ne se mélangent pas au non-tj.
C'était autant frustrant pour eux que pour moi.
Puis je n'ai jamais dit que j'étais que tj, j'en avais tellement honte. Honte qu'on me faisait culpabilisé en me disait qu'en retour "Jésus et Dieu avaient honte de [m]oi tout comme [j']avais honte d'eux"

CHOUETTE L'ENCOURAGEMENT !
Bref, nous sommes en mars 2019 (et non petit prank en réalité nous sommes en octobre 2021 😂🤣😂🤣😂🤣🤣🤣🤣🤣), et lors d'un repas à Burger King, je m'en souviendrais toute ma vie, mes amies proposent une coloc !
Tellement la meilleure idée
On est tout les 4 très enthousiastes à l'idée, mais au fond je sais que c'est impossible pour moi pour les raisons que je vous ai cité au-dessus.
Malgré ma très très TRÈS forte envie, je décline.
Les semaines passent, et ne sachant pas vraiment pourquoi, iels relancent
Au bout d'un moment, je me dis qu'il faut que je leur explique la situation. Pourquoi parler à ma mère ne pourra rien changer, et pourquoi c'est quasiment impossible que ça arrive.
Quand je leur ai tout dit, y'a eu un blanc. Et même des larmes.
D'ailleurs, je ne l'ai pas précisé, mais bien que cela était un poids immense, seuls deux personnes de mon entourage ont su ce que je traversais (mon meilleur ami IVL et ma première petite amie, à distance). Je n'arrivais pas à en parler
Il y a des amis qui me connaissaient depuis des années, et dont je ne leur en ai jamais parlé
Même là pour la plupart d'entre vous, vous le découvrez ce soir
Enfin bref, une fois cela de dit, je leur avoue que je veux m'en sortir, que cela va être compliqué mais pas irréalisable
Pendant plusieurs mois iels vont faires des recherches de leur coté, pour trouver un appart pour 4, et de mon côté je fournissais les papiers nécessaires, puis j'essayais d'être le plus discret possible
Déjà en ne me faisant pas reconnaitre par un tj dans la rue, et que ma mère
Ne me soupçonne pas. Finalement après échec, on trouve un appart génial, et on réussit tout les quatre à l'avoir ! Entre les garants et tout ce qui s'en suit...

Mais le plus dur rester à faire.
Bon, là on va rentrer dans la partie dont j'ai le plus honte. Celui où j'ai fait souffrir le plus de personne, et de manière violente...

Normalement pour partir de chez les tj, ce qu'il faut faire c'est exprimer ce souhait à l'oral ou à l'écrit auprès des "anciens"
Pour simplifier au max, les "anciens" sont l'équivalent des prêtres dans la religion catholique. C'est à eux que vient la responsabilité de "gérer" un groupe de fidèle à travers leur discours, et leur organisation
Ils viennent aussi au bien-être "spirituel" du groupe
Aussi, juste une dernière disgression : ce ne sont que des hommes. Chez les tj la femme ne peut pas président de réunions, faire de lecture publiques de la bible ou de revues tj, ni devenir ancienne ou quoi que ce soit
Le maximum qu'elles puissent atteindre c'est missionnaire, le statut de prédicateur le + élevé. Tu fais du porte à porte TOUT LE TEMPS

Voilà, autant dire qu'une femme doit bien fermer sa gueule et ne s'épanouira pas 🙃
Donc, me sentant incapable d'annoncer à ma mère que je quitte les tj, donc voire dans son regard sa tristesse, et sa déception, et ne voulant pas me confronter aux anciens qui feraient tout pour me retenir, j'ai décidé de faire ça en cachette
L'idée : Le mardi matin je vois ma mère. Je la serra fort dans ma bras, et pendant qu'elle part au travail, j'ai déménagé toutes mes affaires dans la journée.
J'ai laissé deux lettres sur la table du salon expliquant mon départ à ma mère, et aux anciens.
A peine quelques minutes après avoir posé mon dernier carton, je reçois un appel de ma mère... Elle est en larmes. En quoi... à peine 5 secondes j'éclate en larmes aussi

On se voit. Ça été l'heure la plus longue de toute ma vie.
Je voyais ma mère, que j'aimais tellement, avec qui j'ai grandi, que je connais par cœur, dont notre lien est si fort, on a tout les deux perdu quelqu'un de proche, puis j'étais son unique enfant, pleurer toutes les larmes de son corps
Je ne veux pas tomber dans le pathos, mais nous n'en pouvions plus tellement nous pleurions.
Nous nous quittons, en sachant que nous nous reverrons le lendemain
S'en suivi 3 mois. 3 mois horrible, impossible à résumer, où le simple fait de me réveiller le matin me rendait triste. 3 long mois, où je faisait des aller-retours entre mon appart, ma mère et les réunions privés avec les anciens qui me demandaient des comptes
Que je vous resitue : j'avais 18 ans, et j'avais en face deux mois 2 à 3 personnes d'autorités à qui je devais expliquer la raison de mes choix. Puis, c'est sans compter qu'un ancien ami avait balancé mon compte Twitter
Rémi, je ne sais pas si tu lis ce thread, y'a peu de chance, mais je sais que c'est toi. Tu n'as aucune idée à quel point tu as détruit ma vie, et moi occasionnellement. Dans cette histoire j'ai pardonné tout le monde. Sauf toi. Et ça ne sera jamais le cas.
Bref, avec la balance de mon compte Twitter et par extension, ils ont su que j'étais en couple, et je devais donner les détails de notre relation, dire notamment si on avait couché ensemble
Ils m'ont aussi interpellées sur les films que je regardais ou encore les photos avec un bonnet de Noël
J'étais dans la merde, puis évidemment on m'a servi le "tu déçois énormément Dieu"
Là tu te dis que ça ne peut pas aller pire... Eh bien sachez que pour aller mieux, ma mère et moi suivions une thérapeute. Séparément cependant.

Néanmoins, elle avait une petite particularité :
Elle était tj 🙃
Et ça, je m'en cachais bien de le dire à qui que ce soit, et notamment à ma petite-amie de l'époque qui lira certainement ce thread, et dont je suis désolé de te l'avoir caché
Vraiment, je vivais ma pire période, et elle s'est tellement bouffé mon état
Je suis vraiment désolé pour mon humeur, mes aller-retour incessants, et le poids que je t'ai fait porté malgré moi, et que tu ne devais pas à avoir
Et donc, entre la tristesse profonde de ma mère, la pression des anciens, la culpabilité de ma grand-mère, et l'incompréhension de mes amis qui malgré eux ne pouvait pas comprendre, je me suis senti extrêmement seul
Mi-juillet, j'ai passé quelques jours de vacances sachant qu'il s'agissaient de nos derniers moments ensemble... Je m'endormais chaque soir, la boule aux ventre, les larmes aux creux des yeux
On est retourné sur les terres de ses vacances avec mon père... Et là, pour la première de ma vie, elle me révèle des choses sur lui. J'en avais besoin, et il fallait que je l'entendent, j'ai passé tant d'années à faire la sourde oreille...
Mais là tout le respect factice que j'avais envers mon père, commençait peu à peu à partir en poussière...
Puis en Août, vu que cela commençait à faire trop long, les anciens m'ont posés un ultimatum : je devais leur au milieu du mois si je restais ou si je partais.
Et même si la décision était prise depuis longtemps, et qu'eux craignaient ma réponse, cela a été horrible
Pour bien comprendre : ma famille et mes anciens amis tj préfèreraient que je sois mort plutôt qu'excommunié.

Je répète : ils préfèreraient que je sois mort. QUE JE SOIS MORT.
Allez, c'est bon, c'est officiellement le moment où je continue d'écrire le thread en larmes.
Avant de leur annoncer aux anciens, j'ai revu ma mère, une dernière fois... Elle connaissait ma réponse avant que je lui dise. Etonnamment ça étais un moment plutôt calme, peu de larmes ont coulés.
On s'est pris une dernière fois dans les bras.
Nous nous sommes revus deux semaines plus tard à un mariage, le temps de 30 min. C'était fin Août 2019.
Depuis nous ne sommes pas revus.
La dernière fois que j'ai entendu le son de sa voix c'était en février 2020.
J'ai annoncé aux anciens que je quittais les tj.
Je suis rentré chez moi. J'avais tout perdu. Mes amis. Ma famille. J'avais rompu quelques jours plus tôt. Le respect envers mon père. Du poids. Ma joie. Mon envie de vire.
Tout.
Si vous vous demandez comment j'ai fait pour me relever ensuite : j'avais des amis. De vrais amis, qui vont pas t'abandonne parce que des gens qu'ils ne connaissent pas leur dise.
Mes amis de fac, du lycée, de Twitter. Ils ont été là. Ils n'ont pas tout comprendre, mais ils étaient là.

Et j'avais le cinéma. Je vous jure, sans ça, je ne sais pas où j'en serais aujourd'hui
Le reste, c'est un très long chemin, que tu parcours seul. Tu tombes plein de fois, mais tu réussis à te relever. Les seules personnes qui arrivent à te comprennent sont celles qui ont connus le mêmes parcours que toi
D'ailleurs remerciement spécial à @hhbbdgdgba @MattMisled @Black_Archange @NinaMeluvan @LeCompulsif que ce soit pour un tweet, quelques échanges ou plus, c'est en vous que j'ai réussi à me retrouver
Le reste ça était de la découverte : se laisser pousser la barbe, les cheveux, faire des soirées (et ne pas en comprendre les codes mais être là), fêter Noel, le nouvel an, et pour la première fois à mes 20 ans, mon anniversaire
Là ça fait plus de deux ans que cela est passé, et j'ai encore des séquelles... Y'a deux jours j'ai revu une photo de ma mère. Elle me manque. Terriblement. J'espère qu'elle va bien.
Même si j'essaie de m'en détacher, je risque d'être encore plus rejeté par ma famille par ce thread, car en disant publiquement du mal des tj, je deviens "apostat" soit la pire catégorie possible pour un tj
Je vaut officiellement moins de rien pour eux. C'est pour ça que j'ai pris 2 ans à me décider. Et parce que je ne voulais pas me replonger dans ses souvenirs, mais ses derniers jours ils revenaient de plus en plus
Je voudrais finir ce thread sur deux points :
Tout d'abord je n'accuse personne (sauf Rémi). Les tj sont majoritairement tous des victimes, qui pensent sincèrement faire le bien, et veulent sauver la planète entière.
Ils sont pacifiques, et je leur dois beaucoup que ce soit dans ma facilité à l'oral, le partage, l'entraide, l'empathie et le pacifisme.
Les vrais coupables sont ceux qui tiennent les rennes et font appliquer leur lois sous couvert de la volonté de Dieu
Les coupables ne sont pas les fidèles. Ce sont les tj.

Et j'en viens à mon deuxième point : je reste ouvert à la discussion (sauf les tj qui veulent me faire revenir). Mes DM sont ouverts
Que vous vous posez des questions, que vous soyez vous-mêmes tj, que vous voulez en savoir plus, sur moi ou sur les croyances et la manière dont fonctionnent la secte
Je me rends compte que j'ai étais pas mal négatif, je vais vous dire où j'en suis dans ma vie actuelle :

Je suis bien. Je ne crains plus de me promener dehors sans croiser de regard jugeur. J'ai des amis. Beaucoup ! Je me sens entouré et soutenu !
Je vis seul dans mon appart, en faisant mes choix, en menant ma vie comme je le veux. Cette année j'ai réalisé un documentaire, et j'ai même pu le projeter ! On m'a applaudi, et félicité.
J'ai encore beaucoup avant d'atteindre mes rêves. Mais je suis là. Debout
J'ai essuyé beaucoup d'échec, de déception, de baffes, mais je suis toujours debout. Comme tout le monde je tombe. Mais je sais que le plus dur est derrière moi, et que j'ai la force pour continuer et ne rien lâcher
Ce thread est initialement pour vous dire : les obstacles peuvent sembler insupportables, voire que le monde qui t'encoure peut vouloir ta mort, mais on peut s'en sortir.
On peut rester debout. Et pas grave si c'est avec une béquille. On reste humain.

Merci à vous <3

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14 Oct
Un nouvel épisode de Robin au Mirail :

Durant la pause, j'ai convenu avec le groupe avec lequel je suis de manger ensemble au R.U. Après le cours j'ai néanmoins besoin d'aller aux toilettes. En sortant, plus personne. Ils s'étaient évaporés. Mais pas de panique,
Je sais où je dois aller... Ah ah ah (pas du tout)
Je me rends donc à la cantine, là où je pensais qu'était le lieu de rendez-vous, mais personne... Je rentre, et j'essaie de voir si je reconnais quelqu'un dans la queue. Bonne nouvelle : oui !
Mauvaise nouvelle : je l'ai confondu
Donc après 10min d'attente (sachant que je n'ai le contact que d'une seule fille dans le groupe), ben je me tâte à rester, et me promène un peu à la fac. Et d'un coup, je pense devant le R.U.

Spoilers : ben ils étaient certainement déjà passés, et anxiété sociale, donc
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