Bonjour à toutes et tous. Lundi 18 octobre. Jour n•27 du #proces13novembre. Les débats vont bientôt reprendre. Les auditions de victimes du Bataclan se poursuivent cette semaine. Celles qui étaient sur les balcons de la salle de spectacle. /1271
Emilie et Nicolas sont les premiers témoins du jour. Elle est habillée en noir, le visage rond. Brune, joues rougies et yeux cachées sous une mèche et de petites lunettes. son conjoint, blond, lui tiens la main. Il est vêtu d'une épaisse chemise à carreaux.#proces13novembre /1272
Emilie raconte qu'elle se réfugie dans une loge dès le début de la fusillade, avec Nicolas. "C'est vrai ce qu'il se passe ?" Elle pense à ses enfants qu'elle veut revoir.
Dans la loge, elle prend l'enfant d'une autre spectatrice (Clarisse) dans ses bras...
#proces13novembre /1273
Puis une autre Clarisse ('Bruce Willis au féminin') défonce le faux plafond. Il faut se hisser là haut. "Je dis à Nicolas que je n'y arriverai pas en raison de ma corpulence." dit-elle dans un sanglot. Il faut imaginer la panique d'Emilie à ce moment là.
#proces13novembre /1274
C'est Emilie qui brise les toilettes raconte-t-elle. Nicolas l'aide à se hisser. Elle y parvient. Là haut elle suffoque avec la laine de verre. La peur, le noir, l'intervention policière, enfin. Il y a aussi l'enfant de Clarisse à qui elle parle souvent.
#proces13novembre /1275
Prévenus par Nicolas, son conjoint, les policiers de la BRI découvrent la planque de fortune où sont amassés Emilie et une 20aine de spectateurs. On lui de faire attention où elle pose ses mains.
"Je les ai posé sur des restes humains..."
#proces13novembre /1276
"Les policiers m'ordonnent, comme Nicolas, de ne surtout pas regarder" raconte Émilie. Elle sanglote à présent. "Mon foulard s'échappe quelque peu, je vois une jeune fille au sol, puis un autre garçon. Je viens de voir des morts. Je ne l'oublierai jamais"
#proces13novembre /1277
Puis le retour à la surface pour Émilie, après voir plongé en enfer. Et la normandie où ils retournent. "Une voisine marocaine est venu s'excuser. elle avait honte de ce que ces terroristes avaient fait au nom d'Allah. Je lui ai dit que je ne ferai jamais d'amalgames." /1278
"Cette femme est devenue mon amie" raconte Émilie qui poursuit en exposant sa dépression. Elle pleure beaucoup à présent. "Je suis morte au Bataclan dit-elle. Je ne ferai jamais le deuil de celle que j'étais là bas. Je ne travaille plus. Je fonctionne comme un automate."/1279
Son conjoint Nicolas prend la parole. "C'est Emilie qui m'a sauvé. Elle voulait faire sa mémé ce soir là (sourires) On a évité la fosse, on s'est installé au balcon." Lui aussi dit qu'il a perdu une part de lui même au Bataclan, "au milieu des 90 corps"...
#proces13novembre /1280
Puis la loge, le faux plafond et cet enfant dont Emilie s'occupe. "Je pense avec le recul que cet enfant lui a sauvé la vie en fait dit Nicolas d'une voix douce. Elle était concentrée, cherchait à le divertir. Sa maman était un peu plus loin."
#proces13novembre /1281
Nicolas raconte le faux plafond. Il projette une photo des lieux, prise un an plus tard. Un endroit exigu, plongé dans le noir, juste derrière la scène. "Il y avait beaucoup d'humanité dans cette loge, beaucoup d'entraide aussi."
#proces13novembre /1282
"Si Émilie a réussi à se hisse là haut, c'est grâce aux encouragements continus, les mains tendus. Elle a réussi grâce à cela. Et aussi parce qu'elle a posé son pied sur ma tête (sourires à nouveau)". La loge, le faux plafond et puis les combles...
#proces13novembre /1283
"Les combles c'est le purgatoire. Au dessous c'est l'enfer poursuit Nicolas, très imagé et toujours aussi calme dans son récit. L'enfer dont des hurlements s'échappent. Des hurlements qui ne ressemblent plus à des voix humaines et des râles d'agonie..."
#proces13novembre /1284
Nicolas raconte la fosse, qu'il compare au charnier d'un camp de concentration. Quelle image dans sa voix qui ne tremble toujours pas. Il y a l'après, ses enfants qu'il retrouve avec Émilie. La difficulté à se reconstruire. La panique dès le moindre bruit.
#proces13novembre /1285
Nicolas conclut avec ce propos, empreint de grande dignité : "M. le président, vous le rôle le plus important. Vous représentez l'Etat de droit. Pour ces accusés, il n'y aura pas de justice d'exception, ils seront juger selon les lois de notre République"
#proces13novembre /1286
"Je ne souhaite pas de vengeance, ce serait leur ressembler. Je souhaite que ces accusés soient jugés équitablement. Montrez leur notre dignité, nos valeurs, et qu'on oublie à jamais leur noms."
Grand humanisme.
Nicolas et Emilie quittent la barre.
#proces13novembre /1287
Un autre couple à présent. Danièle et Nicolas, tous deux la cinquantaine qui, ce soir au Bataclan, trouvent des places assises au balcon. Danièle a pris des photos qu'elle montre en salle d'audience. Grosse ambiance et fosse pleine à craquer. Troublant...
#proces13novembre /1288
Danièle, cheveux bruns, lunettes et chemise blanche & Nicolas, chemise bleue col Mao, cheveux gris courts et petit bouc, trouvent refuge dans un petit cagibi.
Danièle évoque aussi l'humanité, l'entraide entre les spectateurs. Ce cagibi ouvre sur les toits
#proces13novembre /1289
Depuis le toit, Danièle et Nicolas trouvent refuge dans l'appartement d'un voisin du Bataclan qu'elle remercie à la barre. Les tirs, la peur, et enfin l'arrivée des policiers. Elle raconte avoir beaucoup pensé au petit garçon, espéré qu'il soit en vie...
#proces13novembre /1290
Danièle raconte avoir appris que lui et sa mère s'en était sortis. Elle et Nicolas sont retournés à Troyes. Leurs vacances à Paris, se sont déroulées au fond de leur appartement. Ils ont repris le travail et les concerts. Mais l'insouciance a disparu. Comme sa tolérance... /1291
"Avant j'étais peace & love. Aujourd'hui quand je vois des mères en noir, sous leurs voiles, à la sortie des écoles avec leur mari, vêtus en salafistes, je ne le supporte plus...je pense à tous ceux qui sont tombés, à Samuel Paty.." dit Danièle sombrement.
#proces13novembre /1292
Nicolas prend la parole, accompagne le récit de sa conjointe avec ses propres réflexions: "où est ton sac Danièle ? où est ton sac ? Il y a tout à l'intérieur, les clés etc.(sourires). Surtout ne pas se faire tuer par des policiers, une fois libérés !"
#proces13novembre /1293
"Une fois libérés dit Nicolas d'une voix claire, mon cerveau a reconnecté. J'ai réalisé que si nous étions vivants, c'est parce que d'autres étaient morts..." Nicolas et Danièle semblent un peu libérés des démons du 13 novembre. Même si tout est si fragile
#proces13novembre /1294
"Aujourd'hui,je n'attends rien des accusés, je ne crois pas à leur rédemption dit Nicolas. Mais nous avons gagné, nous n'abandonnerons pas nos valeurs. J'aimerais aussi que ce procès dégage des responsabilités, qu'on identifie des failles pour que cela ne recommence jamais" /1295
Jérôme s'avance. Un bonhomme, un gaillard, la cinquantaine, barge grise fournie, lunettes et cheveux blanc. "Il est au Bataclan, le 13 novembre, pour revivre son adolescence. Il n'a jamais été dans cette salle légendaire dont il connaît la réputation..."
#proces13novembre /1296
Jérôme aussi choisit le balcon. Il remarque ce petit garçon dont tout le monde parle. Il lui paraît très jeune. Le concert commence, la fosse est pleine. Il est pris d'une angoisse, soudaine. Puis tout bascule, les pétards, et les gens qui tombent au sol..
#proces13novembre /1297
"On est dans la merde pense Jérôme. Je ne pense qu'à une chose, sauver ma peau. Je me dissimule sous les fauteuils. J'ai honte de le dire mais il y a une femme sur moi. Je me dit qu'elle me protègera des balles"
Il faut avoir du cran pour faire un tel aveu
#proces13novembre /1298
C'est Jérôme qui éclate la porte de la loge dans laquelle la 20aine de spectateurs trouvera refuge, via le faux plafond. C'est lui aussi qui a aidé Émilie, à grimper vers les combles, grâce aussi à son conjoint.
En plein chaos, une histoire d'adrénaline...
#proces13novembre /1299
Jérôme poursuit. Heureux dit-il que son pote Thierry soit avec lui. Et puis les cris, la douleur d'un spectateur qui hurle, une femme qui demande aux autres de laisser tranquille cet homme. L'assaut, l'explosion, l'évacuation. Son récit est circonstancié.
#proces13novembre /1300
Jérôme a fait l'armée. Connait les armes et ce type d'intervention. Il prend les choses en main, prodigue des conseils aux réfugiés sur la plateforme. Les guide. Leur dit de ne pas paniquer quand la police les retrouvera là où ils sont cachés. Maîtrise.
#proces13novembre /1301
La maîtrise et les sanglots soudain. Jérôme décrit les images qui ne le quitteront plus jamais, ces ombres dans sa nuit. Lorsqu'il s'exprime, il a les mains au fond de ses poches, comme un enfant un peu désolé, le visage rouge et peiné, qu'il lève parfois
#proces13novembre /1302
Il y a l'après. Le retour chez lui. Jérome regarde la télé. Les journalistes ne racontent pas vraiment ce qu'il a vécu. Il ne la rallumera plus, ni ne lira la presse pendant de longs mois. Sa déposition au 36 quai des Orfèvres. Elle va durer 22 heures...
#proces13novembre /1303
Jérôme contient beaucoup ses émotions face à la Cour. Il a cette formule pour conclure sa déposition : "Je suis un peu comme bouteille d'Orangina. La pulpe est restée au fond pendant 6 ans. Et là, le procès fait tout remonter."
#proces13novembre /1304
Répondant aux questions de son avocate, Me Sylvia de Sousa, Jérôme raconte qu'il n'a pas été blessé, que les siennes sont intérieures. Mais surtout qu'il est dur aujourd'hui d'être confronté à l'éternel : "maintenant faut que tu passes à autre chose..."
#proces13novembre /1305
Franck, la cinquantaine, cheveux poivre et sel, petite moustache, veste grise sur chemise blanche. Comme ceux qui l'ont précédé, il est d'une génération plus âgée que celles et ceux qui fréquentaient la fosse ce soir là. lui avait chois le balcon.
#proces13novembre /1306
Les premiers claquements secs dit-il. Et l'odeur de la poudre. "Là je comprends tout de suite. Ça tire de partout, sans discontinuer. Je vois 2 assaillants, identifie leurs armes des AK47. J'me dissimule, me dit instinctivement qu'il ne faut pas descendre"
#proces13novembre /1307
Franck explique qu'il se met alors à ramper. Une femme devant lui. elle ne bouge plus. Lui met une claque dans la nuque, elle réagit. "Je me suis excusé après" précise-t-il. Dans l'un des corridors, il découvre un vasistas. Et il aide les gens à évacuer...
#proces13novembre /1308
"Les femmes d'abord précise Franck. Puis 1 couple de sexagénaires. Il arrive sur le toit avec d'autres spectateurs. Les tirs sont continus. J'entends un homme donner son numéro, à voix haute. De par mes fonctions, je sais qu'il le donne à la BRI."
#proces13novembre /1309
Sur le toit, Franck, probablement policier, donne lui aussi des directives. Il sait qu'il n'est pas à l'abri sur le toit non plus. Conseille de ne pas téléphoner, de ne pas fumer pour ne pas être repéré. Il se réfugie avec d'autres dans un appartement...
#proces13novembre /1310
La BRI a donné l'assaut. Le RAID vient les exfiltrer. C'est logique se dit Franck. Puis la grenade assourdissante. Les visées laser. Je m'énerve contre un policier: "Va me chercher ton chef de groupe, ici y'a pas de terroristes, y a que des victimes !!"...
#proces13novembre /1311
Franck décrit l'extrême sidération. Là où ils sont rassemblés, une personne en robe de chambre Mickey Mouse interroge les victimes.
- Vous êtes de la police ?
- Non j'habite au-dessus, on m'a demandé de relever les identités.
- Je donne à Mickey mon identité...
(rires) /1312
Franck explique qu'il travaille en réalité au ministère de la Justice, notamment sur des affaires de terrorisme. D'où sa connaissance des corps de police intervenus au Bataclan. C'est un homme stable, qui lui aussi semble être débarrassé de ses démons... #proces13novembre /1313
Audience suspendue.
#proces13novembre /1314
"J'ai quitté le monde des humains pour devenir une machine." Ce sont les 1ers mots que j'entends, de retour en salle d'audience. Toujours aussi saisissant d'entrer alors que les débats ont repris. On cherche d'un oeil qui les prononce. Un homme à la barre.
#proces13novembre /1315
Il s'agit d'Emanuel. Un bonhomme au visage rond. Il porte une chemise bleue. Le crâne dégarni et une paire de lunettes. Il raconte être venu au concert en béquilles et avoir fui, sans... il a même couru dans la rue, se réfugiant dans un restaurant...
#proces13novembre /1316
"Je pense que les personnes qui étaient dans la fosse ont expérimenté l'horreur et la terreur. Moi dit Emanuel, j'expérimente la terreur, la peur à son degré le plus ultime, par exemple une fois dans une gare, alors qu'un train s'approchait. Le même bruit"
#proces13novembre /1317
Emanuel raconte ne pas avoir vu grand chose cette nuit-là. Il témoigné sur TF1, a été reconnu par ses amis. "Je n'ai pas développé de haine, mais beaucoup de rancoeur. Grâce à mes proches, je ne suis pas tombé dans le piège de l'amalgame, alors qu'il me tendait les bras." /1318
Emanuel explique sa bascule psychologique, lors d'une cérémonie sur la place de la République à Paris. Sa réplique hargneuse à François Hollande qui lui demande comment il va. Réplique qu'il ne répétera pas à la barre. "Là j'ai réalisé ce que j'avais vécu"
#proces13novembre /1319
Emanuel parle du psoriasis. La grande dépression. Et puis 2 concerts. Le 1er au Trianon, très difficile. Le 2nd à l'Olympia, les @EODMofficial de retour à Paris, "énormément d'amour"
J'y étais aussi, c'était exceptionnel. Ils avaient ouvert avec ça⬇️/1320
Emanuel Wechta dit témoigner avec son nom pour rendre hommage à son père. À Salah Abdeslam qui a répété son allégeance à l'Etat islamique, il répond en trois mots, simples qu'il scande à la barre :
"Liberté, Égalité, Fraternité." ./...
#proces13novembre /1321
Emanuel développe : "La liberté de m'exprimer. Notre pays n'est pas parfait. Mais il me permet de nous rencontrer dans une parfaite mixité, qui fait des femmes nos égales.
L'Egalité, devant la loi qui traitera les accusés comme n'importe quel justiciable"
#Proces13novembre /1322
"La fraternité, une vague de fraternité d'amitié et d'amour, une chaleur qui m'a permis d'affronter tout cela..."
Emanuel rend un hommage très appuyé à son avocate Me @Virginie_Le_Roy , un phare sans laquelle il ne serait pas là, devant la Cour.
#proces13novembre /1323
Son dernier mot : "Je suis infirme, je claudique, je boîte, j'ai besoin de mes béquilles, parfois je tombe, mais aujourd'hui je témoigne, ce sera mon dernier mot, je témoigne debout !"
Emanuel quitte la barre, avec ses béquilles, accompagné de son avocate.
#proces13novembre /1324
Olivier, jeune homme carré, jolie barbe, et pull marin, look hipster. Lui aussi était sur la balcon, avec sa femme (il témoigne pour elle. elle est dans la salle), son oncle et sa tante. Grosse ambiance ce soir là raconte-t-il. "Il était 21h43 je voulais que ça dure" /1325
Puis les tirs, la fusillade, le chaos, des armes de guerre, la fuite, il faut trouver un abri, en passant derrière la scène, une cache, et la panique encore. Sa femme Virginie est avec lui mais Olivier n'a pas de nouvelles de sa tante et de son oncle...
#proces13novembre /1326
Dans la planque, l'eau qui coule sur lui et les autres. Il écope, il s'occupe. Puis l'évacuation."On nous dit de surtout pas regarder" Olivier raconte qu'il trébuche en sortant, "sur le corps d'un homme, mort. Je me dis que lui ai fait mal...je m'en veux."
#proces13novembre /1327
Olivier étouffe quelques sanglots pendant son récit. Sa voix est faible. Il ne lève pas souvent les yeux de ses notes. Sa femme est saine et sauve :" Nous sommes en couple depuis le lycée. Si je l'avais perdue, j'aurais préféré mourir criblé de balles."
#proces13novembre /1328
Lui aussi raconte l'après. L'hyper vigilance, la dépression qui s'installe, les infos en boucle, le prochain concert des @EODMofficial et la découverte de l'association @lifeforparis. Puis en novembre 2016, les commémorations "nous étions à notre place."
#proces13novembre /1329
Olivier raconte qu'il a finalement renoncé à un poste, au JO de 2016, de peur de sombrer. Mais s'est engagé au sein de @lifeforparis dont il assure la vice présidence. Et puis son fils, "sa chair, son sang".
Il dit avoir un rapport étrange à la mort.
#proces13novembre /1330
Ces mots d'Olivier également : "J'espère que ces accusés réalisent la chance qu'ils ont. J'entends que certains d'entre eux se plaignent de leur condition de détention...je vomis. J'entends que ces attentats seraient une réponse aux bombardements de la coalition...je vomis" /1331
Olivier remercie le pdt Périès d'accorder sa bienveillance aux victimes ainsi écoutées, malgré leurs maladresses, les redites. Il parle du "torrent du récit collectif qui à défaut de submerger l'idéologie terroriste abreuvera les germes de la tolérance."
#proces13novembre /1332
Suivent, Thomas et Sylvia, respectivement oncle et tante d'Olivier qui vient de quitter la barre. Ils étaient au Bataclan, s'en sont sortis "indemnes". À Paris, ils habitent non loin de la Bonne Bière, non loin du Carillon.
Il faut imaginer le traumatisme
#proces13Novembre /1333
Thomas s'exprime. Il porte un t-shirt "boarding" avec l'inscription Surf, Snow, Skate. Il a la soixantaine, porte de petites lunettes. Il parle à voix basse, avec un débit rapide. Son épouse se tient en retrait pendant son récit. À sa gauche.
#proces13Novembre /1334
Avant de se baisser, de ne plus jamais regarder vers la fosse, depuis son balcon du Bataclan, Thomas dit avoir vu les assaillants, avancer dans la fosse, économiser leurs munitions, et "l'un d'eux abattre trois personnes allongées ou accroupies"...
#proces13Novembre /1335
Thomas raconte comment eux aussi ont gagné l'une des loges dans laquelle tant se sont réfugiés. D'un mouvement très naturel, Sylvie, son épouse s''approche de la barre: "Si Thomas s'est mis en mode survie, moi je me suis mis en mode suivi"
Joliment dit.
#proces13Novembre /1336
Thomas reprend la parole. Sylvie, dans 1 mouvement toujours aussi naturel, presque chorégraphié, lui laisse le pupitre. Il raconte le toit qu'il faut atteindre, le sentiment de la mort qui l'envahit, ses 3 enfants qu'il ne veut pas laisser derrière lui.
#proces13Novembre /1337
Thomas et Sylvie alternent leurs prises de parole dans une sorte de ping pong à la barre. Elle pose les enjeux, et lance son époux qui développe. Leur récit est accompagné de photos projetées sur le grand écran de la salle d'audience. Les WC défoncés, la trappe d'évacuation /1338
Leur récit, sur un ton calme, est très détaillé, circonstancié. C'est Thomas qui s'exprime le plus pour le moment. Sylvie, longs cheveux bruns et ondulés, l'écoute, visage ouvert. Elle reprend la parole, d'une voix très douce...
#proces13Novembre /1339
Sylvie explique que sur le toit du Bataclan, ça n'était pas forcément le moment pour prévenir leurs enfants. Elle pense qu'il s'agit peut-être d'un événement isolé. Puis finalement l'appel. Ils savaient évidemment tout ce qui déroulait cette nuit à Paris..
#proces13Novembre /1340
Contrairement à son époux, Sylvie explique qu'elle ne se sentait pas vraiment en sécurité sur le toit du Bataclan. Grâce à une connaissance journaliste, Thomas joint la BRI, raconte ce qu'il sait de l'attaque, les rescapés sur le toit et dans les combles..
#proces13Novembre /1341
Puis l'évacuation par les échelles. Sylvie insiste sur l'humanité dont ont fait preuve les habitants des immeubles voisins, nous offrant tout ce qu'il pouvaient nous donner. Elle les remercie.
Le couple regagne son domicile vers 3 heures du matin...
#proces13Novembre /1342
"Lorsqu'on est rentré chez nous raconte Sylvia, je n'ai pas reconnu mon quartier. J'étais si heureuse de retrouver nos enfants. Leur accueil a été somptueux. Pour me raccrocher à la vie normale, j'ai voulu aller dormir, vite. Le lendemain a été chaotique"
#proces13Novembre /1343
"Mon deuxième 13 novembre raconte Sylvia, c'est le lendemain, cette nouvelle que j'apprends via l'un de mes enfants. Une certaine Lola a disparu. Elle avait 17 ans. J'en avais 52 à l'époque. On beaucoup parlé de la culpabilité d'être en vie. Je l'ai beaucoup ressentie." /1344
Après un long récit, Thomas et Sylvia laissent leur place à Charles, jeune homme aux cheveux tirés, vêtu d'un épais gilet. Il porte une bague tête de mort sur l'index gauche. Il précise d'emblée qu'il va raconter "son" Bataclan, malgré les subjectivités...
#proces13novembre /1345
Charles est professeur d'histoire. Il parle lentement, d'une voix posée. Pas nécessairement tremblante comme il le dit à la Cour. Il dit avoir longtemps hésité à parler. Mais il a accepté pour une raison pratique: "cette occasion ne se reproduira jamais."
#proces13novembre /1346
"Je témoigne aussi pour mes 2 enfants, ils sauront que j'ai eu le courage de parler, pour l'histoire, peut-être que j'offrirai un exemple, modeste" dit Charles, toujours sur le même ton, très calme, le phrasé très découpé.
On sent qu'il est sur un fil.
#proces13novembre /1347
Les premiers tirs, la fusillade, la fosse qui se couche comme un champ de blé. "On rampe vers un escalier, cherchant une issue de secours. Je pense à ce moment là à un règlement de compte, je crains une balle perdue" raconte Charles.
#proces13novembre /1348
Dans le chaos, avant de trouver un moyen de sortir, Charles balaye la salle d'un regard circulaire. Il efface les images. Reste l'impression d'une peur glaciale détaille-t-il. "Il ne s'agit pas d'un règlement de compte. Si on reste, on va y passer".
#proces13novembre /1349
Charles parvient à fuir avec son ami Nicolas. Il est sur le toit. Passe des coups de fils à sa conjointe, ses amis, leur explique que tout va bien. Il poursuit son récit. Même ton. Même timbre. Toujours lentement, de façon très détaillé, parfois lyrique...
#proces13novembre /1350
Charles raconte qu'étant évacué, il cherche à mettre des images sur ce qu'il a fantasmé. Il voit des tas humains, des trainées de sang, des images qui lui rappelle, professeur d'histoire qu'il est, ce qu'il traite, "des images de la Shoah notamment"...
#proces13novembre /1351
Charles explique que son témoignage doit servir à accréditer la responsabilité de certains de ceux qui sont dans le box des accusés. ...Il explique s'être activé rapidement, avoir laissé tant de choses sous le tapis... "Et tout a explosé, tout à coup"
#proces13novembre /1352
Charles a abandonné son métier de professeur. Il souffre d'un PTSD chronique. Il s'est reconverti dans la sophrologie. La musique a pris un peu moins de place. "Il y avait du sommeil avant. Il n'y a plus de sommeil après..."
#proces13novembre /1353
Charles a quitté la barre comme il est arrivé. Sur le même ton, calme, froid presque inquiétant pour être honnête. Il semble nettement plus marqué qu'il en a donné l'air. Il a offert une idée de la violence sourde qui frappe les victimes du 13 novembre...
#proces13novembre /1354
Avant de partir Charles a conclut ainsi: "quand j'entends dire que la France tue des enfants en Syrie, je me dis que ces personnes auraient dû être plus assidues en cours ou avoir de meilleurs profs. Internet est un bel outil quand on sait s'en servir..."
#proces13novembre /1355
Thierry se présente comme "le chat noir". Il a connu de +sieurs attentats. Saint Michel 1986, il était dans le RER B. 2017, Orly quand "un cinglé a voulu tuer une policière". 2017, Londres, à 500 m d'1 terroriste qui poignarde. Une tuerie de masse aux US. Et le Bataclan .../1356
C'est un homme d'une 50aine d'années qui décrit d'une façon très imagée ce qu'il a vécu au Bataclan. Les tirs : "tatatatata", le petit garçon, la fuite. Il donne des détails sur ce que ressentent les rescapés à ses côtés, cachés dans la fameuse loge, mime leur attitude.../1357
Et puis l'évacuation de la loge, le podium maculé de sang, le corps du kamikaze explosé, et ce regard que Thierry pose sur la fosse, les yeux d'un jeune homme blond, juvénile, le regard vide d'un garçon mort.
Image terribles Quel effroi dès qu'on y pense..
#proces13novembre /1358
L'après 13 novembre pour Thierry, c'est 1 thérapie par les médias. "RTL, BFM, Le Parisien, Télématin, je prenais tout, j'allais partout" Et puis les concerts, celui de Johnny Hallyday notamment, et cette chanson "rester vivant que j'ai prise pour moi..."
#proces13novembre /1359
Thierry conclut en arguant que les accusés ne sont pas français, "qu'ils ne vont pas nous imposer leur loi" et que lui est fier d'être mécréant, d'aimer les jolies femmes, la charcuterie. Vive la République."
(factuellement Abdeslam et Oulkadi ont la nationalité française) /1360
Danièle a poursuivi. Détaillant son histoire. Le chaos du Bataclan. Sa fuite. Son inactivité depuis. À l'issue de ton témoignage, elle s'est sobrement déclarée "très abasourdie par cette génération de jeunes hommes qui s'est laissée instrumentaliser" ...
#proces13novembre /1361
C'est ici que je quitte la salle d'audience. @ChPiret et @aureliesarrot poursuivent la couverture en LT. Elles racontent le témoignage de Bertrand, la cinquantaine, actuellement à la barre.

Lisez les !

Merci enfin pour vos encouragements.
Belle soirée.
#Proces13novembre /1362
Bonjour à toutes et tous. Mardi 19 octobre. Jour n•28 du #proces13novembre. Les débats vont reprendre. Les auditions de victimes du Bataclan se poursuivent. Temps fort aujourd'hui avec les témoignages des otages retranchés avec les terroristes, jusqu'à l'assaut de la BRI /1271
Audience reprise. C'est Daniel Pszenny qui témoigne le premier. L'ex journaliste au Monde avait filmé les spectateurs fuyant le Bataclan, certains accrochés au rebords de la salle.
"Des images assez fortes qui peuvent impressionner" prévient le pdt Périès
#proces13Novembre /1272
"C'est en homme d'information que je me présente devant vous ainsi qu'en tant que citoyen pris dans le piège du terrorisme, lors de cette nuit d'horreur dit Daniel Pszenny. Photographe, ma référence c'est Cartier Bresson, son instant décisif"
#proces13Novembre /1273
"Le 13 novembre fut un instant décisif que j'ai voulu saisir. Je me présente en acteur, victime, témoin et miraculé" dit Daniel Pszenny. Puis les claquements secs à l'extérieur. Des personnes que je vois depuis chez moi. Elles fuient un très grand péril.
#proces13Novembre /1274
"A la lumière des réverbères je distinguais des corps à terre. J'entends un homme crier 'Oscar' dit Daniel Pszenny Je demande, je crie à ceux qui courent ce qu'il se passe. Personne ne m'entends. Je me mets à filmer ceux qui fuyaient un enfer."
#proces13Novembre2015 /1275
La vidéo de Daniel Pszenny est projettée. On entend des cris d'horreur. On distingue des grappes de spectateurs fuir comme ils le peuvent la salle de spectacle. Et, à intervalle régulier, des claquements secs d'arme à feu.
Des victimes quittent la salle d'audience.
Effroi /1276
Dans le contexte de ce #proces13Novembre, après ce qui a été raconté ici par les victimes du Bataclan, je dois dire qu'il est extrêmement saisissant de revivre ces instants d'horreur. Un spectateur traine le corps d'un autre ... "Qu'est ce qui se passe ? demande Pszenny /1277
On distingue 1 spectateur à terre, allongé dans la rue. Tandis que d'autres tentent de s'échapper par les fenêtres. C'est Terrible. "Même 6 ans après, c'est terrible de revoir ces images. Je me vois en tant que citoyen regarder ce que le journaliste a filmé" dit D. Pszenny" /1278
Daniel Pszenny raconte avoir appris que le blessé trainé par un autre spectateur, que l'on voit sur ses images, n'a pas survécu. "Aidez moi je suis enceinte" entendait-on aussi. Une femme, suspendue à un parapet. D'autres spectateurs l'ont aidé à remonter, vers le piège... /1279
Cette femme enceinte a survécu rappelle D. Pszenny. Il rend hommage au commissaire C. de la BAC qui a tiré sur Amimour, le kamikaze et à Didi l'agent de sécurité qui a ouvert l'issue de secours, au péril de sa vie.Ce qui a permis des 100aines de fuite...
#proces13Novembre /1280
D.Pszenny raconte avoir senti, une brulure extreme sur le bras. L'enquête a établi que Mostefaï lui avait tiré dessus depuis le 1er étage du Bataclan. "Je perds mes lunettes, mes chaussures, mon tél. Si je tombe je meurs, si je reste debout je vis. Je suis resté debout..." /1281
D. Pszenny a accueilli chez lui Mathew, blessé du Bataclan. Pszenny se vide de son sang, blessé par balle. "Je ne sais pas si je vais mourir ou non. Si je ne me relève pas dis-je à ma voisine, on doit récupérer la vidéo et l'envoyer au Monde ..."
#proces13Novembre /1282
À ce moment les secours s'occupent des blessés du Bataclan, en priorité. D.Pszenny et Mathew sont seuls dans leur état, blessés dans son appartement. Son ami Hervé Brusini, non loin, prévient la police qu'il faut intervenir. Il est pris en charge, opéré.
#proces13Novembre /1283
Le bras de D. Pszenny est gravement touché. Mathew s'en est tiré. Le journaliste raconte la bataille avec le fonds de garantie, prouver que la balle venait du Bataclan.#proces13Novembre /1284
Ce 13 novembre m'a fracassé dit D. Pszenny. "Les victimes me considéraient comme un journaliste. Les journalistes comme une victime. J'ai longtemps erré dans un statut d'apatride. J'ai finalement abandonné le métier. Mais je reste journaliste."
#proces13Novembre /1285
Daniel Pszenny, après avoir commenté sa vidéo et raconté brièvement sa reconstruction physique & psychique post 13 novembre, poursuit ainsi: "Malgré tout je suis resté optimiste. Il y a derrière chaque histoire entendues ici, des hommes et des femmes d'une immense humanité" /1286
"C'était pas la France moisie, ni les français rabougris. Des voisins ont ouvert leur porte, accueilli des blessés, des policiers sont intervenus au péril de leur vie, des secours ont tenté l'impossible pour sauver des vies. Cela rend optimiste oui" dit en substance Pszenny /1287
"Quant aux accusés, je dois dire que je suis déçu dit D.Pszenny. Je m'attendais à voir les nvx Carlos ou Abou Nidal. Ce ne sont que des tous petits soldats, les pions manipulés du terrorisme international."
En salle d'audience, un plan sur les accusés. Ils ne réagissent pas /1288
Daniel Pszenny finit par une anecdote. En 2005, il a voyagé à Jérusalem. Cédant à la tradition, il a placé un morceau de papier à l'intérieur du mur des Lamentations, y inscrivant son numéro de téléphone.
"Bien entendu, Dieu ne m'a pas rappelé !"sourit-il
#proces13Novembre /1289
"Mais peut-être l'a-t-il fait, ce #13Novembre2015 à 22h01 lorsque la balle du terroriste m'a frôlé, épargné par un miracle" a conclut Daniel Pszenny.

#proces13Novembre /1290
À présent David Fritz-Goeppinger, à la barre. Rescapé du Bataclan. Il était sur le balcon. Un jeune homme solide, les cheveux tirés. Petite barbe. Il porte une chemise bucheron. Il est au WC lorsque la fusillade éclate. Il comprend vite que ce sont des AK47
#proces13Novembre/1291
"Mes 3 sens sont en action, raconte David. La vue, un champ de blé dans la fosse les corps entassés. L'ouïe, les claquements secs. L'odorat, l'odeur de la poudre. Depuis le balcon, je crie aux gens de fuir. Mon ami Bambi file. Je me dit, il est mort..." #proces13Novembre /1292
David rampe sur le bras gauche du Balcon. approche d'un couloir. Aperçoit l'1 des assaillants, armé. Il y 'a une 30aine de gens, paniqués. Une femme dit, je suis enceinte, est-ce que je peux sauter par la fenêtre ?
Là je réalise la détresse de la situation
#proces13Novembre /1293
Quel récit de David. Précis, calme, circonstancié. Sur le parapet, David raconte que Sébastien d'un bras ramène la femme enceinte suspendue à l'extérieur vers l'intérieur, sur le balcon, le bataclan. Puis la 1ère partie de la prise d'otage commence. ..
#proces13Novembre /1294
David décrit les échanges avec les 2 terroristes, Aggad qui s'amuse à tirer vers la fosse et tout ce qui bouge. Mostefaï commence ses diatribes, Hollande, la Syrie etc. il interroge David
-tu penses quoi de Hollande?
-Rien je suis chilien répond David.
#proces13Novembre /1295
"À cette époque, je ne connais rien à la politique, ça ne m'intéresse pas. Ce qui m'intéresse, c'est boire des verres avec des potes raconte David, toujours aussi calmement. À ce moment, je comprends aussi que je ne comprends plus rien, je vais mourir..."
#proces13Novembre /1296
Puis la 2ème partie de la prise d'otage commence. A l'intérieur de la loge, David est retranché avec les autres, et les 2 terroristes. Mostefaï mène les négociations. Aggad est + nerveux, + déterminé à répandre la mort décrit David. Il livre de si nombreux détails. FOU
/1297
David est incroyable de calme à la barre. On sent qu'il l'était tout autant à l'intérieur de la loge, en otage. Sa capacité analytique et impressionnante.
"J'avais saisi que Mostefaï avait l'ascendant sur Aggad qui manipulait son gilet.
- Tu vas pas faire ça mon frère !"
/1298
David décrit les moments qui précèdent l'assaut de la BRI, les A/R d'un otage de négociations. Puis l'arrivée de la BRI. "Mostefaï tire à 27 reprises sur la porte de la loge. Je le sais parce que j'ai compté les tirs. Aggad déclenche son gilet..."
#proces13Novembre /1299
Et puis, les grenades assourdissantes, l'assaut de la BRI, et puis David, 90 kilos, soulevé, projeté , par le blast de la ceinture. "Je sais plus qui je suis, où je suis, je suis mort mais j'entends des bruits des sons, mais je sens 2 mains m'attraper..."
#proces13novembre /1300
Quel récit époustouflant de David. Factuel, calme. Cour et salle d'audience sont impressionnées. "Sous le bouclier au sol d'un des agents de la BRI, il y avait Caroline. Il était hors de question que je parte sans elle. Je l'ai soulevé et l'ai tirée de là"
#proces13novembre /1301
"Pendant la prise d'otage, Je me suis dis que j'étais le seul survivant parmi mes potes raconte David. J'me dis que Chloé, Alix (qu'on avait entendu la semaine passée) Guillaume et Bambi son morts. J'apprendrai à l'extérieur que tout le monde est vivant."
#proces13novembre /1302
David a raconté cet homme en costard dans la loge, avec lui. "Qui est-il, pourquoi est-il, là que faisait-il là ? Il deviendra l'un de mes meilleurs amis." Un autre otage qui riait très fort aussi suivi d'un simulacre d'exécution. Que d'images, incroyable. #proces13novembre /1303
"L'intention des terroristes est décrite par David qui répond à des questions du pdt et ses assesseures. "On sent nettement leur improvisation à partir du moment où le kamikaze est tué sur la scène par le commissaire C. ils disent "Appelle souleiman, parle en arabe ! /1304
"On ne sentait pas de réelle proximité entre les 2 terroristes raconte David.À base de 'mon frère' mais pas plus...' Il ya l'échange très tendu, en arabe, à propos de l'appel ou non à ce fameux Souleiman, assez révélateur de leur psychologie." abonde-t-il
#proces13novembre /1305
Comme à tous, une fois évacué, on a demandé à David de ne pas regarder la fosse. "J'ai regardé. J'ai vu un amoncellement de corps. Pkoi ils sont morts et pas moi alors que j'ai passé 2h et 1/2 en otage. Est-ce que j'ai participé à tout ça ?..."
#proces13novembre /1306
Fait rare, David est le seul témoin à avoir été interrogé par le Pdt de la Cour, ses assesseurs, le Parquet et l'un des avocats de La Défense. Son niveau de précision était tel que ses indications sont apparues indispensables à la manifestation la vérité.
#proces13novembre /1307
David quitte la barre. Chilien, il a cité le dernier discours de Allende, avant d'être renversé par Pinochet : "La honte tombera sur ceux qui ont trahi leurs convictions (...)Le peuple doit être vigilant, il ne doit pas se laisser provoquer, ni massacrer "
#proces13novembre /1308
Allende, cité par David à la barre: "l'Histoire ne s'arrête pas ni avec la répression, ni avec le crime. Il est possible qu'ils nous écrasent mais l'avenir appartiendra au peuple, aux travailleurs. L'humanité avance vers la conquête d'une vie meilleure."
#proces13novembre /1309
Allende, cité par David à la barre: "D'autres hommes espèrent plutôt le moment gris et amer où la trahison s'imposerait. Allez de l'avant sachant que bientôt s'ouvriront de grandes avenues où passera l'homme libre pour construire une société meilleure."
#proces13novembre /1310
Si David, franco-chilien a cité Salvator Allende, son dernier discours du 11 sep 1973 avant d'être renversé par Pinochet, c'est parce que "ses propos raisonnent avec ce que nous avons tous traversé, en France, ce soir du 13 novembre."
Très très juste David
#proces13novembre /1311
Grégory est à la barre. Il était avec son amie Caroline au Bataclan. Lui aussi a été otage des 2 assaillants, dans la loge. Il livre son regard sur ce moment particulier, le rôle qui a été les sien, par ex aller chercher le sac de chargeurs des terroristes
#proces13novembre /1312
Gregory raconte ses échanges avec les terroristes, surréalistes : "racontez moi ce qu'on entend. Moi je réponds des hurlements. Mostefaï a le lead, il rassure souvent Aggad. Ils veulent négocier. Je vais passer ma soirée à faire l'intermédiaire..."
#proces13Novembre /1313
"Les terroristes cherchent à appelr les chaines d'info. Ils n'y parviennent pas. Je crie un num de téléphone aux négociateurs raconte Gregory. Je ne sais comment me situer, si je dis je ou nous, il y a les menaces et les encouragements 'c'est bien tu bosses bien'"... /1314
"J'ai de l'espoir car les terroristes veulent négocier raconte Grégory. Ils veulent des téléphones. Je ne donne pas le mien. Je repense à Merah. Et là l'un des terroristes fait un échauffement, il dit 'je suis chaud pour la faire durer cette prise d'otage'
#proces13novembre /1315
Grégory raconte les 1ers tirs de la BRI, une balle fuse entre lui et Marie. La porte s'ouvre, et là un déluge de feu. Puis une autre porte avance. C'est le bouclier en fait. Gregory cherche à retenir le bouclier qui avance et bascule .Déluge de grenades...
#proces13Novembre /1316
"Là je ne comprend plus rien raconte Grégory. Il y a beaucoup de poussière. Un policier écrase le visage de son amie Caroline avec sa ranger, pendant l'avancée. J'lui dit dégage. Je pense qu'avec l'adrénaline il ne m'entend pas...puis l'évacuation a lieu."
#proces13Novembre /1317
Gregory est un garçon fin, élancé, la quarantaine, cheveux gris mi longs, il porte une chemise bleue et un foulard rouge. Il parle à voix calme. Raconte son évacuation, la vision d'horreur sur la fosse, la 2ème fois de la soirée. Il est polycriblé d'éclats
#proces13Novembre /1318
Il raconte cette scène à la Salpétrière avec Caroline. On leur demande ce qu'ils ont vécu, répondent avoir été pris en otage au Bataclan. On leur répond qu'il n'y a pas eu de prise d'otage au Bataclan ! À ce moment l'intégralité des faits n'est pas connue
#proces13Novembre /1319
Grégory, polycriblé par des éclats durant l'assaut de 60 secondes, "une éternité", n'a été opéré qu'à partir du lundi 16 novembre. "Si je suis ici devant vous aujourd'hui, c'est parce que la BRI m'a sauvé la vie." Il rend un vibrant hommage à son patron et ses hommes. /1320
"Aggad me faisait peur détaille, je sentais qu'il pouvait se faire exploser à tout moment. Mostefaï jouissait quand il tuait. Il paraissait nettement + déterminé. Je sentais qu'il contrôlait la situation" répond Grégory aux questions du président Périès
#proces13Novembre /1321
La seule chose dont je suis sûr dit Gregory, c'est que les terroristes ne savaient + trop ce qu'ils voulaient faire. Ils voulait faire durer, ç'est sûr. Quand je vois Aggad faire un footing sur place 'moi chuis chaud pour la faire durer', j'ai pensé que ça durerait"... /1322
"En fait pendant la prise d'otage, à l'intérieur de la loge, raconte Grégory, qui continue à répondre aux questions du président Périès, je n'avais pas très envie de croiser le regard des terroristes"
On le comprend...
#proces13Novembre /1323
Après Grégory, on va entendre Caroline. Grégory a aussi parlé de Marie à l'intérieur de la loge. Marie, c'est cette femme qui était enceinte ce soir-là. Elle a pu donner naissance à son enfant. "Dans la loge, on s'est tous un peu sauvé la vie" dit Grégory
#proces13Novembre /1324
"Je ne comprends pas qu'on puisse se lever un matin, enfiler un gilet pour aller se faire exploser a conclu Grégory. Je ne comprends pas ce cheminement. Ce que j'attends de ce procès, ce sont des réponses, même si on ne les obtiendra pas forcément toutes"
#proces13novembre /1325
Suspension de séance.
#proces13Novembre /1326
Caroline, l'amie de Grégory s'est avancée à la barre.
Elle est en fauteuil roulant face à la Cour. Les mains liées sur ses genoux. Une jeune femme blonde, les joues rougies, la voix vacillante lorsqu'elle évoque la fusillade, l'attentat qui commence.
#proces13novembre /1327
J'essaye là où je suis, sur le balcon gauche, d'avoir un échange avec les l'un des assaillants raconte Caroline. J'me dis qu'il est plus difficile de tuer quelqu'un avec qui on a échangé...
- J'ai un handicap, je ne peux pas lever.
- J'en ai rien à foutre tu vas te lever !
/1328
Caroline raconte la jubilation des assaillants quand la ceinture d'Amimour a explosé ....
Elle dit avoir supplié du regard l'un des assaillants d'épargner Grégory, une fois dans la loge où ils sont retranchés avec les terroristes.
- t'inquiète pas je vais pas le tuer /1329
"Chacun avait sa tâche. Gregory faisait l'intermédiaire. Moi je devais regarder le plafond" poursuit Caroline, d'une voix faible. L'un des terroristes lui demande de cacher son épaule dénudée. "Je dis oui bien sûr. Vu le regard lancé, j’me dis que j’ai évité un viol... " ../1330
Lors de son récit, Caroline s'interrompt parfois, reprend son souffle, sa voix est faible. Elle raconte l'assaut de la BRI, le bouclier qui l'écrase. David qui le soulève pour l'extraire. À l'extérieur de la loge, les policiers étaient dur : "pourquoi elle bouge pas elle !" /1331
Je sens que nous avions basculé autre part quand, interrogée à l'extérieur par les secours, on a refusé de croire que je sortais d'une prise d'otage raconte Caroline. "Non non, il n'y a pas eu de prise d'otage, allez voir la cellule psychologique..."
#proces13novembre /1332
Interrogé par le pdt Périès, Caroline indique que "l'1 des assaillants avait le pouce sur le déclencheur de sa ceinture explosive. L'autre exhibait son gilet sous on t-shirt. Ils psalmodiaient le Coran, je n'étais pas rassuré mais chacun a gardé son calme"
#proces13novembre /1333
Caroline était juste derrière la porte de la loge. Chargée de surveiller le faux plafond. "Je ne comprends pas pourquoi Gregory cherche à retenir la porte au moment où la BRI cherche à entrer. Je me place dans un renfoncement. "
#proces13novembre /1334
Caroline raconte qu'après l'assaut, les policiers tiraient les otages pour les extraire de la loge. "J'étais coincée sous le bouclier de la BRI. David s'est débattu avec les policiers pour pouvoir m'extraire de là où j'étais" poursuit elle.
#proces13novembre /1335
Caroline est longuement interrogée par le président Périès. Comme il l'a fait avec les 2 témoins précédents. Le juge cherche à en savoir plus sur les intentions des terroristes lors de la prise d'otage. Leur psychologie. Leurs attitudes, leurs paroles...
#proces13novembre /1336
Le pdt Périès interroge Caroline sur Arnaud, otage à proximité immédiate de Foued Aggad au moment où il déclenche sa ceinture explosive. Arnaud n'est pas mort. Les inflexions sur le visage du juge montrent à quel point il est impressionné. Miraculeux.
#proces13novembre /1337
Sébastien s'avance. Lui aussi a été otage des 2 terroristes dans la loge. Il est arrivé habillé " dans ce qui aurait pu être ma dernière tenue". Une chemise à carreaux Brooklyn, sur t-shirt noir. Cheveux courts et fine barbe.
#proces13novembre /1338
"Je me souviens d'avoir voulu devenir journaliste après l'attentat de Madrid en 2004. le premier attentat d'Al Qaïda en Europe. LEs basques étaient accusés . c4était évidemment faux. Je voulais donner un sens à ma vie." raconte Sébastien en préambule ...
#proces13novembre /1339
Sébastien, éducation chrétienne dit-il, raconte qu'il s'écarte de la fosse au moment de la chanson Kiss the Devil, le moment où tout commence, tout bascule.
Il grimpe vers le bras gauche du balcon, où il trouve David et une femme enceinte.
#proces13novembre /1340
Sebastien, David et cette femme enceinte sont tous trois rassemblés autour d'une fenêtre de laquelle il est impossible de sauter sans s'estropier. Cette femme enceinte est sur le point de tomber . Lui et david cherche à s'échapper vers les toits. Il lui porte assistance /1341
"Mostefaï pointe son arme vers la fenêtre, nous ordonne de revenir. J'ai renoncé à donner 1 coup de pied. J'ai compté les fois où j'ai échappé à la mort. Y'en a eu 6. On s'est raconté ça parmi la bande des 'potages" (des otages devenus potes, les potages)
#proces13Novembre /1342
"C'est peut-être parce que je venais de Bilbao, que j'avais les cheveux longs, ou peut-être parce qu'ils m'ont affublé d'un surnom, le Libyen. Mais, une fois à l'intérieur, la communication s'est engagée avec les terroristes. " raconte Sébastien.
#proces13Novembre /1343
Sébastien revient sur 1 anecdote, avec les terroristes, incohérents, dans la loge. "Ils m’ont tendu une liasse de billets. J’avais un briquet. Je pense à Gainsbourg à ce moment-là. Ils me disent d'aller brûler les billets un peu plus loin. Ce que je fais"
#proces13Novembre /1344
"Là je me dis, il va sacrifier sur l’autel du capitalisme occidental…Mais rien ne se passe. Du coup je sors mes propres billets, 15€, je les crame.
-on t’as pas demandé de faire ça !" raconte Sébastien.
À ce moment là, ubuesques terroristes, incohérents
#proces13Novembre /1345
"J’avais l’impression d’être en Israël, quand des terroristes se faisaient sauter dans des boites. Si les terroristes étaient là chez nous, je me suis dis à ce moment que c’est peut-être parce que la France était peut-être allé trop loin" dit Sébastien..
#proces13Novembre /1346
"J’étais journaliste. C’est peut-être pourquoi je semblais comprendre cela poursuit Sébastien. Mais le schisme pour moi, c'était tuer des innocents pour se venger. Au nom de la religion qui plus est. Impossible. Moi Je reste du côté de la justice."
#proces13Novembre /1347
Me Olivia Ronen, l'avocate d'Abdeslam interroge Sébastien sur les propos qu'il vient de tenir sur "la France qui aurait été un peu trop loin."
- Pouvez vous expliquer davantage...?
- Je vous remercie de me poser la question répond Sébastien.
#proces13Novembre/ 1348
En substance, Sebastien explique qu'il est marqué par le sort de ceux qui meurent sur des terrains de guerre. "Les responsabilités partagées. Je me suis senti Israélien car je me suis dit : 'qui frappe, reçoit', tout n'est pas blanc tout n'est pas noir."
#proces13Novembre /1349
"De ce point de vue, j'attends bcp de l'audition de l'ancien président Hollande à la barre. J'attends que toutes les responsabilités soient dégagées" conclut-il en substance.
- Je vous remercie pour la sincérité de vos réponses ponctue Me Olivia Ronen
#proces13Novembre /1350
Arnaud et Marie sont à la barre. Ils livrent des détails supplémentaires, fous. Foued Aggad s'est explosé à proximité immédiate d'Arnaud. Il s'en est sorti miraculeusement, par un concours de circonstance quasi inexplicable. A peine, quelques éraflures, zéro perforations. /1351
"J'ai eu la chance d'échapper à bcp de visions d'horreur ce soir au Bataclan dit Arnaud. Par contre, j'ai pris beaucoup de plaisir à baigner dans les restes du terroriste un fois explosé. Une joie certes morbide certes. Mais j'ai pris beaucoup de plaisir"
#proces13Novembre /1352
"Pas d'autres questions" ponctue, stoïque, le président de la Cour....
Ce qui ressort de ces témoignages, c'est l'absolue impréparation des terroristes à l'étage, incohérents dans leur prise d'otage, insignifiants face à la BRI qui donne l'assaut.
#proces13novembre /1353
ex, Sébastien avait expliqué que Mostefaï avait vidé son chargeur sur le bouclier de la BRI. Or la colonne ne tire pas quand elle est à couvert. "Ça nous a sauvé car le bouclier est tombé juste après. Si la BRI avait répliqué pdt l'échange, on était mort"
#proces13novembre /1354
Je quitte ici l'audience.
Suivez, lisez @sophparm et @aureliesarrot !
bonsoir.
#proces13novembre /1355
Jour 29 du #proces13novembre.
Les débats commencent sur la mise en lumière d'un incident concernant Ousama Krayem, suédois, accusé et dans le box. Son avocate et son interprète ont pris la parole.
./...
#proces13novembre /1356
Des avocats, parties civiles (et qques journalistes) auraient approché les interprètes de l'accusé Krayem, pour en savoir plus sur l'attitude du prévenu. En substance, "Les récits ne l'intéresseraient pas, il ne souhaiterait pas d'interprète féminine etc"
#proces13novembre /1357
L'interprète a rappelé sa totale impartialité, sa probité absolue, et souhaite que le président Périès ayant connaissance de ces faits, effectue les rappels à l'ordre nécéssaires dans le cadre de la police d'audience dont il a la responsabilité.
#proces13novembre /1358
L'avocate de O. Krayem a par ailleurs expliqué que son client comprend aujourd'hui le français. Dont acte.

Les audiences reprennent. Béatrice est à la barre. Petite cinquantaine, lunettes rondes, veste sur t-shirt gris, et tatouages sur le bras gauche.
#proces13novembre /1359
Béatrice était avec son mari au Bataclan. Sur la partie gauche de la salle, au dessus de la fosse. La fusillade éclate. Son mari prend une balle dans le bras. Il saigne beaucoup. Mais rassure son épouse. Ils se mettent à l'abri dans la coursive/.
#proces13novembre /1360
Chaos, panique. Et l'explosion du kamikaze sur la scène. Béatrice explique qu'elle ne comprend pas immédiatement ce dont il s'agit. Les policiers arrivent. Elle est évacuée avant son mari, qui perd son sang, mais qu'elle voit sortir sur civière peur après.
#proces13novembre /1361
Le mari de Béatrice, artère touchée, a été hospitalisé à Begin. Elle a entamé sa reconstruction via EMDR. Elle dit qu'elle en veut à celui qui s'est fait exploser au Bataclan. "J'avais ses lambeaux de chair sur mes chaussures. Que j'ai transporté ici et là, Chez mes amis.." /1362
Béatrice va mieux dit-elle. Mais elle a mis 2 ans à parler des morceaux de chair de Amimour qui la hantait à son psychiatre. Son mari aussi, légèrement amoindri, au niveau de la main.
Béatrice a repris son travail depuis.
Elle quitte la barre
#proces13novembre /1363
Hans à present. La 40taine, il porte une veste verte sur une chemise bleu. Des cheveux épais au carré, une légère barbe. Il était au concert avec sa compagne Lou dans la fosse. "J'ai tout de suite compris de quoi il s'agissait quand la fusillade a éclaté."
#proces13novembre /1364
Hans a senti une brûlure immédiatement, touché par une balle. Il s'effondre dans la fosse sur une femme dont il comprend qu'elle est morte.... Ne plus faire de bruit, respirer le moins possible, la crainte d'être repéré car un spectateur bouge à ses côtés
#proces13novembre /1365
Hans parle de l'explosion sur la scène. "Une autre étape dans l'horreur, j'avais peur que tout soit incendié, j'avais peur de mourir brûlé vif" raconte-t-il de façon saccadée. "J'ai vu les confettis de chair doucement retomber, c'était assez joli..."
#proces13novembre /1366
Et puis le silence, la peur de se faire tirer dessus, le cri d'agonie d'une femme dans la salle "je n'avais jamais entendu cela, je redoutais une mise à mort prochaine, certaine, une décapitation..." raconte Hans transi de froid à ce moment-là
#proces13novembre /1367
"On se demande ce que ça fait de mourir poursuit Hans. J'avais froid, je me sentais partir, il n'y avait pas de tunnel, c'était assez médiocre..." dit-il dans un style assez Houellebecquien. Evacué, il est marqué par quelques images, une mitrailleuse. "c'est du sérieux"... /1368
Hans raconte qu'il a cherché à occulter toutes les info liées aux attentats. Il savait dit-il que les souvenirs ressurgiraient . Il a cette autre image en tête qui ne le quitte pas, celle d'un assaillant armé. Il parle d'une voix lente, hésitante, sombre.
#proces13Novembre /1369
"J'ai perdu une partie de moi, j'ai perdu une certaine foi et mon optimisme" dit Hans qui a passé de longs mois à l'hôpital au contacts de soignants "qui s'acharnaient à reconstruire ce que d'autres avaient détruit". Mais il a gagné de nouvelles rencontres
#proces13Novembre /1370
"Je témoigne pour mes fantômes, tous ceux qui sont morts autour de moi, mes parents aussi, et pour tout ceux qui nous ont sauvé" expose Hans tout en délicatesse. Je témoigne aussi car la somme de ces souffrances racontent l'ampleur et la folie de ce crime"
#proces13Novembre /1371
"Je témoigne parce que je veux comprendre" conclut-il sur le même ton tout à la fois doux et hésitant, pudique.
Hans paraît encore très marqué. Le président relève qu'il a très peu parlé de ses blessures physiques.
- en effet a-t-il soufflé.
#proces13Novembre /1372
Me Chemla interroge Hans, son client, sur son sentiment de solitude. Ol parle de sensation difficile à décrire, de mort dégueulasse autour de lui, de l'effroyable tristesse qui émane des témoignages qui l'affectent beaucoup. Hans quitte la barre ainsi...
#proces13Novembre /1373
La compagne de Hans prend la parole. Jolie jeune femme, élégante, la peau noire assez claire, en robe noire à Claudine. "Je témoigne le cerveau consentant, j'allais à un concert avec l'homme que j'aimais, j'étais très heureuse" dit elle en préambule.
#proces13Novembre /1373
Lorsque la fusillade éclate, Lou pense à un incendie, elle est très calme au moment où tout le monde panique. Elle ne comprend pas tout. Pense que la salle s'effondre. Mais il y a les tirs, "leur bruit comme un viol" dit-elle. Le souffle d'une balle l'a plaqué au sol ...
/1374
À ses cotés Lou entend un garçon "ils sont en train de buter tout le monde! le verbe buter...". Elle voit également une jeune femme qui prend plusieurs balles.
Une autre voix : "Tais toi, protège ta tête ,si tu fais ça tu resteras en vie. ça m'a marqué."
#proces13Novembre /1375
Jupe soulevée, chaussure à talons, en mode survie, Lou se dit qu'il faut ramper pour s'en sortir. Elle raconte ses pensées sombres : "j'avais peur qu'on me demande de tuer les autres. C'est toi ou lui...j'ai vite évacué..." son récit est haletant.
#proces13Novembre /1376
"Je pensais à la mort. Une fois morte je n'en saurais rien, donc ça me rassurait. Et avant la vie on en savait rien non plus." Milles pensées occupent l'esprit de Lou en plein chaos. Jusqu'au moment où elle se dit 'Si t'as peur c'est que t'es pas morte".
#proces13Novembre /1377
La jeune femme, 27 ans au moment des faits parvient à fuir du Bataclan. Elle se met à courir, 1km sans parvenir à s'arrêter. Elle veut retourner dans la salle mais ses jambes continuent à courir. Elle atterrit dans un bar puis trouve refuge chez des gens.
#proces13Novembre /1378
Chez Fréderic et Helene, Lou regarde la télévision, les infos en boucle et le décompte macabre du Bataclan qui grossit de minutes en minutes. Elle ne parle pas. ou peu. Puis elle réalise, "whah je suis en vie", elle pense à Hans. Le cherche sur les images.
#proces13novembre /1379
Lou rentre chez elle. Sans téléphone, qu'elle a laissé à la consigne. Elle ne veut pas nettoyer ses affaires "sinon je ne reverrai pas Hans..." Et puis l'attente pendant 2 jours, avant de revoir son compagnon "c'était très très long..."... la paranoïa ...
#proces13novembre /1380
Et puis cette petit voix en moi raconte Lou : "c'est bon Hans, il était pas à ce point là indispensable. Je le connaissais pas depuis longtemps. C'est comme si je me faisais larguer brutalement..."
Quelle mise à nu !
C'est extraordinaire de sincérité.
#proces13novembre /1381
"Y'aura la paperasse, les funérailles, tout ça quoi..." poursuit Lou. "Et puis tout à coup je me suis dit mais non, Hans est indispensable, je veux le retrouver.
Il y a le pari de Pascal qui postule l'existence de Dieu. Moi je postule l'existence de Hans !"
C'est beau /1382
Finalement, bonne nouvelle, raconte Lou sur le même ton, très vif. Hans est vivant. Il n'a pas perdu de membres. Elle le retrouve, livide, mais vivant. Elle rappelle à la Cour qu'à ce moment elle ne lui avait jamais dit "je t'aime". Ce qu'elle a fait...
#proces13novembre /1383
Et Hans est sorti de l'hôpital raconte Lou:
"Il me disait souvent, quand on sortait ensemble, que je trainais mon petit vieux... En fait lui aussi trainait sa petite vieille. Sans lui, je n'aurais jamais trouvé la force d'avancer."
joli
#proces13novembre /1384
Lou raconte l'après. "Je me suis mis aux mots fléchés, changement majeur d'identité ! " (sourires dans la salle d'audience). Elle arrêté de courir en revanche, elle faisait de l'ultra Trail. "J'ai essayé de recourir mais j'avais l'impression de trainer le filet des morts." /1385
Lou a ces mots: "La culpabilité que j'éprouve est liée à ce que je me disais dans la fosse. Est-ce que je tuerais quelqu'un d'autre ? Ça créé une brèche. Je suis peut-être capable de faire des choses horribles pour sauver ma vie" évoquant ce questionnement si sincèrement. /1386
Avant de conclure, Lou est revenue sur les propos d'Abrini qui se plaignait de ne pas avoir vu son pote Abdeslam pdt 6 ans.
"Certaines personnes ici n'ont pas revu leur proches depuis 6 ans et ne les reverront jamais" a assené la jeune femme.

Suspension.
#proces13novembre /1387
Dominique fait face à la Cour. Une femme de 47 ans. Elle porte un haut fushia sous une veste noire, porte des lunettes. On sent d'emblée beaucoup de colère dans ses premiers propos. "Je n'ai aucun pardon pour ce qui a été commis, ni pour la lâcheté."
#proces13Novembre /1388
"Je suis assez pessimiste poursuit Dominique sur le même ton. "Des attentats ont eu lieu depuis le 13 novembre. Je me demande si on trouvera un jour le moyen de ne pas tomber aussi bas dans l'humanité." dit-elle en substance.
#proces13Novembre /1389
Dominique à l'adresse du président. "À votre place, je ne serais pas très objective, je vous remercie donc de le faire pour moi. J'ai l'impression concernant les responsables, le complices... qu'ils pensent que ce n'est pas si grave. Je n'ai donc aucun pardon pour eux..." /1390
Avant d'entamer le récit de sa nuit au Bataclan, Dominique s'est demandée pourquoi elle était en vie et non une gamine de 17 ans. Elle avait 41 ans.
Il y a toujours cette culpabilité, la culpabilité des vivants, qui accompagne les victimes du Bataclan.
#proces13Novembre /1391
La fusillade éclate. Dominique pense à Charlie Hebdo, assez rapidement. La panique, les tirs en rafales et ce sentiment, au delà de la peur, qu'elle décrit: "non seulement tu vas mourir se dit-elle mais en plus tu vas souffrir, terrifié à l'idée que ma mort va être atroce."/1392
Dominique raconte avoir perdu la mémoire. Elle a quelques visions, des flashs. Se voit fuir le Bataclan mais sans en être tout à fait consciente. "phénomène de désincarnation" lui diront les médecins. Je vois des corps à l'extérieur. Des pompiers...
#proces13Novembre /1393
La nuit de Dominique est chaotique. Elle hurle aux pompiers d'aller aider les blessés. Il faut arrêter ces hommes qui tirent, ils les massacrent. Elle court. "Cette nuit là c'était l'horreur au Bataclan et l'horreur dans ma tête" dit-elle.
#proces13Novembre /1394
Dominique décrit aussi cette impression qui l'habite: "L'impression d'être morte dans un corps vivant, un corps exprimant des besoins, boire, manger..." La fatigue, l'anxiété, le sommeil qui ne vient plus, se cacher dans son propre placard au moindre bruit
#proces13Novembre /1395
Dominique est atteinte d'un syndrome de stress post traumatique chronique dont elle sort peu à peu. "Il y a toujours cette fissure en moi. J'ai peur que ça se rouvre, j'ai l'impression d'être restée là bas. Mais auj' mon instinct de survie me protège..."
#proces13Novembre /1396
"J'espérais mieux pour moi. Mais ils ne m'ont pas abattue. je suis debout" a dit Dominique quittant la barre, fusillant le box des accusés du regard.

#proces13Novembre /1397
Aurélia est à la barre. Elle porte un foulard dans les cheveux. Des lunettes ray ban de vue, un haut sombre avec quelques motifs. "Je serai concise, factuelle, c'est mon caractère" expose t-elle d'emblée.
@aurelia_gilbert a 49 ans, mariée, deux filles.
#proces13Novembre /1398
"Mon témoignage arrive à la fin des témoignages des rescapés dit Aurélia. j'ai conscience de certaines redites. Mais j'espère que nous parviendrons à dessiner une cartographie aussi précise que possible"
Elle était avec une de ses amies et sa fille
#proces13Novembre /1399
La fusillade éclate. "Dans le contexte à l'époque raconte Aurélia, il y avait eu les attentats de janvier 2015, j'ai également en tête les attentats de 1986 et de 1995. Donc j'ai immédiatement compris qu'il s'agissait d'un attentat." Lucide. Précise.
#proces13Novembre /1400
Elle raconte la fuite. Sa perception extrêmement claire de la situation. Les 3 assaillants qu'elle voit, les balles qui pleuvent, sa résignation à mourir, très vite l'aide qu'elle tente d'apporter aux blessés qu'elle croise sur son chemin, en plein chaos.
#proces13Novembre /1401
Réfugiée sur un palier, à côté d'une loge, avec d'autres spectateurs, elle envoie un sms à son mari "fusillade au Bataclan, réfugiée, prends soin des enfants. Je t'aime."
Elle comprend également la nature multisite de l'attaque à Paris et StDenis.
#proces13novembre /1402
Le récit d'Aurélia est très factuel. Grande maîtrise de ses émotions. Elle avoue à la barre qu'à un instant, en pleine apocalypse, avant d'être évacuée, elle s'est mise à pleurer. Elle a aussi "materné" un jeune homme turc qui ne parlait pas français...
#proces13novembre /1403
Il ya eu l'explosion, l'évacuation parmi les derniers autour de 00:13, et cette vision d'horreur de la fosse qui la quittera jamais. La culpabilité d'être vivant. Aurélia, c'est l'histoire d'une femme qui n'a jamais cessé d'agir pendant la fusillade, agir auprès des autres /1404
C'est peut-être pour cette raison qu'elle expose un récit si clair. Une protection qu'elle a bâti. Aurélia, miraculée, a cherché après coup à comprendre, analyser, lire, absolument tout, les dossiers d'instruction, d'enquête, sur l'Etat islamique notamment
#proces13novembre /1405
"Il n'y a ni victime forte, ni victime faible dit Aurélia, Vous avez eu un mot très juste M. le président. Chacun fait comme il peut, en effet." L'implication d'Aurélia c'est de continuer à témoigner. Auprès de jeunes, ou espère-t-elle, dans des centres de rétention... /1406
"Je tiens à remercier mon pays. Pour tout ce qui a été fait et pour ce procès. Je tiens à dire qu’il est temps de remettre l’Etat de droit au milieu de tout ça" dit encore Aurélia.
#proces13novembre /1407
Aurélia conclut ainsi:"Le terrorisme vous transforme en objet. J'ai été visée non pour ce que je suis mais pour ce que je représente. Et même après, vous devenez objet parmi les objets. J’avais besoin de redevenir sujet.
Témoigner est une façon de redevenir un sujet"
Fort /1408
Ann-Flore est une victime par ricochet."Un simple ricochet. Moi j'ai pas pris de balles, j'ai pas vu ce qu'il s'était passé, je dois fermer ma gueule." dit-elle. Ann-Flore, jeune femme rousse, les yeux embués sous ses lunettes, a perdu son père au Bataclan
#proces13novembre /1409
Le récit d'Ann-Flore est très éprouvé. Ses parents étaient ensemble au concert des Eagles. Elle sait qu'un attentat a eu lieu au Bataclan, sa soeur lui apprend que "Maman est vivante" ...elle comprend que son père est mort. Elle hurle de douleur...
#proces13novembre /1410
Entre 2 sanglots, Ann-Flore, allure sixties, petite frange et lunettes rondes explique que son père a pris une balle dans la tête."Une putain de balle dans la tête. C'est l'anéantissement d'un être... son cerveau, son âme" Elle poursuit la voix vacillante
#proces13novembre /1411
"Aujourd'hui j'ai un trou la tête, un trou dans le ventre, un trou dans le coeur" dit Ann-Flore, la voix nouée. Elle paraît encore si touchée."Les mots me manquent pour exprimer ce que je ressens" explique la jeune femme, ex journaliste, pour qui les mots sont naturels /1412
Il ya ce traumatisme dont elle ne reviendra pas dit-elle. "Il y a 2 Ann-Flore, celle qui s'est reconstruite professionnellement, et l'autre. "
Elle a aujourd'hui une boutique de vêtements, années 60 justement, précise-t-elle la jeune femme.
#Proces13novembre /1413
Ann-Flore a ces mots, très forts, comme un miroir tendu aux accusés : "Je sais ce que c’est d’être invisible, de ne pas être vue, ni entendue. Cette tristesse, je l'ai ressentie gamine et chez moi aussi, elle s’est transformé en haine, en violence" ./...
#proces13Novembre /1414
Ann-Flore, sur les accusés: "C'est assez étrange de me sentir assez proche d’eux. Terrible de porter les mêmes racines que ceux qui ont commis de telles atrocités. Je sais ce que ça fait quand on vous ostracise. Quand on tue un proche, je le ressens..."
#proces13Novembre /1415
Ann-flore, sur les accusés : "En fait, on était tous du même côté. On était humains. Mais eux, ils ont lâchement choisi de glisser du cote des méchants, du côté de ceux que je ne comprends pas. Les politiciens, les verreux, les businessman, ceux qui font du mal.."
/1416
Ann-Flore: "un des accusés a dit qu'il ne dormait plus après les témoignages( Y.Atar).
Ce ne sont pas des monstres, ce sont des putains d'êtres humains. Mais Je veux leur dire que l’au-delà n’existe pas, le paradis c’était ici, et vous avez tout foutu en l’air.."
/1417
Guillaume a suivi. Je retiens son récit saccadé, sa voix grave, le ton sec, empreint de colère et ces mots qu'il a adressé aux accusés :
"Vous n'êtes pas des combattants.
Vous êtes des esclaves qui maintenez vos chaines avec le sang des hommes libres"
#proces13Novembre /1418
Philomène a suivi, la maman de Baptiste dont on voit la photo, projetée sur le grand écran de la salle d'audience. Un beau jeune homme, souriant, une guitare à la main. "Rien ne me ramènera mon fils, ce procès ne changera rien à la vie..."
#proces13Novembre /1419
Mais Philomène, en fin de déposition, a remercié la Cour d'avoir permis que les victimes s'expriment ainsi. "J'étais aussi là pour reconstituer la dernière nuit de mon fils Baptiste à travers tous les témoignages. Apparemment c'était une belle soirée..."
#proces13Novembre /1420
Maria Cristina à présent, la mère de Juan Alberto, disparu au Bataclan, s'exprime en espagnol, s'adresse aux accusés: "J'espère que vous aurez à subir la souffrance que vous avez provoqué. Sans vos armes vous n’êtes rien. Vous ne méritez pas mon respect "
#proces13Novembre /1421
Maria Christina, au timbre espagnol si singulier, de noir entièrement vêtue, comme les endeuillées méditerranéennes, fait le portrait de son fils Juan Alberto. Il avait 29 ans, aimait Paris, voulait y vivre. "Je n'imaginais pas qu'il allait y mourir" ...
#proces13Novembre /1422
Une photo de Juan Alberto est projeté sur le grand écran de la salle d'audience pendant le récit de Maria Christina. Un jeune homme éclatant, solaire, les bras ouverts, souriant, au coeur d'une fête.
"C'était mon pilier" a dit plutôt sa mère à la Cour
#proces13Novembre /1423
Au delà du deuil, et de la tristesse qui a suivi le 13 novembre, la douleur de Maria Christina - comme celle de bien des mères qui ont perdu leur enfant - est de ne pas savoir dans quelles circonstances précises leur être cher a été assassiné.
#proces13Novembre /1424
"On m'a dit que Juan Alberto avait pris une balle dans le dos" raconte Maria Christina, plongée dans l'incertitude, 6 ans après les faits. Quelle phrase terrible si l'on y pense. Celle d'une mère espagnole, éplorée, au fond du brouillard, le coeur aveugle.
#proces13Novembre /1425
Maria Christina avait promis de ne plus revenir à Paris, une fois la dépouille de Juan Alberto rapatriée à Madrid.
"Finalement je suis là. Je suis revenue témoigner." Elle remercie @lifeforparis et @13onze15 grâce à qui elle a pu collecter des informations
#proces13Novembre /1426
Maria Christina, la voix grésillante, raconte sa vie de maman sans son fils: "Le mal que ces assassins m'ont causé est irréparable. Je n'ai plus le goût de la vie. Je me sens incomprise. Je ne crois pas que cette blessure se refermera avec le temps."...
#proces13Novembre /1427
"Ce procès ne me rendra pas mon fils dit Maria Christina.Mais ce que j'en attends c'est de comprendre pourquoi pas les autorités n'ont pas agi alors qu'on savait qu'une menace pesait sur cette salle et ce groupe."
#proces13Novembre /1428
"J'attends d'en savoir plus conclut Maria Christina sur les décisions qui ont été prises ce soir là. J'aimerais savoir pourquoi les personnes fichés S ne sont pas mieux surveillés. J'espère que la peine qui sera prononcée sera à la hauteur des atrocités."
#proces13novembre /1429
Tatiana, 30 ans, vient évoquer à la barre l'assassinat de sa grande soeur Précilia au Bataclan. Là aussi, à travers son témoignage, celui des familles endeuillées, on mesure à quel point le 13 novembre agit comme une bombe à fragmentation.
#proces13Novembre /1429
Tatiana a ainsi raconté comment la vie de son père, s'était arrêté le 13 novembre 2015 aussi. Perdant le goût de la vie, atteint du "syndrome de glissement" on dit les médecins, il n'a pas supporté le décès de sa fille, il est mort à l'âge de 65 ans.
#proces13Novembre2015 /1430
À présent c'est Lahssen, frère de Djalal Sebaa, tué au Bataclan qui témoigne. Il raconte en français, l'histoire de 2 frères (lui et Djalal), d'origine algérienne, qui s'entendent comme des amis et qui rejoignent en 2014 leur parents en France.
#proces13Novembre /1431
Lahssen raconte de façon très pudique, avec un accent algérien, la douleur qui l'accable depuis la perte de son frère. "Je suis dégouté" dit-il. "J'aimerais bien savoir si les gens là dans le box, ils ont des contacts avec leurs amis décédés. Ils sont paradis ? je crois pas /1432
"Moi je suis musulman dit Lahssen. Mon Islam est une religion d'amour. Je comprends pas. On parlait pas un mot de français avec mon frère. On est venu ici, on a réussi à trouver du travail. Ces gens là, n'ont rien à voir avec la vie. Moi je suis musulman, je vous dis" /1433
Lahssen poursuit, s'adresse aux accusés dans un français hésitant mais avec des mots si clairs: " Vous, vous avez grandi en Europe. Vous êtes allé en boite de nuit, vous avez bu de l’alcool ? C’est ça être musulman ? Non ! moi je viens d'un pays où on est musulman..."
/1434
Le jeune homme continue : "Moi je viens d'Algérie. Vous, vous avez eu de la chance. Vous avez eu de l’argent. Vous avez tout eu ! C’est pour ça que vous avez fait ces conneries." dit Lahssen avec ses mots.
On se dit que les accusés comprennent tout à fait
#proces13Novembre /1435
Lahssen encore: "Tout à l'heure, une maman racontait qu'elle était triste d'avoir perdu son fils. Et les accusés buvaient de l'eau. Boire de l’eau devant des gens qui souffrent ??? Pour moi ce sont pas des hommes, ce sont des animaux" assène-t-il.
#proces13Novembre /1436
Pendant que Lahssen parle, les écrans de la salle d'audience projettent un plan sur les accusés. Ils restent sans réaction. Salah Abdeslam ne regarde pas vraiment Lahssen qui s'exprime : "Vous allez finir en prison...et après vous allez finir en enfer."
#proces13Novembre /1437
"Ça sera tout pour moi car si je continue je m'arrête jamais" conclut Lahssen (léger sourire). Son frère Djalal marchait non loin du Bataclan, le 13 novembre. Un simple passant, rattrapé par une balle, fauché par le sort. Lahssen lui a rendu hommage...
#proces13Novembre2015 /1438
J'ai quitté la salle d'audience sur le témoignage de Lahssen. Mes camarades @ChPiret et @aureliesarrot poursuivent la restitution des témoignages en LT.
Lisez les !
Bonsoir
#proces13novembre /1427
Bonjour à tous et toutes.
Jour 30 du #proces13novembre. Un mois révolu. Déjà. Et ce sentiment d'être embarqué sur un navire qui traverse l'éternité. L'immenté d'une peine toute entière déployée. Celles de victimes qui continuent de témoigner. Au tour des proches endeuillés. /1428
La voix de René, "82 ans bien tassés" dit-il. Le père de Pierre Yves s'exprime à voix lente, heurtée, abimée. Il découpe chacune de ses phrases. "Dans ma tête le procès est déjà terminé. La culpabilité des prévenus ne fait aucun doute" expose-t-il d'entrée
#procès13novembre /1429
Voici un homme, attristé, qui veut des explications. "Pourquoi les militaires de Sentinelle sont-ils restés l'arme au pied ? C'est insupportable. Je veux savoir qui leur a donné l'ordre de ne pas intervenir. Qu'on nous donne une vraie explication."
#proces13novembre /1430
René poursuit sa charge : "Que leur chef, leur commandant, vienne nous donner des explications, exposer ses raisons, bonnes ou mauvaises. Pourquoi a-t-il donné l'ordre de ne pas tirer à ses hommes. Pourquoi n'ont ils pas donné leurs armes aux policiers ?" #proces13novembre /1431
"j'ai en tête l'image de mon fils Pierre-Yves en train de mourir. Elle n'en sortira jamais se désole ce vieil homme face à la Cour, la voix éteinte. Sa mort, et celle des autres, doit servir à quelque chose. C'est tout ce que l'on peut faire pour eux."
#proces13novembre /1432
Jean est à la barre. Le père de Anne, épouse décédée de Pierre-Yves. Un homme dans sa 70zaine qui a fait le voyage de Paris depuis la Réunion dans ces terribles circonstances. Il porte une cravate écossaise, une chemise blanche, sous une veste gris chiné.
#proces13novembre /1433
Jean a la voix étranglé. Il parvient avec difficulté à contenir son émotion. Raconte sa fille qu'il découvre à l'IML, "le visage résigné, son esprit s'était envolé..." Il a parlé d'un ami d'Anne, Yasser qui était aussi sur les lieux et qui s'est excusé au non de l'Islam .../1434
Jean explique avoir perdu ses 2 enfants ce soir-là. Sa fille Anne et son beau-fils Pierre-Yves. Il lit une lettre qu'il avait écrit au Pdt Hollande peu de temps après le 13 novembre. "Nous sommes très en colère. Tout n'a pas été fait pour prévenir cet attentat au Bataclan" /1435
"Cette salle de concert appartenait à des Israélites dit-il. Elle était menacée pour cette raison là. Comme le groupe qui s'y produisait ce soir-là. Les Eagles s'étaient produits en Israël" poursuit Jean, anticipant le témoignage prochain de F.Hollande.
#proces13novembre /1436
Certains victimes ont dit ne pas ressentir de haine pour leurs agresseurs. Ce n'est pas mon cas, assène Jean, la voix étranglée. Pierre-Yves a été tué de plusieurs balles dans le dos, sous les yeux de Anne, blessée et puis achevé. J'ai de la haine pour l'État islamique." /1437
"De la haine pour les prédicateurs dit Jean. Les autres sont de la chair à canon, stupides, crédules,cupides. Quant à Al Baghdadi (calife autoproclamé) Il était autant le commandeur des croyants que moi je suis le pdt des US. J’ai ouvert 1 bouteille de champagne à sa mort" /1438
Jean a poursuivi, éploré, en brossant les portraits de sa fille Anne et de Pierre-Yves. Il a conclut avec une lettre de sa petite-fille, nièce du couple.
Fin de la lettre : "Comme l’humour est tout ce qui nous reste, on pourra dire que ce concert était une vraie tuerie".. /1439
Une photo de mariage de Anne, épanouie, et Pierre-Yves, aux anges, était projetée en salle d'audience. Jean a quitté la barre en remerciant le président Périès pour sa bienveillance.
#proces13novembre /1440
Aurore à présent. Une femme blonde dont le caractère parait aussi fort que sa voix qui porte. Elle a perdu son conjoint Emmanuel, "tristesse et vide sont omniprésent en moi" ...mais pas son fils, aussi au Bataclan ce soir là, revenu en sang, mais vivant.
#proces13novembre /1441
"Ils n'auront jamais ma haine dit Aurore à l'adresse des accusés. Je ne fais pas amalgame entre religion musulmane et ces gens derrière le Plexiglas. Mais je ne leur pardonnerai jamais. Je ne ne leur demande rien non plus. C'est compliqué pour eux de réfléchir..." /1442
Puis le récit d'Aurore. Sur fond de photos de famille projetées sur le grand écran d. La nouvelle tombe. Attaque au Bataclan. Les infos en boucle. Elle se dit : ils vont sortir. Son fils l'appelle, il est sorti. Aurore se dit "papa ne serait jamais sorti sans toi"... /1443
Cette voix qui porte - celle d'Aurore face à la Cour - s'étrangle tout à coup ,dans un sanglot, le seul, au moment où à l'Ecole militaire, raconte-t-elle, on lui annonce que son mari Emmanuel n'a pas survécu.

#proces13novembre /1444
"J'ai entendu des accusés, emprisonnés, se plaindre de ne voir leur famille QUE derrière une vitre poursuit Aurore. Moi, la dernière fois que j'ai vu mon mari, c'est aussi derrière une vitre, mais mort..." La vitre de l'Institut Médico Légal.
#proces13novembre /1445
Les seuls armes d'Emmanuel raconte Aurore : "la tolérance, l'amour, la paix, les yeux qui pétillaient, notre lumière, notre hymne à la vie, un mec extraordinaire. Pour lui je me suis dit que je n'avais pas le droit de faiblir. Il aurait été assassiné une seconde fois."
/1446
"Je propose aux accusés. Aimez la vie, dansez !" dit-elle avant de lire 1 mot pour Emmanuel: 2129 jours sans ta voix, ton sourire, sans tes bras, que je combats la haine et l’obscurantisme, que je regarde l’horizon, que j’aime la vie et me bat pour que mon cœur n’oublie pas /1447
Aurore, qui porte un voile orange à la Barre, la couleur préféré d'Emmanuel, a soulevé des questions relatives à la responsabilité des autorités sur la "non prévention de ces attentats." Des débats à ce propos auront lieu rappelle le président Périès.
#proces13novembre /1448
En conclusion, Aurore a cité Louis Aragon, Antoine de Saint-Exupéry et Jacques Prévert :

La théologie, c'est simple comme dieu et dieu font trois.

#proces13novembre /1449
Sophie se présente face à la Cour. Pantalon noir, chemise blanche ample. Elle est éplorée. "Pas facile d'approcher la barre dit-elle, mais j'y suis au nom de mon mari, du père de ma fille, j'y suis..."
#proces13novembre /1450
Sophie était l'épouse de Stéphane. Elle raconte avec difficulté, en larmes, que son mari et ses amis étaient partis à cinq amis au Bataclan.
"Nous scrutions, cherchions devant l'écran de TV, ma fille Mathilde cherchions nos proches. Un direct interminable... " /1451
"OO:40 le téléphone sonne. Une femme appelle. À qui Stéphane, encore vivant, avait pris soin de donner mon numéro" raconte Sophie.
Stéphane, son roc, invincible, est vivant à la sortie du Bataclan. Le couple ne s'est pas parlé. Son mari est sous oxygène.
#proces13novembre /1452
Sophie retrouve son mari dans le coma. "Je lui prépare un livre, sa brosse à dent..on est bien quand on retrouve un peu de chez soi à l'hôpital" Il est recouvert d'un drap. La tête et les épaules visibles. Il agonise, lutte pendant 6 jours contre la mort.
#proces13novembre /1453
Sophie égrène chacune de ses journées, terribles journées. Colonne vertébrale et poumons touchés. "On me dit que c'est grave, chaque jour plus grave. Les arrêts cardiaques se succèdent. Il est transféré, d'un hôpital à l'autre. "
#proces13novembre /1454
Le corps de Stéphane est une usine artificielle. En vie grâce à des machines. Il s'éteint le 19 novembre. "130ème victime du 13 novembre...pour l'histoire, sa mort ne nous appartient plus...et donne lieu à un minable article de presse" déplore Sophie.
#proces13novembre /1455
Il y a une telle colère et une telle tristesse dans le témoignage de Sophie, 6 ans après la mort de son mari. Elle expose avec noirceur, la mâchoire serrée, le traumatisme qu'elle traverse les jours qui suivent.
"Fauteuil, canapé, travail, fauteuil... J'étais un légume " /1456
Sophie essuie ses larmes, les yeux clairs embués derrière ses lunettes, qu'elle lève rarement, plongés sur son texte qu'elle lit avec douleur. Elle a été licenciée pour inaptitude, sauvée par 1 psy dit-elle "et je suis là devant vous" dit-elle, levant les yeux vers la Cour /1457
Sophie avant de conclure: "Je suis meurtrie, ma fille aussi, Stéphane est mort. Je ne laisserai pas ma part aux chiens, si tenté qu'il y ait des chiens ici. Je vous laisse une touche de mon courage pour poursuivre votre travail dit-elle au Pdt. Stéphane aussi vous salue."
/1458
A présent, le père d'Hugo est à la barre. Hugo dont on voit le visage sur le grand écran de la salle d'audience. Un jeune homme blond, souriant, lumineux. Il ressemble à son père, Stéphane qui dit "mon fils, mon ami, mon confident, ma parcelle d'humanité."
#proces13novembre /1459
Stéphane s'effondre lorsqu'il évoque un tatouage japonais que son fils Hugo avait fait faire à Tokyo - le Japon leur passion commune - peu de temps avant le 13 novembre. Stéphane a retrouvé la tatoueuse à Tokyo et dit-il l'a reproduit sur lui.
#proces13novembre /1460
La nouvelle tombe. Paris frappée par une vague d'attentats. Hugo est au Bataclan. Les infos en boucle. "Et là j'entends à la TV : 'les forces de police sont entrés dans le Bataclan, c'est un massacre ils sont tous morts" raconte Stéphane.
Terrible...
#proces13novembre /1462
La recherche commence. "Tout le monde dans la famille voulait croire que Hugo était quelque part, sa mère, moi, on oscillait entre espoir et désespoir..." poursuit Stéphane qui explique qu'à ses yeux, Hugo avait autant de probabilité à ce moment là d'être vivant ou mort...
/1463
Mais la nouvelle tombe. Stéphane apprend la mort de son fils par l'intermédiaire d'un de ses amis. "Hugo est mort. Et là, pour la première fois je me suis senti vieux. Quelque chose était brisé. Nous avions perdu Hugo pour toujours." poursuit Stéphane...
#proces13novembre /1464
Il raconte l'après. Les coups de téléphones contradictoires. Hugo est en vie Hugo est mort. "Je n'ai pas voulu céder à l'espoir. Il était mort..." dit Stéphane. "Et cette femme musulmane qui s'effondre, de peur et de honte". Et encore la visite à l'IML...
#proces13novembre /1465
L'IML, les cris de désespoir, les familles éplorées...raconte Stéphane. Et les corps que l'on ne pas montrer, lorsqu'ils sont décharnés. "Vous avez de la chance, vous allez pouvoir le voir" a-t-on dit à Stéphane
"Quand j'ai vu Hugo, j'ai pensé au dormeur du Val de Rimbaud" /1466
"Hugo semblait dormir. Il souriait comme sourirait un enfant malade, touché à l'artère fémorale." explique son père. Stéphane raconte son itinéraire de scientifique pour qui un tel drame a été la seule fois où il a été confronté à un objet vide de sens...
#proces13novembre /1467
Le propos de Stéphane est dense, profond, empreint d'humanisme. Il a remercié le président de la Cour d'avoir permis tous ces témoignages, le sien les autres, qu'il compare à des pixels qui "avec le recul permettent d'appréhender l'image globale. "
#proces13novembre /1468
"L’édifice immense du souvenir dit Stéphane très justement. Cette idée nette de l'atmosphère ce soir là, le bruit des balles, l'odeur de la poudre, douleur intense, celle de Hugo, il était seul sans ami…le regret éternel de lui avoir pris le billet de ce putain de concert /1469
"Je pense aux survivants poursuit Stéphane, Hugo aurait été très très heureux que vous vous en soyez sortis, aurait compati avec ceux qui se reconstruisent...". Il parle de son autre fils aussi qui ne comprend pas pourquoi on a tué son frère.
#proces13novembre /1470
Tous ces mots jetés à la barre par Stéphane, très forts : barbarie, questionnement, tout ça est vide de sens, les risques de récupération, on me vole mon fils à nouveau, les donneurs de leçons aussi qui expliquent que la France est un pays islamophobe.
#proces13novembre /1471
Stéphane encore :"Certains ici se disent combattants de Daesh, je serai moi aussi un combattant, mais au service du savoir et de la connaissance. Mes armes sont la liberté d’expression et l'esprit critique, enseignés grâce à des dizaines de Samuel Paty" #proces13novembre /1472
Stéphane conclut, se tourne vers les accusés, les regarde, "sans violence et sans haine" et assène:
"'La maman de Hugo, son papa, son frère et tous ses amis, sont debout. Debout. Ainsi l’idéologie mortifère de Daesh n’a pas gagné"

NO PASSARAN"
suspension
#proces13novembre /1473
Aurélie a présent. Jolie jeune femme blonde. Elle porte des lunettes. Elle assisté à l'intégralité du procès jusqu'ici, "ce drôle d'avion dans lequel elle passe toutes ses journées." Elle va raconter son histoire. Et celle de Mathieu, décédé au Bataclan.
#proces13Novembre /1474
Aurélie, mère d'un petit Gary qui gambade dans l'appartement. Et enceinte d'un nouvel enfant. Le 13 novembre, Mathieu n'a pas très envie d'aller au concert.
Mais Aurélie le convainc d'y aller. Elle a le temps de lui dire qu'elle le trouve beau.
#proces13Novembre /1475
Aurélie la voix douce, les yeux plongés sur son texte. On attaque Paris. "Là je sais que Mathieu ne rentrera pas. Que tout ce que j'ai construit va voler en éclat. Je fais les 100 pas dans mon appartement les mains sur mon ventre rond. .."
#proces13Novembre /1476
Et puis un coup de fil dans la matinée. Mathieu aurait survécu, sans égratignures. "Il faut se fier à ce que vous a dit la voix de la nuit. Si on vous a dit qu'il est en vie, c'est qu'il est en vie..." lui dit on. Pourtant Mathieu n'a toujours pas appelé
#proces13Novembre /1477
Dans son salon, les amis, les proches , les parents de Mathieu. Et Mathieu qui ne pousse toujours pas la porte. 36 heures sans fermer l'oeil raconte Aurélie, lisant un texte très joliment écrit. Elle s'endort
Au réveil, son père s'approche
Mathieu est mort
#proces13Novembre /1478
Les jours qui suivent, la dissociation, "Je ne me souviens pas d'avoir pleuré. J'ai vomi et vomi encore. Je me souviens aussi d'avoir dit être soulagé car...
'il a pris une balle dans la tête. Il a du mourir sur le coup'
Puis la vie sans Mathieu commence.
#proces13Novembre /1479
Le ton d'Aurélie, et sa voix si douce, contrastent avec la détresse immense qu'elle exprime à la barre. Son fils Gary , 3 ans, qui ne reverra pas son papa. Il sombre lui aussi dans une tristesse infinie. Mais devient "le berger du troupeau de ses peines"
#proces13Novembre /1480
Aurélie donne naissance à Thelma, quelques mois plus tard. Une journée aussi belle que la nuit du 13 novembre fut atroce. Elle parle vite, raconte "la chaleur d'un cocon avant l'explosion..."
#proces13Novembre /1481
"Je n'étais pas au Bataclan, je n'ai pas vu les morts, je n'ai pas passé 2 heures dans le ventre du monstre dit Aurélie. Moi j'ai perdu l'homme que j'aimais. Ma maison a explosé. Seule avec mes 2 enfants. . Je suis devenue veuve et victime de terrorisme" #proces13novembre /1482
"Je n'ai pas la culpabilité du survivant. J'ai en revanche la responsabilité du survivant. Je suis devenue une athlète du deuil" raconte Aurélie. Elle plonge la salle d'audience dans un silence profond. Elle dit avoir rencontré un nouvel ami.
#proces13Novembre2015 /1483
"Je vais mieux. J'ai tourné pendant 6 ans autour de ma peine. Et à présent je veux comprendre. Voilà pourquoi j'assiste tous les jours au procès." dit Aurélie dont il est difficile de restituer l'ensemble des propos tant ils sont justes, fins et exprimés très rapidement. /1484
Dans la salle d'audience a-t-elle dit, toujours sur le même ton, Aurélie observe celles et ceux qui comme elles ont côtoyé la détresse. Mais là où l'on décrit la mort, "parfois se glisse l'amour, des mains se touchent et quelques verres échangés..."
#proces13novembre /1485
"Aujourd'hui je rapporte à mes enfants ce que j'entends dans cette salle d'audience poursuit Aurélie. Le vie. Je raconte ce frère qui a sauvé sa soeur en la plaquant au sol. Ce policier qui s'est couché sur un kamikaze pour permettre aux otages de sortir"
#proces13novembre /1486
Et aussi, conclut Aurélie "les avocats qui se sont cotisés pour payer la Défense des méchants.
Une amie m'a dit que cette salle d'audience, c'est un peu le pays dans lequel on voulait vivre. Je crois qu'elle a raison"
-Merci pour votre témoignage, très fort dit le président
/1488
Le père de Mathieu est à la barre. Un homme éploré qui à l'image de Gary et Thelma (les 2 enfants de Mathieu et Aurélie) se reconnait en eux. François a également grandi sans son père.
François raconte Mathieu, et son voyage dans les ténèbres du deuil.
#proces13novembre /1489
François lit une lettre de son épouse Michèle, la mère de Mathieu. Elle aussi dresse le portrait rayonnant de son enfant, Mathieu, qu'on lui a arraché ce soir là.
Puis François termine par un texte qu'il a écrit il y a quelques temps.
#proces13novembre /1490
François à l'IML : "Au bout d'un long temps d'attente une femme entre et, la voix enchanteresse, nous raconte une histoire jamais entendue. Vous allez voir Mathieu sur une civière...nous entrons. Cette image prend la dimension de notre vie fracassée"
#proces13novembre /1491
François toujours, et cette image, celle du visage immobile de Mathieu avec son pansement sur le tête, "son turban de prince hindou. Il faut que nous emportions ce visage avec nous pour toujours, dans notre cerveau, dans notre coeur..."
François s'étrangle dans un sanglot
/1492
Michel, le père d'Elsa, tuée au Bataclan. Elle y était avec son fils qui avait 5 ans. Il a été sorti de l'enfer par l'équipage de la BAC N, entré le premier. Les 2 hommes notent la présence "du corps d'1 enfant bouger sous des corps inanimés."
#proces13novembre /1493
Michel a repris le témoignage du commissaire qui, en plus d'intervenir pour stopper le carnage, avait cherché à tout prix à extraire du chaos cet enfant, casque sur les oreilles, lequel a soufflé :
"Vous êtes gentil monsieur, vous êtes gentil monsieur"

#proces13novembre /1494
L'enfant a été pris en charge à Begin. Il a 11 ans aujourd'hui. Il fait du Karaté et aime Dragon Ball, "ce qui ne surprendra personne" dit Michel qui reprend son récit. "Que sont devenus Elsa et Patricia ? Fort heureusement le petit était à l'abri"
#proces13novembre /1495
Mais la terrible nouvelle a fini par tomber. Le 13 novembre, au Bataclan, un enfant s’apprêtait à assister à un concert avec sa mère Elsa et sa grand-mère Patricia. Il a été le seul rescapé. Elsa et sa mère, ont été assassinées raconte Michel, éploré.
#proces13novembre /1496
Parfois les silences en disent très long. Michel vient de s'interrompre en plein récit, il prend le temps de sécher ses larmes. "Quand j'entends certains accusés justifier ces crimes, ça ne passe pas. Non ça ne passe pas..."
#proces13novembre /1497
Elsa repose dans un cimetière de Seine-Saint-Denis.
Les cendres Patricia sont au Chili dit sobrement Michel, fin connaisseur du Proche Orient et de l'Islam.
Il conclut : "À la fin du moi de mai, une fois le jugement rendu, nous n'en auront pas fini." ./..
#proces13novembre /1498
"Quelles sont les causes profondes du terrorisme djihadiste? s'interroge Michel. Il cite l'islamologue Rachid Benzine, 'il est possible de détruire le territoire physique de Daesh. Mais le territoire des esprits, c'est une autre paire de manche. Là est tout le combat."
/1499
C'est ainsi que Michel a conclu avant de quitter la barre:

"Rien ne fera disparaître les victimes de 13 novembre. Rien ne fera disparaitre non plus Elsa et Patricia,
ni encore leur idéal de liberté."

#proces13novembre /1499
Là encore je dois avouer que je ne restitue aujourd'hui que très partiellement ce qui est dit ici, à la barre, par toutes celles et ceux qui exposent leur souffrance. Je m'en excuse très sincèrement. Auprès des victimes. Et de celles et ceux qui lisent.
#proces13novembre /1500
Il y a une part d'indicible dans le déchirement. Une part qui vous échappe. Voilà bientôt 4 semaines que les parties civiles témoignent face à la Cour, face aux accusés aussi, il faut le dire, dans la dignité la plus absolue. C'est remarquable. Et intense.
#proces13novembre /1501
Les questions vous assaillent. Quels propos restituer ? Quel mot souligner ? Quelle victime, quelle vérité, quelles inflexions sur les visages, combien de larmes, combien de sanglots étouffés ? Comment dire, et redire que tant de vies ont été fracassées ?
#proces13novembre /1502
Je dois avouer qu'à cet instant - alors que Christophe vient d'évoquer pour l'Histoire la mort de son frère Raphaël, alors qu'Helene raconte son cauchemar qui commence, elle a perdu Quentin - je dois avouer que je suis là, au fond de cette salle d'audience, sans réponse. /1503
De nombreuses victimes, face à la Cour, ont évoqué la culpabilité d'être vivant. Et bien lorsque face à vous, tant d'hommes et de femmes se mettent à nu, et qu'au bout du courage, vous ne parvenez plus à dire leur tourment, apparait alors une forme de culpabilité. La mienne /1504
Restent les mots alors. Beaux, puissants, violents. Les mots prononcés lors de ce procès. Les mots et la responsabilité aussi, colossale, vertigineuse, qui incombe aux victimes. La charge immense qui est la leur de reconstituer le paysage de leur détresse, infinie. /1505
Reconstituer, au nom de la vérité, et pour l'Histoire, la photographie achevée d'un désespoir qui fut collectif d'abord et qui aujourd'hui, 6 ans après les faits, est toujours le leur, au fond des larmes, et de tous les coeurs.
#proces13novembre /1506
Fallait-il montrer ou dire le massacre du 13 novembre ? Je ne sais pas... Le président Périès a choisi. Ici sont racontées la souffrance, la douleur, la peur, pour décrire le carnage.
"En tuant Manu, ils ont déchiqueté le coeur des mes filles.." a dit Céline à l'instant/1507
Une image vaut mille mots dit-on souvent.

En écoutant chacune des victimes venues témoigner ici, face à la Cour, face à l'Histoire, face à nous et aux accusés...
Cette enfant par exemple, Alice a 13 ans, elle "a perdu son papa et a grandi trop vite"

#proces13novembre /1507
Alice, submergée par un tsunami le 13 novembre, abasourdie d'avoir entendu à 9 ans: "c'est bien fait pour ton père". Ou Emilie à présent, sa grande soeur, qui "a caché la mort de son père en classe". Emilie en larmes, qui dit : "on m'a volé ma jeunesse"...
#proces13novembre /1508
Une image vaut mille mots dit-on souvent.

Et bien j'ai appris ici,
au fond de cette salle d'audience,
parmi les victimes, Claire à présent, qui perdu sa soeur, "une balle dans le front".

j'ai appris qu'un mot, un seul mot vaut mille images.

bonsoir.

#proces13novembre /1508
Bonjour à toutes et tous.
Hier fut une journée immensément éprouvante. Nous entrons ce vendredi dans la 31ème journée du #proces13novembre au très long cours. Les proches endeuillés de victimes poursuivent leurs témoignages. Bombe à fragmentation. / 1509
Les débats vont bientôt reprendre. La salle d'audience bruisse. Entre avocats et parties civiles, journalistes et avocats, accusés et leurs conseils, parties civiles et journalistes, les conversations vont bon train. Des sourires aussi, avant la tempête. #proces13novembre /1510
12:56. Arrivée du président Périès, d'un pas leste, suivi de la Cour. L'audience est reprise. C'est parti.
Charles est le premier à s'avancer.
Jeune homme, grisonnant, vêtu d'un gilet, sur chemise en jean. Et tatouage sur son bras gauche.
#proces13novembre /1510
"Je suis là pour la mémoire de mon frère, Pierre Innocenti, qui a pris une balle dans la tête. Passionné, solaire, tolérant, grand sportif, surfer, skater, parachutiste dit Charles. Mourir parce qu'on aime voir un coup avec des potes est irréel. "
#proces13novembre /1511
"Ton frère a vécu comme le dit mon père. Les terroristes qui lui ont été la vie on simplement existé...Vous êtes des monstres ,des lâches, dit Charles d'un ton ferme à la barre. Vous ne gagnerez pas. J'aurais pu sombrer dans la haine, mais j'ai pensé à mon frère mon héros" /1512
"Certaines victimes disent vivre avec la culpabilité d'être en vie. Vous n'êtes pas responsables de la mort de mon frère Pierre. Il a été tué par les terroristes" dit Charles
#proces13novembre /1512
"Et pour moi messieurs les terroristes vous êtes déjà morts, vous n'êtes qu'ignorance. Moi Charles Innocenti, je préfère vivre avec la souffrance, j'aurais préféré mourir sous les balles"
Il quitte la barre.
#proces13novembre /1513
Anaïs à présent. La soeur de Mayeul, 30 ans, décédé au Bataclan. "J'avais besoin de parler. Notamment pour ma maman qui n'est plus là aujourd'hui" dit la jeune femme, carré long, brun, grisonnante. Elle porte une veste à carreaux sur une chemise claire.
#proces13novembre /1514
Anaïs lit son texte, la boule au ventre semble-t-il. Elle inspire et expire beaucoup et raconte comment elle a appris le lendemain seulement la mort de son frère : "Il fallait apprendre la nouvelle à Maman, pas à distance. "
#proces13novembre /1515
"Maman était forte et digne. Mais quelque chose s'était brisée en elle, elle a été rattrapée par un cancer. Elle s'est éteinte en 2018, elle souffrait trop. Je témoigne pour elle et pour mon père, et tous ceux qui ne peuvent pas témoigner." conclut Anaïs
#proces13novembre /1516
La belle soeur de Mayeul est à la barre, l'épouse de Vianney, le frère de Mayeul. Elle lit un texte, va vite, les yeux plongés sur sa feuille. Je retiens Lamartine, qu'elle cite face à la Cour.

"un seul être vous manque, et tout est dépeuplé"...

si juste
#proces13novembre /1517
Vianney, le frère de Mayeul est à la barre. Il parle de sa maman, morte à l'issue d'un cancer de l'endomètre -de l'utérus, symboliquement la maternité - en vrai morte de chagrin. Des photos de famille sont projetées sur les écrans de la salle d'audience.
#proces13novembre /1518
Voici l'histoire d'une famille renversée par un tremblement de terre, la mort de Mayeul, et ses répliques, la mort d'une maman. Vianney étouffe un sanglot lorsqu'il a ces mots, il cite sa mère :
"j'en peux plus de vivre, je veux retrouver Mayeul et Papa"..
#proces13novembre /1519
Me Reinhart, qui conseille la famille, parle lui d'effet Tchernobyl pour décrire les blessures qui naissent, et tuent dans le temps long, comme les métastases. Mayeul a été assassiné. Sa maman emportée, quelques années après.
#proces13novembre /1520
Chloé , magistrate à la barre, la compagne de Mayeul à présent. Mayeul si solaire en image, sa photo est projetée sur le grand écran de la salle d'audience.
"Il était beau, passionné, gentil, souriant" dit la jeune femme, le visage rond, cheveux auburn.
#proces13novembre /1521
"Lorsque Mayeul m'a appelé à 21h47 j'étais dans mes dossiers. J'ai décroché dit Chloé. À l'autre bout du fil, des cris, des explosions, il m'a dit qu'il était blessé, qu'il allait mourir et qu'il m'aimait. Fais semblant d'être mort lui ai-je dit..". #proces13novembre /1522
"C'était la dernière chose que je lui disais. Et puis son téléphone est tombé. Et puis silence. Je suis restée en ligne, pendant 5 heures..." raconte Chloé entre deux sanglots.

Carnage au bout du fil.
La mort en direct de l'être aimé. Terrible.
#proces13novembre /1523
"Mayeul vous attend à l'hôpital militaire de Saint-Mandé (Bégin) . Mayeul était déjà mort. C'est comme si j'avais pris un coup de couteau dans le coeur à ce moment là" poursuit Chloé. Elle a développé un comportement robotique assez inadapté dit-elle, je m'en excuse...
/1523
Chloé montre un photomaton N&B d'elle et Mayeul sur le grand écran. Lui l'embrasse sur la joue, les yeux fermés. Elle fixe l'objectif, ingénue.
"La photo je l'ai récupéré dans son portefeuille à l'IML. Elle est encore tachée de sang." dit-elle...
#proces13novembre /1524
Et puis l'après. Le deuil, l'effondrement psychique de Chloé. Elle parle vite, le souffle court. Les séances d'EMDR et cette charge sur la presse, les questions pressantes d'une journaliste qui exige d'elle des réponses, pour 1 portrait de Mayeul assassiné
#proces13novembre /1525
On entend presque pas, ou peu, les mots que Chloé souffle à la barre. Elle parle très vite, très bas. On sent là aussi une forme de panique, un stress, à déposer.
" Je m'en veux d'avoir reconstruit une vie où les autres pensent que tout va bien."...
#proces13novembre /1526
"Quand je repense à Mayeul en train de se vider de son sang, j'ai envie de mourir à mon tour" poursuit Chloé.
Elle montre un plan du Bataclan, jette une bouteille à la mer, un appel à témoin...
"quelqu'un sait-il où est mort Mayeul dans la salle ?"
#proces13novembre /1527
Chloé a conclu avec un cours poème qu'elle a lu avant de quitter la barre.
#proces13novembre /1527
Une femme à présent, probablement la mère de Stéphane. Elle ne souhaite pas que son prénom, ni son nom apparaissent publiquement.
Elle lit un texte. Explique que le beau père de Stéphane a initié une exposition photo dont les travaux ont été montrés devant le bataclan. /1528
"Il fait novembre en âme dit-elle. Le mot est emprunté à un poète belge. C'est aussi le titre d'une oeuvre musicale composée spécialement pour Stéphane que cette dame regrette de ne pouvoir diffuser en salle d'audience.
#proces13novembre /1529
Elle cite Wagner : "La musique commence là où s'arrête le pouvoir des mots." Elle dit que cela l'aurait grandement aidé de pouvoir écouter l'œuvre en salle d'audience. #proces13novembre /1530
Voici l'oeuvre ici ⬇️
La mère de Stéphane, d'une voix chaude, poursuit son récit, et raconte comment elle a appris la nouvelle.
Il a été retrouvé mort à l'extérieur du Bataclan, "je vois mon fils abandonné là, mort ou mourant, j'imagine dans quelle solitude il est parti..."
#proces13novembre /1531
"J'ai appris ici, lors de ce procès, que Stéphane a été vu, aidé, par un spectateur, alors qu'il était blessé, inconscient, dans l'un des locaux du Bataclan. Puis il a été retrouvé mort sur la chaussé. Pourquoi, comment" s'interroge sa mère, sans réponse.
#proces13novembre /1532
Stéphane a laissé derrière lui sa compagne et son fils de 4 ans. "Je regrette que son fils ne puisse pas voir de fierté dans les yeux de son père. Désormais pour moi, dit sa mère, les événements familiaux sont mêlés de mélancolie..."
#proces13novembre /1533
"De façon paradoxale, tout nous éloigne des accusés dans ce box et en même tout nous rapproche. Nous sommes dans leurs vies, et eux sont entrés dans les nôtres dit la mère de Stéphane, si calmement. Mais nous, nous resterons attachés à la beauté."
#proces13novembre /1534
La mère de Stéphane, avant de céder la place à son époux, cite l'écrivain et académicien François Cheng :

"C’est bien grâce à la beauté qu’en dépit de nos conditions tragiques nous nous attachons à la vie."

#proces13novembre /1535
En préambule, Jean-Pierre raconte le 13 novembre, mais 4 ans plus tard, en 2019. Ce jour là, il retrouve son petit-fils, le fils de Stéphane, étrangement triste, "le jour des papis et des mamies"
Il m'a dit: "aujourd'hui, c'est le jour où papa est mort."
#proces13novembre /1536
Jean-Pierre raconte son #13novembre2015 à présent, ce jour où "le malheur s'est introduit par effraction dans mon existence." dit-il lorsqu'il a appris la mort de Stéphane, un ami de Pierre Innocenti dont on parlé plus haut. "Mais qu'est-ce qu'il a été foutre au Bataclan ?" /1537
Et toujours, la nouvelle terrible qui finit par tomber. Comme un couperet. Il faut se rendre à l'IML. "Vous avez 15 minutes pas plus nous dit-on Vous avez de la chance, son visage parait serein, il semblerait que Stéphane n'ait pas souffert. " raconte Jean-Pierre
/1538
"Notre famille a sombré dans un cauchemar éveillé dit alors Jean-Pierre, gagné par un sanglot, très soudain. Il était si calme jusqu'alors.
La peine de mort est réservé aux innocents et pas aux criminels. Et pour nous, c'était perpétuité...."
#proces13novembre /1539
Le visage de Stéphane est projeté sur l'écran de la salle d'audience lors du récit de Jean-Pierre. Il raconte comment la nouvelle a été annoncée à son fils :
"Ton papa est parti sur une fusée, vers une étoile' L'enfant avait peur que l'étoile s'éteigne..."
#proces13novembre /1540
La scène s'est déroulée alors que Noël approchait. Le fils de Stéphane pensait qu'on allait lui offrir des cadeaux raconte Jean-Pierre.
Second sanglot, une voix tout à coup étranglée, qui vient entrecouper un récit, calme et circonstancié. Saisissant.
#proces13novembre /1541
Jean-Pierre raconte avoir échappé à l'attentat de Nice, le Il avait assisté au feu d'artifice. Il a vacillé ce jour-là, profondément, avoue-t-il. En chrétien, il dit :
"J'espère que Dieu pardonnera les coupables et que Dieu nous pardonnera de ne pas les pardonner." /1542
Je formule 3 rêves dit Jean-Pierre
"Au plan international, j'aimerais que la mission de l'ONU soit suivie d'un procès international.
J'aimerais que les pays musulmans se réunissent à nouveau pour définir où est la frontière entre Islam à visage humain et Islam destructeur" /1543
"Enfin en France, j'aimerais que le projet de charte sur l'Islam finisse par aboutir. J'étais très pessimiste. Mais les témoignages de ce procès, notamment de celles et ceux de confession musulmane, m'ont particulièrement touché..." conclut Jean-Pierre
#proces13novembre /1544
Kevin est à présentà la barre. Un pompier de Paris. Il est très anxieux, il étouffe de nombreux sanglots. Sa voix vacille. "Je suis désolé, je suis un peu stressé..."
Le 13 novembre, il est allé fêter son anniversaire de couple avec Morgane au Bataclan..
#proces13novembre /1545
Le concert commence raconte Kevin, le souffle court. 21:47. La fusillade éclate: "J'ai pris 2 balles dans la jambe. Mais je ne me rendais pas compte de la blessure. Je me disais encore, la prochaine est pour moi. Mais pas de regret, j'étais très amoureux."
#proces13novembre /1546
"Je me disais juste, c'est bon je partirai en paix" Kevin s'interrompt à nouveau.Excusez moi dit il à la barre. Il a un doigt posé sur son texte, pour suivre le fil de son récit qu'il a écrit. Il renifle beaucoup."Excusez moi" Il raconte sa prise en charge
#proces13novembre /1547
Et puis le coma. Les cris de Morgane. "Je sentais que c'était fini dit Kevin. Je me suis réveillé 2 jours + tard, jambe atrophiée. Autour de moi les autorités.
Comment poursuivre ma carrière de pompier ?
J'ai fait le lourd choix de me faire amputer..."
#proces13novembre /1548
"6 mois après j'ai repris le service raconte Kevin. Au service archi des pompiers."
Il raconte les persiflages de certains collègues :'pas normal que tu ais été privilégié par rapport à un blessé en service...arrête de te victimiser..."
Violence. Absolue.
#proces13novembre /1549
Et puis la spirale. Kevin rompt avec sa copine. Il soit quitter son logement que ses propriétaires ont vendu. Et enfin, "coup de grâce, je ne suis pas intégré chez les pompiers de Paris, je n'ai pas été blessé en service. Le général avait promis sous le coup de l'émotion..."/1550
Kevin s'excuse toutes les deux phrases. C'est terrible. "Quand je vois un camion de pompier j'ai un serrement de coeur. Mais je n'en veux pas pas à l'institution.
Je croyais à la résilience. Je suis venu aujourd'hui ici pour dire que je suis un menteur"
#proces13novembre /1551
"Je ne suis plus capable d'aimer. Voilà je suis un menteur... poursuit Kevin dans un sanglot. Et au fond je me dis que ça aurait été bien qu'on ne me réanime pas, au bout du 3ème arrêt cardiaque.
Ce qui me tient, c'est la colère"
Déflagration. En nous.
#proces13novembre /1552
Dans une ultime hésitation, noyée dans un nouveau sanglot, Kevin balbutie encore..."excusez moi..." avant de quitter la barre.
L'absolu courage d'une mise à nu. Il se disait j'ai vaincu.
C'est vraiment dur.

Mais Kevin est debout. Il marche. Il avance.
#proces13novembre /1553
Nathalie, en larmes, a suivi. C'est la cousine de Pierre Innocenti dont elle a ici évoqué la mémoire, après sa famille tout à l'heure.
"Vous n'aurez pas haine dit-on. Et bien vous (à l'adresse des accusés), vous n'aurez que mon dégoût et mon mépris."
#proces13novembre /1554
Caroline à présent. Elle a perdu Christophe, l'homme de sa vie, "qu'on a arraché à sa vie..." Une jeune femme blonde, la quarantaine. Christophe dont on voit la photo, là aussi. Grand bonhomme souriant.
"L'autopsie ne l'a pas dit mais la musique coulait dans ses veines..." /1555
Le 13 novembre, Caroline est rentrée plus tôt du travail pour qu'il aille plus tôt au concert, rejoindre trois amis. Les enfants sont couchés. Elle reçoit une alerte 'prise d'otage au Bataclan'. "
Mon souffle se coupe, mes jambes se dérobent"raconte-t-elle
#proces13novembre /1556
Christophe est mort. L'un des enfants de Caroline : "j'espère que papa ne s'est pas cassé la jambe." Pourtant aucune certitude. Il faut décrire et encore décrire, 40 fois décrire Christophe dont on a pas de nouvelles. Elle le comprend enfin le dimanche...
#proces13novembre /1557
"Connaître l'abime de la souffrance. L'effondrement du monde en soi" dit Caroline face à la Cour. Elle a annoncé la mort de son conjoint à sa famille sans même savoir si oui ou non, et où, il a enfin été identifié. Quelle parcours..."pourquoi infliger une telle torture ?" /1558
Caroline décrit l'IML, sans ses enfants, cette vitre froide qui la sépare de Christophe, 5 minutes seulement pour l'entre apercevoir, "ce moment d'intimité qu'on me vole et qu'on vole aux autres familles" dit-elle entre mille larmes et inspirations, brèves
#proces13novembre /1559
"Les basses et les guitares de Christophe se sont tues. Il faut déplacer sa moto, silencieuse, garée devant le Bataclan" dit Caroline, qui tous les jours regarde l'heure, à 21:45, la dernière photo qu'il a prise, de peur que quelque chose arrive, à nouveau
#proces13novembre /1560
Caroline raconte sont stress post traumatique, le dépression et "cette fausse victime qui me décrira un jour, précisément, la mort de Christophe. Il me faudra ensuite déconstruire ce récit macabre."
Expliquer encore aux enfants, "qu'un méchant a tué papa"
#proces13novembre /1561
"Comment la balle est entrée dans Papa ? pourquoi n'as-tu pas été sauver Papa ? Depuis 6 ans, le tribunal est à la maison..." dit Caroline, éplorée, qui n'a pas toutes les réponses à offrir à ses enfants. "Mais mon obsession a été d'apaiser mes enfants."
#proces13novembre /1562
Caroline qui travaillait dans les médias s'est reconvertie dans l'aide, la réparation de vies brisées. "Je répare les autres de leur trauma, de leur peur car je n'ai pas réparé Christophe. Je répare les autres pour me réparer moi-même" dit-elle encore.
#proces13novembre /1563
"Je sais ce que Christophe m'aurait dit...que la mort fait partie de la vie. Qu'il faut vivre pleinement avant de mourir souffle Caroline dans un sanglot. C'est ce que j'enseigne à mes enfants. Et aussi, que le courage de ne pas succomber à la haine. L'amour est immortel" /1564
La peine infligée à ces familles et proches endeuillées s'apparente à une forme de "douleur à perpétuité" comme l'a dit Caroline pendant son récit.
C'est bien de cela dont il s'agit.

Elle a quitté la barre.
Audience suspendue.
#proces13novembre /1565
"Peut-être que quelqu'un de mal intentionné est venu avec une arme dans la salle. Peut-être une histoire de coeur. Je me suis dis que mes parents ne savaient pas que j'étais là. Mon conjoint m'a dit, ils rechargent, lève toi." Alicia est à la barre.
#proces13novembre /1566
Ce sont les 1ers mots que j'ai entendu, entrant dans la salle d'audience. Les témoignages avaient repris. Alicia est 1 jeune femme, brune, élancée. Elle porte un pull marinière bleu à bandes blanches. Elle raconte son Bataclan et les "montagnes de corps".
#proces13novembre /1567
Elle était avec son copain au Bataclan. Alicia raconte qu'elle n'a jamais su décider dans la vie, au restaurant, quelle tenue...Et là, dans le chaos, sous le feu, elle se dit "Tu vas devoir décider tout de suite, comment tu vas mourir et entrainer ton conjoint dans la mort" /1568
Alicia est séparée un instant de son conjoint. Elle décide d'aller le rechercher là où il se cache, avant de prendre la fuite. Le sang, la panique, les corps "une fille demandait de l'aide, pour son petit ami" et je l'ai laissée dit-elle la voix étranglée
#proces13novembre /1569
Elle et son conjoint fuient en courant. Retrouvent leur voiture. Retrouvent leur domicile. Regardent la TV. Assistent à ceux à quoi ils ont échappé. Coup de téléphone d'Alicia à sa mère "non non ça se passe en terrasse". Peut-être qu'il ne s'est rien passé
#proces13novembre /1570
Et pourtant, Alicia a échappé à la mort. "Mais je n'ai aidé personne, j'aurais tellement aimé sauver quelqu'un, je ne suis pas une héroine" se navre-t-elle en larmes. "J'ai pensé à ce garçonnet qui a perdu sa maman et sa mamie. Etait-il en vie ?"
#proces13novembre /1571
Alicia est professeur. Elle explique que son conjoint a mieux assumé qu'elle sur le coup. " Moi ce qui m'anime, c'est le sentiment d'être une imposteuse (sic), je ne sais pas si ça se dit... le sentiment d'avoir volé la vie de tellement de personne. "
#proces13novembre /1572
"Quand je vois mes enfants de 1 et 4 ans, je me dis qu'ils ne sont pas censé être là. Car moi je ne suis pas censée être là. J'aurais du mourir pour les autres" énonce Alicia, rattrapée par les larmes et la détresse.
"Je suis là pour m'excuser d'être là."
#proces13novembre /1573
"Je suis là pour m'excuser mille fois auprès de cette fille qui demandait de l'aide, pour son conjoint, sur un dos d'âne rue Amelot et que j'ai laissée souffle Alicia dans ses sanglots. J'ai honte. Je m'excuse auprès de toutes les victimes et les familles"
#proces13novembre /1574
"Je n'ai aucune haine pour les accusés. J'éprouve de la tristesse pour eux. Je me dis qu'ils ont été tellement malheureux pour en arriver là dit Alicia, qui lutte pour poursuivre sa déposition. Quant à moi, je vais à présent essayer de me reconstruire..."
#proces13novembre /1575
Alicia étreint son compagnon, une fois de retour à sa place, en salle d'audience.

Emmanuelle et George Saline sont à la barre. Les parents de Lola, assassinée au Bataclan.
#proces13novembre /1576
Dans la nuit du #13novembre2015, "Clément le frère de Lola nous apprend que sa soeur, notre fille était au Bataclan, Ce que nous ne savions pas. Il était préférable que nous n'apprenions pas ça au réveil pensait-il" débute sa mère.
#proces13novembre /1577
Et là aussi, la tristesse absolue d'une terrible nouvelle. Lola a succombé. Elle a été tuée. Et puis les obsèques. Vider un appartement. Annoncer à sa mamie qu'elle a perdu sa "Lola adorée..."
#proces13novembre /1578
Clément prend la parole. Il est avocat. Explique qu'il est peut-être plus facile pour lui de parler de sa soeur Lola que d'autres victimes précédemment. Il va évoquer non pas une mais six Lola.
#proces13novembre /1579
La première est celle qu'il a tenu dans ses bras à la maternité, il avait "séché" la maternelle raconte-t-il.
La 2ème, est la Lola intrépide, courageuse, très intégrée dans tous les milieux. La Martinique, l'Egypte ensuite.
#proces13novembre /1580
La 3ème Lola est celle qui développe un coup de crayon, son carnet intime pas intime. Et les joints qu'ils fument ensemble sur le balcon.
La 4ème Lola est celle qui développe à l'adolescence de multiple passions, la musique, les voyages et ce don de savoir s'entourer /1582
La 5ème Lola, est celle qui est devenue adulte. Une femme en mouvement rapide. Consciente de ce que sont les inégalités hommes / femmes, devenue éditrice.
La 6ème Lola, est la Lola disparue dit Clément. Le souvenir d'une personne éternellement jeune et pleine de promesses /1583
"Je me souviens de son enthousiasme, très fort, lorsque nous avions appris à Lola, mon épouse et moi, que nous devions avoir un enfant. Cette enfant qui lui ressemble aujourd'hui. Et que nous appelons parfois Lola..." conclut sobrement Clément.
#proces13Novembre /1584
George Saline à présent. Le père de Lola. Il vient ici presque tous les jours. Il dit éprouver compassion et admiration. "J'admire le courage de celles et ceux qui viennent dire leur culpabilité. Admiratif aussi de la raison dont font preuve les victimes, en grande majorité"/1585
On voit Lola, les cheveux au vent, l'oeil poétique, sur le grand écran de la salle d'audience pendant le récit de son père George. Il s'est impliqué dans la création de l'association @13onze15 et s'est rapproché de nombreuses victimes du terrorisme, sous toutes ses formes /1586
Victimes du terrorisme islamiste, ou d'inspiration extrémiste nationaliste, celui d'Anders Breivik sur l'île d'Utoya dit George en substance. Il parle des accusés et de leurs diverses réactions lorsque la parole leur a été donnée. Un plan sur le box des accusés est montré. /1587
Georges Saline prone "la justice restaurative" qui consiste à croiser des regards, afin que chacun puisse y lire l'humanité en l'autre. Il aimerait rencontrer les condamnés pendant leurs peines. Et prévenir dit-il en substance de nvx passages à l'acte.
#proces13Novembre /1588
"Je souhaite que cela soit expérimenté. J'ai en tête les propos de Guillaume qui a échappé à la mort sous l'arme de Sami Amimour au Bataclan. J'avais croisé son regard avait dit Guillaume" rappelle George qui se marre doucement lorsqu'on le traite de naïf
#proces13Novembre /1589
Pour mémoire George Saline a écrit un livre croisé avec Azzedine Amimour, le père du kamikaze du Bataclan. Il vient de le rappeler. Fait part de son expérience et de connaissance du monde musulman, et de la manière dont a toujours été réprimé le terrorisme, sans succès /1590
George Saline ne pardonne pas l'assassinat de sa fille Lola. Mais il veut avancer. Contre le bâton qui ne fonctionne pas . En somme il s'est livré à un plaidoyer, "comment traiter et éradiquer le mal." Par le regard, par l'échange, par l'humanisme d'une certaine façon /1591
Puis il a cité le philosophe Jankélévitch pour illustrer son propos :
"L'amour du méchant n'est pas l'amour de la méchanceté du méchant. L'amour du méchant c'est l'amour de l'homme le plus difficile à aimer."
C'est ainsi que Georges Saline a conclu
#proces13Novembre /1592
Georges Saline, avant de quitter la barre, a souhaité aux proches des accusés beaucoup de courage face à cette difficulté, espérant que ce procès pourra les aider à la surmonter.
#proces13Novembre /1593
Philippe et Chantal témoignent à présent. Ce sont les parents de Thomas, décédé au Bataclan. Chantal a commencé son récit. A la 1ère personne mais à la place de Thomas qui croise dans sa jeunesse la route des frères Clain, rêve de Paris, jusqu'au Bataclan.
#proces13Novembre /1594
Philippe à présent, son père, une fois la mort de Thomas confirmée: "nous avons été confronté comme bcp à la recherche de son corps, d'hôpitaux en hôpitaux. Au début, on a préféré ne pas nous dire que Thomas était bien à Percy faute de ne pouvoir l'identifier à coup sûr" /1595
Philippe témoigne "pour les frères de Thomas, ses proches et puis Lucille qui l'accompagnait, avec qui elle est sortie vivante du Bataclan. Non Lucille tu n'es coupable de rien"
C'est pour cela que nous témoignons dit son père, très sobrement.
#proces13Novembre /1596
"Notre humanité, nos larmes nous les opposons à l'inhumanité qui est celle des bourreaux. Nous leur opposons la justice des hommes, celle d'un pays libre. D'un pays qui fête les 40 ans de l'abolition de la peine de mort..." poursuit Philippe.
Plan TV sur les accusés. /1597
"Notre fils s'appelait Thomas. Il avait 30 ans. Il adorait sa maman et il nous manque énormément" conclut Philippe face à la photo de leur fils assassiné.
Je suis frappé par l'immense sagesse des parents qui se succèdent à la barre. Très impressionnant.
#proces13Novembre /1598
Juliette à présent. Une très jeune femme qui vient raconter, les mains moites dit-elle, d'une voix claire, son papa, "Christopher, mon papa, fan de musique, des Arctic Monkeys, ou encore @PearlJam dont il portait le tatouage Alive, une de leur chanson.
#proces13Novembre /1599 Image
Le témoignage de Juliette a été très court, très digne. Elle cède la place à sa mère, Catherine:"Christopher a été retrouvé rue Oberkampf raconte-t-elle. Il s'est acharné à vivre, surtout pour répondre une dernière fois à Juliette, lui dire je t'aime, a rapporté un pompier" /1600
"Si je suis venu ici c'est pour dire et entendre raisonner le prénom de Christophe dans cette salle d'audience, pour l'Histoire, dit Catherine qui a fait un très joli portrait de son 'Samouraï' et pour rester debout, car Juliette, sa fille, reste debout"
#proces13Novembre /1601
La mère de Gilles est à la barre. Nelly parle d'une voix très lente, presque éteinte. Elle raconte ce que Marianne la compagne de son fils a vécu, dissimulée sous son corps au Bataclan. Sur l'écran de la salle d'audience est affichée leur échange SMS, terrible. Le voici
/1602
Nelly la mère de Gilles, à Marianne sa conjointe
- Est-ce que ça va ?
- Gilles a été touché
- C'est grave. Tu es avec lui ?
- Grave
- Vous êtes où ?
- Ils nous font sortir mais Gilles ne bouge plus. Au secours.
- Est-ce que tu peux appeler les pompiers ?

#proces13Novembre /1603
Nelly, la mère de Gilles, une femme si sobre et hésitante, lorsqu'elle évoque sa douleur. Si sobre lorsqu'elle brosse, sensiblement, le portrait de son fils. À l'encontre des assassins, son ton change : "J'ai de la haine pour ces monstres. Pourquoi ont-ils fait cela ?" /1604
Nelly enfin, très marquée, "je suis sous anti dépresseur, je n'ai plus goût à rien. Mais je reste debout dit-elle hésitante, car notre pays restera le notre, ne sera jamais le leur..." Gilles était fleuriste. Il avait 32 ans. Il a été assassiné au Bataclan
#proces13Novembre /1605 Image
Cette photo était le dernier selfie de Gilles. À l'intérieur du Bataclan. 2 heures avant le massacre.
_________________

C'est ici que je quitte la salle d'audience.
Et c'est très difficile de partir, je l'avoue...

Lisez @ChPiret et @aureliesarrot.

#proces13novembre /1606

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Mar 1
Le désastre d'hier à Gaza aura de lourdes implications. Des palestiniens affamés par l'armée israélienne, son siège quasi complet, des soldats qui tirent sur une foule désespérée, quelle que soit la raison, ne trouvera aucune justification en droit humanitaire international. 1/10
On dira encore “oui mais le Hamas etc.” Quel que soit le comportement de l'ennemi pour Israël -et personne n'est dupe- rien ne justifie la commission de crimes de guerre. Or au delà des faits incriminés, le seul recours à la famine à Gaza est constitutive de crime de guerre. 2/10
Depuis un mois, aucun camion d'aide n'était entré au nord Gaza, dit l'ONU, où vivent près de 300 000 palestiniens. Priver une population de ses besoins vitaux (manger, se soigner), n'est + ni - qu'une punition collective, et la guerre contre le Hamas ne le justifie en rien. 3/10
Read 10 tweets
Feb 7
Je vous en parlais en décembre dernier. Soyons prudents mais on y va tout droit. Israël & Hamas (sous égide Qatar, Égypte, USA ET Arabie Saoudite) sont proches d'un deal. La fin de la guerre à Gaza est sur la table. En contrepartie, la libération de tous les otages israéliens 1/n
C'est une étape cruciale. Elle marquera le début d'un processus très long, très incertain, très dangereux, l'ébauche d'une équation prometteuse (osons le mot) mais avec tant d'inconnues qu'il serait bien aventureux de prédire son succès. Le but ultime : la solution à 2 États. 2/n
C'est tout le sens de l'offensive diplomatique US du moment. Je vais tenter de vous expliciter le process. Le + simplement possible. Essayons d'abord d'imaginer le principe des poupées russes🪆. À chaque étape, on découvre une nouvelle poupée, et donc une clé supplémentaire 3/n
Read 24 tweets
Jan 26
Afrique du Sud vs. Israël.
La Cour Internationale de Justice a rendu sa décision. Je vais tenter de vous livrer la lecture la + équilibrée qui soit, en regard des intérêts poursuivis par toutes les parties.
Spoiler : personne n'est perdant.
(sauf les civils innocents)
Thread 1/n
Commençons par Israël, poursuivi par l'Afrique du Sud devant la CIJ pour “comportement génocidaire”. L'objectif n•1 de Tel Aviv était de contrer toute injonction à cesser le feu.
Objectif rempli : La CIJ n'ordonne pas à Israel de mettre fin à son opération militaire à Gaza. 2/n
Toutefois, la CIJ rejette la demande de l'équipe juridique israélienne de “rayer l'affaire”. La Cour examinera “au fond” l'accusation de génocide. Cela prendra DES ANNÉES. En attendant, et en droit, Israël reste présumé innocent mais, en quelque, sorte est mis en examen. 3/n
Read 24 tweets
Jan 25
Afrique du Sud vs Israël.
La @CIJ_ICJ statue demain.
Prétoria requiert l'arrêt des opérations militaires israéliennes à Gaza au motif du “risque de génocide”. En encadré, mon analyse des plaidoiries sud africaines. En thread, mon regard sur le contre argumentaire israélien.🧵 1/n
Très attendue, la @CIJ_ICJ a la lourde responsabilité de statuer en droit sur une question cruciale. Non pas sur celle de “génocide” - il faudra des années pour en juger - mais sur celle de “plausibilité” que le crime des crimes soit commis par l'armée israélienne à Gaza. 2/n
Pour prévenir ce risque, bien réel selon elle, l'Afrique du Sud demande à la Cour d'imposer à Israël des mesures conservatoires. 1er point -très important- les 15 juges ne sont pas liés par cette requête. La Cour peut décider de rejeter, voire de prononcer d'autres mesures. 3/n
Read 25 tweets
Jan 23
2 mois de trève à Gaza en échange de la libération de tous les otages. C'est le deal proposé par Israël au Hamas.
Quelques reflexions.
Comme toujours, il y a les propos publics, ceux de Netanyahu, Premier Ministre aux abois, et ce qui se passe en coulisse. Et surtout à Gaza. 1/n
Gaza, où plus que jamais la situation confine à la dévastation humaine et matérielle. C'est ce que disent les images d'absolues destructions, les humanitaires qui travaillent sur place, la population civile au bord de la rupture, sous le feu meurtrier de l'armée israélienne. 2/n
Pour quels effets ? Mineurs en regard des objectifs affichés.
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2/La libération des otages ? Aucun n'a été libéré sans accord.
3/ La démilitarisation de Gaza ? Très loin d'être achevée par les armes.
3/n
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Jan 11
Afrique du Sud vs Israël.
La Cour Internationale de Justice a commencé à examiner la plainte de l'Afrique du Sud contre Israël pour “génocide” à Gaza.
7 avocats mandatés par Prétoria ont plaidé ce jeudi. J'ai tout écouté. Je vous livre mes réflexions. 1/n
1er point. Ne pas s'attendre à une décision sur le fond avant plusieurs années.
Ce qui est en jeu à court terme, c'est la demande faite par l'Afrique du Sud de “mesures conservatoires” en vue de prévenir “des actes de nature genocidaire ou sur le point de l'être” à Gaza. 2/n
Selon Prétoria, aucun doute, “Israël s'est livré, se livre et risque de continuer à se livrer à des actes de génocide contre le peuple palestinien à Gaza.” C'était la colonne vertébrale des plaidoiries. Tout a été évidemment très argumenté par les avocats. 3/n
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