Quand j’étais en formation de conducteur de train en 2000, j’étais à Creil.
J’ai donc conduit le « premier » RER D du matin.
Et j’ai découvert un autre monde.
Je vous raconte en thread ⤵️⤵️⤵️
J’ai commencé à conduire mes premiers trains avec mon moniteur assis à côté de moi. Dès les premiers mois, on te met « au manche ».
C’est le meilleur moyen d’apprendre.👍
Et le dépôt de Creil avait en charge ce fameux RER.
Le premier d’extrême matinée comme on dit.
Ce train part avant 5h00 du matin du bout de la ligne D, de Creil.
Direction Paris Nord dans un premier avant de finir au sud, à Corbeil Essonne.
Aux premiers arrêts pas grand monde.
Chantilly, la Borne blanche, c’est très calme à ces heures matinales.
Mais à partir de Garges Sarcelles, j’ai pris une sacrée baffe.
Le quai est rempli de gens. Mais vraiment beaucoup beaucoup.
Limite on rempli la moitié de la rame. Ce qui, sur un RER D fait vraiment du monde.
Et parmi les passagers qui attendent dans les frimas de la nuit, que des maghrébins, des noirs, des turcs… il y a très très très peu de blanc.
D’ailleurs mon moniteur me dit devant mon étonnement « oui sur ce train, le seul blanc c’est le conducteur du train ».
Pour que vous compreniez ma surprise, faut que je vous explique.
J’ai grandit en Dordogne, école, collège, lycée, et DUT à Agen.
Oui, j’ai bien sûr vu dans gens de couleur. Ja sais bien qu’en IDF, il y’en a plus qu’en province.
Mais jamais autant d’un coup.
Mon moniteur m’explique:
Tous ces gens de couleur, c’est l’armée des ombres.
C’est ceux qui nettoie les bureaux, les couloirs de métro, les trottoirs, c’est les nounous, les cuisiniers…
C’est ceux qui préparent tout, toute la vie de Paris.
Ils montent dans ce RER car c’est le premier.
Ils y finissent leurs nuits parfois, souvent.
Arrivé à Paris Nord ou châtelet, ils descendront, et s’éparpilleront vers leurs taches respectives.
Ce matin là j’ai découvert une des immense face cachée de la capitale.
Moi, petit périgourdin j’ai pris une baffe.
J’ai vu ça aussi, ultérieurement, sur le RER B et sur le C.
Mais jamais autant qu’à Garges Sarcelles.
Aujourd’hui, quand je croise un de ces employé de l’ombre, à l’hôtel, dans un bureau, ou ailleurs, je prends le temps de dire bonjour et merci.
Car je sais que eux, comme moi, on se lève tôt pour être au service des autres. Mais que pour eux, la vie est souvent plus dure car ils sont de couleurs.
Si certain sont choqués que j’utilise les mots noirs, maghrébins ou autre, je vous invite à prendre ce train.
Un autre moniteur m’a dit: « Il existe 195 pays dans le monde, et à Garges Sarcelles il y en a 200 de représentés. »
J’y ai vu des juifs à papillotes, à côté de boubous colorés, des djellaba, des turbans hindous, des voiles, et aussi des jean’s élimés.
Venez, vous y verrais la vie. Le mélange et le respect.
Dans le froid du matin, quand le RER rentre en gare comme un messie, ils le regarde tous, à la fois délivrance, et début d’une longue journée.
Je ne l’oublierai jamais ce train.
Up: si vous aimez mes histoires de trains (un peu plus technique), j’en ai toute une liste ici: bb27000.lo.gs
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Comment on accélère un train?
Y’a t’il un pilote automatique?
Y’a un régulateur de vitesse?
J’ai toutes les réponses à vos questions.
Thread technique ⤵️⤵️⤵️
Ah le bon vieux petit train électrique de votre enfance.
On tourne la molette du transfo dans un sens ou dans l’autre, et hop, la locomotive avance ou recule.
Ceux qui ont passé des heures dessus lève la main.
Eh bien, un vrai train, c’est presque pareil.
Presque.
Tout d’abord, comme pour le petit train, on va sélectionner un sens de marche.
Avant ou arrière.
Et là, je vais vous apprends un truc de dingue, rien techniquement, n’empêche un train d’aller aussi vite en marche avant qu’en marche arrière.