#NouvelleDeLavent #1dec Manon serrait le col de son manteau contre son cou comme si ça pouvait l’aider à passer entre les gouttes, la tête dans les épaules elle parcourait rapidement les derniers mètres qui séparaient son cabinet de son appartement douillet.
La journée avait été pénible, elle avait commencé par le café renversé sur le courrier de la veille qu’elle n’avait pas eu le temps de lire et qui patienterait encore, puis le mal de pied au bout de 100 mètres dans ses nouvelles chaussures si jolies mais pas très confortables
Et enfin le message vocal en sortant du bus lui indiquant que son associée était couchée avec une fièvre de cheval et ne pourrait pas venir travailler aujourd’hui, elle allait devoir jongler entre les patients…ca promettait une journée bien compliquée.
Manon était une jeune médecin de 30 ans qui venait de s’installer avec son amie de fac dans un quartier pittoresque de Lille, avec l’héritage de ses parents elle avait pu acheter un grand local professionnel dans lequel elles exerçaient toute les deux.
Elle hâtait le pas, elle était pressée d’éponger sa longue chevelure mouillée par la pluie et de reléguer au fond du placard ses chaussures neuves que jamais elle ne reporterait !
En ouvrant la lourde porte de son appartement, elle se voyait déjà dans son grand canapé face à la cheminée allumée, profitant de sa bière fraiche et d’un bout de saucisson qu’elle partagerait avec Angus le rouge son grand chat rouquin et angora au regard tendre et orange.
En route, elle avait pris le temps de se commander une pizza pour échapper à la corvée de la préparation d’un diner qu’elle aurait immanquablement brulé.
Pour l’instant elle savourait le plaisir de ne rien faire en regardant à la télé le morne bulletin météo de ce mois d’octobre 2020 dans les hauts de France.
La crise sanitaire avait nivelé les désirs des gens, un bon plat au chaud, des amis à portée de voix... de toute la journée elle n’avait eu le temps d’appeler son amie Cindy, pour se faire pardonner elle lui avait fait livrer de la pâtisserie dont son associée était si friande.
Cindy étaient retournée chez ses parents depuis quelques mois le temps que sa patientèle se développe et lui permette d’assumer sa part des charges de leur cabinet et le location d’un appartement. Elle avait du être chouchoutée par sa maman toute la journée.
Souvent Manon allait puiser dans la famille de son associée cette chaleur familiale qui lui faisait tant défaut depuis le décès de ses parents suivi de près par celui de sa seule grand-mère rongée de ne s’être jamais vraiment réconciliée avec les parents de Manon.
Les décès successifs de ses parents et de sa grand-mère l’avaient laissée seule au monde mais à l’abri du besoin alors en à peine deux ans elle avait pu se créer un cabinet que beaucoup lui envieraient.
C’est à ce moment de ses pensées du soir que la sonnette du parlophone a retenti annonçant la livraison d’une pizza réconfortante.
Les bras chargés du carton odorant de la pizza, elle attrape au passage dans l’entrée ce courrier qui traine sur son vide poche depuis deux jours.
Après avoir engouffré sans respirer ou presque deux parts de pizza, elle écoute les derniers messages de Romain son amoureux phobique de l’engagement qui commençait à comprendre que Manon n’avait pas le pardon facile à l’instar du reste de sa famille.
C’est ainsi que sa lourde chevelure enroulée dans une serviette éponge, enfouie dans un peignoir douillet et les doigts tachés de sauce tomate que Manon entreprend d’ouvrir son courrier.
Son regard est attiré par une enveloppe provenant de son notaire niçois, c’est peut-être des nouvelles de la vente de la bastide familiale qu’elle a confié à ce jeune et fringuant notaire fils d’un lointain cousin de son père.
Elle lit les mots du notaire mais peine à comprendre ce que ça lui apprend, elle pose la lettre, boit une longue gorgée de sa bière et reprend sa lecture en tremblant …
Une demi-sœur de sa grand-mère serait morte sans autre héritier que Manon, son notaire contacté par 1 confrère chargé de la succession, lui demandait de descendre au plus vite dans le sud de la France pour voir ce qu'elle comporte terres. grande bergerie dans la montagne etc...
Cette étrange découverte la ramène à sa propre histoire. Les parents de Manon étaient morts tous les deux dans un accident de voiture, un soir d’hiver en rentrant dans leur maison quelques mois avant qu’elle ne prête serment...
Ils avaient quitté leur sud natal pour s’installer dans la campagne lilloise dans les années 90 à l’occasion d’une double mutation dans un lycée prestigieux, ce déménagement avait créé une brèche dans la famille.
Les grands parents respectifs avaient vécu cette mutation comme une trahison, Manon était bébé et rien ne comblerait cette blessure pas même les retours à chaque vacances scolaires dans la bastide familiale en haut d’une colline niçoise.
Honorine, veuve depuis des décennies, était furieuse que sa fille ait emporté sa seule petite fille si loin d’elle, elle s’est éteinte seule peu après l’accident, dans le chagrin de n’avoir jamais vraiment pardonnée à sa fille d’être partie.
Les grands-parents paternels de Manon s’en étaient également allés quelques mois après le déménagement de leur fils unique avec sa famille.
Manon si jeune était cernée par les deuils et ça l’avait contrainte à se réfugier derrière une carapace de froideur dont seul ses intimes savaient qu’elle n’était qu’apparence.
En réalité, elle rêvait de ces grandes tablées de familles ou chacun parle fort et plaisante en rappelant les anecdotes du passé.
Demain matin, elle appellerait le jeune notaire pour vérifier s’il ne serait possible d’échapper à ce déplacement dans le sud de la France trop perturbateur à plus d’un titre.
Elle n’avait plus remis les pieds dans la bastide familiale aux fameuses persiennes mi closes l’été quand chante les cigales.
Il y avait trop là-bas de toutes ces personnes dont le deuil la blessait.
Elle se rappelait ses premiers pas sur la tomette de la cuisine de sa grand-mère, le potager dans lequel elle allait cueillir avec Honorine fruits et légumes, le vaste salon dont le silence était rythmé par les tic tac de la pendule en bois d’olivier,
les éclats de rire de sa mère quand elle lui apprenait à nager dans le grand bassin à la mosaïque émeraude, l’odeur de poisson du matériel de pêche de son père dans la remise, celle de lavande des armoires de sa grand mère...
Tout ça lui faisait tellement mal qu’elle avait choisi de tout vendre au plus vite pour oublier ces bonheurs-là.
Revenir là-bas, c’était devoir affronter sa peine et risquer de fendiller sa carapace protectrice, sa vie était désormais ici.
Elle devait oublier ces temps joyeux révolus avec cette famille qui l’avait quittée, abandonnée, pour se consacrer à la famille qu’elle se construisait dans le nord de la France.
Repue et l’esprit bouillonnant elle décide d’aller se coucher dans son vaste lit bien chaud suivie de près par le gros matou qui veille sur elle.
Son téléphone ne cessait de vibrer des notifications des messages de Romain
Il alternait les déclarations romantiques et les propositions sensuelles essayant de la faire revenir à de meilleurs sentiments.
Si Manon avait encore en mémoire leur dernière nuit d’amour, elle ne parvenait pas à oublier l’ultime dérobade de Romain,
celle de trop qui après l’avoir fait monter au septième ciel plusieurs fois lui avait avoué en un murmure qu’il ne serait pas là pour Noël qu’il allait surfer avec ses copains à Val d’Isère et qu’il était désolé de lui faire faux bond.
Ce serait le 3ème Noël sans sa famille et pour une fois elle aurait bien voulu refuser l’invitation de la famille de Cindy pour faire un réveillon tous les deux devant leur sapin et un bon feu de cheminée, elle avait besoin de ça pour construire sa vie autour de ce renouveau.
Il ne voulait pas le comprendre ou plutôt le comprenait trop bien, Romain était fuyant, il s’ingéniait à fuir les rendez-vous familiaux habituels, n’était jamais là pour les fêtes, les anniversaires, les invitations à dîner, les crémaillères, les mariages, les baptêmes.
Il faisait tout pour que leur couple reste si ce n’est dans une semi clandestinité, dans une intimité très privée.
Tout juste s’il avait accepté de participer à une dînette de fin de chantier avec Cindy quand elles avaient achevé les menus travaux de rénovation de l’appartement de Manon, jusqu’au dernier moment elle avait craint qu’il ne trouve une excuse,
A cette occasion elle l’avait prévenu, elle n’accepterait plus les dérobades de Romain et lui avait dit qu’elle ne manquait pas de prétendants et qu’elle avait bien tort de réserver ses sentiments pour un éternel absent.
Cette fuite en avant de Romain ne l’empêchait pas régulièrement de lui faire des crises de jalousie quand elle avait commencé à sortir sans lui et parfois se faire accompagner d’un ami.
Cet imbécile avait pris l’habitude de la rejoindre tard dans la nuit pour lui faire l’amour fougueusement la conduisant au bord du paroxysme plusieurs fois comme pour lui rappeler que leur puissante alchimie.
Il est vrai que dès qu'il la touchait ou la regardait de la lave en feu coulait dans ses veines, elle oubliaient toutes ses réserves, leurs corps s'alliaient à merveilles sans retenue et sans tabou jusqu'à ce sans force et trempés de sueur ils retombent sur les draps froissés
Le corps de l'autre étaient un instrument fait à la mesure de chacun et leurs chevauchées torrides les laissaient sans force ni volonté au petit jour de leurs nuits animales.
Ils s'étaient découvert par hasard au cours d'une de ces soirées étudiantes endiablées et dès le départ tout avait été électrique entre eux dès leur premier rapport debout et haletants contre un mur sombre.
C'était certainement ce qui effrayait le plus Romain, cette emprise des sens qu'exerçait ce petit bout de femme sur lui si attaché à sa liberté
Mais c’était fini Manon ne voulait plus succomber à ce système malsain qui faisait d’elle une jeune femme esseulée et malheureuse la plupart du temps,
elle avait désormais les yeux grands ouverts en quête d’un homme qui serait un vrai partenaire si ce n’est pour la vie pour une vie sociale sans verrou.
En attendant, cette période d’abstinence lui pesait au plus haut point puisqu’elle en était rendue à flirter avec le livreur de pizza, un classique dans le cinéma X mais un première dans la vie de cette jeune femme d’habitude réservée.
Tout à l'heure en allant récupérer sa pizza elle avait été troublée.
A la porte la sonnerie retentissait, ce devait être William, le jeune livreur du pizzaiolo du quartier, qui lui apportait la gigantesque reine qu’elle avait commandée avec supplément ail, aubergine et poivron comme d’habitude.
Elle avait ouvert la porte le nez plongé dans son grand sac à la recherche de son porte-monnaie pour tendre à William son billet de 10 euros augmenté d’un pourboire et se retrouvait face à un inconnu.
-Tiens Wil.…
-Non ce n’est pas William, je suis son grand frère Hugues, je le remplace il est malade, son patron avait besoin d’un remplacement en urgence alors je me suis proposé, pardon de vous avoir fait peur, c’était involontaire
Le jeune adolescent boutonneux avait été agréablement remplacé par un beau jeune homme au regard au regard de la couleur des mers du sud, c’était juste la vision qui lui fallait pour se réconforter de cette journée pénible.
C’est à regret qu’elle avait refermé sa porte blindée sur le beau livreur dont elle aurait bien fait son dessert en d’autres circonstances.
Il devenait urgent qu'elle se choisisse un autre amant avant de succomber à ses pulsions sensuelles.
D'autant que Romain continuait à la tenter pour la faire céder à sa volonté, il s'était rendu compte un peu tard que finalement il n'était pas du bon côté de la cognée et qu'il allait tout perdre.
C’est ainsi qu’écartant les sextos et selfies enjôleurs de Romain et occultant le désir qui naissait au creux de ses reins elle aller tenter de s'endormir dans ce tourbillons d'émotions...
#2 de la #NouvelleDeLavent ce soir à 19h
Au réveil d’un sommeil agité de ses fantômes, Manon s’extirpe avec difficulté de son lit pour commencer cette journée pleine de promesses.
Sous la douche, elle rafraichit son corps encore brûlant des désirs agités par les messages de Romain
En sortant de la salle de bain et attrapant son téléphone, elle constate que son associée la prévient de son retour au cabinet cet après midi,
les choses allaient redevenir normales, restait juste à se débarrasser de la corvée de cette nouvelle succession qui s’ouvrait, est ce que ça valait le coup d’accepter, est ce qu’il fallait faire l’effort de descendre, est ce qu’elle pourrait s’absenter ?
En y réfléchissant, ça pourrait être intéressant de descendre dans le Sud pour constater de visu la valeur de cette succession et pourquoi la vente de la bastide tardait tant.
Elles en avaient justement parlé avec Cindy la semaine dernière car le grand appartement sur le même palier que leur cabinet se libérait et qu’il serait peut être possible de l’acheter et de constituer une maison de santé accueillant plusieurs métiers médicaux et para médicaux.
Le projet était alléchant, elles connaissaient déjà un kiné, une gynécologue, une infirmière et un psychologue qui seraient ravis de se joindre à elles, grâce à cette superficie supplémentaire elles pourraient accueillir tout le monde !
Manon se promettait d’étudier la question avant de rejeter en bloc la demande du notaire mais pour l’instant elle marchait vers une longue journée de rendez-vous.
Quelques heures plus tard, en dévorant un bagel au saumon résonnait encore dans ses oreilles l’écho de la voix du notaire lui précisant que le patrimoine successoral était plus qu’intéressant,
qu’il comportait terres, bâtiments, porte-feuille d’actions et assurances vies, que le tout dépassait et de loin la valeur de la succession de sa grand-mère.
Il devait lui envoyer une première liste des biens et valeurs transmises. D’ailleurs le notaire lui avait révélé que la tante avait même prévu le financement des droits de la succession.
Tout cela était très perturbant, se déplacer au pire moment de l'année celui des épidémies de gastro et de grippe, bien que les précautions sanitaires de la COVID les ai considérablement réduites, se plonger dans cette histoire familiale secrète alors qu'elle essaie d'oublier
Bousculer ce train train quotidien qui la protège de ses noires pensées d'orpheline...mais d'1 autre côté, s'en éloigner pourrait la distraire de cette rupture avec Romain, accélérer la vente de la bastide qui jusque là était le dernier ancrage douloureux avec sa famille disparue
Manon attendait avec impatience l’arrivée de son associée pour lui en parler et écouter son avis, quoiqu’il en soit organiser son absence du cabinet à cette époque de l’année allait être un sacré challenge. Heureusement sans confinement sanitaire le voyage serait plus simple.
La décision avait finalement été prise, elle irait voir ce qu'était cette succession et règlerait la question et celle de la bastide...
Dans l’avion pour Nice elle révisait les différentes étapes de son séjour, en premier elle allait directement chez le notaire, puis elle irait passer une première nuit dans la bastide que la fidèle Fanny aurait chauffée et ravitaillée pour l’arrivée de Manon.
Le lendemain elle irait visiter le domaine dont la tante lui faisait don puis retour chez le notaire pour accepter le cas échéant cette succession sous bénéfice d’inventaire.
Puis un rendez-vous avec l’agent immobilier pour décider quoi faire pour hâter la vente de la bastide et le lendemain retour chez elle à Lille pour reprendre le cours de sa vie. Trois jours bien remplis rien de plus pour ne pas se laisser aller à une nostalgie morose
En sortant de l’avion Manon se dit que la température niçoise s’est presque alignée sur les frimas du Nord, le ciel est gris et il fait froid, elle n'est pas dépaysée et ça tombe bien ça l'éloigne de ses souvenirs
En longeant la Baie des Anges jusqu’au centre-ville, Manon est contrainte de reconnaitre que ce bord de mer fait battre son cœur même par temps maussade.
Arrivée près de la zone piétonne, c'est sous les rayons d'un soleil timide qu'elle s'engouffre dans l'immeuble de l'étude, trainant derrière elle son sac de voyage dont les roulettes glisse sur le hall du marbre
Félicien, toujours aussi séduisant, son cousin notaire l’accueille chaleureusement malgré ces distances sanitaires que l’on doit tous respecter et l'installe dans son bureau pour lui faire découvrir les détails de cette succession surprise
Apparemment son arrière grand père maternel avait succombé aux charmes clandestins d'une lavandière piémontaise desquels était née Rose, la demie sœur de sa grand mère, culpabilisant de ne pouvoir l'élever au grand jour, son père avait pourvu à l'établir confortablement
Elle avait menée une vie paisible auprès d'un mari décédé bien avant elle et dont elle n'avait pas eu d'enfant, quelle funeste destinée pour cette grande tante qui a grandie sans père et vieillie sans mari...
Ce qui la rapprochait curieusement de la vie de cette petite nièce qu'elle n'avait jamais pu connaitre et à qui elle léguait tout ce qu'elle avait
La fatigue de la nuit sans sommeil et de son départ à l’aube pour l’aéroport ont quelques peu amoindris sa capacité de concentration d’autant qu’elle se laisse distraire par le physique avantageux de son interlocuteur.
Sa silhouette athlétique baignée de la lumière par-delà les lourdes tentures de son bureau laisse deviner un corps musclé, il était encore doré à souhait et la pratique du bateau avait collé des reflets auburn dans sa chevelure foncée,
il avait les yeux de braise hérités de quelques aïeux sardes de la famille du père de Manon. C’était un bel homme et Manon n’était pas insensible à son charme malgré leur lointain cousinage.
Elle se laissait trop distraire par les picotis qui lui parcourait l’échine lui rappelant que sa récente rupture avec Romain l’avait laissé avide de sensualité inassouvie.
Heureusement pour elle, Félicien venait de lui dire que son clerc lui remettrait une synthèse de toutes ses informations car elle n'avait rien retenu de ce qu'il lui avait dit.
En attendant ses yeux s’attardaient sur le contour des mains longues du notaire, elles semblaient calibrées pour les caresses, Manon ne pouvait s’empêcher d’imaginer les mains de ce cousin parcourant son corps privé de plaisir charnel depuis plusieurs semaines.
Plus elle y pensait, plus les mains du notaire s’alourdissait sur elles, devenaient plus exploratrices, plus inquisitrices semant derrières elles des vagues de chaleur sur Manon.
Si le jeu de ces mains était virtuel, en revanche la montée du désir de Manon était bien réel,
les frissons du creux de ses reins la faisait onduler sur son siège, captive de la caresse intime que ça lui procurait et qui irait crescendo jusqu’à une explosion déplacée en ses lieux feutrés et solennels…
Félicien totalement inconscient de ce qui se déroulait sous ses yeux, lui proposait de la conduire sur les lieux du domaine pour qu’elle puisse se rendre compte par elle même.
Mais avant cela il lui donnait rendez-vous à midi, il irait déjeuner au soleil qui s’était enfin levé et à deux pas de l'étude sur la zone piétonne.
Se levant pour la raccompagner à la porte de l’étude, Manon pu apprécier la courbure prometteuse des reins de son cousin, heureusement un peu dissimulée sous sa veste, il était temps qu’elle s’éloigne un peu avant qu’elle ne soit complètement liquéfiée,
En attendant l'heure du déjeuner elle ferait quelques courses dans le carré d’or de la ville avant qu’ils ne se rejoignent pour manger sur le pouce
Que lui arrivait il, qu’est ce qui faisait qu’elle était la proie de ses plus bas instincts ?
Sans vraiment y réfléchir, Manon se dirigeait vers un magasin de lingerie fine. Essayant un ensemble gris et rouge qui serait du plus bel effet sous ce chemisier en soie rouge qu’elle avait repéré dans la boutique voisine.
Ils viendraient compléter les tenues plus sport et de montagne qu’elle avait mis dans le sac de voyage laissé à l’étude de son cousin, une fois la visite du domaine faite, Félicien avait proposé de la raccompagner en fin de journée à la bastide de Gairaut .
Pour l’instant en ballerines et jean, blottie au creux de son long manteau en cachemire, elle savourait un thé chaud au soleil de la place Magenta à deux pas de l’étude, contemplant ses achats, un ensemble de sous vêtement, un chemisier en soie, un gros pull à col roulé
En farfouillant dans ses sacs elle réalisait qu’elle avait avec ses courses « glamourisé » le contenu de son sac de voyage et ça n’était certainement pas sans arrières pensées, une petite coquine avait pris le dessus sur la jeune doctoresse raisonnable.
Elle se sentait prête à faire des folies loin de son quotidien et du regard des siens. Cette escapade se révélait être finalement plus aventureuse que prévue...jusqu'où ça pourrait la mener ?
#3 #NouvelleDeLavent Après ce bref déjeuner su soleil, les voilà en route pour la propriété de la grande tante, Manon a juste échangé ses ballerines contre des bottes fourrées, enfilé le gros pull en cachemire qu’elle vient d’acheter, et revêtue sa grosse doudoune en duvet.
Lorsqu’ils ont rejoint la voiture de Félicien, ils se sont frôlés accroissant le malaise ressenti par Manon, elle a sentie la douce effusion discrète de son eau de toilette, c’est une odeur qu’elle connait mais laquelle ?
Sagement installée côté passager du gros véhicule tous terrains de son cousin, elle n’ose lui dire qu’elle risque de somnoler pour éviter d’être malade en voiture, sa voix la berce et elle se sent glisser doucement vers le sommeil.
Le bruit des freins et de l’alerte sonore d’ouverture de porte de la voiture la tire de sa sieste et elle réalise qu’ils sont arrivés à la Bergerie, qui est bien plus grande qu’elle ne l’imaginait.
Félicien a récupéré un lourd trousseau de clefs hétéroclites et s’apprête à ouvrir la grosse porte en bois de la bâtisse devant laquelle il s'est arrêté.
Manon sort de la voiture en frissonnant car le froid est vif, elle récupère sa doudoune en plumes et rejoins Félicien pour s’engouffrer à sa suite dans le vaste bâtiment en pierre et en bois.
Au passage elle a remarqué cette curieuse toiture dont les deux pans descendent presque jusqu’au sol, certainement pour que la neige ne s’accumule pas trop dessus. D'un côté un gros chat noir y trône sur un tas de bois bien rangé, immobile.
A l’intérieur tout est figé, ça sent bon la cire et le bois, dans la cheminée le reste des braises de la dernière flambée de la propriétaire, au rez de chaussé un vaste espace comprenant salon cuisine et une salle de bain complète,
au premier 4 chambres dont une très grande avec vue sur les sommets environnants.
Tout semble si paisible, on a peine à imaginer que la maitresse de maison ne va pas rentrer d’un instant à l’autre.
Au dessus encore, après une porte bien calfeutrée, un étage de combles dans lesquels s’entassent des meubles et des malles
L’atmosphère se réchauffe en un rien de temps, Félicien lui explique que la vaste cheminée séparant en partie la cuisine du reste de la pièce est équipée d’un réseau propageant l’air chaud le long des murs des pièces supérieures,
un grand poêle à bois pour cuisiner puis deux autres dans le salon, suffisent à restituer un air chaud et doux qui se répand dans la bergerie.
Il lui précise que la maison est aussi équipée de radiateurs électriques et que quelques panneaux solaire donne une partie de l’eau chaude de la maison. Cette bergerie est un savant mélange d’antan et de modernité.
Flanquée d’une remise comportant un sellier et la réserve de bois, une voiture et un atelier de bricolage, la bergerie semble être prête à l’emménagement, elle pourra certainement la vendre très facilement.
Tout en explorant les détails de cette grande salle qui paradoxalement est la version plus rustique du salon de sa grand-mère à la Bastide, Manon perçoit la nervosité de Félicien :
Sur la grande table de ferme, il a étalé des plans et des documents, il semble attendre quelqu’un.
-On attend quelqu’un ?
-Oui j’ai donné rendez-vous au berger de ta grande tante pour qu’il nous guide sur la partie basse de la propriété pour laquelle je n’ai qu’un plan de cadastre nettement insuffisant pour se repérer.
Je ne comprends pas ce qui le retient, il devrait être là depuis 30 minutes.
-Ahh, qu’est ce que disent les papiers de la succession, il y a quand même une superficie ?
- Oui bien sûr, il est indiqué que la propriété est de 15 hectares…
-15 hectares ? Mais c’est gigantesque !
- Oui 15 hectares, dont une partie déborde sur l’Italie
-Ahh et je suppose que ça va compliquer les choses ?
- Un petit peu mais rien d’insurmontable, ça va juste ralentir le règlement de la succession mais d’ici 6 mois un an ça devrait être bouclé…
- Un an ? Mais ça n’est pas possible ça un an !
-Tu sais il y a beaucoup de décisions à prendre, en plus de ce problème italien…il y a la fromagerie, la scierie, les salariés, le troupeau, les bois, les actions…
-Comment ? Mais tu ne m’avais pas parlé des employés et des bêtes, qui s’occupe de tout ça depuis le décès de Rose ?
- Je t’en ai parlé ce matin…tu n’as pas du comprendre… c’est pour ça que j’ai donné rendez-vous au berger de Rose,
c’était semble-t-il son homme de confiance, il s’occupe de tout et connait le domaine mieux que tout le monde, je ne sais pas ce qu’il fait mais sans lui notre visite va tourner court.
Moi je ne vais pas pouvoir l’attendre très longtemps j’ai une signature très importante ce soir, dit-il en se retournant sur Manon.
Manon sent une tension dans la voix de Félicien :
-Tu ne veux pas dire que moi je dois rester ici tout de même ? Tu devais me conduire à la Bastide de mamie ce soir, je ne vais pas rester seule ici, loin de tout ?
-Et bien je ne sais pas quoi te dire, sinon on devra revenir, reprogrammer un rendez-vous et revenir dans la semaine…
-Ah mais non, je ne compte pas trop m’attarder, je voulais rentrer dans deux jours maximum, tu as essayé de le joindre ?
-Je l’ai appelé en arrivant et je l’ai rappelé en allant chercher le bois, je tombe à chaque fois sur sa messagerie, il doit y avoir un problème.
Mais tu sais au pire, j’ai vu dans la remise le 4x4 de ta grande tante, je vais voir s’il roule et je reviens, comme ça tu pourrais voir directement avec le berger quand il arrivera et moi je remonterais dès que possible pour recueillir les dernières informations et ton avis,
il y a tout le confort ici, il parait même que la maison est équipée d’internet.
-Pfff, c’est pas du tout ce que j’avais prévu…
-Regarde les placards sont pleins il y a des congélateurs au sellier je suis sûr qu’il sont bien garnis
et si j’ai bien compris à quelques centaines de mètres, il y a la fromagerie avec la réserve à affinage, on va aller voir, ne bouge pas je fais démarrer la voiture pour vérifier, la faire tourner et on y va ça rechargera la batterie en plus.
Il est déjà dehors, pour lui tout est simple mais pour elle rester dans cette maison inconnue en pleine montagne comme ça est loin de tout ce qu’elle avait imaginé de cette visite,
pourtant cette maison dans laquelle, elle n’avait jamais mis les pieds lui semblait bizarrement familière.
-Regarde qui je viens de trouver ? C’est pas le berger mais il te tiendra compagnie en attendant dit il en laissant entrer le gros chat noir, la voiture a démarré au 1/4 de tour, on va un peu rouler pour s’assurer que la batterie est pleine et ne va pas te lâcher en cas de besoin
Le chat se précipite sans hésitation sur un des fauteuils qui semble être le sien vu son empressement à s’y installer, Manon est interloquée par l’attitude de Félicien, pour lui c’est déjà décidé, elle reste et il repart…
tout d’un coup ce grand corps qui lui semblait si attirant ce matin dans les rayons du soleil avait perdu tout intérêt, il l’abandonnait …lui aussi.
Félicien l’entraine dans cette vaste remise, dans laquelle elle distingue dans un coin une vielle Toyota qui ronronne.
Les voilà partis sur une piste qui mène à un bâtiment visible de là, arrivés sur place, Félicien sort encore le gros trousseau, avec toutes ses clefs étiquetées et ouvre la porte,
la forte odeur de fromage envahie les narines de Manon qui espère que quelqu’un s’est occupé de la fromagerie depuis le décès de Rose. Tout est impeccable,
un bref coup d’œil à l’installation révèle que la fromagerie a du continuer à fonctionner et dans une petite pièce attenante à l’atelier et la salle des cuves, la réserve d’affinage, Félicien prélève au passage 3 fromages qu’il pose sur une cagette en plastique :
-Bon et bien voilà de quoi se restaurer déjà, il y a du pain, de la viande et des légumes dans le congélateur, tu ne vas pas mourir de faim ce soir.
-Oui, enfin ça n’est pas le plus important…
-Viens on va continuer un peu à visiter histoire de faire tourner la voiture pour que tu puisses t’en servir en cas de besoin.
La piste se continue vers un bois mais Félicien estime plus sage de ne pas trop s’éloigner de la maison alors qu’il commence à pleuvoir,
il bifurque pour retourner à la Bergerie et la contourner jusqu’à une immense grange à l’intérieur de laquelle sont installées des étables et une réserve de fourrage.
Au fur à mesure du temps qui passe, Manon se sent de plus en plus en confiance dans ces lieux inconnus.
Elle va rester, c’est ce qui lui permettra de perdre le moins de temps possible, sans surprise de dernière minute, elle pense accepter cette succession qui va certainement changer le cours de sa vie qu’elle a déjà hâte de retrouver.
De retour, dans la grande maison, elle est surprise de la vitesse à laquelle celle-ci s’est réchauffée, entre chaleur et lumière elle est contre toute attente très accueillante,
finalement ça ne serait peut-être pas si pénible d’y passer un jour ou deux, oui d’une nuit elle s’était déjà résolue à y rester quelques jours.
Il lui fallait prévenir Fanny qu’elle ne rentrerait pas à la Bastide ce soir et Cindy que son voyage risquait de durer plus longtemps…
Le thé qu’avait préparé Félicien tout à l’heure était encore chaud une bonne tasse de ce breuvage allait leur permettre de faire le point.
-Ne t’inquiète pas, ça va bien se passer, Monsieur Gatti va finir par arriver et tout t’expliquer, moi je me débrouille pour remontrer d’ici après demain,
tiens regarde à côté de la grange, j’ai même trouvé un poulailler avec des œufs tout frais ils sont encore chauds, ils viennent d’être pondus. Tu viens on regarde ce que tu peux sortir du congélateur.
Manon toute à ses pensées tape dans les réserves de cette grande tante disparue et rapporte deux morceaux de viande, ce qui ressemble à un gigot et un autre à un rôti.
Elle a trouvé également quelques bocaux de légumes, des pommes de terre et quelques pommes.
Elle rit intérieurement de se retrouver à jouer malgré elle à la montagnarde dans cet environnement mystérieux.
Félicien et elle dépose ces trésors sur le comptoir de la cuisine avant de se préparer une collation, dehors la pluie a redoublé d’importance et Félicien apparaît pressé de repartir, il jette un coup d’œil à son téléphone et soupire.
-Pas de nouvelle du berger ?
-Non et puis le mauvais temps est annoncé sur toute la zone pour quelques jours je ferais bien de repartir avant de m’embourber sur la piste qui mène de la route à la maison, en plus le jour va tomber dans pas longtemps, tu es à l’abri ici,
Crois-moi tu seras mieux là que sur la route ce soir avec moi…
L’écho de cette phrase s’était à peine envolé que la porte s’était refermée sur Félicien parti lui chercher son sac de voyage et sa mallette restés dans sa voiture.
Elle lui en voulait de l'abandonner ici mais n'avait pas le courage d'argumenter, elle allait rester. Manon prenait possession avec un peu d’appréhension des lieux dans lesquels elle resterait quelques jours avant de prendre des décisions.
Et voilà, son sac de voyage au pied du lit de la grande chambre et le contenu de sa mallette étalé sur le petit bureau dans le salon, munis du code du wifi, Manon s’installait pour régler son absence des jours à venir.
En premier lieu prévenir Fanny : « Bonjour Fanny, je t’appelle pour te prévenir que je ne viendrais pas ce soir, je suis coincée en montagne dans la maison de la tante Rose, je vais devoir y rester quelques jours, c’est un bel endroit au-dessus de Sospel, ne t’inquiète pas,
je te tiens au courant pour mon arrivée, je t’embrasse très fort et merci pour tout » elle devait être occupée Manon lui avait laissé un message, maintenant à Cindy.
Décidément personne n’était disponible, il est vrai qu’à cette heure-là en semaine tout le monde était occupé : « Cindy, bonne nouvelle cette succession est énorme, mauvaise nouvelle ça va prendre plus de temps que ce que j’aurais voulu.
Je ne sais pas si l’achat de l’appartement d’à côté va être possible parce que 6 mois ça va être juste pour récupérer les fonds, il faudrait négocier avec le proprio pour qu’il nous le garde.
Tout va bien mais j’ai été obligée de rester chez la Tante Rose en montagne, le notaire viendra me chercher dans deux jours, d’ici là j’aurais pris connaissance de tout ce que compose le domaine,
sauf découverte de dettes cachées, je vais accepter la succession et voir si les avoirs ne pourrait pas permettre de verser un acompte pour l’achat de l’appartement pour agrandir le cabinet.
Bon je compte sur toi pour t’occuper d’Angus, au besoin, prends le chez tes parents de toutes façons il connait bien l’endroit il ne risque pas de se perdre.
Il y a internet et un téléphone fixe ici, je te le mets dans les commentaires pour le cas où tu voudrais me joindre,
je te fais une vidéo et je te l’envoie, essaye de m’appeler en visio quand tu as un instant. J’ai bloqué Romain il risque de t’appeler d’ici quelques jours ne lui dit rien pour ici, dis-lui que je suis partie en vacances sous les tropiques qu’il me foute la paix. »
Voilà une bonne chose de faite, restait à paramétrer un message de réponse automatique aux mails entrants signalant son absence jusqu’à nouvel ordre en raison d’un déplacement professionnel, ça filtrerait une partie de ses interlocuteurs.
Voilà Manon n’avait plus qu’à prendre ses marques dans la maison en attendant que le berger daigne apparaitre et fournir les renseignements manquants,
Manon pensait que le plus urgent était de prendre une décision sur les entreprises de manière à ne pas laisser trop longtemps les employés et les clients dans l’expectative, elle vendrait la fromagerie et la scierie en fonction de leurs chiffres d’affaire respectifs
Pour le reste un paysan voisin sera peut être intéressé par la bergerie, ses terre et ses troupeaux sinon il faudrait morceler le domaine et vendre les lots séparément.
N’étant pas très habituée à la cuisine au poêle à bois Manon sort deux lourdes marmites en fonte dans lesquelles cuisiner le rôti et le gigot en train de décongeler au coin du poêle, ça ne serait sans doute pas prêt pour ce soir,
elle allait devoir se contenter d’un morceau de pain qu’elle avait sorti et du fromages des trois rapportés de la réserve d’affinage en espérant que Félicien avait bien choisi.
Au vu de la dérobade de ce dernier ses ardeurs du matin s’étaient évaporées, fouillant dans son sac de voyage elle se rendait compte que la petite nuisettes destinée à ses nuits à la Bastide serait insuffisante pour ici
car elle éteindrait le feu en se couchant même si Félicien lui avait dit que la Bergerie était équipée d’alarmes incendie et CO2, mieux valait ne pas tenter le diable.
Elle décide de se mettre en quête de quelque chose de plus chaud dans les armoires de la tente pour passer la nuit sans attraper la mort.
Equipée d’une liquette sans âge en flanelle, d’un leggins à elle, après avoir dévoré pains et fromage, Manon décide d’aller se coucher pour récupérer des dernières 24h harassantes,
liseuse en main, elle se laisse tomber dans le grand lit de la tante en se rappelant qu’elle n’a pas rendu son dernier souffle ici, les draps sont tout propre quelqu’un est venu faire le ménage mais qui ? Et puis le chat qui le nourrit ?
Dehors la pluie continue de tomber, Manon a à peine le temps d’entrevoir le museau du chat apparaître à la porte entrebâillée et le sentir grimper sur le lit, alors qu’elle sombre dans un sommeil qu’elle espère réparateur en éteignant la lumière.
#4 de ma #NouvelleDeLavent Un bruit sourd la tire de son sommeil, affolée elle entend distinctement des bruits de pas se rapprochant de la chambre, elle n’a pas le temps de courir à la porte pour la fermer qu’une silhouette ruisselante la repousse
- tu es qui toi ? Tu fais quoi ici ?
Le cœur battant la chamade de terreur, elle arrive tout juste à dire dans un souffle effrayé : "Ma..non, je suis Manon… la nièce de Rose "
-Et bien tu n’as pas perdu de temps toi pour t’installer ! Allez lève-toi et vient m’aider à rentrer les bêtes, je les ai toutes descendues avec les chiens ça m’a pris des heures, il faut finir avant l’arrivée de la tempête, j’ai besoin d’un coup de mains remues toi !
Comme une somnambule, elle chausse ses bottes, enfile un pardessus et un chapeau accrochés à la patère près le porte et suit dehors ce grand escogriffe mal aimable.
Dehors c’est l'orage, il pleut dru, elle ne voit pas à 1 mètre, le rideau de pluie rend tout invisible en dehors de ce cercle, la silhouette lui tend une frontale allumée et lui dit : met ça ! Dans le brouhaha du troupeau de bêtes, sans réfléchir elle obéit à l’inconnu
Sous cette pluie battante, elle est désorientée & ne sait quoi faire alors elle décide de suivre aveuglément ce qu'il lui dit, elle comprend qu'il veut faire rentrer les bêtes dans la grange, elle aperçoit courant d'1 bout à l’autre les chiens qui les poussent vers là bas.
Au moins un grand blanc et un plus petit bicolore qui dans ce chaos bruyant se débrouillent pour diriger cette masse de bêtes effrayées vers la grange avec un efficacité incroyable. Elle est pétrifiée et n'arrive pas à anticiper les mouvements du troupeau comme eux !
Elle se sent démunie, elle réalise que le berger veut qu'elle fasse obstacle et empêche les animaux de se séparer et d'échapper dans la nuit. Mais elle a du mal à prévoir leurs voltes face. C'est nouveau pour elle qui n'a jamais fait ça !
A plusieurs reprises, il l’a soulevée de terre comme un fétu de paille pour l’écarter du passage d’une bête en furie, lui criant des ordres qu’elle ne comprenait pas dans le vent et la pluie, elle a sentie contre elle ce robuste corps qui la déplaçait comme un pion sans prévenir.
Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’était pas très précautionneux avec elle, il semblait en colère mais qu’avait elle fait pour mériter ce réveil en pleine nuit et d’être ainsi rabrouée dans le froid ?
Au bout d’un temps qui lui a semblé des heures, les bêtes étaient rentrées, chacune dans leur enclos, du foin était éparpillé sur le sol des étables et les bassins d’eau remplis…
L’homme se retourne enfin vers elle et au-dessus de cette bouche qui depuis le début lui intime des ordres sans ménagement, elle perçoit un regard vert vif sous quelques boucles rousses ruisselantes : Je suis Camille, le berger, une tempête approche,
il fallait que je regroupe les bêtes et que je les ramène ici, je devais arriver plus tôt mais je n’ai pas pu faire plus vite…merci »
(enfin une parole gentille)
-La tempête ? Mais quelle tempête personne ne m’en a parlé ?
-Elle sera sur nous dans 24h au plus tard, elle va être terrible et durer plusieurs jours, je ne pouvais pas laisser les bêtes dehors, j'ai été surpris par ta présence, si ce n'est ta ressemblance avec Rose je t'aurais prise pour une voleuse,
-Mais comment ça surpris, on vous a laissé des messages tout l'après midi
-Ah parce que toi tu crois que là haut dans l'alpage sous l'orage à rassembler 3 troupeaux, j'ai eu le temps de regarder mon téléphone ?
Je ne savais pas que tu devais rester dormir ici, seulement que tu venais avec l'autre coincé pour avoir des renseignements... il est où lui d'ailleurs ?
-Ah ben, on est deux, moi non plus je ne savais pas que j'allais rester passer la nuit, quand à l'autre coin... le notaire, il m'a laissée ici et est rentré à Nice.
Il t'a laissée seule ici et bien il est pas gêné lui au moins ! Toute seule, ici ? Il est gonflé et toi tu es inconsciente, tu avais laissé la porte ouverte, n'importe qui aurait pu rentrer
(Quelle idiote dans son empressement à aller se coucher elle n'avait pas réalisé qu'ici ça n'était pas comme chez elle, une porte blindée qu'il suffit de pousser et si l'on oublie le tour de clef c'est pas grave)
Je vais te laisser un chien que tu sois prévenue si quelqu'un s'approche, tiens celui là il t'obéira facilement, garde le près de toi, il est encore petit, il a eu froid
A ce moment là, Manon réalise que l'épaisse veste du berger présente un renflement sur le devant et quand il l'ouvre apparait une tête floconneuse avec deux petites billes noires comme du charbon et une truffe luisante
C'est un chiot, il est resté tout ce temps sous sa veste sans un bruit profitant de la chaleur du berger, on dirait une jolie peluche, ce trésor caché sous sa veste laisse à penser qu'il est plus gentil qu'il le laisse paraître
Comme une idiote, Manon s'entend dire : il risque pas de faire grand mal si je suis agressée celui là ! (quelle conne, mais pourquoi je dis ça alors que cette boule de poils est adorable et je n'ai qu'une envie c'est de le câliner ! )
Mais c'est pas pour te défendre, c'est pour te prévenir ! Pour de défendre, il y a les deux fusils de Rose, il y en a un sous le lit et un autre dans la cuisine, le chien il te prévient après tu te débrouilles, mais d'abord la nuit tu fermes la porte !
Elle tend les bras pour attraper la boule de poils en disant merci Monsieur
-M'appelle pas Monsieur, je suis Camille, je t'ai dit appelle moi Camille.
-Moi je suis Manon...
-Je sais Rose parlait souvent de toi
Deux fois qu'il lui dit des choses surprenantes, elle ressemble à Rose et elle parlait d'elle. En prenant le chien, elle réalise qu'il pue l'étable, ah oui ce n'est pas un chien de salon !
- Il s'appelle comment ?
Il est trop petit, il n'a pas de nom, ici quand ils sont petits on attend qu'ils grandissent pour leur donner un nom des fois qu'ils meurt...c'est un mâle, donne lui toi un nom si tu veux.
Retour à la réalité pragmatique des montagnards, elle va lui donner un nom, elle va l'appeler comme sa peluche d'enfant : #Dieter dit Didi et puis elle va le laver car il dégage une forte odeur de suin
Maintenant tout le monde est en sécurité, je prends de quoi manger et je vais dormir dans ma chambre dans la grange, on se voit demain !
-Mais je…
Elle n’avait pas eu le temps de finir, qu'il avait déjà quitté la maison et elle voyait par la fenêtre le pinceau lumineux de sa frontale s’éloigner dans l’obscurité. Elle avait tant de question pour lui.
Mais d'abord l'urgence, se débarrasser de ces vêtements mouillées boueux et on ne veut pas savoir quoi d'autre, laver le chiot et se laver aussi car ils en ont bien besoin tous les deux !
Il ne lui restait plus qu’à se doucher car elle était crottée de terre et de foin, elle sentait l’étable et ses bottes pire encore…
Encore une fois en fouillant dans les armoires de Rose, elle aspire cette bonne odeur de lavande et de miel qui viennent des navettes de rubans et lavande et d'un petit morceau de cire d'abeille suspendu à l'intérieur de la porte
Elle finit par trouver des grandes serviettes éponge et un pyjama d'homme bien chaude qui fera l'affaire pour cette nuit
ce matin en cherchant à manger pour le chat elle a vu qu'il y avait une réserve de colliers anti puces sous l'évier, elle en prendra un pour le chiot
Elle rentre dans la baignoire avec le chiot & fait couler sur eux le jet d'eau qui au contact de l'animal se transforme en ruisseau boueux, elle se savonne et shampouine le chiot jusqu'à ce que l'eau soit claire, enroulés tous deux dans une serviette il finissent par sortir de là
Elle sort un sèche cheveu d'un tiroir du meuble de salle de bain et commence à sécher la petite bête, en un rien de temps et il a retrouvé la superbe de son pelage floconneux, oui il s'appellera Didi le flocon !
revêtue de ce pyjama d'homme trop grand mais bien chaud, Manon peut enfin de laisser aller à ses réflexions, donc la Tante Rose parlait d'elle et toutes les deux se ressemblait, ce soir elle avait vu des albums en bas dans le salon, elle irait les regarder demain,
là elle n'avait qu'une envie c'est de dormir les quelques heures de nuit qu'il restait ! Car même si des pensées diverses se percutaient dans son esprit son corps douloureux voulait dormir
Elle se demande tout de même ce que c’est que cette tempête dont personne ne l’a prévenue et surtout pas son cousin qui l’a abandonnée ici il y a quelques heures.
Etrillée de neuf et lestée de son chiot elle retourne sous la couette, Manon constate que le chat n’a pas bougé d’une once, l’incursion de Camille et du chiot ne l’a même pas réveillé, quelle bonne nature ce chat !
Elle s’enfonce déjà dans un sommeil lourd peuplé de bêtes et poursuivie par ce regard vert à la voix rauque, le chiot blotti contre elle.
#5 #NouvelleDeLavent Manon émerge de cette nuit mouvementée, elle entend au loin des bruits de casseroles et sent le pain grillé exhaler, le berger a dû revenir, serait-il en train de lui préparer son petit déjeuner ? Impossible...
Après un bref passage dans la salle de bain, la voilà qui descend les escaliers équipée montagne, le chiot dans les bras, s’attendant à aller visiter enfin les lieux environnants.
Au pied des marches, elle peut voir le dos musclé du berger attablé pour manger et lisant un journal.
-Bonjour Camille, j’ai le temps de déjeuner avant que l’on ne parte ou je dois me contenter d’une tasse de thé ?
Hilare, il pivote vers elle et lui dit dans un souffle « mais où crois-tu pouvoir aller ? »
-Et bien visiter le domaine, c’est pour ça que je suis restée hier sinon je serais redescendue à Nice.
-Mais tu n’as pas compris la citadine, il pleut très fort, ça va continuer et augmenter, aller courir les pistes et les sentiers serait une folie, tu aurais dû rentrer chez toi hier parce que là c’est pas gagné !
La source près des étables coule comme un torrent là où d’habitude il n’y a qu’un filet d’eau claire, c’est mauvais signe…j’ai bien fait de rentrer les bêtes.
Aujourd’hui on ne bouge pas, on rentre un maximum de bois pour la cheminée et les poêles, on sort les bougies de la réserve parce que ça va péter et on s’occupe des bêtes, on ne peut rien faire d’autre,
je vais essayer de retrouver les deux chevaux qui se sont éloignés cette nuit, ils ne sont pas loin ils ont du s’abriter.
Je te laisse, j’ai à faire, nourris les chiens si tu veux ils doivent avoir faim, ils n’ont pas mangé depuis avant-hier soir.
-Quoi ? Mais les pauvres il fallait me le dire cette nuit je leur aurais donné !
-Leurs croquettes sont dans la remise dans l’armoire en fer à cause des souris… et au passage rentre les poules dans la grange et nourris les.
Et puis tu sais le chien n’est pas un sac à main, pas besoin de le porter il marche tout seul !
Manon perçoit le ton provocateur, il s’attend qu’elle hurle de peur à cause des souris, il l’a prend pour une pintade sophistiquée ;
-Ok je m’en occupe, ils s’appellent comment les autres chiens?
-Léo, Paqui et Fantôme
-Au fait le chat il s’appelle comment ?
-Il n’a pas de nom, Rose l’appelait le chat, je t’ai rapporté du lait tout frais et des œufs si tu veux cuisiner, je reviendrais vers midi
(Pour se mettre les pieds sous la table sans doute ? Pour qui se prenait-il elle n’allait pas lui servir de bonne quand même ! )
Il lui avait coupé l’appétit et elle se contenterait d’un verre d’eau et d’une pomme.
Néanmoins, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Manon se met en quête d’herbes aromatiques et va chercher au sellier des carottes et des poireaux pour faire cuire la viande qu’elle a sortie
elle en profite pour rapporter dans son panier quelques pommes de terres supplémentaires puisqu’ils sont deux.
Par acquis de conscience elle vérifie que Cindy ne l’ai pas appelée en vain…
aucun appel de son associée, elle doit être très occupée ou chagriné par ce que Manon lui avait annoncé, elle la rappellera ce soir, il faut qu'elle y pense elle n'aime pas rester si longtemps sans parler à son amie.
En revanche, elle appelle Félicien pour le remercier de l’avoir abandonnée au fonds des bois ou presque sans la prévenir de l’arrivée d’une tempête !
Messagerie évidemment : Félicien, c’est Manon, alors apparemment il y a une tempête qui se prépare, j’espère que tu as prévu de venir me chercher avant !
Le berger est rentré, il était occupé avec les troupeaux, je vais discuter cet après-midi avec lui donc ce soir ou demain matin au plus tard je pense que j’aurais tous les renseignements voulus et que tu pourras venir me chercher.
D’ores et déjà, je pense accepter la succession sous bénéfice d’inventaire. Je veux régler ça au plus vite et rentrer chez moi, je ne suis pas en vacances mon cabinet ne va pas tourner tout seul !
En raccrochant, sa colère est un peu passée, après tout elle est grande elle aurait pu jeter un œil à la météo toute seule et se rendre compte de ce qu’il passait au lieu de se laisser porter, ça ne lui ressemble pas, il y a vraiment quelque chose qui cloche en ce moment.
Il est encore un peu tôt pour appeler Cindy, dont la fin de semaine a été chargée mais elle lui envoie un texto : « Cin tu dois dormir encore, toujours coincée à la montagne, je devrais avoir toutes les infos sur la succession d’ici ce soir, je vais redescendre demain matin,
je pense que je verrais l’agent immobilier juste avant de repartir pour l’aéroport, je devrais être là demain en début d’après-midi, j’espère t’apporter de bonnes nouvelles »
Un mail pour expliquer à l’agent immobilier son silence et essayer de le motiver pour la vente de la Bastide en lui annonçant qu’il y aura probablement d’autres biens à vendre.
Checker les mails de ceux qui auront insisté malgré le mail de réponse automatique signalant son absence, personne ou presque, rien qui ne puisse attendre son retour à Lille.
C’est à ce moment que perdue dans ses pensées, elle sent le froid dans son dos et entend :
« Oui alors toi, c’est pas trop vite le matin et pas trop tard le soir…on peut compter sur toi, ça va aller ? Et dire que c’est nous qu’on taxe de fainéantise »
Aimable est de retour, ça commence à bien faire ce petit ton avec moi ! Elle a été conciliante jusque là mais là elle va sortir de ses gonds et il va apprendre à ses dépens qui elle est .
-Alors le cowboy pas aimable, il va falloir calmer sa joie parce que moi j’ai une vie en dehors d’ici et si ça continue, je ne cherche plus à comprendre, je dis au notaire de tout vendre et je rentre chez moi, ça va comme ça ?
Ras le bol de cette galère, je n’avais rien demandé mais c’est comme ça, si ça ne vous convient pas la porte est grande ouverte ! Je n'accepte plus de me faire aboyer dessus, je suis la nièce de l'ancienne propriétaire de ce domaine et vous avez tout intérêt à me ménager !
La colère de Manon a stoppé net le berger, il pose un panier de buches fendues devant lui fait demi-tour et sort sans un mot. Elle va peut-être le regretter mais il fallait que ça sorte.
Manon récupère les buches et les ranges près de la cheminée, elle charge le poêle à bois et dépose sur le coin, les deux marmites en fonte dans lesquelles elle a ajouté les ingrédients pour le rôti et le gigot, elle épluche à la hâte quelques légumes et couvre les marmites,
pour une fois qu’elle a le temps de cuisiner des bonnes choses sans être effondrée de fatigue, elle va en profiter et pas se laisser pourrir la vie par « Aimable » le berger bougon !
Elle appelle Le Chat et lui prépare une écuelle de lait puisqu'elle n'a pas trouvé sa nourriture, elle coupe des petits morceaux de fromage pour le chiot et se prépare pour sortir sous une pluie battante et un ciel de plus en plus menaçant.
La mort dans l’âme et en frissonnant déjà, elle enfile les bottes boueuses d’hier, le long pardessus et le chapeau qui ont séché et se risque sous la pluie pour nourrir les chiens et les poules.
Des armoires en fer, il y en a plusieurs dans le sellier, après en avoir ouvertes quelques-unes et y avoir découvert pas mal de trésors d’épicerie, Manon découvre enfin celle des aliments pour les chiens ainsi que leurs grosses gamelles en métal, une grande, deux normales.
Elle ne connait pas les quantités qu’elle doit leur donner, elle va les remplir et on verra bien ! A peine posées au sol comme par magie voilà les chiens, un grand montagne des Pyrénées, un border collie et un genre de griffon marron beige, mystère pour les identifier.
La nourriture pour les poules doit plutôt être dans la grange près du poulailler, le chemin jusqu’à la grange sous la pluie s’avère des plus pénible, escortée des chiens et le chiot coincé sous son pull elle marche dans la boue pour rejoindre la grande bâtisse.
Comment convaincre ces poules qui ne la connaissent pas de la suivre jusqu’à l’intérieur de la grange ?
La bouffe, c’est universel, la bouffe devrait les rendre dociles… si elles ont faim elles vont la suivre
elle a repéré un seau de granulés pour volaille (c’est marqué dessus) elle prend la mangeoire des poules captant déjà une 1ère fois leur attention, la remplit de granules et sort du poulailler suivie par les volatiles.
5 mètres au plus pour rentrer dans la grange, elle prie intérieurement pour qu’aucune ne se détourne pour aller baguenauder ailleurs, la pluie devrait aider aussi.
Elle les a compté il y en a 11, si une fois dans la grange les 11 sont avec elle, elle aura mérité le reste de sa matinée au coin du feu !
Elle pose la mangeoire au sol, les poules se précipitent, c'est gagné, elle se retourne doucement pour aller fermer la grange discrètement, autour les bêtes dans leurs enclos s’approchent curieuses,
cette fois elle peut les détailler, en premier il y a des vaches et un veau, plus loin quelques moutons et au fond tout un troupeau de chèvres bigarrées…tout le monde a l’air de s’entendre, dans un enclos solitaire un bovin plus trapu, ça doit être un taureau !
Que faire des chiens ? Elle a vu une trappe dans la remise ou se trouve le sellier, ils ne semblent pas avoir l’habitude de rentrer dans la maison, il y a des niches près de la voiture, ça doit être leur endroit quand la grange est fermée.
De retour dans la maison, elle culpabilise d’avoir laissé au froid les autres chiens, elle sent le chiot dont le cœur bat contre sa poitrine, celui-là est pistonné…
Elle se prépare un bon thé avec quelques rasades de lait de ce matin, elle soulève les couvercles des marmites pour surveiller sa cuisine et les pousse un peu plus à la périphérie du poêle à bois pour ralentir la cuisson,
elle s’apprête à compulser les albums comme elle l’a décidé cette nuit pour vérifier sa ressemblance alléguée avec la tante Rose mais comme un poison distillé dans ses veines, la culpabilité d’avoir laissé les autres chiens dans la remise, la taraude…que faire ?
Un bref coup d’œil dans le salon lui fait repérer plusieurs endroits ou pourrait être rangé ce qu’elle cherche.
Munie de ce qui semble être de vieux plaids qu’elle dispose entre un buffet et une armoire pas loin du bureau elle se décide à aller chercher les autres chiens laissés dans la remise !
En un clin d’œil, elle va les chercher, il la suivent et rentrent dans la maison : « Coucher là, allez coucher, » timides elle comprend qu’ils n’ont pas l’habitude, ça va faire un drame mais elle s’en fiche, elle ne peut pas laisser ses pauvres bêtes au froid,
Car même si elles en sont habituées à vivre à la dure pas question de faire des différences, elles vont profiter aussi de la chaleur de la maison, elle a disposé pas loin gamelle d’eau fraiche. Bientôt, les chiens dorment affalés les uns contre les autres sur les couvertures…
Elle se rassied et commence à parcourir les albums… c’est frappant, les deux sœurs auraient pu être jumelles, Honorine et Rose se ressemblent étonnamment alors qu’elles ne sont que demie sœurs, voilà d’où lui vient sa ressemblance avec la tante Rose.
Ca a dû être difficile pour ce père qui élevait l’une dans son foyer et avait dû abandonner ou presque l’autre avec sa mère, le visage de chacune lui rappelant que l’autre était absente !
La mère de Rose sur les photos jaunies semblait être une solide femme au teint tanné par le soleil, souriante, souvent le chignon un peu défait, ses vigoureuses mains toujours chargées de quelque chose et pour le coup ça contrastait beaucoup avec la mère d’Honorine, plus austère,
Son arrière grand mère était une bourgeoise et matrone revêche siégeant dans un salon qui n’avait presque pas changé jusqu’à aujourd’hui.
son regard figé sur la photo, sans un sourire, engoncée dans ses sombres vêtements, rien ne dépassait de cette silhouette un brin hautaine, les deux femmes du père d’Honorine ne pouvait pas être plus dissemblables l’une de l’autre.
Paradoxalement, c’est celle qui n’avait pas été choisie qui semblait avoir eu une vie heureuse alors que la femme choisie affichait un sombre minois, peut-être était-elle au courant de son infortune ?
Rose apparaissait proche de sa mère et enjouée, elle rayonnait dans sa robe de mariée avec ce monsieur au chapeau qui avait l’air si heureux d’avoir cette belle fille à son bras, c'était gai et bucolique...
brutalement il disparaissait des photos et les photos de Rose devenaient plus tournées vers la ferme et ses exploitations comme si elle avait gommé son intimité,
il n'y avait plus que des photos de l’extérieur de la Bergerie, de la grange en construction, de la fromagerie en travaux mais plus rien de vraiment personnel.
Puis tout d’un coup, une photo d’Honorine petite fille, puis plus âgée au milieu des oliviers, en mariée et enfin de loin au cimetière, encore un bébé, c’est la mère de Manon
et là au fur et à mesure des pages elle comprend que la tante Rose a toujours suivi discrètement les évènements de la vie de sa demie sœur !
Tout le monde est là son père, le mariage de ses parents, elle petite devant la Bastide, des photos d’Honorine seule et triste, des photos de la maison de ses parents dans la campagne lilloise,
un article de journal relatant leur accident de voiture, une photo de Manon courbée par le chagrin…une photo de sa prestation de serment, une autre sortant de son cabinet et la dernière une photo de la façade de son immeuble…
Comment avait-elle pu se procurer tout ça, elle suivait de loin sa famille depuis des décennies sans se manifester sans doute ?
Refermant les albums, Manon hésitait entre le sentiment d’avoir été épiée à son insu et celui de compassion à l’égard de cette tante, clandestine de la famille qui avait quand même voulu avoir près d’elle leur histoire.
Ces photos, elles les avaient faites faire ou les avait-elle faite elle-même ?
Pour sa prestation de serment par exemple, intervenue peu de temps après le décès de ses parents, les amis, les voisins et la famille voulant sans doute compenser cette cruelle absence s’étaient tous déplacés,
elle n’avait pas noté dans cette foule un visage inconnu plutôt qu’un autre, et encore qui devait elle chercher un photographe ou la tante Rose?
Finalement, elle éprouve de la tendresse pour cette tante qui avait l’envie de faire partie de sa famille mais n’a jamais osé se manifester,
C’est triste cette vie passée en retrait de ceux qu’elle n’avait pas le droit d’aimer, à la fin de sa vie aura été de transmettre tous ses biens à la dernière représentante de cette famille dont elle avait été exclue.
C’était un bel acte d’amour, un dernier acte d’amour par-delà la mort. Manon devait se montrer digne de ce dernier acte d’amour, ça changeait toute la perspective de ses prises de décisions futures.
Elle n’était plus là pour faire autant de profit que possible en faisant le moins de dégâts, désormais il s’agissait plus que d’une simple transmission de biens mais d’un passage de flambeau de quelqu’un qui l’avait aimée en secret toute sa vie.
C’était une grande responsabilité qui reposait sur elle et quel que soit son désir de tourner la page sur ces deuils qui l’étouffaient, il y avait une valeur morale dans tout ça qui allait l’obliger à surmonter sa fuite en avant.
#6 #NouvelleDeLavent Un coup d’œil à ses marmites pour revenir dans la réalité, le rôti de veau est prêt, le gigot a encore besoin d’un peu de cuisson, elle y rajoute une rasade de vin blanc pour compenser le fait que sans lutage le jus de cuisson se sera un peu évaporé,
il est presque midi, elle va dresser la table pour elle et le berger, elle sort suivie des 4 chiens pour prendre du pain dans le congélateur et rapporter une bouteille de vin.
Elle était en train de placer une nappe à l’extrémité de la grande table quand le berger rentre et en une seconde dégaine les reproches et les questions ?
-Qu’est ce qu’ils font là eux, ils n’ont rien à faire ici, ce ne sont pas des chiens de salons ?
Et les poules tu les as rentrées et nourries ? Tu as mis du bois dans tous les poêles, tu as vu qu’il y en a un à l’étage dans la chambre de Rose et un dans le couloir près des autres chambres ? Il faut réchauffer les murs, la maison n’a pas été habitée durant plusieurs mois,
sinon on ne fera que courir après la chaleur au lieu de l’entretenir ?
Manon décidé à garder son calme mais de rester ferme, elle lui répond déterminée :
-Alors ici, c’est chez moi et si je ne me trompe pas ce sont mes chiens, hors de questions que ces bêtes n’aient pas accès à la maison et restent dehors même si ce sont des chiens qui travaillent, je dirais raison de plus, c’est comme ça et pas autrement à partir de maintenant !
- Y a plus qu’à faire rentrer les bêtes aussi comme ça, ça sera complet, grommèle t il
-C’est ce qu’on fera si je le décide ! Avant les étables étaient contre les maisons et ouvertes sur celles-ci pour les réchauffer avec la chaleur corporelle des bêtes !
Le troupeau est l’antique chaudière pour maison… (recrachant ses souvenirs des manuels d’histoire de la primaire). En attendant à table, on va faire honneur aux réserves de Rose, elle n’apprécierait certainement pas qu’on gâche la nourriture
Prenez le pain que j’ai mis à décongeler près de la cheminée et à table !
En tête à tête silencieux, ils dégustent le rôti de veau qui a mijoté toute la matinée. Chacun fuyant le regard de l’autre, Camille est manifestement fâché mais il a reconnu l’autorité de la nièce de Rose.
Il a cédé, elle ne doute pas que dès qu’il en aura l’occasion, il lui fera remarquer qu’elle a tort pour les chiens mais peu importe.
Dehors les éléments se déchainent, le ciel est noir et zébrés de loin en loin d’éclairs tonitruants,
il paraît évident qu’elle ne pourra pas visiter avec le berger les contours et détails du domaine, il pourra en revanche l’éclairer sur son fonctionnement, il doit y avoir des dossiers quelques parts.
Pas de nouvelles du cousin, il paraît peu probable qu’il monte la chercher ce soir, par ce temps la piste doit être impraticable même pour un 4x4, elle espère qu’il va y avoir une accalmie demain et qu’elle pourra rentrer à Nice.
Elle n’ose pas rompre le silence et lui demander s’il a retrouvé les chevaux, elle ignore comment elle va briser la glace et c’est Didi qui va lui en donner l’occasion, alléché par les bonnes odeurs, il ouvre un œil et du canapé se met à aboyer pour réclamer à manger :
-Non, lui dit Manon ! Il est totalement sevré ? Il mange quoi habituellement ?
-Déjà il ne mange pas à table, grogne le berger, je lui fais une espèce de bouillie avec du pain, du lait chaud et des croquettes des grands.
-Je lui ferais ça quand on aura fini, ce matin je lui ai donné des morceaux de fromage il était affamé
-C’est pas bon pour les chiens le fromage, pas trop en tout cas !
-On va pouvoir parler du domaine cet après-midi, j’ai besoin de plus de détails pour prendre des décisions ?
-Pour tout bazarder ?
-Non pas nécessairement, on pourrait conserver ce qui fonctionne en autonomie et est bénéficiaire et voir pour le reste.
-Alors c’est simple, tout était bénéficiaire, on livre le bois de chauffe de toute la région avec le bois de coupe dont le renouvellement d’arbres est organisé depuis des décennies,
pour les fromages, Rose a un contrat avec tous les restaurants gastronomiques du coin, elle les livre toutes les semaines et ce sont de gros contrats.
Elle livre aussi deux ou trois maitres fromagers, quant aux troupeaux ils n’ont pour but que d’alimenter la fromagerie, le peu de viande produite est pour l’usage exclusif de la bergerie, rien qu’avec ça le domaine paie ses charges et dégage des bénéfices.
Rose m’a expliqué qu’en cas de coup dur elle a de l’épargne et des investissements qui lui permettent de financer ce dont elle avait besoin…
Elle m’avait dit il y a quelques années ce qu’elle avait prévu pour après elle, elle m’a dit que vous n’auriez rien à débourser et qu’il suffisait de continuer comme ça.
Pour la fromagerie elle a formé Guitte qui vient la moitié de la semaine pour l'aider et qui la fait tourner depuis la mort de Rose, Baptistin gère la scierie, Giorgio les serres et moi je m’occupe du reste.
A vous de voir, je peux aller chercher la comptabilité de la fromagerie, pour celle de la scierie ça sera plus long, il faut pouvoir y aller et sinon, il a des classeurs bleus rangé ici dans la petite armoire pour la comptabilité générale,
Rose avait un comptable il a du transmettre tout au notaire.
-Ok pour la compta de la fromagerie. Est-ce qu’il y aurait un carte du domaine avec le découpage des différentes exploitations ?
-Oui il y a ça, ici dans la même armoire, on n’a pas été touché par la crise sanitaire, au contraire. Rose disait que tout est affaire d’équilibre,
qu’il ne faut pas trop voir grand pour rester indépendant et loin des banques.
Décidemment la tante Rose était pleine de bon sens et tout cela semblait extrêmement sain.
-Quelle superficie fait le domaine ?
-22 hectares en comptant les serres en Italie qui sont dirigées par le petit fils d'un ami d’enfance de Rose.
-C’est dommage qu’on ne puisse pas visiter un peu et demain je serais repartie…
-Humm si ça continue comme ça, j’en doute !
-J’espère que c’est une plaisanterie parce que je n’ai pas l’intention de m’attarder ici !
- On verra demain en attendant, je vais m’assurer que la moitié de la montagne ne va pas glisser sur nous en un torrent de boue, normalement non les trois bâtiments sont construits sur une petite remontée et ça devrait couler de part et d’autres.
La nuit va être longue, je vais inspecter toutes les zones sensibles et sécuriser ce que je peux, il faudrait que tu nourrisses les bêtes, j’ai nettoyé les étables ce matin.
Manon se demandait s’il était sérieux ou s’il disait ça pour se moquer de la petite citadine qu’elle est
Puisque tu as décidé de faire rentrer les chiens dans la maison, tu devrais organiser sous le deuxièmes appentis une zone pour leur sécher le poil un peu avant de les faire rentrer sinon il y aura de la boue partout,
Tu devrais laver tout ce qui est sale maintenant tant qu’on a de l’électricité car je ne sais pas si ça va durer tout est dans la remise et il y a un fil pour sécher le linge à l’abri, tu l’as vu ?
-Non mais je vais bien le trouver, vous avez du linge sale à me donner ?
- Oui mais je n’ai pas l’habitude de donner mon linge à laver à une inconnue…
-Je comprends mais vu ce que vous annoncez on ne va pas attendre d’avoir de quoi faire deux machines, je suppose qu’il n’y a pas de machine à laver le linge dans la grange ?
-Tu as raison je te ramène ça, je rapporterais aussi la compatibilité de la fromagerie, tu as besoin d’autre chose ?
-La réserve de bougies est aussi dans la remise ?
-Oui
-Je suis perdue, je n’ai pas l’habitude, je ne sais même pas si je dois vous prendre au sérieux ou si c’est pour se moquer de moi ? Je n’ai jamais vécu une tempête en montagne donc à part du bois sec pour alimenter la cheminée et les poêles je ne vois pas …
Mais si on a plus d’électricité , les congélateurs on fait comment ?
On a des groupe électrogènes pour la remise et la fromagerie, je vais d’ailleurs vider les cuves et faire du fromage ce soir pour pas perdre le lait on fera peut être un peu de beurre aussi pour la Bergerie.
Ou alors je te montre et tu débrouilles ?
-Ce soir ?
-Oui la fromagère ne pourra pas monter, la piste est boueuse c’est dangereux et puis je profite du jour pour vérifier et sécuriser les abords des bâtiments, dans le noir ça sera nettement moins efficace…
Retour des sarcasmes, mais elle comprend qu’il y a beaucoup à faire et qu’il est tendu, Manon va devoir dépasser son hostilité latente et se laisser guider par lui pour aider.
Camille, sort et la laisse dubitative.
Appeler Félicien qui pour l’instant ne donne pas de nouvelle, faire des lessives, trouver des bougeoirs et préparer dans chaque pièces des bougies, en attendant mettre dans sa poche la frontale au cas où et sortir une lampe torche à mettre à côté de la porte d’entrée.
Charger au maximum tous les appareils électriques nomades et paramétrer le mode éco, trouver et sortir le stock de piles de la maison.
Mais avant tout préparer du gamelle pour le chiot qu’elle ne va pas continuer à nourrir de morceaux de fromage !
Du pain rassis, du lait chaud, un peu de reste de rôti et des croquettes des gros chiens qu’elle va récupérer dans la remise en vérifiant où se trouve le fil d’étendage,
elle prend aussi un morceau de lard à côté du jambon suspendu, rapporte un chou, des poireaux et quelques légumes sec, elle fera de la soupe ce soir.
Sa fin d’après-midi va être bien remplie et elle n’a pas envie d’aller sous cette pluie jusqu’à la fromagerie, elle verra bien ce soir avec le berger.
Pendant qu’elle était dans la remise Camille lui avait déposé son linge sale se gardant de lui donner ses sous vêtements,
Manon réunissait tout ce qui pouvait y avoir de sale dans la maison pour faire tourner une machine tant qu’ils avaient de l’électricité,
elle avait récupéré dans une des armoires de la tante, des vieilles serviettes éponge étiquetées sur l’étagère comme celles des animaux, Rose était une femme organisée.
Son panier plein elle se dirigeait vers la remise quant au loin et derrière le rideau de pluie, elle aperçoit une camionnette arriver en direction de la bergerie.
Un solide gaillard en sort en disant bonjour avec un fort accent italien.
-Bonjour, moi c’est Giorgio, je suis venu aujourd’hui, parce que demain je ne suis pas sûr de passer, j’apporte les légumes, les fruits et les fleurs, il est là Camille ?
-Non il est sur le domaine mais je ne sais pas où, je ne suis pas au courant de cette livraison ;
-Tu dois être Manon, Camille m’a demandé de monter pour livrer des produits des serres et que je discute avec toi pour la succession,
Si tu veux je te fais envoyer les bilans, c’est 1 bonne petite affaires on a quelques clients les mêmes que pour les fromages de Roses et puis les locaux et ça suffit pour faire tourner l’affaire, et verser bénéfices à Roses, j’espère qu’on pourra continuer, on est 5 à en vivre.
#7 #NouvelleDeLavent
-Je suis content de te rencontrer, on se demandait quand tu viendrais
Manon sent l’inquiétude du maraicher, elle réalise qu’elle tient l’avenir de ces 5 personnes dans ses mains, tout se complique, ça l’angoisse, elle voulait être médecin pas gestionnaire !
-Je peux rentrer tout ça dans le sellier, les fleurs il va falloir les préparer pour les fromages, c’est ma copine qui les a cueillies ce matin, elles sont toutes fraiches comme les légumes et les fruits !
-Tu sauras préparer les fleurs ?
Manon ignore tout de cette histoire de fleurs et quel rapport avec les fromages ? Elle verra avec le berger quand il rentrera, en attendant elles seront au frais dans le sellier.
Elle le laisse faire, il doit connaitre les lieux mieux qu’elle, pendant ce temps-là elle va préparer du café, elle est sûre que Giorgio sera ravi d’une bonne tasse de café,
en se penchant à la fenêtre elle aperçoit un autre véhicule arriver, un pick up semble t-il, c’est foule aujourd’hui, la bergerie c' est le dernier endroit à la mode, qui ça peut bien être ?
Cette fois ci c’est un quadragénaire aux tempes grisonnantes qu’elle voit s’approcher avant qu’il ne s’arrête pour discuter avec l’italien en train de décharger ses marchandises, ils se connaissent évidemment mais n’ont pas l’air particulièrement ravis de se croiser.
Un instant après le quadragénaire était dans la maison, apparemment dans ce coin là on rentre dans les maisons sans se signaler…
-Bonjour, je suis Baptistin, Camille m’a dit de passer pour parler de la scierie j’en suis le gérant.
J’en ai profité pour vous rapporter un peu de bois mais si je me rappelle bien la réserve est au maximum, compte tenu du temps j’ai préféré vérifier avec vous, je vais décharger le bois et je reviens pour vous parler de la scierie….
-Bonjour, merci pour le bois et le reste, je vous laisse faire, je prépare du café.
Le berger aurait pu la prévenir de l’arrivée de ces deux-là, il ne lui a pas dit qu’il les avait contactés et qu’ils risquaient de venir la voir.
Elle ne s’était pas trompée en remarquant qu’il y avait de l’hostilité entre ces deux là, chacun s’était installé autour de la grande table au plus loin de l’autre, ils évitaient de croiser leur regard,
Baptistin lui avait apporté des classeurs qu’il se proposait de lui laisser le temps de les étudier et avait précisé qu’il enverrait la version dématérialisée à son notaire, ce à quoi elle a acquiescé,
il lui avait fait une brève présentation de l’entreprise se gardant d’énoncer les chiffres mais en les lui montrant dans les classeurs, il lui explique qu’il livre en bois de chauffe la quasi-totalité des foyers de la vallée,
qu’ils avaient un temps pensé à s’équiper pour compléter l’offre avec les fameux granulés pour alimenter ces poêles de chauffage dernière génération mais que pour l’instant c’était encore à l’étude.
Le coût d’investissement ne devait pas imposer un amortissement sur trop longtemps pour que l’opération soit rapidement rentable.
Il complète cette information en lui disant que pour l’instant la demande de bois de chauffe n’a pas baissé au contraire, elle aurait plutôt augmentée,
qu’en plus ils ont un deal avec un fournisseur d’insert qui leur verse un pourcentage des inserts qu’ils arrivent à placer grâce à la petite salle d’exposition attenante à la scierie dans laquelle sont proposés à la fois,
des cheminée, une gamme d’insert des plus simples au plus sculpturaux, des poêles à bois et des accessoires de cheminée. Bref ils couvrent le marché du chauffage au bois et n'ont pas vraiment de concurrent.
-Votre tante disait que le secret de la réussite et de la longévité soit d’offrir une gamme complète de produits, suffisamment diverse pour qu’elle reste attractive et suffisamment restreinte pour qu’elle ne nécessite pas de trop gros investissements.
A la scierie on est 6 à temps complet, dont deux qui sont polyvalents et réalisent chez les clients des cheminées et la pose d’insert à la demande et les 4 autres seulement pour la scierie, au besoin on complète les équipes avec des contractuels à la mission,
on en connaît quelques-uns très fiables et ça fonctionne bien. Eux ça leur fait du boulot et nous on peut satisfaire la demande quand elle augmente, on fait des barbecues aussi l'été, l'automne des cheminées et l'été des fours à pain ou pizza et des barbecues.
En fait Manon réalisait que Rose avait reproduit pour chaque exploitation le même raisonnement des petites structures qui développent une clientèle fidèle dont elle peut couvrir à elle seule une demande spécialisée.
Elle veillait à rester concurrentielle tout en n'endettant pas l’entreprise, elle marchait sur le fil du rasoir et savait prendre les bonnes décisions, c’était une maitresse femme, Manon était impressionnée par le savoir-faire de Rose !
Tout en l’écoutant elle détaillait son interlocuteur, il avait un regard d’acier, un visage coupé au couteau et le teint tanné des gens qui travaillent à l’extérieur,
sa coupe en brosse révélait que ses cheveux commençaient à se parsemer de quelques fils blancs et ça renforçait l’élégance naturelle du bucheron, de larges épaules des vêtements soignés, de belles grosses mains rassurantes. complétait la silhouette attrayante
Sa voix grave avec une pointe d’accent du sud était convaincante, il semblait solide, était il loyal ? Rose avait la manière de s’entourer de bons collaborateurs, celui-ci semblait lui aussi loyal, dehors l’orage se déchainait la nuit tomberait dans peu de temps et il pleuvait.
-Il va falloir que je rentre, même si la scierie est pas loin sur le domaine , il y a une demie heure de piste jusque là et j’aimerais pas m’embourber au milieu des bois.
-Vous rentrez à la scierie ?
-Oui j’habite la maison au dessus de la scierie construite par le mari de Rose.
Il se lève et s’approchant de Manon il lui dit : «pardon mais je ne vous ai pas présenté mes condoléances, Rose était une sacrée bonne femme que j’admirais et qui m’avait donné ma chance il y a 20 ans, j’espère qu’on va pouvoir faire ensemble du bon travail », il lui tend la main
puis brutalement l’enlace en lui murmurant :
elle me manque beaucoup sous savez,
Il sent le bois, et sa complète idéalement cette impression de force qui se dégage de lui. En quelques secondes Manon est sous le charme.
-Merci d’être venu par ce temps, pour la comptabilité je vais regarder vos comptes ce soir et je vous remercie de bien vouloir transmettre la version numérique à mon notaire dont voici la carte,
C’est lui qui va se charger d’étudier tout le patrimoine de Rose pour m’aider à prendre une décision, je vous ferais savoir rapidement ce que l’on va faire.
-Venez à la scierie que je vous fasse visiter et puis je vous ferais ma spécialité un civet aux cèpes !
Elle n’ose lui répondre qu’elle s’en va demain déjà… « merci et bonne route »
En un instant la haute stature de Baptistin le bucheron avait disparu, elle aurait bien aimé qu’il s’attarde un peu car il lui avait bien plu.
Il était tout autant rustique que le berger mais tellement plus agréable…
Durant tout ce temps, Giorgio était resté muet, les deux hommes avaient à peine esquissé un hochement de la tête quand Baptistin était parti…leur hostilité était évidente.
-Pour moi c’est pareil, on travaillait bien avec votre tante, on avait confiance l’un dans l’autre et les chiffres sont bons, je vais envoyer les bilans à votre notaire par mail si vous me donnez la carte, il faut que je parte vite j’ai beaucoup de route à faire pour rentrer.
Je vous ai rangé dans le sellier de quoi tenir un bout de temps et je reviendrais dès que vous serez, à cours.
Ils semblent tous croire qu'elle est venue pour s'installer...
Lui aussi se lève et l’enlace en lui présentant ses condoléances, « j’aimais beaucoup Rose, j’ai eu de la peine et l’annonce de ton existence nous a tous réconforté pas seulement pour les affaires mais aussi pour le sentiments… »
ll savait y faire pour attendrir les gens le joli cœur italien, lui avait un visage plus fin que Baptistin avec de longs cils noirs ourlés sur son regard de braise, des mains un peu rugueuses mais bien soignées pour un cultivateur.
-Il faut venir aussi visiter les serres et les vergers, à l’automne c’est moins beau mais tu verrais ça au printemps c’est une merveille, si tu viens je te ferais préparé un festin par la Mama tu ne voudras plus repartir !
En même pas 48h, la vie sociale de Manon s'était remplie plus vite que les dernières années à Lille, à chaque rencontre lui offrirait on un festin et de l'amitié ? Pas le berger en tous les cas, lui ne l'aimait pas !
Et voilà tout le monde est parti, la laissant seule dans la grande maison, la nuit ne va pas tarder à tomber et toujours pas de retour du berger qui doit le faire exprès de la laisser se débrouiller avec Baptistin et Giorgio, c’est de l’hostilité ça aussi !
Elle lâche les chiens en allumant la lumière du perron, histoire de voir un peu les environs, devant la maison quelques dalles puis du gravier mais tout autour l’herbe semble détrempée, ça et là il se forme quelques flaques dans lesquelles les chiens vont boire.
Aller à la fromagerie ce soir ne l’enchante guère, elle va déjà commencer par étendre le linge dans la remise puis elle irait préparer sa soupe et peut être quelques crêpes avec les œufs et le lait frais du jour.
En étendant le linge elle réalise que de l’autre côté du sellier, il y a une porte qu’elle n’avait pas remarqué, la porte est fermée elle ne sait pas sur quoi elle donne, elle verra bien plus tard.
En rentrant à la maison, elle voit que la même porte se trouve sur l’arrière de la cuisine dans un coin, quand on regarde à la fenêtre elle placée sur le pan de mur contiguë à la remise derrière la maison, curieux que le berger ne lui en ai pas parlé, elle lui demandera ce soir.
Pour l’instant, la priorité c’est d’arriver à joindre Félicien, qu’il lui confirme qu’il vient bien la chercher demain matin pour qu’elle puisse enfin fixer un rendez-vous à l’agent immobilier pour la Bastide et prendre un avion pour rentrer chez elle.
Messagerie : « Félicien rappelle-moi c’est urgent, tu dois me confirmer ton arrivée demain matin que je m’organise, je n’ai plus de nouvelle depuis que tu m’as laissé à la Bergerie hier, je ne trouve pas ça très correct, je compte impérativement sur un rappel ce soir ! Merci »
Et bien voilà ça continue, mine de rien, Félicien ne l’a même pas appelée pour s’assurer que tout allait bien pour elle depuis qu’il l’a laissé ici dans une maison inconnue, c’est formidable !
Elle sent sa colère monter il vaudrait mieux que le notaire ne tarde pas à la rappeler parce que le temps ne va rien arranger bien au contraire.
Avant qu’il ne fasse nuit noire, Manon décide de donner à manger aux chiens pour les lâcher ensuite, elle ira jeter un œil à la grange vérifier que tout va bien pour les bêtes avant de se mettre à la cuisine pendant qu’elle tentera une visioconférence avec Cindy
La pluie a encore fait tomber la température extérieure ou alors c’est l’humidité qui donne cette impression, elle frissonne et hâte le pas vers la grange,
elle a servi les 3 gamelles des chiens sous l’appentis libre, qu’ils se dégourdissent un peu les pattes et la rejoigne à la grange quand ils auront fini. Le petit contre elle dans son pull.
En un tour de grange, tout semble aller, elle se contente de vérifier que les bêtes ont à boire et ramasse quelques œufs dans le petit enclos des poules, ils ont bien fait de les rentrer, le poulailler est à la pluie et complètement détrempé.
Dans la grange il règne un douce chaleur à la forte odeur.
Pendant qu’elle ramasse les œufs, les chiens arrivent dans et semblent inspecter les enclos avant de se retourner vers elle prêts à la suivre.
La distance séparant la grange de la maison sont de + en + pénible, à plusieurs reprises elle manque de s’étaler parterre tant le sol est glissant et boueux, tout ça n’est pas très engageant, elle ne l’a pas envisagé un instant mais pourvu qu’il ne soit rien arrivé au berger !
-Camille Gatti, le berger, très proche de Rose qui devait le considérer comme son homme de confiance, qui me voit un peu comme une usurpatrice et me le fait sentir à chaque occasion.
-Tu vas pas te laisser impressionner par un vieux montagnard ?
-Ah mais il est pas vieux, il doit avoir nos âges mais il a l’aplombe d’un Hermite de la montagne, il me tape sur les nerfs mais j’ai besoin de lui, ;il connaît tout et s’occupe de tout, il y a des bêtes, des employés, il faut quelqu’un pour surveiller tout ça
-Ahahaha il a notre âge…il est comment ? Petit et boutonneux ?
-Pas du tout, c’est un grand costaud aux yeux vert, arrogant comme pas deux mais je dois le reconnaitre, très efficace !
-Et il vit là bas avec sa famille ?
-Non non il a pas de famille je crois et il a un espèce d’appartement au-dessus de la grange
-Voilà !
-Quoi voilà ?
-Il est parfait pour tourner la page Romain, indispensable, bien bâti et suffisament pénible pour que tu rentres à Lilles sans regret !
-Mais qu’est ce que tu racontes, on est à milles lieux d’une ambiance romanesque tu peux me croire, ici c’est pas « Les oiseaux se cachent pour mourir » c’est plutôt marche ou crève et il est tellement pas sympa !
Seule réconfort j’ai hérité de ce petit bout’d chou que j’ai nommé #DieterLeFlocon d’amour ! dit elle en posant sur le comptoir le chiot endormi.
-Ohhhhhh mais qu’est ce que c’est que cette petite merveille ?
- Cadeau du berger pour servir d’alarme intrusion parce que la première nuit j’ai oublié de fermer la porte de la maison
-Tu vois qu’il est gentil !
-Tu parles il a fait ça pour me faire comprendre que j’étais moins maligne qu’un chiot à peine sevré !
-C’est quoi comme genre de chien ?
Manon attrape la tablette et oriente la caméra sur l’empilement de gros chiens, déjà endormis : « un de ceux là je suppose »
Tiens je vais te faire visiter la maison, bon dehors c’est splendide mais là sous la pluie et de nuit, tu ne verras rien ! Viens je vais te montrer les trésors de la Tante Rose alors là tu vois le rez de chaussé avec cette belle table de ferme ,
cette cheminée dans laquelle on pourrait rentrer un demi tronc d’arbre et le salon, là on monte à l’étage vers les chambres et les salles de bains…
Elle était en train de redescendre par l’escalier en parlant avec Cindy et tout d’un coup cindy la quittant des yeux regarde elle en disant
-Bonsoir Monsieur Gatti, Manon me faisait visiter la maison, je vais vous laisser discuter, prenez soin de mon amie Manon,
c’est une gentille fille même si elle est s’efforce de la cacher, Bonne soirée ma cocotte !
Et là Manon s’aperçoit que Camille est rentré pendant qu’elle était à l’étage avec sa tablette et Cindy en visio et qu’il s’était installé à table et s’était servi un café.
-J’étais avec mon associée pour lui raconter cer derniers jours et préparer mon retour, j’étais en train de préparer une soupe, reprenant soon épluchage dans une grande marmite en fer blanc.
J’ai eu la surprise de voir arriver Giorgio et Baptistin que vous aviez appelés sans me prévenir, ils m’ont expliqué en gros le fonctionnement de leurs exploitations, j’ai la comptabilité de la scierie et le reste sera envoyé directement à mon notaire, j’ai…
-Ils étaient là ensemble ? Et ça s’est bien passé ?
-Si vous voulez dire par là qu’ils sont restées en vie, oui ça s’est bien passé mais j’ai bien vu qu’il n’étaient pas en meilleurs termes…
-C’est le moins qu’on puisse dire, ils ne se supportent pas et à la dernière fête de la St Jean ici, ils se sont battus, j’avais dit à Giorgio de venir demain
-Il m’a dit qu’il ne savait pas si la route serait encore praticable demain et que c’est pour ça qu’il a avancé sa venue.
Qu’est ce qu’il s’est passé entre eux ?
-Rien qui ne vous concerne et qui ne compromettra l’efficacité de leur travail respectif, ils en ont fait la promesse à Rose après la bagarre
-Rose n’est plus là…(Aimable était de retour ! )
-Oui mais toi tu es là et tout ce que Rose a bâti est là aussi, c’est à ça qu’il ont promis d’être loyaux, je ne pense pas qu’on puisse douter de leurs paroles.
-Est-ce qu’on doit aller à la fromagerie ?
-Je m’en suis occupé, ça va aller jusqu’à demain, j’ai fait une rigole d’évacuation pour mettre les ruches à l’abri, Girogio a livré des choses ?
-Ah oui, pendant que j’y pense il a livré des fleurs en disant qu’il fallait qu’on s’en occupe mais je ne sais pas ce qu’il faut en faire, vous savez vous ?
-Oui il faut les effeuiller et les sécher, c’est pour les fromages, je vais les chercher, il les a mis dans la remise ?
-A propos de la remise, c’est quoi cette porte là bas, elle mène a la remise, mais elle est fermée
-Oui c’est la porte pour l’hiver quand il neige et qu’il fait trop froid la clef est pendue près de la cheminée,
on ouvre la porte au première neige ou au plus tard au premier jour de l’hiver sinon on la referme .
-D’accord, j’aurais bien aimé le savoir avant de me tremper à chaque fois que j’y vais…
-Je n’y ai pas pensé, je ne l’utilise jamais, garde la clef sur toi car il faut refermer à chaque fois, Rose y tient…y tenait (sa voix se casse en prononçant ces dernier mots…il cache sa peine mais il est lui aussi en deuil, je dirais même lui surtout).
Je vais chercher les fleurs et te montrer comment faire, tu verras c’est facile, une idée de Rose qui a fait un carton dès qu’elle a testé ses fromages roulés dans des pétales de fleurs séchées.
En jetant un coup d’œil sur son téléphone elle voit le message de Cindy, lui disant: il est top Mr Gatti fonce et prends du bon temps !
N’importe quoi ! Elle n’a vraiment pas la tête à ça et toujours pas de réponse de Félicien !
Au besoin elle prendra la vielle Toyota de la tante et l’a laissera à la Bastide ou alors le berger descendra avec elle et remontera la voiture car il ne semble pas en avoir une à lui, elle ne voudrait pas le priver de moyen de transport...
même si jusqu’à présent il ne semble pas s’en servir.
Elle jette un coup d’œil sur sa soupe qui commence à prendre une bonne consistance, elle prend une jatte et prépare sa pâte à crêpe avec les œufs frais ramassés ce matin et ce soir et le lait trait du matin,
Le berger lui a rapporté de la fromagerie la comptabilité mais aussi un gros morceau de beurre à peine moulé, c’est bon elle a tout ce qu’il faut pour ses crêpes.
Pour son dernier repas à la bergerie c’est un petit festin qu’elle leur prépare.
Enfin à supposer qu’elle puisse rentrer, demain… son téléphone vibre, c’est un message de Félicien enfin !
« Excuse moi Manon mais je ne m’attendais pas l’autre soir en rentrant à Nice à la catastrophe qui nous est tombée dessus, il y a un énorme dégâts des eaux dans l’immeuble,
la moitié de l’étude a été transformée en piscine on a dû évacuer l’informatique, les dossiers, les pré archives, depuis mon retour je me débats pour trouver des solutions pour sauver l’étude, nos outils de travail et les dossiers, des entreprises tout en continuant à travailler,
Quand on va dehors le niveau d’eau continue de monter, le Var est sortie de son lit et la partie Ouest de Nice est en partie inondée, je crois que ça ne se présente pas mieux dans la vallée où tu es, je ne vais pas pouvoir monter te chercher, je suis trop pris ici.
En revanche je peux t’envoyer à mes frais un taxi pour te ramener à Nice. Dis mois c’est que tu en penses que je programme ça pour demain matin 10h en espérant que la circulation ne soit pas coupée, je suis désolé, je te demande encore pardon.
Quoi ? Mais c’est dingue, la situation à l’air catastrophique en bas !
Elle va lui répondre qu’elle va se débrouiller avec la voiture de la tante. Elle verra avec le berger comment procéder.
Bon et bien voilà un mystère de résolu au moins elle est fixée.
Camille revient avec deux cageots de fleurs : « il faut les effeuiller et les mettre à sécher près de la cheminée , ensuite on roulera des fromages frais dedans et on les laissera affiner tout est expliqué sur des fiches à la fromagerie.
Pour l’instant il faut séparer les pétales et les déshydrater.
On se lave bien les mains et on le fait c’est très facile.
Assis face à la cheminée, ils se mettent à la tâche en silence .
C’est vrai que c’est agréable, il y a quelques roses odorantes, les autres fleurs ne le sont pas mais la texture est douce.
-Est-ce que vous pourriez m’accompagner demain matin à Nice pour que je puisse rentrer, le notaire à un gros problème et il ne peut pas venir me chercher,
on descendrait avec la Toyota et vous pourriez repartir avec sinon je vais être obligée de la laisser à la Bastille et il n’y aurait plus de voiture ici.
-J’ai 1 voiture derrière la grange et puis il y a les quads et les chevaux…mais je t’accompagnerais demain à supposer qu’on puisse passer la piste et que les routes soient ouvertes pour descendre la vallée, ce dont je doute fortement surtout si ça continue à pleuvoir comme ça !
On verra bien
-Pourvu que vous vous trompiez parce que ça serait très embêtant, il faut qu’au plus tard je sois à mon cabinet lundi …
-Je comprends mais là c’est la nature qui décide …
-Je nous avais préparé un bon dîner pour mon dernier soir à la bergerie …j’avais prévu des crêpes en dessert ...
-J’adore les crêpes, Rose m’en faisait souvent…
Sa voix à nouveau se cassait à l’évocation de Rose, Manon avait peut être été injuste avec lui, il avait perdu plus qu’une patronne, une amie, comme une mère en fait …pourquoi Rose ne lui avait elle pas léguée le domaine ?
Pourquoi à elle et pas lui avec qui elle avait partagé tant de choses ?
Ils avaient fini les deux cageots de fleurs, restait à faire sécher les pétales près de la cheminée mais elle ne serait plus là pour voir ça.
Il était temps de servir ce dîner, une bonne soupe paysanne, le gigot qui avait cuit doucement longues heures, juste cuire quelques crêpes et les tenir au chaud.
-Je vais juste prendre une petite douche avant de passer à table, je baigne dans mon jus depuis ce matin et je n’ai pas ménagé ma peine…
- ok pendant ce temps je fignole un truc ou deux.
Elle avait eu le temps de faire un dizaine de crêpes
Il restait de la pâte pour ce soir ou mieux pour le petit déjeuner demain.
Elle essayait de s’occuper l’esprit pour éviter de penser au berger en train de se doucher de l’autre côté du mur, le pauvre a trimé toute la journée, il avait même veillé à lui épargner la fromagerie ce soir.
Elle ne pouvait s’empêcher de divaguer jusqu’à ce corps nu et musclé à quelques mètres d’elle…Vite, chasser ses images, vite…faire à manger au chiot, préparer sa valise, appeler quelqu’un et pas cette diablesse de Cindy qui lui avait mis des idées insensées dans la tête !
Rédiger un mail pour l’agent immobilier lui disant qu’elle ne pourrait sans doute pas le voir cette fois mais qu’elle ne comprenait pas pourquoi, ils n’avaient aucune touche pour la vente de la Bastide, est ce qu’il y aurait quelques choses à faire pour la rendre + attractive ?
Didi a ses pieds se trémousse il a sans envie d’aller dehors, elle l’accompagne sur le perron suivis des autres chiens, il pleut toujours c’est désespérant…que va t elle faire ce chiot ?
L’emmener avec elle ou le laisser à sa vie d’avant son arrivée, 24h et ce bébé chien la suit comme son ombre et la regarde avec dévotion…mais à Lille entre le cabinet et l’appartement qu’elle sera sa vie loin des grands espaces auxquels il est habitué ?
Sa mère disait toujours ne t’inquiète pas pour eux en parlant des animaux de compagnie, quand ils sont aimés leur univers c’est le m2 autour de toi et tu es le centre de leur univers…
Didi le flocon montagnard comment se passer de cette petite boule de poils qui ne la quittait pas ? Comment #Angus vivrait la présence du chiot ? Comment comment comment ?
Manon décide d’aller vérifier si le linge est sec, sinon elle a vu un étendoir dans un placard, elle pourrait finir de faire sécher le linge près du feu.
En fait malgré l’humidité ambiante il avait séché et restait à peine humide, le mettre près de la cheminée serait parfait pour pouvoir ranger les vêtements et serviettes lavés.

Autant rentrer et profiter du temps qui lui reste ici et elle verrait bien quelle décision prendre…
#9 #NouvelleDeLavent Elle était en train de mettre la table quand le berger est sorti de la salle de bain du rez de chaussé nimbé d’un nuage de vapeur.
-Laisse je vais le faire, les chiens ont mangé ?
-Oui quand je suis allée à la grange en fin de journée, voilà c’est prêt on peut passer à table, en se retournant elle voit qu’il n’a rien oublié sur la table il a même mis deux bougies…
- C’est pour le cas où l’électricité sauterait lui dit il en devançant sa question …
Ils dînent en silence, le berger lui fait quelques compliments sur sa cuisine, elle lui répond que normalement elle a guère le temps de cuisiner,
chacun évite précautionneusement les sujets qui les préoccupent, son départ et la succession.
Manon était à la fois impatiente de retrouver sa vie et triste de quitter cette montagne qu’elle découvrait…
-Je suis très inquiet de ce qu’il est en train de se passer, si la pluie continue à ce rythme il va y avoir de gros dégâts.
-Oui c’est ce que Félicien m’a dit, apparemment il y a des dégâts importants à Nice, la partie ouest est en partie sous l’eau.
-Non mais moi je te parle des terres qui vont glisser, des roches qui vont s’ébouler, les ponts qui vont s’effondrer sous la force des eaux et ce ce qu’elles vont charrier, je suis très inquiet, j’ai fait le nécessaire pour sécuriser les bâtiments du domaine,
Baptistin m’a dit que la scierie et les dépendances sont à l’abri, il pense que la plupart des arbres vont tenir le coup mais que le risque de glissement de terrain est grand là où l’enrochement n'est pas suffisamment solide ou les arbres ne sécurisent assez pas la terre.
J’ai appelé quelques amis dans la vallée, il y a des crevasses qui se forment un peu partout.
Grégoire le paysan le plus proche a pris contact pour me demander si j’avais vu quelques bêtes qui se sont perdues, sa ferme est sous un surplomb et il a peur que la montagne glisse
Je lui ai dit que je les mettrais à l'abri ici si je les trouvais mais je crains que ça soit déjà trop tard pour elles, il y aurait quelques chèvres et trois ânes, j'irais voir cet après midi si elles ne sont pas bloquées au fond d'un vallon.
Je ne devrais pas te parler de ça avant d’aller se coucher mais je dois te prévenir de la situation, je vais me coucher de bonne heure, demain il va y avoir encore beaucoup de boulot.
Tu devrais en faire autant et te préparer à renoncer à prendre la route demain si c’est trop dangereux….
Sur ces mots il se lève, l’aide à débarrasser la table, charger le lave vaisselle et prend congé pour la nuit.
Voilà, elle de nouveau seule avec les chiens , les grands qui roupillent pour rattraper toutes ses journées de travail harassant et le chiot toujours collé à elle.
Elle va se faire couler un bain dans la vaste baignoire de Rose en espérant que le berger lui aura laissé de l’eau chaude.
Elle attrape une bière et monte à l’étage plongée dans ses pensée hésitant entre excitation et morosité.
Elle redoutait que ce retour dans le sud ne lui rappelle les deuils si douloureux qu’elle essayait d’oublier, elle était loin de se douter qu’arrivée ici, elle n’aurait pas une minute pour penser à son chagrin et qu’elle serait entraînée vers un tourbillons de vie,
Bien plus que jamais à Lille quand elle travaille, ce qui est dingue !
Flotter dans une mousse merveilleusement odorante lui a fait du bien, elle est prête à dormir et elle verrait bien demain ce qu’il va se passer.
Dans ce grand pyjama, elle grimpe flanquée de #Didi dans le grand lit moelleux suivie de près par le chat toujours aussi imperturbable. Il a du trouver l'écuelle de reste que Manon avait préparé pour lui, le berger avait dit que c'était un grand chasseur qui mangeait ses proies
Elle se sentait glisser dans un sommeil qu'elle souhaitait réparateur avant son voyage de retour...
Sa nuit a été encore plus agitée que la précédente, elle a fait des cauchemars envisageant tous les scénarios catastrophes possibles s’agissant de son retour à Nice et du chiot.
Elle n’a pas encore ouvert les yeux mais elle sent son corps endolori, les gesticulations de l’autre nuit lui ont rappelé l’existence de muscles qu’elle avait oubliés, ses courbatures lui rendent chaque mouvement douloureux.
Un coup d’œil sur son téléphone lui révèle qu’il est temps de se réveiller et de se lever même s’il fait encore nuit noire…
Ça ne lui prendra pas longtemps pour réunir les quelques vêtements de son sac de voyage, elle va faire tourner ce matin une machine du linge d’ici qu’elle a utilisé et le faire sécher à l’intérieur. Le temps de partir tout sera sec et prêt.
Elle déclenchera en plus de leur programmation les deux robots aspirant lavant du rez de chaussé et celui de l’étage, une dernière douche chaude et ça sera bon.
Mais avant tout, à petits pas légers, elle descend avec le chiot et le chat pour ouvrir la porte à tout le monde.
Elle en profite pour recharger les poêles à bois et faire démarrer un feu dans la cheminée, elle sort les crêpes et le beurre du réfrigérateur et met la cafetière pleine d’un bon café sur le poêle, ces odeurs l’aident a continuer à s’éveiller …
Les chiens sont déjà derrière la porte, la pluie battante les a dissuadés de rester dehors.
Encore en pyjama, elle n’a pas envie de sortir sous l’appentis pour les sécher un peu, elle se contente de leurs sécher les pattes avec des torchons.
Elle prépare la gamelle du chiot avec un fond de soupe réchauffé, du pain rassis et quelques croquettes, pendant que ça gonfle elle remonte prendre sa douche et se changer.
Dans la mesure où elle part d’ici peu, elle n’a pas relancé ni le poêle de la chambre ni celui du couloir, elle allume le petit radiateur de la salle de bain pendant qu’elle prend sa douche.
Rapidement habillée, elle ramasse le linge à laver et décide de ne pas changer le lit pour deux nuits, a priori elle sera là seule à dormir dans ce lit, même si ça va prendre du temps avant qu’elle ne revienne.
Elle déclenche le robot aspirant lavant de l’étage et quitte l’étage avec le linge sale et son sac de voyage.
Le café est prêt, il lui reste à aller dans la remise, lancer cette petite machine en utilisant cette fois ci pour son plus grand plaisir la porte intérieure.
Elle résiste un peu à l’ouverture, on voit qu’elle n’a pas servie depuis de nombreux mois, mais quelle bonheur de ne pas avoir à se mouiller pour aller dans la remise, il y a tout de même un mystère qui entoure cette simple porte, il faudra qu’elle comprenne…
À son retour dans la maison, il fait déjà bien chaud, il reste plus qu’à préparer les crêpes et finir la pâte.
Elle programme la minuterie de son téléphone pour ne pas oublier d’aller chercher le linge propre et l’étendre devant la cheminée.
Elle en profite pour jeter un œil sur la météo, l’alerte rouge est toujours en cours, il est même recommandé d’annuler les déplacements inutiles et plus inquiétant , l’aéroport pourrait être momentanément fermé à causes de la tempête…
il est vrai qu’entre la proximité du bord de mer et celle de la rive du Var, la tempête désormais nommée Alex risque de le bloquer.
Décidément, les éléments se déchaînent de plus en plus et semblent lui indiquer qu’elle doit rester ici !
Elle va tout de même continuer à se préparer et elle verrait bien avec le berger tout à l’heure.
Elle fait mentalement la check list de ce qu’elle doit faire avant de partir pour ne rien oublier,
elle va programmer un message pour Baptistin pour le prévenir de venir récupérer la comptabilité de la scierie, il lui a agrafé sa carte sur la première page du classeur et lui rappeler d’envoyer la version numérique au notaire
Mais en y réfléchissant avant ça il vaudrait mieux qu’elle voit plutôt si les informations ne sont pas centralisées chez l’expert comptable de Rose qui pourrait tout transmettre directement aux notaires de la succession…
Une crêpe au sucre et au beurre après l’autre, le chiot nourri contre elle, le chat sur son fauteuil après avoir mangé quelques restes, les gros chiens endormis sur leurs couvertures, Manon se surprend à apprécier ce moment de paix.
Malgré la tasse de café elle sent le sommeil de nouveau l’envahir, le jour se lève et le berger sera là dans pas longtemps…
-Bonjour, tu peux remballer ton sac de voyage parce que ça m’étonnerait qu’avec ce qu’il tombe encore ce matin on puisse rejoindre la route,
- Vous avez eu des informations sur l’état des routes ?
-Non mais je vois bien, l’état du terrain et j’imagine bien ce que ça a pu donner sur la piste et sur la route …
- Alors qu’est ce qu’on fait ?
-Je m’occupe des bêtes et je viens te chercher, on va tout de même essayer, dit il en avalant une tasse de café et en engouffrant quelques crêpes
-Vous auriez le nom et les coordonnés de l’expert comptable de Rose que je le contacte ?
- Oui c’est Monsieur Reuvion, son numéro de téléphone est dans le répertoire de Rose sur son ordinateur de bureau, le code c’est CamilleManon lui dit il en rougissant
-Quoi ?
Qu’est ce que ça voulait dire ce mot de passe ridicule , pourquoi avait elle choisi leurs deux prénoms ?
Il était 7h30 elle avait le temps de regarder les coordonnés de ce Monsieur Reuvion et de jeter en œil sur les comptes de la tante Rose.
Mais à un moment elle devra prendre 1 décision pour le chiot, elle avait réfléchi, si elle l’emmenait aujourd’hui, il n’y aurait pas de retour possible sur sa décision, alors que s’il elle le laissait elle pourrait toujours le récupérer pour l’emmener mais ça lui serrait le cœur
En attendant, elle regarde les comptes de la tante et elle est édifiée par l’importance de ses revenus même une fois prélevées ses charges, c’est plus que confortable,
En attendant, elle regarde les comptes de la tante et elle est édifiée par l’importance de ses revenus même une fois prélevés ses charges, c’est plus que confortable !
Manon est loin de gagner aussi bien sa vie avec son cabinet et il faudra sans doutes plusieurs décennies avant d’atteindre ça et encore ….
Elle retourne sur le perron suivie des chiens, il pleut toujours autant, elle voit que tout autour l’herbe est détrempée et il s’est formé comme un ruisseau qui coule vers la piste totalement boueuse vue d’ici,
la situation s’aggrave et elle craint que son départ soit rendu impossible. Elle récupère le linge lavé et le rapporte dans le salon pour l’étendre près de la cheminée…
De nouveau installée dans le canapé, à côté de ce sac de voyage dont elle devine déjà qu’il faudra le défaire et le remonter à l’étage... Camille arrive, il a dû finir son travail à l’étable…
- Bon on va tenter de passer mais je doute qu’on y arrive, je ne sais même pas si la piste est praticable, elle est en train de se transformer en rivière de boue,
toute l’eau qui coule de la montagne est drainée vers le bas mais une grande partie converge vers la piste qui est la voie la plus simple pour s’évacuer. Je te préviens si jamais ça devient dangereux on fera demi tour.
-Évidemment, on ne va pas risquer nos vies inutilement !
Il disparaît dehors, pour aller chercher la voiture dans la remise, ça y est c'est le moment de partir...
Elle jette un dernier coup d’œil au salon, attrape son sac de voyage et croise le regard du chiot debout sur le bord du canapé, prêt à la suivre, sûr qu’il est que sa nouvelle maîtresse ne l’abandonnera pas…
elle détourne le regard, elle a le cœur déchiré de laisser le chiot, les larmes aux yeux elle s’engouffre dans le vieux 4x4 qui ronronne devant la bergerie…
-Vous devez me promettre de ne plus laisser les chiens dans la remise, soit dans la maison, soit au pire dans la grange avec vous et le petit…(elle sert les poings et les mâchoires pour retenir ses larmes)
Le petit…je...le petit...(elle n’arrive pas à terminer sa phrase tant elle a le cœur brisé)
-Oui, je promets, ça va être compliqué mais je promets et le petit restera avec moi, il t’attendra si tu changes d’avis.
#10 #NouvelleDeLavent Elle a le cœur lourd d'avoir laissé le chiot sur le canapé, ce petit corps chaud lui manquait déjà, ce sentiment était affreux. Elle essaie de fixer son attention sur autre chose.
Ils sont en route pour descendre à Nice. Elle sent que la lourde voiture patine sur la boue malgré la conduite attentive du berger, ils avancent tout doucement,
elle n'est pas rassurée et ils ne sont qu’au début de la piste on voit encore le haut de la bergerie dans le rétroviseur…
Camille a l’air de plus en plus nerveux, malgré ses efforts la voiture tangue, il peste mais continue à avancer. Petit à petit la voiture se met en travers
Puis brutalement au détour d'un virage, en travers de la piste devant eux une énorme coulée de boue infranchissable et qui ne semble pas contournable. Camille jure et sort du véhicule, il fouille dans le coffre et revient devant avec des planches et du grillage
il essaie de les poser sur la boue, revient dans la voiture et lui dit : « sors, je vais tenter de franchir la coulée de boue seul dans la voiture et tu me rejoindras si je passe.
Inquiète elle sort de la voiture et le regarde avancer sur le grillage et les planches centimètre par centimètre.
Au bout d’un moment il faut se résoudre à accepter que le franchissement s’il n’est impossible est très dangereux, la voiture glisse sur le côté,
elle voit les feux arrières de la voiture s’allumer, Camille renonce, ça doit être trop dangereux…
Une fois devant elle, il entame une manœuvre de demi-tour car elle pense bien qu’ils ne vont pas rentrer en marche arrière jusqu’à la bergerie, même ça semble difficile.
Elle n’imagine pas un instant qu’ils vont devoir abandonner la voiture ici et remonter la piste à pieds sous la pluie…et pourtant c’est ce qui a l’air de se profiler au vu des difficultés à manœuvrer.
Cette portion là de la piste est particulièrement boueuse et à peine suffisamment large pour faire demi tour, tout autour des roches dégoulinantes et quelques arbres…ils sont coincés ici sous ce déluge, elle n'aurait pas du insister !
Quelle catastrophe, elle sent déjà l’eau lui ruisseler dans le dos alors qu’elle n’est dehors que depuis quelques minutes. Pourvu qu’il arrive à retourner la voiture pour remonter au sec parce que non seulement elle ne pourra pas partir mais en plus elle va attraper la mort.
Dans sa poche son téléphone vibre sans arrêt mais elle n’ose pas le sortir sous un déluge pareil, qu’est ce que ça peut bien être ?
Au bout d’un temps infini, le berger a remis la voiture dans le bon sens pour remonter à la bergerie,
elle rentre dans la voiture totalement trempée et piteuse mais rassurée que ce soit la fin de la prise de risque, dans quelques minutes ils seront au sec devant la cheminée. Le visage de Camille est marqué par l’inquiétude apparemment on est pas au bout de nos peines…
Elle est tendue, elle a hâte de retrouver cette maison qu’elle voulait quitter à toutes forces ce matin.
Mètre par mètre, ils franchissent à rebours le chemin parcouru tout à l’heure et c’est avec un soupir d'aise qu’elle aperçoit de nouveau le haut de la bergerie, ils sont presque qu’arrivés, bientôt au chaud et en sécurité !
Avec soulagement, elle sort de la voiture pour ouvrir la double porte de la remise, ils sont presque rentrés, encore quelques secondes et elle sera dans le salon et pourra prendre dans ses bras, le chiot qu’elle n’aurait jamais dû abandonner.
Sans un mot, ils sortent tous les deux de la remise pour rentrer dans la maison.
Accueillis par les chiens frétillants et notamment le chiot, ils se retrouvent tous les deux sur le seuil de la porte dégoulinants et sidérés.
- Il faut qu’on se déshabille vite ici et qu’on prenne une douche pour se réchauffer avant de remettre des vêtements secs sinon on va attraper la mort …je me retourne, vas y et puis tu iras dans la salle de bain de Rose, moi j’utiliserai celle du bas.
Comme un automate, Manon enlève ses vêtements trempés, dans un sursaut de pudeur elle garde son tee-shirt et ses chaussettes et monte à l’étage suivie de près par le chiot tout à son bonheur d’avoir retrouvé sa maîtresse …
-Tu vois #Didi j’ai été punie de t’avoir laissé, c’est fini on ne se quitte plus tu restes avec moi quoiqu’il arrive !
Elle récupère frissonnante le petit tas de vêtements trempés au pied de la baignoire et enfile des vêtements secs et chaud…les derniers de son sac de voyage,
elle avait prévu des vêtements pour trois jours rien de plus, elle va fouiller dans les affaires de la tante, elle pourra certainement compléter avec un pantalon et des pulls, l’autre fois elle a vu pendu des vieux 501 usés.
Rose était moderne et n’avait pas échappé à la mode des années 80… des pulls, un blouson et avec ce qu’elle ait déjà ça devrait être suffisant pour le temps ou elle allait être bloquée ici.
En redescendant, elle se sentait lasse et fébrile.
Elle allait bien chauffer la maison, charger tous les poêles, ça n’était pas le moment d’attraper froid, elle avait suffisamment de problèmes comme ça.
En bas devant la cheminée le berger torse nu, une grande serviette enroulée autour des reins en train de parler au téléphone.
La voyant arriver alors qu'il n'est pas encore habillé, il saisit une veste sur la patère et l’enfile et continue sa conversation.
- Oui je comprends, on n'est coincés…non on a tout ce qu’il faut, tu connaissais Rose, il y a de quoi tenir 1 siège, je m’occupe de la fromagerie,
Ne t’inquiète pas Guitte, je vais me débrouiller avec vos fiches, tant qu’on a de l’électricité ça ira après on verra avec les groupes …oui merci, je te tiens au courant et si tu as d’autres infos appelle-moi, oui…je t’embrasse et fais attention à toi.
Gêné de sa quasi nudité il rajoute :
- je n’ai plus de vêtements secs ici je vais attendre que ceux là sèchent pour aller chez moi me changer ceux là sont boueux…
-Vous devriez laisser ici 2 pantalons et des pulls pour pouvoir vous changer aussi, j’ai plié le linge hier et je l’avais mis là, vous pouvez vous changer avec ce que j’ai lavé…
-Ah génial pas besoin d’attendre pour me rhabiller et avoir chaud,
il faut charger les poêles et la cheminée tu es transie de froid, je crois que tu as attrapé froid ce matin, je vais aller à la grange et la fromagerie vérifier avec les conseils que m'a donné Guitte et puis je reviendrais car j'ai une faim de loup
-Besoin d’aide ?
-Non, tu dois rester ici au chaud et ne pas tomber malade, je n’ai pas le temps pour m’occuper de toi en plus de tout le reste ! Tu es restée longtemps dehors sous la pluie, tu n’as pas l’habitude !
-On voit que tu ne connais pas le climat lillois !
- il y a une grosse différence entre rester en montagne sous une pluie glacée et drue et marcher en ville sous une parapluie pendant qu’il pleut, reste tranquille et demain on verra !
-Demain? Mais demain ça se sera peut être amélioré et les routes dégagées.
-J’en doute, j’ai eu un appel d’un copain d’enfance pompier qui m’a confirmé qu’ils redoutent d’énormes dégâts,
il y a d’énormes ravines un peu partout sur et sous les routes, ces pluies diluviennes ont déstabilisé le sol et ils risque d’y avoir d’important glissement de terrain qui emporteront sur leurs passages les routes et les ponts.
Il pense que la route près de la sortie de notre piste va s’effondrer sur un long tronçon. Même si la pluie s’arrêtait aujourd’hui l’eau a fragilisé le sous sol de telle manière que les conséquences vont être terribles. J'ai du boulot avant de déjeuner je reviens
Manon réalise alors qu'on est vendredi et qu'il faut qu'elle essaie de trouver du poisson, elle fonce dans la remise et farfouille dans les congélateurs pour trouver de quoi respecter le jour du poisson
C'est une tradition, la seule à laquelle elle se plie depuis toujours, c'est peut être idiot mais elle n'a pas envie de renoncer à ça aussi, elle finit par trouver un grand saumon, elle va le faire un peu décongeler sur le manteau de la cheminée et puis le cuire en papillote
Elle va l'accompagner de pomme de terre bouillie et d'un beurre citronné, voilà de quoi faire honneur au beurre de la fromagerie et au citrons de Giorgio !
De retour dans la maison elle contrôle le feu, et oublie sa lassitude pour préparer un bon déjeuner de quoi oublier les angoisses de ce matin, elle frissonne de nouveau, la chaleur du salon la réconforte.
Reste à plier et ranger le linge qu'elle avait etendu ce matin avant de partir et comme elle le pensait elle devrait vider remonter son sac de voyage dans la chambre parce qu'elle ne savait vraiment pas quand elle pourrait partir, elle ressent encore une fois ce sentiment mitigé,
Inquiète de ne pas povoir rentrer chez elle et reprendre sa vie et contente de rester dans cette parenthèse goûtant une vie tellement différente de la sienne.
Elle se ressert une tasse de café chaud histoire de combattre cette nonchalance qui l'envahit, il faudrait que le berger revienne, qu'ils passe à table la faim n'arrange rien !
Elle décide de reprendre les albums photos de Rose pour feuilleter ce passé dont elle ne connait pas grand chose mais les chiens l'avertissent du retour du berger, ils aboient à la morte de manière joyeuse, ça ne peut être que lui.
-Tout va bien à la fromagerie, j'ai rapporté du beurre on pourra en couper des morceaux pour le congélateur. J'ai faim, ça sent bon on peut passer à table, qu'est ce que tu as préparé ?
-Du poisson que j'ai trouvé dans le congélateur, on est vendredi, le vendredi dans ma famille on mange du poisson !
-Ah toi aussi tu fais du poisson le vendredi, Rose faisait ça aussi !
On était obligé de descendre au port acheter du poisson régulièrement en plus de celui que l'on achète à l'élevage de truite en contrebas, il y en a plein, depuis que Rose est parti, je n'y ai pas touché
Je vais mettre la table...
Contrairement à la veille au soir, durant le repas ils n’ont cessé de parler, comme si les intempéries les avaient délivrés de la tension du départ de Manon. Elle n’arrêtait pas de lui poser des questions et lui répondait à des questions qu’elles n’avait pas posées.
Jusqu’à ce qu’elle lui demande pourquoi la porte sur la remise semblait tabou.
- Rose râlait tous les jours depuis des années sur son mari car il avait construite la maison et la remise sans prévoir de communication directe entre les deux.
Elle ne cessait de dire que si c’était une femme qui avait conçu la maison, qu’il aurait été prévu que l’on puisse se rendre de la maison à la remise sans devoir sortir.
Au bout d’une dizaine d’années et de guère lasse, son mari s’est décidé à creuser une porte, s’agissant de modifier un mur porteur il a demandé à un ami qui architecte de l’aider à percer cette porte.
Avec ses préconisations, il a embauché deux ouvrir pour l’aider à réaliser cette porte mais un matin alors qu'elle était fini, il a été retrouvé de l’autre côté de la porte achevée mort d’un crise cardiaque.
En préparant ses funérailles, Rose a trouvé la clef sur une longue chaîne en or blanc dans une boite cadeau. La construction de la porte n’est pas en cause, il aurait pu mourir de cette même crise cardiaque dans son lit .
Mais Rose a mis des années à se décider à utiliser la porte en disant finalement : « qu’il ne soit pas mort pour rien » mais pour autant elle ne l’utilisait qu’avec parcimonie et en cas de nécessité.
De même tout ce qu’a construit Louis est devenu sacré et figé dans le temps nul n’était autorisé à y toucher.
Voilà l’histoire de la porte, à toi de briser ce tabou, c’était trop dur pour Rose, elle éprouvait de la culpabilité d’avoir tant insiste pour cette porte refusant de comprendre que même sans la porte il serait mort tout de même.
Encore un mystère de résolu, cette clef suspendu à sa chaîne sur le manteau de la cheminée est le symbole du chagrin de Rose à la perte de son mari,
de ses remords mais peut être que lui aussi dans ses dernières pensées s’en est il voulu de n’avoir pas fait ce plaisir à sa femme avant et qu’il ait profité plus tôt de la voir heureuse de pouvoir aller directement à la remise de la maison,
il fallait briser cette triste boucle et rendre à cette porte un usage normal.

Elle avait préparé des îles flottantes pendant que le poisson décongelait pour clore ce repas, ce déjeuner les avait réconfortés des angoisses de la matinée.
Camille était déjà en train de débarrasser la table en lui conseillant de s’allonger au chaud ici face à la cheminée sous une montagne de couvertures.
Je prends les chiens avec moi, je te laisse le chiot, tiens je lui ai préparé sa gamelle et il n’en a pas laissé une miette,
je le mets dehors le temps qu’il fasse ses besoins et je le fais rentrer… tu es toute rouge, je suis sûr que tu as de la fièvre, tu ne dois pas tomber malade on est isolé sans médecin. Tiens je t’ai sorti du Doliprane pour ta fièvre.
- vous oubliez que JE suis médecin…
- Ah oui c’est vrai !
Elle se sentait effectivement fébrile et engourdie, elle allait se reposer comme il lui avait recommandé, elle se sentait sans force et sans volonté.
#10 #NouvelleDeLavent

A pleine allongée sur le canapé elle sent le chiot se blottir dans ses bras, qu’on la couvre tandis qu’elle s’enfonce dans un univers peuplé de chiens, de porte et de ravins.
Sachant Manon au chaud et en sécurité, Camille s’élance avec les chiens en direction de la grange, il porte sa lampe frontale parce que la pluie s’est de nouveau tellement accrue qu’il est impossible de voir la grange d’ici.
Il a tellement de fois parcouru le chemin entre les deux bâtiments qu’il pourrait presqu’y aller les yeux fermés mais là le sol est détrempé et la difficulté n’est pas de ne rien voir ou presque mais ce sol qui se dérobe sous ses pas en avançant.
Au retour, il reviendra en quad les larges pneus devrait lui permettre de rentrer plus facilement.
A la grange il voit que les bêtes sont inquiètes, notamment les deux chevaux qu’il a récupéré près d’un bosquet…il va les rassurer espérant que le calme des uns se répandra sur la nervosité des autres,
ils ne peut absolument pas se permettre que la panique gagne le troupeau et notamment pas ni le bouc ni le taureau.
Il enfile une combinaison de travail et commence à nettoyer le sol, d’enclos en enclos. brouette après brouette le tas de fumier sous le auvent derrière la grange s’amoncelle il n’y aura bientôt plus de place,
il ne faut pas que le fumier soit sous la pluie sinon des eaux nauséabondes vont se répandre un peu partout et notamment vers la bergerie.
Quand la tempête sera finie, il bâtira une sorte de cuve en plein air et sous abri pour le fumier, ça fait des années qu’il y pense mais ne prend jamais le temps de le faire, il se promet de le faire sans délai.
Toujours pensif, il monte à l’échelle pour atteindre les bottes de foin et les faire basculer sur le sol, il faudrait aussi agrandir la grange les différents enclos sont trop proches les uns des autres et le stock de foin est trop exiguë,
il ne manque pas grand chose mais 50 m2 seraient certainement suffisant, il a tout le bois dont il a besoin et s’il fallait compléter, il demanderait à Baptistin de le prendre sur ses dotations annuelles de l’année suivante,
s’il se faisait aider il en aurait pour un jour ou deux, peut être trois pour faire le tout, la cuve en béton ne pourrait toutefois pas être coulée avant le printemps, faire ça l’hiver serait le gage d’un mauvais béton,
ça pourrait attendre, dans un premier temps d’abord construire un abris, un toit sur des piliers et au printemps créer la cuve avec une barbacane d’évacuation du purin vers une petite cuve secondaire le tout sous l’abri…
un violent coup de tonnerre interrompt ses pensées, il sent la structure de la grange vibrer sous cette explosion !
Chaque bâtiment est muni d’un paratonnerre les protégeant mais tant que la pluie tourne à l’orage il ne peut pas sortir de la protection électrique des paratonnerres,
déjà ce matin il était inquiet à l’idée que la voiture attire la foudre même si en principe les pneus isolent la voiture du sol, tout le monde le sait il ne faut pas sortir durant un orage,
il lui faudrait attendre la fin de l’orage avant de parcourir en quad ou à pied les presque 500 mètres qui séparent la grange de la bergerie et lui qui s’était dépêché car il voulait rejoindre Manon et s’assurer qu’elle n’était pas malade.
Il continue à étaler les bottes de foin sur le sol de chaque enclos, complète en remplissant les mangeoires et les abreuvoirs, il ramasse les quelques œufs pondus et monte par l’escalier vers son appartement.
Rose lui reprochait souvent l’ambiance monacale de son petit logement, elle lui avait proposé de bâtir un logement à séparé pour ne plus être au dessus de la grange
mais lui préférait cette proximité qui lui permettait dans la période des naissances d’être à une proximité des bêtes, c’était un parti pris, celui d’un berger. Rose disait qu’avec les moyens modernes, il avait la possibilité d’être connecté à la grange sans être si près…
Il préparait quelques vêtements chauds à laisser à la bergerie comme lui avait suggéré Manon, d’ici il voyait le grand bâtiment’ si proche si loin, il fallait attendre que l’orage se déplace, même pour quelques minutes,
il prend son petit paquetage et le sangle sur un des quads en bas avec les œufs, tout est prêt, il n’y avait plus qu’à attendre une accalmie.
Le seul avantage de ce déluge, c’est que la foudre ne risquait pas de déclencher un incendie enfin disons que ça réduisait considérablement le risque…
Le spectacle du ciel zébrés d’éclairs était grandiose.
Il s’était installé à l’abri sur deux bottes de foin pour guetter l’éloignement de l’orage, il était presque 16h et pourtant il faisait presque nuit,
le ciel était noir, les éclairs avaient disparus il était temps de se mettre en route pour la bergerie, la pluie était même plus fine, elle s’arrêterait peut être, ce qui allait se passer cette nuit serait décisif sur les conséquences de cette tempête !
Juché sur un quad et suivis par les chiens, il franchit la distance entre les deux bâtiments en quelques secondes, là où tout à l’heure il a tant peiné à marcher, il rentre dans la remise et se gare à côté de la voiture, en profite pour sortir prendre un morceau de pain congelé,
les chiens l’interrogent du regard ils hésitent à le suivre ou rentrer dans leurs niches…il les siffle et ils se précipitent derrière lui pour rentrer dans la maison.
Pourvu que ça soit un simple refroidissement et rien de plus grave parce que même si elle était médecin, fiévreuse et malade dans la montagne loin d’une pharmacie elle ne pouvait pas faire grande chose pour se soigner elle même,
si son associée appelait il pourrait peut être lui demander des conseils mais avait elle seulement le numéro de la bergerie ?
#11 #NouvelleDeLavent
Il allait dormir ici, il utiliserait une des chambres, il avait déjà dormi ici à plusieurs reprises, ça serait peut-être l’occasion d’utiliser un des gadgets que Rose avait fait installer dans la bergerie,
pour surveiller les enclos à distance sur son téléphone ou la tablette, il fallait la charger depuis son décès personne ne le avait utilisé elle devait être dans le tiroir du bureau avec son câble de chargement…
Il y avait tant de chose qui s’étaient arrêtées depuis le décès de Rose, tout était allée si vite, elle avait été renversée par une voiture en traversant la rue juste devant le marché couvert de Vintimille où elle allait régulièrement depuis des décennies,
un instant d’inattention, le conducteur n’avait pas vu Rose traverser et avait freiné trop tard évacuée vers l’hôpital le plus proche, elle n’avait jamais repris connaissance.
Il l’avait cherché pendant plusieurs jours car elle ne rentrait pas, il ignorait tout de ce qu’il s’était passé et c’est la police française qui l’avait contacté pour lui annoncer la terrible nouvelle.
Les choses s’étaient ensuite enchaînées comme dans un tunnel jusqu’à aujourd’hui où au milieu d’une tempête il se retrouvait à s’occuper de la nièce de Rose, il n’avait même pas eu le courage de tenter de la contacter pour les obsèques.
Deux heures s’étaient écoulées depuis qu’il avait aidé Manon à se coucher, en s’approchant d’elle, il sentait encore cette chaleur qui émanait d’elle, la fièvre n’avait pas baissé bien au contraire, le visage rougie trahissait l’état de la jeune femme.
Camille décide de lui passer un gant froid sur le front et la nuque pour la rafraîchir, il lui prépare aussi un comprimé effervescent pour faire baisser la température.
C’est vraiment le pire moment qui soit pour tomber malade, il n’aurait pas dû la faire sortir de la voiture ce matin, ce n’est pas son poids qui aurait empêché de franchir la boue et c’est là qu’elle était tombée malade, il s’en voulait.
Elle avait avalé le breuvage frais sans vraiment se réveiller, dans un état second mais sans difficulté, elle respirait et déglutissait calmement.
Camille descendait l’étage avec le chiot dans les bras, c’était l’heure de la gamelle pour tout le monde, puis il sortirait avec les chiens avant d’aller lui aussi se coucher, il n’avait pas faim il prendrait juste un morceau de pain et de fromage pour la forme,
sinon il y avait largement de quoi manger pendant plusieurs jours avec les restes dans le réfrigérateur mais il n’avait pas le cœur ce soir.
Demain il ferait jour et il espérait que tout irait mieux, en remontant il avait déposé le chiot sur le lit qui aussitôt s'est faufilé sous la couette dans les bras de sa maîtresse, au pied du lit toujours impassible le chat en boule.
Aussitôt allongé dans le lit de la chambre voisine qu’il avait déjà utilisée, il s’endort malgré son inquiétude pour Manon.
Le jour s’était levé, première fois depuis longtemps que Camille l’avait laissé se lever avant lui, il s’était réveillé vers minuit pour aller contrôler l’état de Manon dans sa chambre, l’avait fait boire un verre d’eau fraiche, de ce qu’il pouvait en voir sa fièvre était tombée.
Toute la nuit l’orage avait tonné, il tournait au-dessus de la montagne sans vraiment faiblir, Camille entendait la pluie tomber toujours aussi fort
Un coup d’œil à la grange par la tablette de Rose montrait que tout était calme là-bas, il pouvait prendre son temps.
En regardant les infos locales, il apprend que la nuit a été chaude pour les services d’urgences.
Ils allaient certainement avoir des surprise, sur son site de météo un message d’alerte disant que la circulation routière était interrompue sur toutes les vallées alentour,
des eaux torrentielles ayant emportées une partie des routes et des ponts. Les jours à venir allait s’avérer bien compliqués et quand est ce que cette pluie allait cesser ?
Sur ces sombres pensées Camille se lève et s’habille, il va voir Manon et la trouve paisiblement endormie,
une main sur son front lui permet de réaliser qu’elle n’a vraiment plus de fièvre elle dort paisiblement et il entend sa respiration profonde et lente, sans un bruit.
ll se retire avec le chiot qui doit sortir en même temps que les autres, et décide de prendre son petit déjeuner chez lui, avant de quitter la maison il lui rapporte la petite bête après l’avoir grossièrement essuyée avec un torchon puis s’élance vars la grange.
Dans son sommeil Manon a perçu du mouvement autour d’elle mais elle se sent si faible qu’elle continue à dormir.

Camille a hâte que les bêtes puissent être relâchées de leurs enclos, qu’il soit libéré de cette tâche répétitive du nettoyage des enclos aussi tôt dans la saison,
d’habitude c’est réservé aux périodes d’enneigement de de naissances. La traite et l’acheminement des laits jusqu’à la fromagerie et sa journée de travail serait accomplie.
Intérieurement il souhaitait qu’elle aille mieux bien sûre mais qu’elle reste tranquille aussi, de toutes façons, si la vallée était si bloquée qu’annoncée, le départ ne serait pas pour tout de suite.
Il pose les trayeuses sur les vaches, il s’occupe des chèvres et des brebis il en a au moins pour deux heures…

Il faut qu’il se renseigne un peu plus sur la situation, ils ne peuvent pas continuer à se contenter de ce qu’ils glanent sur internet,
il a suffisamment de contacts un peu partout, il devrait avoir accès à plus de précisions.
Il va commencer par son copain pompier puis il téléphonera à la mairie mais non, on est samedi il n’y aura personne d’ici lundi.
Et faire confiance au personnel du domaine, d’ailleurs il lui fallait prendre des nouvelles de Baptistin au milieu des bois sa situation était encore plus périlleuse, Guitte aussi, elle habitait une maison de village dans la vallée,
Giorgio dont les serres pouvait avoir subi des dégâts et puis quand même Grégoire qui même s’il ne l’appréciait pas vraiment. Ça reste un voisin, compagnon d’infortune au milieu de cette tempête.
D’ailleurs quand il aura fini de s’occuper de ses bêtes il partira à la recherche de celles de Grégoire égarées dans la montagne.
- Allo Julien, je ne te dérange pas trop ?
-Non ça va, je suis en pause, je comptais justement d’appeler pour que tu nous dises comment ça se passe dans ton coin !
-Alors à la bergerie, la grange et la fromagerie même ça va, aucun dégât apparent mais la piste pour descendre et rejoindre la route, là il y a eu une coulée de boue et les roches autour sur les parois sont déstabilisées.
Je n’ai pas pu franchir la boue hier matin même en 4x4 même avec des planches et du grillage, pas moyen je glissais en travers, j’ai eu du mal à faire demi tour pour remonter à la bergerie,
la coulée de boue venait de l’ouest et avec la journée et la nuit de pluie ça n’a pas dû s’arranger, ça a dû continuer voir s’amplifier si tu m’envoies un de vos plans je matérialise la coulée tu pourras identifier son origine et sa trajectoire.
Donc nous on est isolés pour l’instant mais on a de l’eau, de l’électricité, internet et du réseau, donc c’est vivable.
Je vais joindre tout le monde autour et je t’enverrais un message pour te faire un topo sur notre coin.
La petite est malade mais ça a l’air de passer,
- Ahhh les filles de la ville ce n’est pas solides comme les montagnardes ! Tu crois qu’il faut qu’on t’envoie une équipe ou tu te débrouilles ?
-Écoute, elle est médecin donc avec la pharmacie de Rose et quelques trucs de grand-mère ça devrait aller. Et plus bas comment ça va ?
-Et bien c’est simple, une partie de la route a été emportée dans le lit de la rivière un pont aussi complètement et un autre partiellement, la plupart des villages au-dessus de Breil sont coupés du monde,
Sospel ça va, quelques éboulements mais rien de trop grave, après le long des berges plusieurs maisons évacuées se sont effondrées, de l’autre côté de Nice c’est pareil, 2 des nôtres sont portés disparus, un véhicule a été emporté par les eaux du Var en furie.
Il va y avoir des morts, il y a des blessés, des gens qui ont tout perdu, c’est une catastrophe, je suis content que pour toi ça aille, j’attends ton message avec impatience,
je vais te trouver une carte détaillée pour que tu puisses matérialiser les point de tensions ça nous aiderait bien, on attend un drone qui devrait nous fournir aussi des images de la vallée.
Fais attention à toi, tant qu’il pleut évite de sortir et fais gaffe aux glissements de terrains c’est traitre et ça ne prévient pas.
- Ok, merci

Cette tempête que les anciens avaient prévue quelques jours plus tôt, avait été dévastatrice et on avait pas fini de le constater.
Installé sur les deux mêmes bottes de foin, il allait appeler tout le monde et faire un compte rendu aux pompiers.

-Allo ? Baptistin c’est Camille, comment ça va ?
- Ahhh et bien j’ai bien cru qu’on allait perdre beaucoup d’arbres en bordure de la clairière et notamment sur la scierie mais tu vois le pépé m’avait dit le mois dernier, tu devrais dégager la végétation autour des bâtiments,
ce que j’ai fait et bien m’en a pris car les seuls arbres qui sont tombés sont ceux de la lisière heureusement loin des bâtiments.
On a de l’électricité, de l’eau, internet mais je ne sais pas si je peux descendre dans la vallée.
-Non, je ne crois pas, la piste est coupée par de la boue et il y a risque d’éboulements et des morceaux de la route ont été emportés, un pont… bref il ne faut pas bouger et faire très attention aux éboulements, toi dans le bois ça devrait aller mais ne t’éloigne pas,
tu as du ravito ? Sinon viens nous rejoindre, on a ce qu’il faut ici et il y a de place…
-Pour l’instant ça va, j’ai ce qu’il faut et le pépé est descendu au village lundi, je l’ai eu au téléphone ce matin, il va bien et il a vu Guitte ça va aussi.
-Bon tu sais quoi faire et si tu as besoin, tu nous rejoins… Julien va me faire passer une carte détaillée pour que je lui indique les zones bloquées ou dangereuses, je t’en transfert aussi la copie comme ça tu peux aussi la compléter et nous informer pour ton coin
- Très bonne idée et je préconise qu’on s’appelle matin et fin de journée pour faire le point et s’assurer que l’autre va bien, ça te va ?
- D’accord et si pas de nouvelles après quelques heures on déclenche des recherches, soit prudent,
moi je vais juste faire un tour pas loin voir si je ne trouve pas des bêtes de Grégoire qui se sont égarées, d’ailleurs je vais l’appeler en raccrochant car le surplomb du cri au-dessus de sa ferme m’inquiète. A ce soir.
Comme prévu, la scierie s’en tirait bien, c’était une bonne chose de plus mais pour autant il se devait de lui offrir l’hospitalité même si l’idée d’inviter à la bergerie le Don Juan de la vallée ne le réjouissait pas trop,
il s’entendait bien avec Baptistin mais il séduisait tous les jupons qui passaient sans même le vouloir, il est vrai que le bucheron était séduisant,
ils n’avaient jamais été en concurrence directe mais il avait constaté les drames que ça avait provoqué avec d’autres, Giorgio le maraîcher italien, Bertrand le veto, Andrea le garagiste …
la liste des infortunés est longue même si la plupart du temps il ne se passait rien, juste du flirt.
-Grégoire, c’est Camille, j’espère que tout va bien et que le surplomb a tenu bon, Julien des pompiers m’a dit que la route d’accès à nos exploitations avait été emportée à plusieurs endroits, on est bloqués chez nous, ici ça va aucun dégât apparent,
j’espère que c’est pareil pour toi, je suis un peu inquiet pour toi et ta famille, si tu as besoin d’un abri, n’hésite pas viens ici. On doit se tenir les coudes, fais attention à toi et les tiens il y a des risques d’éboulements, c’est dangereux.
Cet après-midi je ferais un tour pour voir si je ne trouve pas tes bêtes perdues je te tiens au courant, rappelle et dis-moi comment ça va !
Grégoire n’avait pas décroché, espérons que ça soit pas parce que la montagne lui est tombée sur la tête ! Ce surplomb au-dessus de la ferme c’est un problème, je ne comprends pas pourquoi la ferme a été construite en dessous…

-Guitte ? Oui c’est Camille comment tu vas ?
-Ça va et toi ?
-Nous ça va, on est bloqués ici mais tout va bien, Baptistin m’a dit que le pépé l’avait rassuré sur ton sort.
-Ah oui il s’inquiète de moi maintenant ?
-Au ton de Guitte, Camille comprends qu’elle a été victime du charme de Baptistin elle aussi…décidément il fallait qu’il se case de toute urgence et de préférence pas avec… Manon…
Mais pourquoi cette idée saugrenue ?
-Bon les pompiers ont confirmé que la route est coupée, reste chez toi et ne cherche pas à venir, c’est dangereux ! Prends soin de toi !
-Tu préfères rester seul avec la nièce ?
-A bientôt.
Mais qu’est-ce que c’est que cette remarque déplacée, qu’est-ce qu’elle veut dire par là et en quoi ça la regarde ?

Qu’est qui lui prenait ? Elle était jalouse ? Mais jalouse de quoi ?
#13 #NouvellesDeLavent

Il lui restait à acheminer le lait frais jusqu’aux cuves de la fromagerie, en gardant un bidon pour la maison et aller faire un tour pour voir s’il y avait moyen de dénicher les bêtes manquantes de Grégoire.
Ensuite il aurait fini pour ce qui concerne son travail de berger…
Par acquis de conscience et pouvoir s’adonner à sa recherche sans arrière-pensée, il fait une halte à la bergerie et s’assure que Manon va bien.
De retour dans la chambre de Manon il constate qu’au visage rougi de fièvre a succédé un visage à la couleur redevenue normale toutefois sa respiration semble ronfler, il doit la relever sur ses oreillers et la réveiller pour s’assurer qu’elle respire sans effort…
Manon ouvre les yeux mais semble épuisée, il l’a fait boire le verre d’eau fraîche qu’il lui a préparé avec un bol de thé au miel et une tartine …
-Merci mais je n’ai pas faim, je vais boire un peu de thé chaud, j’ai la gorge douloureuse. Quelle heure est-il ?
-Il est presque midi, tu as dormi, cette nuit tu as eu beaucoup de fièvre, j’ai dû te réveiller plusieurs fois, je t’ai mise en pyjama et j’ai mis une grande serviette éponge de bain sur ton drap et je l’ai changé à minuit car tu l’avais trempée,
avec la fièvre tu as rendu toute l’eau qui t’es tombée dessus sur la piste !

Je voulais aller patrouiller dans la montagne à la recherche de bêtes égarées mais vu l’heure je ferais ça cet après-midi, je vais te préparer un repas léger …tu préfères froid ou chaud ?
Laisse la tartine mais il faut que tu manges pour reprendre des forces !
-J’ai pas trop faim, mais plutôt froid ça passera mieux.
-Je te laisse, j’emporte le chien pour le faire manger et le sortir je reviens d’ici une demi-heure avec ton plateau repas, tu veux que je t’allume la télévision ?
- J’ai pas trop la force de fixer mon attention mais pourquoi pas, donnez-moi la télécommande je l’éteindrais si ça me fatigue …je n’avais même pas remarqué qu’il y avait une télé !
-C’est un des derniers achats de Rose, il a une fonction spéciale, tu prends une photo du mur à côté et tu l’envoies à la télé, elle reproduit la photo pour imiter le mur donc si tu ne regardes pas de prêt tu ne vois pas la télévision.
Rose s’était faite une très grosse entorse six mois avant de mourir et elle avait été obligée de garder le lit pendant 3 semaines, pour la motiver à rester dans sa chambre avec Baptistin on l’avait convaincu d’installer une télé ici,
elle avait accepté à condition que ça ne soit pas trop moche, alors on avait trouvé ça ! Rose était très gadget, elle était moderne malgré son âge, c’est pourquoi la production de granulés de bois l’intéressait.
Elle avait aussi pour projet d’équiper la bergerie, la grange et la fromagerie en domotique, c’était très audacieux. Tiens voilà la télécommande de la box, elle suffit pour tout.
Allez, je descends, à tout à l’heure Manon
-Merci, Camille, merci pour tout.
Il était déjà dans l’escalier avec l’adorable #Didi. Elle voulait appeler Cindy mais elle n’avait pas le courage, c’est comme si ne serait-ce que garder les paupières ouvertes était le seul effort qu’elle arrivait à faire,
elle se décide quand même à mettre la chaîne météo pour avoir des informations sur la situation.
Elle est tellement fatiguée qu’elle n’arrive pas à comprendre et relier les éléments entre eux, le préfet décrit une situation cataclysmique, mais tout ça lui semble irréel,
elle n’arrive même pas à se rappeler quel jour on est mais elle comprend tout de même qu’elle n’est pas prête de pouvoir rentrer à Lille, il a l’air de dire que les vallées sont bloquées, les routes coupées, Manon bascule sur une autre chaîne de documentaires c’est parfait.
Elle se sent sombrer à nouveau dans les limbes…
En bas, Camille s’active, il a épluché des pommes de terres et des carottes du potager pour les cuire et les servir avec le saumon froid et une mayonnaise qu’il va préparer, lui aussi a branché la télévision et il écoute avec attention les informations de météo.
Le chiot et les autres sont sortis, ils sont tous certainement derrière la porte pressés de revenir somnoler au chaud.

Toujours pas de rappel de Grégoire, pourvu que ça n’annonce pas une tragédie.
45 minutes après, tout est prêt pour le déjeuner et Camille décide de mettre aussi son assiette sur le plateau pour manger là-haut avec Manon afin de surveiller qu’elle prend son repas sans tout refiler au chiot et au chat…
Ils mangent tous les deux dans la chambre de Manon, lui énumère ce qu’il a fait ce matin et ce qu’il a l’intention de faire, en lui précisant tout de même qu’il ne la laisse pas trop longtemps toute seule, que tant qu’elle est malade, il reste dormir à la Bergerie.
Elle a presque fini la petite assiette qu’il lui a préparé et il lui propose une grappe de raisins de Giorgio : c’est bon le raisin, c’est frais et tu manges ce que tu veux grain à grain, il est bien sucré, ça va te faire du bien.
-Peut-être, mais pas beaucoup alors…Il est bon, rien n’a de gout alors c’est difficile d’apprécier quoi que ce soit mais je vous remercie de prendre aussi bien soin de moi alors que vous avez déjà beaucoup de travail avec la bergerie !
On n’est pas parti d’un bon pied vous et moi, c’est bête.
Tout va bien sinon à la grange et à la fromagerie ?
J’ai écouté les infos, je n’ai pas tout compris seulement que je ne risque pas de pouvoir rentrer pour lundi, est ce que vous pouvez me rapporter ma tablette s’il vous plait, je vais prévenir Cindy et Fanny que je suis coincée ici pour au moins une semaine…
-Tu peux même compter plus parce que la route a été emportée donc il va falloir attendre que les sols se soient stabilisés pour permettre aux engins de chantier de passer pour évacuer les gravats et reconstruire la route, en attendant on est bloqués ici
-Qu’est-ce que vous voulez dire par là , plus d’une semaine, plusieurs semaines, un mois ?
-On sera content si ça n’est pas plusieurs mois…
-Quoi ???? Mais c’est une catastrophe !
- Oui mais surtout pour les gens qui sont morts ou pour ceux qui ont tout perdus….
- Oui je sais mais égoïstement je pense à moi, à mon cabinet, mon chat
-Il faut que j’appelle Cindy de toute urgence, que je la prévienne, on va chercher un remplaçant car elle ne va jamais tenir le coup un mois toute seule !
Ma tablette, je l’ai laissée en bas près du canapé je crois, ça sera mieux pour passer une annonce et chercher tous mes contacts pour trouver des remplaçants, quel soucis !
Tablette en main, elle a repris contenance, elle doit organiser son absence pour le cabinet mais aussi pour l’appartement !
-Cindy ?
-Ahhh enfin, je commençais à m’inquiéter, entre les infos et ton silence !
-Excuse-moi mais dans ma vaine tentative pour quitter la montagne et rejoindre Nice, j’ai attrapé la mort, ça fait 24h que je dors j’ai eu une forte fièvre, Camille s’est occupé de moi…
-Ahh tu l’appelles par son prénom maintenant, il y a du progrès ! Ça avance notre petite histoire ? Si j’ai bien compris tu ne seras pas au cabinet lundi ?
-Arrête avec tes bêtises, tu as bien compris aucune chance que je sois à Lille lundi ni même les quelques lundis qui vont suivre !
-Quoi ?
-La moitié de la montagne s’est éboulée, les routes ont été emportées, les trois vallées autour de Nice sont coupées du monde et comme je suis chanceuse, apparemment c’est la nôtre la plus touchée, ça va prendre des semaines pour dégager les gravats et reconstruire la route.
Je suis bloquée ici pour un bout de temps, sans doute un mois ou deux !
-Quoi, mais c’est dingue !
-Il faut chercher tout de suite un remplaçant pour t’aider avec le cabinet pendant mon absence et aller vérifier chez moi le courrier pour suivre ce que j’ai à faire ou à payer,
tu as la clef si ça n’est pas déjà fait prends #Angus chez tes parents et remets l’alarme.
Je n’ai pas le choix, il faut que je suive mon courrier à distance avec toi.
La plupart des règlements se font pas prélèvements aussi bien pour le cabinet que pour l’appartement donc ça devrait aller, tu penses bien que je ne peux pas recevoir de courrier ici, et je m’estime heureuse d’avoir internet et de l’électricité, j’espère que ça va durer.
Il pleut encore alors tout est possible…
Je sais que c’est lourdingue mais je peux compter sur toi ?
D’ailleurs si tu le souhaite, installe toi à l’appartement comme ça tu seras à deux pas du cabinet et tu pourras t’échapper un peu de la pression familiale ?
Tu choisis ce qui te va le mieux…
-Ca n’est pas une mauvaise idée, je serais ravie de sortir du champ de vision de Maman et aller bosser à pied quel bonheur ! Je vais chercher aussi un remplaçant pour toi, je prévois quelle durée ?
-Un mois sûr, peut être deux mois…
-Deux mois, quelle galère, on peut remercier le notaire de t’avoir laissé là-bas en pleine tempête !
-Aux dernières nouvelles, il est lui aussi dans la mistoufle, son étude est sous les eaux, il a un énorme dégât et tu penses bien que vu la situation avant de trouver un couvreur ou un plombier pour leur fuite,
il leur faudra attendre de passer derrière ceux dont le toit s’est envolé ou ceux dont les canalisations sont éventrées …
-Bon et bien il n’y a plus qu’à prier pour te trouver vite un remplaçant et que ta montagne se dégage rapidement,
je vais passer quelques coups de téléphone et je vais voir si je peux d’ores et déjà reporter quelques rendez-vous ou voir si tu peux les faire en téléconsultation, parce que demain ça va être chaud… Sinon comment tu te sens toi, tu vas mieux ?
-Ça va mieux, je ne dois plus avoir de fièvre, il faudrait que je vois si la tante Rose avait un thermomètre externe J’ai les bronches qui ronflent un peu mais rien de catastrophique,
je vais rester bien couverte et au chaud quelques jours et si ça perdure je ferais une radio dès que possible.
-Prends ça au sérieux tout de même que ça ne dégénère pas…sans antibiotiques ça risque de prendre du temps.
- Comment va mon bébé chat ?
-Il va bien mais tu lui manques, je le vois, il est attentif aux allées et venues, il t’attend. Je vais m’installer chez toi avec lui, ça nous fera le plus grand bien à tous les deux !
-La première qui a trouvé un remplaçant prévient l’autre, j’appelle l’ordre et quelques copains et toi appelle la fac et le CHU. Tu veux faire les castings ou je m’en charge en visio ?
- Je fais les castings, c’est moi qui vais devoir le ou la supporter, à demain !
-A demain.
Manon était en partie rassurée, Cindy a bien pris cette catastrophe, il fallait maintenant trouver un remplaçant, elle va traîner un peu sur les forums, et appeler l’ordre demain…
Juste un petit SMS à Fanny et une annonce de recherche de remplaçant sur quelques forums et elle dormirait encore un peu, Camille lui a dit qu’il allait lui rapporter des remèdes de grand mère pour ses bronches
Elle se sentait bien quant il est près d'elle, il est rassurant et il trouve toujours des solutions qu'il assume sans se plaindre, il est l'homme providentiel, c'est agréable d'être sous sa protection
Il y avait très longtemps qu'elle n'avait pas ressenti ça avec quelqu'un, avec lui inutile de s'inquiéter du lendemain
#14 #NouvelleDeLavent

Se rouler en boule contre son chiot et se laisser aller au sommeil était la seule chose qui lui faisait vraiment envie…
A peine la tête posée sur l’oreiller elle se sentait partir vers un monde de chimères,
aux scénarios cauchemardesques de la veille avait succédé un univers des sens, Manon était dans les bras vigoureux d’une silhouette dont elle n’arrivait pas à identifier le visage.
Ce corps musclé la serrait de près, des mains insistantes exploraient chaque recoin intime de son corps à bout de souffle de désirs.
Elle halète sous les caresses de cet homme non identifié, c’est si délicieux qu’instinctivement son propre corps se tend et s’offre d’avantage à ses caresses, elle l’invite à continuer à aller plus loin,
ses mains sont partout sur elle puis en elle, elle hume l’odeur virile de cet homme qui a pris possession de son corps, c’est animal, elle veut qu’il la prenne, elle veut devenir sa femelle sans tabou ni retenue…finalement elle se fiche de qui il est pourvu qu’il la possède,
qu’elle le chevauche, qu’il hurle ensemble leur plaisir, peu importe où, peu importe comment elle sent s’approcher une vague d’orgasmes…
puis tout disparaît, juste cette impression frustrante qu’elle allait puissamment jouir entre les mains et les reins d’un inconnu…
elle se réveille alors ruisselante, frustrée d’avoir vécue seule ce formidable orgasme dans sa chambre…l’abstinence imposée par sa rupture avec Romain commence à déclencher des conséquences inattendues…
il fallait qu’elle se méfie de ce genre de rêve car peut être avait elle hurlé son désir, heureusement, elle était seule pour l’instant.
Ce rêve plus encore que la fièvre l’avait épuisée, elle se sentait sans force, elle aurait dû se lever, changer de pyjama car il collait à sa peau brûlante mais elle n’en n’avait pas le courage, elle se sentait déjà repartir vers le sommeil, peut être vers cet inconnu caliente ?
Loin des rêves érotiques de Manon, le berger se dirige sous une pluie soutenue vers la grange pour récupérer un quad.
Dehors Camille et les chiens patrouillaient pour essayer de retrouver ces chèvres avec les ânes, il y avait quelques endroits où ils avaient pu trouver refuge, il fallait pouvoir y accéder et ça n’était pas sans danger.
En bas du vallon la source avait encore plus grossie que près de la grange, c’était devenu un torrent, les bêtes avaient pu tomber dedans et être emportées.
Il se rappelait que plus loin, en contrebas la roche formait un surplomb solide qui constituait un abri tant l’eau ne montait pas trop,
il fallait laisser le quad et y aller à pied, tranquillement pour ne pas effrayer les bêtes si elles étaient là, elles ne le connaissaient pas et de peur, elles pourraient se jeter dans l’eau, enfin surtout les chèvres…
Il ordonne aux chiens de rester près du quad et y va seul !
Au bout de 30 minutes de marche dans cette végétation détrempée, il aperçoit la roche sombre, il lui semble voir les ânes, pourvu que les chèvres soient avec eux…
Grégoire avait parlé d’une petite dizaine de chèvres et que s’il attrapait les ânes, les chèvres suivraient.
En arrivant, il constate que tout le monde est là, doucement il retire son sac à dos et en sort un sac de céréales mélangées avec des morceaux de carottes et des quartiers de pommes, il a pris aussi un bloc de sel,
il répand sur sol le mélange appétissant et perdant leur méfiance elle s’approchent toutes en cercle auprès du trésor, discrètement Camille défait les licols enroulés autour de lui et tout en caressant les ânes les attachent les aux autres pour les tenir tous en même temps.
Il a veillé à ne pas achever dès les nourrir pour que la faim incitent tout le monde à le suivre, doucement il rejoint le quad qu’il démarre sans monter dessus pour que les bêtes s’habituent, il recommence à leur donner à manger pour les rassurer…
ça lui aura pris presque deux heures pour pouvoir repartir avec le quad, les ânes attachés derrière lui et les chèvres les suivant.
Il est obligé de rouler tout doucement pour ne perdre personne, les chiens ferment la marche,
ils sont surpris par ces bêtes qu’ils ne connaissent pas eux non plus mais ils obéissent au berger.
La progression est lente jusqu’à la grange, tout en avançant, Camille réfléchit à l’endroit où il va pouvoir mettre ce troupeau demandeur d’asile,
il se dit qu’ils pourraient tous rentrer dans le petit enclos des chèvres qui viennent de mettre leurs bébés au monde, il est vide pour l’instant…
car il est impensable de mêler les troupeaux ça pourrait finir en pugilat, les bêtes seraient un peu à l’étroit surtout avec les ânes mais en attendant elle seraient en sécurité au chaud et nourries.
Au loin et derrière le rideau de pluie qui semble plus fine, Camille aperçoit la masse plus sombre de la grange, enfin, il n’est pas mécontent d’être proche de l’arrivée avec sa cargaison sur pattes.
Il va installer ces transfuges, nourrir tout le monde y compris les chiens qui l’ont bien aidé et prévenir Grégoire de la bonne nouvelle.
Dans la grange, les bêtes du domaine ne perdent pas une miette de l’installation des étrangères, pourvu que ça ne les énerve pas trop,
il remplit les mangeoires pour calmer les esprits, s’il n’avait promis à Manon de ne pas la laisser il aurait dormi ici, sur le foin là-haut dans un sac de couchage.
Le jour allait tomber il était temps de rentrer et de s’occuper de sa petite malade…enfin petite, ils avaient presque le même âge ça n’était pas une enfant !

Après une halte sous l’appentis pour essuyer un peu les chiens, ils rentrent tous dans la douce chaleur du salon,
même s’il fait encore bon, il faut recharger en bois partout dans la maison, il ressort prendre du bois dans la remise, demain il lui faudra recommencer à fendre quelques bûches pour les poêles.
Encore une fois presque nu et débarrassé de ses vêtements mouillés pour éviter de salir trop, il traverse la maison à la recherche d’un pull et d’un pantalon enfilé à la hâte pour s’occuper de Manon avant de prendre sa douche et faire sécher ses vêtements.
Dans la chambre de Manon, la jeune femme dort, sa respiration est sifflante, il a pris chez lui de quoi lui préparer des remèdes de grand-mère mais auparavant il doit préparer ses ingrédients et se trouver des vêtements chauds.
Il s’apprête à rejoindre la douche avec les vêtements secs qu’il a récupérés dans la chambre qu’il occupe et tout d’un coup, il se cogne à la jeune femme, leurs peaux se touchent,
la sienne gelée par les vêtements mouillés qu’il vient de retirer, celle de la jeune femme chaude mais débarrassée du pyjama à carreaux qu’elle vient de mettre au sale…
La surprise de cette collision dans la pénombre du couloir lui faisait tout d’un coup battre le cœur plus vite, il sentait des vagues de chaleur irradier depuis son ventre, simplement à cause du contact avec la peau de la jeune femme…
-Camille, c’est vous, j’ai eu peur, je n’y tenais plus j’avais besoin de changer de pyjama et de serviette éponge aussi, mais je ne sais plus où j’ai trouvé ce pyjama,
je suis fatiguée dit-elle en se blottissant contre Camille, inconsciente peut être du trouble qu’elle déclenchait…
- euhh, je…le pyjama…c’est Louis…euhh… c’était à Louis, viens… ils sont là…tiens en voilà un, tu ne dois pas rattraper froid, mets-toi sous la couette, je te fais couler un bain bien chaud et puis tu remettras un pyjama propre,
en attendant regarde derrière la porte il y a un peignoir en éponge, enfile le et attend sous la couette. L’infantiliser, est un bon moyen de le distraire de son trouble...
De son côté Manon avait apprécié de se retrouver dans les bras musclés de Camille…peut être plus qu’elle ne l’aurait cru, Cindy avait peut être raison ?
Elle ressentait encore les effets de son rêve érotique de tout à l'heure...était ce lui ?
Elle serait bien restée un peu plus longtemps dans ces bras virils mais il semblait mal à l’aise et l’avait gentiment repoussée pour la raccompagner jusqu’à sa chambre. Il la traitait comme une enfant en fait ? Il fallait qu’elle tire ça au clair !
Ainsi chacun avait été troublé mais aucun ne voulait l’avouer et cherchait à le cacher…
Roulée en boule sous la couette elle plonge dans un sommeil réconfortant pendant que Camille lui fait couler un bain.
En bas Camille est en train de piller des graines de moutarde pour lui faire un genre de cataplasme, il mouille la mixture avec un peu d’huile et d’eau et la place entre deux linges fins qu’il a trouvés dans la pharmacie.
Il a préparé aussi de quoi lui faire une inhalation, mais d’abord le bain chaud avec un mélange d’huiles essentielles de Rose puis le cataplasme à la farine de moutarde et ensuite l’inhalation.
-Manon, Manon réveille-toi, ton bain est prêt, viens je t’aide à monter dans la baignoire puis je te ferais un cataplasme et tu feras une inhalation, tu dormiras un peu et je te ferais dîner, je ferai réchauffer la soupe.
Après le bain, il lui pose sur le torse dénudé le cataplasme qu’il a préparé, très rapidement la chaleur en émanant est insupportable et Manon s’agrippe à la main de Camille pour tenir le coup, encore une fois ce contact le trouble plus qu’il ne l’aurait voulu.
Rapidement après l’inhalation, il redescend avec les vestiges de ses remèdes pour la laisser dormir et lui pour reprendre ses esprits, il en profite pour jeter un œil sur la grange par la tablette, tout va bien,
il peut enfin prendre la douche qui détendra ses muscles tétanisés par les efforts répétés qu’il a faits aujourd’hui.

Ce soir, il lui apportera un bol de soupe fumante dans lequel il aura mis quelques morceaux de fromage mais évitera de rester trop longtemps à son contact.
#15 #NouvelleDeLavent

Toujours aucune réponse de Grégoire au SMS qu’il lui a envoyé tout à l’heure de la grange avec là photos des bêtes qu’il a retrouvées, c’est inquiétant.
Il n’a qu’une envie c’est aller se coucher, mais avant il faut juste nourrir le chiot, le sortir et nourrir sa maîtresse.

Ça y est, il faisait nuit et il était temps de faire réchauffer la soupe et de découper des morceaux de fromage à faire fondre dedans,
il hésitait à faire comme la dernière fois et d’ajouter son bol sur le plateau pour prendre son dîner avec Manon…il s’était rendu compte aujourd’hui qu’elle le troublait, ça l’inquiétait mais ça l’attirait.
Jusqu’à présent il avait fait comme si la nièce était une sale gamine mais, elle n’avait que 4 ans de moins que lui, c’était une très jolie femme qui s’agit se montrer volontaire et dépasser ses habitudes.
La laisser manger seule dans sa chambre allait paraître bizarre et l’obliger à se justifier, il allait manger avec elle dans sa chambre en gardant une saine distance pour ne pas déraper
Il avait rapporté une peu de caillettes de la fromagerie avec du miel c’était succulent ça ferait office de dessert.

-Manon ? Manon, c’est l’heure de dîner, réveille toi j’ai monté notre dîner, tu vas te régaler j’ai préparé une surprise !
-Mmm oui ? Ah merci, de la soupe avec du fromage et du yaourt ?
-Non c’est une sorte de fromage frais fait avec le lait de nos vaches, j’y ai rajouté une bonne cuillère du miel de nos ruches, en fait tout vient du domaine même les légumes de ta soupe !
-Le lard aussi ?
-Ah non pas le lard, ça vient de chez Grégoire, Rose avait du mal à faire de la viande, ça arrivait mais c’était rare et seulement des jeunes bêtes qu'on avait pas vu grandir ou presque !
-Seulement des bébés, c'est bizarre !
-Non, en fait, ils sont mignon mais tu n'as pas le temps de t'y attacher, seulement des cabris et des agneaux, à certaines périodes moi seul les côtoie ...
C'est comme pour la chasse, Rose aimait bien le gibier mais refusait qu'on chasse près de la bergerie, avec Baptistin on lui rapportait du gibier qu'on avait chassé loin et on empêchait au mieux d'autres chasseurs d'approcher
Rose voulait qu'en estive les bêtes soient rentrées pour la nuit, c'est pour ça que la petite bergerie est plus vaste que les autres, car il y a une vaste étable pour rentrer les bêtes on a des chiens pour surveiller,
là il nous manque un patou, la mère de Pâquerette est morte cet été, on devait en prendre un couple cet hiver, j'en ai réservé dans deux élevage différents
Même les représailles contre le loup étaient interdites
Rose disait que le loup suivait son instinct de prédation, même quand il massacrait plusieurs bête et que c'était à l'homme qui venait bouleverser le cours de la chaine alimentaire en élevant des bêtes de surveiller et d'assumer.
Tu penses bien que ce parti pris ne lui faisait pas que des amis, elle était arrivée à se mettre à dos, les chasseurs et les bergers à dos mais était intransigeante sur la question, alors élever un porc à la Bergerie pour le transformer en jambon, c'était impossible
A chaque fois qu’on a pris un porcelet il est mort de vieillesse et trainait dans les pattes de Rose comme un chien de salon … presque toute notre viande vient de chez Grégoire.
Manon regardant le plateau que Camille avait pris le temps de lui préparé réalisait la chance qu'elle avait que cet homme s'occupe d'elle alors qu'elle avait été très désagréable avec lui...
-Tout ça a l’air très appétissant, il reste aussi un peu de raisins aussi, tu es vraiment gentil, je vais me lever et me laver les mains avant de déjeuner, installe toi, regarde si tu approches le fauteuil de la table de chevet tu peux poser ton bol.
- Sur le bois de la table ? Rose va revenir me hanter si je fais ça !
Il se lève pour attraper un torchon pour protéger la table de chevet au moment où Manon revient dans la chambre, elle lui fait face et l’enlace en lui disant :
- Je ne sais pas comment te remercier, tu prends soin de moi alors que je débarque dans ta vie en bousculant tout !
De nouveau il se sent troublé, il doit rougir, il a noté qu’elle avait abandonné le vouvoiement il sent son corps gracile contre lui.
Il suffirait d’un geste pour qu’il ressert l’étreinte, enfouisse son visage dans cette cascade de boucles cheveux bruns puis plus audacieux encore, elle sent bon, sa peau est veloutée, elle semble douce, ce regard de biche le magnétise.
Il faut qu’il fasse diversion sinon il va embrasser ces deux lèvres pulpeuses rosies et humides par les ablutions de Manon. Elle l'attire tellement, il faut qu'il résiste !
-Tu sais, à propos du raisin, Rose s’était posée la question de planter quelques ceps de vignes sur les dernières planches du domaine avec des kakis et des figuiers, en plus des pêches des abricots et des cerises.
Finalement elle a décidé d’abandonner la question de la vigne à Giorgio et de se contenter d’un mini verger juste pour la consommation du domaine, je t’y emmènerais quand la pluie aura cessé…Tu sais comment on appelle l’arbre à kakis ?
-Non dit-elle en s’éloignant enfin pour rejoindre son lit, un kakiyer ?
-Pas du tout, un plaqueminier. Si tu veux, je vais à la remise nous chercher des kakis, j’ai vu deux cageots dans le sellier ?
-Mais tu n’as pas dîner, ça va refroidir !
Il aurait fait n’importe quoi pour se rafraîchir les idées et s’éloigner d3 la tentation …
-J’en ai pour une minute je vais poser mon bol sur le poêle, je reviens.
Sortir de ce huis clos qui devenait torride, prendre le frais et faire baisser cette tension qu’il ressentait quand elle s’approchait trop de lui… le froid du sellier le délivrait de sa pulsion
-En revenant avec les kakis, il lui précisait que ces fruits étaient plein de vitamines et donc très bon pour la santé, oubliant une fois de plus qu’elle était médecin !
Il désire la jeune femme, ça devenait de + en + difficile de résister à cette attraction, surtout en vivant sous le même toit, il faut occuper l’espace avec tout autre sujet que la séduction qu’elle exerçait sur lui. Remplir ce vide périlleux, empêcher ses images de revenir
-J’attends que la pluie cesse ou diminue encore et dès que possible je vais voir ce qu’il se passe à la ferme de Grégoire, il ne répond pas, sa famille et lui sont peut être en danger, j’ai déjà alerté les pompiers sur ce silence mais ils ne peuvent rien faire pour l'instant
- Ça n’est pas dangereux de se déplacer en ce moment ? Ça m’inquiète …
-J’irais à cheval ou en quad, je prendrais un kit de premier secours, de la nourriture et des couvertures et au cas où je les ramène ici.
-C’est égoïste mais je n’imagine pas de rester ici seule…sans toi…
Attention danger, elle est attendrissante, il a envie de la rassurer mais il vaut mieux qu’il s’écarte…
-Mais non, je ferais attention, j’emmène les chiens, en cas de problème ils viendront te prévenir…
-Ça me fera une belle jambe, toute seule je ne sais pas ce que je pourrais faire sans toi, alors pour te secourir…
-On verra bien, d’ici que la pluie s’arrête on aura peut-être eu des nouvelles et puis j'ai demandé à Baptistin de venir m'aider. On ne peut pas rien faire !
Bon je débarrasse, je range et au lit, la balade dans le vallon m’a bien entamé, je sors ton chiot et bonne nuit.
Maintenant, tout ce qui l’agaçait chez elle en début de séjour, l’attendrissait et lui donnait envie de Ia prendre dans ses bras.
Il l’imaginait nue contre lui, sa peau contre la sienne, il pensait aux délicieuses caresses qu’il pourrait lui faire, imaginait la tendre chaleur de son ventre,
il rêvait de la fermeté de ses seins qui lui avait parus généreux et accueillants, ses grandes mains sur la peau douce de ses mamelons, sa bouche léchant goulûment ses aréoles…
Il rêvait de sa croupe contre son ventre en feu, debout ici contre un mur, dans la grange, ou même dehors, il se voyait le souffle court contre sa nuque sous les battements de son bassin contre ses fesses.
Il s'imaginait leurs deux corps rouler dans ses draps ou dans le foin en pleine extase frénétique
Il était sûr que la peau de Manon avait un goût sucré…il rêvait de lécher les parties les plus intimes de ce corps souple…il brûlait de faire l’amour à Manon, jamais auparavant il avait autant désiré une femme !
Était-ce la tempête, les effets de ce court isolement et ces conséquences, était-ce le douloureux deuil de Rose qui l’avait éloigné de ses sens, ou alors simplement qu’il avait affaire à une jeune femme extrêmement séduisante ?
Il faut que ça s’arrête, il tremble de ce désir réprimé, il va aller faire un tour sous la pluie pour se calmer et oublier ses images et fantasmes ! Mais il n'allait tout de même pas être obligé de dormir à la belle étoile et au froid jusqu'à ce qu'elle reparte chez elle ?
Tout à l’heure, il boirait quelques bières avant d’aller se coucher pour que la fatigue physique aidant, il s’effondre sans plus penser à la tentation de l’autre côté du mur…mais en attendant faire des séries de pompes dans la remise lui ferait le plus grand bien !
Après avoir épuisé son corps fiévreux de désir, comme prévu il avait bu quelques bières en regardant une chaîne d’info en continu, l’actualité morose devrait le faire redescendre la tension sexuelle qu’il ressentait.
Fatigué et un peu ivre, il avait rejoint son lit pour se laisser aller à un sommeil lourd et réparateur. Demain serait un autre jour et les tâches qui l'attendaient seraient harassantes. Il n'aurait pas le temps de penser à elle et quand il rentrerait la fatigue effacerait tout.
Alors qu’il dormait profondément il eut à peine le temps de sentir la couette se soulever et un corps se glisser contre lui …il n’arrivait plus à respirer et n’osait se retourner ça ne pouvait être qu’elle, ils étaient seuls dans la maison et la porte était fermée à clef …
Un murmure répondait à son interrogation silencieuse :
-Pardon, j’ai fait un cauchemar, tu disparaissais et je me retrouvais seule et désespérée, j’ai eu peur pour toi et peur pour moi, je n'arrivait plus à dormir, j'étais terrorisée que tu disparaisses et m'abandonne !
En un instant le corps de Camille s’était de nouveau embrasé et il savait que s’il parlait ou s’il se retournait il ne pourrait retenir sa soif de ce corps collé contre son dos.
Que faire, se retourner et lui faire l’amour si elle était d’accord, ou feindre l’endormissement pour ne pas profiter de la vulnérabilité passagère de la jeune femme ?
#16 #NouvelleDeLavent

Il a décidé de résister à son ventre en feu et a fait semblant de continuer à dormir, il lui aura fallu longtemps pour se rendormir, après que le corps de la jeune femme se soit détendu contre lui, l’informant qu’elle même s’était endormie
Quelle souffrance que de résister à ses sens, que de rester immobile, il entendait le chiot frétiller sur le sol pour demander à ce que lui aussi puisse monter sur le lit..
Quel dilemme s’il ne l’aidait pas il allait finir par réveiller la jeune femme et s’il l’aidait elle risquait de se rendre compte qu’il n’était pas endormi !
Tout doucement il a laissé glisser son bras hors du lit essayant d’attirer de son côté le chiot pour l’attraper et le monter sur le lit.
Se rendormir et oublier ce corps chaud contre lui…se rendormir et oublier…
Le jour s’est levé, il s’éveille et sent encore le corps de Manon contre lui, elle est restée et a passé la fin de la nuit dans son lit, contre lui… il était à bout, il lui fallait s’échapper sans bruit et se plonger dans le travail pour oublier ces tentations…
Il prie intérieurement pour qu’elle ne s’éveille pas, attrape ses vêtements, et se précipite sans bruit en bas et hors de la maison,
fuir en refusant d’imaginer ce qu’il aurait pu se passer, la nuit torride qui aurait pu se substituer à celle peuplée de cauchemars et de frustrations qu’il avait passée… à se battre contre lui même pour rester immobile,
il laisse un mot dans la chambre de Manon lui indiquant qu’il risque de ne pouvoir rentrer à midi et même rentrer très tard ce soir à cause de toutes les taches qu’il a à accomplir , mais qu’il lui a sorti des bocaux de terrines maison ainsi qu’un morceau de pain du congélateur.
Qu’elle ne doit pas se faire de souci, que tout va bien se passer, qu'il a tout prévu pour cette expédition qui est impérative, la famille de Grégoire est peut être en danger...
La grange, les bêtes, la fromagerie, essayer de rejoindre la scierie et de convaincre Baptistin de venir avec lui partir pour la ferme de Grégoire, espérant que ce programme l’épuiserait et l’éloignerait de ses fantasmes.
En deux heures de temps il avait enchainé ses tâches de berger, avait transféré les laits du matin dans les grandes cuves de la fromagerie et à peine refermé la porte de celle-ci, il repartait vers la grange former son équipage de sauvetage.
Il a prévenu Baptiste de son arrivée pour qu’il l’aide dans cette mission pour aller à la ferme de Grégoire, voir ce qu’il se passait. Il lui a dit à quel point il est inquiet pour cette famille à qui il faut porter secours.
Il va partir en quad en emmenant derrière lui les deux chevaux pour le cas où il devrait ramener la famille, les enfants pourrait prendre place derrière chacun des quads, Baptistin a le sien, leurs parent sur les chevaux et les deux ânesses pour rentrer chez elles.
Les animaux étaient attachés entre eux, le tout relié au quad, cette fois ci les chevaux seraient du voyage, il les attachait juste derrière le quad, ils avaient l’habitude et contribueraient à rassurer les deux ânesses qui venaient.
Les deux autres ânesses restaient à la grange, la mère et la petite avaient besoin de plus de repos, Elles étaient encore trop faible pour un tel voyage.
Ce curieux convoi progressait lentement vers les bois pour rallier la scierie, le jour à peine levé.
La pluie plus fine mais toujours aussi glacée imposait une attention de tous les instants pour éviter au mieux la boue et les ravines qui s’étaient formées par le passage de l’eau. il ne faut pas perdre une minute pour arriver à la bergerie avant la nuit.
Tout à cette concentration, Camille était obligé de reléguer loin dans ses pensées son attirance pour la jeune femme et c’était exactement ce qu’il escomptait !
Le convoi était désormais dans les bois et la Bergerie était loin derrière eux maintenant, on sentait que les bêtes étaient bien plus nerveuses que dans la prairie.
Escorté des chiens et de leurs solides instincts Camille est rassuré, il lui fallait juste faire attention à la route et c'était déjà bien suffisant.
Pâquerette l’impressionnante patou ne craint rien ni personne, Léo le border collie est certes moins puissant mais très intelligent, il sait anticiper les problème,
quand à Fantôme le griffon c’est un pisteur de génie, il est capable de retrouver n’importe qui, n’importe quoi par tous les temps et de ramener à la maison par le chemin le plus sûr, cette combinaison de talents faisait de ces trois chiens un renfort très efficace.
Le sentier se rapproche de la source et on entend déjà le fracas de eaux qui se précipitent là ou d’habitude, il n’y a que le doux bruit apaisant de l’eau qui circule émergeant tantôt des roches, tantôt de la terre,
la zone est boueuse, il lui faut ralentir encore pour permettre aux équidés d’assurer leurs pas. Autour de lui la faune doit observer cette caravane hétéroclite traverser les bois, tant qu’aucun prédateur ne leur fonce dessus tout va bien.
Même un lapin pourrait effrayer les chevaux qui dans l'affolement pourraient retourner le quad sans difficulté, dans un mouvement de panique tout était possible et surtout le pire.
Instinctivement Camille se met à parler doucement aux chevaux pour calmer leur nervosité, les chevaux sont des proies et ils se comportent en tant que tels, un rien peu les effrayer et c'est l'emballement...
Plus de 45 minutes qu’ils ont quitté la Bergerie, d’habitude ils seraient déjà arrivés à la scierie mais là ils ne sont qu’à mi parcours, ils sont encore dans la zone dense des bois, il va leur falloir encore du temps et des efforts avant d’arriver à l’étape de la scierie.
Presqu’1 heure plus tard, il semble à Camille sentir l’odeur de la fumée ce qui lui indique qu’ils ne sont plus très loin, les chiens aussi ont senti qu’on se rapproche d’une habitation et bientôt la végétation est plus clairsemée, permettant de faire reculer la ligne d’horizon,
il voit déjà la clairière apparaître, ils sont presqu’arrivé.
Il aperçoit la grande stature du bucheron qui a entendu les aboiements joyeux des chiens et qui les attends, il les accueille avec un thermos de café et des seau d’eaux pour les bêtes ;
-Tu veux rentrer pour souffler un peu et te réchauffer ou tu veux qu’on reparte directement, moi je suis prêt.
-On va repartir, chaque minute gagnée nous rapproche de chez Grégoire et je suis inquiet de ce silence,
les bêtes ne semblent pas fatiguées on va continuer comme ça on perdrait trop de temps à les installer même pour une courte pause.
-C’est bon pour moi, je vais juste éteindre le feu et on part.
Le convoi se remet en marche augmenté du bucheron et de son chien de chasse mais cette fois ci en direction de la ferme de Grégoire, ils en ont pour toute la matinée, il doivent traverser le domaine de Rose sans savoir ce qui pourrait faire obstacle à leur équipée.
Les pompiers de la vallée sont prévenus et en cas d’échec il n’y aurait plus qu’à envoyer un hélicoptère mais pour l’instant aucun n’étaient disponibles ils étaient occupés à évacuer des personnes identifiées comme en danger.
Après plusieurs heures de sentiers et pistes détrempés, leur convoi arrive enfin sur une zone de prairie ou de mémoire est implantée la ferme de Grégoire et ses étables, ils sont encore trop loin pour voir les bâtiments mais ils touchent au but.
Quelques dizaines de minutes plus tard, ils aperçoivent les bâtiments et plus rassurant encore, un mince filet de fumée s’échapper de l’un d’eux ! Echangeant un regard les deux hommes inquiets de ce qu’ils allaient trouver se rassurent un peu.
Cependant pas un bruit, ni de la maison, ni des étables, ça n’est quand même pas normal, ni pour la famille ni pour les bêtes…que vont ils trouver là bas ?
Pénétrant dans la maison au summum de leurs peurs, Camille et Baptiste trouvent Grégoire rouge de fièvre allongé sur le canapé, à la lueur de la cheminée à peine rougeoillante, sa femme endormie sur le fauteuil et les deux enfants couchés sur un matelas à proximité de la chaleur.
L’électricité semble avoir sauté, il fait à peine chaud dans la pièce, à terre des bassines d’eau témoignant des fuites que la maison doit subir.
Il n’y a presque plus de bois dans les casiers le long de la cheminée, voilà pourquoi il fait si peu chaud, ils économisent le bois.
Les deux adultes sont mal en point, leurs respirations sifflantes & leurs visages rougis par la fièvre expliquent pourquoi ils n’ont pu s’occuper d’aller chercher du bois qui ne doit pas être loin ou décider de partir pour trouver refuge ailleurs, sans moyen d'appeler à l'aide.
Camille et Baptistin s’occupent de faire remonter la températures et de couvrir tout le monde des couvertures supplémentaires qu’ils ont apportées, ils déchargent ce qu’ils ont transporté, médicaments, nourriture, bois, carburant.
Baptistin a trouvé la réserve de bois dans la grange, il en rapporte un gros tas et charge les plus grosses buches dans la cheminée tandis que Camille fait réchauffer la soupe et détaille le fromage et le pain qu’il a apporté pour redonner des forces à tout le monde.
Les enfants dorment profondément mais ne semblent pas malades.
Camille réveille Grégoire pour lui donner des médicaments pour faire baisser sa fièvre, docile il avale comprimé et verre d’eau, la fièvre l’empêche de réagir mais il lui sourit.
La femme de Grégoire, elle le reconnait et lui dit :
-Dieu merci vous êtes là, j’ai cru que c’était fini pour nous, occupe toi des enfants d’abord.
-Les enfants dorment il vont bien, prend ça, je prépare de la soupe bien chaude pour tout le monde, ça va aller...
Ne t’inquiète pas on s’occupe de tout avec Baptistin !
-merci dit-elle en tentant de se lever.
-Reste tranquille, on s’occupe de tout, lui répète t il.
- Quand l’électricité a sauté j’ai tout cuit au poêle et j’ai tout mis dans l’armoire en fer dehors, le froid a du tout maintenir et puis il y a des conserves dans la réserve…
- Ne t’inquiète pas j’ai apporté de la nourriture pour commencer, je verrais après ce qu’il y a ici.
Il comprenait ce qu’il s’était passé, après que l’électricité avait sauté…les deux parents ont attrapé froid, ils sont malades et arrivent tout juste à assurer le minimum pour eux et les enfants,
il faut aller chercher des bûches alimenter le feu, faire à manger à tout le monde, soigner les malades, aller voir ce qu’il se passe dans les étables, et voir ce qu’on peut faire.
La situation devenait critique, Baptiste et Camille sont arrivés à temps.
Une fois le feu ravivé, les bassines vidées, la température remonte dans la pièce, il est temps de nourrir tout le monde, lui m^me réalise qu'il a faim.
En silence, les 4 adultes et les 2 enfants se restaurent près du feu.
-Je n’ai pas pu me lever pour aller chercher de la nourriture depuis hier les enfants se sont débrouillés pour ça et le bois. Je n'y arrivais pas...
-C'est normal, tu es très malade ! On s’occupe de tout, ça va aller.
Grégoire est très fiévreux mais les enfants eux sont en bon état, ils ont juste eut froid et faim, en peu de temps ils seront sur pieds, ça va être plus long pour les parents…
#17 #NouvelleDeLavent
Camille décide d’aller voir les bêtes, apparemment elles vont bien, Grégoire sentant qu’il allait mal avait dû charger à bloc les mangeoires et abreuvoirs en revanche il y avait un gros travail de nettoyage à faire
et si le temps le permettait il pourrait relâcher les bêtes dans un grand enclos en contrebas de la ferme, il y avait de l'herbe en suffisance, de l’eau …il était en pleine réflexion quand Baptistin l’interrompt
-Bon c’est mieux que ce que je pensais, je pense qu’il faut au minimum embarquer les enfants à la bergerie peut-être avec leur mère, et que l’un de nous reste ici pour s’occuper de la ferme et du Grégoire.
Comme moi la scierie pour l’instinct je ne peux pas la faire tourner car je suis seul et que ça n’est pas pour tout de suite que les gars vont pouvoir revenir, c’est moi qui fait rester. Qu’est-ce que tu en penses ?
-Tu as raison mais tu crois t’en sortir ?
-J’ai souvent donné des coups de main chez Rose quand j’étais jeune donc ne t’inquiète pas, je sais quoi faire et avec mon chargeur solaire mon téléphone restera connecté en cas de difficulté je t'appelle !
-Pour la femme de Grégoire, elle est trop mal en point pour conduire le quad avec les gosses ou pour monter à cheval, il vaut mieux qu’elle reste avec vous, elle va vite se rétablir, plus vite que Grégoire, elle pourra t’aider.
Il est 13h, je reste encore une heure et je repars avec les gosses pour arriver avant la nuit.
-Vas-y maintenant je préfère être tranquille pour les enfants, je me débrouillerais.
-D’accord, on prépare les enfants et je les embarque, je vais laisser les ânes puisqu’ils sont à Grégoire, il récupérera les deux autres après.
On est arrivés à temps je crois…
-C’est grâce à toi, seul je n’y aurais pas pensé, cette famille te doit la vie Camille. Je vais commencer par faire ce que je fais le mieux m’occuper du bois pour chauffer cette baraque, pour la bouffe on a de quoi tenir minimum une quinzaine avec les conserves,
la viande séchée, les œufs…et pour le boulot ça va aller, t’inquiète pas. Je vais regarder ce que la femme de Grégoire a mis dans l'armoire en fer à l'extérieur, il n'a jamais fait ici au dessus de 4°C j'ai regardé sur mon site météo, donc ça devrait aller.
Loin de là Manon s’est rendormie dans ce grand lit qui n'est pas le sien et elle recommence à rêver inexorablement ses songes l'entrainent vers cet inconnu encore ...
Il est revenu, il l’a collé contre le mur, frottant son bassin contre ses fesses, la poussant à se cambrer d’avantage, une main se frayant le long de sa croupe puis entre ses fesses, plus la main progresse, plus Manon se cambre !
Soudainement il l’a soulève pour l’entraîner vers le lit sur lequel elle se laisse tomber offerte, il se glisse sur elle, il est nu aussi, elle sent le chatouillement de son abondante toison sur sa peau hypersensible au moindre stimuli…
Il pèse sur elle de tout son poids comme pour la soumettre à son désir. Elle sent ce corps musclé prendre possession de son corps en feu, elle ne peut ni ne veut lui résister.
Il a pris un de ses seins dans sa bouche aspirant goulûment son téton érigé par la caresse buccale, sa main malaxe doucement l’autre sein déclenchant chez la jeune femme des vagues de chaleur du centre de son corps…
écartant ses cuisses brûlantes comme pour appeler de ses vœux la seconde main de l’homme. Exaucée, elle s’arc-boute dans une explosion de plaisirs qui la submerge comme la chute en cascade de domino,
chaque plaisir provoquant derrière un plus grand plaisir, à cette main succède bien vite une bouche qui l’a fait hurler et ses mains se crisper sur les drap, elle n’a plus le temps de se demander qui est cet homme !
Elle le sent se glisser en elle d’un puissant coup de rein la propulsant au paroxysme du plaisir… elle le sent s’enfoncer profondément en elle, elle n'est plus que le centre brulant de son ventre dont les pulsations vont crescendo
puis il l’a fait basculer face contre les draps, pour continuer à la prendre puissamment, explorant en plus du bout des doigts une intimité plus secrète…
A ce moment elle se réveille dans une chambre silencieuse dans la pénombre des persiennes tirées ce matin…elle est entièrement trempée de sueur mais est-ce de fièvre ou de désir ?
Jamais elle n’a fait un rêve aussi réaliste et poussé dans l’érotisme, à son réveil elle sentait encore la brûlure des mains et de la bouche de homme qui hante ses rêves !
A la ferme de Grégoire, Camille prend le temps d’expliquer à la maman ce qu’il se propose de faire et comment le faire, les enfants doivent être mis à l’abri et il lui semble qu’elle n’est pas en état de faire le voyage.
Elle acquiesce, prenant les enfants contre elle, elle leur dit qu’il vont partir en vacances chez Camille et qu’ils ont de la chance car il vont monter sur le quad avec lui,
que Papa et Maman ont beaucoup de travail et que lorsqu’ils rentreront des vacances chez Camille, il y aura des surprises pour eux, que ça va être magnifique ces vacances, à cet âge là on est prêt à tout croire quand on promet des amusements
Les yeux des enfants pétillent de joie, leur mère est arrivée à leur faire passer cette expédition pour une partie de plaisir ! Baptistin et Camille sur les indications de la Maman préparent le paquetage des petits pour un séjour d’au moins 2 semaines,
Le temps de remettre les fermiers en état et la ferme aussi. Cachant ses larmes la Maman dit au revoir à ses enfants, déchirée d’en être séparée mais rassurée qu’il soit pris en charge, Grégoire toujours aussi fiévreux s’aperçoit à peine du départ des petits.
Dehors Camille accroche les affaires des enfants sous une bâche et les installes sur la selle du quad sanglés l’un à l’autre et sanglés à lui, il a pris leur bombes d’équitation pour les protéger au mieux, il sont si petits… Léa la fille a 4 ans et Gaspard le garçon a 6 ans…
Camille est conscient que ses petits passagers sont fragiles et que le transport en quad n’est pas recommandé pour des enfants de cet âge mais comment faire, il n’a que cette solution pour les ramener à la Bergerie, une voiture ne passerait vu l’état des pistes.
Il va rouler doucement, tout doucement, il n'a pas le choix, il doit ramener ces enfants dans une maison chauffée, sans fuite d'eau du toit, avec de l'électricité et quelqu'un qui pourra prendre soin d'eux en attendant le retour chez eux.
Pendant ce temps-là Manon qui s’est enfin complètement réveillée dans le lit de Camille s’est levée, prenant connaissance du mot laissé par Camille. Il est parti pour une longue journée, elle va devoir se débrouiller seule.
Chancelante elle descend au rez-de-chaussée pour préparer une gamelle au chiot et le faire sortir, dans sa tête les mots de Camille tournent en boucle. C’est certainement le quad de Camille qu’elle a entendu partir tout à l’heure.
Il pleut toujours, le chiot sort à peine ses 4 pattes dans l’herbe trempée et s’accroupît maladroitement pour faire ses besoins sans trop se mouiller et retourne illico près de sa maîtresse pour rentrer dans la maison, malgré son épais poil floconneux, il craint le froid...
De retour dans la cuisine, elle se prépare un thé au miel, Camille toujours prévenant a veillé avant de partir à recharger en bois tous les appareils de chauffe et la cheminée, ce qui fait régner dans la maison une douce chaleur.
Elle remonte dans son lit, elle se sent encore bien faible mais il lui faut continuer à rechercher un ou une remplaçante pour son cabinet.
Confortablement calée contre ses oreillers, elle consulte les quelques candidatures qu’elle a déjà reçues et transfert les plus intéressantes à son associée puisque c’est elle qui choisira.
Le peu d’efforts fournis l’ont déjà épuisés, c’est dingue elle si dynamique d’habitude.
Heureusement qu’elle n’a été en contact avec quasi personne parce qu’elle finirait par penser qu’elle a pu attraper la COVID, tellement elle est fatiguée.
Camille avait dit que tout le monde ici avait été vacciné, que lui en plus l’avait attrapée au début de l’hiver dernier au retour d’un voyage en Italie où il était allé acheter et ramener des vaches du Val d’Aoste, par conséquent, il y avait moins de risque qu’elle l’ait attrapé.
Que restait-il, le voyage en avion pendant lequel elle n’avait pas quitté son masque jusque dans le bureau de Félicien ? Ensuite elle avait remis un masque qu’elle avait ôté seulement pour manger son steak tartare à la brasserie de la rue piétonne à côté de l’étude …
Au retour de Camille elle lui demandera s’il y avait des des autotests dans la maison, ça serait une première étape même si elle n’est pas bien fiable ! En l'absence de tout autre possibilité pour savoir si elle avait été contaminée, ça serait mieux que rien.
Il ne manquerait plus que ça…mais il était plus probable qu’elle ait simplement attrapé froid pendant leur échec à partir de la Bergerie !
Le retour avec les enfants derrière Camille et les chevaux attachés au quad se fait très lentement, un passager ça va mais deux c’est dangereux, sans compter leur très jeune âge mais ils sont trop petit pour le faire à cheval par ce temps.
Camille s’est quand même délesté de la plus grande partie de de son chargement de départ gardant seulement les couvertures. Le paquetage des enfants est bien plus léger. Ils sont bien emmitouflés sous plusieurs couches de vêtements et recouverts d'1 vêtements imperméables.
ls leur faut juste rester éveiller pour se tenir au berger et l’un à l’autre. Camille n’a pas prévu de faire de halte car à l’allure où ils avancent, il ne faut pas perdre une minute pour arriver à la bergerie avant la nuit. Pourvu que les enfants ne s'endorment pas !
Et si jamais ils s'endorment tout de même, qu'ils restent en place sur le quad derrière lui sans tomber au sol.
Il a toutefois envoyé avant de partir un message à Manon, la prévenant qu’il ramène les enfants de Grégoire et que ça serait gentil de préparer une grande marmite de la soupe qu’elle avait cuisiné l’autre fois pour leur retour.
De son côté Manon qui vient de recevoir le message de Camille est ravie de pouvoir enfin aider à faire quelque chose, après ces jours d'inactivité.
Elle rapporte du sellier un gros morceau de lard, le reste d’un chou, quelques carottes, une des courges, des pommes de terre, des saucisses qu’elle a trouvées dans un congélateur,
l’autre fois elle avait pris des légumes secs dans la cuisine, il en reste, elle va ajouter des pois cassés cette fois. Elle va préparer une solide soupe paysanne et cuire dans cette soupe les pommes de terre et les saucisses qui pourront être servies à part après la soupe.
Elle s’installe devant la cheminée avec son panier rempli de légumes, après avoir remis une grosse buche dans l’âtre. Sur le poêle de la cuisine le lard découpé en morceaux est déjà en train de fondre dans la plus grande marmite qu’elle a trouvée.
Sa grand-mère Honorine lui a appris à cuire la courge avec la peau et de l’enlever qu’après la cuisson. Elle l'épluchera après la cuisson, ça sera bien plus facile.
Les légumes d’ici sont bio, même ceux de Giorgio sont bio, il a expliqué l’autre fois à Manon, qu’il ne se sert d’aucun pesticide et que le domaine lui fournit l’engrais naturel dont il a besoin.
Crottin et fumier des troupeaux, il vient une fois par mois avec une remorque chercher cet or brun pour les plantations. C’est pour ça que les produits du domaine sont si recherchés, tout ce qui est produit l’est naturellement.
La marmite de soupe bouillonne doucement sur le poêle, une fois que tout sera cuit, Manon retirera les pommes de terre et les saucisses pour mixer grossièrement le tout.
E elle sait que la plupart des enfants préfèrent les soupes onctueuses, elle affinera en fonction du goût de ceux qui arrivent, elle ne connait même pas leur âge...
Le repas étant en train de cuire, elle décide de vérifier si les deux chambres disponibles sont prêtes pour accueillir ces deux enfants, elle allume les deux radiateurs des chambres et laisse leurs portes ouvertes de manières à ce que la chaleur du poêle du couloir les réchauffe.
J’espère que Camille aura pensé à prendre du change pour les enfants parce qu’autant en vêtements d’adulte il y a de quoi faire, autant il n’y a aucun vêtement d’enfant.
Elle ne sait pas combien de temps les enfants vont devoir rester ici, le temps que leur parents guérissent et qu'ils puissent venir les chercher.
Camille avait seulement dit : « On est arrivés, tout le monde est vivant, plus d’électricité, les parents malades et intransportables, on a rallumé du feu fait à manger, Baptistin reste s’occuper des parents et des bêtes et moi j’emmène les enfants pour la Bergerie...
.si tu pouvais nous préparer de la soupe comme l’autre fois, les enfants sont fatigués. On a mis plus de 3 heures pour arriver à la ferme de Grégoire, on va mettre minimum 4 heures avec les enfants pour rentrer, on devrait être là pour 18h maximum, les chiens auront faim, merci »
Manon déjeune légèrement, du fond de gigot qu’il restait entre 2 tranches de pain tout en continuant à parcourir les annonces de confrères offrant leurs services pour un remplacement,
l’idéal serait de trouver un lillois qu’elle n’aurait pas besoin de loger, comme ça Cindy pourrait rester chez elle. Mais Cindy décidera qui prendre et qui écarter.
Elle regarde maintenant les sites régionaux qui décrivent la situation dans les vallées et plus particulièrement dans la leur, les dégâts sont impressionnants et elle comprend mieux pourquoi Camille lui disait que ça prendrait plus d’un mois pour rétablir la circulation !
Les prévisions ne sont pas optimistes, ça va prendre du temps avant que la circulation soit rétablie.
Manon vérifie sur la tablette de Rose que tous les robots aspirant lavant ont été déclenchés cette nuit et reprogramme un second passage parce qu’entre le temps, les gros chiens, Camille et les deux enfants deux passages par jour, ici et à l’étage ne seront pas en trop.
#18 #NouvelleDeLavent
Sa tablette sonne, Manon se précipite, c’est Cindy :
-Bonjour ! Comment tu vas ?
-Ça va mieux mais je ne suis pas encore tout à fait remise, tu as vu que je t’ai transférés des candidatures de remplaçants
-Oui et j’ai déjà organisé des entretiens, il y en a un qui vient ce soir, une demain à l’heure du déjeuner et deux en fin de journée.
-Génial tu pourrais avoir un coup de main rapidement alors !
-J’espère, sinon ça avance avec le beau berger ?
-Arrête tes bêtises, il est parti en mission de sauvetage dans la ferme voisine avec Baptistin…
-Baptistin ? Qui est Baptistin ?
- C’est le bucheron qui tient la scierie du domaine
-Un bucheron mais ça va aller, il n’y aurait pas un pompier dans les environs aussi ?
-Sur le domaine non mais maintenant que tu en parles Camille a un ami d’enfance qui est pompier, un dénommé Julien, ahahahaha…
-Mais c’est L’amant de Lady Chaterlley, ta vie en ce moment, tu te rappelles la vidéo qu’on regardait en cachette chez Tante Fine quand on était ado ?
-Mais t’es bête toi !
-Donc le berger n’est pas que berger c’est un héros des montagnes…En tous les cas, pour compléter le tableau ici, tu as l’urgentiste transi qui remue ciel et terre pour te retrouver,
qui a bien entendu parler de ta recherche de remplaçant pour deux mois et qui depuis est en lévitation, il a fait le siège du cabinet n’a pas gobé ton excuse des vacances sous les tropiques, parce que deux mois…
il sait bien que tu ne vas pas partir sous les cocotiers 2 mois, il est saoulant mais le bougre est malin. Il a évidemment remarqué que ta demande de remplacement est concomitante à la tempête vers chez toi, à mon avis il est à deux doigts de débarquer à Nice,
comme il m’a dit qu’il est venu une fois à la Bastide, il saura comment y retourner ! Pas de bol, le mec ne venait jamais nulle part où tu l’invitais, la seule fois ou presque où il vient c’est là où il pourra retrouver ta trace,
il m’a dit elle est descendue pour la vente de la Bastide, je vais la retrouver…
-Oh merde la galère, tu crois qu’il peut me retrouver ? En plus Félicien porte le même nom de famille que moi, s’il cherche le notaire pour la vente, il va nécessairement tomber sur lui !
Ou alors il peut essayer de trouver Fanny pour la questionner, il l’avait vu quand on étaient venus…c’est vraiment pas de veine !
Il va me chercher comme si c’était un de ses séjours sport de l’extrême et malchanceuse comme je suis en ce moment il est foutu de me tomber dessus à la Bergerie ! Je ne vais quand même pas aller raconter ma vie au notaire et à Fanny pour les empêcher de lui dire où je suis ?
-Si tu veux mon avis c’est le seul moyen de l’empêcher de te tomber dessus, c’est toi qui voit !
-J’avais oublié comme ma vie pouvait être compliquée par certains côtés à Lille !
-Dis donc, t’es gentille mais Lille ne se résume pas à ce con de Romain…
Bon ma choute je te bise j’ai du pain sur la planche.
-Attends parle-moi de mon #Angus, comment va-t-il ? Mon namouroux me manque tu ne peux pas imaginer…
-Ouais mais maintenant tu en as un autre de namouroux ?
-Oh ça va avec ta fixette sur le berger, t’es lourdingue maintenant, heureusement qu’il n’est pas là pour t’entendre ! Comment va mon chaton ?
-Il va bien, ne t’inquiète pas, il était ravi de revenir dans sa maison et puis alors ta litière automatique c’est top, c’est surprenant mais top ! Au fait c’est combien chaque semaine pour la femme de ménage, je ne vais pas te laisser payer, donc je prends le relais !
- C’est entre 50 et 70 euros par semaine, selon les heures qu’elle fait, elle s’occupe du repassage et peut te faire des petits plats aussi, tu verras elle est géniale.
-ok, bon cette fois je te laisse, mon prochain patient va arriver, bisous !
-Bisous et fais un câlin pour moi à mon chat
Manon avait jugé plus sage de lui taire ses rêves érotiques dont Camille était probablement le sujet, car déjà qu’elle la poussait à le draguer, si elle apprenait que Manon fait des rêves hot, elle ne la lâcherait plus !
D’ailleurs rien ne disait qu’il s’agissait du berger, elle ne voyait jamais son visage dans ses rêves, si il fait c’était quelqu’un d’autre !
Il était déjà 14h, elle avait du temps devant elle, elle pourrait peut-être aller à la grange voir si tout allait bien ?
Elle se doutait que Camille aurait tout fait ce matin avant de partir mais ne serait-ce que pour ramasser les œufs et puis ça lui ferait du bien de s’habiller et se’ dégourdir les jambes.
Aussitôt dit aussitôt fait, équipée d’un leggins sous un des vieux jean de Rose, d’un sweat et d’un gros pull, le tout sous un des grands pardessus de l’entrée, chaussée d’une paire de bottes un peu grandes pour elle, la voilà partie à la grange avec son panier.
En partant elle s’aperçoit que Camille a reconstitué le gros tas de buches et de petits bois sous l’appentis, ce berger est vraiment un homme providentiel !
Sa marche en direction de la grange était nettement moins pénible que la dernière fois, la pluie était devenue fine et le grand chapeau qu’elle avait mis sur sa tête la protégeait,
quelques dizaines de mètres et elle serait dans la grange, #Dieter courait tout autour de ses pieds hésitant entre sa joie de galoper sans retenue et son désarroi de se mouiller hors de la protection des bras de sa maitresse !
Dans la grange tout était calme, les mangeoires et les abreuvoirs était encore remplis, Manon commençait à ramasser des œufs dans le petit enclos des poules pendant que le chien se roulait dans la paille fraiche en veillant qu’il n’aille pas sur la paille souillée,
elle avait rencontré son futur mari durant ses études, quand miraculeusement elle avait obtenu un poste au Lycée Masséna à Nice dans les classes préparatoires et que peu après Ugo l’avait rejoint même pour un poste moins prestigieux,
elle s’était doutée qu’elle devait cette providence aux relations de sa mère et elle n'a pas chercher à comprendre plus loin dans quel piège elle était en train de tomber.
Le jeune couple s’était installé en ville dans un des appartements d’un immeuble bourgeois appartenant à Honorine et qui avait été donné en cadeau de mariage à Marie, pour la retenir surement.
Au début; tout à cette nouvelle vie qu’ils imaginaient indépendante, ils avaient vécu l’euphorie de leur confortable installation, tout le monde était content, à proximité de leurs parents respectifs, ces deux enfants uniques pensaient vivre une vie heureuse et sans problème…
C’était sans compter sur la rivalité des deux familles, essentiellement alimentée par Honorine et subie par Louise et Gaétan.
Alors qu’ils avaient tout pour être heureux peu à peu cette atmosphère pesante les avaient privés de tout ce qui rendait la vie joyeuse,
chaque évènement donnait matière à affrontement et conflits, à cause de ça le couple avait tardé à décider d’avoir un enfant alors qu’ils avaient tous deux dépassés la trentaine… Ils savaient que l’enfant serait un enjeu supplémentaire occasionnant d’avantage de conflits,
quand Manon était née, la joie de sa naissance avait vite été surpassée par les tiraillements habituels, ça avait commencé dès la grossesse d’ailleurs, les deux futures grand-mères la submergeaient de conseils aux allures d’injonctions,
le lieu de naissance, le choix de l’obstétricien, le type d’accouchement, le prénom, les prénoms, l’allaitement, la nounou, la crèche etc… tout y était passé.
Marie sentant qu’elle ne pouvait plus le supporter avait décidé avec son mari de partir de Nice, secrètement ils avaient commencé à rechercher une mutation loin de leurs familles
et c’est comme ça que Manon était partie très jeune grandir dans la belle maison lilloise où ses parents s’étaient installés loin des rivalités familiales.
Mais tout ça, elle ne l’avait pas su, pas compris tant qu’elle était enfant et souvent elle faisait le reproche à ses parents de ne pas profiter à plein temps des délices du Sud,
c’était toujours à regrets et avec de gros sanglots qu’elle quittait ses grands-parents, ignorant tout de ce qui avait conduit à cet éloignement.
Alors qu’elle était encore petite, ses parents lui avaient expliqué qu’elle n’irait plus à la maison du bord de mer de Louise et Gaétan, qu’ils étaient mort tous les deux…qu'elle continuerait à descendre dans le Sud à chaque vacances seulement à la Bastide.
Gaétan et Louise avait succombé à quelques jours l'un de l'autre certainement du chagrin d’être si loin de leur fils et petite fille mais ça elle ne la compris que plus tard en lisant le journal de sa mère.
Ce double décès avait contribué à amplifier la fracture entre Honorine et sa fille, l’une ne pardonnant pas à l’autre d’être partie et l’autre ne pardonnant pas cet amour délirant ayant fait exploser leurs familles.
Comme Marie et Ugo étaient des gens adorables et compatissants même si les rancœurs s’étaient accumulées, ils n’en n’avaient rien laissé paraitre et Manon avait continué à venir passer toutes ses vacances à la Bastide mais de plus en plus souvent sans ses parent.
Le couple avait définitivement enterré avec les parents d’Hugo l’idée d’un retour dans le sud, l’amour d’Honorine était radioactif, il détruisait trop.
C’est seulement au décès du couple qu’Honorine avait enfin compris tout ce qu’elle avait réussi à détruire en aimant si mal sa fille et sa famille, et affronter la responsabilité d’avoir tout dévasté et gâché le temps qui lui était donné avec les siens,
elle n’avait plus pu tenir à cette vie, oubliant en même temps qu’elle était tout ce qui restait à Manon de famille et qu’une fois partie Manon serait seule au monde. Honorine avait succombée au syndrome du cœur brisé et rien n’y avait fait pour la retenir.
Manon perdue dans ses pensées mi heureuses mi douloureuses n’avait pas vu le temps passer, le jour était en train de tomber et elle espérait que bientôt Camille et les enfants seraient enfin de retour.
#19 #NouvelleDeLavent
Alors qu’elle mettait la table pour eux 4, et qu’elle faisait réchauffer la soupe, il lui semble entendre au loin le bruit atténué d’un moteur,
Elle allume le perron de la Bergerie pour guider le visiteur en espérant qu’il s’agisse de Camille et ses petits protégés.
Elle guette à la fenêtre l’arrivée de l’équipage et c’est finalement l’arrivée des trois chiens en éclaireurs qui révèlent à Manon qu’il s’agit bien de Camille !
Elle ouvre la porte aux chiens dont les gamelles sont prêtes qu’elle a disposées au sol pour leurs plus grands plaisirs,
ils sont crottés de boue mais ça n’est pas grave ces bêtes ont marché près de 8 heures aujourd’hui, elles méritent de manger sans délai et de se réchauffer à l'intérieur !
Manon nettoiera après, elle a aussi préparé des chaussettes chaudes et des chaussons pour Camille, elle a pris aussi des grosses chaussettes pour les enfants en guise de chaussons.
Son cœur bat à tout rompre tellement elle est soulagée du retour du berger.
Bientôt sa grande stature s’encadre dans la porte ouverte, portant les deux enfants, tous ont l’air exténué, elle l’aide à installer les petits dans le canapé face à la cheminée, puis se jette dans ses bras de la joie de son retour.
Dans un souffle il lui dit : « je rentre les chevaux, je leur donne à manger et je reviens », il est déjà dehors la laissant seule avec les chiens et les enfants,
les premiers s’éveillent intimidés, les seconds engloutissent leurs gamelles que Manon a enrichi de petits bouts de viande et d’un trait de soupe .
-Bonsoir, moi c’est Manon et vous ?
-Nous c’est Gaspard et Léa dit le garçonnet
-Qu’est-ce qui vous ferait plaisir, j’ai fait de la soupe, des saucisses et de la purée et un bon gâteau mais je peux vous faire une omelette aussi ou alors vous faire couler un bon bain chaud ?
-Léa elle voudrait sa tototte, elle est rangée dans notre sac sur le quad
-Je vais voir dehors si Camille a laissé le sac…
-Tu sais Léa a été comme un grande, elle a bien tenu Camille pendant tout le chemin, moi comme je suis plus grand, j’étais derrière elle, pour la protéger, je suis le grand frère !
Mais maintenant qu’on est arrivés, Léa elle peut redevenir petite et prendre sa tototte.
-Ah mais bien sûr vous avez été très courageux et Léa a parfaitement le droit de redevenir petite et d’avoir sa tototte dit-elle en allant vers la porte pour récupérer leur sac de voyage
-Tu reviens hein ?
-Mais bien sûr, que je reviens (ces enfants sont traumatisés parce qu’il leur est arrivé). Sous le perron elle trouve rapidement le sac que Camille a déchargé de son quad.
Regarde Léa, j’ai le sac, je vais chercher ta tototte, en l’ouvrant elle trouve un papier plié en deux sur lequel est juste écrit « Merci » et signé Justine.
Cette femme qui n’était jusque-là que la femme de Grégoire et la maman de Gaspard et Léa avait désormais un prénom et si Manon fouillait avec les enfants dans les albums des fêtes de la St Jean à la Bastide, elle aurait bientôt un visage.
La tête dans le sac des enfants à la recherche de la tototte de la petite et de probables doudous vu leurs âges, elle n’avait pas vu que Camille était rentré de la grange.
Ses traits étaient tirés par la fatigue, donnant aux enfants leurs affaires, elle se rapproche du berger pour l’aider à quitter ses vêtements trempés, elle lui tend les chaussettes et chaussons qu’elle a fait réchauffer près de la cheminée,
sans un mot il accepte son aide, elle voit qu’il est à bout de forces.
-Le diner est prêt mais si tu veux prendre un bain et te changer on peut t’attendre ?
-Non, on va dîner tout de suite, si je prends un bain je vais m’endormir et les enfants aussi, on mange et après on voit.
Ils mangent tous les 4 en silence, même les enfants ne disent pas un mot, ils avalent goulument tout ce que Manon a préparé jusqu’au gâteau, ils ont eu faim et jettent leurs dernières forces dans la prise de ce repas mais on voit déjà leurs yeux ensommeillés menacer de se fermer.
Dès la dernière bouchée mastiquée, Manon les entraine à l’étage leur montrant leurs chambres et les salles de bains, Léa à son attitude fait comprendre qu’elle ne veut pas être séparée de son frère.
Manon cherche dans le sac les pyjamas, elle rangera les vêtements demain, pour l’instant le plus important c’est de permettre à ses enfants de se coucher, elle trouve leurs brosses à dent, ils la suivent dans la salle de bain de la chambre choisie par le garçon.
-Vous voulez faire votre toilette ce soir ou juste les dents ?
Gaspard hésite on voit qu’il lutte contre les habitudes maternelles mais il finit par dire à Manon :
-Moi je voudrais bien faire dodo tout de suite et Léa c’est pareil
-Tu as raison, on fera la toilette demain, là vous êtes trop fatigués, je vous aide à mettre le pyjama et au dodo, je vois que Maman a mis dans le sac la dormeuse qui vous lit des histoires, elle est géniale votre Maman !
-Oui c’est vrai, Gaspard a déjà enfilé son pyjama et est rentré dans le lit, Manon finit d’aider Léa à mettre le sien en lui ayant demandé si elle avait besoin de faire pipi. La petite acquiesce et vient avec elle dans la salle de bain.
-Tu as besoin d’aide ?
-Non merci chuis grande mainant
-Oui tu es grande, je l’ai tout de suite vu
La petite couchée, Manon les embrasse et leur dit qu’elle laisse la lumière du couloir allumée et la porte ouverte, que Camille et elle sont juste en bas.
De retour dans le salon, elle constate que Camille a déjà tout débarrassé et qu’il est assis dans le fauteuil les yeux dans le vague.
-Je suis crevé, je ne vais pas trainer, merci pour tout ce que tu as préparé pour nous
-Tu rigoles après ce que tu as fait aujourd’hui c’était la moindre des choses, j’ai été inquiète toute la journée pour toi, à cause de ton départ à la l’aube on n’a pas pu parler de cette nuit et du fait que je t’ai rejointe dans ton lit je…
-Je suis trop fatigué pour en parler ce soir mais ta présence dans mon lit était déroutante, lui dit-il en se levant du fauteuil pour aller se coucher. Je ne tiens plus debout il faut que je me couche avant de m’effondrer.
Il ne se sent pas prêt à avoir cette conversation avec elle et devoir lui avouer quels fantasmes elle déclenche en lui. Il sait que sa réponse est un peu blessante et il s’en veut mais sur l’instant il n’a pas su comment réagir.
Il a tout juste la force de de se déshabiller dans la salle de bain pour se doucher avant d’aller se coucher, appuyé contre le mur carrelé et sous les jets d’eau chaude, il se dit qu’il aurait pu au moins lui dire que le réveil à ses côtés avait été agréable.
En sortant de la salle de bain, il s’aperçoit par la porte ouverte de sa chambre que la maison est plongée dans l’obscurité. La pénombre l’enhardit et il se dirige sans bruit vers la chambre de la jeune femme.
-Tu sais, je voulais te dire que me réveiller avec toi à mes côtés avait été délicieux et qu’il avait été difficile de résister et de partir pour ce que j’avais à faire, lui murmure t’il a l’oreille, elle ne dort pas encore, il le sait, et elle sait qu’il l'a compris .
C’est encore un de ses moments charnières, soit elle se retourne et l’enlace pour qu’il vienne la rejoindre dans son lit, soit elle reste immobile et le laisse repartir vers sa chambre.
Elle n’a pas le temps de répondre à cette question, il est déjà reparti, son cerveau en ébullition est en train de peser le pour et le contre, puis sans un mot elle quitte à son tour sa chambre en silence pour le rejoindre dans la sienne,
arrivée à sa hauteur, elle distingue à peine la forme du corps de Camille allongé lui tournant le dos sous la couette , elle laisse glisser à ses pieds les grand pyjama et se glisse sous la couette le long du corps musclé du berger.
-Pour moi aussi c’est dur de résister, plus que tu ne peux l'imaginer lui dit-elle dans un souffle se lovant contre le corps déjà endormi
Le contact de la peau de Manon contre la sienne, lui fait l’effet d’un électrochoc, il se réveille d’un coup et colle encore plus son corps contre celui de la jeune femme pour lui faire comprendre qu’elle l’a réveillé.
Manon commence à onduler contre lui déclenchant un vague de chaleur irrépressible, il sent contre son dos les seins lourds de la jeune femme ce qui exacerbe encore plus son désir,
n’y tenant plus il se retourne face à elle et l’attire pour embrasser cette bouche aux lèvres voluptueuses dont il rêve depuis des jours, il l’attrape par les hanche pour que plus aucun cm² de leurs peaux ne soit collé à l’autre.
D’un mouvement de rein la jeune femme bascule sur lui continuant à onduler en une caresse irrésistible, il sent son sexe durcir comme jamais contre sa douce vulve et la laisse continuer à prendre l’initiative.
Sur lui, elle lui offre la magnifique vision de ses seins aux tétons érigés mais en partie dissimulés par la cascade de boucles brunes,de ses mains il écarte les cheveux qui lui cachent ses deux merveilles et alors qu’il s’apprête à les embrasser,
il sent le jeune femme se soulever pour s’empaler sur lui. Si ce n’est la présence des enfants dans une chambre à l’autre bout du couloir, le plaisir de se sentir s’enfoncer dans ce fourreau brulant l’aurait fait rugir de plaisir,
il agrippe les hanches de Manon pour accentuer le merveilleux mouvement de va et vient du corps de la jeune femme sur lui, elle le chevauche haletant sous le plaisir au même rythme que son bassin.
Elle se penche sur lui comme pour se rapprocher de cette bouche qui cherche à embrasser tout ce qu’elle a à sa portée, entre la vigoureuse pénétration du sexe de Camille et la caresse de sa bouche sur ses seins elle ne peut bientôt plus retenir la vague d’orgasmes qui s’annonce,
elle accélère le mouvement et sent qu’il va aussi jouir dans peu de temps, une main sur la hanche de Manon, il attrape de l'autre son épaule pour qu’il s’enfonce encore plus profondément en elle, en silence ils sont devenus amants et ont partagés leurs puissants premiers orgasme.
Dans un souffle Camille dit :
-Comme c’était bon, je n’ai pas tenu longtemps, pardon mais tu es si belle et si douce, j’espère t’avoir donné autant de plaisir que tu m’en as procuré…
Je suis désolé mais je suis si fatigué, je risque de m’endormir alors que je voudrais encore te serrer dans mes bras et te faire l’amour…
-Je vais m’écrouler moi aussi mais avant il faut que je te dise que j’en rêvais depuis plusieurs jours et que ce n’était plus supportable…
-Quelle ironie, je rêvais mois aussi de toi et je ne savais plus quoi faire pour me détourner de la tentation…
-On aura plus à le faire, je vais m’endormir dans tes bras et passer la meilleure nuit depuis longtemps
En quelques secondes leurs respirations s’apaisent et ralentissent, ils dorment sans se rendre compte qu’à force d’efforts, le chiot est arrivé à les rejoindre sur le lit. Camille avant de sombrer se demande comment vont se dérouler les jours qui vont suivre…
Sa dernière pensée est de se dire qu’il vaudrait mieux qu’il se réveille avant les enfant pour éviter qu’ils débarquent dans sa chambre et s’aperçoivent que Manon et lui partagent le même lit ...
#20 #NouvelleDeLavent
Le jour s’est levé et c’est les rayons du soleil qui réveillent Camille, le soleil a fait enfin son retour !
Immédiatement Camille sort du lit même s’il s’est rendu compte que la maison est silencieuse et qu’il est peu probable que les enfants soient réveillés après le périple d’hier, ils vont certainement longuement dormir.
Il s’habille à la hâte et met les vêtements sales d’hier dans le panier à linge sale, en quelques minutes il a rechargé les poêle et la cheminée puis griffonné un mot pour Manon pendant que dans la cuisine la cafetière italienne lui fait un café à l’arôme puissant.
Rose avait acheté il y a quelques années une de ses cafetières dans laquelle on mettait du café en grain et qui distribuait ensuite un très bon café, mais elle l’avait bien vite rangé estimant que pour le matin le bruit était trop agressif,
elle préférait le petit glouglou de sa vielle cafetière italienne à dévisser et à mettre sur le feu, ça correspondait plus à l’hébétude de ses réveils avant l’aube… c’est vrai que pour le matin au moins il était agréable de prendre son petit déjeuner dans le silence, i
l chercherait où elle avait rangé l’autre machine pour préparer les cafés du reste de la journée, ça pourrait faire plaisir à Manon.
Rose utilisant du café en grain qu’elle réduisait en une fine poudre dans son vieux moulin à moudre en bois,
il y avait une grande réserve de café en grain dans un coffre en fer dans le sellier. Il faudrait qu’il aille le chercher car depuis l’arrivée de Manon, ils utilisaient du café moulu un peu éventé.
Avant de partir, Camille était allé voir dans la chambre occupée par les enfants et dans la sienne, tout le monde dormait,
l’idéal serait que Manon rejoigne sa chambre avant que les enfants ne se lèvent mais il n’a pas eu le cœur de réveiller la jeune femme qui dort si paisiblement.
Il lui dépose le petit mot qu’il a rédigé pour elle sur l’oreiller d’à côté et descend pour faire son travail de berger.
En chemin il se dit qu’il va devoir faire un peu de fromage car les cuves vont finir par être pleines et le lait n’est pas un produit qui se conserve indéfiniment, cet après-midi il potassera les fiches de Rose et Guitte pour se remettre en mémoire le procédé de Rose,
il verrait avec Manon, si elle veut l’aider, ça serait bien que chacun travaille le matin pour garder l’après-midi de libre pour s’occuper mieux des enfants,
Gaspard était assez grand pour venir avec Camille à la grange s’occuper des bêtes du moins rester sur une botte de foin pendant le nettoyage, et l’aider au nourrissage et la traite et la petite pourrait aller avec Manon à la fromagerie.
Il faudrait que Camille lui bricole une espèce de siège dans lequel elle pourrait rester assise, voir s’endormir…ils allaient avoir du pain sur la planche encore plus avec les enfants à surveiller et à occuper, il n’y avait aucun jouet à la Bergerie, comment allaient-ils faire ?
Ils trouveraient bien une solution, Camille marchait en direction de la grange derrière laquelle le soleil se levait, la tempête Alex était définitivement partie et l’été indien pouvait revenir.
Il ne serait pas mécontent d’installer les bêtes dans leurs enclos extérieur d’hiver jusqu’aux premières neiges, ça le soulagerait de plusieurs tâches et les animaux seraient plus heureux dehors,
mais avant il irait vérifier que les clôtures n’avaient pas trop été abimées par la tempête, il fera ça cet après-midi au zénith, au plus chaud de la journée,
comme ça il pourra emmener Gaspard avec lui, il lui suffisait maintenant d’entasser quelques poteaux et clous dans la remorque du quad.
Des petits pas léger se rapprochait du lit où dormait Manon,
en ouvrant les yeux elle se retrouve nez à nez avec une paire d’yeux bleus encadrée de mèches blondes, Léa ! Léa est réveillée et elle Manon est nue dans le lit de Camille…
-Bonjour beauté tu as bien dormi ?
-Oui mais mainant je voudrais le bibi
-D’accord, je vais te préparer ça, tu veux bien aller chercher dans ton sac de voyage ton bibi, je suis sûre que ta maman a prévu ça ! Gaspard dort encore ?
-Oui gaspard y ronfe !
La petite avait quitté la chambre, Manon pouvait se lever en enfiler son pyjama, elle aurait dû se réveiller plus tôt pour lui permettre de prendre sa douche et se préparer tant que les enfants dormaient,
maintenant elle allait avoir du mal à faire sa toilette en laissant les enfants sans surveillance.
Rejointe par la petite fille, elles descendent ensemble vers l’escalier
-Tu sais Léa, tu es encore trop petite pour descendre seule l’escalier, il faut que tu me promettes de ne jamais ni monter ni descendre sans moi ou Camille ;
-Ou Gaspard ?
-Non Gaspard est trop petit, il ne peut pas t’aider ça ne peut être que Camille ou moi, ou un autre adulte, tu as compris ?
-Oui oui je vais pas dans le scalier toute seule comme à la maison.
-Qu’est-ce que tu veux pour ton petit déjeuner en plus du bibi ? Un œuf à la coque ou brouillé ou alors des crêpes ?
-Non les crêpes c’est pas pour le ti dezeuner c’est pour le dessert ou pour le soir, tu sais ?
-Ah bon ? Mais ici on mange des crêpes quand on veut
-ah bon ?
-Tu veux quoi alors ?
-Le bibi et un crêpe
- D’accord donne-moi ton bibi que je te le prépare, tu veux m’aider à faire la pâte à crêpe ? Tiens monte sur cette chaise je te montre comment on fait. On sort, le sucre, la farine, le lait et on prend 2 œufs dans le panier.
Tu sais casser 2 œufs dans le saladier sans mettre de coquille dedans ?
-Ze l’ai deza fait avec maman !
-Alors prend les 2 œufs dans le panier et casse les dans le saladier jaune.
Pendant que la petite fille s’applique à tenter de casser les 2 œufs dans le panier, Manon réchauffe le lait pour son biberon, elle sort une fourchette pour l’étape suivante.
Contre toute attente ce petit bout de fille a parfaitement réussi à casser proprement les œufs,
Manon lui temps une fourchette pour battre les œufs et rajoute de la farine et un peu de sucre à la pâte, elle reprend la fourchette pour éviter les grumeaux, elle y rajoute peu à peu le lait frais sous le regard intéressé de Léa et c’est prêt.
Bon maintenant on va faire la gamelle de #Dieter, regarde on y met un peu de croquettes des gros chiens qu’on arrose de soupe que je réchauffe sur le poêle et on y met un peu de pain aussi,
ça va gonfler et on lui donnera, en attendant on le fait sortir dehors faire son pipi du matin, et toi tu l’as fait ton pipi du matin ?
-Non pas tencore, ze veut mainant.
-Viens, c’est ici, tu vois, là-haut tu peux faire pipi et le reste dans ta salle de bain et là c’est ici, c’est bien hein y a plein d’endroits pour faire pipi ?
-Et popo aussi ?
-Oui pareil !
La petite fille docile grimpe sur les toilettes…puis redescend seule contente d’avoir fini.
-Voilà monte là-dessus, il faut toujours se laver les mains après et puis il faut se laver les mains avant de manger aussi …
-Maman elle dit pareil !
-Elle a raison ta maman …voilà ton biberon, on va s’installer sur le canapé parce que j’ai très envie de regarder des dessins animés tu veux bien ?
-Toi aussi tu zaimes les dessins animés ?
-Oui je les adore…Manon ne sait pas si elle avait besoin de recourir à ce stratagème pour que la petite fille se pose devant la télé sans rechigner mais dans le doute...
La petite se dandine jusqu’au canapé avec sa tototte qui pend d’un cordon perlé, son doudou lapin sous le bras, Manon lui tend son bibi une fois qu’elle est bien installée et allume la télé sur une chaine pour enfant,
l’une et l’autre hypnotisées par le programme glissent lentement dans le sommeil sans s’en rendre compte, c’est Gaspard qui va la tirer de ma somnolence sans réveiller sa petite sœur, elle se lève pour lui préparer à son tour un petit déjeuner,
il a descendu du sac de voyage un grand sachet de céréales au chocolat qu’il dit prendre avec du lait froid, il ne veut rien d’autre que lui aussi s’installer sur le canapé devant les dessins animés. Il s’assied à côté de Manon en mastiquant ses céréales ramollies.
Bien vite, tous deux vont s’endormir et c’est dans cette position que Camille va trouver la jeune femme et les deux enfants.
-Manon, Manon ?
- Oui ? Tu t’es endormie, il est déjà 11h…
-Ohlala, on a rien fait ni la toilette, ni préparer le repas juste de la pâte à crêpes.
- C’est très bien la pâte à crêpe, j’ai rapporté des œufs et du fromage je vais chercher du jambon au sellier, pendant ce temps il faudrait faire la toilette si tu es d’accord.
-Oui, c’est parfait, je leur fais couler un bain chacun, Gaspard dans la salle de bain de leur chambre et Léa dans la mienne mais je ne vais pas pouvoir surveiller les deux en même temps ! Gaspard sait nager je l’ai vu cet été dans la piscine…
-Parce qu’il y a une piscine ? Ici ?
-Mais oui, tu ne l’as pas vu elle est sur la droite de la maison mais là elle est couverte et les transats rangés
-Décidément cette Bergerie me réserve beaucoup de surprises !
-Bon j’y vais et je monterais jeter un œil surveiller Gaspard
-Oui et puis si tu pouvais prendre Léa quand elle aura fini, que je puisse enfin prendre ma douche !
-Oui bien sûr tu veux la prendre tout de suite avant qu’ils ne se réveillent
-Ohhh oui merci je déteste baigner dans mon jus comme ça…surtout après la nuit qu’on a passé …
-Pourtant ton jus...il a bon goût...
-rohhhh mais tais toi !
Joignant le geste à la parole, elle grimpe l’escalier et se précipite sous la douche, quelques minutes après elle sort de la salle de bain sa lourde chevelure entourée d’une serviette et vêtues d’un peignoir en éponge,
elle sort de l’armoire 2 serviettes supplémentaires pour la petite fille et va dans la salle de bain des enfants pour en faire autant pour le garçonnet, elle en profite pour rajouter du bois dans le poêle du couloir et sa chambre puis enfilent des vêtements chauds.
De retour dans le salon, elle constate que les enfants dorment encore et libère Camille : « tu peux rapporter des saucisses aussi je vais en refaire avec un gratin dauphinois pour ce soir ?»
-Oui je rapporte du jambon et des saucisses tu auras assez de pommes de terre ou tu veux que je t’en rapporte aussi ?
-Tu as raison prends en quelques-unes lui dit elle tandis qu’elle réveille les enfants pour leur faire prendre leurs bains.
Elle entend l’enfant chanter dans son bain dans lequel il joue avec des bouteilles de gel douche qu’il a transformé en navire, la petite fille encore un peu endormie se laisse savonner et flotter dans l’eau chaude.
-Tu sais nager toi ?
-Oui Papa m’a appris mais z’ai encore un tipeu peur
-Tant mieux !
Moins d’une heure après, ils étaient à table, Camille avait décidé de prendre les commandes de crêpes garnies et les préparait à la demande, les enfants riaient des fils de fromage qui s‘étiraient, les adultes de leurs vaines tentatives pour aspirer d’un coup ces fils !
Des bonnes crêpes au sucre et au beurre en dessert et ce festin avait ravi tout le monde.
Les enfants étaient rassasiés, les adultes aussi et ça faisaient une première bonne journée pour Gaspard et Léa à la Bergerie.
Camille avait déjà demandé à Manon, si elle se sentait capable de préparer avec lui des fromages à affiner car les cuves allaient déborder,
elle était d’accord, ils allaient potasser ensemble le procédé de fabrication de Rose mais avant il voulait aller contrôler les enclos d’hiver et il avait demandé à Gaspard de l’accompagner après le repas.
Une fois la table débarrassée et le lave vaisselle chargé, le voilà près à repartir avec l’enfant. Une fois la table débarrassée et le lave-vaisselle chargé, le voilà près à repartir avec l’enfant…
-Tu crois qu’il y a de la crème à la fromagerie ?
-Surement, tu en veux ?
-Oui avec du lait s’il te plait c’est pour le gratin dauphinois ?
-C’est pressé ou ça peut attendre une heure ou deux ?
-Oh tu as le temps, la petite va dormir et on épluchera seulement ensuite les pommes de terre.
La petite Léa est déjà en train de s’endormir, elle a encore l’âge de faire une sieste, elle l’emporte à l’étage, la déshabille un peu et l’installe sous la couette,
en lui disant, je vais dans ma chambre à côté tu viendras me chercher pour qu’on descende tout à l’heure on épluchera les patates.
Manon sort avec les chiens pour voir partir le berger et son assistant,
ils s'éloignent déjà quand soudain prise d’une pulsion Camille dit à Gaspard :
-tu peux garder les chiens et surtout le petit j’ai besoin que Camille m’aide dans la remise, tu les surveilles ?
-Oui !
-Viens Camille me donner un coup de main…
Dès la porte franchie elle se love contre lui, l’embrasse,
-Dès que tu pars tu me manques, j’ai envie de toi en permanence, c’est dingue …
-Moi aussi j’ai le goût de ta peau sur ma langue et je ne m’en lasse pas et dire qu’avant on avait tout ce temps de libre tous seuls
et qu’on l’a gâché à se disputer … il bascule la jeune femme sur le dos sur la malle en fer, glisse ses mains sous son pull caresse sa poitrine à travers le soutien gorge en fine dentelle, et commence à embrasser ce ventre béni
sa bouche s’attarde le long de la ceinture du jean, de ses mains fébriles Manon déboutonne son pantalon et se tortille pour le baisser jusqu’à exposer son sexe gonflé de désir…
-On a pas le temps Manon, juste quelques que caresses mais tu vas me rendre dingue, je ne vais penser qu’à ça ! Gaspard est juste à côté, on ne peut pas...
Il la caresse et lèche la fente sombre, il faut qu’il se calme sinon il ne pourra plus s’arrêter...de sa main écarte les douces lèvres pour atteindre le merveilleux bourgeon de chair que sa bouche va faire vibrer jusqu'à l'orgasme
Négligeant la lave en fusion qui lui parcourt le ventre, dans un souffle, sa bouche remontant jusqu'à ses seins, il lui dit attend tout à l’heure…ce soir...il faut que je parte...
Il s’arrache littérairement de Manon et s’enfuit sans se retourner pour se détourner de son désir et allait faire ses vérifications, l’esprit bouillonnant d’images indécentes
#21 #NouvelleDeLavent
Camille appréciait d’avoir retrouvé la sensation de la chaleur des rayons du soleil sur lui, l’enfant le suivait ne perdant pas une miette de chacun des gestes du berger,
il était plus que temps d’appeler Baptistin, il s’était contenté hier de lui envoyer un sms disant « arrivés tout va bien »
Baptistin ? C’est Camille, alors comment ça va à la ferme ?
-et bien, ça va, Grégoire commence à aller mieux, il a moins de fièvre je me suis occupé hier du nettoyage des étables, l’avantage ici c’est qu’il n’y a pas de traite !
-Ah ça la viande c’est plus facile…
-Justine va beaucoup mieux, elle m’a un peu aidée ce matin, on va sans doute relâcher les bêtes aux prés.
-Pareil ici je vais contrôler les enclos pour les chèvres et les brebis, les vaches, elles c’est bon le pré est clôt, pareil pour le taureau, je vais voir si je mélange les chèvres de Grégoire avec les nôtres, les ânesses et les chevaux, demande à Justine ce qu’elle en pense ?
Il entend leur conciliabule et Baptistin met le haut-parleur pour Justine.
-Camille bonjour et merci, tu sais autant qu’elles s’habituent tout de suite car les chèvres et les ânesses sont à toi, tu les as sauvées et surtout tu nous a sauvés,
Baptistin m’a expliqué comment tu as tout organisé et puis tu prends soins de nos petits ça vaut bien plus que quelques bêtes !
-Mais non Justine, c’est normal de s’aider à la montagne et je ne vais pas prendre vos bêtes !
-Tu veux me vexer ?
-…non mais… et Grégoire ?
-Grégoire il sera d’accord avec moi, pour nous avoir sauvé et t’occuper des petits il t’aurait donné la ferme tu sais ! N’en parlons plus garde ces bêtes en signe de notre amitié et de notre gratitude.
-… J’ai Gaspard avec moi tu veux lui parler ?
-Ohhhh bien sûr mon petit !
Camille tend le téléphone à l’enfant et s’éloigne un peu pour le laisse tranquillement parler avec sa mère.
Il prépare la remorque et l’attelle au quad, s’il est chanceux il n’y aura pas grand-chose à faire aux clôtures et ils auront juste fait une balade en quad.
L’enfant lui rend le téléphone et grimpe derrière lui mais cette fois ci pour un simple tour d’inspection des enclos.
Camille et Gaspard on minutieusement vérifié tous les enclos et à part un poteau qui bougeait un peu, tout était resté en place et la tempête avec épargné les installations,
d’ailleurs d’une manière générale à part les coulées d’eau et de boue à priori le domaine n’avait souffert d’aucun dégât en fait la Bergerie et les autres bâtiments n’étaient quasiment jamais exposés au vent d’ouest et à peine celui d’est
ce qui fait que presque jamais les toitures ou bâtiments ne souffraient des rigueurs climatique à part la neige deux ou trois mois de l’année.
-Et bien c’est parfait Gaspard, demain on sort les bêtes de l’étable, tu vas m’aider ?
-Oui je sais le faire, je le fais avec mon père !
-Et le soir on les rentre car même si on est un peu plus bas que chez toi, la nuit ça pique un peu, mais on aura moins de travail pour nettoyer le matin et puis il reste encore assez d’herbes pour qu’elles mangent toute seules, c’est bon pour le lait, ça lui donne bon goût.
Allez on rentre on va retrouver les filles et puis je vais réviser comment on fait le fromage de Rose avec Manon !
En arrivant Camille dit à Manon :
- Tu as quelques choses à goûter pour deux bergers affamés ?
-J’ai du quatre quart d’hier et on va faire de la compote mais elle ne sera prête que pour ce soir.
La petite fille se précipite auprès de son frère qu’elle est contente de retrouver : Tu as vu le loup ?
-Non Camille il dit que y en a pas des loups ici grâce à Pâquerette, et bientôt il y aura des bébés Pâquerette pour aider !
-Pâquerette va avoir des bébés ?
-Non des bébés de deux autres mais comme Pâquerette, Camille il a dit qu’on pourra venir les voir ça sera au mois de novembre, ils sont nés déjà mais ils sont trop petits pour venir. Et puis avec la tempête on est tous coincés.
-Oui c’est pour ça on va pas à l’école, oui peut regarder les dessins animés, rogade Manon elle a mis la Pat’Patrouille , viens !
-Léa tout à l’heure on a appelé ta Maman avec Gaspard, tu veux qu’on la rappelle ?
-Oui ze veux bien, mais on reste ici quand même ?
Oui, oui, dit Camille en appelant Baptistin : C’est Camille, Léa voulait parler à sa maman, tiens Léa ! La petite fille attrape le téléphone et entreprend de raconter à sa mère tout ce qu’ils ont fait depuis le départ.
Puis passant le téléphone à son frère, elle s’empare de la part de gâteau que Manon lui a servi, Gaspard a déjà pris la sienne et commence à lui raconter comment il ont réparé l’enclos du taureau.
Pendant que les enfants se raconte leurs histoire, Camille et Manon se dévorent des yeux…ils savent qu’à partir du moment où les enfants enfant sauront qu’il sont amants, toute la vallée ou presque le saura…c’est trop tôt …
-Je vais me doucher, j’ai eu bien chaud tout à l’heure sur la clôture du taureau, il s’avance vers la porte de la salle d’eau du rez de chaussé et sent que Manon lui emboite le pas, il se retrouvent tous les deux dans la pièce en mosaïque grise.
C’est une salle d’eau moderne que Rose avait fait installer pour se laver quand on rentre dans la Bergerie crottés sans avoir à traverser la maison, elle avait fait construire cette douche à l’italienne, des toilettes attenantes et indépendantes…
Les deux amants se jettent dans les bras l’un de l’autre, s’arrachent leurs vêtements respectifs et se retournent nus fiévreux d’un désir impossible à refreiner.
Camille fait couler l’eau sur leurs corps pour éviter que les enfants entendent du bruit, en un rien de temps la jeune femme sous l’eau chaude en pluie, se cambre pour lui offrir sa croupe appuyée sur la mosaïque,
Camille s’agenouille devant l’offrande et décide de lécher puis d’aspirer l’intimité de Manon. Sous sa langue, Camille aspire le petit bouton rose de la jeune femme et le sent vibrer et pulser de plaisir, son visage collé à elle il la sent tanguer sous cette caresse,
de ses mouvements de bassin il comprend , qu’elle veut plus, qu’elle le veut plus à l’intérieur de son ventre brûlant et doux comme de la soie, sa langue remonte son sillon faisant vibrer aussi ce petit anneau plus sombre,
il se relève et cherche du bout des doigt comment s’introduire au mieux en elle et la prendre comme ça debout sous la douche.
Comme il est beaucoup plus grand qu’elle et plié sur elle il ne trouve pas la meilleure position, il la soulève par les cuisses pour mieux la pénétrer puis la retourne et fait face à l’objet de sa convoitise, cette lourde poitrine qui se balance au rythme de ses coups de reins,
il soulève Manon par les fesses elles accroche ses jambes autour de sa taille et accompagne ainsi les mouvements de bassin du berger. Très vite ils se retrouvent l’un et l’autre au bord de l’explosion de ce désir animal qui les dévore.
Sous l’eau chaude Camille détend ses muscles après les délices de l'amour avec Manon, pendant qu’elle se rhabille au plus vite pour rejoindre les enfants avant qu’ils ne s’aperçoivent de quoi que ce soit …
Les enfants en train de manger le quatre quart devant la télé, ne se sont pas rendus compte de l’intermède caché des deux adultes accueille Manon el lui proposant du gâteau.
Elle s’assied à côté d’eux et s’efforce d’oublier son trouble et de faire passer sa fièvre charnelle en regardant le dessin animé avec les petits.
Alors qu’elle s’est détournée de ses pensées torrides Léa lui demande :
-Pourquoi tes seuveux sont mouillées ?
-Ils sentaient le fromage des crêpes alors je les ai lavé…
-Avec Camille ?
-Non dans ma salle de bain !
-Léa elle a dit qu’on va éplucher des patates c’est vrai ?
-Oui si vous voulez ça sera amusant
-Oui, on joue à la famille, toi tu sorais la maman, Camille le papa qui va couper du bois et nous on est les zenfants qui mangent des crêpes !
-euhhh oui si tu veux !
En entendant la petite fille dire ça, Manon blêmit, elle réalise une chose…ils ne se sont pas protégés, ni la première fois ni la seconde fois, c’est dingue, elle n’y a même pas pensé alors que les deux fois, c’est elle qui a provoqué la chose !
Pas un instant elle y a pensé et apparemment lui non plus, elle médecin qui passe son temps à dire aux patients de ne jamais faire exception, de se protéger à chaque fois et pas seulement pour la contraception, elle a complètement oublié.
Elle a arrêté de prendre la pilule après sa rupture avec Romain et là…rien de tout ça n'était prévu, elle n'avait rien apporté pour son séjour niçois, alors qu'elle aurait du, elle le répète sans arrêt en avoir toujours sur soi !
Et puis alors là maintenant, loin de tout, coincée ici elle ne peut rien faire, rien vérifier ni côté contraception ni côté infectieux, elle va prier que Camille n’ai rien et qu’il soit moins fertile qu’il n’est viril…
mais quelle connerie, qu’est ce qui lui a pris elle perd complètement la tête depuis qu’elle est ici, c’est une catastrophe !
Et alors qu’elle devrait être tellement furieuse d’elle-même et de lui, elle se surprend à espérer que pour la suite il a des préservatifs et suffisamment… elle est folle, complètement folle !
Dans sa poche elle sent son téléphone vibrer, c’est une notification de Cindy « je crois que j’ai trouvé le remplaçant idéal, il est lillois donc pas besoin de le loger, il a une voiture, il est ok pour 70%, célibataire donc aucune contrainte horaire,
je t’envoies sa fiche comme ça tu me donnes ton avis » elle lui répond aussitôt « inutile, je te fais confiance vas-y embauche le tu as ma procuration, sur le site de l’ordre il y a des contrats types »
Elle n’ose pas lui parler de ce qui la préoccupe car elle sait qu’elle va fanfaronner en lui disant : « je te l’avais dit » puis ne manquerait pas de l’engueuler pour sa légèreté dans son oubli à se protéger…
quoi qu’il en soit ça faisait déjà un soucis de moins et vu la situation c’était toujours ça de pris !
Se relevant en faisant mine d’aller fouiller dans le réfrigérateur, elle guette le retour de Camille dans le salon, elle veut tout de suite lui en parler.
Elle sait qu’elle n’a rien de son côté, d’une part elle est très médicalement suivie mais aussi en étant avec un phobique de l’engagement même si elle prenait la pilule,
Romain était du genre à empiler les préservatif plutôt qu’à laisser sa liberté chérie en butte à une défaillance chimique mais Camille ? Après tout elle ne sait rien de lui !
Et en admettant, qu’il soit sain, restait la question de la contraception ! C’était une catastrophe !
Où en était-elle de son cycle ? En plus après un arrêt de la pilule, tout était possible …la dernière fois ? Voyons voir, elle avait acheté récemment des culottes menstruelles mais c’était où ?
En ligne, oui c’était en ligne et elle les avait utilisées peu après, elle devait retrouver la trace du mail de l’avis de livraison et par là, l’indication de la période de son dernier cycle, voilà le mail, maintenant un souvenir attaché à l’usage ?
Rien de très précis mais on va dire une semaine et… Merde c’était la catastrophe, c’était pile le pire moment pour oublier d’utiliser des préservatifs ! Mais c’est pas possible ça d’être aussi crétine …
Camille est dans les escaliers, se lève et lui dit :
-Il faudrait que je te parle en lui montrant la porte d’entrée !
-Dehors ? Là maintenant ? Je sors de la douche, j’ai encore les cheveux mouillés ? Bon si tu veux…Ils s’apprêtent à sortir quand une petite voix les interpelle :
-On n’épluche plus les patates ?
-Mais si bien sûr, tu as raison Gaspard on a de la cuisine à faire et on a intérêt à ne pas trainer si on veut avoir à manger ce soir lui répond Manon
#22 #NouvelleDeLavent
-Mais si bien sûr, tu as raison Gaspard on a de la cuisine à faire et on a intérêt à ne pas trainer si on veut avoir à manger ce soir lui répond Manon.
Renonçant à sortir, Manon va chercher son panier de pommes de terre les 2 économes qu’elle trouve et un couteau pour elle, elle montre aux enfants comment faire, Léa renonce à éplucher des pommes de terre c’est trop dur pour ses petits doigts.
Elle décide qu’elle distribuera les pommes de terre à éplucher à son frère et à Manon.
Pendant ce temps-là Camille se demande pour Manon lui jette des regards furieux depuis qu’il est redescendu de l’étage,
il laisse une maitresse passionné et retrouve une jeune femme en furie sans savoir pourquoi ; cette dualité est-elle chez elle un état permanent ou est ce de se retrouver à la bergerie qui provoque cet état. Il ne voit pas ce qu’il a pu faire ou dire pour provoquer sa colère ?
Dans ces conditions, il se concentre sur la lecture des fiches de fabrication des fromages de Rose, elle lui avait déjà montré comment faire et l’avait entrainé à le faire pour qu’il puisse la remplacer quand elle s’absentait, ce qui n’arrivait pas souvent.
En parcourant le descriptif, tout lui revenait et ça serait aisé pour lui de si remettre. Si Manon acceptait de l’aider, il insisterait sur les phases délicates mais il ne doutait pas que la jeune femme saurait rapidement s’en sortir.
Quand il lève les yeux de ces fiches plastifiées, il s’aperçoit que le garçonnet et la jeune femme ont déjà fini de découper à la mandoline les tranches de pommes de terre et que Manon laisse aux enfants de beurrer le moule et de placer les couches de patates.
-Tu sais où se trouve la noix de muscade ?
-Euhh non si elle n’est pas dans la petite étagère à épices que je lui ai faite je ne sais pas ..
-Evidemment !
-Désolé
-Tu nous as ramené du lait et de la crème ?
-Oui j’ai tout mis au réfrigérateur, je te les apporte ?
-Non je me débrouille. Allez les enfants, on sale on poivre, on laisse la gousse d’ail au fond et je mets la crème et le lait, et au four tout doux pour minimum 2h. Maintenant on va éplucher des pommes et faire de la compote pour ce soir,
Gaspard tu rapportes toutes les pommes qui sont dans la coupe sur le comptoir de la cuisine et on s’y met.
-Tu auras du temps pour potasser les fiches de la fromagerie ?
-Il faudra bien !
-Si tu ne veux pas aider, je me débrouille tout seul…
Manon regrettait déjà sa remarque, Camille abattait déjà un travail énorme seul, elle se devait d’aider et de le soulager un peu !
Tout à l’heure en même temps que sa prise de conscience de leur légèreté elle s’était en même temps inquiétée des armes cachées dans la maison, incompatibles avec la présence de jeunes enfants !
Elle était vite allée dans sa chambre et s’était rendue compte que la carabine n’était plus sous son lit mais en haut de la plus grosse armoire avec sa boite de munition, pareil dans la cuisine la carabine et les munitions étaient tout en haut d’un meuble de la cuisine,
Camille sans doute y avait immédiatement pensé et avait remédier au risque que ca présentait avec des enfants à la maison…comment pouvait-il être si prévoyant et là…
-Non, non je le ferais mais comment faire avec Léa ? dit-elle dans un mouvement d’humeur…
-Je vais bricoler un petit siège pour elle, dans le bureau elle pourra regarder la télé ou des vidéos, il y en a, là sur l’étagère ou s’amuser avec une tablette, le temps que tu fasses quelques fromages.
Demain matin je me dépêche de faire mon travail avec les bêtes, je les sors et on vous rejoint avec Gaspard pour que je te montre comment faire.
Pour l’instant les enfants vous êtes restés assez longtemps enfermés on va jouer dehors avec les chiens,
j’ai tout ce qu’il faut dans la remise, des ballons, des balles, un frisbee, ça va faire du bien à tout le monde dit-il en fixant Manon qui a l’air toujours aussi revêche.
Toute la joyeuse petite bande s’ébroue dehors, même le chiot sort et essaie d’attraper un ballon aussi grand que lui n’arrivant qu’à rouler avec le ballon.
Manon ne peut qu’admirer l’aisance avec laquelle il s’occupe des enfants, on dirait qu’il est habitué à le faire. Elle a des remords de lui en vouloir autant, il n’est pas le seul responsable de la situation !
Elle rentre mettre sa compote sur le feu et commence à lire les fiches, au bout d’une heure, tout le monde rentre, Camille et les enfants se mettent à préparer les gamelles pour les chiens et le chiot, tout cela dans un joyeux vacarme.
-Les enfants…ça va être l’heure du bain, je vais les préparer et je viendrais vous chercher.
2 h plus tard, ce petit monde est en pyjama et est prêt à dîner, Gaspard a pris son bain seul, pendant que la jeune femme surveillait sa petite sœur, elle a pris le coup maintenant.
Manon a juste à cuire les grosses saucisses juteuses que Camille avait rapportées du congélateur, en se demandant combien de temps pourraient-ils tenir avec ces trois congélateurs ?
-Regardez les enfants, je vous ai trouvé des BD dans la bibliothèque de Rose vous allez les regarder pendant qu’avec Manon on va dans la remise chercher à manger pour demain, ça vous dit du poulet ?
-Z’adore le poulet Maman elle fait des frites avec le poulet !
-D’accord on va voir si on peut faire ça nous aussi, tu viens Manon ?
Dès la porte refermée, il lui fait face :
-Mais qu’est ce que tu as ? Qu’est ce que j’ai fait pour mériter ta colère ?
-Qu’est ce que tu n’as pas fait plutôt !
-Oui ?
-On ne s’est pas protégés !
-Oui c’est vrai…je n’y ai pas pensé ou plutôt sans vouloir être désagréable je n’ai pas eu le temps d’y penser… rien n’était prévu…
-Ahhh je m’en doutais de celle là ! C’est de ma faute !
-Je ne dis pas que c’est de ta faute mais enfin je ne me doutais pas de ce qu’il arriverait, je suis venu dormir à la Bergerie parce que tu étais malade brulante de fièvre,
je n’ai pas pensé que j’aurais besoin de préservatifs et puis tu es venue et tout à l’heure dans la salle de bain …tu comprends, tout a été si soudain !
-Tu aurais pu dire non ! D’attendre d’en avoir ?
-Vraiment d’attendre ? Mais j’en ai ! Mais pas ici, chez moi à 500 mètres…
Ah et bien c’est la meilleure celle-là, tu en avais et tu ne l’as pas dit ?
-Mais…tu es injuste avec moi ! Je n’ai aucune maladie, j’utilise toujours des préservatifs !
- Pas toujours !
- Je vais aller les chercher…
-C’est trop tard !
-Mais…et toi tu aurais pu y penser aussi après tout, tu n’as rien dit…je ne m’attendais pas à ce que tu me rejoignes…
-J’étais venue la veille…
-Bon ok, c’est de ma faute, je suis un connard et tu me détestes mais je suis sûr que je ne t’ai donné aucune maladie !
Je n’ai plus faim, inutile de m’attendre…dit-il en tournant les talons et en partant la laissant seule dans la remise.
Elle n’a même pas eu le temps de lui parler du problème de contraception…c’est vrai qu’elle a été injuste, elle s’en est pris à lui parce qu’en fait elle est très en colère contre elle-même,
c’est elle qui a pris l’initiative à chaque fois, il aurait pu l’arrêter mais pour être très honnête elle aurait dû s’arrêter tout seule, elle aurait pu, elle ne l’a pas fait non plus…
Elle va se rattraper et lui dire qu’elle lui demande pardon pour son ton, elle est aussi responsable que lui, elle s’en veut, elle ne sait pas où il est parti, elle l’a vexé voir pire elle lui a fait de la peine, elle lui dira ce soir quand il rentrera.
Et maintenant il faut qu’elle se débrouille pour trouver un poulet dans un des congélateurs et qu’elle trouve une explication à l’absence du berger pour les enfants…quelle idiote !
Elle sentait des larmes couler sur ses joues, donc maintenant ils avaient fait une super connerie très angoissante et elle avait fait fuir la seule personne avec qui elle pouvait en parler.
Elle avait fait fuir l’homme dont elle rêvait la nuit mais aussi le jour, elle avait fait fuir la seule personne pour la soutenir dans cet isolement dans cette montagne coupée du monde,
c’était vraiment une bonne idée ce déchainement de reproches qu’elle aurait pu se faire à elle-même. D’ailleurs elle n’avait elle-même pas pensé à emporter des préservatifs…
De retour dans le salon et avant que les enfants posent des questions elle leur dit :
-Camille a dû partir à la grange il y a une bête malade, il a dit de ne pas l’attendre qu’il va rentrer tard…
-Mais il n’a pas manzé ! Et il va pas faire dodo ?
-Il a pris du fromage ment-elle et puis bien sûr qu’il fera dodo mais plus tard !
-Du fromaze ? C'est bon le fromaze, ça fait grandir les petits zenfants, Maman elle dit !
-Et ta Maman a raison le fromage c'est très bon !
J’ai trouvé le poulet et on fera des frites demain, vous m'aiderez pour les préparer comme pour le gratin ? On se débrouillera s’il n’y a pas de friteuse, mais je suis sûre que Rose avait une friteuse.
Malgré ses efforts toute la conversation du soir va tourner autour de Camille et de cette mystérieuse bête malade, quelle bête, qu’est-ce qu’elle a ? Quand est ce que Camille va rentrer ?
Elle doit se faire violence pour retenir ses larmes face à cette assiette vide, en si peu de temps ce diable d’homme a pris une place énorme dans la vie de la jeune femme… Elle va l’attendre ce soir et voir comment se réconcilier avec lui.
En réalité, il n’est pas rentré, elle l’a guetté une partie de la nuit, elle ne sait pas où il est, elle est allée sur le perron pour voir mais rien la grange est plongée dans l’obscurité, il ne semble pas être parti là-bas, il est parti sans les chiens, où peut-il bien être.
Elle a fini par s’endormir le cœur lourd s’en voulant de ce qu’il se passait.
Le lendemain matin dès son réveil elle va voir dans la chambre contiguë si Camille a fini par rentrer, rien, personne, le lit n’est pas défait, rien n’a bougé,
elle s’élance dans l’escalier pleine d’espoirs mais il n’est pas non plus en bas, juste un mot disant : je viens chercher Gaspard à 8h30 pour la grange je lui ai promis de le faire participer, j’ai sorti la friteuse de Rose pour les enfants,
inutile de venir à la Fromagerie, je me débrouille et j’emmènerais les enfants se promener cet après-midi avec les chiens
Il l’a gommée du planning de la journée, il est redevenu le berger bougon mais cette fois ci elle est seule responsable, elle ne sait pas comment faire…
Elle a envie de pleurer, de rage mais aussi de tristesse, elle a tout gâché. Elle ne savait pas encore qu’il ne s’agirait pas que d’une seule journée et elle ne savait pas comment rattraper les choses.
Le berger était devenu un ombre qui apparaissait et disparaissait, il ne dormait plus à la Bergerie, il n’y passait que pour les enfants en fait,
il n’adressait quasiment plus la parole à Manon, il paraissait enjoué mais dès qu’il quittait le champ de vision des enfants son visage se fermait,
il l’ignorait tout en l’aidant pour tout, laissant ça et là des mots impersonnels et froids, assumant toutes les tâches seul,
elle avait bien tenté une fois d’aller le rejoindre à la fromagerie avec Léa, il n’avait parlé qu’à l’enfant lui proposant même de rester avec son frère et lui et de laisser Manon se reposer tout cela sans jamais croiser le regard de la jeune femme.
Cette mise à l'écart était très cruel, il était rentré dans le rôle d'un employé zélé mais juste un employé, sans relation personnelle, elle m'imaginait pas déclencher une telle réaction...
Elle était redevenue une intruse et sa peine était grande d’être exclue de la vie du berger. Bientôt une semaine que les enfants étaient là et si au début cette vie de famille était plaisante, là ça devenait irrespirable.
Elle pleurait doucement et silencieusement dans son grand bol de thé au miel au côté de la petite fille endormie serrant son doudou lapin contre elle et sa tototte dans la bouche.
La chaleur du corps du berger lui manquait mais pas seulement, sa façon de toujours trouver des solutions, de ne rester calme et serein en toutes occasion, d'être là toujours prêt à la rassurer, tout ça lui manquait terriblement, ils étaient désormais de chaque côté du miroir
Les enfants étant devenus leur seul lien, passant de l'un à l'autre sans se rendre compte de ce qu'il se passait entre les deux adultes, quelle ironie ils avaient tellement cherché à cacher leur liaison et leur rupture elle se cachait d'elle même
Au loin, il lui semble entendre le bruit d’un moteur mais ça ne peut pas être ça, à cette heure Camille est Gaspard doivent être à la fromagerie.
Il est 11h, le gratin de pâtes n’attend plus que de passer au four, elle a mis la table pour trois, désormais elle a compris qu'il ne prendrait plus ses repas à la bergerie...
Elle avait espéré son retour, tenté de s'excuser de sa véhémence contre lui, mais il faisait en sorte de ne jamais être seul avec elle.
Là comme tous les jours, il allait juste ramener Gaspard puis prétextant une tâche urgent à faire il allait s’éclipser jusqu’au début d’après-midi où il reviendrait chercher les enfants pour les emmener seul faire quelque chose dont elle serait encore gentiment exclue…
le fauteuil de Léa, la cabane dans les arbres, cueillir des fruits, ramasser des champignons, brosser les ânesses et les chevaux…mais toujours sans Manon.
Elle ne rêvait pas c’était bien le moteur d’un quad qu’elle entendait, l’engin se rapprochait de la Bergerie, elle ne sait pas qui ça pourrait être ?
#23 #NouvelleDeLavent
Elle finit par reconnaitre la grande silhouette, c’est Baptistin ! Elle ouvre la porte de la Bergerie et s’élance à l’approche du bucheron qui arrive à point nommé pour la détourner de sa peine et du silence dans lequel Camille l’a enfermée.
Quel plaisir de le voir arriver, son quad chargé et une remorque attelée derrière, il lui apporte aussi un peu de bois !
-Baptistin mais quel plaisir de vous voir, je ne savais pas que vous alliez venir, les enfants vont être ravis d’avoir des nouvelles de leur parents ! Comment allez-vous ?
-ça va je suis passé par la scierie pour voir si tout allait bien et je vous ai rapporté un peu de bois, Camille est là ? Il m’a dit que vous avez été bien malade ?
-Non à cette heure-là il doit être à la fromagerie. Vous voulez un café ?
-Non merci, j’en ai dans ma thermos je vais rejoindre Camille pour lui faire la surprise ! Vous voulez venir aussi ?
Elle serait bien venue mais elle n’avait pas envie que Baptistin se rende compte de la situation prétextant sa cuisine à faire, elle refuse poliment
-Camille ?
-Oh Baptistin tu es rentré ? Regardez les enfants qui vient d’arriver ! J’en déduis que tout va bien chez Grégoire.
-Disons qu’ils sont tous les deux sur pied mais que le problème de l’électricité demeure,
j’ai déplacé avec Grégoire l’armoire en fer en pleine ombre dans laquelle Justine a sauvé toute la nourriture il y fait -5°C même en plein midi ça devrait aller, elle a fait plein de conserves, il y a des poules et une vache qui donne du lait, ils vont se débrouiller.
On a déplacé aussi la réserve de bois au plus près de la maison, pour l’eau ils ont comme ici une source donc ça va aller.
Avec Grégoire on est même monté sur le toit remplacer quelques tuiles qu’il avait en réserve …ses bêtes vont bien on les a relâchées au pré…voilà ça roule, c’est pour ça que je suis revenu, et toi tu t’en sors ?
En revanche sans électricité je pense qu’il vaut mieux que les enfants restent ici !
-Ici, ça va, on a aucun dégât, on est juste isolé du reste de la vallée, on s’est débrouillé avec les enfants, ils peuvent rester aussi longtemps que nécessaire, il n’y a pas de problème…
-Et avec la nièce ? Tu sais ce qu’elle va faire du domaine ? Elle m’a semblée un peu éteinte ?
-Oh ça va, c’est une fille de la ville mais ça va. Eteinte ? Elle doit en avoir marre de jouer à Heidi, elle doit avoir hâte de retrouver sa vie et de partir.
En prononçant ses mots, Camille réalise à quel point ça lui faisait mal, il avait le cœur brisé et en bon montagnard, il s’était muré dans le silence pour panser ses plaies. Il ne savait pas faire autrement, il se protégeait comme ça,
il avait vécu de nombreuses années avec sa mère célibataire, n’avait jamais connu son père, elle avait fini par avoir des enfants avec un autre homme. Il avait longtemps cru qu’il faisait enfin partie d’une famille avec ses frères et sœurs sa mère et son beau père
Jusqu’à ce qu’ils lui annoncent qu’avec ses deux frères et sa sœur ils émigraient au Canada et qu’il n’était pas compris dans le voyage, il venait d’avoir 18 ans et sa propre mère l’abandonnait sur le bord de la route comme un paquet encombrant...
C’était il y aura bientôt 20 ans, elle l’avait rassuré en lui disant tu fais tes études à Marseille, avec ta bourse et un petit job tu devrais pouvoir t’en sortir,
l’été place toi chez un paysan, là bas on ne pourrait pas te payer des études, quand tu auras fini tu pourras nous rejoindre…
il avait erré sans but pendant plusieurs mois, n’ayant en tête que ses études, les achever et s’en sortir.
L’été comme saisonnier chez Rose, il avait travaillé comme un damné…elle avait entendu parler de son histoire et avait décidé de le prendre lui aussi sous son aile.
Il avait achevé ses études mais avait décidé de rester à la ferme, de ne pas exercer...
ça avait déclenché un terrible affrontement entre Rose qui voulait qu’il exerce le métier pour lequel il a tant lutté et lui qui voulait tourner le dos à cette vie où sa mère l’avait abandonné ne s’intéressant à lui que lorsqu’il serait vétérinaire…
Rose avait finalement lâché prise redoutant que Camille ne change pas d’avis mais fuit le domaine pour proposer ailleurs ses services de Berger.
Voila comment Camille avait appris à cacher sa peine et à tourner le dos à ceux qui lui font du mal…
Manon avait été la seule personne à part Rose qui ait réussi à transpercer sa carapace et une fois de plus ça lui a déchiré le cœur.
Pourtant la douceur de la jeune femme lui avait tellement réchauffé le corps et l’âme qu’il avait cru l’espace d’un instant qu’il pourrait avoir une autre vie, une vie heureuse partagée avec une femme qui lui serait loyale…mais ça ne devait pas exister pour lui !
Il avait mal, si mal, elle lui avait fait mal, elle aussi …
-Je voudrais rester un peu à la Bergerie, je vais demander à Manon si elle est d’accord je n’ai pas assez de réserves à la scierie. Je ne tiendrais pas bien longtemps,
j’irais chasser pour ne pas trop peser sur les vôtres mais je ne peux pas rester seul là bas, j’irais passer quelques jours chez Grégoire donner un coup de main en alternance avec la Bergerie si c’est ok pour vous deux.
-Ah mais tu sais moi, je ne suis qu’un employé ici, un coup de main est toujours bon à prendre parce qu’entre les bêtes et la fromagerie je ne chôme pas.
Il ne manquait plus que ça dans le tableau, l’arrivée et l’installation du play boy de la vallée, cette fois ci ça allait le rendre dingue !
Va voir les enfants ils sont dans le bureau ça va leur faire plaisir d’avoir des nouvelles de leurs parents.
Décidément, c’était une période faste !
Vois avec elle, je ne pense pas que ça posera de problème.
Reposant la tasse de café que lui avait servie le bûcheron, il retourne à ses fromages.
Quelque soit la décision de Manon à propos du domaine, ces jours ici seraient comptés car si elle vendait, il ne resterait pas et si elle ne vendait pas, il ne resterait pas non plus à son contact douloureux, il ne pourrait pas longtemps supporter d’être près d’elle
Quel avenir aurait il au domaine ?
Ici c’était chez lui mais il ne pourrait pas rester…encore moins si Monsieur joli cœur faisait les yeux doux à la femme qui hante ses pensées.
L’idée de ces deux là devenant complices lui tordait le ventre , il n’allait pas le supporter…
le voilà coincé dans un dilemme, soit il rentre dormir à la bergerie pour ne pas les laisser en tête à tête tous les deux, soit il continue à dormir chez lui au dessus de la grange et il se ronge de l’intérieur en les imaginant…
à quel moment Camille était devenu le jouet d’une citadine irascible ?
Normalement il devrait ramener les enfants à la bergerie pour leur déjeuner et lui manger un bout de fromage et boire un verre de lait au soleil près de l’enclos des chèvres,
avec la présence de Baptistin tout est remis en cause, s’il affichait leur différent, le bûcheron allait chercher à savoir pourquoi et il trouverait.
Il fallait donc qu’il ait l’air normal, pour Baptistin il s’était installé à la Bergerie pour soigner Manon puis pour s’occuper avec elle des enfants…donc il fallait y retourner quitte à passer pour un gros jaloux qui se dégonfle !
Mieux valait ça, de toute manière Manon avait une piètre opinion de lui, que de laisser se répandre une rumeur sur ses relations avec Manon que beaucoup appelaient déjà l’héritière !
Manon fut surprise de les voir arriver tous les 4, elle affichait un large sourire espérant que Camille verrait sa joie qu’il revienne
…elle s’affairait pour rallonger le repas qu’elle avait préparé pour elle et les enfants et qui risquait d’être un peu court pour 5…elle aurait dû y penser plus tôt !
- Manon, je n’ai pas suffisamment de provisions à la scierie pour y rester et je m’y ennuie parce que je n’ai pas grand chose à faire alors qu’ici et chez Grégoire il y a beaucoup à faire.
Je pensais me partager entre la Bergerie et la ferme pour aider et comme Camille habite ici, je pourrais peut être m’installer chez lui au dessus de la grange ? Est ce que vous seriez d’accord ? Camille ?
-euhhh Oui oui bien sûr c’est d’accord pour moi ! Camille était stupéfait il n’avait pas imaginé cette troisième possibilité ! La suggestion de Baptistin lui ôtait une épine du pied, il n’aurait pas l’air d’un gros jaloux et il ne se rongerait pas les sangs tout seul chez lui !
-Mais quelle bonne idée Baptistin, Camille fait tout seul, il refuse que je l’aide et je serais rassurée qu’il ait un coup de main !
-Je ne veux pas peser sur vos réserves de nourriture donc j’ai pris de quoi aller chasser tous les jours.
Sur le quad à l’avant il y a des affaires que Justine m’a données pour les enfants et j’ai rapporté du bois, je pourrais y retourner en cas de besoin.
- Ouhlala ne t’inquiète pas, Rose a stocké plusieurs stères de bois entre la remise et la grange, on aurait de quoi brûler pendant des années sans que ça se voit !
-Oui et pour la nourriture, ça devrait aller mais je ne serais pas contre un peu de gibier si c’est pour manger et pas pour le sport !
-Je ne chasse que ce que je consomme, jamais plus ! Quand au bois je suis bien placé pour le savoir mais je ne voulais pas arriver les mains vides…j’ai apporté quelques bocaux de cèpes et d’autres séchés.
J’ai pris dans mon congélateur un de mes lièvres aux cèpes je pense que d’ici ce soir il sera bon à réchauffer ! Avec une bonne bouteille ça sera parfait.
-Merveilleux, ce soir ça va être la fête, il faut que je prépare un dessert à la hauteur du menu !
-Tiens les enfants à propos de dessert, on pourrait faire des gaufres pour le goûter, j’ai encore rapporté du lait et de la crème pour faire de la chantilly !
- On fera plus de chantilly et avec je servirais une belle tatin de figues !
Voilà comment on improvise une fête ! Mais pour les gaufres, il y a un gaufrier ici ?
- oui il y en a un mais pas du genre auxquels une fille de la ville va penser, il s’adapte sur le feu ou sur un poêle.
Après déjeuner, je vais préparer la pâte puis on ira cueillir des figues dans le verger pour qu’il y en ait assez pour le dessert de Manon.
C’était la première fois depuis une semaine que Camille parlait d’elle en la regardant, son cœur battait la chamade, il n’était plus fâché…c’était fini elle était redevenue visible pour l’homme dont elle rêve.
Camille est déjà en train préparer tous les ingrédients pour faire les gaufres et Manon l’interrompt…
- Attention les gaufres c’est une spécialité des nordistes et si tu veux qu’elles soient croustillantes à l’extérieur il faut les faire à la bière, le lait ça ramollit les gaufres, tu as de la bière ?
-Oui il doit y en avoir dans la remise sinon j’en ai chez moi, il en faut combien ?
-Une seule ça suffit, deux peut être car on est 5.
-Je vais chercher ça.
Ils étaient tous les 5 à table et l’ambiance si pesante ce matin encore était redevenue joyeuses,
Manon se surprenait à espérer retrouver son intimité avec le berger, était ce possible ?
Les trois quads descendait de concert au verger, les enfants étaient fous de joie, les chiens galopaient derrières eux.
Ils allaient rapporter plein de fruits, les dernières pêches et abricots, du raisin, des pommes et des poires mais surtout de merveilleuses figues verte ou noires enfin ceux qui n’auraient pas trop soufferts de la tempête !
Revenus à la maison, les bras chargés de fruits, la petite troupe s’installe devant la cheminée a l’exception de Baptistin qui est parti s’installer chez Camille.
Elle n’ose pas trop se rapprocher, l’équilibre entre eux semble encore si fragile. Mais elle rêve que ce soir elle s’endorme au creux de ses bras. Elle le regarde et ça suffit à la rendre heureuse, c’est tellement simple.
Il semble être redevenu le Camille d’avant, le tout est de savoir si c'est celui d'avant la passion ou de celui de la passion…
C’est elle qui a finalement préparé sa pâte avec de la bière mais c’est Camille qui s’est mis aux fourneaux, il a préparé une chantilly mousseuse et onctueuse avec la bonne crème de la bergerie.
-Je pense à une chose si on se retrouve avec trop de lait on pourrait faire de la glace avec la crème et les fruits du jardin, Rose a un carnet de recette de glaces qui lui vient d’une italienne qui travaillait avec sa mère quand elle était petite…
encore une section qu’elle avait pensé développer quand elle aurait le temps, fabriquer des glaces d’exception avec son lait et ses fruits bio.
-Elle voulait se lancer dans la fabrication de glace, elle avait mis au point des recettes ?
-Oui, elle a même fait bâtir un local à proximité du verger mais au bord de la route pour assurer l’acheminement par camions réfrigérés.
-Les gaufres sont prêtes ? dit Baptistin en rentrant dans la maison, ça y est je suis installé, merci Camille, ton appartement est très confortable, je vais m’y plaire !
Ne t’y plait pas trop parce que tu ne vas pas y rester longtemps avait envie de lui dire Camille !
Le reste de la journée s’est déroulé au coin du feu à raconter des anecdotes sur le vie de Rose, son grand cœur, son courage, sa bienveillance.
Curieusement les deux demie sœurs avaient vécues la même tragédie du veuvage jeunes et avaient relevé le défi de faire prospérer leurs situations,
l’une avait tenté d’enfermer sa fille unique dans les projets qu’elle avait conçus pour elle et l’autre n’avait eu de cesse de aider sur son chemin de vie des oiseaux tombés du nid, Baptistin en était un aussi,
Manon avait compris qu’il était en perdition quand il a connu Rose et qu’elle l’a aidé à se relever. Pourquoi Rose était si ouverte et bienveillante et Honorine si exclusive ?
Manon était montée avec les enfants pour le rituel du bain, elle s’était rendue compte qu’au moins la petite fille tombait de fatigue et qu’elle se contenterait largement d’un biberon avant d’aller se coucher avant tout le monde, même Gaspard avait l’air de piquer du nez.
La petite fille somnolait déjà sur le canapé pendant que Manon lui réchauffait un biberon…
#24 #NouvelleDeLavent
Léa était partie se coucher avec son doudou lapin et sa tototte, restait Gaspard et les trois adultes pour ce dîner de gala, Baptistin équipé d’un tablier surveillait de près le réchauffage de son civet de lièvre aux cèpes,
Camille avait épluché des pommes de terres et des topinambours fraîchement récoltés dans le potager de la bergerie, pour accompagner les plat de Baptistin.
Manon ne connaissait pas les topinambours, les deux hommes lui avaient dit que ça ressemblait à la chair de cœur d’artichaut, elle adorait ça, donc ça lui plairait.
L’arrivée de Baptistin avait boosté l’ambiance de la maison qui s’enlisait dans la dispute entre Manon et Camille, c’était une bénédiction, en plus il allait aider Camille pour les bêtes et la fromagerie
Ce qui lui laisserait le temps de s'entrainer à la maison à faire des fromages tranquillement en suivant les fiches de Rose.
Elle ne savait pas ce qui avait provoqué le changement d’attitude de Camille mais peut être qu’ils arriveraient à se réconcilier…
Le dîner s’était déroulé sous les meilleurs auspices, le civet de Baptistin était excellent, Manon avait préparé une assiette spéciale pour le garçonnet en lui décortiquant un morceau de râble avec quelques pommes de terre écrasée,
il avait manger en un clin d’œil et avait voulu rejoindre sa sœur, il était fatigué du grand air de la balade au verger et de toutes ces émotions d’avoir eu des nouvelles de ses parents. Gaspard roulait des mécaniques mais c’était encore un petit garçon.
La tatin de figues de Manon avait rencontré un fier succès auprès des deux hommes, c’était une des recettes que sa Maman lui avait transmise qu’elle tenait d’Honorine,
la cuisine d’Honorine dans la maison de sa demie sœur cachée Rose, c’était un peu des retrouvailles d’outre tombes, quel dommage que ça n’ait pu se faire de leur vivant. Manon était certaine que d’où elle était Rose était ravie de cette tablée !
Camille était allé chercher du Génépi chez lui et l’avait rapporté, c'était un vieux berger de la vallée de la Turbie qui lui avait fait cadeau de plusieurs bouteilles en remerciement d’un service rendu.
Manon se sentait gagnée par la fatigue et c’est à regret qu’elle allait laisser les deux hommes devant la cheminée, mais elle ne tenait même plus assise,
elle aurait voulu se retrouver seul avec Camille après le départ du bûcheron pour pouvoir lui expliquer qu’elle s’en voulait qu’elle avait été maladroite et qu’elle était au moins aussi responsable que lui de la situation…
D’autant que, ce que ne savait pas encore Camille, ne prenant plus de contraception depuis Romain, il n’y avait pas qu’un risque infectieux, il y avait aussi un risque contraceptif…
Mais elle n’arriverait pas à résister au sommeil maintenant qu’elle était un peu rassurée sur sa relation avec le berger. S’acharner et risquer de mal s’expliquer à cause de l’endormissement n’était pas une option, il y avait eu suffisamment de maladresse dans cette histoire,
il n’était pas utile d’en rajouter.
Elle allait lui écrire un petit mot qu’elle laisserait sur l’oreiller du berger, un peu comme lui mais en nettement plus tendre…
« Pardon Camille d’avoir été si véhémente contre toi l’autre fois, je pense que j’ai déchargé mon angoisse et ma colère contre toi alors que je suis en premier chef responsable de ce qui nous arrive,
j’avais tout autant que toi la possibilité de poser la question des préservatifs d’autant que je détenais moi une information que tu n’as pas encore.
Je ne prends plus de contraceptifs depuis des mois et j’aurais dû doublement avoir sur moi des préservatifs et demander à en utiliser, cette semaine à côté de toi mais si loin de ta tendresse a été un calvaire sans fin et j’espère que tu sauras me pardonner,
tu me manques jour et nuit et pas seulement comme amant mais comme ami aussi. »
N’y tenant plus après une légère douche, elle se glisse sous la couette avec son chiot poisson pilote et sous le regard bienveillant du chat qu’elle a décidé d’appeler #Raminagrobis,
elle avait laissé la porte de sa chambre entrouverte, pour être bercée par l’écho des voix presque inaudibles du berger et du bûcheron en bas dans le salon …
Elle s’endormait en espérant que demain elle se réveillerait à côté du berger et que tout serait miraculeusement rentré dans l’ordre.

Manon s’éveillait d’une nuit paisible depuis longtemps, pas de berger à ses côtés mais un autre petit mot sur le second oreiller.
Merci
On doit se parler, ce soir je viendrais dans ta chambre quand tout le monde sera couché.
Tu m’as manqué aussi
Camille.
Ils allaient enfin parler, il ne restait qu’à attendre la fin du jour pour qu’ils soient de nouveau ensemble tous les deux…
Elle allait meubler cette journée en écartant l’idée de ce rendez-vous nocturne pour éviter que ça devienne obsessionnel.
Comment faisait elle habituellement pour patienter ? Elle épuisait son corps et son esprit pour ne pas tourner en rond mais là il lui fallait rester en forme et éveillée pour avoir cette conversation avec le berger alors que faire ?
Une activité relaxante, s’occuper d’elle, fabriquer des petits cosmétiques avec ce qu’elle avait trouvé dans les armoires de Rose, s’en servir, se chouchouter un peu.
En plus elle pourrait faire participer la petite fille, elles allaient commencer par faire un tour dans le carré aromatique pour voir quelles plantes pourraient compléter les huiles essentielles de Rose,
puis préparer des masques en tout genre et finalement les expérimenter avec la petite fille, le tout parsemé de musique, vidéo, sieste, goûter etc…
Elle allait s’arranger pour que cette journée passe plus vite et qu’elle se retrouve rapidement dans sa chambre avec Camille.
Dans la salle de bain face au miroir elle fait un rapide état des lieux, ses cheveux sont moins brillants que d’habitude, sa peau est déshydratée par le froid, elle avait achevé depuis longtemps les doses de voyage de sa trousse de toilette.
Il était temps qu’elle prenne soin d’elle. Il lui fallait un gommage pour le visage et le corps, un masque hydratant, un soin apaisant et un autre nourrissant pour le visage, un soin pour le corps, un gommage du corps, un masque pour les cheveux…
et bien il y avait du boulot, elle n’aurait pas de quoi se lamenter sur la lenteur du temps qui passe !
Tout d’abord une bonne douche avant que les enfants se réveillent, le petit déjeuner pour eux trois et la préparation des ingrédients nécessaires à ses petites recette cosmétiques en faisant un tour dans les armoires et dans le potager.
Sans oublier de prendre le temps de se servir de son épilateur électrique qui était resté trop longtemps dans son sac de voyage…
Réunir des petits bocaux, elle en avait vu plein dans la remise, de toute taille, sortir le mortier en pierre qu’elle avait vu au fond d’un placard .
Toute la journée de Manon et la petite fille avait été consacrée à la beauté et au bien être, évidemment Léa avait voulu faire tout pareil que Manon qui avait du biaiser pour pas lui faire de gommage du visage ou d’épilation des jambes.
Pour le déjeuner elle va préparer une grande marmite de Carbonara, une autre des recettes maternelles, ça n’était pas très long à préparer ça se faisait minutes juste avant de passer à table.
Entre les pâtes fraîches et le parmesan de Giorgio, le lard de l’élevage de Grégoire, ça sera une merveille.

La pause déjeuner avait été gourmande et bruyante, chacun voulant raconter ce qu’il avait fait le matin, Léa n’étant pas en reste dans ses tentatives narratives.
Après le déjeuner la jeune femme et la petite fille était passées de la préparation à l’utilisation,
étrillées et ointes de toutes sortes de masques elle avait fini l’après midi enroulées dans des serviettes pour laisser passer les préparations et se reposer pour une sieste réparatrice. Cette journée qui s’annonçait angoissante était finalement devenue délicieuse,
la petite fille était folle de joie et avait emmagasiné des tonnes d’histoire à raconter à son entourage pendant des années.
On était presque à l’heure du dîner et la soupe de Manon continuait à cuire doucement sur le poêle, elle servirait cette soupe avec des tranches de jambon cru, des pommes de terres et du fromage.
Elle prétexterait la fatigue pour aller se coucher de bonne heure en espérant que ça pousserait Baptistin à en faire de même et que Camille la rejoigne rapidement dans sa chambre qu’ils puissent avoir enfin cette conversation,
elle supposait qu’il lui parlerait du problème de contraception et du risque que ça leur faisait courir…
Léa ce soir était exemptée de bain vu le temps passe aujourd’hui à se récurer et se bichonner, elle s’était installée devant la cheminée avec une BD presqu’aussi grande que la petite fille assise.
Comme Baptistin avait laissé à la ferme de Grégoire son chargeur solaire de téléphone , ils étaient joignables et Manon leur envoyait tous les jours des photos des enfants, tous les soirs les enfants appelaient leurs parents.
Dès que Gaspard serait redescendu de la salle de bain Manon composerait le numéro de Justine pour que les enfants racontent leur journée à leurs parents.
Comme prévu Manon s’était rapidement éclipsée du salon après diner en même temps que les enfants, prétextant avoir promis de raconter une histoire à Léa pour s’endormir.
Elle avait commencé à raconter l’histoire de Boucles d’or mais les deux petits s’étaient endormis très rapidement.
Manon était alors répartie dans sa chambre et s’était installée dans son lit pour parcourant internet sur son iPad,
elle entendait vaguement Camille et Baptistin discuter en bas dans le salon et il lui semblait que les deux hommes parlaient de plus en plus doucement,
au raclement des chaises sur le carrelage, elle avait compris qu’ils débarrassaient la table et qu’avec un peu de chance Baptistin allait se retirer vers la grange.
Elle guettait les bruits de la maison et essayait de les interpréter. Petit à petit le silence s’était installé et elle comprit que Camille était seul encore dans le salon , il n’allait pas tarder à monter et sans doute la rejoindre.
Elle l’entendait monter doucement l’escalier pour rejoindre l’étage des chambres, mais au lieu de rentrer dans la chambre de Manon il était allé dans la sienne, avait-il oublié le rendez-vous qu’il lui avait fixé dans son message du matin ?
Puis soudain le bruit de l’eau qui coule fait comprendre à Manon ce qui retient son berger, il avait décidé de prendre une douche pour atténuer les rigueurs de sa journée de travail …
Dans son peignoir en éponge, les cheveux encore mouillés, le jeune homme s'encadrait dans la porte de la chambre de Manon :
-Je peux entrer ?
-Oui bien sûr je t’attendais.
Il s’assied sur le bord de son lit et la fixe, elle n’ose prendre la parole et pourtant elle doit réitérer ses excuses pour la violence de sa réaction :
- Je suis désolée Camille, j’ai été injuste avec toi.
-Et moi j’ai été buté, quand j’ai mal, je claque la porte…
-Je n’ai pas voulu te faire du mal, j’étais en fait surtout en colère contre moi…
-Tu sais on s’est laissés emporter par nos désirs, jamais ça ne m’était arrivé avant, je te garantis que je fais très attention, je n’ai aucune maladie, j’ai fait un contrôle cet été, je t’ai apporté le papier.
-Merci, je n’ai rien à te montrer sur moi, je dois avoir ça au cabinet, peut être même dans mes mails et ça remonte à ma rupture avec Romain, il y a quelques mois… En revanche il y a un autre problème…
-Oui j’ai compris…
-Je n’ai rien ici pour vérifier, il faudra attendre que nous soyons délivrés…
-Tu sais je suivrais ce que tu voudras quoi qu’il arrive …
-Mais tu ne te rends pas compte ? On ne se connaît que depuis quelques jours …
-Moi je te connais depuis plus longtemps, Rose passait son temps à me parler de toi et de ta famille…
-Oui mais mais je parle de toi et moi…c’est un bouleversement dans nos vies alors qu’on ne s’est même pas posé encore la question de ce que seraient nos vies …
- Oui je sais, moi ici et toi là bas…
Aucun des deux n’osait prononcer les mots précis de ce qu’ils redoutaient, enceinte, grossesse, bébé …
- Pour l’instant on ne peut rien faire, on doit attendre et ne pas se rendre malade. Mais je ne voudrais pas que ça nous sépare déjà, si tu veux on va se protéger et on vérifiera dès qu’on pourra … mais en attendant je voudrais te retrouver comme avant.
-Moi aussi.
-Tu restes dormir avec moi ?
-Oui…mais juste dormir ce soir, j’ai besoin de digérer tout ça…déjà que je redoutais ton départ mais là c’est encore pire…
- on verra bien il ne faut pas s’angoisser, ça se trouve il, n’y a rien …
-Tu n’as pas compris…c’est ton départ qui m’angoisse, rien d’autre dit il en enlevant son peignoir laissant apparaître son torse nu au-dessus de ce bas de pyjama quasi identique à celui de Manon !
Elle soulève la couette et se déplace dans le lit pour lui laisser de la place, bien vite elle se love contre le corps musclé du berger et se laisse aller enfin au sommeil.
Les choses s’étaient arrangées entre les deux amants, ils n’avaient pas encore conscience qu’ils étaient devenus plus que des amants.
Les semaines s’écoulaient doucement, Baptistin partageait son temps entre la Bergerie et la ferme de Grégoire, Manon avait commencé à faire la classe aux enfants pour pas qu’ils prennent trop de retard,
elle et leur Maman avaient décidé avec la maîtresse qu’elle se débrouillerait avec ce que la maîtresse lui enverrait par internet et ce qu’elle trouverait sur des sites dédiés.
Le temps s’écoulait lentement et paisiblement en attendant qu’ils soient libérés de leur isolement et que l’électricité soit rétablie chez Grégoire et Justine.
Sa relation avec Camille s’était à la fois renforcée et apaisée même si elle demeurait passionnée sur le plan charnel,
ils n’abordaient jamais la question d’un éventuelle grossesse, le mot n’avait toujours pas été prononcé, pour l’instant c’était un non événement, à tort ou à raison…
On était déjà à la fin novembre, les contacts de Camille dans la vallée leur disaient que dans trois semaines au plus il devrait y avoir un passage carrossable sécurisé, il serait déjà possible en étant un peu sportif de passer en grimpant d’ici quelques jours.
Ça la mènerait aux alentours de fin décembre, Manon avait d’ores et déjà pris la décision de passer Noël à la Bergerie…elle rentrerait chez elle après, mais rien que d’y penser lui serrait le cœur, elle était écartelée entre ses deux vies et c’était très douloureux.
Elle était en train de prendre le soleil sur un des transats que Baptistin avait eu l’idée de sortir pour profiter des rayons du soleil face à la montagne qui se blanchissait peu à peu.
Cette initiative avait agacé Camille alors que c’était une très bonne idée, le berger trouvait que Baptistin en prenait un peu trop à son aise !
Son téléphone se met à vibrer, c’est un message de l’agent immobilier :
« j’ai le plaisir de vous informer que nous avons fait une visite de la Bastide avant-hier matin et que la personne avait l’air très intéressée, le Monsieur est de passage à Nice et il souhaiterait que l’affaire se réalise au plus vite, il dit avoir le financement nécessaire,
je lui ai expliqué que pour l’instant vous étiez bloquée à la montagne mais que la vente pourrait peut-être se faire avec le notaire qui devait avoir une procuration. A priori c’est bien parti il me recontacte d’ici 48h pour signer le compromis. Je vous informerais de la suite »
Voilà une bonne nouvelle, curieusement elle était plus attachée à la Bergerie qu’elle ne connaissait que depuis deux mois qu’à la Bastide où elle avait passé toutes ses vacances depuis sa naissance…ça devait tenir à ce qu’elle avait appris de la personnalité d’Honorine.
Elle se rendait compte qu’une ombre était venue assombrir cette matinée radieuse, était-ce la perspective de vendre la Bastide, pourquoi une sourde inquiétude lui vrillait le ventre ?
#25 #NouvelleDeLavent
Baptistin avait entraîné Camille pour une partie de chasse matinale, ils avaient décidés de renouveler un peu les menus de la Bergerie.
Manon était très occupée par la classe pour les enfants, les chasseurs avaient laissé Pâquerette et Léo à la maison et n’avaient emmené que Fantôme et le chien de Baptistin, les deux autres auraient effrayé le gibier,
ils étaient cantonnés à la maison avec ordre de ne pas les laisser sortir pour le cas où ils aurait l’idée de rejoindre les autres.
Les enfants avaient passé la matinée à faire des collages pour Léa et recopier du vocabulaire et faire des phrases avec pour Gaspard.
Elle lève à peine la tête des cahier des enfants quand elle s’aperçoit qu’il est bientôt midi
Il est temps de les faire déjeuner, elle allait leur faire des hamburgers,
elle avait trouvé des steaks hachés et des petits pains rond dans un des congélateurs, elle ne leur avait rien dit, avec une poignée de frites ils seraient fous de joie !
Elle ne s’était pas trompée, ils avaient adoré les hamburgers qu’elle leurs avait servis, ils avaient dit que c’était leur meilleur déjeuner et qu’il voulait ça pour Noël, d’ailleurs pour cette occasion, elle leurs réservait une autre surprise, quoiqu’il arrive,
elle avait décidé Grégoire et Justine à venir passer les fêtes de Noël à la Bergerie, il pourrait loger ici et si Baptiste n’avait pas d’autre projet il serait aussi invité
Les enfants dormaient, Léa dans leur chambre pour sa sieste quotidienne et Gaspard sur le canapé, depuis quelques temps, il s’intéressait aux romans de Jules Verne, Manon lui avait expliqué que c’était son auteur préféré quand elle était enfant.
Justine qui était une ancienne institutrice, avait appris à son fils à lire alors qu’il était encore à la maternelle, l’enfant lisait depuis plus d’un an et il était très demandeur de nouvelle lecture.
Il s’était endormi avec le livre ouvert sur lui, c’était très attendrissant.
Manon avait dit aux deux hommes qu’ils devraient se débrouiller pour préparer le fruit de leur chasse loin de la Bergerie parce qu’à défaut elle serait incapable de préparer et consommer la viande du gibier qu’ils allaient rapporter si d’aventure elle voyait leurs cadavres,
elle savait que c’était une position très hypocrite mais elle se connaissait elle était à la limite de sa tolérance et il ne serait pas possible de la dépasser.
Rentrée dans la maison, elle surveille la grande marmite de sauce ragú qu’on appelle à tort une sauce bolognaise, encore une des recettes transmises par sa maman…c’était beaucoup plus complexe que de cuire de la viande hachée dans de la sauce tomate !
Ça prenait du temps et de la surveillance.
Dans son dos les chiens s’agitaient, ils grondaient et semblaient vouloir sortir, même le chiot aboyait devant la porte. Que se passait-il pour qu’ils soient tous les trois si énervés.
Vu l’heure, les hommes devait déjà être en train de rentrer, il n’y avait plus de risque que les chiens perturbent leur chasse, elle pouvait les lâcher et voir ce qu’il se passait dehors ?
Elle décide de leur ouvrir la porte et les voit s’élancer tous les trois vers la piste, ils ont peut être entendu au loin Camille et Baptistin rentrer,
elle va vite leur préparer une assiette de charcuterie et de fromage pour les restaurer des heures passer à chasser sur le domaine. Tout à ses préparatifs elle ne s’aperçoit pas que les chiens sont revenus encadrant un homme qui s’approche…
-Ahhhh ta célèbre bolognaise !
D’effroi Manon se retourne sur l’auteur de cette remarque !
-Romain ! Qu’est-ce que tu fais ici ?
-Je suis venu te secourir !
-Me secourir mais tu perds la tête ! Je n’ai nullement besoin de secours, je suis ici chez moi et tu n’as rien à faire chez moi, sors de cette maison immédiatement !
-Tu ne peux pas me demander ça, je suis parti de Menton depuis 3 jours, j’ai grimpé jusqu’ici avec ma tente et mon sac à dos parce qu’on m’a dit que tu étais bloquée ici depuis la tempête, je suis venu te délivrer et t’aider à redescendre pour rentrer à Lille !
-Tu n’aurais pas oublié un détail au passage ?
-…
-Je t’ai quitté, il y a plusieurs mois, je ne veux plus jamais avoir affaire à toi, j’ai été claire, la première fois que tu as tenté de me faire changer d’avis et je l’ai encore été plus les fois suivantes,
je te le répète toi et moi c’est terminé et je ne suis pas en danger, quitte cette maison.
-… mais moi je t’aime !
- Tu as eu une bien curieuse façon de me le montrer pendant toutes ces années, tu as usé toute ma confiance, toute ma compréhension, c’est terminé !
-J’avais tort, j’ai compris mes erreurs après avoir été privé de toi, tu es la femme de ma vie et je veux te demander pardon pour tout ça, je suis un imbécile, j’avais tort et c’est pour te le dire en face que je suis venu ici.
-Ah finalement venir à mon secours est moins important que me faire céder à ta volonté, tu ne changes pas Romain, tu n’as de considération que pour ce que tu as décidé et tout le monde doit plier autour de toi et bien je te le répète c’est non !
-Qui t’es toi ? Dit une petite voix venant du canapé…leurs voix à fini par réveiller Gaspard, elle aurait dû entraîner Romain dehors pour éviter cela !
-Je suis le fiancé de Manon
-Ça m’étonnerait le fiancé de Manon c’est Camille il est en train de revenir de la chasse et il va pas être content !
Manon était stupéfaite, l’enfant avait tout compris ! Mais il avait gardé leur secret pour lui.
-Camille ? Qui est cette Camille ?
-Camille c’est pas une fille, c’est le berger et tu vas voir qui il est !
-Gaspard, c’est gentil de vouloir m’aider et je te remercie, Romain s’est trompé et il va repartir…
-Repartir, mais ça fait des heures que je marche et je grimpe pour te retrouver, je suis crevé et j’ai une faim de loup, tu ne peux pas me renvoyer comme ça ? Et puis qu’est-ce que c’est que cette histoire de berger ?
-Une histoire qui ne te regarde pas, une histoire qui concerne ma vie et pas la tienne, je te donne à manger et tu te reposes un peu mais tu repars et tu quittes le domaine, en attendant sors de chez moi,
je vais t’apporter une assiette de charcuterie et après tu t’en vas, tu pourras te reposer où tu veux mais pas ici ! Je ne veux pas te voir ni t’entendre chez moi !
-Comme tu es devenue dure, je ne te reconnais plus !
-A ton avis qui m’a rendue si dure ? Je veux que tu sortes de ma vie, à Lille comme ici ! Donc tu sors de la maison
-Je veux me reposer avant de repartir en plus je n’arriverais pas à dépasser la partie éboulée avant la tombée de la nuit !
-Je suppose que tu n’es pas monté jusqu’ici sans une tente, comme à ton habitude?
-Oui j’ai une petite tente mais il fait vraiment froid la nuit à cette altitude…
- et bien tu n’avais qu’à pas monter jusqu’ici, je verrais avec Camille si on peut te laisser accéder à la réserve de fourrage dans la grange mais en attendant, installe-toi à distance de la Bergerie,
je ne veux que tu perturbes ni les chiens, ni les enfants et demain à l’aube tu repars sans délai !
-Tu n’as pas de cœur Manon !
-J’en avais un, tu l’as piétiné durant des années, mon cœur s’est réparé ici loin de toi et de tes dérobades.
Voilà ton assiette et je te conseille de t’être éloigné avant le retour de Camille et Baptistin !
Sur ces dernières paroles elle rentre dans la maison avec les chiens et ferme à clefs pour être bien sûr qu’il ne reviendra pas.
Elle avait prévu d’emmener les enfants faire une balade dans le sous-bois pour commencer à préparer des décorations de Noël, avec la présence de Romain sur le domaine,
elle ne sait pas si ça va être possible, il faudrait qu’elle dissuade les enfants de ce projet dont ils parlent depuis hier soir.
Léa réveillée, Manon essaie de proposer d’autres activités réjouissantes mais à l’intérieur pour les détourner du projet initial, préparer les lentilles à faire germer, faire des petits sablés de Noël, laver les chiens et les brosser.
Mais rien n’y fait les enfants sont déterminés à suivre le programme prévu, tout ce qui a un rapport avec les fêtes de Noël a le don de les mettre en orbite.
- elle veut plus qu’on y aille à cause du Monsieur qui est venu tout à l’heure, Manon est très en colère contre lui, elle a peur qu’il nous suive dans la forêt !
-Mais non ! Qu’est-ce que tu racontes Gaspard, je n’ai pas peur de lui ! Je lui ai dit d’aller installer sa tente loin de la maison en attendant qu’il reparte demain matin, c’est un ancien ami mais on est fâché on est plus ami !
-Pourquoi il est venu alors ?
-Je ne sais pas Léa mais on s’en fiche et d’ailleurs on va aller chercher de quoi faire une belle couronne de Noël pour la porte et des autres choses pour la maison et la table.
Manon et les deux enfants sortent de la maison emmitouflés pour rejoindre la forêt chacun a un panier pour ramasser des branches et pommes de pins, des belles feuilles séchées, de la mousse du bois souple, tout ce qu’il faut pour fabriquer de jolies décorations de Noël.
Sans surprise, Romain a rejoint le trio, il a deviné ce qu’ils font et se met à ramasser aussi des jolies choses pour les aider.
Romain l’homme libre, prêt à s’escamoter au moindre événement collectif, qui s’incruste auprès d’elle en essayant de se rendre utile, du jamais vu !
Ce qui est drôle c’est qu’il est encadré par les deux gros chiens qui grognent dès qu’il essaie de s’approcher, elle voit qu’il n’en mène pas large, braves toutous ! Même #Dieter s’agite à ses pieds dès que Romain s’approche il gronde avec sa toute petite voix de chiot…
Il essaie d’amadouer les enfants et comme ce sont de gentils enfants, il y arrive, plus avec Léa qu’avec Gaspard qui ne digère pas le coup du fiancé,
mais petit à petit ils finissent par lui répondre et accepter les choses qu’il a trouvées et qui pourrait les aider à faire leurs décorations.
Manon continue à l’ignorer, elle ne veut pas de lui dans sa vie, surtout pas qu’il vienne mettre la pagaille dans la situation,
elle veut profiter au maximum de la douceur de son séjour à la Bergerie ! Il faut qu’il parte au plus vite…
En retournant à la maison, elle s’apaise avec la perspective de refermer la porte sur l’intrus et être débarrassée de sa présence.
A la maison, elle trouve sur la table plusieurs bouquets de plantes aromatiques, du thym, du romarin, du fenouil, et d’autre plantes qu’elle ne reconnaît pas, les chasseurs sont de retour, leur présence va tenir à distance Romain et c’est pas plus mal…
Ils doivent être en train de préparer pour le congélateur le produit de la chasse, loin de la maison comme elle l’a exigé.
Elle a hâte qu’ils reviennent… au milieu des bouquets de plantes il y a un des fameux petit mots de Camille :
« en rentrant Fantôme a débusqué la trace d’une personne à environ 300 mètres de la maison qui a laissé 1sac à dos & 1 tente,
je ne suis pas inquiet pour vous car Pâquerette et Léo ne laisseraient jamais personne vous faire du mal mais j’aimerais bien que tu me confirmes que tout va bien »
Sacré Fantôme ! Lui aussi il mérite ce soir que Manon améliore sa gamelle.
-Oui c’est moi, ça va…tu ne devineras jamais qui c’est ?
-Non, qui est ce ?
-C’est Romain, mon ex petit ami, ce dingue est venu me secourir et m’arracher au danger de la montagne !
-Quoi ? Comment est-il venu ?
-À pied et en grimpant, il fait un peu d’alpinisme depuis des années
-À Lille ?
-T’es bête, bref je l’ai mis dehors et lui ai dit de partir mais il ne peut le faire avant demain matin il a demandé à passer la nuit sur le domaine,
il m’a demandé s’il pouvait passer la nuit au chaud, j’ai proposé la grange, là où il y a du fourrage mais je voulais avoir ton avis ?
-Oui, il a raison il doit attendre demain matin pour repartir, on va lui donner le gîte et le couvert à la grange mais rien de plus,
je lui apporterais de quoi dîner chaud et de la boisson si tu veux bien.
-Oui mais pas à la maison !
-Non à la grange et pas chez moi mais avec le fourrage c’est pas de chance que Baptistin soit là, j’espère qu’il ne va pas lui raconter ta vie,
-on fera en sorte de garder Baptistin au maximum à la maison quitte à ce qu’il s’endorme sur le canapé
-Bonne idée, on est en train de préparer la viande on sera là dans deux heures, ça te va ou tu préfères que je rentre m’expliquer avec Romain.
-Je suis grande, tu sais, je vais le lui dire et si besoin tu lui rappelleras quand tu rentreras et que tu l’installeras sur le foin.
-Très bien à tout à l’heure ma chérie…
Manon n’a pas eu le temps de répondre, elle est sidérée par ce « ma chérie » Camille s’il est tendre dans ses gestes, il est d’une grande pudeur s’agissant des paroles, c’est une évolution dans leur relation.
Elle rosit de bonheur à l’idée que maintenant Camille va l’appeler ma chérie. Parallèlement son angoisse de l’avenir s’accroît, elle va devoir repartir vers sa vie et le grand écart entre ce qui la retient ici et ce qui l’appelle à Lille la rend malade…
Romain réalise que c’est mort, qu’il n’arrivera pas ici à convaincre Manon de rentrer avec lui et de revenir dans leur relation, il aura peut-être d’avantage de chance quand elle sera rentrée à Lille mais d’ici là pas d’affrontement sinon elle refusera de lui parler,
donc diplomatie et patience, ce qui n’est pas vraiment son fort …il va se tenir tranquille puis redescendre et rentrer à Lille, là-bas il aura plus de chance !
Camille était rassuré par ce coup de téléphone mais il était intrigué de la démarche de Romain et de sa réaction quand il comprendrait qu’il va passer la nuit seul dans le foin.
Il faut éviter que Baptistin ne comprenne trop ce qu’il se passe, pas besoin que toute la vallée soit au courant de sa liaison avec Manon.
Ils avaient bien bataillé pour préparer la viande de gibier et la rendre acceptable pour Manon. Camille redoutait que l’odeur du sans énerve les bêtes même s’ils s’étaient installés à une dizaine de mètres de la grange,
il avait déplacé une vielle table qu’il avait recouvert de plastique, il avait tout prévu. C’était une tache qu’il répugnait à faire, son credo c’était de prendre soin des animaux pas de les découper en morceaux et d’habitude il ne s’en mêlait pas trop mais cette fois ci,
il n’avait pas le choix, il fallait renouveler le stock de viande qui avait été bien entamé depuis 2 mois ! Il n’allait pas laisser Baptistin s’en charger tout seul, déjà que d’habitude il partait seul juste avant le lever du jour pour se mettre à l’affût et rapporter du gibier
Il le rejoint à la grange pour nettoyer avec Camille les enclos de la nuit et aider à la traite avant que toutes les bêtes soient relâchées au pré, Camille se chargeait seul avec les chiens de les faire rentrer.
Puis ils partaient tous les deux à la fromagerie jusqu’en fin de matinée, leurs après-midi étaient bien plus allégées quand ils étaient deux et pouvait se reposer après avoir ramasser quelques légumes au potager, quelques fruits au verger et quelques champignons dans les bois.
Heureusement les olives avaient été cueillies et conditionnées avant la tempête sinon la récolte aurait été perdue !
Après un dernier coup de jet d’eau pour laver la table et faire disparaître les dernières traces de sang, faisant couler l’eau longtemps pour que ça se dilue et s’éparpille loin de la grange, les deux hommes s’apprêtaient à rentrer à la bergerie.
-Pars devant Baptistin, on a un campeur qui s’est un installé près de la maison, une ancienne connaissance de Manon qu’elle n’apprécie pas, je vais lui proposer de s’installer dans la grange en faisant rentrer les bêtes, jusqu’à ce qu’il reparte demain matin.
- Un touriste mais comment il est arrivé jusque-là, les routes sont rouvertes ?
-Non d’après ce que je sais, c’est un crapahuteur mais on pourra aller vérifier demain après-midi si tu veux.
Moi de toutes façons avec les bêtes, Manon et les enfants de Grégoire je suis bloqué ici mais toi tu pourrais peut être descendre au village, retrouver la civilisation,
je suis sure qu’il se trouvera quelqu’un pour t’héberger, ou quelqu’une peut être dit-il en lui faisant un clin d’œil ?
-Ah peut être, tu as raison, juste histoire de s’encanailler un peu, moi ce que j’attends avec impatience, c’est de le retour de mes gars à la scierie pour reprendre le boulot parce que le chiffre d’affaire aura pris un sacré coup.
-Tu sais on pourrait peut-être avec Grégoire descendre quelques jours par semaine à la scierie pour bosser avec toi, à trois tu crois que c’est jouable ?
- ahhh ça serait sacrément bien, si vous pouviez m’aider à trois on pourrait faire de la découpe, ça serait toujours ça de pris !
-Ça va faire deux mois que tu nous aides, à notre tour de t’aider ! J’appelle Grégoire ce soir et je lui en parle, Manon sera d’accord mais je dois lui dire, c’est elle la patronne maintenant.
- Ok, je prends des vêtements propres pour après la douche et j’y vais avec la moitié de nos découpes pour les congélateurs, tu prendras le reste !
- Dis à Manon de relâcher les chiens qu’ils m’aident à rentrer les bêtes !
Camille, partait discuter avec Romain, pour que les choses soient claires il avait gardé son fusil de chasse en bandoulière dans le dos,
les chiens le rejoindraient en cours de route et ça serait parfait pour convaincre leur squatter de s’installer dans la grange et de repartir bien vite demain matin.
Arrivé près de la tente, il avait été devancé par Pâquerette et Léo en renfort de Fantôme. Le jeune homme était en train de lire.
-Bonsoir, je suis Camille vous pouvez vous installer dans la grange, sur le foin vous serez au chaud et à l’abri pour cette nuit, je vous apporterais votre dîner mais demain matin il faudra partir, c’est d’accord ?
-Bonsoir Camille, ravi de faire votre connaissance, vous êtes le nouveau petit-ami de Manon ? Je suis l’ancien…
-Ce que je suis ne vous regarde pas et ce que vous êtes ne m’intéresse pas, je ne veux qu’une chose c’est que demain vous partiez spontanément dès le lever du jour, on vous donnera de l’eau et du fromage mais je suppose que vous aviez prévu du ravitaillement !
Sinon je serais obligé de vous « aider » à partir et ça ne sera agréable pour personne ! D’autant qu’il n’y aura qu’une nuit dans la grange pas deux !
-Bon bon c’est d’accord je partirais demain très tôt ! J’ai connu Manon bien plus accueillante…
-Elle est très accueillante avec les gens qu’elle invite mais pas avec ceux qui s’incrustent ! Et croyez moi je n’aurais eu aucun remord à vous faire raccompagner par les chiens en dehors du domaine même en pleine nuit !
-C’est une menace ?
-Non c’est un avertissement, vous n’êtes pas un randonneur égaré en danger, vous avez sciemment franchi les restrictions de circulation pour rejoindre le domaine et importuner la propriétaire,
le jour va tomber dans une heure et de nuit je serais parfaitement fondé à lâcher les chiens sur vous, c’est compris ?
-Oui
-Je vais faire rentrer les bêtes à la grange ça vous laisse le temps de plier bagage et de me suivre que je vous installe.
-D’accord
Les bêtes étaient dans leurs enclos respectifs, comme il le pensait l’odeur du sang les rendait nerveuses, Romain allait passer une nuit bruyante !
Pour aller plus vite Camille avait fait l’aller et retour en quad et rapporter à Romain une assiette de pâtes et une grosse portion de fromage, il lui avait apporté également une bouteille de vin et montré la sortie de la source pour qu’il puisse se ravitailler en eau.
Avant de partir, il avait prévenu Romain que tous les bâtiments étaient sous vidéo surveillance et notamment la grange …
Enfin de retour à la Bergerie Camille allait pouvoir prendre sa douche et se décontracter auprès de la jeune femme.
Le berger s’était retrouvé à devoir choisir entre la proximité du bûcheron play boy de la vallée ou celle de l’ex petit ami de Manon qui essayait par tout moyen de la récupérer…quelle ironie !
Manon riait aux éclats aux blagues de Baptistin quand il rentre dans le salon et il doit admettre que ça l’agace un peu, lui qui n’a jamais été possessif, le serait-il devenu ?
Il rentre à l’intérieur pour bien se savonner les mains et les désinfecter avant de manipuler les paquets de viande sous vide afin de les mettre dans les congélateurs.
Les enfants se précipitent sur lui pour lui montrer les trésors qu’ils ont ramassés dans la forêt.
Baptistin a déjà reparti dans les trois congélateurs la moitié de la viande de gibier découpée cet après-midi, il ne lui reste plus qu’à le faire aussi avant de se doucher…
- Tu veux que je t’aide pour la viande ?
-Oui je veux bien, ça ira plus vite et puis je suis crevé.
Camille passe par l’extérieur pour conduire son quad et son précieux chargement jusque dans la remise tandis que Manon passe par la porte intérieure qu’elle referme à clef en silence.
Une fois enfin réunis depuis ce matin, ils s’enlacent, se caressent et s’embrassent, privés qu’ils ont été toute la journée de toute intimité.
Les baisers du berger apaisent les inquiétudes de Manon qui sent se rapprocher le jour du départ et dont l’arrivée inopinée de Romain a amplifié les angoisses…
Cette journée loin de toi a été trop longue, je n’en pouvais plus d’attendre le moment où je pourrais être dans tes bras et maintenant j’ai hâte que la soirée prenne fin et que l’on soit tous les deux dans notre chambre…
-Sauf que ce soir, ma chérie ça va prendre plus de temps que d’habitude parce que si on veut que Baptistin s’endorme sur le canapé il va falloir regarder un film avec lui et le pousser à rester ici pour la nuit donc armagnac et film d’action devrait avoir raison de lui
mais très probablement raison de toi, il faut que tu restes aussi sinon il va faire comme d’habitude et partir quand tu vas te coucher…
-Conclusion, on zappe le café en fin de repas ce soir et on passe directement à l’armagnac, on lui met quoi comme film, il choisira
-Oui c’est bien ça on le laisse choisir
- D’accord, on range la viande et on rentre, le dîner est prêt je le servirais dès que tu auras pris ta douche, prends une bouteille de vin que ça commence dès le repas à entamer sa résistance.
Et bien dis donc vous avez bien rempli les congelos, qu’est-ce que vous avez pris ? Un sanglier, un chevreuil, quelques perdrix, des lièvres, de quoi tenir encore quelques mois même à 5 !
-La circulation sera bientôt rétablie …
-Je sais dit-il de la voix rauque qui trahit toujours ses émotions…
De retour dans la maison Manon propose à Baptistin de choisir un film pour ce soir, elle dit aux enfants qu’elle leur lira une grande histoire de Jules Verne ce soir s’ils sont sages.
A la fin du dîner, une fois la table débarrassée et pendant que Manon s’occupe des enfants Camille et Baptistin parlent boulot et avenir.
-Tu sais qu’entre la tempête et le confinement il y a fort à parier que l’engouement s’accroisse pour les poêles à bois,
les cheminées et barbecue four et toute ces sortes de choses, les gens se sont rendus compte qu’ils étaient trop dépendants de la vie moderne, à mon avis quand on sera désenclavé,
tu devrais avoir du boulot car j’ai lu que seuls les gens qui avait des poêle à bois et des cheminées avaient pu rester chez eux malgré la coupure d’électricité, ça va faire des clients en plus pour peu qu’on soit prêt à satisfaire la demande…
Tu as raison et il est probable que parmi des petits producteurs de granulés la situation économique les aura conduit à la faillite et que leur matériel sera à vendre, je vais me renseigner sur le marché des saisies ou des ventes avant saisies,
si je trouve une installation à bon prix, on pourrait peut être convaincre Manon de nous équiper et de nous lancer sur ce marché ?
-Oui il faut voir si c’est rapidement amortissable, un expert comptable est en train d’auditeur le domaine, elle prendra des décisions ensuite mais je suis optimiste.
Un feu dans la cheminée, un bon armagnac, des sujets de conversation un bon film et quelques petites choses à grignoter devrait les conduire tard dans la nuit,
quand Manon descend de l’étage ils sont installés devant un film, "Zack Snyder Justice league", parfait le film dure 4h, Baptistin sera endormi avant la fin et il restera dormir sur le canapé….
2h plus tard, le couple se retire à pas de loup, Camille soulève doucement les jambes du bûcheron pour l’allonger sur le canapé pendant que Manon le recouvre d’un édredon et de couverture, elle a écrit un mot sur la table basse lui disant :
« Vous vous êtes endormi, restez sur le canapé et finissez votre nuit ici, ça vous évitera de partir à la grange au milieu de la nuit. Manon »
Le jeune couple monte sans bruit dans la chambre de Manon, une fois leur porte refermée, elle luit dit :
-On est machiavéliques !
-Tu crois qu’on dort ensemble quand même ? Si jamais il monte en se réveillant, il verra que je ne suis pas dans ma chambre ?
-Comme tu veux mais à mon avis il va se réveiller bien après nous tous, tu as chargé la cheminée et les poêles pour qu’il ait bien chaud,
il a descendu une partie de la bouteille de ce très bon armagnac, je suis presque sûre que lorsqu’il se réveillera on sera déjà tous debout et Romain sera parti.
La présence de Baptistin dans le salon et celle de Romain dans la grange freinait leurs ardeurs nocturnes et c’est collé l’un à l’autre, Manon dans les bras de son berger, leur nuits passionnés pourraient reprendre dès demain.
Le matin venu, Camille avait rejoint sa chambre pour faire sa toilette et changer de vêtements, il allait vérifier que l’intrus avait quitté les lieux, il pensait que Romain était parti parce que dans un demi sommeil ce matin il avait entendu les chiens ronchonner,
même le chiot avait grogné, à cette heure-là la raison la plus logique c’est que Romain avait pris la piste pour quitter le domaine.
Effectivement leur invité surprise était parti, Camille allait accomplir seul ses tâches du matin et épargner Baptistin après ce qu’ils lui avaient fait subir hier soir !
Tout était rentré dans l’ordre, il avait demandé à Grégoire s’il serait d’accord pour donner à Baptistin une ou deux journée de travail par semaine pour l’aider à faire redémarrer la scierie,
Grégoire avait immédiatement accepté, il semblait que la tempête Alex aurait rapproché ses trois-là.
Les jours et les semaines suivantes s’étaient déroulés sans accroc, Baptistin partageait son temps entre la ferme, la Bergerie et la scierie suivi par ces deux acolytes venus lui rendre tout l’aide qu’il leurs avait donné.
Ca faisait de bonnes semaines et le temps s’écoulait trop rapidement à son goût, puis la circulation avait été rétablie dans la vallée, les employés de la scierie étaient revenus et il y avait de nouveau de l’électricité chez Grégoire, les enfants étaient donc repartis chez eux.
Félicien avait contacté sa cousine pour lui dire que l’audit s’était révélé très positif et que le Domaine était suffisamment bénéficiaire et qu’en plus avec les autres placements la succession s’avérait plus que largement intéressante.
Manon avait donc accepté la succession, renouvelé le contrat de l’expert-comptable de Rose et maintenu les gestionnaires des différentes exploitations du domaine au grand soulagement de tous, elle avait donné mandats de gestion générale à Camille et l’expert-comptable,
dans un premier temps le notaire l’avait convaincu de mettre en place cette double signature le temps que Camille fasse ses preuves.
Manon et lui avait savouré chaque minute passée tous les deux, la citadine était devenue attentive à la nature qui l’entourait et le berger rugueux était plus policé qu’à son arrivée.
Mais chaque seconde de ce temps délicieux les rapprochait l’un et l’autre de ce temps malheureux qu’ils occultaient, ce moment déchirant où chacun retournerait sans l’autre à sa vie d’avant,
ce moment dont ils ne parlaient jamais mais qui pesait de plus en plus lourd sur leurs cœurs !
Aujourd’hui on était le 24 décembre, dans quelques heures la famille de Grégoire allait arriver pour passer les fêtes à la Bergerie,
Baptistin les rejoindrait aussi, Guitte avait décliné l’invitation en disant qu’elle n’avait aucune envie de voir le berger et le bucheron roucouler avec l’héritière…elle avait l’air de détester Manon qu’elle ne connaissait pas vraiment.
Elle avait repris son travail à mi-temps à la fromagerie mais elle était tellement désagréable avec Manon que Camille avait décidé qu’elle travaillerait seule sur ses jours et Camille et Manon en binôme sur les jours suivants,
non sans avoir prévenu Guitte que si la nouvelle patronne décidait de mettre fin à l’activité de la fromagerie du domaine, elle ne pourrait s’en prendre qu’à elle-même !
Manon était afférée à ses préparatifs, elle avait hâte de revoir les enfants et de faire la connaissance de leurs parents, c’était Baptistin et Camille qui avaient ramené les enfants chez leurs parents.
Elle était à la fois heureuse de la fête de Noël qui allait se dérouler ici et malheureuse car qu’elle sonnerait le glas de son séjour à la Bergerie, elle devait rentrer peu après à Lille et reprendre sa vie, le contrat de remplacement allait jusqu’au 6 janvier mais pas au-delà…
Manon décide d’appeler son amie Cindy car elle n’aurait certainement plus le temps après.
-Cindy, coucou je voulais t’appeler avant d’être débordée, comment ça va ?
-Ca va bien mais toi en revanche je te trouve une triste mine, que se passe t il ? Tu es fatiguée ? Tu n’aurais peut-être pas du lancer toutes ces invitations
-Non je ne suis pas fatiguée et je voulais faire une grosse fête avec tous ces gens qui ont fait ma vie depuis presque 3 mois, sans eux la vie aurait été terriblement difficile, ce que nous avons vécu a créé des liens très fort entre nous.
-Tu es triste de les quitter ?
-Oui un peu ?
-Tu me cache quelque Manon, tu les connais à peine même en considérant l’épre’uve que vous avez subie ensemble ça ne devrait pas t’attrister autant et te donner une mine de papier mâché qu’est-ce qu’il se passe Manon ?
-Non rien…j’ai de la peine de partir…
- Manon je te connais depuis la maternelle, tu as quelque chose pour te mettre dans un état pareil ! Dis-moi ce que tu as ?
-Tu avais raison lui dit -elle dans un sanglot…avec Camille on est tombé amoureux, doucement puis passionnément et enfin paisiblement, tous ces jours ont été heureux comme jamais je n’ai été heureuse, je me sens complète ici, la vie est sereine,
l’amour est total, ce que m’a légué Rose en fait est bien plus qu’une domaine, elle m’a légué le bonheur et je vais l’abandonner ici en même temps que mon amoureux car si je l’oblige à quitter ses montagnes,
il va le faire mais en crever à petit feu, il n’y aura personne pour s’occuper du domaine et je vais devoir le vendre, ce qui le tuera une seconde fois, et moi je dois rentrer …
- Mais enfin de quoi tu me parles Manon ? Pourquoi tu dois rentrer ?
-Ben je dois rentrer pour notre cabinet, nos projets, mon appartement, ma vie, mon chat..
-Tu crois vraiment que tout ça est comparable au bonheur que tu as trouvé dans ta bergerie ?
-Mais enfin le cabinet, nos projets ?
-Et alors ? On trouvera une solution, le cabinet ce n’est pas une fin en soi dans une vie ? Tu peux en remontrer un dans ta vallée, je suis sûre qu’il en manque.
Pour le cabinet ici, on verra, on trouvera un acheteur pour ta patientèle qui te louera le cabinet ou te le rachètera, moi je vais voir avec mes parents si je peux racheter quelques chose et puis sinon je déménagerais avec mes clients, ton appart pareil tu le loues ou tu le vends
Le chat tu viens le chercher ou je te le descends, où est le problème ma petite puce ?
Tu crois vraiment que tout ça vaut le coup que tu sacrifies ton bonheur ?
A ces mots Manon fond en larmes, elle lâche toute sa peine retenue, niée, toutes ses appréhensions.
-Tu ne peux pas imaginer le poids de cette peine de tout quitter sans pouvoir en parler…
-Mais pourquoi tu ne m’as pas fait confiance, je t’aurais libérée de ce dilemme
-Au début pour pas te donner raison à propos de Camille, tu souviens quand tu me taquinais et que je te disais que tu étais folle,
déjà à cette époque je rêvais de lui toutes les nuits et puis ensuite j’étais piégée dans mon mensonge et je ne me doutais pas que ça m’entrainerait si loin !
- Ohhh ma petite puce, je me serais tellement réjouis pour toi, comme je me réjouis aujourd’hui. Ne renonce pas à ton bonheur, écoutes moi, laisse tomber ta vie lilloise et installes toi près de ton amoureux ! Je ne veux plus de toi comme associée à Lille, c’est compris ?
-Oui c’est compris merci Cindy pour ces mots, pour toutes ces années d’amitié et pour ne pas m’en vouloir de t’avoir menti, tu sais je t’ai menti aussi car je ne voulais pas me faire engueulée parce que les deux premières fois on a oublié de se protéger !
-Ah ben c’est sûr tu n’y aurais pas coupé ! Et alors vous vous êtes fait tester ?
-On avait fait des tests l’un et l’autre avant de se rencontrer donc tout va bien !
-Bon et bien ma choute voilà un Noël qui va se dérouler plus légèrement que prévu !
-Oui et c’est grâce à toi merci Cindy
Quel soulagement elle avait hâte que Camille arrive pour lui dire quel, cadeau de Noël son amie lui avait offert, elle entendait au loin un moteur ça devait être Grégoire et sa famille !
Elle allait les accueillir sur le perron avec un verre de vin chaud pour les adultes et un verre de coca pour les enfants !
Souriante et son plateau dans les mains, elle attendait que la famille descende de la voiture, Justine en premier, elle la fixait avec un grand sourire, les trois autres semblaient stupéfaits …
-Mais quelle surprise Manon, Baptistin nous avait dit qu’il y avait anguille sous roche mais je n’imaginais pas que vous en soyez déjà rendus là ? Félicitation, c’est pour quand ?
-Mais quoi ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
-Et bien le bébé ?
-Quel bébé ?
-Et bien le, tien pardi !
-Mais je n’ai pas de bébé !
-Il y a longtemps que tu t'es regardée dans une glace ?
-Non ce matin pourquoi ?
-Parce que on va y retourner, regarde !
Avec stupéfaction, Manon constate dans le reflet du miroir de la salle de bain du rez de chaussée que son ventre qui ce matin était si plat était maintenant largement gonflé comme celui d’une femme enceinte et manifestement c’était son cas,
comment cela était-il possible ce matin en sortant de la douche rien et là tout d’un coup son ventre avait triplé de volume en quelques heures ? Ca ne pouvait pas être possible, il y avait quelque chose ?
Il fallait d’urgence qu’elle fasse un test de grossesse
-Camille tu peux descendre en urgence à la pharmacie la plus proche ?
-Là maintenant ? Tu es malade ?
-Non pas vraiment mais il faut que tu ailles en urgence à la pharmacie !
-je ne comprends rien
- Ne t’inquiète pas viens avant de partir tu vas tout de suite comprendre !
-Non j’y vais directement tu veux quoi ?
-Des tests de grossesse
-…
-Tu m’as entendue ?
-Oui je t’ai entendu mais pourquoi des tests de grossesse là maintenant ?
-Et bien en général on en fait quand on pense qu’on est peut être enceinte et là on pense, on est même plusieurs à penser que je suis peut être enceinte et j’aimerais bien en avoir confirmation…
je t’envoie une photo puisque tu ne veux pas venir, tu vas comprendre !
-Mais je veux bien venir mais si je dois descendre à la pharmacie autant y aller directement …
Ohhh mince alors dit-il en recevant la photo de Manon mais qu’est-ce qu’il t’es arrivé ? Je viens d’avoir Baptistin il est au village, je vais l’envoyer ça va nous faire gagner une heure ! J’arrive !
-Si tu veux de toutes façons on ne va pas pouvoir le cacher à Baptistin en arrivant il le verra bien !
Une heure plus tard, ils étaient tous réunis dans le salon sauf Camille assis sur le bord de leur lit, Manon seule dans la salle de bain attendait le résultat en apnée !
-C’est positif, j’ai refait trois fois le test c’est positif, on attend un bébé !
-Mais comment c’est possible on ne voyait rien jusqu’à maintenant et tout d’un coup ce gros ventre ?
-Un déni de grossesse, jusqu’à ce matin j’étais dévastée à l’idée de partir mais je ne pouvais pas faire autrement et depuis que j’ai compris que je n’étais pas obligée de partir et que j’allais rester, tout s’est déclaré !
-Quoi ? Tu as décidé de rester ?
-Oui je n’ai pas eu le temps de te le dire…
-Ohhh ma chérie entre ça et le bébé, je suis le plus heureux des hommes ! Je t'aime à la folie et mes rêves les plus fous se réalisent, toi une famille ma montagne...
Il la prend dans ses bras et l'embrasse passionnément, puis il la soulève du sol et lui dit vivre ici avec toi et notre enfant aurait réjouis Rose, j'en suis sûr !
Allez on va l’annoncer aux amis ! Le jeune couple descend rejoindre leurs invités pour leur dire :
-On attend un bébé et Manon reste à la Bergerie ! C’est le plus beau Noël de toute ma vie !
Peu avant la naissance des bébés, car en fait il y en avait deux, Manon et Camille ont reçu une lettre que Rose avait confié à son notaire pour Camille avec instruction de ne lui adresser qu'après six mois de l'ouverture de la succession et de l'arrivée de Manon :
Camille, mon garçon, je t’ai toujours considéré comme le fils que je n’ai pas eu, j’ai pensé un moment te léguer le domaine et tout ce que j’avais et puis je me suis dit que tu serais bien seul là-haut et que vu ton caractère tu aurais du mal à te trouver une femme digne de toi
ou alors ce serait une garce qui finirait par te mettre le grappin dessus quand tu seras vieux !
Alors j’ai pris la décision d’essayer d’intervenir sur l’avenir par-delà ma tombe,
je suis l’histoire de ma nièce depuis des décennies, je sais que c’est une bonne petite qui a tout perdu au monde mais qui est valeureuse, j’ai bien étudié la question je me suis déplacée plusieurs fois depuis toutes ces années pour me faire une idée sur elle.
J’ai été tentée de la contacter à la mort de ma sœur, car elle n’avait plus de famille, je suis même montée à Lille pour sa prestation de serment et puis au dernier moment j’ai reculé, la peur sans doute d’être rejetée…
Peut-être que je vais prendre courage et le faire plus tard mais en l’état actuel, j’avais le choix de te léguer tout ce que j’ai et qu’une grosse partie de ce que je possède aille à l’état et donc démembrer le domaine
ou alors me servir de cet héritage pour faire venir à toi celle que je considère comme la compagne parfaite pour toi.
J’ai décidé de léguer le domaine à Manon en espérant qu’ainsi elle va venir à la Bergerie et que vous allez tomber amoureux l’un de l’autre et que vous serez heureux dans ma bergerie ou vous fondrez une belle et grande famille.
Si mon plan ne fonctionnait pas, j’ai veillé à ce que tu sois nommé à la tête du domaine, quelque soit son propriétaire
tu es aussi bénéficiaire d’une assurance vie qui devrait rendre ta vie plus confortable ainsi que quelques terres en Italie sur le front de mer où tu pourras construire, faire construire ou que tu pourras vendre.
Camille mon grand garçon tu m’as apporté tout ce que l’on peut apporter à une maman, tu es formidable, je t’aime de tout mon cœur et je n’ai pas besoin que tu sois vétérinaire pour t’aimer,
tu as été la lumière de ma fin de vie et je bénie celui qui t’a mis sur ma route car vivre à tes côtés est le plus beau cadeau qu’on m’ait fait avec la rencontre avec mon Louis.
Camille aimer nous met en danger mais vivre sans aimer par peur d’être en danger ça n’est pas vivre, aime à en perdre le souffle ! (et reprends ton métier il en manque dans la vallée)
Tu diras à Manon que je regrette de ne m’être pas présentée de mon vivant et que j’espère qu’elle ne me tiendra pas rigueur de mon petit stratagème, soyez heureux mes enfants la vie est si courte !
Voilà la #NouvelleDeLavent est achevée ça a été un plaisir d'écrire cette histoire selon les codes des films de Noël, je me suis beaucoup amusée. Partie de quelques pages, j'écrivais chaque jour l'épisode du lendemain ou surlendemain c'était drôle et motivant ! #JoyeuxNoël à tous

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25 Dec
Préparation de la farce pour le chapon…parce que pour le chéri qui s’occupe de tout et notamment du chapon … la farce ça se fait juste avant de farcir la bestiole, juste avant de l’enfourner…
Aucune idée que ça suppose un minimum de préparatifs qui prennent a minima 1h puis que ça doit passer au moins une heure pour que les saveurs se combinent …et que la bestiole on la sort du frais avant de la cuire
Le bienheureux qui s’occupe de tout ronfle comme un sonneur…
Je ne peux même pas lui en vouloir car le ronfleur est de bonne foi, il est persuadé que zou la farce, zou le four …tellement persuadé qu’il ne sera même pas allé vérifier dans une recette …
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24 Dec
Donc comme tous les ans se pose la question de la messe de minuit, qui depuis longtemps ne se passe plus à minuit mais à 20h, tous les ans c'est la bataille parce que #MamanALaMaison qui oublie tout y pense bien et râle qu'on y aille plus !
Depuis quelques années j'estime que vu son âge et son état ça n'est pas possible on lui trouve une retransmission mais elle dit que ça n'est pas pareil
Et alors depuis la pandémie ça serait pure folie alors que toute l'année, je lui évite tous les rassemblements possibles et imaginables mais comme tous les ans à partir du moment où elle comprend que c'est Noël c'est dure
Read 6 tweets
24 Dec
Le chéri fait pleurer #MamanALaMaison, il a préparé une playlist pour elle et moi je me cache pour que l'on ne voit pas mes larmes...
Je ne nous souhaite rien de moins que la paix sur le monde et qu'on retrouve tous notre âme d'enfant #Noel
C'te bourrique me fait pleurer ma mère depuis une heure, je n'aurais jamais imaginé que sur le tard ma mère soit devenue fan des chansons de #MireilleMathieu
il va me la faire mourir de la faire pleurer comme ça !
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