Pour @BrunoLeMaire, la France doit rembourser sa dette, donc en réduire le stock, si elle veut continuer d'emprunter à des taux d'intérêt très bas.
Comme tous les libéraux, @BrunoLeMaire tente de faire croire que la dette publique se gère comme la dette privée, ce qui est une énorme ânerie. La France ne rembourse jamais totalement sa dette, elle la fait "rouler" en réempruntant pour rembourser les titres arrivant à échéance.
Cela ne pose pas de problème si le taux de croissance est supérieur au taux d'intérêt. Dans ce cas, même avec une dette qui augmente, le rapport dette/PIB diminue, ce que l'on verra pour 2021.
La France s'endette à taux faible car ses créanciers ont confiance quant à sa capacité à payer les intérêts sur sa dette (les intérêts représentant la rémunération des créanciers). L'abondance d'épargne mondiale explique aussi en partie les taux faibles.
Et l'inflation actuelle participe aussi à réduire la facture pour les finances publiques. En résumé, le stock de la dette publique a certes augmenté mais ce que la dette publique coûte chaque année a sensiblement diminué.
Cela explique pourquoi la charge d’intérêt de la dette publique s’est réduite de 14 milliards d’euros entre 2009 et 2019 tandis que la dette publique augmentait de 950 milliards d’euros dans la même période.
Le projet de loi de finances pour 2021 anticipait une baisse supplémentaire de 5 milliards d’euros de la charge d’intérêt entre 2019 et 2021 alors qu’on prévoyait dans le même temps une hausse de la dette publique de 300 milliards d’euros.
Derrière ses accents de gestionnaire rigoureux, @BrunoLeMaire veut convaincre que le stock de la dette publique est le problème principal (ce qui est faux comme on vient de le montrer). Pourquoi ? Pour mieux justifier des baisses de dépense publique.
En agitant le chiffon rouge de la dette publique et en ayant recours à la (fausse) analogie avec la dette d'un ménage, @BrunoLeMaire veut nous convaincre que nous n'avons pas le choix.
Raison pour laquelle il parle de la réforme de l'assurance chômage et de celle des retraites, dont l'objectif avoué implicitement est uniquement de réduire l'indemnisation du chômage et le niveau des pensions de retraite.
Pour justifier des "réformes" injustes et inutiles, il souhaite aussi "cantonner" la dette COVID (entre 250 et 300 milliards d'€), c''est-à-dire traiter cette partie de la dette publique différemment du reste, ce qui n'a aucun sens économique mais permet d'agiter un épouvantail.
Car, cantonner la dette COVID signifie la rembourser jusqu'au dernier centime, donc ne pas la faire "rouler" et l'amortir sur une longue période. Cela suppose donc de trouver 250-300 milliards d'€.
Comme @BrunoLeMaire refuse d'augmenter les impôts (sur les plus riches), il faudra réduire fortement la dépense publique. CQFD. Ou comment, en dramatisant à l'excès un pb qui n'est pas central (la dette publique), justifier des politiques inégalitaires et de régression sociale.
Ce faisant, @BrunoLeMaire montre qu'il a une approche très idéologique de la dette publique. En revanche, il n'a pas l'air de s'inquiéter de la dette privée qui est, elle, un vrai problème.
Car, au moindre retournement des anticipations des acteurs sur les marchés financiers, nombre d'entreprises et de ménages ne pourront plus renouveler leur endettement (voir crise financière de 2007-2008), conduisant à des faillites et des défauts de paiement.
Un moyen de minimiser ce risque serait d'accroître la fiscalité sur le capital ainsi que sur les revenus et patrimoines les plus importants afin de faire dégonfler les bulles spéculatives que se forment à nouveau.
Autre avantage, cela permettrait de rediriger ces sommes vers l'investissement productif en faveur de la transition écologique et le renforcement des services publics (santé, éducation, recherche, justice, ...).
Mais le rigoureux @BrunoLeMaire préfère les politiques inégalitaires consistant à sous-financer les services publics afin de progressivement livrer au privé la santé, l'éducation et la protection sociale.
C'est un projet murement réfléchi, bâti par et pour les classes les plus favorisées, qu'il convient de mettre en échec en 2022.
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Dans l'émission @GG_RMC du 19/11, @fogiesbert nous fait l'amitié de parler des @atterres (à partir de 8'00), nous qualifiant de "pseudo économistes bidons", de "pauvres nazes" et de "pseudo économistes atterrés ou atterrants". Petite mise au point ⤵️⤵️⤵️ rmc.bfmtv.com/mediaplayer/re…
Manifestement, @fogiesbert n'a pas lu notre livre sur la dette publique. C'est dommage, cela lui aurait évité de débiter autant d'âneries en si peu de temps (ce qui en soit est une belle performance).
Tout d'abord, la France n'a pas "une dette monumentale", comme l'assène @fogiesbert. Elle représente certes un peu plus de 2700 milliards d'euros et est équivalente à 114% du PIB.