Profitons la polémique du drapeau à l’arc de Triomphe pour faire un peu d’histoire ! Car les querelles de drapeau, c’est pas neuf du tout ! et c’est assez intéressant !
Petite histoire à dérouler
1)Commençons par rappeler les origines révolutionnaires, et du drapeau tricolore, et de son usage national. Je vais vite sur les trois couleurs
2)Les trois couleurs du drapeau sont d’abord apparues assemblées sur la cocarde des révolutionnaires, autour du 14 juillet 1789. Pour s’identifier, les révolutionnaires se dotent vers le 12-13 juillet d’une cocarde. Verte au début, puis aux couleurs de Paris (rouge et bleue)
3)Le 14 juillet, c’est semble-t-il la cocarde bleue et rouge que portaient les gardes nationaux nouvellement créés la veille, mais le blanc est ensuite ajouté, semble-t-il sur proposition de La Fayette, commandant du corps.
4)(je dis bcp de « semble-t-il » car les sources sont contradictoires, parfois postérieures, en gros on n’est pas complètement sur-es, comme souvent ! certaines sources parlent même de bleu-blanc-rose)
5)Longtemps on a pu lire qu’il s’agissait d’insérer le blanc royal au cœur des couleurs de la ville insurgée, interprétation que l’on trouve par exemple dans les Lieux de Mémoires (Article de R. Girardet, 1984).
6)Mais les travaux de Michel Pastoureau et de Guillaume Mazeau ont montré que le choix de la trichromie, et en particulier du bleu-blanc-rouge est plus complexe et inscrit la révolution dans un contexte et une histoire des codes visuels à l’échelle atlantique.
7)Les trois couleurs, en bandes (alors plus souvent horizontales que verticales !) viennent plus sûrement de la révolution américaine, un peu aussi de la révolution batave.
8)Les trois couleurs étaient ensuite devenues l’un des pavillons maritimes français (1790) mais ce n’est qu’en 1794 que la Convention fixe l’orientation verticale et l’ordre des bandes de couleurs que nous connaissons aujourd’hui.
9) Le drapeau tricolore est conservé sous l’Empire.
Mais le retour des Bourbons sur le trône (1814) entraine son abandon, son interdiction même. Il est alors remplacé par le drapeau blanc.
10)Les trois couleurs, désormais interdites, deviennent immédiatement subversives. Nombreux ont fait de la prison pour avoir brandi ce drapeau pendant la Restauration.
11)Rien d’étonnant à ce qu’elles surgissent lors des Trois Glorieuses qui renversent Charles X en juillet 1830
Les drapeaux tricolores, confectionnés à la hâte, coiffent les monuments conquis avant que Louis-Philippe ne proclame officiellement : "la Nation retrouve ses couleurs"
12)Voilà ce que représente l’esquisse que Cogniet réalise au lendemain de la révolution de Juillet. Trois drapeaux (comme les trois journées insurrectionnelles) y émergent d’une fumée qui évoque les combats révolutionnaires.
13)La captation du drapeau révolutionnaire par la Monarchie de Juillet a pour effet de lui faire perdre la portée subversive qui avait été la sienne, portée subversive désormais endossée par…. le drapeau rouge !!!
14)Ancien drapeau de la loi martiale qui permettait de tirer sur le peuple (octobre 1789), symbole donc de la répression, il était devenu, à la faveur d’un retournement, le drapeau des insurgés du 10 aout 1792, puis l’emblème des sans culottes.
15)Brandi lors des émeutes qui menacent le trône orléaniste (notamment le 5 juin 1832), il est alors porteur du programme de démocratie sociale des républicains de l’époque.
16)C’est ce même drapeau rouge que les plus radicaux des révolutionnaires de 1848 voudraient faire adopter à la toute jeune république sortie des barricades de février – espérant imposer le programme de la Sociale.
17)Le gouvernement provisoire ne veut pas de ce changement de drapeau qu’il considère comme une « défaite symbolique pour l’ordre » (dit le ministre des finances).
18) Lamartine descend sur la place de Grève et rappelant les souvenirs de révolutions et de victoires derrière le drapeau tricolore, il convainc.
19)Amer, Louis Ménard prend la mesure de la défaite symbolique : « Le peuple savait bien, et Lamartine aussi, qu’à une société nouvelle il faut un nouveau drapeau ». Pour faire passer la mesure on inversa pendant quelques jours l’ordre des couleurs.
20)Le drapeau tricolore sera celui de la République de février, puis de la république conservatrice d’après avril, avant que d’être récupéré par l’Empire.
21) Logiquement les insurgés de juin 1848 avaient quant à eux adopté le drapeau rouge de la Sociale que la république conservatrice enterrait.
22) La révolutionnette du 4 septembre 1870 connaît aussi sa guerre des drapeaux.
Alors que les députés se sont contentés de proclamer la fin de l’Empire, les républicains radicaux s’installent à l’Hôtel de ville et y plante… un drapeau rouge !
23)Panique des républicains plus modérés qui dare-dare filent à l’HdV, remplacent l’étendard rouge par le tricolore, et proclament dans ses plis la nouvelle république
24)Logiquement encore, c’est aussi le drapeau rouge qui est celui de la Commune !
25)Il n’était pas évident pour les républicains parvenus à triompher de l’Ordre moral monarchique à la fin des années 1870 de savoir quel drapeau adopter. Ils avaient combattu le drapeau blanc des légitimistes, avaient écrasé dans le sang le drapeau rouge des Communards…
26)Ce serait donc le tricolore, quand bien même il aurait pu évoquer l’Empire honni qui l’avait allègrement utilisé.
27)Mais bientôt voici une nouvelle querelle des drapeaux. Alors que le socialisme, l’internationalisme adoptent le drapeau rouge, voici que Louise Michel le rejette !
28)« Plus de drapeau rouge mouillé du sang de nos soldats. J’arborerai le drapeau noir, portant le deuil de nos morts et de nos illusions » dit-elle. Le drapeau noir devient celui des anarchistes contre les socialistes de l’Internationale, puis les communistes
29) Au 20e le rouge rejoindra le noir dans un bichromatique anarchiste, comme lors de la guerre d’Espagne ou lors des début de la révolution cubaine (Mouvement du 26 juillet)
30)je m’arrête là même s’il y aurait encore bien des choses à raconter tant les drapeaux, et ce bien avant la polémique actuelle, ont dans l’histoire soulevé des passions !
petite blague pour finir
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
Allez
un peu d'histoire
Qq rappels sur le Front populaire de 1936
(je m’appuie pour ce faire sur les ouvrages de Jean Vigreux, Serge Wolikoff, Michel Margairaz)
1) Ce qu’il faut rappeler
1 – on parle souvent de l’union SFIO/PCF mais il ne faut pas oublier les radicaux (PR).
C’est essentiel pour comprendre le Front populaire (sur toute la séquence chrono)
2)
2 – on parle souvent du rôle du Komintern (Moscou) mais il ne faut pas oublier que le désir d’Union venait de la base et que l’union était donc déjà bien engagée avant le VIIe congrès de la IIIe internationale.
1) La fête des mère a été instituée en 1929 par la République, dans le cadre d’une politique de "réarmement démographique" (bah oui, les morts de la guerre, ces salauds de pauvres qui faisaient plus assez d'enfants tout ça tout ça)
2)une politique nataliste qui justifiait aussi que l’on interdise l’avortement, la contraception, donc bon….
Le tout avec une bonne réduction des femmes à leur fonction maternelle.
bon je vous apprends pas que le réarmement démographique et les droits des femmes, c'est pas glop
Bon, j’ai regardé les 5 premiers épisodes de la Fièvre (sur C+). Avec les 4 T de Télérama je me suis dit, faut aller voir. Ben… y’a pas mal de choses qui me gênent. Je vous explique rapidement (à noter que tout ce que je mettrai entre guillemets est une citation de la série).
1
Alors je vais essayer de pas trop spoiler. En gros. Tout commence par un incident entre un joueur de foot noir et son entraineur blanc (coup de boule, « sale toubab »). S’ensuit un emballement avec en gros, 3 camps.
2
D’un côté une stand-uppeuse qui joue des paniques identitaires, dénonce le « racisme anti blanc », alimente les peurs et cherche « la guerre civile ». Elle manipule des réseaux sociaux.
De l’autre, les « indigénistes » qui dénoncent « le racisme systémique ».
Article passionnant non seulement sur l'approche en terme de genre en histoire des sciences mais aussi sur les obstacles rencontrées par les chercheurs et chercheuses travaillant sur ces questions hal.science/hal-03477530
deux des chercheuses autrices de l'article rapportent ainsi la réponse d’un archiviste d’une institution scientifique qu’elles ne nomment pas « pas besoin de chercher des femmes dans cette institution, il n’y en a pas »
Spoil : il y en avait!
elles signalent que les archives en France ne présentent pratiquement aucun fonds scientifique associé au nom d’une femme.