Thread by @ASN

19 janvier 2022, 9h30, vœux à la presse du président de l'ASN : "en 2021, la sûreté des installations nucléaires, ainsi que la radioprotection dans le secteur industriel et dans le transport des matières radioactives, se sont maintenus, dans l’ensemble, à un niveau satisfaisant..

Dans le domaine médical, malgré l’effet de la pandémie sur le fonctionnement des services de santé, l’état de la radioprotection est resté comparable à celui de 2020, et aucune défaillance majeure n’a été détectée dans la radioprotection des professionnels, des patients...

Mais ce qui ressort plus particulièrement de l’année 2021, ce sont surtout les fragilités industrielles qui touchent tant le parc nucléaire des réacteurs que les installations du cycle combustible...

... et le débat qui s’est installé sur les choix de politique énergétique et la place du nucléaire dans ces choix.
L’ASN porte quatre messages clés :

1 : le système électrique français doit aujourd’hui faire face à une double fragilité, inédite, qui résulte pour l’essentiel de l’absence de marge et d’un déficit d’anticipation.
La première fragilité concerne les réacteurs nucléaires d’EDF.

La moindre disponibilité du parc nucléaire a plusieurs causes :
Le report de l’autorisation de mise en service de l’EPR de Flamanville, la mise à l’arrêt en 2020 de Fessenheim, et le calendrier des opérations lourdes de maintenance programmées à partir de 2018 étaient connus.

A cette moindre disponibilité, s’est ajouté l’effet de la crise Covid et notamment du premier confinement qui a conduit à étaler les opérations de maintenance et de rechargement en combustible des réacteurs…

Cela a eu pour effet de réduire les marges sur les capacités de production d’électricité pilotables disponibles pour plusieurs hivers.

Cet hiver, s’est ajoutée la décision d'@EDFofficiel de mettre à l’arrêt les 4 réacteurs de @EDFCivaux et de @EDFChooz du palier N4, pour des contrôles, suite à la détection d’anomalies inattendues de corrosion sous contrainte sur des soudures du circuit d’injection de sécurité.

Cette accumulation d’événements, illustre le besoin impératif, maintes fois souligné par l’ASN à destination des pouvoirs publics et des acteurs de la filière nucléaire, de maintenir des marges dans le dimensionnement du système électrique et des installations...

... pour pouvoir faire face à des aléas et ne pas mettre en concurrence les décisions à prendre lorsqu’il y a un risque pour la sûreté.

La seconde fragilité concerne l’industrie du cycle du combustible. Ces installations, non redondantes, constituent les maillons d’une chaine dont le fonctionnement peut être perturbé si l’une d’entre elles est défaillante. Une série d’événements fragilise actuellement l’ensemble:

- retard dans le lancement par EDF de la construction de la piscine d’entreposage centralisé des combustibles usés identifiée depuis 2010 comme nécessaire pour faire face à la saturation prévisible des piscines de @OranolaHague à l’horizon 2030.

- difficultés de fonctionnement de @OranoMelox se sont aggravées en 2021 et induisent une saturation dès 2022 des capacités d’entreposage des matières plutonifères.
- la corrosion plus rapide que prévue des évaporateurs de @OranolaHague fragilise les capacités de retraitement.

Cela fait peser un risque de saturation des piscines de La Hague et fragilise le fonctionnement des centrales nucléaires dans la mesure où elles ne pourraient plus évacuer leurs combustibles.

2e message : l’ASN demande que les préoccupations de #sûreténucléaire, notamment en matière d’anticipation et de maintien des marges soient, dès à présent, intégrées dans les choix de politique énergétique...

Dans les 5 ans à venir, le choix affiché d’arrêt définitif programmé de 12 réacteurs supplémentaires, en sus de @EDFfessenheim , devrait être dûment pesé, sauf impératif de sûreté, au regard de prévisions réalistes de mise en service de nouveaux moyens de production d’ici 2035...

... besoin de conserver des marges dans le système électrique pour faire face à des impératifs de sûreté.
Parallèlement, EDF devra questionner et justifier individuellement la capacité des réacteurs les plus anciens à poursuivre leur fonctionnement au-delà de 50 ans.