En assistant à un match des espoirs il y a peu à Narbonne, je surprend une conversation entre deux personnes âgées au stade. Quelques jours après, j’observe un commentaire sur Facebook de la victime sous un article de la presse départementale.
« Ah là, vous n’hésitez pas en parler ». Je me rapproche d’elle pour recueillir quelques premiers éléments. Je recoupe mes premières informations. La condamnation a été prononcée le 21 septembre 2021. Et je découvre alors qu’à Narbonne, ce n’est un secret pour personne.
La presse quotidienne départementale, qui couvre l’Aude et les PO, en avait connaissance. Manque d’effectif (?) ou pour diverses raisons politico-économiques et sportives, rien n’est publié.
Au début, la relation de confiance est difficile à tisser avec la victime. Compréhensible. Je récupère tous les documents cités dans l’article et bien d’autres. Photos, vidéos… il fallait avoir le cœur bien accroché et ce fut bien difficile de ne pas s’impliquer émotionnellement
Ces violences ne sont pas nouvelles selon la femme du joueur. Sur un dépôt de plainte, on peut lire qu’elles ont commencé depuis plus de dix ans. « Il m’a cassé le nez quand j’étais enceinte ».
C’est en 2019 qu’elle décide de pousser les portes du commissariat de Narbonne. Cinq plaintes et deux mains courantes sont déposées entre juin 2019 et juillet 2020.
Placé en GAV à chacune des plaintes, le joueur ressort libre. Une ordonnance de protection promulguée par le JAF en novembre 2019. Mais ça continue, encore et encore, avec une « procédure de divorce difficile qui dure depuis plus de 3 ans » me dit la victime.
Placé une dernière fois en GAV en juillet 2020, le joueur aurait du « être déféré dans le cadre d’une comparution immédiate ». Mais il n’en sera rien. Pourquoi ? « Il y a des réseaux très influents à Narbonne » m’explique V. Fekitoa.
Pour y avoir grandi, je sais que Narbonne dispose d’une élite qui sait se protéger. Mon papier est bouclé est alors presque bouclé. Je donne la parole au président pour qu’il réagisse à cette promotion de capitaine dont a bénéficié Saia Fekitoa.
On me demande si je suis « sûr de mon coup ? ». Sur une échelle d’un à dix, je dis plutôt 20. Je tente de joindre la défense du joueur, Maître Fornairon. Sans succès. Je réussi à avoir une de ses représentantes après cinq appels en deux jours.
« C’est moi qui ai plaidé le dossier. Pourquoi vous sortez cette affaire ? Ce n’est pas du rugby pourtant… ». L’avocate qui a plaidé transfère mes coordonnées. Personne ne me rappellera. Ni le joueur, ni son conseil.
En revanche, le joueur sait se servir d’un téléphone. Pas pour me répondre non. Mais pour appeler son ex-femme, deux fois. Étonnant n’est-ce pas ? Bref, mon papier est désormais bouclé et prêt à être publié.
On se blinde sur l’aspect juridique. Mais voilà : la famille rugby, c’est un peu la mafia. On se protège à la vie à la mort. J’apprends qu’un proche du joueur envoie quelques intox. Un ancien charismatique du club. « Ils ont fait appel. Et puis, c’est pas si simple leur couple ».
Pour avoir vérifié, évidemment il n’y a pas eu appel. Et puis bon limite si on n’explique pas que la femme s’est frappée toute seule contre le mur. « Il n’aurait pas pris que 10 mois ? »
Non, 12. 🤷🏻♂️
Le club est mal embarqué. « Ça va nous mettre dans la merde Brice… ». Ah bah oui sans doute… j’imagine.
Mais il y a une chose qui m’a particulièrement… marqué. Le joueur bénéficie d’une image de play-boy à Narbonne. C’est un cadre, le frère d’un All-Black. Au club depuis 9 saisons. La belle image aux Halles et autour du stade.
Sa femme en revanche ? « Une folle. Complètement cinglée ».
Voilà un contraste saisissant entre un éphémère capitaine condamné et une victime.
Évidemment, inutile de vous dire que les rôles s’inversent et que je deviens le fautif. Les futures vacances dans ma ville seront certainement discrètes désormais.
Je ne me suis pas levé un matin en me disant « oh tiens, si j’allais me payer un joueur aujourd’hui ? ».
Ça a été très dur de bosser sur ce dossier. D’un côté la victime, avant tout. De l’autre : mon club de cœur depuis que j’ai 3 ans. Mais le choix fut vite fait : le journalisme
Je sais que ce thread risque encore de faire du bruit. Alors j’ajoute ce dernier mini-thread. 🤮🤮🤮
Schizophrénie : ce virage politique qu'a pris l'affaire #Halimi a réveillé en moi de vieux souvenirs extrêmement douloureux. Les propos de Macron puis d'Attal ce matin et d'autres "psychiatres" en herbe me poussent à y aller de mon témoignage.
J'ai perdu ma mère à l'âge de six ans. Elle en avait 24. Ma maman, c'était une jeune fille qui n'a jamais connu le bonheur. Maltraitée psychologiquement depuis son plus jeune âge. Une fille en détresse, détruite par l'absence d'amour maternel et un entourage familial malsain.
Elle a essayé de se construire, tant bien que mal. Mais voilà, dans cette famille ravagée qu'était la mienne, un trouble est apparu. Causé par cette maltraitance psychologique et l'abandon. D'abord son frère, mon oncle, qui fut le premier a déclaré des troubles schizophréniques.