Quand je suis né, mon père était peintre en bâtiment, ma mère "mère au foyer". Mon père raconte qu'il aimait tellement l'école qu'il est resté deux fois plus longtemps dans chaque classe. Il a ainsi fini le primaire à 14 ans, pour aller directement travailler dans le bâtiment.
Je suis donc issu d'une famille plutôt modeste, sans avoir jamais manqué de rien. Mon père m'a toujours dit que si je travaillais à l'école, je pourrais réussir, et même finir à la poste. Spoiler: j'ai pas réussi! (mais la poste ça aurait sans doute été bien aussi).
L'école m'a permis d'apprendre pas mal de choses, et de me rendre compte que j'aimais apprendre, et avais la chance d'apprendre assez vite. J'ai même eu mon brevet des collèges, comme 50% des camarades de mon collège (oui, 50% de réussite... bien mais pas top!)
Après le bac, je suis allé à la fac, car l'idée d'étudier les sciences fondamentales me plaisait. Je me suis retrouvé à @UBO_UnivBrest , à 17 ans, dans un nouveau monde, avec des concerts de bienvenue organisés par Ricard, d'autres sources de distractions, mais de super profs!
J'ai fait deux ans de Maths et deux ans de Physique, pour obtenir une maîtrise (un diplôme qui n'existe plus!). J'ai pu le faire car j'étais boursier et les études quasiment gratuites: élément-clé pour que l'ascenseur social fonctionne. Aujourd'hui c'est plutôt vers ça qu'on va.
Les applications à l'astrophysique m'intéressaient, puis un jour, un prof ivre (je ne mets pas breton, ça fait pléonasme) nous a fait un cours de physique nucléaire. Dans un accélérateur de particule, on pouvait recréer des conditions s'approchant du Big Bang!!!
J'ai alors lu tout ce que je pouvais sur l'astronomie, puis cherché des DEAs (Master 2). Il fallait donc quitter la Bretagne. La première réponse positive est venue de Nice, je suis parti avec un sac à dos et une guitare (important) (des commentaires sur la guitare?😂)
La pression était alors assez forte, pour vivre mon rêve et faire une thèse, il fallait que je sois 1er ou 2ème du Master. Il fallait réussir à faire la fête et travailler, j'ai donc zappé le sommeil pendant un an et ai obtenu une bourse de thèse à l'@ObsCoteAzur !
La thèse, c'est de bons souvenirs quand on y pense, mais aussi beaucoup de moments difficiles, d'incertitude (et si tout ce que j'avais fait était faux??). Un conseil pour que ça fonctionne: être bien encadré et entouré! Je suis ainsi devenu un spécialiste de la mort des étoiles.
Mais bac+8, c'est souvent pas assez pour avoir un poste de chercheur, je suis donc parti en Angleterre (sac à dos plus guitare) pur acquérir de l’expérience, en travaillant notamment sur le télescope spatial Spitzer, prédécesseur du JWST.
Tous les ans, je candidatais aux concours de chercheurs, avec plus de 150 candidats et 6 postes max. Des moments difficiles, avec beaucoup d'incertitude sur l'avenir. Au bout de 4 ans à Manchester, j'ai obtenu un "Fellowship" prestigieux à l'ESO. Le rêve travailler pour le VLT!
Direction Munich, pour 3 ans, dans l'un des centres les plus actifs au monde pour l'astrophysique, une superbe expérience, merci @eso! C'est toujours un honneur d'utiliser ces télescopes géants au Chili (et géré en partie depuis Munich)!
Mon dossier, comme celui de beaucoup d'autres, s'étoffait mais toujours pas de réussite au concours, au bout de 7 ans, je pars à Cornell, aux USA. Campus à l'américaine, après le campus à l'armoricaine de Brest😂
Pendant un an, j'ai travaillé dans cette Université prestigieuse, au milieu de nulle part (froide en hiver), avec encore cette incertitude sur l'avenir. La vie de post-doc peut vraiment être une source de stress et créer du mal être. Bon courage à toutes et tous les post-docs!
Quand j'étais à Cornell, j'ai eu la chance (je dis bien la chance) d'avoir un poste. Je suis persuadé que beaucoup d'autres personnes au moins aussi qualifiées n'ont pas eu de poste... car il n'y en a malheureusement pas assez!
Je suis donc en poste à Nice depuis 2014. Le fait d'avoir passé 8 ans à candidater pour avoir un poste m'a très fortement marqué, et j'essaie depuis d'aider les personnes dans les situations les plus précaires car cette situation est toujours compliquée.
C'est l'une des raisons qui m'a poussée à me présenter au conseil de la @SF2A_astro , que j'ai la chance de présider depuis presque 2 ans. Un des buts est de créer le meilleur environnement de travail pour tout le monde, car le milieu de la recherche peut créer beaucoup de stress
Un des meilleurs conseils que j'ai reçus pendant ma thèse était le suivant "Dans le milieu, il y a des gens brillants sympas et des gens brillants cons, ne bosse qu'avec les premiers". Ne le prenez pas mal si on ne bosse pas ensemble hein, mais j'essaie de l'appliquer!🙂
Nous vivons dans une ère où parler fort devient plus important que parler de faits. Je suis convaincu qu'on a besoin de plus de culture scientifique dans notre société. Pourquoi la culture scientifique est importante? Thread👇à partager pour plus de culture scientifique
Notre société est face à des défis scientifiques immenses. Nous avons traversé une grande pandémie, chaque semaine ou presque des évènements climatiques sur Terre nous rappellent que le climat s'emballe, et nous devons faire face à une nécessaire transition énergétique.
La connaissance scientifique se construit sur des échelles de temps longues, souvent sur des générations. Il a par exemple fallu plusieurs siècles, de Galilée à Einstein, en passant par Kepler et Newton notamment, pour comprendre la gravitation et le mouvement des planètes.
J'ai envie de partager ce texte de Carl Sagan, publié avec cette image de la Terre vue à une distance de 6 milliards de kilomètres par la sonde Voyager. Texte de 1990, malheureusement toujours d’actualité. Notre Terre est juste ce petit point bleu pâle, "Pale Blue dot" Thread👇
De ce point de vue lointain, la Terre peut ne pas sembler d'un intérêt particulier. Mais pour nous, c'est différent. Regardez encore ce point. C'est ici. C'est notre foyer. C'est nous.
Sur lui tous ceux que vous aimez, tous ceux que vous connaissez, tous ceux dont vous avez entendu parler, tous les êtres humains qui aient jamais vécu, ont vécu leur vie.
Le télescope spatial Hubble via d'observer une étoile incroyable, R Aqr. C'est une étoile dite symbiotique, et elle est extraordinairement belle. Je vous raconte son histoire ici!
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On a souvent du mal à se l'imaginer, car on vit autour d'une étoile solitaire, mais la plupart des étoiles sont au moins doubles.
La vie d'une étoile dépende de sa masse. Plus une étoile est massive, plus elle évolue vite. Les étoiles comme le Soleil vont devenir des géantes rouges, immenses et froides.
Le télescope spatial Euclid vient de publier une nouvelle image hallucinante de l'Univers. Cela nous permettra, à terme, de mieux comprendre la matière noire et l'énergie noire. Ça vous dit d'en savoir plus?
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Euclid est un télescope de 1,2 mètre, équipée de caméra visible et infrarouge proche, qui s'est envolé avec une fusée Space X depuis Cape Canaveral en Floride en juillet 2023. Il observe l'Univers à une distance de 1,5 millions de kilomètres de nous.
Les images d'Euclid couvriront à terme plus d'un tiers du ciel extragalactique en dehors de la Voie lactée et représenteront des milliards de cibles cosmiques jusqu'à une distance où la lumière a mis jusqu'à 10 milliards d'années pour nous parvenir.
La plupart des comètes viennent des confins du système solaire, dans le nuage de Oort, qui a un rayon compris entre 1 000 et 10000 fois la distance Terre-Soleil. (Attention, c'est en échelle log, il y a un facteur dix entre chaque valeur en abscisse!)
Les comètes sont des "boules de neige" sales, dont la taille varie entre 1 et 40 km. En s'approchant du Soleil, une partie de la comète s'évapore (se sublime), formant une chevelure, la coma de la comète, plus ou moins sphérique, ayant les dimensions d'une planète.
Je pense que beaucoup de gens ont envie de voir la fameuse comète C/2023 A3 (Tsuchinshan–ATLAS) dans nos cieux en ce moment. Alors voici un guide facile pour la voir!
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@tonioche06
Tout d'abord, c'est quoi une comète? C'est une sorte de caillou fait de glace et de poussière, de quelques centaines de mètre de diamètre, qui se déplace dans le système solaire avec une orbite elliptique. De temps en temps, elles s'approchent du Soleil
Quand une comète s’approche du Soleil, on voit souvent deux queues se former, la première est une queue de poussière, dont la position dépend de l'orbite de la comète et de sa position par rapport au Soleil.