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Jan 27 26 tweets 5 min read
Le rapport sur l’accueil des femmes victimes de violences sexuelles et/ou conjugales en IDF a été publié.

Les résultats sont alarmants.

L’accueil est catastrophique.

#DoublePeine

Voici l’analyse des principaux résultats ⬇️
L’attitude des agent•es est alarmante :

Les agent•es ne savent pas décrypter les comportements des victimes et les assimilent à une victime « peu crédible » car elle ne correspond pas au profil d’une « vraie victime ».

C’est grave, il n’y a pas de bonne ou mauvaise victime.
Les agent•es ne comprennent pas les rapports de domination qui se jouent dans les violences au sein du couple.

Citation d’un•e agent•e « J’apporte une certaine méfiance pour les femmes qui viennent déposer plainte en situation de rupture, pour la première fois par exemple »
Les victimes face à cet accueil sont totalement désorientées, elles ne se sentent pas crues, ni soutenues et accompagnées.

Le procès verbal manque donc cruellement d’éléments essentiels à la caractérisation de la plainte.
Dans 80% des plaintes pour violences conjugales physiques, les violences sexuelles ne sont pas abordées.

Les violences sexuelles conjugales existent. Les viols dans le couple existent. Ils sont interdits autant que les viols hors du couple.

Ne pas les reconnaître, c’est grave.
Et lorsque les violences sexuelles sont abordées, ce n’est que par le prisme de la contrainte physique.

85% des plaintes ne mentionnent pas la surprise. 50% la menace.

Or un viol est défini par la contrainte, menace ou surprise.

La majorité des viols ne sont donc pas reconnus.
Les violences psychologiques et verbales sont banalisées ou pas reconnues.

Les policier•es ne les considèrent, dans la majorité des cas, pas comme des violences et ne récoltent pas de preuves (SMS, échanges, témoins…).

L’impact est énorme sur la caractérisation de plainte.
L’impact des violences au sein du couple sur les enfants est peu pris en compte.

Lors des interventions à domicile, les policier•es ne prennent pas en compte de façon adaptée les enfants co-victimes.

On ne propose pas aux mères des solutions pour accompagner leurs enfants.
Les interventions à domicile sont peu valorisées en encadrées.

Citation : « Quittons les lieux, il s'agit d'un différend insoluble et récurrent ».

C’est seulement dans 23% des interventions que l’auteur des violences est arrêté.
Dans les autres cas, la victime n’est pas protégée et reste avec l’agresseur.

L’orientation vers la plainte n’est pas systématique.
Et les enfants ne sont pas protégés.

C’est catastrophique. Combien de féminicides auraient pu être évités ?
Pire encore : le rapport constate la « lassitude » des interventions multiples pour les mêmes faits.

Des agent•es sont donc lassé•es d’intervenir pour les mêmes faits pour une même victime.

Pardon ?!
Plus les faits sont répétés sans aucune poursuite malgré un signalement de la victime, plus l’agresseur prend l’ascendant sur la victime et se croit donc intouchable.

Le risque ne fait que s’accroître.

Mais les agent•es sont lassés ?! C’est honteux.
Dans de nombreux dépôts de plainte, le danger n’est pas pris en compte, ce qui rend caduque l’urgence de la plainte.

Le rapport constate que la « culture » de l’évaluation du danger n’est pas intégrée dans le parcours d’accueil des femmes victimes conjugales et/ou sexuelles.
Ce sont aux agent•es à poser les bonnes questions aux victimes pour évaluer le niveau de danger de la plainte.

Les propos d’une victime peuvent être décousus, lointains : C’EST NORMAL. Ce n’est pas pour autant qu’elle n’est pas en danger de vie ou de mort.
Lors de violences au sein du couple, la séparation n’est pas considérée comme un danger alors qu’elle peut - au contraire - augmenter le risque de féminicide parce qu’elle peut conduire à une perte de contrôle de l’agresseur.
A l’issu du dépôt de plainte, les solutions proposées aux victimes ne permettent pas de répondre à la gravité et à l’urgence des faits.

Dans 84% des plaintes il n’est pas mentionné la possibilité d’être accompagnée par une association.
Pire encore, lorsque la victime demande à être accompagnée par une association pour son dépôt de plainte, cela est mal perçu par les agent•es de police. La victime est donc décrédibilisée.
Une fois le dépôt de plainte - catastrophique - terminé, le suivi des dossiers ne s’arrange pas.

« La formation sur les violences faites aux femmes au sein des différents services enquêteurs n’est pas systématique. »

L’ensemble du personnel n’est donc pas formé.
Cela rend le suivi du dossier catastrophique : enquêtes ouvertes 15 mois après, dossiers renvoyés de commissariats en commissariats…

Bref, les victimes ne sont pas au bout de leurs peines.

#DoublePeine
Le rapport fait 24 pages. Il a été basé sur l’étude de 3 commissariats en IDF pendant 9 mois.

Les résultats relatent ce que vivent l’ensemble des victimes de violences lors de leur dépôt de plainte.
La #DoublePeine prend tout son sens. Venir déposer plainte pour violences sexuelles et/ou conjugales, cela demande un courage immense. Pourtant, les victimes ne sont pas crues, leurs propos sont banalisés, voire niés. Les victimes se retrouvent livrées à elles-mêmes.
Quand est-ce que le gouvernement comprendra les défaillances de nos institutions ?

Le rapport montre bien que c’est tout un système qui déraille. On ne parle pas d’un•e agent•e isolé•e. L’ensemble du parcours d’une victime est semé de manque de professionnalisme et humanisme.
Il faut instaurer une formation réelle pour l’ensemble des agent•es de police en contact de près ou de loin avec les victimes : apprendre à accueillir la parole ce n’est pas seulement écouter et retranscrire, c’est savoir poser les bonnes questions pour protéger les victimes ;
c’est mettre en sécurité les victimes lorsqu’il y a danger ; c’est savoir repérer ce que la victime ne dit pas ; c’est lui dire qu’on la croit et que ce n’est pas de sa faute.
Pour cela, il faut des moyens financiers. Ils seront indispensables.

Les associations et collectifs féministes le répètent depuis des années. Quand le prendrez-vous en compte ? @EmmanuelMacron @GDarmanin @MarleneSchiappa
Merci à @ChamboncelLea d’avoir alerté sur la sortie du rapport !

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