En hommage au fabuleux #OuiAuMasque je re-publie la journée de Gilbert, covido-suprémaciste et fanatique du pass vaccinal.
Lundi 8h15. Gilbert accompagne sa fille (sept ans, triple-vaccinée) en cours. Devant l’école, il lui prodigue quelques conseils :
"Surtout, tu n’enlèves pas ton masque, même pour déjeuner. Tu risques un covid-long et avec le variant Omicron les salles de réas sont remplies d’enfants. Allez ma fille, va en cours et profite de ta jeunesse ! Je viens te chercher à 16 heures et on ira se faire tester au labo"
Il l’observe pénétrer dans le cluster géant et l’émotion l’envahit : la prochaine fois qu’il la verra, elle sera peut-être dans un coma artificiel. La veille, Gilbert a envoyé un e-mail incendiaire au proviseur : à la cantine...
les élèves sont jusqu’à deux (!!!) par table ; en classe l’aération est insuffisante (les enfants auraient "froid" mais il vaut mieux avoir froid qu’être intubé, non ?) et surtout, l’école est ouverte ! Marie-Estelle, une maman d’élève, lui a répondu qu’elle le trouvait égoïste.
Lui qui veut sauver des vies, égoïste ? Le monde à l’envers ! "J’ai fait la guerre dans les tranchées moi, a-t-il répliqué, enfin pas moi mais mes grands-parents : les jeunes peuvent bien accepter quelques contraintes non ?".
Si la situation ne s’améliore pas d’ici à une semaine, Gilbert déscolarisera sa fille. Il en va de son devoir de père. (D’autant qu’il a appris qu’Alice – CE2 C – glisse systématiquement son masque sous le nez à la récré.)
9h. Gilbert, chef d’entreprise, arrive au bureau. Il a équipé l’espace de travail de capteurs de CO2, de purificateurs d’air et de bulles de plexiglas mais ce matin c’est sur Zoom qu’il contrôle les passes de ses employés car il a imposé le télétravail 27 jours par mois.
"J’ai 28 ans, suis vacciné et marathonien, je ne risque rien", s’agace Pierre. "N’en déplaise aux désinformateurs de CNews, nous sommes tous à risque", répond Gilbert. Il lui montre un reportage BFM qui raconte le supplice en réa d’un adolescent de 68 ans, obèse en parfaite santé
(Son médecin adressait un message à 67 millions de Français : "Nous sommes fatigués alors s’il vous plaît ne voyez pas vos grands-parents, ne fêtez pas vos anniversaires, télé-travaillez, masquez les enfants de 6 ans et coupez vos relations sociales. On ne demande pas la lune."
11h. Gilbert s’accorde une pause et appelle son ami Raphaël
–Les non-vaccinés ont 4 fois + de chance de se faire hospitaliser, explique Raphaël en finissant sa 13ème cigarette de la matinée, je ne vois pas pourquoi nous payerions les soins de ceux qui nuisent à leur propre santé!
– Ils nous emmerdent alors on les emmerde, c’est le principe d’un état de droit !
– Ceux qui se plaignent n'ont qu'à aller en Corée du Nord tiens, ou pire, en Hongrie !
– La liberté des anti-vax s’arrête là où commence ma liberté de ne pas voir leur sale gueule!
En 2015, Gilbert s’était indigné de la dérive sécuritaire du gouvernement socialiste face à la menace terroriste. Il ne faut jamais sacrifier nos libertés pour de la sécurité, expliquait-il, car les droits individuels n’ont pas été pensés pour les temps de paix.
Il alertait sur la société de contrôle qui risquait de prendre forme et rappelait que les droits des fichés S n’étaient pas négociables. Aujourd’hui, il trouve formidable qu’on interdise à cinq millions de Français de boire un café, de prendre le train et d’aller au cinéma...
et qu’on oblige 60 millions de Français à décliner pour chaque acte de la vie quotidienne leur identité et leur statut vaccinal. D’ailleurs, il invite toute personne qui s’y oppose à venir faire un tour en réa – des gens meurent putain !
13h00. Gilbert a rdv au restaurant avec Martin pour un déjeuner professionnel. Une sensation d’euphorie l’envahit au moment de scanner son passe sanitaire – sensation semblable à celle qu’il ressentait au collège lorsque le prof vérifiait les devoirs un jour où il les avait faits
Le déjeuner tourne à la catastrophe car Martin révèle qu’il est opposé au passe vaccinal. Gilbert tente de le raisonner via plusieurs arguments :
"En France, 12% des plus de 80 ans sont non-vaccinés. Le passe les empêchera d’aller en boite de nuit et les incitera à se vacciner"
"Le pass est temporaire. Pour l’instant, il est utile pour injecter des 3ème doses. Bientôt, il sera utile pour injecter des 4ème doses. Ensuite…"
"Sans le pass, les adolescents seraient moins vaccinés donc les gens mourraient par centaines dans les rues, comme au Royaume-Uni"
« Je suis prêt à gâcher l’existence de millions de personnes pendant des décennies si cela peut permettre de sauver ne serait-ce qu’une seule vie (voire de prolonger de 48 heures l’espérance de vie en EPHAD). Ça s’appelle avoir un cœur. »
Martin – sensible aux fake news et aux théories du complot mais apparemment pas aux arguments rationnels – ne semble pas convaincu. Gilbert craque. Il se lève, projette la table contre le mur (il fait même tomber huit auto-tests de sa poche) et lâche une dernière punchline.
"En quelle langue faut-il l’expliquer : le vaccin n’est pas efficace à 100% contre les formes graves ! Tu veux laisser crever les immunodéprimés ?". Martin était un partenaire commercial important mais Gilbert ne le reverra plus : tolérance zéro pour les ennemis de la science.
15h50. Gilbert médite. Il ne relâchera pas les gestes barrières tant que le Covid circule encore. La faible efficacité du vaccin contre la contamination pose une difficulté imprévue, mais en injectant un booster à 7 milliards de personnes tous les deux mois, on pourrait atteindre
l’immunité collective mondiale. Pour l’instant, seule 6% de la population du Zimbabwe est vaccinée. L’âge médian du pays est de 17 ans mais souhaitent-ils laisser le virus circuler et mettre en péril la sécurité des Européens ? Un peu de solidarité s’il vous plaît les Zimbabwéens
(D’ailleurs, Gilbert s’inquiète : la population africaine, peu vaccinée et jamais protégée par des auto-attestations, doit aujourd’hui être composée presque intégralement d’handicapés du Covid-long).
16h. Il arrive devant l'école de sa fille. Lorsqu'elle aperçoit son père, elle court pour lui sauter dans les bras ; il la rappelle à l’ordre et lui adresse un check du coude. Sur le chemin du retour...
elle lui raconte sa journée (elle semble développer de la dyslexie, des tocs et un léger retard mental – il espère qu’elle pourra continuer à porter le masque malgré le handicap) et n’a toujours pas d’amis (tant mieux, les amis sont des menaces bactériologiques permanentes).
Il lui fait un petit cours sur la fonction exponentielle, lui démontre en quoi un confinement strict mais bref permettrait de briser les chaînes de transmission et lui explique qu’on ne peut pas comparer la France à d’autres pays parce que "les Français sont des cons".
18h. Gilbert navigue sur Twitter (il vient d’apprendre qu’une personnalité anti-vax est entrée en réa – joie !) lorsque la sonnerie de son téléphone retentit. La conversation dure 15 secondes. Gilbert raccroche ; il est sonné, abasourdi, épouvanté
…
…
…
Il est cas contact de cas contact. Il monte s’isoler dans le grenier et appelle tous les gens qu’il a vus depuis sept jours
– Tu es cas contact de cas contact de cas contact. J’ai donné ton nom à la sécurité sociale. Je compte sur toi pour prendre tes dispositions. Bonne chance
18h15. Grelottant sur le sol en bois du grenier, Gilbert décide d’effectuer une introspection. Il arrive à la conclusion qu’il peut être fier. Contrairement aux anti-vax, il est un homme des Lumières ; il croit au progrès, à la Science et à la médecine. Alors certes…
il n’a pas lu de texte scientifique depuis son dernier cours de SVT au collège il y a 38 ans et serait incapable d’expliquer le fonctionnement d’un vaccin de lire une étude en anglais ou d’interpréter des données, mais tout de même, il se sent garant de l’héritage de Pasteur
Héritier de Tocqueville aussi puisque sa défense du pass est le fruit d’une longue réflexion philosophique…
débutée avec Raphaël Enthoven (« la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ») poursuivie avec Emmanuel Macron (« Avant les droits les devoirs »), et conclue avec Joey Starr (« Les anti-passe sont des connards »).
18h30. À l’aide d’un clou, Gilbert tente de transpercer le mur du grenier. Il cherche à créer une petite ouverture sur la rue. Il se hâte car il n’a que jusqu’à 20 heures.
19h59. Ouf ! Le trou est prêt. Gilbert brave sa peur des araignées et glisse ses bras dans la fente. Ses mains pendouillent dans le vide.
20h. Il applaudit les soignants.
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
Paru il y a quelques jours, ce livre de Pierre Valentin est un petit bijou - profond, original et important - pour l'instant passé trop inaperçu à cause de l'actualité internationale.
Je ne peux qu'en recommander la lecture de toute urgence. ↓
Sur la forme, l’auteur a un sens de la formule savoureux et manie à merveille l’art de la métaphore: non pas celle qui appauvrit le sens et obscurcit le réel, mais au contraire celle qui dévoile l'essence des choses et éclaire, d’une image simple mais lumineuse, une idée profonde
Sur le fond, c’est passionnant. L'auteur mobilise philosophie, histoire des idées, sociologie et psychologie, pour offrir une analyse intersectionnelle et novatrice des bouleversements à l'oeuvre en Occident. On se dit qu’on ne parle peut-être pas trop, mais pas assez, du wokisme
Certaines notions, bien qu'imparfaites ou difficiles à définir, possèdent une pertinence conceptuelle. C'est le cas du wokisme. Essayons de définir le wokisme par le bas, en recensant 10 idées auxquelles souscrivent la plupart de ses militants. ⇩
1) Le militant woke croit que nos parcours de vie et nos expériences en société sont davantage déterminés par nos appartenances identitaires que par notre singularité. Avant d’être un individu, chaque citoyen serait le représentant d’un groupe.
2) Il pense que pour combattre le racisme, il faut replacer la couleur de peau au cœur de la conversation publique : l’universalisme est une hypocrisie qui nous empêche de traiter efficacement le problème.
Une joyeuse effervescence règne dans le grand amphithéâtre de l’université de Grenoble. Cette année, LFI a décidé de tendre la main à l’extrême-droite : non seulement Fabien Roussel est présent...
mais on aperçoit même un drapeau français au milieu des drapeaux algériens et queer.
Le premier débat porte sur le système scolaire. La situation est inquiétante : en CP, seuls 8% des élèves ont conscience d’habiter un monde hétéronormé (sondage Mediapart pour LFI).
« Déconstruisons l’école bourgeoise, propose Aymeric Caron. Remplaçons les maths par des stages de reconnexion avec la nature en non-mixité raciale, créons des ateliers de tirs de mortier pour apprendre à résister aux violences policières,
PS : L’idée de ce texte n’est évidemment *pas* de dire qu’il faut faut lutter contre les asymétries hommes/femmes mises en lumière ici, ni qu’elles représentent des injustices en défaveur des hommes
Il serait complètement vain et absurde de lutter contre la plupart d’entre elles
(L’homme est davantage victime d’homicides car il est en moyenne, pour des raisons biologiques, plus violent que la femme ; l’homme est moins swipé sur Tinder car les femmes sont en moyenne, pour des raisons évolutives, plus sélectives dans leurs choix de partenaire etc.).
La parité partout, quand deux groupes ne sont pas parfaitement identiques, n’est pas un objectif souhaitable, et n’est possible qu’à la faveur de politiques publiques extrêmement illibérales, puisqu’il s’agit de forcer les gens à faire des choix qu’ils ne font pas librement.
Tribune - Rapport sur le sexisme : 100 femmes dénoncent le patriarcat.
Commençons par les évidences, et parmi celles-ci, par la mère de toutes les inégalités. Les femmes en France meurent en moyenne six ans plus tôt que les hommes. Nos vies sont 8% plus courtes que les leurs.
Et tout le monde s’en fout. Si la vie des hommes équivalait à une année, nous serions sous la terre, en décomposition, dès le 3 décembre. Reformulons : chaque année, à partir du 3 décembre, nous, les femmes, vivons à crédit.
Ce gouvernement tentera-t-il - enfin - de combler cet écart de vie entre les sexes ? Bonne blague. Le ministre de l’Égalité homme/femme, comme tous les précédents, est... un homme. Sexisme d’état, définition. Pour combler l’écart de la honte, on repassera.
Lundi. Une nouvelle journée commence pour Louise, et avec, une grande question : que proposera-t-elle de rendre gratuit aujourd’hui ?
Représentante de la VRAIE gauche, pire cauchemar des mâles blancs de plus de 50 ans (sauf de Jean-Luc Mélenchon qui possède la grandeur d’âme d’une femme noire lesbienne) et opposante courageuse à l’ultra-libéralisme d’Elisabeth Borne, notre jeune députée se rend à l’Assemblée…
où elle est présidente de la commission pour une approche postcoloniale et désinvisibilisatrice de la lutte contre les stéréotypes
En chemin, elle reçoit un appel de représentants syndicaux de sa circonscription, circonscription qu’elle a appris à bien connaître via Google Maps.