Bosnie-Herzégovine, un petit point sur la question. Cette semaine c'était un grand festival du côté des ethno-nationalistes croates de tout poil, ceux de BiH et ceux de Croatie, l'union fait la force, on n'a pas été déçus. 1/n
Depuis des mois maintenant je vous parle de la réforme électorale voulue par Čović qui a dit qu'il bloquerait les élections d'octobre 2022 s'il ne l'obtenait pas. IL en a le pouvoir en tant que vice-pdt de la Chambre des Peuples 2/n
Dom Naroda garantit l'équité entre les peuples constitutifs et les entités. Si les "intérêts vitaux nationaux" (et oui, le vocabulaire fait flipper ici je suis d'accord) ne sont pas respectés, les lois sont refoulées 3/n
Les budgets ne sont pas adoptés. Et c'est ce que Čović a le pouvoir de faire : bloquer le budget pour les élections d'octobre 2022 s'il n'obtient pas sa réforme contenue en germe dans le statut de Mostar de 2020. 4/n
Dans ce nouveau statut de la ville, strictement négocié entre les ethno-nationalistes l'UE, GB et les US, sans que l'opposition ne soit conviée et sans que les mostariens, comme d'habitude ne soient consultés 5/n
est inscrit clairement la question de la représentation légitime des peuples. Le cheval de bataille de Čović qui veut être le seul représentant des Croates de BiH, garder le pouvoir, creuser la division du pays 6/n
Les internationaux s'étaient félicités de cet accord à grand renfort de "c'est géniaaaal, la démocratie est de retour à Mostar, enfin les élections" (à lire avec l'accent de Valérie Lemercier). Sauf que...7/n
à l'époque, on était déjà bcp à avertir que cet accord était une catastrophe. Je vous invite à lire l'analyse de @bodweber à l'époque : democratizationpolicy.org/wp-content/upl… il avertissait déjà des toutes les dérives possibles contenues dans cet accord. 8/n
Mais bon, les élections à #Mostar ont eu lieu, on sait qu'il y a eu un nombre hallucinant d'irrégularités ce qui n'a gêné personne chez les internationaux d'ailleurs qui continuent de se taper dans les dos en se félicitant. 9/n
Bref, cette semaine, on a entendu de nouveau parler de cet accord de Mostar que Čović ressort de son chapeau à chaque fois qu'il n'est pas content. Et Dragan n'est pas content en ce moment. Il est très colère même. 10/n
Malgré une UE en quasi état de mort cérébrale, des US pas trop là, il n'est pas arrivé à obtenir sa réforme si facilement qu'il le pensait apparemment. Il s'est tout d'abord rendu à l'Assemblée de RS après l'échec des négos de Neum 11/n
Un festival Čović qui déclare soutenir la RS et Dodik (sous le coup de sanctions US qd même). Ses déclarations lui ont valu ne avalanche de condamnations assez sévères dans la presse croate et de la part même de membres du HDZ. 12/n
Et puis cette semaine, après une micro accalmie qui nous fait du bien à tous, Milanović, le Président croate déclare qu'il fera tout ce qui est en son pouvoir pour que les élections en #BiH n'aient pas lieu.13/n
Il est comme ça Zoran, quand il aime, il compte pas l'énormité de ses propos. Il s'en tape en même temps il est complètement perché. Cela arrive dans la foulée d'une motion du PE sur les sanctions possibles contre la RS. 14/n
Sanctions que les parlementaires croates ont refusé de voter. Plenković, le 1er ministre croate s'en est expliqué en ramant terriblement devant les caméras, c'était un BON-HEUR. Seul argument : l'UE soupçonne "les états voisins de la BiH" 15/n
de jouer un rôle délétère dans la situation actuelle et Plenko est pas content et il dit que c'est pas vrai c'est pas lui. Tout ça le même jour que Milanović déclare qu'il fera tout ce qu'il peut pour que les élections de BiH n'aient pas lieu #totalecrédibilitélesgars 16/n
Pour cloturer la séquence croato-croate, Čović a réunit hier à Mostar le HNS, son joujou facho. Le conseil national croate, un machin dont personne ne connait le fonctionnement, qui se réunit à huis-clos et décide de l'avenir des Croates de ce pays. 17/n
Avant de rentrer dans Kosača où ils se réunissaient, Covic n'a pas manqué sa petite cérémonie d'hommage au pied du monument aux soldats du HVO sur Rondo, la lace où se trouve le centre culturel croate Kosača 18/n
Des fleurs et des bougies au pied du monument de l'armée qui a assiégé Mostar en 1993, dirigé des camps de concentration et s'est rendu coupable de crimes de guerre et de crime contre l'Humanité. Voilà, c'est ça l'allié de l'UE en Bosnie-Herzégovine 19/n
Čović qui soutient les criminels de guerre depuis toujours, a lui-même utilisé comme esclave des détenus des camps de concentration de Mostar lorsqu'il dirigeait SOKO. C'est ça que l'UE considère comme un interlocuteur.20/n
Le HNS est sorti de sa réu secrète pas secrète avec 7 décisions dont 6 classiques autour de la réforme électorale, attaque sur la Commission Électorale Nationale (CIK), réitération de la nécessité d'appliquer l'accord de Mostar de 2020 21/n
Et la 7ème, en mode "les gars si j'ai pas tout ce que je veux rapidement, je créé mon entité à moi où je ne ferai que ce que je voudrai et comme je le voudrai". Cette 3 ème entité dont Jansa parlait dans son non-paper l'année dernière 22/n
Dont Čović nous rebat les oreilles depuis des années et dont bcp à Bruxelles ont l'air de penser que finalement cela réglerait le problème de la iH décidément ce territoire compliqué blablabla 23/n
Il est grand temps que l'UE se réveille et inclut Čović dans de possibles sanctions ou qu'en tous cas son discours change par rapport à lui. Selon moi, il n'y aura pas de retour en arrière après cette phase de la crise 24/n
On est en train de passer un cap important de la désagrégation du pays. L'opposition est à la rue totale (on dirait la "gôche" française), la société civile financée par l'UE ne sert à rien 25/n
Elle est muette et incompétente vu qu'elle vient de passer 25 ans à faire des ateliers débiles sur la réconciliation, les identités et la guerre c'est mal. Les Bosniens partent et ceux qui restent sont épuisés et tentent de sauver ce qui peut l'être 26/n
Les minorités en RS sont dans des trous de souris et vivent depuis 26 ans avec l'angoisse au ventre et aujourd'hui quelques journalistes étrangers qui passent 5 jours par an ici viennent leur expliquer qu'ils s'inquiètent pour rien 27/n
PUISQU'ON VOUS DIT QUI Y AURA PAS LA GUERRE. C'est vrai quoi faut pas exagérer non plus, pas de mort = pas d'inquiétude. Parce que c'est bien connu, pour que ce soit grave, il faut que ça tire (et encore, cf l'Ukraine). 28/n
Les Bosniens vivent depuis 26 ans dans 1 conflit qui ne s'est pas achevé avec la fin de la guerre. Des voix se sont élevées depuis 26 ans pour alerter, on les a pratiquement systématiquement discréditées en les traitant d'alarmistes traumatisés qui voient des fachos partout 29/n
On verra bientôt le résultat de la légèreté avec laquelle ce pays a été traité. Je ne vois absolument aucune issue à cette phase de la crise et le retour au statu quo n'est pas non plus une option. Je penche pour un pourrissement de la situation jusqu'à 2024. Fin.
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Bon, c'est l'heure du #thread#Bosnie-Herzégovine hebdo, désolée, vous m'avez relancée cette semaine mais vraiment je n'ai pas pu le faire. Bien trop de choses à dire. Aujourd'hui, je vais essentiellement vous parler de la grève des mineurs .
Cette semaine, il y a donc eu une très impressionnante manifestation de mineurs à Sarajevo, du pas vu depuis des décennies. Des milliers de gars venus de Breza, Kakanj, Zenica, Tuzla, ces villes industrielles du nord-est qu'ont est en train d'éteindre.
Sur cette banderole, une philosophie en 4 mots "Notre choix c'est la résistance". Sur cette banderole, une grosse partie de l'histoire de la BiH et de la Yougoslavie. De la révolte de Husino à la Répulique de Labin. Commençons donc par là.
1.La#Bosnie-Herzégovine (BH) est en crise ouverte depuis la fin de la guerre en 1995 mais ces dernières semaines marquent 1 durcissement de la situation politique et renforce les peurs concernant la possibilité de la reprise de la violence armée. Thread.
2.C'est une escalade inquiétante dans le bras de fer que Milorad Dodik, le président serbe de BiH opère dpeuis quelques semaines. Ses menaces de faire sécession du pays remontent à environs 15 ans.
3. Il a agité pendant plus d'une décennie la menace d'un référendum sur la sécession de l'entité serbe. La 1ère fois, en 2007, les rayonnages de magasins s'étaient vidés en une journée, un petit vent de panique vite retombé.