[#VeilleESR#presidentielles2022] Il faut « faire des différences plus ou moins importantes selon les disciplines » . « C'est la loi du marché » , tranche Antoine Petit.
par @mccorbier
Il est revenu... C'est un festival de hot takes ! 🎉
« Les chercheurs sont mobiles, car la recherche est internationale. »
Donc les ouvriers sont mobiles car la production de marchandises est internationale ?
C'est pas les marchandises (ou les articles), qui se déplacent plutôt ?
« Or, si certains pays offrent de 500.000 à 1 million d'euros, « en France, j'ai presque honte de le dire, on offre royalement un package de 10.000 euros » »
« On recrute chaque année plein de petits Mbappé, et on leur dit : 'Ecoute, c'est super, mais on n'a pas de ballon à te proposer et on n'a pas de terrain, donc il faut que tu commences par trouver un ballon et un terrain'. Economiquement, c'est absurde ! »
Les chercheurs :
« Mais si on vous propose deux fois le SMIC à Grenoble et six fois à Genève, vous allez réfléchir », prévient-il.
Oui, on va réfléchir, et conclure que Grenoble c'est mieux, surtout avec un poste titulaire.
Il prédit que « dans 5, 10 ou 15 ans, la France ne sera plus l'un des deux pays les plus performants avec les Etats-Unis », après avoir « divisé par deux le nombre de postes de professeurs de mathématiques dans les universités proposés au concours ces dix dernières années » .
Il faudrait « créer un réel Conseil stratégique, placé auprès du président de la République avec quelques patrons de grands groupes et d'organismes de recherche, pour réfléchir aux grandes priorités de notre pays » .
Avec un peu de #McKinsey à l'intérieur quand même ?
« Je n'aurais pas accepté un deuxième mandat si j'avais compris que le but était, grosso modo, d'éteindre la lumière et de fermer la porte dans quatre ans en sortant »
Il voit le CNRS comme « une agence de programmes », à l'instar du Centre national d'études spatiales (CNES).
Et explique que son rôle est « élitiste ». « Le rôle du CNRS n'est pas de permettre de se qualifier pour les JO, il est de permettre à ceux qui sont déjà qualifiés d'avoir une médaille » .
Donc ne plus faire de recherche, mais devenir une agence de stars.
« Le fait que l'université soit le centre de gravité ne me gêne pas, car nous ne nous occupons pas de tout le monde » , contrairement à l'université qui doit « accueillir en son sein des bataillons d'étudiants »
« Même si les universités Paris-Saclay et PSL ont des ambitions au niveau international qui sont légitimes, le CNRS est l'institution qui fait aujourd'hui la renommée de la recherche française à travers le monde »
Mais pour encore combien de temps, avec un tel programme ?
Aghion et Cohen proposaient en 2004 de renoncer à la suppression du CNRS, et à plutôt le laisser mourir à petit feu par « attrition démographique ».
Prenons pour hypothèse que la recherche n'est pas une activité de masse (plein de gens qui collaborent), mais une activité de niche (peu de personnes géniales qui font une course à la découverte), alors le plan peut avoir du sens.
Avoir des chercheurs CNRS en nombre est inutile, puisque collaborer est inutile. On les transfère donc aux universités, qui deviennent des viviers.
Le rôle du CNRS est alors de pêcher dans ce vivier qui peut gagner une course à la découverte, et le mettre sous stéroïde.
On alors une bonne organisation dans un système d'ESR post-massification, qui assume ses deux vitesses, avec le CNRS qui s'occupe seulement de la vitesse supérieure, et les universités qui s'occupent seulement de la vitesse inférieure, mais au service de celle du dessus.
Cette organisation suppose un travail d'identification des niches et des génies sur ces niches.
A ma connaissance, personne ne sait faire.
Mais visiblement, M. Petit estime que grands patrons et personnalités choisies par le pouvoir peuvent y arriver.
Si ça marche, c'est cool. Pourquoi pas. Si ça ne marche pas, par contre, on casse la collaboration scientifique de masse, en échange de rien. Et ça c'est moins cool.
Gros pari. Parce qu'une fois cassé, un appareil de recherche d'une telle taille ne se remonte pas facilement.
Mais avant de tout casser, on aura filé un très gros pouvoir à M. Petit : celui de piloter la vitesse supérieure.
Et on l'aura déchargé d'un truc pénible : recruter et payer "le tout venant" (c'est à dire une élite, mais de masse).
En ça, la demande de M. Petit est légitime.
Finalement, je rêve d'une tribune enfin intitulée : « Filez moi du pognon et les plein pouvoirs, et vous allez voir ce que vous allez voir ! ».
En gardant les terme suffisamment génériques, tous les dirigeants de l'ESR pourraient la signer à tour de rôle, individuellement.
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"L’obéissance jusqu’à l’absurde des fonctionnaires"
Cette histoire d'écoles se pliant à une demande (factice) absurde, me fait penser à une histoire que je me suis raconté pour comprendre la puissance de l'évaluation #ESR.
Avec justement des chapeaux.
Les évaluations qu'on connait aujourd'hui revêtent une apparence de rationalité.
Si on lit par exemple les tous premiers critères d'évaluation Hcéres, ça parait sérieux.
En fait, c'est toujours plus ou moins absurde.
Par exemple ici, il faut identifier des ambitions à long terme, ce qu'on pourrait estimer absurde alors qu'on a une visibilité budgétaire qui ne dépasse pas 2 mois depuis au moins une vingtaine d'années.
Que justifie le total silence du parti présidentiel sur cette question, alors qu'il a modifié le Code de l’Éducation tous les 8 jours en moyenne depuis son arrivée au pouvoir ?
Pourquoi ne pas n'expliquer son orientation politique et son projet ?
Cette histoire de délais de réponse dans #Parcoursup est un sujet vraiment passionnant quand on s'intéresse à l'action publique et à la techno-bureaucratie de l'#ESR.
Avant #Parcoursup, il y avait APB.
L'affectation s'y faisait avec une échéance collective, pour la hiérarchisation des vœux, puis une machine calculait les affectations en moins de 24h, et ensuite tous les candidats recevaient leur réponse en même temps. letudiant.fr/etudes/parcour…
Pour une raison peu claire, la hiérarchisation des vœux a été supprimée, et la machine ne peut donc plus calculer l'affectation en 24h.
A place, on mis la phase de réponse en continue de #Parcoursup, qui allait de mai à.. septembre. 5 mois.
[ #VeilleESR #LRU ] Document de travail acte II de l'autonomie
- suppression de la qualification et généralisation des CPJ
- suppression des 192h/384h et modulation des services
- « assouplissement » des ATER et vacations
- généralisation des EPE et dévolution
RH : on peut résumer par « supprimer les statuts des personnels », pour permettre aux présidences d'individualiser les recrutements, temps de travail et rémunérations.
Emmanuel Macron s'y était engagé.
Budget et finance : on peut résumer par « YOLO », avec financement à la « performance » plutôt qu'aux besoins, possibilité de faire n'imp avec le fond de roulement et possibilité de s'endetter.
Bref, un encouragement à flamber.
Résultat du Quizz « l'Education Nationale, ce bastion impossible à réformer », en image.
Voici les modifications du Code de l'éducation depuis l'élection de M. Macron.
(Attention, certains articles ont été modifiés plusieurs fois, ce qui ne se voit pas ici.)
Autre visualisation des modifications du Code de l'éducation, cette fois-ci pour un bachelier de l'an dernier, qui serait donc entré en maternelle en 2009.
(Attention, le gros ajout du début est sans doute de la consolidation de code, à droit constant.)
Depuis l'élection de M. Macron, le Code de l'éducation a été modifié par 55 lois, 15 ordonnances et 331 décrets (voir liste ci-dessous).
Pendant la scolarité d'un bachelier de l'an dernier, ça aura été 120 lois, 34 ordonnances et 589 décrets.