Ce soir avait lieu une conférence de presse des ministres @olivierdussopt et @AdeMontchalin sur le recours par l'Etat aux cabinets de conseil (dont #McKinsey)
Résultat : une validation du quasi-milliard chiffré pour 2021 et, à la fin, plus de questions que de réponses.
Thread ⤵️
Tout d'abord les ministres ont reconnu les chiffres de recours aux cabinets de conseil sous le quinquennat d'Emmanuel Macron.
Soit plus d'un doublement : on est passé de 379 M€ par an en 2018 (hors collectivités territoriales et hôpitaux) à 894M€ par an en 2021.
Un record
Ce chiffrage est plus que le bienvenu : la transparence est loin d'être la norme en la matière, et l'Etat a lui-même beaucoup de mal à produire ces données.
Merci donc aux sénateur.ice.s @ElianeAssassi et @arnaud_bazinVO.
Mais pour les ministres, il y avait un "mais"
En effet, ils ont annoncé que ce montant record aurait été dépassé sous le quinquennat Sarkozy.
Sur le fondement de quels chiffres s'appuie cette affirmation ? Pourquoi n'ont-ils pas été produits avant ?
Sauf erreur de ma part, aucune réponse... Dommage pour la transparence.
Deuxième point : les ministres nous ont annoncé une baisse de 15% du recours aux cabinets de conseil, faisant référence à une circulaire de @JeanCASTEX... Qu'ils ont aussitôt contredit !
Qui croire, la conférence de presse ou la circulaire ?
Je m'explique : la circulaire annonçait une réduction de 15% sur le seul périmètre des prestations en "stratégie et organisation".
Soit sur une sous-catégorie de conseil, qui exclut le conseil en systèmes d'information, l'expertise métier, etc.
Or ces prestations en "stratégie et organisation" ne représentaient en 2021 que 20% des dépenses chiffrées par le Sénat !
Soit 2% des dépenses totales. Comme quoi il faut toujours lire les petits caractères en bas de la page
(source graphique : Le Monde, d'après Sénat)
Au total, ce n'est pas une réduction de 15% qu'annonce la circulaire, mais une consécration de la place des cabinets de conseil au plus haut niveau de l'Etat.
Mais M. @olivierdussopt nous a pourtant parlé de 15% sur les 893M€.
Il y aura donc une révision de la circulaire ?
3e question : si on en croit les ministres, on assisterait à un coup de rabot majeur sur les dépenses publiques, puisque ce seraient 150 M€.. tout simplement supprimés ?
Pas sûr que ce soit la meilleure idée du monde.
Ou alors il faudrait peut-être parler de réinternalisation ?
Problème : un terme est absent de la conférence de presse, c'est celui de "plafond d'emplois".
Or sur les quinze dernières années, c'est une des principales raisons du recours aux cabinets de conseil.
C'est technique, mais on l'expliquait avec @nosservicespub il y a un an :
Le plafond d'emploi c'est une des contraintes qui vous empêchent de recruter dans l'Etat, quand bien même vous avez le budget pour.
Et entre 2006 et 2018, il a diminué de 180 000 postes.
C'est énorme. C'est aussi ce qui a *forcé* au recours exponentiel aux cabinets de conseil
Alors une question après cette conférence de presse : comment réduire le recours aux cabinets de conseil si l'on ne recrute pas plus ? Et comment recruter plus dans l'Etat si l'on n'augmente pas le plafond d'emplois ?
Je suis curieux.
Il y aurait encore beaucoup à dire et avec @nosservicespub nous continuerons à poser ces questions.
Parce que depuis l'intérieur de l'Etat, on n'y voit toujours pas beaucoup plus clair. Et qu'on ne voit surtout pas bien comment tout cela va améliorer le service public.
A suivre !
PS : pour en savoir plus, retrouvez ci-dessous la synthèse de notre note d'avril 2021 sur le recours à l'externalisation au sein du secteur public. Ou comment la puissance publique sape sa propre capacité d'agir...
Tout le monde : "c'est scandaleux le niveau de recours aux cabinets de conseil au plus haut niveau de l'Etat en plus ça coûte hyper cher"
La ministre @AdeMontchalin : "J'ai compris, on va réduire de 15%"
La réduction :👀
Car oui, il y a des petits caractères en bas de la page qu'il ne faut pas oublier de lire. La réduction de 15%, c'est sur les cabinets de conseil "en stratégie et organisation" uniquement.
C'est à dire environ 1/5e du recours total aux cabinets de conseil, uniquement pour l'Etat
Mais aussi parce que cette réduction de 15% - donc en fait 2% du total - s'applique sur la base de l'année 2021, qui a été l'année record avec près d'un milliard d'euros uniquement pour l'Etat.
Une baisse microscopique sur une année record, ça donne... un autre record
Il y a aujourd'hui *8 ans* de d’écart d'espérance de vie entre un cadre et un ouvrier.
Les seconds commencent à travailler plus tôt. Ils meurent plus tôt.
Mais on voudrait les faire partir en #retraite plus tard ?
En fait ce n’est pas la bonne question #Macron20h (1/X)
En France on *peut* partir en retraite à 62 ans ("âge légal"), mais seuls ceux qui travaillent à plein temps depuis leurs 19 ans peuvent partir à taux plein.
Repousser l'âge légal ce n'est pas "travailler plus longtemps", c'est pénaliser ceux qui ont commencé tôt.
(2/X)
En fait c’est le cadrage du débat qui est mauvais.
Contrairement à un discours trop répandu, il n'y a pas de problème d'équilibre financier de nos retraites. Le système s'équilibre sur une longue période.. par la baisse du niveau de vie des retraités.
Il y a qqs jours, j'ai pu interpeller @AdeMontchalin sur la perte de sens des agents publics dans leur métier.
L'échange était sincère.
Mais j'y ai constaté un gouffre entre la ministre et ses agents. Et surtout, en creux, deux visions bien distinctes du service public.
Thread.
Fin septembre, le collectif @nosservicespub publiait les résultats d'une enquête massive menée auprès de 4 500 agents des services publics sur le sens et la perte de sens dans leur métier.
Il se trouve que, hasard, le matin même nous avions l'occasion d'interpeller la ministre.
Les résultats de l'enquête étaient frappants. 80 % des répondants se disaient "régulièrement" ou "très fréquemment" confrontés à un sentiment d'absurdité.
Les premiers problèmes rencontrés ? Le manque de moyens et l'absence d'alignement avec les orientations stratégiques.
La France s'apprête à passer la barre symbolique des 50 millions de vaccinés.
Et après ?
Avant de se précipiter pour conclure que le "pari" de l'exécutif a été "gagné", une vraie question : peut-on réduire la politique vaccinale à un volume d'injections ?
Quelques réflexions ⤵️
Aucun doute : la vaccination contre le covid-19 constitue aujourd'hui notre principale arme contre le virus. Les vaccins disponibles sont efficaces, y compris face au variant delta.
Tirer de ce constat une ambition unique de couverture massive de la population est donc tentant.
C’est d’ailleurs ce qui sous-tend la politique menée par le gouvernement, en particulier au travers de la mise en place du passe sanitaire : on veut faire du chiffre. Et c'est important ! L’avancée de la vaccination doit être saluée sans ambiguïté.
🔴Avec le collectif @nosservicespub nous publions cette semaine la 1ere édition du Guide du devoir de réserve, pour inciter les agents publics à reprendre la parole sur leurs missions.
➡️ L'occasion de revenir sur l'actualité et les enjeux d'une notion méconnue et controversée⤵️
Beaucoup de chemin a été parcouru depuis le XIXe siècle. A l'époque, on allait jusqu'à considérer que les fonctionnaires "qui aliènent leur liberté pour un traitement ne devraient pas voter" (F. Burdeau).
Jusqu'au régime de Vichy, le contrôle s'étend même aux choix matrimoniaux !
A partir du statut de 1946, un mouvement d'émancipation des agents commence.
En 1954, le Conseil d'Etat annule une décision empêchant à 5 candidats de se présenter au concours de l'ENA, le directeur ayant affirmé à l'un d'entre eux qu'il refusait... parce qu'il était communiste.
48h à l'#AssembleeNationale sur la gravité des sanctions en cas de non-vaccination, mais pas sur la question essentielle : la stratégie de "contrainte" du gouvernement suffira-t-elle à vacciner toute la population ?
Tant d'énergie déployée pour des débats si mal posés...
Non pas qu'il ne faille pas en débattre, les enjeux sociaux derrière sont majeurs.
Mais si on avait pu passer un peu plus de temps à travailler des solutions aux inégalités face à la vaccination ou des moyens de créer la confiance, on aurait gagné des semaines précieuses.
Sauf un amendement bienvenu sur la vacci des mineurs isolés, la question des moyens pour aller chercher les populations éloignées de la santé était incroyablement absente.
Scoop : ce ne sont pas les 15% de plus de 80 ans non-vaccinés qui se sont rués sur doctolib lundi dernier.