Thread by @marineturchi

[THREAD] Argent russe, soutien à Poutine : les 10 années que Marine Le Pen voudrait faire oublier ⤵️
mediapart.fr/journal/france…

Pour justifier les liens étroits qu’elle a entretenus avec le Kremlin avant la guerre, Marine Le Pen a assuré qu’elle a toujours adopté une ligne « à équidistance » des États-Unis et de la Russie.

C’est factuellement faux.

Dès son arrivée à la tête du Front national, en 2011, Marine Le Pen a fait du soutien au Kremlin la ligne officielle du parti, et a multiplié les déclarations pro-Poutine.
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En octobre 2011, elle estime dans le journal russe Kommersant, que la crise marque un «tournant» qui «donne la possibilité de tourner le dos aux États-Unis et de se tourner vers la Russie».

Elle délivre un message clair : «J’admire Vladimir Poutine.»
kommersant.ru/doc/1793754

En 2012, dans son projet présidentiel, elle prône «une alliance trilatérale Paris-Berlin-Moscou».

En 2013, elle réalise une tournée de 10 jours en Russie et Crimée et est reçue à haut niveau (président Douma, président commission des affaires étrangères, vice-premier ministre).

Devant les caméras, elle se vante d’être « peut-être la seule en France qui défend la Russie ».

Elle évoque les « valeurs communes » qu’elle partage avec la Russie et dénonce la « diabolisation » de Moscou par l’Union européenne.
[Images @afpfr]
dailymotion.com/video/x1120am

Lors de cette tournée, elle se rend aussi en Crimée (qui sera annexée quelques mois plus tard par la Russie), et elle pose avec une casquette militaire soviétique qui lui est offerte :

Les mois suivants, alors que les agressions homophobes en Russie font l’actualité, Marine Le Pen affirme que les homosexuels n’y sont pas persécutés.

Elle défile dans les médias russes et européens pour dénoncer la « guerre froide » que mènerait l’UE contre Moscou.

Plusieurs de ses proches ou conseillers sont alors d’ardents soutiens de Poutine, parmi lesquels Emmanuel Leroy, Frédéric Chatillon, Aymeric Chauprade.
mediapart.fr/journal/france…

Sa nièce, Marion Maréchal, est reçue chaleureusement par le président de la Douma dès décembre 2012.

Sur ProRussia.tv, elle vante l’action de Poutine, avec qui son parti partage la « même vision politique internationale ».

Par la suite, Marion Maréchal multiplie les visites en Russie. À chaque fois, elle dénonce la « diabolisation russe en France », estime que la Russie « n’est pas une dictature » et vante le « patriote » Poutine.

Le tropisme russe du FN n’est pas nouveau.

Dès les 60’s, Jean-Marie Le Pen a noué des contacts avec des ultranationalistes russes. En 1996, à Moscou, aux côtés de Vladimir Jirinovski, il a appelé à fédérer toutes les forces patriotiques de l’Atlantique à l’Oural.

En 2007, dans son programme présidentiel, il prônait déjà la sortie de l’Otan et, contre les « nouveaux impérialismes », le renforcement des liens avec Moscou, « dans la perspective de la mise en valeur de la “sphère boréale” de Brest à Vladivostok ».
vie-publique.fr/discours/16620…

Marine Le Pen a elle aligné totalement son parti sur le positionnement de Moscou.

Visites, vidéos de propagande, déclarations publiques et votes en faveur des intérêts russes : un lobbying pro-russe a lieu lors de la crise russo-ukrainienne de 2014-2015.
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Durant cette période 2014-2015, les eurodéputé·es frontistes votent contre les résolutions opposées aux intérêts du Kremlin dans 93 % des scrutins, comme l'a raconté @TempsPresents sur @Mediapart :
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La chronologie de cette accélération n’est pas anodine. Cette année-là, le Front national décroche 2 prêts en provenance de Russie :
▶️2M€ au microparti de Jean-Marie Le Pen, Cotelec, qui alimente les campagnes frontistes
▶️9,4M€ pour le Front national
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Ce qui s'est accompagné de rencontres secrètes de Marine Le Pen en 2014 avec 2 hommes qui ont joué un rôle décisif dans les prêts:
▶️l'oligarque Konstantin Malofeev
▶️Alexandre Babakov, conseiller de Poutine chargé de la coopération avec les organisations russes à l’étranger

Ces emprunts, tenus secrets par le parti et révélés par @Mediapart, posent la question d’une ingérence russe dans la vie politique française et de l’éventuelle contrepartie politique à ces financements.
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Des SMS échangés en mars 2014 entre le chef adjoint du département de politique intérieure du Kremlin et un blogueur très influent pro-Poutine, suggèrent l’idée d’une contrepartie.
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Il y est question de faire venir Marine Le Pen en Crimée comme observatrice du référendum, puis d’une prise de position de sa part sur ce référendum, mais aussi de financements et de la manière dont elle devra être «remerciée» en échange de son soutien. ⤵️
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Dans la foulée, son conseiller international Aymeric Chauprade se rend à titre personnel en Crimée comme observateur du référendum, à l’invitation d’une ONG pro-russe. En meeting dans le Gard, Marine Le Pen déclare que les résultats du référendum sont «sans contestation possible»

Le premier prêt russe est signé 2 semaines après ; le second 6 mois après.

Et révélés par @Mediapart en novembre 2014⤵️
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Ces prêts ont-ils influé sur la ligne politique du @RNational_off ?

Questionnée fin mars par @Mediapart, Marine Le Pen dément toute «contrepartie» et affirme que ses prises de position sur la Russie «n’ont en rien été influencées par des demandes de gouvernement étrangers».⤵️

La candidate répète que « c’est l’absence de réponse des banques françaises qui l’a contrainte à aller chercher des financements à l’étranger ».

Ce qui « s'est reproduit pour l'élection en cours » : sa campagne est financée par un prêt hongrois de 10,7M€
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Ces prêts ont cependant eu des effets concrets sur certaines déclarations et voyages du @RNational_off.

Trois exemples documentés par @Mediapart le montrent.
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En octobre 2014, un mois après le prêt, Nicolas Lesage (futur directeur de cabinet de Marine Le Pen) et Jean-Luc Schaffhauser, l’intermédiaire du prêt, se rendent dans le Donbass pour légitimer les élections organisées par les séparatistes pro-russes.
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L’achat des billets d’avion a été géré par leurs contacts russes. Sur place, ils réalisent des films de propagande.

Ce voyage aurait été une «contrepartie au prêt», selon Aymeric Chauprade, «car aller dans le Donbass marquait un soutien fort à la Russie»

Deux mois après le prêt, en novembre 2014, le FN reçoit aussi une délégation russe à son congrès.

Le vice-président de la Douma livre un discours virulent à la tribune, très applaudi par Marine Le Pen.
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Mais ce n'est pas tout: des échanges de mails démontrent que les contacts russes de Jean-Luc Schaffhauser ont tenté de dicter des idées au parti.

Un « exemple de déclaration » transmis par mail a été repris dans son intervention au Parlement européen.
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En juin 2016, Marine Le Pen signe à nouveau un projet de prêt russe. Le contrat prévoit 3M€ pour «financer la campagne électorale présidentielle». Il n’a finalement pas eu de suite.

[Document @Mediapart]
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En mars 2017, après l’effondrement de la candidature de François Fillon, le Front national a de nouveau les faveurs du Kremlin. Marine Le Pen est reçue officiellement par Vladimir Poutine.
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À cette occasion, elle redit que son « point de vue sur l’Ukraine coïncide avec celui de la Russie » et qualifie les sanctions infligées par l’UE de « diplomatie de menaces » et de « chantage ».

Une position loin de l’« équidistance » qu’elle revendique aujourd’hui.

À ce jour, le @RNational_off n’a pas remboursé l’intégralité des 9M€, alors que le contrat prévoyait un remboursement d’ici septembre 2019.

La banque russe prêteuse a fait faillite, son dirigeant a été mis en examen pour détournements de fonds.
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Le prêt du FN a été repris successivement par plusieurs mystérieuses structures, dont Aviazapchast, une société aéronautique dirigée par d'anciens militaires proches des services secrets de l'armée russe.
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En 2020, le @RNational_off a conclu un accord à l’amiable avec le créancier pour repousser le remboursement du prêt à la fin de l’année 2028.
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En France, ce prêt a attiré l’attention de la justice : une enquête a été ouverte en 2016 concernant les commissions versées à l’intermédiaire du @RNational_off, Jean-Luc Schaffhauser, et ses structures. Elle est toujours en cours.
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L’opacité qui entoure ces prêts a alimenté les interrogations sur un éventuel don déguisé. Ce qu’a toujours contesté le RN. «Le prêt est en cours de remboursement sous la supervision de la CNCCFP», indique à @Mediapart Marine Le Pen sans donner de détails.
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Si elle a condamné l’invasion de l’Ukraine, Marine Le Pen continue de ménager le Kremlin. Le 31 mars, elle a estimé que si la guerre prenait fin, Poutine pourrait «bien entendu» redevenir un allié.

Toutes les enquêtes de @Mediapart sont à retrouver ici⤵️
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