Aujourd'hui, pour la 108e journée d'audience, la juge d'instruction belge Isabelle Panou est de nouveau attendue.
Elle était déjà venue témoigner de longues heures devant la cour d'assises. On était alors au 5e jour d'audience ! (à retrouver ici > franceinter.fr/justice/proces…)
A tout à l'heure après ce qu'on appelle désormais la "suspension Krayem", soit la suspension nécessaire pour permettre à un huissier de constater le refus de comparaître de l'accusé Osama Krayem.
L'audience débute. "Monsieur l'huissier, si vous voulez bien faire entrer le témoin", demande le président.
Comme pour sa précédente audition, une chaise a été installée devant la barre pour permettre à la juge d'instruction belge de déposer assise.
La juge Isabelle Panou arrive dans la salle. "Bonjour Madame, asseyez-vous, prenez place", la salue son confrère française, le président Jean-Louis Périès.
Qui note également :"il y a une grosse hilarité dans le box, je ne sais pas pourquoi".
Président : "ce procès est suivi par la presse nationale et internationale donc j'imagine que vous avez eu des échos de certaines déclarations comme monsieur Abrini qui a indiqué qu'il était prévu pour le #13Novembre 2015 et ne faisait pas qu'accompagner"
Le président résume, à l'attention de la juge d'instruction belge, les déclarations de Mohamed Abrini qui a affirmé à l'audience qu'il pensait qu'il était prévu pour faire partie du commando des terrasses le #13Novembre 2015.
Que vous inspire les déclarations de Mohamed Abrini? demande Jean-Louis Périès à la juge d'instruction belge. "Un peu de vrai, beaucoup d'étonnement. S'il y a une personne que j'ai entendu longuement, c'est bien Mohamed Abrini. Mais il a le droit d'évoluer dans ses déclarations"
Juge Panou : "le but de ma venue c'est aussi pour vous livrer un peu ce que j'en pense.
Une chose est certaine, c'est que quand il y a eu défection dans l'attentat du Thalys et il y en a eu une, ça a été un vent de panique.
La défection n'est pas admise."
Juge Panou : "dans le dossier du #Thalys, Abdelhamid Abaaoud a fait des pieds et des mains pour récupérer celui qui avait fait défection. Et là, on va laisser quelqu'un sortir en dernière minute alors qu'il y a des caches, des gens armés jusqu'aux dents?"
Juge Panou : "pour moi, Mohamed Abrini est quelqu'un installé dans le radicalisme depuis longtemps. Il fait partie des candidats sérieux. Si on est allé le chercher c'est qu'il y avait des raisons. On est en train de parler de personnes qui font faire des attentats !"
Juge Panou au sujet de Mohamed Abrini "dès le mois de juin [2015, ndlr], on lui a confié des missions. Il y a la mission "argent Angleterre" qui pour moi était un repérage. Je sais bien qu'il la conteste et que c'est une hypothèse, mais c'est une hypothèse qu'il faut énoncer."
Juge Panou : "je ne nie pas l'impact qu'a pu avoir son frère sur lui [Mohamed Abrini, ndlr] mais quand il part en Syrie, qui il rencontre ? Abdelhamid Abaaoud. Il voulait aller sur les traces de son frère, mais son frère a combattu en Syrie ! Donc Abrini est un candidat sérieux"
Président : "alors comment interprétez-vous son départ de la cache de Bobigny le 12 novembre au soir?"
Juge Panou : "parce que c'est un être humain et ce n'est pas évident. Il a peut-être hésité mais ça ne veut pas dire qu'il n'a pas été appelé à la cause".
Le président rappelle qu'à la différence de Mohamed Abrini, Salah Abdeslam, lui "a gardé le silence sur les jours qui ont précédé le #13Novembre "
"Mais il a pu dire qu'il aurait renoncé à déclencher sa ceinture et qu'il l'a abandonnée en ôtant la pile et le bouton poussoir"
"Magie de la cour d'assises. Etonnant", sourit la juge Panou. "Le radicalisme de Salah Abdeslam est ancien et ancré. Ca va monter en puissance. On a regardé des vidéos [de Daech, ndlr] en boucle et on discutait avec Abdelhamid Abaaoud en Syrie. On discutait de quoi à votre avis?"
Juge Panou : "Brahim Abdeslam est parti en Syrie et tout le monde le savait. Qu'on ne vienne pas me dire le contraire. Et le fait, pour Salah Abdeslam, d'aller conduire son frère à l'aéroport, est un acte de participation, au moins au regard de la loi belge."
Juge Panou : "le déplacement de Salah Abdeslam à Patras ..."
Le président : "il dit que c'était pour des vacances"
- écoutez, moi je suis d'origine grecque, j'irai ailleurs qu'à Patras. Qu'on soit un peu sérieux ! C'est un point de passage [depuis la Turquie, ndlr]
Dans le box, plusieurs accusés s'agitent face aux déclarations très à charge de la juge d'instruction belge, Isabelle Panou.
Mohamed Abrini échange quelques mots avec son avocate.
Imperturbable, la juge Panou continue de dérouler son raisonnement.
Le président évoque maintenant les déclarations à l'audience de Farid Kharkhach qui "a dit qu'on avait fait pression sur lui, en utilisant notamment son épouse et que son avocate l'aurait giflé devant vous sans que vous interveniez"
Juge Panou : "c'est un étonnant scénario"
Juge Panou : "monsieur Kharkhach a du comparaître 7 ou 8 fois [devant la chambre du conseil, ndlr]. Et son nouvel avocat n'aurait rien dit? Etonnant quand même. Son audition aurait été alors frappée de nullité, c'est du pénal ! C'est même une cause de récusation."
Première assesseure : "il a beaucoup été question que le café des Béguines, tenu par les frères Abdeslam était un repère de vente de stupéfiants ..."
Juge Panou : "c'est une évidence mais je ne pense pas qu'on était au centre d'un trafic international entre Bogota et Bruxelles"
"Ce café était certainement un endroit où il y avait un commerce de stupéfiants. Hélas comme dans beaucoup d'endroits dans le coin. C'est un peu la problématique, "poursuit le juge Panou au sujet du café des Béguines des frères Abdeslam en particulier et de Molenbeek en général.
Interrogée sur les activités de Brahim Abdeslam en juillet 2015, la juge Panou indique "l'été 2015 est un été extrêmement chaud dans la préparation des attentats. Donc oui, en juillet 2015, Brahim Abdeslam est dedans. Pour moi, il y est même depuis son retour de Syrie en février"
La 1ere assesseure interroge la juge Panou au sujet d'un 2e ordinateur abandonné par la cellule terroriste mais jamais retrouvé.
Juge Panou : "il manquait des touches donc les éboueurs l'ont mis à la benne. Tout le monde a fouillé pour le retrouver Ils ont fait les poubelles."
Juge Panou : "est-ce qu'il est possible de se procurer des armes à Bruxelles? Oui. Comme à Paris, à Dublin ou à Anvers. Mais de là à se dire qu'on s'en procure facilement ... bah, si on paie, on trouve. Mais c'est la même problématique que pour toutes les villes d'Europe."
Juge Panou : "... mais ne me demandez pas de vous détailler la législation sur les armes. C'est tellement compliqué. C'est une histoire belge."
La cour sourit.
Interrogée sur l'hypothèse d'un testament de Salah Abdeslam qui n'aurait pas été retrouvé par les enquêteurs, la juge Panou reconnaît : "lorsqu'on a interpellé Salah Abdeslam, quelque chose qui est tombé. Et on l'a cherché ! On a fait les poubelles et les rues !"
Nicolas Braconnay, avocat général : "hier soir, l'enquêteur a indiqué que l'enquête n'avait pas permis d'objectiver une aide apportée par Yassine Atar à Ibrahim El-Bakraoui. Peut-être que la qualité de la défense de Yassine Atar et l'heure tardive ont joué, mais cela a été dit"
Juge Panou : "s'il n'y avait pas d'indices, il aurait été en liberté. Je n'ai pas l'habitude de maintenir en détention des personnes contre lesquelles il n'y a plus d'indices. C'est plus difficile pour un juge de placer quelqu'un sous mandat d'arrêt que de le remettre en liberté"
Juge Panou :"je le dis avec gentillesse, je trouve que la défense de Yassine Atar fait avec beaucoup d'habileté une forme de séquençage des données. On les analyse une par une et on les démonte. Il faut étudier les rencontres dans leur globalité. C'est là qu'on se rend compte."
Juge Panou au sujet d'une des rencontres jugées suspectes : "on va me dire : "on discutait". Vous croyez sérieusement qu'après le rapatriement des trois du Bataclan dans une planque, on va discuter de la pluie et du beau temps?"
La juge Panou évoque encore l'audio d'Ibrahim El-Bakraoui, "il est enregistré à la veille des attentats de Bruxelles. Ces gens vont frapper la Belgique, exploser un aéroport, un métro, ils vont mourir. Et il pense à quoi? A remercier Yassine Atar !"
Juge Panou : "Yassin Atar a des contacts avec les "Kamikazes Riders". Il me dit qu'il a parlé moto. Mais on parle moto avec le club communal ! Pas avec les "Kamikazes Riders" ! Ils sont ultra radicalisés et pas plus bikers que moi."
Fin des questions du parquet antiterroriste, le président annonce "une petite pause".
"On reprend à 15h".
Reprise de l'audience et de l'audition de la juge Isabelle Panou.
"Est-ce que je peux vous interrompre, monsieur le président? Il est évident que se pose la question de ma mémoire du dossier. Je ne l'ai plus instruit depuis des années. Et la nature mérite des réponses précises"
Juge Panou : "donc si un question me pose difficulté, je répondrai : "je vais y réfléchir et je reviendrai"
Clameur sur les bancs de la défense.
"J'ai sorti mon carnet, mes notes et mon bic [stylo en Belgique, ndlr]"
Rappelons qu'Isabelle Panou en est déjà à sa 2e audition.
Me Topaloff (parties civiles) interroge la juge Panou sur le désistement (ou pas) de Salah Abdeslam. "Il a actionné ou pas actionné, l'acte de participation est là. Il est avec une ceinture explosive en plein coeur de Paris. C'est une réponse que lui seul sait."
La juge Panou a sujet de la présence de Mohamed Abrini dans le convoi des terroristes jusqu'à Paris : "faire 300 km avec 3 voitures, des explosifs, des armes. C'est quand même des risques inconsidérés qu'Abrini prend pour dire aurevoir à quelqu'un à qui il a déjà dit aurevoir!"
Me Topaloff : "vous pensez que Mohamed Abrini a pu fuir [le 12 novembre, ndlr] sans qu'Abdeslam soit au courant"
Juge Panou : "je sais qu'on reproche souvent aux juges d'instructions d'être à charge, mais là je préfère m'avancer prudemment. Je ne veux pas faire d'interprétation."
Juge Panou : "il y a toujours deux choses très délicates : parler d'un mort et charger les morts. Donc parler de Brahim Abdeslam est délicat. Mais ce qui est certain c'est que les destins des deux frères sont liés. Ils sont allés sur des scènes de crimes ensemble"
Interrogée sur le fait qu'elle n'a pas entendu Mohamed Bakkali pendant plusieurs mois au cours de l'instruction la juge Panou indique : "il a fait valoir 3 fois son droit au silence. Je n'ai pas de souci avec le droit au silence. C'est extrêmement frustrant, mais c'est un droit."
Me Chemla (PC) : "Mohamed Bakkali, quand on dit qu'il a "travaillé" ce n'est pas à la vente d'électroménager?"
Juge Panou : "je ne pense pas. Si vous faites référence aux audios, le terme "travailler" désigne la fabrication d'explosifs etc. en tous cas des activités illégales"
Juge Panou : "la liberté d'expression d'un avocat est un droit fondamental. J'ai été avocate. Et c'est absolu.
Mais on veut me dire quoi? Que Mohamed Bakkali a été oublié dans une cellule et qu'il n'a plus voulu me parler? Mais pourquoi il ne me l'a pas dit à la 1ere audition?"
Me Lévy (défense) : "on vous soumet les déclarations des accusés, cet exercice m'apparaît inédit, je le comprends pas. J'ai l'impression d'avoir assisté à une distribution de bons et mauvais points, que vous nous avez donné vos sentiments et vos convictions parfois très fortes"
Me Lefrancq (défense) : "je vous ai écoutée attentivement et on a chacun pu constater comment ce dossier vous habite. Et quand on instruit seule un tel dossier, la pression, on peut la comprendre. Lors des interrogatoires que vous avez pu mener, il vous fallait des réponses."
Me Lefrancq : "aujourd'hui, Farid Kharkhach souhaite dire quelques mots en présence de madame Panou. Nous vous demandons, monsieur le président, que monsieur Kharkhach puisse avoir quelques mots, n'ayez pas d'inquiétude, il ne sera pas véhément. Il ne sera pas long non plus".
Président : "monsieur Kharkhach, levez vous"
Farid Kharkhach : "j'aimerais vous parler en présence de Mme Panou. J'aimerais dire que je n'en veux qu'à moi-même dans cette histoire, à personne d'autres. Mais pourquoi Mme Panou m'a ramenée une avocate qui a été 2 fois en prison?"
Farid Kharkhach, très ému : "pourquoi Mme Panou m'a ramené ma femme qui venait d'accoucher avec les menottes devant moi? Ma femme qui allaitait encore ma fille, qui pleurait parce qu'elle avait du lait qui sortait de sa poitrine. J'étais prêt à avouer tout ce qu'elle voulait"
Farid Kharkhach : "Mme Panou a libéré ma femme et elle m'a dit : "je verrais pour votre libération le lundi". Cela fait 5 ans que je pourris en prison. Et ce jour-là, Mme Panou, je vous ai cru.
Pourquoi il n'y avait pas d'interprète alors que je parlais mal français à l'époque?"
Farid Kharkhach : "je ne suis pas en train de remettre en cause le travail de Mme Panou. C'est juste mon ressenti : on m'a menti. On ma demandé de collaboré, de dire le mot radical, et je ne savais même pas ce que ça voulait dire.
Il y avait une telle pression, je comprends"
La juge Panou répond à l'accusé : "vidéo, en Belgique, il n'y en a pas. Dans les cabinets des juges d'instruction, il n'y en a pas. J'ai prêté serment en 1995 de respecter le roi, la loi et le peuple belge. Et je les respecte. Il n'y a pas de vidéo."
Juge Panou : "j'ai estimé que le niveau de français de monsieur Kharkhach était suffisant. Il dit que non. Soit."
Juge Panou : Ensuite, si un magistrat se met à faire subir des pressions pour obtenir des aveux, cela veut dire que je n'ai plus mon libre-arbitre. Ses avocats pouvaient exercer un contrôle de la légalité de l'instruction. Et cela n'a pas été fait".
Me Martin Vettes, avocat de Salah Abdeslam se lève : "vous n'avez pas assisté à un seul jour d'audience, ici?"
Juge Panou : "je ne peux pas"
- on vous a demandé de réagir sur ce qui s'était dit à cette audience, repris par bribes par le président. L'exercice est périlleux."
Me Vettes : "je vais vous donner mon sentiment. J'ai le sentiment d'un retour vers le futur, l'impression que nous sommes simplement bloqués au 14 septembre 2021. Je regrette que vous ne soyez pas venue à cette audience, vous auriez vu les failles de l'enquête belge"
Me Vettes : "je regrette que vous ne soyez pas venue à cette audience ces 7 derniers mois car je suis absolument convaincu que si vous étiez venue, vous seriez présente aujourd'hui à cette barre avec un tout petit peu plus d'humilité."
Juge Panou : "je n'en prends pas ombrage."
Juge Panou : "moi j'ai tourné la page du terrorisme, je n'ai donc pas suivi cette audience. Et je vous rappelle que j'ai un métier.
S'il y a des failles dans l'instruction, je m'en doute. Si elles étaient si béantes, je m'étonne qu'on ne me les ai pas signalées en 5 ans."
Me Kempf rappelle qu'à la demande de Yassine Atar des milliers de SMS ont été versés au dossier. "Quelqu'un qui expose sa vie de manière aussi transparente est dans la dissimulation comme vous l'avez dit ?"
Juge Panou : "je pense. La dissimulation a plusieurs aspects"
Dans le box, Yassine Atar s'agite, s'exprime à voix haute.
Son propre avocat s'agace.
Me Krempf : "monsieur Atar, s'il vous plait".
Juge Panou : "je suis ici en tant que témoin. Je souhaiterais que le ton diminue. Je pense que je le mérite. Nous sommes tous fatigués. Monsieur l'avocat, vous pouvez me reprocher un certain nombre de choses mais vous pouvez le faire avec élégance et cordialité"
Me Kempf baisse le ton mais poursuit : "vous dites qu'il y a des contacts entre Yassine Atar et Jean-Louis Denis [condamné pour terrorisme, ndlr]. Sur les milliers de pages Facebook, il n'y a aucun message, aucun like".
Juge Panou : "peut-être pas contact, mais ils sont amis."
Le face à face entre Me Raphaël Kempf, avocat de Yassine Atar et la juge d'instruction belge Isabelle Panou se poursuit. Il est question de points très techniques, notamment des données brutes du téléphone de Yassine Atar en juillet 2015.
Tous deux se défendent pied à pied.
Me Saint-Palais, autre avocat de Yassine Atar : "l'exercice auquel nous vous demandons de vous livrez est assez difficile, mais j'ai eu l'impression que vous vous y livriez sans réel déplaisir"
Juge Panou : "c'est vous qui le dites. J'adore Paris, mais à part ça ..."
Me Saint-Palais : "qu'est-ce que Yassine Atar encourait comme peine en Belgique, où il était mis en examen des mêmes faits?"
Juge Panou : "ce n'est pas moi qui qualifie, c'est le ministère public. IL faudrait que je relise ce qu'on a retenu ou pas à l'encontre de Yassine Atar".
Me Saint-Palais: Yassine Atar se caractérise par la dissimulation ?
Juge Panou : Je pense qu'il y a une partie de dissimulation sur la religion. Mais c'est mon opinion. J'ai ce sentiment là. Il est évolutif par rapport à Oussama Atar [son frère, commanditaire des attentats, ndlr]
Me Saint-Palais : "vous avez été avocat, vous savez comment on pense. Vous disiez, vous séquencez tout mais il faut prendre de la hauteur. Bon moi, je n'ai pas réussi le concours de la magistrature ..."
Juge Panou : "ça c'est votre interprétation de mes propos"
Me Saint-Palais : "à part être présent, qu'est-ce que vous reprochez à Yassine Atar en terme d'action ?"
Juge Panou : "vous appelez ça action, moi je dis "actes de participation", comme c'est inscrit dans le code pénal belge.
- oui, nous aussi nous avons un code pénal
Juge Panou : "il y a par exemple conduire Ibrahim El-Bakraoui ..."
Me Saint-Palais : "qui vous a dit conduire?"
- conduire, vous savez ce que c'est
- c'est la même chose en France et en Belgique
- se mettre dans une voiture avec quelqu'un ...
Le président : "accompagner"
Me Violleau : "bonjour, madame le juge. Je vous entends soupirer, vous voulez ....?"
Juge Panou : "simplement, j'avais compris que mon témoignage durerait deux ou trois heures. Comme vous savez, je n'habite pas ici. Et je dois être demain au tribunal. Mais l'enjeu est important"
Me Violleau : "vous avez dit plein de choses sur Mohamed Abrini qui pourrait remettre en cause son attitude depuis le début de cette audience et cette "marche vers la vérité" que vous avez évoquée".
Juge Panou : "j'ai dit qu'il y avait une partie de vérité"
- merci Mme le juge.
Me Orly Rezlan : "des témoins ou les accusés, tous se sont plaints des conditions dans lesquelles ils ont été interrogés. Certains avocats ont porté plainte. Pourquoi n'avez vous pas demandé à vos enquêteurs de filmer les auditions?"
Juge Panou : "en Belgique, on ne filme pas."
Juge Panou : "c'est très étonnant. Je ne dis pas que tout se fait pas calmement. Mais où sont les plaintes alors ? Mais je suis étonnée qu'on me dise : "pourquoi on ne filme pas?" Parce qu'en Belgique, on ne filme pas !"
Juge Panou : "s'il y a véritablement un problème dans une audition, j'attends d'un avocat qu'il agisse. Je n'ai vu aucune plainte à la police. Et s'ils n'aiment pas la police, alors qu'ils aillent chez le procureur du roi. C'est très simple, c'est une plainte."
Me Orly Rezlan (défense) : "dans une affaire aussi grave que celle-là, nous savons tous que les conditions de recueil sont fondamentales dans la vérité qui s'installe. Vous savez bien que dans une enquête pénale, ce qui compte, ce sont les premières auditions."
Me de Taye, avocat belge se lève pour "quelques observations car j'ai croisé les regards de mes confrères qui m'appelaient presque à l'aide". Il rappelle que les personnes poursuivies en Belgique dans le volet belge des attentats du #13Novembre encourent 5 ou 10 ans de détention.
"Il n'y a plus de questions, sourit le président. Merci Madame Panou, vous êtes libre. Vous pouvez vous levez. Et on va se lever nous aussi pour faire une suspension avant l'enquêteur qu'on doit encore entendre".
L'audience reprend pour l'audition, par visioconférence de l'enquêteur SDAT 135, cité par les avocats de Mohamed Amri.
"Je vais vous donner tout de suite la parole" indique d'ailleurs le président à Mes Haeri et Nogueras.
"Bonjour monsieur, ou madame, je ne sais pas", lance le président à l'ombre qui apparaît à l'écran, comme c'est le cas lors des auditions d'enquêteurs de la SDAT.
"Bonjour", fait la voix à l'écran.
"Ah monsieur, alors".
Me Nogueras, avocat de Mohamed Amri fait projeter à l'écran des photos retrouvées dans "les supports" (téléphone, ordinateur, tablette etc.). Certaines photos sont à connotation djihadistes, comme par exemple, des femmes en burqas arborant des kalachnikov.
Me Nogueras : "on a sept photos qui peuvent laisser penser que ça provient d'une personne qui s'intéresse à la matière terroriste".
L'avocat de Mohamed Amri souligne "les métadonnées" de ces photos : "selon vous, ce sont des photos de tailles réduites ou lourdes?"
L'enquêteur de la SDAT précise qu'il s'agit de photo de taille réduite, rappelant que "dans les téléphones, les photos sont souvent compressées".
Il précise par ailleurs que ces photos proviennent d'un agrégateur de contenu en fonction de thèmes présélectionnés.
Le président souligne que les photos litigieuses sont indiquées comme "modifiées à certaines dates" : "ça veut dire quoi?"
Enquêteur : "je l'interprète comme le fait que le visionnage des photos s'est fait à ces dates. Mais je ne peux pas vous en dire plus".
Me Nogueras rappelle que selon le poids des photos, il s'agit "de photos miniatures". "Pourquoi vous n'indiquez pas dans votre procès-verbal que ce sont des photos miniatures qui ne peuvent pas avoir été téléchargées?"
Enquêteur: "pour moi ces fichiers ont été a minima visionnés"
Nicolas Braconnay, avocate général indique qu'"il suffit de rechercher une image sur Google, je viens de le faire. Et une image de presse, cela correspond à ce poids-là".
Fin de l'audition de l'enquêteur de la SDAT et de cette 108e journée d'audience.
Reprise demain à 12h30 avec un nouvel enquêteur antiterroriste mais aussi la témoin qui a permis l'interpellation d'Abdelhamid Abaaoud avant qu'il ne commette un nouvel attentat.
La connaissance du dossier, le franc-parler et les certitudes de la juge belge Panou, c'est à retrouver dans le compte-rendu de cette 108e journée > franceinter.fr/justice/proces…
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Au procès des attentats du #13Novembe 2015, c'est aujourd'hui le 106e jour d'audience.
Et l'audition d'un nouvel enquêteur belge sur la manière dont les attentats, puis la fuite des deux terroristes survivants des terrasses ont été coordonnée depuis la Belgique
L'audience débute. Connection établie avec Bruxelles. Grand écran déployé. Et apparaît à l'écran une enquêtrice belge déjà entendue à plusieurs reprises tout au long du procès.
Son audition va porter sur la coordination depuis la Belgique des attentats et après.
104e jour d'audience au procès des attentats du #13Novembre 2015.
Une journée très particulière car c'est aujourd'hui que doivent être diffusés les images de l'intérieur du Bataclan et les extraits sonores de l'enregistrement de l'attaque.
La décision de cette diffusée, réclamée par l'association de victimes @lifeforparis a été prise par le président à l'issue d'un long débat hier.
C'est aujourd'hui le 103e jour d'audience au procès des attentats du #13Novembre
Ca devait aussi être la suite de l'interrogatoire sur les faits de Salah Abdeslam mais comme le principal accusé refuse majoritairement de s'expliquer, on passe aux autres.
@ValPSQR Aujourd'hui, ce sont les interrogatoires de Mohamed Amri, venu de Bruxelles exfiltrer Salah Abdeslam dans la nuit du 13 novembre.
Puis de Mohamed Bakkali, Sofien Ayari et Osama Krayem ... sachant que tous les trois font usage de leur droit au silence.
Aujourd'hui c'est le 102 jour d'audience et LA journée du procès des attentats du #13Novembre : celle de l'interrogatoire de, Salah Abdeslam sur les attentats eux-mêmes avec la question prédominante de savoir s'il a délibérément renoncé à se faire exploser.
Hier déjà, son copain d'enfance Mohamed Abrini s'est longuement expliqué sur ces faits.
Aujourd'hui, c'est le 100e jour d'audience au procès des attentats du #13Novembre 2015.
Pour la 100e fois, le président va annoncer la reprise de l'audience et la suite des débats dans ce procès qui doit encore durer jusqu'au 24 juin prochain.
Aujourd'hui, c'est aussi le début de la 28e semaine d'audience, une semaine particulièrement chargée puisque les accusés vont être interrogés sur les attentats eux-mêmes. La cour commencera par entendre Mohamed Abrini demain, puis Salah Abdeslam, Mohamed Amri, Yassine Atar etc.
Mais aujourd'hui c'est un enquêteur de la sous-direction antiterroriste qui doit être entendu sur l'arrivée des commandos terroristes dans leurs planques de région parisienne et les dernières heures jusqu'aux attentats.
LT à suivre ici.
Retrouvez aussi @sophparm à l'antenne.
99e jour d'audience et fin de la 27e semaine du procès des attentats du #13Novembre 2015.
Le compte-rendu d'hier sur les 5 derniers jours de préparatifs avant les tueries, c'est par ici> franceinter.fr/justice/proces…
Aujourd'hui, plusieurs témoins sont attendus à l'audience. C'est aussi le jour de l'interrogatoire d'Abdellah Chouaa.
LT à suivre ici.
Je vous retrouve aussi dans le journal de 13h de @BrunoDuvic sur @franceinter
A tout à l'heure.
L'audience reprend, en l'absence de l'accusé Osama Krayem.
"On va se mettre en rapport avec Bruxelles, annonce le président, je pense que ça ira mieux aujourd'hui parce que les problèmes qu'on a rencontrés hier était visiblement généraux, ils touchaient toutes les visios".