Thread by @russeurope

I.Petit #Thread sur ce que nous apprend la politique de la Banque Centrale de Russie depuis le 22 février.
La BCR a été sous pression du fait des sanctions et du blocage d’une partie de ses réserves. (280 mlrd de USD sur 646). L’objectif était de provoquer une crise du change

II.Elle a réagi (a) en montant les taux d’intérêts pour « tuer » la spéculation et (b) en instaurant un contrôle des changes avec des restrictions importantes sur les achats de devises des particuliers et des entreprises. Elle centralise les recettes en devises (compte « K »)

III.Le résultat est que, après une forte dépréciation du rouble, ce dernier s’est redressé : il se déprécie de 58% du 22/2 au 11/03 et s’apprécie de 61% du 11/03 au 9/04. En 51 jours la crise est « digérée » alors que les occidentaux s’attendaient à une chute catastrophique.

IV.On observe le même mouvement sur le marché de l’euro-rouble ou sur celui du yuan-rouble. Là, cependant, les volumes d’opérations augmentent très rapidement et on atteint plus de 6 fois les montants initiaux.

V.La BCR en tire les conséquences et baisse le taux d’intérêts de 20% à 17%, alors que l’inflation est de 16,7% (taux réel à 0,3%). Elle relâche en partie le contrôle des changes, que ce soit pour les entreprises ou les particuliers.

VI.On trouvera les détails ici :
cbr.ru/eng/press/even…
cbr.ru/eng/press/even…
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VII.Le rouble se déprécie de 5%/6% à la suite de la levée d’une partie des restrictions les plus importantes mais se stabilise. La BCR a réussi à calmer le marché sans monter aux extrêmes pour les taux, essentiellement par un contrôle des changes (6 semaines) qui fonctionne.

VIII.Les leçons sont importantes dans le cas éventuel d’une sortie de l’#euro. Il n’y a pas de raison que la hausse des taux d’intérêts se prolonge. De même, des mesures temporaires de contrôle des changes sont très efficaces pour éviter une trop forte dépréciation du change.

IX.Une Banque Centrale, en jouant sur des mesures qualitatives (contrôles) et des mesures quantitatives (taux) peut parfaitement conduire le taux de change vers une valeur visée. Elle n’est plus, dès qu’elle adopte des contrôles, l’esclave des marchés.

X.Elle peut même, par la suite, desserrer les mesures de contrôles et ne maintenir que celles qui sont strictement nécessaire pour isoler le taux d’intérêt interne des mouvements extérieurs. Les mesures de contrôle redonnent une souveraineté pour le taux d’intérêt.

XI.Ces mesures permettent de piloter le taux de change par rapport à des objectifs économiques particuliers (réindustrialisation) et déconnectent taux d’intérêt et taux de change.

XII.Le taux d’intérêt peut alors être adapté selon les secteurs et les acteurs pour favoriser le développement des activités dans le cadre d’une éventuelle #Planification de l’économie (transition énergétique et réindustrialisation)

XIII.Les besoins de financement de la puissance publique (#déficit budgétaire) peuvent aussi être financés en partie par des avances de la Banque Centrale sans que cela ne trouble le marché des changes.