Le 3e volet du 6e rapport d’évaluation du GIEC est sorti il y a près d’un mois. Il est dense, clair sur l'urgence, mais aussi porteur d’espoirs. À l’heure où l’on parle de planification écologique et territoire, et parce qu’on n’a pas assez parlé de ce rapport
Petit 🧵👇
📢 Comment limiter le réchauffement climatique, alors qu’on n’est pas sur la bonne trajectoire, pour nous assurer un futur viable, sans compromettre le développement humain et le bien-être ? 🤔 1/46
Les émissions mondiales nettes de GES dues à l'activité humaine ont été plus élevées au cours de la décennie (2010-2019) qu'à n'importe quel moment de l'histoire humaine. Elles ont continué à ↗️ en valeur absolue, certes à un rythme plus lent. 2/
Mais ⚠️ à l’inégale répartition géographique
➡️ Les pays « développés » ont des niveaux /hab de plus du double de ceux d'Asie, du Pacifique, de l'Afrique & l'Amérique latine
➡️ Cette inégale répartition vaut aussi pour les émissions cumulées (héritées du passé donc) 3/
Le clivage Nord-Sud est cependant réducteur, tout comme l’échelle nationale
➡️ Les 10 % les + riches à l'échelle mondiale, ie répartis sur TOUS les continents, causent 34 à 45% des émissions des ménages liées à la consommation 4/
‼️Le revenu n'est pas le « principal, voire l'unique facteur expliquant l’impact écologique. (…) À revenu fixé, il y a une variabilité forte des émissions », par exemple à cause du type de chauffage ou du lieu de résidence👇5/ cairn.info/revue-de-l-ofc…
⚠️ aussi à ne pas raisonner uniquement à l’échelle des individus/ménages et de leurs pratiques de consommation.
➡️ Cela revient à occulter les dimensions structurelles, ie l’organisation sociale, les stratégies des entreprises, les politiques des États. 6/
Il existe enfin des ≠ territoriales. 2/3 des émissions mondiales viennent des villes
➡️Les ménages urbains ont souvent des émissions > aux ménages ruraux
➡️Les urbains ont des émissions liées à des services (éducation&loisirs); les ruraux au transport & à l'alimentation 7/
‼️ C’est le cumul de CO₂ qui détermine le niveau de réchauffement
👉Pour le limiter, il faut cesser d’ajouter du CO2 dans l’atmosphère.
PB : on en ajoute toujours plus🤦♀️
👉On doit donc
▶️ralentir les émissions pour atteindre un pic
➡️↘️ jusqu’au net-zéro émissions
Problème : en 10 ans, le CO2 ajouté dans l’atmosphère par les activités humaines a été à peu près = au budget carbone qui reste pour limiter le réchauffement à 1,5°C
➡️ une décennie similaire épuisera ce budget 9/
Alors quelle trajectoire pour +1,5° ?
➡️ « Au plus tard avant 2025 » : pic des émissions de CO2 atteint
➡️ 2030 : baisse de -43 % par rapport aux niveaux de 2019.
➡️ Début 2050’s : net zéro CO2 atteint
Pour +2°, pic en 2025 et baisse de -27% en 2030 10/
🔴Les trajectoires 1,5 ° atteignent le net zéro CO2 entre 2050/2055 en moyenne
➕ Le net zéro CO2 est atteint par les modèles ~10 à 40 ans avant le net zéro GES, pour les scénarios à net zéro GES au XXIe siècle
➕ Les GES mondiaux devront avoir ↘️ de 43% en 2030 & 84% en 2050 11/
Les contributions nationales déposées avant la COP26 pourraient engager une baisse pour 2030, mais trop lente, même pour 2°C.
➡️ Il faudrait qu’après 2030, le taux de baisse des émissions soit supérieur de 70 % aux scénarios qui engagent des réductions immédiates.
Donc...👇
/12
‼️🔊Bonne nouvelle : si on déployait MAINTENANT TOUTES les options faisables, il serait possible de réduire de + de moitié les émissions mondiales d'ici à 2030 et donc limiter le réchauffement à un niveau proche de 1,5 °C. Et des options, il y en beaucoup 👇 13/
La réduction des émissions s’appelle « atténuation». On agit sur les causes pour limiter l’ampleur, donc les impacts, du réchauffement. Avec 3 leviers
➡️ alternatives décarbonées
➡️ gains d’efficacité (- de GES pour la faire même chose)
➡️ ↘️ demande & sobriété (sufficiency) 14/
En 2019, les principaux secteurs sont :
➡️ Énergie 34%
➡️ Industrie 24% (34 % si électricité/chaleur)
➡️ Agriculture (dont bétail & engrais), forêt, utilisation des terres 22 %
➡️ Transport 15 %
➡️ Bâtiments 6 % (16% si électricité/chaleur) 15/
L'approvisionnement en énergie est la + grande source mondiale d'émissions de GES. On a besoin d’énergie partout & tout le temps.
⚠️ mix énergétique ≠ mix électrique. L’atténuation passe donc par une transition énergétique complète (et pas juste un nouveau mix électrique) 16/
La ↘️ globale des émissions de GES pour l’énergie demande d’agir à la fois :
➡️sur les sources d’énergie primaire
➡️sur les vecteurs énergétiques
➡️sur l’efficacité et la demande au niveau des usages pour chaque secteur 17/
Les seules émissions associées aux infrastructures fossiles, existantes & planifiées, dépasseraient, sur leur durée de vie, le budget CO2 pour 1,5°C. Tout nouveau développement de ces infrastructures créera un effet de « verrouillage » (blocage) des émissions. 18/
Le « sevrage » des fossiles implique la fin des subventions à ces énergies. Actu., dans le monde, elles sont ~ 2x supérieures aux subventions aux renouvelables.
Pb : elles vont aussi aux ménages, agriculteurs, PME, etc.
➡️ anticiper pour répartir équitablement l'effort 19/
Outre l’extraction des fossiles, la part la + importante des émissions provient de la production d'électricité et de chaleur.
➡️ TOUT le système énergétique doit être décarboné, ce qui implique le déploiement d’alternatives bas ou sans carbone. 20/
‼️Bonne nouvelle! Les coûts ont ↘️ rapidement.
📢Les énergies carbonées deviennent « plus coûteuses » que les alternatives décarbonées. 21/
TOUS les scénarios < 2° impliquent une électrification des bâtiments, transports & industrie
➡️ pour Carbon Brief, rien que pour 2°, la part de l'électricité dans l'énergie finale passe du 20% actuel à minimum 42% en 2050 & 60% en 2100
⚠️ Il faut donc décarboner l'électricité 22/
Éliminer du CO2 sera inévitable pour atteindre le net zéro et les objectifs climatiques, même dans les scénarios les + ambitieux en matière de ↘️ des émissions. 23/
Il existe ≠ méthodes pour le Carbon Dioxide Removal (CDR)
➡️Afforestation, reforestation, séquestration dans les sols
➡️ Capture directe dans l’air ou les océans
➡️ Minéralisation ex situ
➡️ bioénergie (combustion ou conversion de biomasse) avec captage et stockage (BECCS) 24/
📢📢📢 Le GIEC utilise pour la 1ere fois le mot de « sufficiency », traduit par « sobriété ».
⚠️ Sobriété ≠ régression sociale
➡️ Les scenarii de sobriété permettent d'atteindre des niveaux de vie décents et le bien-être dans les limites planétaires👇 25/
Sobriété = changements systémiques de modes de vie
≠ injonctions comportementales individuelles
➡️Les comportements indiv. dépendent d'actions structurelles collectives
⚠️Les scénarios de faible demande combinent changements socioculturels, infrastructurels & technologiques 26/
Baisser la demande est efficace et limite la dépendance à l'élimination du CO2 ou la pression sur les terres
➡️implique une offre alternative accessible socialement & économiquement
⚠️41% de la pop. mondiale vit déjà dans des pays où les émissions moyennes/hab sont <3T CO2-éq/an
Le GIEC met en avant le triptyque « éviter, substituer, améliorer » (avoid-shift-improve (ASI) pour explorer les options de réduction de la demande.
‼️Ces mesures s'accompagnent de multiples co-bénéfices, par ex. en matière de nutrition ou de santé. 28/
👉 L’aménagement des territoires, à toutes les échelles, apparaît comme un instrument transversal essentiel.
C’est logique : aménager, c’est agir sur la répartition des populations, infrastructures, activités, donc, l’offre alternative, les incitations, les compensations.
29/
Les bâtiments causent 31% de la demande énergétique mondiale, 18% de la demande d'électricité & 31% des émissions de CO2
➡️ 57 % viennent de la production d'électricité & de chaleur indirecte, 18% sont incorporées dans l'acier & le ciment, seules 24 % sont directes 30/
Pour les bâtiments, il existe de nombreuses options.
⚠️L’adaptation au climat qui change doit être intégrée dès la conception, la construction et au moment de la rénovation ou la reconstruction post-sinistre #builtbackbetter 31/
Les villes causent ~70% des émissions mondiales. La croissance urbaine aura « des conséquences fortes sur le verrouillage futur du carbone », surtout si l’étalement & la périubanisation grignotent les terres agricoles & les forêts qui détiennent d'importants stocks de carbone 32/
⚠️ Construire de nouvelles infrastructures pour répondre à la croissance urbaine & mettre à niveau les systèmes actuels produira des émissions fortes
👉 ↘️ de la conso. énergétique, modif. des matériaux, électrification, décarbonation, stockage du CO2 (trames vertes & bleues) 33/
Les villes sont donc des territoires cibles, mais les solutions ≠ selon leur type
➡️ établies : densification, rénovation, électrification
➡️ en croissance : forme compacte et technologies bas-carbone
➡️ villes nouvelles : viser « émissions de GES faibles ou nulles » 34/
Dans les transports, la croissance moyenne/an des émissions est à ~ constante, à environ 2 %/an : 69 % routier, 9% transport maritime, 7% aviation.
➡️Le potentiel de réduction est important. Il dépend de la décarbonation de l’électricité & de la maîtrise de la demande 35/
L’innovation techologique offre plusieurs options : télétravail, véhicules automatisés, propulsion électrique (voitures, vélos, bus), biocarburants, etc.
Mais ⚠️ aux des impacts sur la disponibilité & le coût des ressources ; sur les terres, l'eau & la biodiversité. 36/
Les émissions industrielles ont ↗️ + vite que tous les autres secteurs à cause de l'↗️ de l'extraction & la production de matériaux de base
Options d'atténuation👇
➡️ efficacité énergétique
➡️efficacité des matériaux &↘️ de la demande
➡️économie circulaire
➡️électrification 37/
Il existe des preuves solides que le secteur de l'agriculture, de l'élevage et de la foresterie (AFOLU) pourrait fournir 20 à 30 % des réductions mondiales de GES nécessaires pour une trajectoire de 1,5 °C ou 2 °C d'ici 2050, avec de multiples leviers. 38/
D'ici 2050, les + gros potentiels seront offerts par
1⃣ protection & restauration des forêts, tourbières, zones humides côtières, savanes & prairies
2⃣ gestion du carbone dans les sols & amélioration de l'élevage
3⃣régimes alimentaires à base de plantes & ↘️du gaspillage 39/
La « transition juste » garantit les moyens de subsistance & la lutte contre les inégalités, dans un avenir à faible émission de carbone. Elle est essentielle pour ↘️ les risques climatiques »
➡️ ODD, politiques climatiques & protection de la biodiv. doivent être en synergie. 40/
L'attention à l'équité & la justice est « essentielle » à l'acceptation sociale et l'élaboration de politiques d'atténuation efficaces.
👉 L’éradication de l'extrême pauvreté & la garantie d'un niveau de vie décent sont possibles sans ↗️ significative des émissions mondiales 41/
La transition vers un monde à faibles émissions aura peu d’impacts sur le PIB mondial. Il y a assez de capitaux & de liquidités pour combler les écarts d'investissement, y compris pour aider les pays dont les capacités institutionnelles, technologiques & financières sont limitées
« Des politiques & une planification intersectorielles coordonnées peuvent jouer un rôle majeur pour catalyser les synergies, réduire les compromis, et assurer une transition juste qui améliore la vie de milliards de gens et ne laisse personne de côté » undp.org/fr/blog/5-poin…
⚠️ Le GIEC ne fait pas de focus sur la France. Il faudra attendre le prochain rapport du @hc_climat
En attendant, pour tout savoir (ou réviser) sur le climat (notamment pour ceux et celles qui doivent préparer des cours!)👇 45/
Merci à tous & toutes les auteurs et contributeurs de ce 6e rapport, à tous les scientifiques qui œuvrent pour faire avancer la connaissance, tous ceux & celles qui se battent pour une transition juste.
📢 Et rappelez-vous. Chaque dixième de degré compte.
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Les inondations de Valence ont déchaîné les climatosceptiques. Les mêmes qui s’opposaient aux restrictions d’urbanisation en zone inondable et au zéro artificialisation nette s’improvisent anti-« béton » pour nier l’impact du changement climatique au nom du « bon sens ».
Un 🧵
👇
La catastrophe résulte toujours de la conjugaison de 3 éléments
- Un phénomène physique, l'aléa (ici submersion)
- Des personnes et des biens exposés
- Des facteurs individuels ou collectifs, conjoncturels ou structurels, qui rendent vulnérable au choc avant et pendant la crise.
La submersion (inondation) résulte elle-même d’une combinaison de mécanismes : l’eau peut venir du ciel (précipitations), des nappes phréatiques, de la mer, d’un cours d’eau lui-même alimenté par la pluie, la fonte des neiges ou de la rupture d’un barrage. eaufrance.fr/les-inondation…
Le rejet de la climatisation responsable d'un risque élevé de mortalité prématurée aux canicules? Vraiment?
Petit 🧵qui explique pourquoi ce n'est pas si simple, avec en bonus, un rappel des conseils de prévention.
👇
De nombreuses études ont mis en évidence les risques de surmortalité liés à la chaleur, notamment dans les villes, et plus particulièrement les villes denses. 1/
Comparons la part de ménages équipés de climatisation et la carte précédente : TOUTES les villes sont concernées par la surmortalité, y compris celles avec des taux élevés de climatisation et « habituées » aux canicules (Lisbonne, Madrid, Rome, Athènes). 2/
Le métier d’enseignant ne se limite pas à vulgariser des connaissances pour les transmettre aux élèves. Chaque enseignant, quelle que soit sa discipline, accompagne un individu en construction vers l’autonomie intellectuelle, ie, vers la capacité à penser par lui-même.
1/
Un enseignant apprend à ses élèves à penser : comprendre les énoncés, formuler des questions, raisonner, construire les réponses, les étayer. Et quand il apprend à connaître, il apprend à hiérarchiser, à trier, à organiser son savoir.
2/
Les mots en -té ont la côte en ce moment sur le réseau.
C'est l'occasion d'un petit 🧵sur la manière dont on construit des concepts et des notions en sciences humaines et sociales, qui évitera à l'avenir les faux-procès.
👇
Les sciences humaines et sociales (SHS) travaillent avec des « concepts » et des « notions », qu’elles contribuent à forger et à définir. Ces concepts sont à la fois des résultats de recherche dites empiriques, des outils de travail et des modèles descriptifs et explicatifs.
Au départ, on cherche à décrire un fait social (propriété, caractéristique, processus, etc.) qu’on a établi, documenté, qualifié, mesuré. On va donc essayer de trouver le bon mot pour le nommer. Et ce n’est pas facile…
Les inondations dans le Pas-de-Calais donnent lieu à beaucoup d’approximations, de simplifications et de commentaires à l’emporte-pièce. Pour s’y retrouver dans ce sujet à la fois compliqué et complexe, petit 🧵.
On déroule 👇
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On parle d'inondation quand il y a submersion par de l’eau. Cette eau peut venir du ciel (précipitations) ou de la mer (submersion marine). Ces dernières peuvent se produire sur des côtes basses, notamment en cas de tempêtes (surcote). 2/ eaufrance.fr/les-inondation…
Les précipitations peuvent être intenses et concentrées dans le temps ou s’étaler sur plusieurs jours, mois, semaine.
Ici, un excellent dossier cartographique du journal @lemondefr .
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Ce matin, @franceinter nous offrait 120 secondes stupéfiantes, sous couvert de pluralisme, sur le thème, « le pacte vert [et l'action climatique] pourraient ébranler la démocratie »
Plutôt que d'attaquer celui qui parle, examinons ses arguments.
🧵👇
« L’Europe, c’est 8% du CO2 mondial » « 92% des émissions de CO2 ne viennent pas d’Europe ».
C’est vrai.
Voici par exemple un graphique tiré du Datalab du Ministère de la transition écologique, daté de Décembre 2022, réalisé par @I4CE_ 2/
Mais...
L’Amérique du Nord (AN), c’est 13%.
EU + Europe hors UE + ex URSS, c’est 16%.
Si la Chine est plus émettrice (30%), la triade (AN, Asie orientale, UE) émet quasi autant.
Sans compter les émissions importées (produites ailleurs, consommées chez nous).
👇 (GIEC, 2022) 3/