1/ En nouvelle "droits des femmes" importante de la semaine : la plainte pour dénonciation calomnieuse de PPDA contre 16 des femmes ayant dénoncé des infractions sexuelles de sa part.
2/ Il faut savoir qu'historiquement, le droit de la dénonciation calomnieuse était très, très favorable aux accusés de viols. En effet, avant 2010, en France, la loi assurait de fait une condamnation quasi-systématique des victimes.
A cette époque, la dénonciation calomnieuse était caractérisées dès que la décision initiale ne permettait pas d'établir « la réalité du fait [dénoncé] ou que celui-ci n'est pas imputable à la personne dénoncée » (ancien art. 226-10 du code pénal).
Qu'est-ce que ça veut dire ?
4/ Ca veut dire qu'en l'absence de condamnation de l'accusé pour viol, une plaignante était quasi-certaine d'être condamnée.
Quand on sait qu'1 % des viols seulement font l'objet d'une condamnation : la #doublepeine était assurée pour la plupart des victimes.
5/ Vraiment j'insiste sur l'ignominie de cette règle : dans cette configuration le doute profitait à l'accusé mais jamais à la plaignante.
La présomption d'innocence, sauf pour les victimes, somme toute.
Depuis 2010, sous l'impulsion du droit de l'Union européenne, la loi s'est assouplie et permet aux victimes de se défendre.
Elle ne présume la fausseté des faits que lorsqu'une décision à établie que l'accusé initial n'a pas commis les faits ou qu'ils ne lui sont pas imputables.
7/ Donc aujourd'hui, il faut que la justice ait en quelque sorte innocenté formellement l'accusé pour que la présomption joue.
Ce qui n'est pas du tout la même chose qu'une simple relaxe au bénéfice du doute.
8/ Concrètement pour les plaintes de PPDA, il y aura deux voies : 1. Pour les dénonciatrices dont l'action était prescrite ou qui n'ont pas déposé plainte, un procès va s'ouvrir et le tribunal examinera les faits qu'elles lui ont reproché.
🤷♀️
9/ 2. Pour les dénonciatrices qui ont pu et voulu porter plainte, il faudra attendre que leur affaire à elle soit jugée. Le tribunal correctionnel devant attendre que les faits principaux aient fait l'objet d'une décision.
10/ Pour finir, la plainte de PPDA n'est pas très étonnante : il n'a pas grand chose à y perdre et presque tout à y gagner. Affaire à suivre, donc.
11/ PRECISION : on m'a justement fait remarqué que je vais un peu vite en besogne en partant du principe que toutes les affaires seraient jugées.
Il est aussi possible qu'elles soient classées sans suite ou que le juge d'instruction prononce un non-lieu.
(Merci @jjalmad !)
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Le procès n'est pas terminé. La présomption d'innocence s'applique donc encore à Amber Heard. Il faudrait se garder de juger trop vite sur Twitter un dossier qu'on ne connait pas 🤦♀️
En tout état de cause et quelque soit l'issue du procès : Amber Heard ne nuit certainement pas à la cause de toutes les femmes.
Ce qui leur nuit c'est une société qui a prit pour habitude de ne pas croire les femmes.
Dit-on des arnaqueurs à l'assurance qu'ils nuisent à"la cause des vraies victimes de vol" ?
Non. Parce que la justice est conçue pour faire un tri entre ce qui relève de la vérité judiciaire et ce qui n'en relève pas. Mais on se le permet pour les femmes.
1/A chaque fois qu'on remet en question une décision de justice, surtout pour viol, c'est la foire aux mêmes remarques : il faut faire confiance à la justice, on a pas le dossier, on ne peut rien dire.
Alors désolée mais : non. Enfin si: on peut parler.
2/ Pour mémoire, dans l'affaire absolument sordide du viol d'Emily Spanton, la victime déclare avoir subi un viol commis par 2 policiers, dans leurs locaux au 36 quais des Orfèvres.
Les preuves avancées sont accablantes : sperme, alcoolémie, textos, suivi psy, etc.
3/ Les policiers ont été condamnés à 7 ans de prison en première instance, il y a trois ans. Ils viennent d'être acquittés en appel, aujourd'hui même (enfin hier si vous avez dormi entre temps).
Allez, c'est la minute droit des salariés sur la rupture du contrat de travail. Il y a certaines choses que tout travailleur devraient connaître.
L'abandon de poste, qu'est-ce que c'est ? Quel sont ses effets ?
Et quelle différence avec la démission ?
En 15 tweets 👌
Petit plan même si le thread sera court :
I. C'est quoi l'abandon de poste, comment ça marche ?
II. C'est quoi la différence avec la démission (à toutes fins utiles 🤷♀️).
I. L'abandon de poste consiste, lorsqu'on est salarié, à quitter son poste de travail ou à ne pas s'y présenter sans autorisation de l'employeur (ou justification légitime).
Il s'agit ainsi d'un manquement à une obligation du travailleur (travailler) qui l'expose à une sanction.
L'anonymat n'existe pas sur les réseaux sociaux, contrairement au pseudonymat.
En cas d'infraction pénale ou de responsabilité civile, la justice peut retrouver l'identité d'une personne.
Le pseudonymat est indissociable de la liberté d'expression sur internet.
Un précision notionnelle pour commencer : le pseudonymat désigne le fait de masquer son identité avec un nom d'emprunt, l'anonymat renvoie à l'impossibilité de connaître l'identité une personne.
Le pseudonymat n'implique pas du tout l'anonymat.
Une personne qui utilise un nom d'emprunt mais commet une infraction peut être retrouvée par la justice.
Des mécanismes permettent à la police et aux tribunaux de contraindre FAI et plateformes à fournir les informations nécessaires à l'identification d'une personne.
1/ Abattue par ce témoignage et ceux qui visent le même auteur, j’ai une question : qu’est-ce que je peux faire, avec ce compte de vulgarisation juridique, pour contribuer à faire changer les choses ?
Peut-on sensibiliser, par le droit, à ne pas être une crevure ?
2/ Et puis, que faire quand la trahison vient de son propre camp ?
Le rôle que je me suis donné avec ce compte, c’est de parler de droit, de féminisme et de protection des femmes.
Alors on va commencer par ça : des choses simples et juridiques.
3/ TW : on va parler d’infractions sexuelles et reprendre les descriptions du thread.
Je précise que je suis affectée et émue, notamment par le témoignage de Shiny, alors même que j’ai souvent une approche clinique des situations de violences sexuelles.