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Bonjour à tous,

C'est aujourd'hui le 119e jour d'audience et le début de dix jours de nouvelles auditions de parties civiles. Aujourd'hui, la cour doit ainsi entendre des survivants du Stade de France et des terrasses.
90 victimes sont attendues dans les dix prochains jours.
Le LT sera à suivre ici.
Et @sophparm assurera les compte-rendu d'audience pour l'antenne de @franceinter

Et si vous voulez retrouver le récit de la journée d'hier avec Marc Trévidic et Nicolas Hénin, c'est par ici > franceinter.fr/justice/proces…
L'audience débute. Avant les premières auditions de parties civiles, "nous avons des conclusions" indique le président avant de donner la parole à un avocat, Me Louis Mary.
"Je vous demande de faire entendre Manuel Valls et Jean-Yves Le Drian"
Me Mary : "en tant que Premier ministre de l'époque, je demande que Manuel Valls puisse nous éclairer sur la situation et sur des points de vue précis, notamment que monsieur Valls aurait privilégié un service de police plutôt que de gendarmerie pour intervenir" le #13Novembre
Camille Hennetier, avocate générale répond à cette demande : "il nous apparaît que la cour a été suffisamment informée avec les auditions de François Hollande et Bernard Cazeneuve et qu'à ce titre ces auditions ne nous paraissent pas être utiles à la manifestation de la vérité"
En défense, l'une des avocate de l'accusé Ali El Haddad Asufi ajoute, pour s'opposer elle aussi à cette demande, que les points évoqués par l'avocat de partie civile "ont déjà été évoqués devant la commission parlementaire".
Même opposition pour l'avocate de Mohamed Abrini.
Le président indique qu'il rendra sa décision sur ces demandes de nouvelles auditions "dans le courant de la semaine".
Place à l'audition de la première partie civile, Gabriel, survivant du Stade de France.
Gabriel : "le soir du #13Novembre 2015, je me trouvais au café Events. J'entends une détonation et 5 minutes plus tard, je vois que ça s'agite, il y a du bruit. J'essaie de voir ce qu'il passe. Puis je me lève et me retrouve nez à nez avec un couple qui dit : "il y a une bombe"
Gabriel sort et "je vois un corps par terre, allongé. Je suis parti du principe que c'était une bombe agricole parce que j'ai l'habitude d'aller au match. Puis, je me suis dirigé vers la porte H : 2e détonation. Là, je n'ai pas cherché à comprendre, j'ai commencé à courir."
Gabriel : "j'ai commencé à paniquer. Je suis tétanisé. Pour moi, des attentats à Paris c'était quelque chose de peu probable. Pendant que je suis pris d'angoisse, je vois un homme noir, comme moi, qui me demande où se situe l'autoroute A1.
Puis, troisième détonation."
Gabriel : "ma mère est venue me récupérer aux alentours de minuit. Durant tout le trajet, j'ai repensé à la soirée. Parce que j'étais parti pour regarder un match de football, chose que j'ai l'habitude de faire."
Gabriel : "Pourquoi je suis venu témoigner? Parce qu'avant ce là, j'ai l'impression qu'il y a eu des manifestations, même si juridiquement ce ne sont pas des preuves tangibles et palpables."
Parmi les "manifestations" observées dans la journée du #13Novembre, Gabriel explique qu'il connait "le 11e arrondissement comme sa poche, j'ai fait des livraisons au Bataclan et une semaine avant, j'ai croisé une femme qui s'appelle Sylvie et qui m'a demandé mon téléphone"
Président : "vous avez été blessé?"
Gabriel : "physiquement non, mais par rapport à la détonation, il y a un choc.
- vous étiez à quelle distance ?
- je ne peux pas le dire
- vous avez vu l'explosion?
- j'ai vu la fumée
- les 2 autres explosions vous avez vu
- j'ai rien vu
Le témoignage suivant est celui d'Amalie, danoise, qui n'est pas présente mais dont l'avocat lit le témoignage écrit : "aujourd'hui encore, il est difficile pour moi de parler du #13Novembre 2015 par rapport aux fortes émotions mais aussi parce que ma mémoire est fragmentée"
Amalie explique dans sa lettre qu'elle était en année Erasmus et passait la soirée avec une amie, Justine Moulin.
"Je suis sortie et tout avait changé, j'ai retrouvé Justine allongée au sol, la bouche ouverte. J'ai alors découvert une grande blessure au niveau de son estomac".
Amalie explique avoir été "désorientée". Elle reste dans les toilettes du Petit Cambodge, est recueillie par un couple. Avant de "rentrer chez moi, dans ma chambre de bonne du 9e arrondissement."
Le témoignage suivant est aussi lu par son avocat. Il s'agit de Chloé, "qui se marie samedi et pour qui il était difficile de venir".
"Je suis allongée par terre comme tous les gens venus au Petit Cambodge. J'ai vu à travers mes paupières fermées l'ombre de cet homme armé".
Dans sa lettre Chloé explique : "je relève ma tête tout doucement, balaie la scène d'horreur. Mon regard s'arrête sur la tête d'une femme, je comprends immédiatement : elle est morte. Je comprends alors que la peur que j'ai vécue les yeux fermée était réelle."
Chloé dans sa lettre : "nous savons que nous sommes en vie, l'un de nous est blessé mais à ce moment, il est inimaginable qu'il en soit autrement. A 4 pattes, je me rapproche vers le mur du fond pour attraper mon sac. Mon premier appel est à ma soeur qui garde ma fille de 6 ans."
Chloé dans sa lettre : "mon 2e appel est au 18. Les pompiers me répondent avoir été prévenus et qu'ils vont faire leur possible.
Je vais faire les gens, blessés ou choqués. Je décide de rappeler les secours. L'opérateur est paniqué : "on est au courant mais ça pète partout."
Chloé : "les pompiers arrivent. Je perçois furtivement le réconfort d'être enfin sous protection. Un pompier me posait des questions sur Romain, il dégoulinait de sueur. Romain était jusque là plutôt bien. Mais son visage a commencé à changer : à pâlir, à verdir même."
Chloé dans sa lettre : "les pompiers nous disent de bien gérer l'oxygène parce que tout le monde n'en a pas. L'idée est difficile à accepter. De toute façon, à ce moment-là de la soirée, cela commence à faire beaucoup."
Chloé : "ce que j'ai vécu ce soir-là et puis tout la nuit, à l'hôpital, près de Romain. Puis par terre, toute seule, dans le noir, près de la machine à café avec nos affaires ensanglantées m'a blessée. Mais paradoxalement, je me sens plus forte. Je n'oublierai jamais."
Cécile, survivante du Petit Cambodge, s'avance à la barre. Sa cousine se place à ses côtés, elle était avec elle ce soir-là.
"Ce vendredi soir, je retrouve ma cousine. C'est la première personne à qui j'annonce ma grossesse. J'ai 29 ans, je suis enceinte de 3 mois."
Cécile : "ce soir-là, je lui demande aussi d'être le témoin de mon mariage. C'est une soirée pleine de joie, nous décidons d'aller dîner au Petit Cambodge. Nous sommes stoppées par une scène que nous n'arrivons pas à déchiffrer immédiatement. Je crois être restée figée."
Cécile : "on court, on marche, on s'interroge : "qu'avons-nous vu exactement?" En bas de la rue de la Fontaine au roi, scène différente mais tout aussi incompréhensible : des corps en terrasse de la Bonne Bière. J'ai l'impression d'être revenue à la 1ere scène du Petit Cambodge."
Cécile, très émue : "le son des détonations me réveilleront longtemps durant mes nuits. Cette fille poussant son vélo et qui est tombée au sol et toutes les personnes du Petit Cambdoge resteront longtemps ma 1ere pensée au réveil."
Cécile : "notre fille est née, toutes les questions ont été balayées. Nous avons eu un 2e enfant. La culpabilité de m'être enfuie, de n'avoir rien fait pour les personnes qui avaient besoin d'aide, ne m'a jamais quittée. S'ajoute celle de me sentir de mauvaise compagnie."
Cécile : "je n'ai jamais parlé à mes enfants du #13Novembre. Dans le livre reçu pour la naissance de ma fille, dans la rubrique des premiers éléments marquants de l'enfant, j'ai écrit un mot sur ce soir-là. Je ne l'ai jamais relu.
Le procès me refait penser aux attentats."
Cécile : "je n'ai que peu parlé de cette soirée ..." Elle s'interrompt dans la lecture de son témoignage.
On devine que sa cousine à ses côtés lui propose de poursuivre la lecture à sa place. Mais elle fait non de la tête."
Natacha, qui se trouvait à proximité du Petit Cambodge ce #13Novembre s'avance à la barre. Elle explique avoir grandi près du Cité, raconte la délinquance, le banditisme aussi. Et dit à propos de ces personnes-là : "ils ont fait leur choix. Nous, nous n'avons pas eu le choix"
"Comment avez-vous pu nous imposer ça?" interroge Natacha pendant son témoignage.
Elle retrace son parcours, ses études à New York, le 11 Septembre 2001 : "on a tout vu. Les tours en feu. Puis, tout s'est écroulé".
Natacha explique être rentrée en France avec ses deux filles, séparée de son mari. Elle s'installe dans le 11e arrondissement, "à deux pas du Petit Cambodge, j'habite toujours là, je déteste cet endroit, j'en souffre énormément".
Le #13Novembre 2015, Natacha arrive au Petit Cambodge pour prendre un dîner à emporter :
"une voiture a pilé fort. Et puis, il y a eu des pétard, plein. Il y a eu des boules de feu. J'ai été percutée par un éclat de douille. Mon corps s'est déplacé mais je ne suis pas tombée".
Natacha : "j'ai vu ce mec assis à la 1ere table du Petit Cambodge, raide, il ne bougeait pas. Le mec d'à côté a tourné la table comme bouclier, j'ai entendu le métal racler sur le sol. La femme a côté a hurlé le prénom : "Pierre". Pierre était allongé au sol, il ne bougeait plus"
Natacha : "les gens couraient. Je suis restée plantée là. La fusillade battait son plein, ça n'arrêtait pas. J'ai marché. Il y avait encore des tirs dans mon dos. J'ai enjambé une femme, elle a touché son oreille gauche, il y avait du sang sur ses doigts."
Natacha : "j'ai pris mon téléphone mais je ne savais pas quoi en faire."
Elle finit par appeler son ex-mari, alors avec leurs filles.
"Tout est allé trop vite." De retour chez elle, "je me suis écroulée pour me réveiller mal, mais mal."
Natacha explique son lendemain, les appels de ses amis : "j'étais trop mal, je ne pouvais plus les écouter, j'ai raccroché".
Plus tard, elle est admise en psychiatrie. "J'ai pris conscience que j'allais tout perdre : mes enfants, mon job, si je restais trop longtemps."
Natacha : "je suis retournée travailler le lundi. J'ai perdu toutes mes capacités à travailler, ma patience. J'ai hurlé sur des patients. Je n'ai pas pu renouveler mon premier CDD."
Sculpteur, "je n'ai pas pu créer pendant 8 mois".
Elle raconte ses difficultés par la suite : son incapacité à trouver un travail, "un gros dérapage avec mon psychiatre".
Elle finit par être à nouveau internée, "je suis restée 15 jours". "Ma plus jeune fille avait 11 ans, j'ai encore honte aujourd'hui, qu'elle me voit comme ça"
Natacha : " j'ai eu un traitement d'antidépresseurs.
Après les attentats, ce qui en découle : j'ai des problèmes de sommeil, la moindre contrainte crée une angoisse, j'ai mangé ma peur pendant des mois. Pendant longtemps, je ne me suis pas autorisée à rire."
Natacha : "j'ai énormément pleuré. Encore aujourd'hui. C'était insupportable et insoutenable. Mon impossibilité a avoir une conversation. Je m'arrêtais au milieu des phrases. Un jour ma fille m'a fait remarquer : "maman, c'est bien, tu finis tes phrases maintenant."
Natacha : "j'ai du réapprendre à tolérer le bruit, les plus communs, les plus simples. A gérer le rouge des phares de voitures.
Je ne supportais pas qu'on s'approche trop près de moi. J'ai eu beaucoup de mal qu'on me touche. Même mes enfants, ça a été compliqué."
Natacha : "je suis incapable de gérer les tensions, les agressions.
J'ai un job à mi-temps, je suis incapable d'un plein temps, ça me demande trop de concentration."
Natacha poursuit sur ses difficultés administratives : sécurité sociale, "pour mon dossier de logement social, je n'ai pas pu me déplacer alors j'ai perdu 7 ans de liste d'attente".
"J'ai pris 10 kg pendant cette période. Mes enfants, ça les dégoûtaient : tu manges trop"
Natacha : "je témoigne pour que mes enfants voient et entendent ma voix. Dans 50 ans. Pas aujourd'hui, elles sont trop jeunes. Eloise est en première année de psychologie, elle voulait être là aujourd'hui. J'ai décliné, mais je voulais pouvoir leur dire merci."
Natacha : "j'ai réalisé que je ne peux plus vivre où j'habite. Quand je rentre et qu'au Carillon ça dégueule sur le trottoir, j'ai envie de leur hurler dessus, de leur crier : "rentrez chez vous!"
Natacha : "c'est assez dur ce que je vais dire."
Elle se tourne vers le box.
"Cela s'adresse à vous. Si on vous relâchait dans la rue, que ce passerait-il pour vous? Que ferait votre organisation? Seriez-vous remis en selle ?C'est quoi le deal dans ces cas-là?"
Jean-Pablo, "canadien d'origine colombienne, vénézuelienne et chilienne en même temps, tout un bordel" s'est avancé à la barre.
"Je suis arrivé à Paris juste après les attentats de Charlie Hebdo, je venais de finir mes études à New York. Je vous avoue que j'avais peur."
"J'avais 27 ans", poursuit Juan Pablo, architecte pour l'agence Renzo Piano. "Avec le groupe de l'agence, on sortait tous les vendredi soir au même bar".
L'un des membres de ce groupe d'architectes, jeune Allemand, est mort à la terrasse du Carillon, explique-t-il.
Juan-Pablo : "ce jour-là, le #13Novembre on était une vingtaine au Carillon. C'était la première fois qu'on changeait de bar. On commande quelques verres. Et on sort sur la terrasse. Vers 21h20, on décide de rentrer. Moi je ne voulais pas rentrer, mais j'ai suivi."
Juan Pablo : "nous étions à côté de la porte. Nous parlions de marché de Noël, je ne sais pas pour quoi. Moi, je m'en foutais carrément. Et tout d'un coup, j'entends ce "feu d'artifice", Raphaël me regarde. Je faisais face à la fenêtre, je vois cette voiture et cette personne."
Juan Pablo : "je vois qu'on tire dans la direction de Raphaël et moi. Je me retourne et j'étais par terre. Je ne voyais rien. Je grimpe sur mes amis, un tas de trucs, je ne me rappelle pas du tout sur quoi. Je traverse un mini-couloir. Et je trouve cette sortie de secours."
Juan Pablo : "il y a toujours des tirs. Et ça continue. Finalement, ça a fini. Je sors et décide de traverser la scène de crime pour retrouver Raphaël. Et je vous avoue que je ne me souviens de rien."
Juan Pablo : "Raphaël était par terre, bouche fermée, yeux ouverts. Mais il y avait aucun signe de sang. Ses yeux ne disaient rien, je ne sentais rien. Il était juste par terre. Il y avait des cris partout. Mais mes yeux étaient figés sur Raphaël, je lui disais : ne meurs pas"
Finalement, les secours arrivent, tentent de réanimer Raphaël, puis finissent pas renoncer.
Juan Pablo : "j'ai commencé à taper tous les murs. La police m'a dit d'arrêter si "vous ne voulez pas partir dans notre voiture".
Juan Pablo se réfugie dans la pizzeria en face, puis plus tard, en repassant devant la vitrine du Carillon : "le corps de Raphael n'était pas là, comme les pompiers n'avaient pas vraiment dit qu'il était mort, un petit espoir renaît".
Juan Pablo explique à la barre qu'"en tant qu'étranger, je me sens attaché à cette France bataillante mais qui a changé depuis 2015."
Juan Pablo explique qu'en plus du Carillon où se trouvaient de nombreux membres de l'agence Renzo Piano, d'autres étaient également au Bataclan : "pour l'agence, c'était une catastrophe humaine qu'on n'a pas encore pu surmonter."
Juan Pablo : "je travaille toujours chez Renzo Piano, parce que je me suis forcé à rester. Je me suis forcé à rester à Paris aussi. Cela fait sept ans."
Juan Pablo : "je me force à marcher dans les rues, à m'asseoir en terrasse, à manger dos à l'extérieur, à prendre le métro. Je pense que je me force un peu moins maintenant, mais la peur est toujours là."
Juan Pablo : "depuis ce jour-là, je repère toujours toutes les sorties de secours. Je suis architecte donc je me fais un plan virtuel dans ma tête."
Juan Pablo : "le #13Novembre ça aurait pu être moi qui parlait à Raphaël, mais à sa place et inversement. Ce soir-là, de l'agence, on était un quinzaine. Et c'est lui qui a donné sa vie pour sa jeunesse de Renzo Piano."
Juan Pablo : "la semaine dernière encore, je marchais à Londres. Un policier a commencé à toucher son pantalon. Et j'ai du courir.
Je ne vois pas l'avenir de la même façon. J'essaye maintenant de vivre chaque seconde comme si elle était la dernière."
Juan Pablo à propos des terroristes: "je ne veux pas vous dire que vous êtes des cons, je veux juste comprendre ce qu'il s'est passé dans votre tête pour que vous passiez à l'acte."
Le président annonce une demi-heure de suspension avant les deux ou trois dernières auditions de victimes prévues aujourd'hui.
L'audience reprend avec l'audition de Carla, architecte de l'agence Renzo Piano, comme Juan Pablo qui a témoigné avant elle. A son tour, elle raconte l'habitude, tous les vendredis soirs, des architectes de l'agence d'aller boire un verre ensemble.
Carla : "jamais j'aurais pu imaginer une seule seconde qu'on reviendrait autrement que joyeux et complets à l'agence le lundi."
Comme une quinzaine d'architectes de l'agence, elle s'est rendue au Carillon.
"Tout d'un coup, il y a eu des pétards".
Carla : "tout d'un coup, un jeune homme au fond de la salle crie :"baissez-vous, fusillade". Moi, je n'étais à Paris que depuis trois ans [elle est allemande, ndlr], "baissez-vous", ça ne me disait rien. Heureusement, une amie m'a pris et m'a tirée vers le bas."
Carla :"il y avait des éclats de verre qui tombaient, des gens qui tombaient. Tout d'un coup, un silence est venu. Un silence mortel. Un silence qui m'a brisé le coeur. Jusqu'à une voix d'un jeune homme qui a dit :"je suis blessé"."
Carla : "je voyais des tâches rouges de sang par terre. La panique m'a prise, j'ai rejoint l'escalier au fond. Mais au premier palier, j'ai eu un sentiment de vertige et je ne pouvais plus.
Une porte s'est ouverte et un vieux couple m'a demande : "qu'est-ce qu'il se passe?"
Carla : "je suis redescendue pour trouver mes amis. Sur la dernière marche, j'ai vu une jeune femme enceinte. J'ai commencé à pleurer. Puis, j'ai cherché mes amis.
J'ai aussi reçu un coup de téléphone d'une ami qui m'a dit qu'il y avait des fusillades dans Paris."
Carla : "à ce moment, j'ai vu une collègue qui était blessée à la jambe. Je l'ai mise assise, on essayait qu'elle ne regarde pas sa jambe. Et au moment où j'ai écrit sur le groupe Whatsapp "j'ai retrouvé Emilie", j'ai vu que Juan Pablo avait écrit : "Raphaël est mort."
Carla : "Voir "Raphaël est mort" écrit noir sur blanc, c'était pas possible.
Puis, j'ai retrouvé Gerardo, c'est comme mon petit frère. Il m'a dit : "j'ai un trou dans mon pull, j'ai peut-être une petite balle, mais ça va". Il rigolait même."
Carla explique avoir été aidée, prise en charge. "Et tout d'un coup c'était : vous pouvez rentrer. Mais rentrer où ? J'étais sous le choc.
Il y a eu un monsieur, je pense que c'était le chef de la brigade de sécurité civile qui m'a proposé de m'emmener dans sa voiture privée."
Carla : "Je suis Allemande mais j'ai trouvé un très beau parallèle. Une amie française m'a dit : "tu sais comment on dit ce que tu vas faire aujourd'hui? Déposer". C'est le même mot en allemand. Je dépose. Je dépose le poids. Et ça m'a soulagée. Merci de m'avoir écoutée".
Christophe s'est avancé à la barre : "j'ai 33 ans, je suis victime en tant qu'homme et en tant que pompier de Paris et donc militaire de l'attentat survenu au Carillon et au Petit Cambodge."
Sur l'écran géant, il a fait projeter un dessin offert par le père d'une victime décédée.
Christophe : "j'ai souhaité témoigner pour aider les autres à avancer. Etant donné mon double statut, je me dis que j'ai peut-être des choses intéressantes pour les autres à entendre.
J'étais pompier de Paris depuis 7 ans."
Christophe : "ce vendredi #13Novembre 2015, je suis de garde en tant que responsable d'une ambulance, je suis caporal-chef. Je regarde le match de foot à la caserne avec un pote. Un peu agacé par un appel d'un employé du Franprix, je me dis que je vais louper un bout du match."
Christophe : "mes deux équipiers ont approximativement 20 ans. L'un à 2 ans de service, l'autre 8 mois de service.
A 21h24, j'entends des bruits de pétard. Ce bruit est effroyable. Comme métallique, froid, sec. Amplifié par l'écho des petites rues parisiennes."
Christophe : "les tirs continuent. Je comprends que nous sommes au milieu d'un attentat. Je décide de rentrer dans l'ambulance dans laquelle se trouvait la victime sur le brancard et où mes deux coéquipiers sont assises par terre."
Christophe : "j'ai compris ce qu'il se passait, même si je ne voyais pas. Ma seule préoccupation était de passer un message radio. Je demande :"police d'urgence pour fusillade".
Les tirs cessent. Je regarde mes collègues pour leur dire de rester dans le camion."
Christophe : " 121 cartouche d'arme de guerre tirées en 2 minutes 30. Presqu'une cartouche par seconde. Des dizaines de personnes au sol. Presque personne debout. Il y a cette voiture derrière eux avec un siège bébé derrière.
Je demande le déclenchement d'un plan rouge".
Christophe : "à mes collègues, je donne cet ordre : "ne vous occupez que des gens qui sont conscients." Je suis déjà en train d'effectuer un premier tir. Mais nous n'étions que trois.
Je compte tous les gens inconscients au sol et je les considère comme décédés."
Christophe : "je me fais interpeller, tirer le bras par des gens pour aider leur proche. Je m'approche du corps sans vie d'une femme, elle a reçu une balle dans le visage."
Christophe : "je regarde le trottoir du Carillon jonché de corps. Une femme est assise contre une voiture, si je veux la voir, je dois marcher sur tous les autres.
J'ai la main devant la bouche en regardant ce qu'il se passe autour de moi, je suis choqué par la scène."
Christophe : "je vois arriver les renforts que j'ai demandé. Ils ont couru plusieurs centaines de mètres, mais je ne les vois qu'au dernier moment, comme s'ils avaient percé la bulle dans laquelle je me trouvais à ce moment."
Christophe : "je découpais les vêtements, je mettais de l'oxygène quand il y en avait, je mettais des pansements, j'expliquais aux gens ce qui allait se passer. Je déplaçais également le corps sans vie de cette femme qui avait sensiblement mon âge. Ses yeux étaient ouverts."
Christophe : "je me souviens également d'une femme allongée sous une table et qui me demandait régulièrement et calmement quand on allait aller à l'hôpital, elle avait un torchon pour stopper l'hémorragie qu'elle avait au ventre."
Christophe: "j'ai envie de pleurer quand je pense à ce que nous venons de vivre avec mes collègues; J'ai envie de pleurer parce que je ne comprends pas. J'ai envie de pleurer parce que j'ai peur du surattentat. J'ai envie de pleurer parce que je ne sais pas comment je vais gérer"
Christophe : "je dépose trois ou quatre victimes à l'hôpital. Je repars sur les terrasses. Il y a de plus en plus de sang dans l'ambulance. Sur le brancard, le matériel, le sol, les portes et mes vêtements."
Christophe : "A minuit 16 nous regagnions la caserne dans un silence complet. Il y aura 13 décédés, dix urgences absolues. Après trois heures 30 sur les lieux, je quitte les terrasses. Je laisse derrière moi une insouciance que je ne retrouverai jamais."
Christophe : "lorsque nous rentrons à la caserne, ce n'est pas fini. Il y a d'autres interventions en cours, dont le Bataclan. Les victimes arrivent, se font soigner et repartent. L'ambiance pesante est également présente chez nous, dans notre maison."
Christophe : "je vais au standard laisser ma fiche. Et je pleure dans la pièce d'à côté tout ce que j'avais retenu pendant l'intervention.
Je reste éveillé au standard. Vers 6 heures du matin, je tombe de fatigue."
Christophe : "le soir du 14 novembre, un ami pompier nous invite à boire un verre. Je suis complètement à l'ouest, je regarde dans le vide. J'ai envie de vomir.
Dans les jours qui ont suivi, on n'en parle pas beaucoup à la caserne. Psychologiquement, nous étions tous atteints"
Christophe : "le mardi suivant, nous repartons en intervention pour une personne qui ne réponds pas aux appels. Je ressens des étourdissements, des pleurs. Je fais une crise d'angoisse. A la caserne, le moindre endroit noir constitue une source d'angoisse."
Christophe : "je ne pouvais plus remonter dans une ambulance pendant deux ou trois semaines, ensuite seulement en journée.
Je me couchais dans le canapé et habillé le plus tard possible pour ne pas ressentir la responsabilité que je ressentais quand je devais me réveiller"
Christophe : "fin janvier, je me sépare de ma copine : je n'étais plus l'homme insouciant qu'elle connaissait. Je me réveillais en sursaut la nuit. Je fermais la porte à clé. Lui demandait sans cesse où elle était."
Christophe évoque la première commémoration, sa tristesse à l'évocation des noms des victimes décédées : "je me suis réfugié dans les premiers bras qui s'offraient à moi. Il s'avèrera plus tard qu'il s'agissait de ceux d'une fausse victime : Alexandra Damien."
Christophe évoque son refuge dans l'alcool : "en rentrant chez moi après mes soirées, je continuais à boire et écoutait des musiques, jusqu'au moment où je tombais de fatigue. J'avais le besoin de me sentir triste comme si je ne me sentais pas le droit d'être heureux.
Christophe : "je me suis caché derrière ma carrière professionnelle. Je révisais sans cesse pour ne pas penser. Ca a fonctionné pendant beaucoup d'années. En septembre 2017, je suis muté de la caserne dans laquelle j'avais tout vécu. Ca me fend le coeur."
Christophe "j'ai l'impression d'abandonner toute une partie de ma vie. Je m'appropriais chaque nouvel attentat comme si je l'avais vécu. Durant mes nuits, mon cerveau en fabriquera même des nouveaux : des voitures béliers, des fusillades mettant en scène mes proches et moi-même"
Christophe : "j'ai mis beaucoup de temps à accepter que j'ai été moi-même victime de l'attentat. Difficile pour un pompier d'être victime. On a été la cible d'armes de guerre. On a tout entendu. J'ai malheureusement eu le temps de voir précisément tous les dégâts de l'attaque."
Christophe : "j'ai voulu faire comprendre à mon entourage ce qu'il s'était passé pour moi ce jour-là. J'ai vu toutes sortes de réactions : les gens choqués, les gens qui passent vite à autre chose, les gens qui ne voient pas le souci et ceux très réceptifs."
Christophe:"sans compter les petites phrases assassines : "ça fait longtemps, tu devrais aller mieux." "Ca ne va pas mieux?" ou "Sois combatif". J'ai compris que les gens qui n'avaient pas vécu ça, ne pouvait pas comprendre. Aujourd'hui je suis heureux qu'ils ne comprennent pas."
Christophe : "jusqu'en septembre, j'ai continue à faire mon travail de pompier comme tout le monde. Mais en septembre 2021, le procès m'a plongé dans une impasse.
J'ai quitté les camions et je suis allé faire de la formation. "
Christophe évoque le dessin qu'il a fait projeter à l'écran, réalisé par une victime du Carillon : "ce dessin représente beaucoup pour moi. Il est encadré au-dessus de mon lit et je m'endors avec tous les soirs."
Christophe : "mes premières pensées iront à me coéquipiers ce soir-là. Je tiens à remercier @lifeforparis
Je suis très reconnaissant de ce que vous faites pour les autres alors que vous êtes vous-mêmes victimes de terrorisme. Vous êtes tout simplement au top."
Christophe : "un mot pour ma famille qui, je le sais, est marqué par ma situation et mon état de santé. Ne vous inquiétez pas pour moi, le plus beau est à venir."
Christophe évoque Philippe, survivant du Bataclan et rencontré via @lifeforparis : "deux hommes rapprochés par le terrorisme. J'ai 33 ans, j'ai les cheveux courts et j'&coute du rap.
Lui a 45 ans, a les cheveux roux, longs et bouclés et écoute du rock."
Christophe : "enfin, j'aimerais mettre à l'honneur ma conjointe Pauline qui a accepté de faire entrer dans sa vie un homme avec un traumatisme aussi gros. Je te remercie de croire en moi et qu'un jour tout cela sera un souvenir lointain. Tu n'as jamais douté de ma force"
Christophe :"aux proches de victimes décédées, je pense à vous très régulièrement même si je ne vous connais pas. Parce que j'ai du faire des choix effroyables, prendre la décision de laisser des gens mourir pour en sauver d'autres. C'est aussi pour vous que j'ai voulu témoigner"
Christophe : "j'ai fait tout ce que j'ai pu. Je ne pouvais pas faire plus rapide en terme de demande de renforts. A 26 ans, j'avais toutes ces vies qui dépendaient de mes décisions. A trois pompiers, nous ne pouvions pas prendre en charge la trentaine de personnes blessées."
Christophe : "dans les jours qui ont suivi, nous avons été un peu critiqués. Certaines personnes dénonçaient la lenteur des secours, l'âge et la sidération des pompiers sur place. Sans prendre en compte que nous ne sommes pas des robots mais des êtres humains."
Christophe : "sachez que nous étions là dès la première seconde de l'attaque. Il fallait qu'on encaisse, puis que j'articule mes priorités."
Christophe : "j'ai été mis en arrêt de travail depuis le 14 février 2022. Je reprend le travail lundi prochain. J'espère être libéré d'un poids à l'issue de ce témoignage. Aujourd'hui, j'ai la force et la volonté pour y arriver. Je sens qu'une page est en train de se tourner."
Christophe : "j'ai mal au coeur qu'on dise que les attentats du #13Novembre 2015 est l'attentat du Bataclan. J'ai mal au coeur qu'on oublie les victimes du Stade de France, des terrasses et de Saint-Denis. Qu'on dise qu'il y a eu 130 morts alors qu'un 131e a mis fin à ses jours"
Christophe : "je ne savais même pas si j'allais être capable de tenir sur mes jambes, lire ce texte, voire même de venir à la barre aujourd'hui. "
Christophe : "la vie continue et c'est pour cela que je profite de mon témoignage pour vous annoncer, que vous soyez victime ou non, que vous soyez dans le box des accusés ou non que ma conjointe est enceinte et que je vais devenir papa d'ici la fin de l'année."
Fin du témoignage de Christophe qui vient s'asseoir sur les bancs de la salle d'audience, aux côtés de son ami Philippe et de sa compagne, qu'il a évoqués et remerciés dans son témoignage.
Fin de l'audience pour aujourd'hui. Elle reprendra demain à 12h30 avec la suite des témoignages de victimes des terrasses.
Compte-rendu d'audience à suivre.
Les témoignages de Christophe, pompier de Paris, Clara et Juan Pablo, architectes, sur l'attentat du Carillon sont à retrouver dans le compte-rendu de cette 119e journée > franceinter.fr/justice/proces…

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May 2
Bonjour à tous,

Reprise du procès des attentats du #13Novembre 2015 (et oui, c'est toujours en cours) après une semaine de suspension.
117e jour d'audience et dernière ligne droite de cette audience fleuve puisqu'on reprend avec les dernières auditions (témoins et victimes).
Aujourd'hui, trois témoins sont attendus à la barre : le sociologue Bernard Rougier, l'écrivain Mohamed Sifaoui et l'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic.

D'autres témoins sont attendus demain avant une nouvelle session d'audition de 90 victimes à partir de mercredi.
Le LT sera à suivre ici.
Et retrouvez @sophparm à l'antenne de @franceinter

A tout à l'heure.
Read 103 tweets
Apr 22
Bonjour à tous,

116e jour d'audience au procès des attentats du #13Novembre 2015. Dernière journée consacrée à l'examen des expertises psychiatriques et psychologiques des accusés. Dernière journée également avant une pause d'une semaine.
Aujourd'hui, il sera question des accusés Mohamed Amri, Ali Oulkadi, Muhammad Usman, Adel Haddadi, Farid Kharkhach, Mohamed Bakkali et Yassine Atar.

LT à suivre ici.
Et je vous retrouve dans quelques minutes dans le journal de @BrunoDuvic sur @franceinter
L'audience reprend avec l'audition de la psychiatre Ariane Casanova, qui est la seule entendue aujourd'hui.
Elle débute avec l'accusé Adel Haddadi dont elle retrace le parcours jusqu'à son départ pour l'Etat islamique.
Read 42 tweets
Apr 21
Bonjour à tous,

115e jour d'audience au procès des attentats du #13Novembre 2015 et suite aujourd'hui des auditions d'experts qui ont été chargé des expertises psychiatriques et psychologiques des accusés.
Le compte-rendu de la 114e journée avec les premiers experts à la barre est à retrouver ici >
franceinter.fr/justice/proces…

Et LT à suivre ici.
On débute avec l'audition d'un psychiatre belge, entendu en visioconférence depuis Bruxelles.
Gérard Charles a été chargé de l'expertise psychiatrique de l'accusé Sofien Ayari. "On s'est entretenu en français. Un interprète en arabe était prévu mais il n'est jamais venu."
Read 99 tweets
Apr 20
Bonjour à tous,

Au procès des attentats du #13Novembre 2015, nous débutons la 31e semaine et le 114e jour d'audience.

Pour retrouver le compte-rendu d'incroyable 113e journée d'audience, c'est par ici > franceinter.fr/justice/proces…
Cette semaine sera consacrée à l'examen des expertises psychiatriques des accusés. En l'occurrence aujourd'hui celle de Mohamed Amri, Hamza Attou et Ali Oulkadi, soit les trois accusés qui ont véhiculé Salah Abdeslam après les attentats.

LT à suivre ici.
A très vite.
L'audience reprend, en l'absence habituelle d'Osama Krayem.
Les bancs des avocats sont très clairsemés, en défense comme en parties civiles.

La première experte psychiatrique s'avance à la barre, Magali Bodon-Bruzel s'est chargée de l'expertise de l'accusé Hamza Attou.
Read 50 tweets
Apr 15
Bonjour à tous,

113e jour d'audience au procès des attentats du #13Novembre ... et encore la suite de l'interrogatoire de Salah Abdeslam, resté à nouveau inachevé hier soir.

Le compte-rendu d'hier, signé @sophparm est d'ailleurs disponible ici > franceinter.fr/justice/proces…
Aujourd'hui, suite donc de l'interrogatoire de Salah Abdeslam. Mais aussi ceux des accusés Sofien Ayari, Mohamed Bakkali et Osama Krayem.

LT suivre ici.
Et retrouvez @sophparm dans le journal de 13h de @franceinter
L'audience débute avec la suite des questions des avocats de parties civiles à Salah Abdeslam.
Me Truong. "Si vous aviez pu, vous seriez allé en Syrie ?"
Salah Abdeslam, T-shirt gris à manches longues : "oui, je serais parti en Syrie. Pour ne pas revenir, en fait".
Read 64 tweets
Apr 13
Bonjour à tous,

Aujourd'hui, c'est le 111e jour d'audience au procès des attentats du #13Novembre 2015.
C'est aussi le jour des interrogatoires de Salah Abdeslam et Mohamed Abrini (alias l'homme au chapeau). Derniers interrogatoires sur le fond de ces accusés.
Hier, les deux hommes qui sont venus récupérer Salah Abdeslam à Paris après les attentats ont livré leur récit de cette nuit.
C'est signé @sophparm et c'est à lire ici > franceinter.fr/justice/proces…
Le LT du jour est à suivre sur ce compte
@sophparm se charge de vous raconter l'audience à l'antenne de @franceinter
Read 128 tweets

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