Thread by @mathieulaine

[Thread] Quand les promesses de rêve se transformeront en cauchemar ou @JLMelenchon décrypté par George Orwell dans La ferme des animaux. #orwell

Le socialo-communisme a ceci de fascinant qu'en formulant la plus belle des promesses, il n'a jamais offert à ceux qui, sincèrement, y ont cru, que crime, corruption et bureaucratie, caste dirigeante, arbitraire et enfermement.

Pourtant, tel un phénix renaissant des flammes de l'envie, il ressurgit, régulièrement, sur nos écrans comme dans les urnes (ou malgré la victoire d’autres aux urnes).

La liberté brandie par ses hérauts a beau toujours finir au cachot, derrière de bien sinistres barreaux, tout comme l'égalité, assassinée au cœur par la misère et la faim, l'injustice et la disharmonie,

on préfère souvent, en France, haïr le patron et sa belle et grande maison, que voir grandir, dans le pays, l'ombre d'une menace et l'annonce des cris.

Ce projet, ce fantasme, cette ambition séduisant une foule - que dis-je, une foule, «la rue», parée de toutes les vertus - rêvant, au fond, d'un paradis se faisant jour sur notre Terre, n'a d'autre nom que l'enfer.

Si L'Archipel du Goulag en a décrit, sous la plume d'Alexandre Soljenitsyne, la carcérale dérive, si Les Habits neufs du président Maoen ont peint, des yeux lucides de Simon Leys, l'insoutenable réalité chinoise

et si le Livre noir du communisme en a listé, orchestrée par Stéphane Courtois, la macabre comptabilité, un petit livre mérite, à l'heure où Jean-Luc Mélenchon s'impose comme l'opposant numéro un au président Macron, d'être lu ou relu : La Ferme des animaux, de George Orwell.

Dans ce court et savoureux missile littéraire précédant habilement son célèbre 1984, l'auteur anglais révèle, avec drôlerie, finesse et acidité, la dérangeante vérité des sociétés promises par les «Méluche» de tous les temps.

L'inclassable Orwell, qui ambitionnait expressément de faire « de l'écrit politique un art », a su, dans cette fable à l'abord facile et à la précision chirurgicale, dénoncer les infinies déviances du constructivisme poussé jusqu'à l'acmé

et le danger mortel de la manipulation et de l'emprisonnement psychologique d'une pensée réduite à son plus simple appareil.

Le découvrir, ou le redécouvrir, nous équipera face au mensonge et à l'horreur qui, l'air de rien, se banalisent tout en se réfugiant, prêts à bondir, derrière les sourires gouailleurs, les provocations de comptoir et les diatribes caricaturales et populistes à souhait.

Tout se passe dans la ferme de Mr. Jones, après le rêve prémonitoire du plus vieux des cochons, Sage l'Ancien, qui, haranguant, tel un Jean-Luc agricole, une basse-cour faite de poules, de chevaux, et de tant d'autres animaux, tant de vibrants «camarades»,

propose à ceux qui ont « une vie de labeur, une vie de misère, une vie trop brève » de cesser de se faire voler le « produit de (leur) travail (…) par les humains » et de supprimer « l'Homme, notre véritable ennemi ».

« Qui laboure le sol ? Nous ! Qui le féconde ? Notre fumier ! Et pourtant pas un parmi nous qui n'ait que sa peau pour tout bien (…) Soulevons-nous! (…) Ne perdez pas de vue non plus que la lutte elle-même ne doit pas nous changer à la ressemblance de l'ennemi. (…)

Mais surtout jamais un animal n'en tyrannisera un autre. Quand tous sont frères, peu importe le fort ou le faible, l'esprit profond ou simplet. Nul animal jamais ne tuera un autre animal. Tous les animaux sont égaux. »

Trois jours plus tard, ce Lénine porcin meurt. La révolution du prolétariat va toutefois, à la faveur d'une colère populaire, s'enclencher selon ses commandements.

Le cochon Napoléon, ressemblant à s'y méprendre à Staline, et Boule de neige, directement inspiré de Trotski, prennent le pouvoir. Et ce qui devait arriver, arriva.

Les belles promesses sont rapidement remisées. Moïse, le corbeau apprivoisé, finit assassiné. Les deux dirigeants se disputent le pouvoir. Boule de neige sera banni par les crocs violents de molosses aussi benêts que fidèles à celui qui prendra vite les pleins pouvoirs: Napoléon.

La tyrannie s'installe et les nobles principes fondateurs du régime égalitariste fondent comme la neige sous le soleil de Caracas.

La dictature se veut porcine, bête et méchante, grognant d'arrogance et de haine tout en prétextant correspondre à l'ambition première.

Les cochons deviennent non les égaux des animaux mais ceux des hommes, mimant leurs comportements et finissant, tout en exploitant les autres animaux de la ferme plus durement encore que leurs anciens adversaires, par devenir les amis et les complices de ceux qu'ils dénonçaient.

Au fronton de cette micro-société supposément parfaite ne subsiste bientôt plus qu'un seul « principe », fabuleusement dévoyé, si habilement trouvé : « Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres »!

Il est là, si justement décrit, ce piège liberticide, holiste et vénézuélien d'une société mélenchonienne, trempée de chavézisme et de marxisme, faisant, tel un boutiquier ayant réussi au point de voyager en classe affaires, commerce des peurs et des rancœurs

mais n'imaginant rien d'autre que le braquage à son service et à sa gloire des sources vives du pays, de ces inventeurs, de ces créateurs, de ces gens d'esprit, de ces métiers d'art, de ces professions libérales,

et plus largement de tous ceux qui, par leur travail et leurs efforts, contribuent à améliorer leur vie comme celle des autres.

Dans cet «aveu du roman», selon le mot de Mona Ozouf, derrière cette «vérité romanesque», pour reprendre celui de René Girard, transperce la dangerosité d'un régime rêvant de capter le pouvoir intégral à son seul profit tout en cocufiant un peuple

à qui il refuse en réalité de reconnaître la présomption de ses vertus morales, de son désir d'émancipation, de la pleine liberté de ses choix.