Mardi 17 mai apm, Bernard Doroszczuk, président @ASN présente le bilan de la sûreté nucléaire et de la #radioprotection 2021 devant @OPECST_ Suivez notre LT : "Notre appréciation sur l'année 2021 est que la sûreté des installations nucléaires ainsi que la radioprotection...
dans les secteurs médicaux, industriels et des transports de substances radioactives se sont maintenus à un niveau satisfaisant.
Le nombre d’événements significatifs de niveau 1 et 2 classés sur l’échelle #INES a continué à se réduire légèrement depuis 3 ans, avec 104 événements de niveaux 1 et 2 déclarés en 2021, contre 109 en 2020 et 115 en 2019. Un seul événement de niveau 2 a été déclaré en 2021.
Chez @EDFofficiel l’année 2021 a été particulièrement chargée en matière d’activités industrielles, après une année 2020 perturbée le #COVID19.
Pour autant, la qualité d’exploitation des installations s’est maintenue à un niveau satisfaisant et des progrès ont été constatés en matière de radioprotection après deux années de recul.
De manière générale, l’organisation des centrales nucléaires pour mener à bien les opérations de maintenance importantes, et notamment les visites décennales dont le rythme s’est notablement accéléré, a été satisfaisante.
Chez EDF, l’ASN constate depuis quelques années une amélioration de la stratégie de gestion des écarts affectant les installations qui tend à privilégier une résorption plus rapide.
Fin 2021, EDF a détecté des fissures liées à la corrosion sous contrainte sur des circuits raccordés directement au circuit primaire de plusieurs réacteurs.
Ces fissures constituent un événement sérieux et inédit pour le parc français. Ils conduiront à un programme de contrôle et de réparation de grande ampleur.
Les performances de certaines centrales EDF apparaissent néanmoins en retrait en matière de sûreté. C’est le cas de @EDFFlamanville qui reste sous surveillance renforcée, @EDFGolfech et @EDFGravelines, notamment du fait d’un manque de rigueur d’exploitation
"chez @Oranogroup, l’ASN considère que le niveau de sûreté des installations est demeuré à un niveau globalement satisfaisant en 2021, avec des avancées dans la gestion des projets complexes tels que les opérations de reprise et de conditionnement des déchets radioactifs anciens.
les dysfonctionnements de @OranoMelox ont entrainé une saturation plus rapide que prévue des capacités d’entreposage des matières plutonifères, et ont soulevé des enjeux particuliers de radioprotection des travailleurs sur lesquels l’ASN attend des améliorations sensibles.
Au @CEA_Officiel , l’ASN considère que la sûreté des installations et la gestion des déchets radioactifs demeurent dans la continuité de 2020, dans un contexte marqué par l’incertitude sur la poursuite de fonctionnement des installations anciennes
De manière structurelle, le @CEA_Officiel rencontre des difficultés pour gérer et respecter les délais des projets de démantèlement et de reprise et conditionnement des déchets anciens.
3 points de vigilance accompagnent cette appréciation générale pour les exploitants nucléaires :
- l’ensemble des exploitants doivent encore progresser sur la maîtrise du risque incendie, notamment en matière de gestion des entreposages et des stockages de matériels sensibles,
mais aussi en matière de gestion de la sectorisation permettant de circonscrire les feux.
- de même, et si des progrès ont été accomplis, l’ensemble des exploitants nucléaires doivent progresser dans l’organisation et les moyens de gestion de crise
dans les délais de mobilisation des équipes d’intervention et dans la réalisation d’exercices périodiques ;
- enfin, les exploitants doivent être attentifs à la conformité des installations, notamment au regard des phénomènes de vieillissement, de dégradation et de corrosion."
B. Doroszczuk passe la parole à Géraldine Pina, commissaire ASN pour un focus sur les activités médicales :
« En 2021, le niveau de radioprotection s’est maintenu à un niveau satisfaisant dans le domaine médical. Cela mérite d’être souligné dans un contexte de pandémie virale et dans un domaine qui s’inscrit dans une temporalité courte et en constante innovation.
La radioprotection dans le domaine médical est importante parce que l’exposition médicale représente la première cause d’exposition aux rayonnements ionisants d’origine artificielle pour la population
Lorsqu’une crise met ainsi en tension, et sur une durée longue, les structures de soin, c’est la bonne maitrise des fondamentaux de la culture de radioprotection qui devient la meilleure garante du haut niveau de radioprotection attendu.
Les décisions et le contrôle de l’ASN, ces dernières années, ont pour objectif de responsabiliser l’ensemble de la chaine, des décideurs aux acteurs, chacun étant un rouage important, à toutes les étapes de la vie des services.
Le domaine médical est un domaine dans lequel l'innovation est forte. Anticiper les changements est une priorité. Les constats faits en 2021 montrent une bonne adhésion aux fondamentaux de la radioprotection par les utilisateurs spécialistes des rayonnements ionisants,
mais des progrès sont encore attendus dans l’évaluation des risques et en particulier l’analyse des risques avant un changement, ou à l’issue du retour d’expérience d’événements indésirables.
Le président de l’ASN en vient maintenant aux enseignements tirés des événements qui ont marqué la fin de l’année 2021 et le début 2022 :
« ce qui ressort particulièrement de la seconde partie de l’année 2021 et du début 2022, ce sont les fragilités industrielles
qui touchent les installations nucléaires, et le débat qui s’est installé sur les choix de politique énergétique et la place du nucléaire dans ces choix.
Je porte 4 messages clés :
1/ Tout d’abord, le système électrique français doit faire face à une double fragilité inédite, qui résulte pour l’essentiel de l’absence de marge et d’un déficit d’anticipation.
La première fragilité concerne les réacteurs nucléaires d’EDF.
L’hiver 2021/22 a été marqué par une moindre disponibilité du parc nucléaire. A la moindre disponibilité prévisible s’est ajoutée cet hiver la décision d’EDF de mettre à l’arrêt plusieurs réacteurs suite à la détection d’anomalies de corrosion sous contrainte sur des tuyauteries
annexes au circuit primaire de certains réacteurs.
La seconde fragilité concerne l’industrie du cycle du combustible. Une série d’événements fragilise actuellement l’ensemble de la chaîne du « cycle » :
- d’abord, la saturation à horizon 2030 des piscines d’entreposage de combustibles usés de @OranolaHague qui n’a pas été suffisamment anticipée va conduire Orano à mettre en place des parades temporaires.
Ces parades ne présentent pas le même niveau de sûreté qu’une installation nouvelle.
- Ensuite, les difficultés de fonctionnement de @OranoMelox qui fabrique du combustible #MOX avec le #plutonium issu du retraitement des combustibles usés se sont aggravées en 2021.
Ces difficultés induisent une saturation dès 2022 des capacités d’entreposage des matières plutonifères qu’il faut gérer en urgence.
Enfin, les capacités de retraitement de l’usine d’Orano se sont vues fragilisées du fait de corrosions plus rapides que prévues découvertes sur certains équipements.
Chacun de ces événements, s’ils s’aggravaient, pourraient dégrader encore davantage la marge avant saturation des piscines de @OranolaHague et pourrait, par ricochet et de manière systémique, fragiliser le fonctionnement des centrales nucléaires
dans la mesure où elles ne pourraient plus évacuer les combustibles usés de leurs installations.
Globalement, ces situations et fragilités, qui résultent pour l’essentiel de l’absence de marge pour la sûreté dans le dimensionnement du système électrique
et d’un déficit d’anticipation, doivent servir de retour d’expérience pour l’ensemble de la filière nucléaire et pour les pouvoirs publics, notamment dans le cadre des choix de politique énergétique à venir.
2e message essentiel de l’ASN : des préoccupations majeures sont à intégrer dans les choix de politique énergétique :
1/ Tout d’abord, dans les 5 ans qui viennent, la justification de la capacité des réacteurs les plus anciens à poursuivre leur fonctionnement au-delà de 50 ans.
A ce stade, les éléments mis à disposition de l’ASN lors de l’instruction du quatrième réexamen de sûreté des réacteurs de 900 MWe ne permettent pas de conclure que la poursuite de fonctionnement de certains de ces réacteurs est acquise au-delà de 50 ans.
2/ Ensuite, à l’horizon 2050, l’un des scénarios envisagés par @rte_france présente un mix électrique avec une part d’électricité nucléaire proche de 50 % en 2050. Ce scénario repose sur un programme ambitieux de construction de nouveaux réacteurs,
mais aussi sur le fonctionnement de certains réacteurs actuels au-delà de 60 ans, et la prolongation d’exploitation de tous les autres réacteurs du parc jusqu’à 60 ans.
Ce scénario présente le risque d’engager le système électrique dans une impasse,
dans le cas où le nombre de réacteurs aptes à fonctionner jusqu’à, ou au-delà, de 60 ans serait insuffisant. Il ne faudrait pas que, faute d’anticipation suffisante, la poursuite de fonctionnement des réacteurs nucléaires soit considérée comme la variable d’ajustement
3/ Enfin, d’ici la fin de la décennie au plus tard, le gouvernement devrait se prononcer sur la poursuite ou pas du retraitement des combustibles usés à l’horizon de 2040.
Quelle que soit la décision, il faudra en anticiper les conséquences d’au moins une dizaine d’années : soit prévoir la rénovation des installations actuelles si le retraitement est poursuivi, soit anticiper la mise en place de solutions alternatives si le retraitement est arrêté.
Le 3e message de l'ASN est que la perspective d’une relance des activités nucléaires rend la question de la gestion des déchets encore plus prégnante.
Une politique exemplaire en matière de gestion des déchets radioactifs devrait reposer sur 3 piliers :
1/ le choix, étalé sur la durée du futur #PNGMDR, de solutions concrètes à mettre en œuvre pour la gestion sûre de tous les types de déchets à horizon 2040.
2/ un exercice de sincérité de la part des exploitants pour ne pas artificiellement vouloir maintenir classées durablement en tant que matières, des substances qui ne sont pas susceptibles d’être valorisées.
3/ la reprise et le conditionnement dans des délais maîtrisés des déchets anciens du nucléaire historique qui présentent les plus forts enjeux de sûreté et de radioprotection
Le dernier message de l’ASN concerne les besoins en investissement et en compétence de la filière nucléaire pour faire face aux défis à venir.
Les démarches engagées en 2020 dans le cadre du plan Excell @EDFofficiel et au sein du @_GIFEN traduisent une réelle mobilisation collective. L’ASN estime que ces objectifs devront être largement re-dimensionnés.
La capacité technique des exploitants, de leurs sous-traitants et des entreprises prestataires de la filière sera une des préoccupations principales de l’ASN.
Olivier Gupta, DG @ASN, ajoute : "A l'avenir, nous aurons besoin de personnel plus expérimenté, parce que les sujets techniques sont plus complexes, et parce que nous devons aussi gagner en expérience sur le contrôle des organisations.
Au-delà même de la question du nombre de postes supplémentaires, il nous faudra rééquilibrer notre pyramide interne au profit de postes plus expérimentés.
l’objectif du contrôle de l'ASN est de vérifier que l’exploitant assume correctement sa responsabilité première, ce n’est pas de vérifier tous ses faits et gestes et de se substituer à lui.
O Gupta termine par un message sur le contexte international : "malgré la relance du nucléaire en France, perte de vitesse du nucléaire en Europe, avec un centre de gravité qui se déplace vers l’Est, vers l’Asie.... risque d’isolement de 2 grands pays nucléaires :
la Chine qui reste fermée depuis le début de l’épidémie de Covid et la Russie qui est isolée en raison de la guerre en Ukraine. Les deux pays les plus actifs en matière nucléaire sont isolés du reste du monde.
nous allons donc devoir redoubler d’effort pour faire prévaloir, en lien avec nos partenaires européens, une vision ambitieuse de la sûreté nucléaire à l’échelle internationale."

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Mar 24
Les 40 ans font référence à des hypothèses de conception de certains matériels tels que la cuve du réacteur. Cela ne veut pas dire que ces matériels ne peuvent pas fonctionner plus longtemps. #sûreténucléaire
@Kako_line @hugoclement @GeWoessner @MySter_Brun_s
En France, il n’y a pas de durée de fonctionnement limitée pour les installations nucléaires. La possibilité de prolonger le fonctionnement est interrogée tous les 10 ans lors du réexamen périodique imposé par le code de l’environnement.
Deux sujets sont examinés lors du réexamen de sûreté :
- la conformité du matériel aux exigences de son référentiel ;
- la réévaluation des exigences applicables au regard du retour d’expérience, de l’évolution des connaissances et des standards les plus récents.
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Jan 19
A moyen terme, d’ici la fin de la décennie au plus tard, le gouvernement devrait se prononcer sur la poursuite ou pas du retraitement des combustibles usés à l’horizon de 2040.
Il faudra en anticiper les conséquences d’au moins une dizaine d’années : soit prévoir la rénovation des installations actuelles si le retraitement est poursuivi ; soit anticiper la mise en place de solutions alternatives pour la gestion des combustibles usés...
Le gouvernement devrait se donner les moyens de décider, à l’issue des 5 ans qui viennent, de la place du nucléaire existant dans le mix énergétique à l’horizon 2050...
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Jan 19
19 janvier 2022, 9h30, vœux à la presse du président de l'ASN : "en 2021, la sûreté des installations nucléaires, ainsi que la radioprotection dans le secteur industriel et dans le transport des matières radioactives, se sont maintenus, dans l’ensemble, à un niveau satisfaisant.. Bernard Doroszczuk, président de l'ASN. Crédit : ASN/V. Bo
Dans le domaine médical, malgré l’effet de la pandémie sur le fonctionnement des services de santé, l’état de la radioprotection est resté comparable à celui de 2020, et aucune défaillance majeure n’a été détectée dans la radioprotection des professionnels, des patients...
Mais ce qui ressort plus particulièrement de l’année 2021, ce sont surtout les fragilités industrielles qui touchent tant le parc nucléaire des réacteurs que les installations du cycle combustible...
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