Charlotte Piret Profile picture
May 18 135 tweets 22 min read
Bonjour à tous,

Les témoignages de victimes se poursuivent au procès des attentats du #13Novembre 2015.
Hier, la cour a notamment entendu les membres du groupe Eagles of Death Metal, au Bataclan ce soir-là.
Le compte-rendu est à retrouver ici > franceinter.fr/justice/proces…
Aujourd'hui, 17 victimes du Bataclan sont attendues à la barre.

LT à suivre ici.

Tous les accusés étant dans le box (comme hier), l'audience peut débuter immédiatement.
Vanessa, 33 ans, s'avance à la barre. "Je travaille dans une agence de communication, comme j'ai l'impression la moitié de Paris. Je suis une femme assez banale. Sauf pour cette phrase que je dis souvent : "j'étais au Bataclan le #13Novembre 2015".
Vanessa : "j'ai 27 ans en novembre 2015. Quand l'attaque a commencé, je me suis dit : je vais mourir aujourd'hui dans un concert parce que j'aime le rock, parce que j'aime la vie et que j'en profite chaque seconde."
Vanessa : "on a multiplié les concerts cette semaine-là. Je pressens un concert génial, un concert de folie. Les premiers coups retentissent. Même quand je vois les gens grimper les uns sur les autres comme des animaux pris au piège, je me suis dit : ce n'est rien".
Vanessa : "en rampant, j'ai répété ce qui est devenu mon mantra : tout va bien. Laisser passer ce petit garçon de 8 ans et sa mère en répétant "tout va bien"."
Vanessa : "j'ai fait la technique des enfants quand ils ont peur : attendre chaque minute la suivante en espérant que ce soit la dernière. C'est comme ça que j'ai tenu 4 heures et demie.
Pendant 5 ans, j'ai fait semblant que tout allait bien."
Vanessa : "et puis un jour, je n'ai plus dormi. Plus une seconde. Plus de repos. Mon corps me tapait sur l'épaule en me disant qu'il n'allait pas me lâcher. Avec la fatigue, j'ai commencé à penser de moins en moins que tout allait bien."
Vanessa : "j'étais coincée dan sle monde d'avant et je m'y accrochais férocement. Et puis finalement, j'ai lâché. Et j'ai entraperçu la douceur du monde, de mon histoire, même au Bataclan. La solidarité dans ces moments les plus sombres."
Vanessa : "j'ai tellement fermé les yeux sur cette jeune fille de 27 ans qu'elle a fini par me tenir les yeux grands ouverts la nuit.
Une jeune fille en marinière a fait une longue déposition au début du procès. Je voulais la remercier, elle m'a aider à un peu plus réaliser."
Vanessa : "j'aimerais vous lire le texte d'une jeune fille de 27 ans que j'ai si peu écouté, qui a été si peu entendue et qui mérite .... [elle pleure] ... une part de votre attention."

Elle lit son texte.
"je prends par première grande inspiration depuis maintenant 4h ..."
Vanessa poursuit sa lecture : "peu de choses m'ont traversé l'esprit dans cette planque. Et la première : ne pas faire de bruit.
Et la deuxième : que je ne mourrais pas au sol. S'il arrive, je me lève, je hurle, je lui crache dessus."
Vanessa lisant son texte écrit en 2015 : "j'ai pris le métro pour rentrer chez moi et j'ai eu la plus intense crise d'angoisse de toute ma vie. J'aurais pu tomber à genoux dans la rame. En rentrant chez moi, je n'ai pas pleuré."
Vanessa achève sa lecture : "je resterai debout. C'est la vie qui me l'a appris".
Elle remercie la cour "pour la place que vous nous donnez et pour l'espace d'humanité dont on manque tant et que vous créez entre ces murs".
Karena s'approche de la barre, une feuille manuscrite à la main.
"Je suis désolée, je suis très stressée, c'est plus dur que je ne le pensais" s'excuse-t-elle d'emblée.
Karena : "je suis rentrée dans le Bataclan, il y avait un jeune homme au vestiaire très sympa. Je me suis toujours demandée s'il avait survécu".
Au moment des premiers tirs, "je me trouvais devant le bar. J'ai de la chance, je n'étais pas dans la fosse."
Karena : " j'ai d'abord vu des gens courir vers moi. Je me suis dis : "c'est bizarre". Et puis, j'ai vu leurs visages, la terreur pure sur leurs visages. Je n'avais jamais vu ça de ma vie. Rien que d'en parler, ça me redonne des frissons."
Karena se réfugie dans un placard technique à l'étage. "J'ouvre la porte et je me mets dedans. Quelques secondes plus tard, un homme est arrive, je l'ai tiré dans le placard. C'était un tout petit placard. La peur était épaisse comme de la soupe. C'était la terreur."
Karena : "on était dans le noir, dans notre peur. Nicolas avait une veste en cuir qui faisait du bruit quand il bougeait. Je n'arrêtais pas de faire "chut" et lui me répondait "ta gueule". Nicolas, je suis désolée, j'étais un peu chiante."
Karena : "à un moment, mon téléphone a sonné. Et Nicolas l'a brisé en deux. Mais j'étais d'accord, comme ça, il n'y avait pas de bruit qui venait du placard.
On a passé des heures comme ça, Nicolas accroupi et moi debout."
Karena : "je commençais à dire au revoir à mes trois enfants dans ma tête. Et au revoir la vie.
A l'époque mes enfants avaient 3, 5 et 11 ans donc ils avaient toujours besoin de leur maman.
Et puis c'est l'attente, l'attente, l'attente. Les tirs, la peur."
Karena : "puis on a entendu un grand boum, tout a tremblé, le plâtre du plafond tombait. Mais j'ai commencé à me sentir soulagée car je me suis dit : "il y a quelque chose qui se passe."
Karena a la voix qui se brise : "j'entendais un bruit qui ressemblait à un "Om". J'ai réalisé bien plus tard que c'étaient les gémissements des gens qui étaient en train de mourir. Et ça c'était très difficile à entendre. Comme vous pouvez l'imaginez."
Karena parvient à quitter le Bataclan après l'assaut des forces de l'ordre. "J'étais sauvée".
"Le lendemain, j'ai découvert le stress post-traumatique. Mon fils de 5 ans a juste fermé un jouet qui a fait clic. Et moi, j'ai eu très peur. Et c'est comme ça depuis."
Karena : "moi, j'ai souffert. Mais cela reste entre moi et mon psy. Mais j'ai un fils qui doit voit un psy car c'est comme s'il avait absorbé mon stress post-traumatique. C'est toujours difficile pour mes enfants. Et ça, ça me crève le coeur."
Karena : "en tant qu'Américaine, je remercie la France pour ce qu'elle m'a fait. Car mon suivi n'aurait pas été le même aux Etats-Unis je pense. Je voudrais aussi remercier Nicolas d'avoir vécu ça avec moi et de m'avoir supportée dans ce placard."
Karena : "je voudrais aussi remercier l'association @lifeforparis qui est comme ma famille maintenant. Je pense que je ne m'en serais pas sortie aussi bien sans eux."
Emmanuel, T-shirt noir d'où s'échappe un tatouage sur le bras gauche et longue barbe témoigne à son tour. Il explique ne pas avoir encore reconstitué tous ses souvenirs de cette nuit-là. Mais se souviens "de la sensation visqueuse d'un sang qui n'étais pas le mien".
Emmanuel : "je me souviens aussi qu'on m'a expliqué que si la balle n'a pas explosé mon genou au moment de l'impact c'est parce qu'elle avait traversé plusieurs corps avant moi."
Emmanuel : "j'ai parfois l'impression qu'une nouvelle personne est née ce soir-là. J'ai un nouveau regard sur la société et moi-même.
Cela génère beaucoup de problèmes des confiance et d'estime de moi."
Emmanuel :"je me pose souvent la question des termes qui me définissent : survivant, rescapé, victime. Victime résonne le plus en moi. Et je ne peux constater que le traitement des victimes d'attentats et victimes de violences sexuelles n'est pas le même".
Emmanuel : "alors je vous demande d'accorder la même compassion et bienveillance à toutes les victimes. Car nous en avons tous et toutes besoin."
François, chemise à carreau tient tout d'abord à remercier la cour "de permettre à ceux qui se sont décidé sur le tard, comme moi, à livrer leur parole."
François tient aussi à préciser que "mourir n'est pas la même chose que se faire tuer, se prendre une balle n'est pas la même chose que se faire tirer dessus : derrière ces actions, il y a une volonté. Derrière ces attentats, il y a une volonté, ce n'est pas un accident."
François : "j'ai été touché dès les premières secondes de la fusillade, je suis tombé au sol. Je me souviens d'abord de ma révolte et pardon pour mon langage peu châtié : "bordel de merde, je ne vais quand même pas crever dans un putain de concert des Eagles of Death Metal".
François : "je me souviens qu'après les premières fusillade, c'était le moment le plus difficile de la soirée, car ce sont détonations, un par un. Et vous vous demandez si le prochain sera vous. Impossible de vous dire combien de temps ce tic tac macabre aura duré."
François : "je suis dans le dos d'une autre personne qui respire. J'ai mal. Je mors son T-shirt pour ne pas crier. A force de le mordre, j'ai un morceau qui m'est resté entre les dents."
François est évacué avant l'assaut : "ils me trainent à l'extérieur du Bataclan, me mettent sur une barrière Vauban. Et je commence à réaliser l'ampleur de ce qu'il se passe. Il y a des blessés partout, du sang partout".
François : "je reprends conscience cinq jours plus tard, dans une chambre d'hôpital. Et j'éclate en sanglots, de joie d'être en vie. Malheureusement, l'état de grâce ne dure pas très longtemps. Il y a d'abord la douleur, puis la terreur. Puis les complications."
François : "je tiens à remercier ma famille et mes amis proches qui ont été plus que magnifiques mais aussi des connaissances voire des inconnus qui m'ont soutenu pour surmonter tout ça, quoi."
François : "c'est plus difficile de ressentir, d'être dans l'empathie pour les autres. Plus difficile de rire, de pleurer. Plus difficile d'aimer. Plus difficile d'être heureux. Tout simplement;"
François : "C'est difficile d'accepter que la personne qui est entrée dans le Bataclan et celle qui en est sortie ne sont pas les mêmes. Moi j'ai voulu reprendre ma vie là où je l'avais laissée le plus rapidement possible. Mais en fait ce n'est pas comme ça qu'il faut le traiter"
François cite Othello de Shakespeare : "ni le pavot, ni la mandragore, ni tous les sirops narcotiques du monde ne te rendront jamais ce doux sommeil que tu avais auparavant".
François s'interroge aussi sur le préjudice pour l'Etat. "Est-il la somme de celui des victimes? Ou encore plus grand puisque l'Etat a failli dans sa protection des citoyen? Comme tout le monde, j'ai voulu comprendre comment un être humain pouvait être embrigadé à ce point-là"
François : "j'ai essayé d'étudier le mal, à travers la philosophie, la psychologie. J'ai beaucoup lu Arendt, Freud. Et j'en suis arrivé à la conclusion que oui, le mal existe. Et qu'il faut s'y faire."
François : "après les attentats, il y a eu une espèce d'injonction à ne pas avoir de haine. A ne pas s'abaisser. Et au début, je me suis dit que j'étais très content de ça. Mais en fait, oui, je hais."
François : "Je hais. Et je n'en ai pas honte. C'est normal. Je hais toutes les personnes qui ont pris toutes ces vies, en ont détruit beaucoup d'autres et ont essayé d'en prendre d'autres, dont la mienne."
Robert succède à François à la barre. "J'ai mis beaucoup de temps à me décider à venir témoigner" explique-t-il d'emblée.
Ce soir-là, il était avec un ami. "On a bu 2 bières, 3 bières, 4 bières. On a fumé quelques joints aussi. On n'avait presque plus envie d'aller au concert."
Au moment de l'attaque, "j'ai été projeté par terre, piétiné" explique Robert. "Je me suis collé au bar comme je pouvais. J'ai perdu la trace de mon ami, j'ai longé le bar. Arrivé à l'extrémité, j'ai senti un courant d'air. je me suis caché avec deux filles sous le bar."
Robert : "puis j'ai foncé dans un petit réduit où ils rangent des bouteilles de gaz, une machine à café. Il suffisait de se pencher pour voir deux silhouettes. Le plus grand criait : "tes mains, tes mains, ... bam bam bam". L'autre qui rigolait".
Robert : "On est au-dessus du stade de la peur. J'en vois passer un, habillé d'un survêt. Il ne me voit pas. Puis il y en a un deuxième, puis un troisième, un petit, surexcité. Le sentiment de mort imminente est là."
Robert : "dans la fosse, j'ai entendu quelqu'un dire : "c'est bon on peut se lever, ils sont montés". Mais j'entends bam bam. Et je vois les gens se coucher comme des blés. C'était pas le bon moment. La deuxième fois non plus ce n'était pas la bonne. La troisième si."
Robert voit les deux filles avec lesquelles il s'était caché "par terre. Je les remets assises, l'un contre l'autre, un peu comme des livres dans une bibliothèque. Je suis désolé, mais je ne pouvais pas les laisser par terre."
Robert finit par fuir "mais sans piétiner. Je sautais comme un cabri", se réfugie dans un commissariat. "On avait tous peur. Même les flics ont pris leurs gilets et leurs Famas".
Robert : "je me souviens absolument de tout. Il y a peut-être quelques détails qui m'échappent. Mais je me souviens des visages, des bruits, des odeurs. Cette odeur métallique de sang et de poudre. C'est dégoûtant. Ca pue."
David, "n'a pas eu la force de venir s'exprimer à la barre" explique son avocate. Elle lit donc son texte à sa place.
"Ca jouait vite fort et bien. Au bout d'une quarantaine de minutes, des déflagrations se font entendre. Clac clac clac."
Texte de David : "j'ai immédiatement pensé à un attentat. Subitement et à l'aveugle, je me faisais basculer tête la première contre le garde corps pour atterrir dans la fosse. Je suis plaqué au sol, pris dans cet enchevêtrement de corps".
Texte de David : " tout a coup, une voix brisa le silence. "Ca c'est pour ce que fait votre président François Hollande" cria l'un des assaillant dans un français parfait".
Texte de David : "des râles de douleur se faisaient entendre, des suppliques pour être épargné aussi. Je commençais à perdre pied. Quitte à mourir, je préférais que cela soit debout. Des gens ont commencé à se relever, à se bousculer. Puis les tirs ont repris."
Texte de David : "mes pieds marchaient sur des corps. A ces vivants, à ces morts, je demandais pardon, pardon, à voix basse.
Dans le hall, un homme en tenue sombre, un revolver à la main. Il nous intima l'ordre de sortir. Dehors, des camions de police, des barrières".
Texte de David : "le temps a passé depuis ce funeste vendredi 13. Je suis toujours sous antidépresseurs. Des réflexes d'hypervigilance se sont tout de suite mis en place. La moindre sirène, une alerte. Même le son d'un simple pétard était insupportable."
Texte de David : "les cauchemars et les rêves morbides se sont multipliés. Mes lieux de sortie se sont drastiquement restreints.
Je me coupais progressivement du monde pour tomber dans l'alcoolisme."
Texte de David : "je n'avais plus de prise sur ma consommation qui dépassait les dix bouteilles hebdomadaires de vin. Je développais également des comportement à risque."
Texte de David : "avoir vécu et vu l'horreur, en être sorti physiquement indemne malgré moi, tout cela m'avait fait touché le non sens de la vie. A quoi bon vivre? Je souhaitais que cela finisse."
Texte de David : "je ne souhaitais pas assister au procès. Chaque jour de présence à l'audience est difficile. J'en sors éprouvé et épuisé. Etre face aux accusés à été dur à apprivoiser. Venir au procès m'a aussi permis de m'inclure parmi les victimes."
Texte de David : "j'ai le privilège de pouvoir assister à la justice en train de se faire. Ce procès est la règle commune que nous opposons à l'arbitraire. J'espère que la colère qui m'habite encore sera abolie par le verdict que j'accepterai quel qu'il soit."
Reprise de l'audience et des témoignages de parties civiles après une petite pause.
Cyprien est le prochain à témoigner. "J'ai beaucoup hésité à venir témoigner. J'ai eu le temps de pas mal ruminer. Je crois que j'ai surtout peur de ne pas venir parler."
Cyprien : "ce soir-là, on avait prévu d'aller au concert avec un de mes meilleurs amis et son père. On a bu quelques bières sur le chemin. On est arrivés dans la salle entre la première partie et le début du concert. On s'est placés à l'arrière de la fosse".
Cyprien :"je crois que j'ai nié la réalité le plus possible. Il y a un premier mouvement de foule, on est bousculés. Un gars me regarde avec des yeux très affolés en me disant que c'est son anniversaire, qu'il a ramené tous ses amis et que s'ils crèvent c'est de sa faute. "
Cyprien : "On est tous entassés. Moi j'ai peur que les gens s'étouffent donc je chuchote pour voir si tout le monde va bien. On me fait vite comprendre qu'il faut que je la ferme parce que ça tire."
Cyprien : "je pense à ma famille, mes amis, la fille que j'aimais à l'époque. A tout ce que je ne vivrai pas parce que j'ai 20 ans et que c'est quand même un peu jeune pour mourir. Je serre les dents, je me dis que c'est pour moi. Mais bizarrement rien ne se passe."
Cyprien : "on finit par être extirpés de notre cachette sous la régie et je me rends compte de l'ampleur du désastre. Je pense que j'ai vu des choses que ma mémoire a occulté. Je me comprends pas pourquoi nous on est miraculés et qu'il y a ces gens qu'on laisse derrière"
Cyprien : "le lendemain, on va faire la fête. C'est assez spécial, l'alcool faisait à peine effet. Mais on avait la chance d'être entourés. Mais c'était le chaos dans mon esprit. Et c'est un peu à l'image de l'année qui suit."
Cyprien : "je cherche un peu de paix. Pour le jeune que j'étais à l'époque et ce que je vais devenir. Depuis que le procès a commencé, j'ai jamais autant eu envie de vivre, ce qui est positif. Et je digère un peu moins seul l'événement."
Cyprien : "le procès met la lumière sur des questions politiques ou religieuses mais il ne fait pas plus sens. Mais ce manque de sens ne m'empêche pas de vivre comme je vis aujourd'hui."
Place au témoignage de Louise, au Bataclan avec son amie Tiphaine ce soir-là.
"Il y a quelqu'un qui est tombé sur moi et qui n'était plus vivant. Qui avait ce regard vide comme dans les films. Alors j'ai compris qu'il fallait se mettre au sol. Et j'ai perdu mes chaussures."
Louise : "une balle m'a frôlé la tête. C'était pas grave, mais ça saignait beaucoup. Donc, pendant plusieurs minutes, j'ai pensé que j'allais mourir. C'est long plusieurs minutes quand on pense ça."
Louise : "ce que j'attends du procès : pas grand chose. Je n'ai pas trop confiance en vous, désolée. Je ne sais pas pourquoi mais je n'ai pas trop confiance. Je crois juste que le seul truc qui m'intéressait c'était si parler devant vous peut me libérer. Ce serait sympa."
Naïma s'avance ensuite : "je me souvenais de cette fille, Louise, qui vient de témoigner et dont je ne connaissais pas le prénom. Je voulais dire que son regard apeuré m'a ramené un peu d'humanité dans cette scène d'horreur. C'est un des regards qui m'ont marquée."
Naïma se tourne très vite vers le box : "qu'est-ce que vous allez retenir de tout ça, vous les accusés, vous dont le regard me pèse le plus?" Elle les regarde. "Mais en fait, ça me fait du bien parce que cela vous redonne de l'humanité et ça m'aide beaucoup".
Naïma a choisi de s'exprimer en poésie. Extraits : "j'ai accepté que je ne suis plus, mais au sol, dans le sang, au Bataclan, j'attends. Le bruit de mes yeux qui se promène sur la salle me semble déjà trop."
Naïma : "je suis consciente d'être en vie. Et du hasard que cela représente. Du poids que cela crée en moi. Et de la légèreté que cela m'apporte parfois. "
Au tour de Loïc de livrer son témoignage à la cour. "Je voulais d'abord commencer par vous remercier de nous avoir donner cette possibilité de parler. Je sais que cette seconde vague de témoignage, ce n'est pas vraiment l'usage."
Loïc : "à quoi bon venir raconter une nouvelle fois cette soirée d'horreur absolue quand vous tous l'avez déjà entendue beaucoup trop de fois, dans ses moindres détails?"
Loïc : "pourquoi évoquer la peur, les regards terrifiés, les pleurs, les gémissements ? Et puis tous ces coups de feu, ces CLAC CLAC CLAC CLAC qui résonnent aussi distinctement, comme autant de vies qu'on arrache."
Loïc : "avec, à chaque fois, le soulagement de ses dire que la balle n'était pas pour nous. Mais aussitôt suivie de la culpabilité terrible de se dire que, justement, elle n'était pas pour nous. "
Loïc : "les victimes qui, comme moi sont toujours là pour venir en parler, trouvent le courage de se tenir ici devant vous, devant les accusés, pour raconter leur histoire. Cela demande un courage fou."
Loïc : "mon fils aura trois ans demain. Ma fille deux mois dans quelques jours. Ils n'ont aucune conscience qu'ils sont, malgré eux, des rescapés. Je suis là aussi pour qu'ils sachent qu'il ne faut pas s'attarder sur la noirceur de quelques uns."
Loïc : "je n'ai pas de haine. Juste une grande colère. Et beaucoup, beaucoup d'incompréhension. Pourquoi? A quoi bon toutes ces morts inutiles?"
Siham, chemise verte foncée s'est avancée : "j'avais 25 ans en 2015. Je suis moitié marocaine, moitié française. J'ai passé une partie de mon enfance à Molenbeek, à Bruxelles. J'ai passé une partie d'un été à jouer dans la rue des Quatre-Vents avec mes cousins."
Siham était au concert avec son amie Kim. Elle explique que pour fuir, elle a du se défaire de "sa poignée, j'ai eu des griffures sur les mains après. Ce qui a a été difficile après à gérer. D'un point de vue de la culpabilité. C'était très difficile d'assumer d'être partie."
Siham finit par apprendre que son amie est en vie. "Et la culpabilité se lève un peu quand je peux aller la voir le lendemain, qu'elle ne m'en veut pas et qu'on peut rester amies".
A la barre à son tour, Julien explique être arrivé tôt au Bataclan avec sa compagne ce vendredi #13Novembre 2015.
A son tour, il raconte le début de l'attaque, la tentative de fuite, "sur les corps". La peur "que ma compagne meurt, mais non".
"C'était un charnier", ajoute-t-il.
Julien évoque aussi l'après : "les semaines suivantes étaient vraiment compliquées, j'étais un zombie, je dormais peu, quand je dormais je rêvais que j'étais dans la fosse avec ma compagne dans les bras".
Julien : "je vis surtout avec ma culpabilité : d'avoir faire vivre ça à ma compagne, mes proches. De n'avoir pas pu aider d'autres victimes, comme cet homme blessé dans le passage Amelot, j'en suis désolé."
Julien : "avec ma compagne, on est toujours ensemble. ON avance bon gré, mal gré. Deux enfants sont venus nous rejoindre depuis. Et on a pris la décision de ne pas leur dire. Le drame s'arrêtera avec nous."
Julien achève son témoignage. Il quitte la salle avec sa compagne.
Le suivant à s'avancer à la barre souhaite que ni son nom ni son prénom ne soit diffusé.
Nous l'appellerons Timothée.
Assez rapidement, il parvient à fuir : "j'ai écrasé des gens pour ne pas être écrasé".
Dehors, Timothée croise un jeune homme blessé, lui prend la main, tente d'appeler les secours. "Puis j'ai lâché sa main".
"J'étais rentré dans ce Bataclan avec des rêves d'enfant, mais c'est avec des projets monumentaux que j'en suis sorti".
Timothée explique avoir changé de métier pour devenir animateur radio, avoir arrêté la drogue, commencé le théâtre d'improvisation. Jusqu'à ce jour où il a du, à l'antenne, lire cette phrase sur les "fausses victimes de l'attentat". "Le déni s'est arrêté là".
Timothée dans une adresse aux accusés : "vous vouliez taire notre musique, nous en ferons des films, vous avez échoué. Vous avez échoué car c'est nous qui écrirons l'histoire grâce à notre vérité et notre goût de la justice. Nos libertés sont plus importantes que nos vies."
Timothée : "la promesse d'un paradis à venir vous empêche de voir la beauté présente que nous autres savourons. Nous oublierons jusqu'à vos noms. Vous n'aurez pas votre haine. Pas plus que vous n'aurez notre pardon."
Emilie lui succède à la barre. Elle explique avoir choisi de témoigner "parce qu'au Bataclan, nous étions silencieux." Mais aussi car "les prises de parole des accusés ont été, pour ma part, écoutées, analysées et appréciées qu'elles aient été une stratégie de défense ou pas"
Emilie était seule au concert ce soir-là : "j'avais déjà fait des concerts seule, mais je n'avais jamais autant parlé à des gens".
Au moment de l'attaque, elle se trouve dans la fosse. "Je me suis retrouvée complètement sur la barrière."
Emilie : "j'avais en face de moi la tête de Patricia avec qui j'avais échangé quelques mots. Elle était blonde et je n'avais qu'une seule angoisse : que sa tête n'explose et que je me reçoive une balle dans la tête."
Emilie parviens à fuir après "8 minutes", se réfugie dans un appartement. Puis un autre.
L'après pour elle, comme pour beaucoup de victimes, est une vie d'"agoraphobe", peur des transports en commun etc.
Le président propose une nouvelle pause avant les quatre dernières auditions de victimes prévues aujourd'hui.
Avant la suite des auditions de parties civiles, Me Frédéric Bibal souhaite dire un mot : "nous avons appris avec tristesse le décès de François Rudetzki. C'est une très lourde perte. Elle a été victime d'attentat, a fondé SOS Attentat."
Me Bibal au sujet du décès de Françoise Rudetzki : "elle a accompagné de très nombreuses victimes au cours de procès d'attentats terroristes. Elle est à l'origine directe et personnelle du statut des victimes d'attentats."
Me Bibal au sujet du décès de Françoise Rudetzki : "nous sommes extrêmement émus d'apprendre ce décès. Et mesurons la perte que cela va représenter pour les victimes."
Sarah s'est maintenant avancée à la barre. Elle raconte que ce soir-là, elle s'est changée avant d'aller au concert. "Pour le concert mais aussi parce que j'avais un rendez-vous galant. C'était le premier rendez-vous avec un homme avec lequel je discutais via une application."
Sarah : "le concert battait son plein, la vie en moi aussi."
Puis, des bruits, un mouvement de foule, "j'ai été poussée par cette foule, forcée d'avancer. Les tirs ont recommencé, un garçon est tombé devant moi. Je veux dire par là qu'il a été fauché par ces tirs."
Sarah : "j'étais allongée, quelqu'un était sur moi. Je sentais son poids sur ma jambe qui était dans une position pas naturelle.
A un moment, j'ai réussi à tourner la tête et j'ai vu la quantité de personnes blessées ou mortes dans la fosse."
Sarah : "j'ai le souvenir d'un homme qui disait : "le premier qui bouge, je lui tire dessus." Un spectateur a bougé et il s'est fait tirer dessus, il a dit quelque chose comme : "putain, ma main, ma main". Le ton de sa voix était de l'incrédulité et de l'horreur".
Sarah : "j'entendais un homme gémir de douleur devant moi et sa femme qui le suppliait de ne pas la quitter. D'après ce que j'en sais, il semblerait que cet homme ait survécu."
Sarah : "les policiers nous ont dit de ne pas regarder. Mais nous étions obligés de regarder où nous mettions les pieds et donc l'horreur, les corps, le sang. Il y avait des débris de verre, des morts, des blessés, des victimes errantes et perdues. Le chaos."
Sarah : "la suite a été difficile : obsèques de Nathalie, les problèmes de cervicales semblables à ceux qui résultent d'un accident de voiture, les séquelles psychologiques.
Depuis, je suis retournée au bar, restaurant, concert, même si maintenant je me place près de la sortie"
A la barre, Patrick salue comme d'autres avant lui, les témoignages des autres parties civiles qui se sont succédées à cette audience.
Patrick s'est rendu au concert ce soir-là avec son ami Xavier, vêtu d'un "costume deux pièces parce que je voulais le ramener chez mes parents et la meilleure manière de le faire c'était encore de le porter"
Patrick explique pendant l'attaque, alors qu'il est allongé sur le sol : "j'avais une totale absence d'émotion."
"Après un moment, les tirs se sont arrêtés et mon entourage a commencé à ramper en direction de la scène. J'ai suivi mécaniquement."
Patrick : "je pensais que c'était fini quand un bruit d'explosion suivi du sentiment d'un pincement au mollet droit me fit dire que ce n'était pas si finit que ça finalement. Je ne pense pas avoir vraiment ralenti quand cette balle a traversé mon mollet."
Patrick : "la blessure ne m'a pas arrêté. Ce qui m'a arrêté c'est le charnier, un océan de corps et de sang qui semblait infranchissable. Je me suis demandé comment j'allais pouvoir traverser cette horreur sans marcher sur qui que ce soit."
Patrick : "ma veste, mon pantalon troué et mes chaussures sont couverts de sang. J'ai longtemps gardé les chaussures horrifié mais trop mal à l'aise pour les jeter."
Patrick : "durant les années suivantes, j'ai rationnalisé un certain nombre de choses. Le trauma psychologique peut rendre des choses vraiment diverses, certaines visibles et d'autres non."
Nicole s'est avancée à la barre "pour faire vivre mon fils qui avait 41 ans quand il a disparu au Bataclan.
"J'espère aussi que ce moment me permettra d'avancer" confie encore la mère de Cédric Mauduit
Nicole : "Cédric, mon fils, je suis venue jusqu'ici pour te faire vivre un instant.
Aujourd'hui, comme en tous les instants de la vie, tu es présent en moi, en ton père, en tous les gens qui t'aiment."
Nicole : "ce #13Novembre tu as eu envie d'encore profiter d'un concert avec cinq de tes amis. Vous êtes deux à avoir perdu la vie atrocement. Cette nuit-là, ta compagne nous a prévenu de ta présence au Bataclan, qu'elle n'avait pas de nouvelles."
Nicole : "nous sommes arrivés chez toi, nous nous sommes blottis avec ta compagne, tes enfants dormaient paisiblement.
Tu allais nous appeler, c'était certain ! On t'a appelé sans relâche."
Nicole cite Victor Hugo : "tu n'es plus là où t étais mais tu es partout où je suis"
"Tu es présent avec nous quand nous sommes en famille. Sache que tu es présent en nous et ça, personne ne pourra nous l'enlever. Tu nous manques Cédric."
Place au témoignage de Slimane. "Je voulais me remercier de me laisser vous parler. Je sais que vous êtes fatigué ...."
"Pas de problème", dit le président.
"Moi je n'y étais pas et je n'ai perdu personne. Mais j'ai une soeur qui était au Bataclan, dans la fosse".
Slimane : "quand elle est rentrée, c'était catastrophique, elle a survécu mais c'est comme si elle était morte. Aujourd'hui, elle va mieux. Mais elle n'est plus ce qu'elle était. Elle est là sans être là"
Slimane : "je voulais témoigner pour ceux qui, comme moi, n'ont pas perdu un proche au sens où il n'est plus là mais au sens où ce n'est plus le même proche.
J'ai aidé ma soeur comme je pouvais mais ça a été très dur. La stabilité dans laquelle elle se trouve tient à un fil."
Slimane : "ma soeur a tenté de se suicider dans la nuit du 26 au 27 mars 2017. Ca a été tellement dur pour moi de faire le deuil de la personne qui était ma soeur que j'ai moi-même été suivi sur le plan psy."
Slimane : "je ne témoigne pas des faits du #13Novembre mais des conséquences des faits du #13Novembre sur une famille même si la personne a survécu."
Fin des témoignages de victimes pour aujourd'hui. L'audience est donc suspendue jusqu'à demain 12 heures avec la suite des parties civiles qui ont souhaité être entendues.
Depuis un placard technique jusqu'aux moindres recoins de la fosse, la cour plonge à nouveau dans l'horreur du Bataclan. Compte-rendu de cette 123e journée > franceinter.fr/justice/proces…

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May 19
Bonjour à tous,

124e jour d'audience au procès des attentats du #13Novembre 2015.
Et suite des témoignages de parties civiles avec 18 auditions prévues aujourd'hui de survivants du Bataclan et proches de victimes décédées.

LT à suivre ici.
Hier, la cour a notamment entendu Karena, qui doit sa survie à un placard technique du Bataclan.
Le compte-rendu, illustré par @ValPSQR est à retrouver ici > franceinter.fr/justice/proces…
L'audience reprend.

A noter que depuis le début des témoignages de parties civiles, l'ensemble des accusés est présent dans le box.
Pour rappel, Osama Krayem a refusé d'assister à la majorité de l'audience.
Read 123 tweets
May 17
Bonjour à tous,

Après une semaine de suspension pour cause de contamination au Covid d'un des accusés, le procès des attentats du #13Novembre reprend pour la 33e semaine et 122e jour d'audience.
Toute cette semaine, la cour va entendre les derniers témoignages de victimes, dont aujourd'hui, les membres du groupe Eagles of Death Metal qui ont souhaité s'exprimer à ce procès.

LT à suivre ici.
Retrouvez @sophparm à l'antenne de @franceinter
Le chanteur des Eagles of Death Metal, Jesse Hughes, doit être entendu très prochainement.
Mais avant cela, Ilyad, qui était à la Bonne bière le #13Novembre s'est avancé à la barre.
Il explique avoir pris une balle dans la jambe.
Read 160 tweets
May 6
INFO - Le Covid s'invite à nouveau au procès des attentats du #13Novembre 2015.

L'un des accusés, symptomatique depuis hier, a été testé positif ce matin.
L'audience risque donc d'accuser un nouveau report de 5 à 7 jours, selon le protocole en vigueur.
Les accusés, à l'exception de Farid Kharkhach sont arrivés dans le box.
L'audience s'apprête donc à reprendre...pour quelques minutes du moins. Le temps pour le président d'annoncer le report de l'audience. Audience qui a déjà accusé quatre semaines de retard pour cause de Covid.
Et sinon, nous sommes le 121e jour d'audience, fin de la 32e semaine.
Le compte-rendu de l'audience d'hier avec plusieurs victimes des terrasses, par @sophparm est à retrouver ici>
franceinter.fr/justice/proces…
Read 11 tweets
May 4
Bonjour à tous,

C'est aujourd'hui le 119e jour d'audience et le début de dix jours de nouvelles auditions de parties civiles. Aujourd'hui, la cour doit ainsi entendre des survivants du Stade de France et des terrasses.
90 victimes sont attendues dans les dix prochains jours.
Le LT sera à suivre ici.
Et @sophparm assurera les compte-rendu d'audience pour l'antenne de @franceinter

Et si vous voulez retrouver le récit de la journée d'hier avec Marc Trévidic et Nicolas Hénin, c'est par ici > franceinter.fr/justice/proces…
L'audience débute. Avant les premières auditions de parties civiles, "nous avons des conclusions" indique le président avant de donner la parole à un avocat, Me Louis Mary.
"Je vous demande de faire entendre Manuel Valls et Jean-Yves Le Drian"
Read 123 tweets
May 2
Bonjour à tous,

Reprise du procès des attentats du #13Novembre 2015 (et oui, c'est toujours en cours) après une semaine de suspension.
117e jour d'audience et dernière ligne droite de cette audience fleuve puisqu'on reprend avec les dernières auditions (témoins et victimes).
Aujourd'hui, trois témoins sont attendus à la barre : le sociologue Bernard Rougier, l'écrivain Mohamed Sifaoui et l'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic.

D'autres témoins sont attendus demain avant une nouvelle session d'audition de 90 victimes à partir de mercredi.
Le LT sera à suivre ici.
Et retrouvez @sophparm à l'antenne de @franceinter

A tout à l'heure.
Read 103 tweets
Apr 22
Bonjour à tous,

116e jour d'audience au procès des attentats du #13Novembre 2015. Dernière journée consacrée à l'examen des expertises psychiatriques et psychologiques des accusés. Dernière journée également avant une pause d'une semaine.
Aujourd'hui, il sera question des accusés Mohamed Amri, Ali Oulkadi, Muhammad Usman, Adel Haddadi, Farid Kharkhach, Mohamed Bakkali et Yassine Atar.

LT à suivre ici.
Et je vous retrouve dans quelques minutes dans le journal de @BrunoDuvic sur @franceinter
L'audience reprend avec l'audition de la psychiatre Ariane Casanova, qui est la seule entendue aujourd'hui.
Elle débute avec l'accusé Adel Haddadi dont elle retrace le parcours jusqu'à son départ pour l'Etat islamique.
Read 42 tweets

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