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May 19 125 tweets 22 min read
Bonjour à tous,

124e jour d'audience au procès des attentats du #13Novembre 2015.
Et suite des témoignages de parties civiles avec 18 auditions prévues aujourd'hui de survivants du Bataclan et proches de victimes décédées.

LT à suivre ici.
Hier, la cour a notamment entendu Karena, qui doit sa survie à un placard technique du Bataclan.
Le compte-rendu, illustré par @ValPSQR est à retrouver ici > franceinter.fr/justice/proces…
L'audience reprend.

A noter que depuis le début des témoignages de parties civiles, l'ensemble des accusés est présent dans le box.
Pour rappel, Osama Krayem a refusé d'assister à la majorité de l'audience.
Alan est le premier à s'exprimer à la barre cet après-midi.
"Ce #13Novembre 2015, ce concert est prévu depuis un petit moment."
Il marque de longues pause. "C'est dur, c'est compliqué, veuillez m'excusez ..."
"Prenez votre temps", le rassure le président.
Mais Alan est très ému
Alan explique qu'il se rend au Bataclan avec Claire. Tous deux s'installent au balcon de la salle.
"Deux-trois dénotations surgissent. On se demande ce que c'est. Derrière moi, un homme dit : "putain les gars, c'est des vraies balles".
Alan : "les lumières se rallument. Dans la fosse, les gens sont tous allongés par terre.
On se retrouve à ramper et à atteindre une loge où se trouve déjà beaucoup de monde. On cherche par tous les moyens à entrer dans cette loge. Et nous y arrivons."
Alan : "nous nous barricadons par le biais d'un canapé qu'on maintient debout derrière la porte. Et on entend. Et chaque balle qui sort c'est l'horreur absolue. Il y a une vie derrière chaque détonation et c'est insupportable à entendre."
Alan marque une nouvelle pause.
Alan : "les tirs cessent à un moment donné. Une grosse détonation survient. Je suppose que c'est l'un des terroristes qui déclenche sa ceinture.
Dans cette loge, une jeune femme souhaite sortir. Elle le fait. Puis tout le monde le fait. Et on se retrouve rapidement sur le toit."
Alan reste longtemps silencieux. Il semble perdu dans de douloureuses pensées.
Il reprend péniblement son récit : "on attend pendant 1h30-2h. Et interviennent les forces de l'ordre.
On sent l'issue de cette prise d'otages mais le plus dur reste à venir."
Alan : "l'évacuation se fait par les bureaux situés au-dessus de l'entrée. On descend par une échelle, je regarde par terre et je vois deux-trois corps dont une jeune femme. Et la vision que j'ai ne vient que confirmer ce qu'on vient de vivre."
Alan : "sur un plan personnel, il fallait que les choses soient dites. Ce témoignage c'est pour moi une façon de fermer la parenthèse. De faire comprendre aux principaux auteurs de ces actes que ce qu'il s'est passé ce soir-là c'est juste inhumain."
Alan : "depuis bientôt 7 ans, j'ai fait mon petit procès à moi dans ma tête. Je conviens que certaines personnes à ma gauche n'ont pas voulu ce qu'il s'est passé. Mais pour d'autres, il faut à ce jour assumer ce pourquoi vous êtes là et ne pas se cacher derrière les principes."
Fin du témoignage d'Alan. Fatima lui succède à la barre.
Fatima fait projeter le plan de l'étage du Bataclan sur le grand écran. Elle explique avoir été au concert avec son amie Cécile qui a obtenu des places dans la journée.
Fatima : "on s'installe au balcon. Cécile me dit qu'on a une chance de dingue : qu'on a eu des places gratuites par Universal, que sa bosse l'a laissée partir plus tôt et qu'elle ne sait pas ce qui va nous tomber sur la tête mais qu'il va falloir payer cette chance."
Fatima raconte le début de l'attaque. Veut joindre la police. "Mais je ne connais pas le numéro. Cécile me dit : "911". Mais ça ne marche pas. On n'est pas dans une série américaine. J'appelle finalement le bon numéro mais ça ne marche pas non plus. Les lignes sont déjà saturées"
Fatima et son amie Cécile se réfugient dans une loge, la même que celle décrite pas Alan avant elle.
"Je pense à mon fils et mon mari restés à la maison. Les terroristes sont tellement prêts. J'entends des otages, aux voix brisées demander aux forces de l'ordre de reculer".
Fatima : "il fait tellement chaud que les murs dégoulinent et j'ai la tête qui tourne. Le temps est si long que je me demande que si, tout compte fait, on n'est pas morts.
Je pense à mon fils, je me demande comment il grandira sans moi, lui qui vient d'avoir 4 ans."
Fatima raconte comment, lorsque la police arrive, tous hésitent à ouvrir la porte de la loge, craignant qu'il ne s'agisse des terroristes.
"Quelqu'un lui demande : comment tu t'appelles? Euh ... Jérémy. On se rend compte qu'il a hésité, alors on ne sait plus."
Fatima : "on apprendra plus tard qu'en fait cet agent s'appelait Nabil et qu'il s'est dit qu'on ouvrirait jamais la porte s'il nous donnait son prénom."
Finalement, Fatima est prise en charge par les forces de l'ordre.
Fatima : "en sortant, j'ai regardé par terre. Un des terroristes mort est allongé. Il y a des bouts de corps partout.
Nous voilà sur la scène, mon regard balaie toute la fosse et se pose sur un jeune homme adossé contre un poteau. "
Fatima : "comme vous messieurs, j'ai vécu l'isolement, incapable de sortir seule. Les six premiers mois, j'ai dormi avec mon mari et mon fils dans le grenier car c'était la pièce la plus éloignée de l'entrée."
Fatima : "j'étais comme ces animaux blessés qui se cachent pour se soigner. Je voulais creuser un trou et dormir pour toujours. Ma psy m'a dit que dormir toujours c'est être mort. Et oui, j'ai eu envie de mourir. Pour arrêter cette souffrance qui me bouffait."
Fatima raconte la naissance de son deuxième fils et l'amélioration de son état.
"Puis à cause d'une chauve-souris, on a été confinés. Et ça a été une bénédiction pour moi. Fini les cauchemars et les angoisses."
Fatima s'adresse aux accusés : "je vous ai écoutés très attentivement. Cela m'a déstabilisée. Car certains m'ont touchés, fait rire, beaucoup m'ont énervée."
Fatima : "je sais que vous n'êtes pas impliqués à des mêmes degrés et que vous ne faites pas tous partie de ce groupe. Mais que vous le vouliez ou non, vos actes, mis bout à bout, ont permis cette horreur."
Fatima : "ces 6 dernières années ont été un enfer. J'ai beaucoup perdu, j'ai perdu la confiance de mon fils, n'étant plus un parent sécurisant. Il a peur de tout. Le petit garçon joyeux et bien dans ses baskets et devenu une boule d'angoisse."
Fatima : "j'ai perdu l'estime de mon mari qui m'a vue sombrer. Il s'est occupé seul pendant trois ans de notre fils parce que j'en étais incapable, lui lire une histoire le soir ou lui donner son bain."
Place au témoignage d'Anne-Laure.
Le #13Novembre 2015, elle se rend au Bataclan avec son compagnon.
"On s'installe sur le balcon, bien en face de la scène."
Puis, "des coups de feu".
Anne-Laure : "on cherche où aller. Puis on rampe, une grande chenille humaine avec une dizaine de personnes. On est les derniers du balcon à ramper. Les tirs continuent mais sont différents : du coup à coup, des exécutions. D'un coup les tirs semblent vraiment très proches"
Anne-Laure parvient à descendre à sortir : "cette sortie, on la doit à l'intervention du policier de la Bac. Il a sauvé nos vies. Je ne l'en remercierai jamais assez."
"J'appelle mon cousin : j'espère que tu n'es pas dehors. Pourquoi? Il pleut, me dit-il."
Anne-Laure : "le lendemain, nous ne sortons pas de chez nous. La première nuit, je rêve que je tue des gens. Je revis en boucle l'attaque, la fuite.
Au fil du temps, je ne me confierai plus, je parlerai de moins en moins en général."
Anne-Laure : "quelques temps plus tard, je ne prends plus les transports, ne prends plus l'ascenseur. Je n'aime pas les bagages, les lieux avec trop de gens, les terrasses. J'envisage des scénarios, les carnages potentiels."
Anne-Laure : "je lutte contre l'angoisse, un peu tout le temps. Je commence a avoir des douleurs lombaires aigües.
En 2018, je me reproche de ne pas savoir rebondir, d'être paralysée.
Après une nouvelle difficile, je n'arriverai plus à rester seule."
Anne-Laure : "2020, le confinement. Je me découvre enceinte. Romeo naîtra le 25 décembre. En 2021, je m'attache à être maman, la meilleure possible. Mais je culpabilise pour tout. Je crains pour Romeo. J'ai peur d'avoir raté le lien d'attachement avec mon fils."
Anne-Laure : "je ne savais pas à quelle distance me tenir du procès. Je l'ai suivi de plus en plus. J'ai regretté en fin d'année de ne pas avoir entendu tous les témoignages."
Anne-Laure : "le procès m'apporte beaucoup. J'apprends à me légitimer. Je remercie tous ceux qui sont venus parler ici, qui m'ont inspirée à mon tour. Merci aux rescapés pour les journaux de bords et leurs chroniques."
Coralie qui s'est avancée à la barre demande à son tour que le plan du Bataclan soit diffusé. Il lui permet d'expliquer son cheminement à la travers la salle, avec de nombreuses tentatives de sortir avant de finalement parvenir à sortir de la salle.
Coralie : "aujourd'hui, cela fait exactement 6 ans, 6 mois et 6 jours" que les attentats ont eu lieu.
"J'ai repris ma vie, mais à chaque instant, je dois faire une lutte interne pour sortir. Et je le fais donc on peut penser que tout va bien. Mais c'est toujours très dur."
Coralie : "c'est dur pour moi. C'est dur également pour ma famille et mes amis proches. Ils m'ont vue changer du tout au tout. Et ils ont parfois un reflexe de stress post-traumatique alors qu'ils n'étaient pas là. Et ça, on n'y pense pas. J'ai déversé sur eux."
Coralie : "d'ailleurs aujourd'hui mon frère et ma soeur n'ont pas pu venir car c'était trop dur pour eux de m'entendre témoigner."
Shani à son tour. Fan des Eagles of Death Metal, elle raconte très émue, elle raconte "cette horrible nuit" qui "a fait écho à un traumatisme plus ancien que je n'avais jamais guéri. Un état dissociatif m'accompagnait depuis l'enfance après des traumas physiques répétés"
Shani raconte aussi comment, alors qu'elle était chanteuse dans un groupe avant le #13Novembre 2015, elle a du arrêter la musique "parce que je ne supportais plus un seul son de percussions et je ne savais plus chanter sans pleurer."
Shani : "grâce à ce procès et à tous les témoignages déchirants que j'ai pu écouter, je me sens moins seule en tant que victime. C'est un des effets positifs auquel je ne m'attendais pas."
Shani : "je ne suis en lien avec aucune association ni aucune autre victime, mais je me suis rendue compte grâce à ce procès que l'avenir serait différent.
Il ne se passe pas une seule semaine sans que je pense à toutes ces vies volées."
Shani : "la souffrance reste de la souffrance. Mais autour d'elle des liens se tissent. Des liens qui permettent de guérir."
Elle conclut par une citation de Confucius : "on a deux vies. La deuxième commence quand on réalise qu'on en a qu'une".
L'audience se poursuit avec l'audition de Vincent, "commissaire de police à la bac".
"Le #13Novembre 2015, je travaillais. J'ai reçu un sms d'un de mes collègues me disant de faire vite car des attaques étaient en cours dans Paris".
Vincent : "j'ai enfilé très vite ma tenue, récupéré un fusil à pompe. J'ai voulu m'équiper en gilet pare-balle et casque lourds mais c'était un équipement mutualisé à l'époque. J'ai pas eu de casque, seulement mon casque de maintien de l'ordre qui n'avait pas grande utilité."
Vincent :"on s'est positionnés sur la rue Oberkampf, on entend des coups de feu. Et on entend notre patron qui est déjà à l'intérieur du Bataclan et nous demande avec insistance de le rejoindre. Sauf qu'un gradé fait barrage et nous dit de rester au niveau de la rue."
Vincent : "j'en profite pour appeler mon épouse qui est infirmière-puéricultrice et est au travail. Elle ne sait pas ce qui est en train de se passer. Je lui dis juste que je l'aime, que ça va bien se passer et je raccroche
On se rapproche doucement du Bataclan."
Vincent : "au fur et à mesure qu'on se rapproche, on commence à distinguer des corps sur le trottoir. A l'entrée, il y a un vigile sur une chaise avec une balle dans la tête.
Notre patron nous dit qu'il y a encore deux terroristes à l'intérieur et qu'il va falloir entrer."
Vincent : "notre patron nous dit aussi que si quelqu'un ne se sent pas de rentrer, il n'y a pas de problème. Mais je crois que ça n'est dans l'esprit de personne en fait. Donc on entre."
Vincent : "quand on entre, la vision est inimaginable. Il y a une odeur de poudre, de sang, de mort en fait. On ne voit même plus le sol tellement il y a de gens couchés dans la fosse. "
Vincent : "je décide de prendre une position. Quand je m'accroupis, je sens quelque chose au niveau de mon genou. Et en fait c'est le visage d'une personne qui a une plaie béante au niveau de la tête.
J'essaie de faire abstraction de ce qu'il y a autour. Mais c'est impossible."
Vincent : "il y a cette femme, défigurée, qui me regarde. Et je la regarde aussi.
Mais comme les terroristes sont encore là, ce n'est pas sécurisé et on ne peut pas intervenir.
Ca dure longtemps, je suis intimement persuadé que je ne vais pas sortir de là."
Vincent : "à un moment, notre patron dit aux valides de sortir calmement. La personne avec la blessure au niveau de la joue se lève et sort en passant à côté de moi. Je l'ai revue dans la salle tout à l'heure et je suis tellement content qu'elle s'en soit sortie."
Lorsque la BRI intervient, Vincent et ses collègues quittent le Bataclan.
"On retourne à notre base. Notre patron nous explique qu'il faut qu'on essaie de décompresser. Mais c'est compliqué. On a tous du sang et des lambeaux de chair sur nos habits. C'est cauchemardesque."
Vincent : "derrière, moi je suis parti en grande dépression. Je ne pouvais plus sortir de chez moi sans arme. J'ai des insomnies phénoménales. J'allais tellement mal qu'au bout d'un an mon épouse a jeté l'éponge et on s'est séparés. Ca a été compliqué de se reconstruire."
Vincent : "Il y a beaucoup de choses qui restent. La sensation de mon genou que la blessure de la personne, ça reste. La personne avec la blessure au visage c'était compliqué mais maintenant que je l'ai vue dans la salle, je pense que ça devrait aller mieux."
Vincent : "je suis toujours à la BAC 75N, j'adore mon travail. Maintenant, la donne a changé : on est mieux équipés, on est formés. On est intimement persuadés que ça va se reproduire à un moment ou un autre, mais on a tous inclut ça dans notre esprit. Et on ira."
Deux personnes s'avancent à la barre. Ils sont le père et la soeur de Quentin Boulenger "assassiné au Bataclan".
Daniel, le père de Quentin est le premier à s'exprimer. "Nous avons été rapidement informés que Quentin était au Bataclan".
Daniel est très ému explique avoir été autorisé à entrer dans la mairie du 11e arrondissement : "j'ai parcouru les locaux où les rescapés arrivaient, j'ai dévisagé chacun en espérant trouver mon fils.
C'était le chaos. Il n'y avait aucun processus de coordination de recherche".
Daniel : "ni les services de police, ni les hôpitaux ne disposaient d'une base de données sur l'identité des victimes. Comme beaucoup de familles, nous avons débuté ce parcours des hôpitaux. Puis en fin de journée, je me suis rendu à l'IML [institut médico légal, ndlr]."
Daniel : "Quentin avait 29 ans. Il s'est épanoui avec ses deux soeurs. Il était très ouvert à toutes les cultures étrangères. Il travaillait au siège de L'Oréal. Il a épousé Hélène en juin 2015 à Paris. Il désirait fonder une famille. Son beau destin de vie a été brisé".
Daniel : "au-delà de la colère et de nos larmes, il nous est apparu important de ne pas laisser notre tragédie à cette seule dimension dramatique. Nous avons créé une fondation pour aider les jeunes dans leur parcours scolaires et éviter leur décrochage"
Diane, la soeur de Quentin prend la parole à son tour : "je n'étais pas dans la salle du Bataclan le #13Novembre 2015 mais ma vie a basculé ce soir-là.
Mon frère, mon soleil, mon roc, mon repère. Tu es mort en faisant une des choses que tu préférais le plus au monde."
Diane : "le #13Novembre 2015, la famille a explosé, nos repères se sont écroulés. La cicatrice est invisible mais profonde. Mon coeur a été perforé. On a le sentiment d'être mort, on est toujours en vie. Avec ce sentiment amer que le retour en arrière n'est pas possible."
Diane : "l'histoire du monde est traversé par la violence, je le sais. Vous n'êtes qu'un instrument de plus dans cette barbarie. Je n'ai pour vous ni respect, ni haine.
Mais comment ces lâches réussissent-ils à convaincre que la mort est un but plus important que la vie?"
Diane : "la résilience c'est notre capacité de croire que nous pouvons nous relever et encore avancer. La résilience c'est accepter l'absurde et continuer à vivre. Chaque matin, il faut se réengager sur ce chemin, transformer ses plaies ouvertes en cicatrices."
Diane : "si la haine s'est autant infiltrée dans notre propre maison, la France, c'est qu'il y a des failles profondes."
Diane : "je suis fière d'être ici et de montrer au monde entier que nous avons pu nous relever et que l'amour a déjà gagné."
L'avocate de la famille d'Antoine Mary, décédé au Bataclan, s'est avancée à barre. Elle annonce qu'elle va lire leurs témoignages. Dont celui du fils d'Antoine Mary, né après sa mort. Il a aujourd'hui 5 ans et demi.
Lettre du fils d'Antoine Mary, 5 ans et demi : : "A l'attention des accusés : ils sont pourris comme une banane pourrie. Ils ont tué mon papa et ça c'est vraiment pas bien. Il ne faut plus leur donner à manger pour qu'ils meurent. Je suis en colère parce qu'ils sont méchants".
L'épouse d'Antoine Mary, enceinte de deux mois et demi était elle aussi au Bataclan. "On avait fait la première échographie deux semaines avant et appris qu'on attendait un petit garçon" a-t-elle écrit dans un texte lu par son avocate.
Elle a fait partie des "otages du couloir".
L'épouse d'Antoine Mary a également écrit comment "la grossesse m'a sauvée."
Aux accusés, elle a écrit : "vous n'êtes rien, nous sommes tout le reste. Nous continuerons de nous battre, jour après jour. Nous continuerons de mettre un pied devant l'autre."
La maman d'Antoine, elle aussi, a transmis un texte à son avocate. "Je suis la maman de 3 enfants. Et même si Antoine est mort d'une balle dans le dos, je suis la mère d'Antoine pour l'éternité.
Antoine est vivant parce qu'il aimait la vie : sa compagne, ses amis, faire la fête"
Pauline qui a perdu son frère Thibault Rousse-Lacordaire au Bataclan, s'avance à la barre : "le #13Novembre j'étais chez moi avec mon mari et nos deux enfants de 1 et 3 ans. Je ne savais pas que mon frère était à un concert. Je l'ai appris le lendemain."
Pauline : "la douleur sourde est arrivée, la colère froide qui ricoche sur ceux qui nous sont le plus cher.
Thibault avait 36 ans et toute la vie devant lui, 1000 projets à réaliser, beaucoup d'amour à donner, une intelligence hors du commun à mettre au service des autres".
Pauline : "Thibault croyait en dieu. Une foule dense et silencieuse était présente à son enterrement.
Thibault a été assassiné dans une salle de concert. Je ne serai jamais s'il a eu le temps de souffrir, s'il a eu peur, si sa vie en a épargné d'autres."
Frédérique, ex-compagne de Mathieu Hoche, décédé au Bataclan, s'est avancée à la barre. A ses côtés, leur fils qui avait 9 ans le #13Novembre 2015.
Elle raconte son histoire d'amour avec Mathieu, puis leur séparation au bout de dix ans et les contacts qu'ils ont gardés.
Frédérique raconte les premières alertes, la nuit d'angoisse. Et puis le lendemain, le réveil de leur fils auquel elle ne sait que dire.
"J'ai organisé une invitation bidon avec une amie pour qu'il aille chez elle et que j'ai le temps de savoir ce qui était arrivé à son père".
De l'annonce de la mort de Mathieu, Frédérique "garde le souvenir du cri déchirant de sa maman et le monde qui s'écroule.
Annoncer à son enfant que son père était mort assassiner, gérer son retour à l'école, vider l'appartement de Mathieu, m'occuper des trucs administratifs"
Frédérique : "j'ai le sentiment d'avoir couru comme une poule sans tête les quatre premiers mois. D'avoir comblé le vide par une suractivité. Et tous les matins, l'espoir, quelque dixième de secondes, que je suis en train de me réveiller d'un cauchemar"
Frédérique : "j'ai flanché au bout de quatre mois. Rideau. J'ai comme perdu pied avec le monde. Au travail, je ne comprenais plus mes collègues, je ne comprenais plus leurs mots. J'étais plus là.
Mais il fallait que je me remette vite car je n'étais plus que le seul parent."
Frédérique : "aujourd'hui, on vit à la campagne, un village de 130 habitants dans les collines. Patiemment, on s'est construit une nouvelle vie. Et on essaie de la faire belle."
Frédérique : "J'aimerais un jour arriver à parler de Mathieu sans pleurer systématiquement. J'ai la chance de voir notre fils grandir. Pas lui. Et cette injustice me révolte."
Frédérique ; "je voudrais aussi parler d'un problème plus global : la reconnaissance du couple parental. Qui n'existe pas. Seul le couple marital est reconnu.
Quand on veut prendre soin des enfants orphelins, il ne faudra pas oublier de prendre soin du parent qui leur reste."
Sophie, veuve de Fabien Stech s'avance à la barre. "Je suis venue avec mon frère", explique-t-elle au sujet de celui qui l'accompagne.
Sophie était chez elle, à Dijon, le soir du #13Novembre 2015. Elle ignore que son mari, en déplacement à Paris, était au concert.
Sophie explique avoir faire un déni total sur la présence de son mari à Paris. "Mon cerveau a décidé qu'il était à Strasbourg où il allait souvent".
Pendant toute la journée du 14 novembre, elle s'échine à rassurer son entourage, affirmant que "Fabian est à Strasbourg".
C'est finalement le coup de téléphone de l'hôtel où Fabian n'est pas rentré ce soir-là, qui ramène Sophie à la terrible réalité.
Après, "j'ai d'abord refusé les arrêts de travail parce que j'étais une profession libérale. Mais je ne tenais plus debout".
Sophie : "je me suis accrochée pour mes fils. La musique m'a accompagnée dans ce long cheminement. Avec mes fils, on a du revoir complètement nos vies.
Très souvent, le matin, je suis submergée par une tristesse. C'est presque tous les jours. Mais après, on se ressaisit".
Sophie : "je me dis que c'est une histoire d'amour inachevée et que personne ne pourra jamais la terminer.
J'ai eu besoin de suivre ce procès, de comprendre ce qu'il s'était passé, notamment à l'intérieur du Bataclan."
Sophie : "j'avais en tête les images du passage Saint-Pierre-Amelot, des couvertures de survie dorée. Grâce à ce procès, j'ai d'autres images : celles des visages des survivants. Et cela m'a beaucoup aidée."
Sophie explique aussi qu'avant ce procès, elle a reçu l'appel d'un couple qui était juste à côté de Fabian au Bataclan : "j'ai eu un récit très précis des derniers instants de Fabian. J'ai appris qu'il était mort sur le coup. Et cela m'a libérée d'une angoisse terrible".
Célia était donc au Bataclan avec son mari. "On se place devant la barrière. On ne connaît pas nos voisins mais on se sourit: un grand type chauve, une fille avec de belles boucles d'oreille. On est bien."
Célia : "tout le monde se couche à terre. Je ne comprends pas. Je m'allonge mais je ne comprends pas. Et là, je vois deux hommes, plutôt jeunes et des armes au bout desquelles sortent des étincelles. Mais je ne comprends toujours pas. J'ai l'impression d'être dans un film".
Célia : "puis l'un d'entre eux prononce ces mots : "vous tuez nos frères en Syrie. Maintenant, on est là." Mon cerveau percute et je me rends compte que je suis au milieu d'un attentat. Je pense à mes deux filles. Je suis couchée sur les jambes d'une femme. On est enchevêtrés"
Célia : "j'étais en instinct animal. Je suis une proie, je me terre.
Là où je suis, c'est un silence. On n'entend que les personnes agonisant.
Je vois le grand homme chauve avec qui on avait sourit, une balle dans la tête, qui baigne dans une mare de sang".
Célia finit par sortir en courant : "j'ai jamais couru aussi vite. On sort par la porte du boulevard Voltaire."
Célia et son mari se réfugient dans une cour d'immeuble. "C'est l'hécatombe. Un homme reçoit un massage cardiaque et meurt devant nos yeux".
Célia : "les jours suivants c'est une alternance entre les moments euphoriques d'être en vie et d'angoisse.
Avec mon mari, on a vécu la même chose et en même temps notre reconstruction n'a pas eu les mêmes étapes. On n'a pas le même ressenti, ni les mêmes besoins."
Célia : "c'est pas toujours évident non plus lorsque dans un couple on n'a pas la même vision du procès et de ce qu'on peut y apporter. Chacun vit son traumatisme différemment."
Célia : "pour notre famille tout comme nos amis proches, ça n'a pas été évident. On a deux petites filles qui avaient 5 et 8 ans à l'époque. Et ça a été compliqué pour elles aussi.
Nos amis nous ont beaucoup soutenu, mais n'ont pas toujours compris ce qu'on a vécu."
Célia : "concernant les accusés, je ne n'attends rien de particulier. Mais je me suis posé la question : comment un être humain, normalement constitué, qu'est-ce qui peut le pousser à un assassinat de masse?"
Célia : "Merci à vous, monsieur le président et vous mesdames et messieurs de la cour. Parfois je me demande si vous n'êtes pas des êtres surhumains pour arriver à écouter toutes nos logorrhées et avoir les estomacs bien accrochés."
Célia : "merci à mes filles. Car grâce à elles, j'ai eu la niaque de sortir de cet enfer. C'est pour elles que j'ai pu revenir."
Fin du témoignage de Célia. Guillaume lui succède à la barre.
Il explique qu'à l'époque, il est fiancé à une franco-américaine, fan du groupe. Mais lui ne se sent pas très bien, "j'hésite à envoyer mon fils de 13 ans à ma place. Et puis, je me dis "j'y vais".
Guillaume : "et depuis, à chaque fois que je repense à cette hésitation où j'ai failli envoyer mon fils là-bas, c'est très difficile à gérer".
Guillaume et sa compagne parviennent à fuir assez rapidement, raconte-t-il.
"On s'est retrouvé dans un bus, puis à la mairie. Tout le monde pleurait.
Je suis rentré chez moi, mon fils dormait sur le canapé, je suis allé le coucher et puis on a regardé les infos".
Guillaume : "on s'est mariés quelques mois après à Los Angeles. Mais on a pris deux chemins différents. Et on a du se séparer. Aujourd'hui, elle vit dans le désert, aux Etats-Unis, à Joshua Tree. Et moi je suis resté en France."
Guillaume : "pour moi ce procès c'est un point final. C'est la dernière bulle où on peut parler, se vider et puis continuer. Je le souhaite à tout le monde, je me le souhaite à moi aussi."
Guillaume : "on a souvent entendu c'est : "ils ont attaqué la jeunesse". Moi, j'ai 49 piges, je ne suis pas la jeunesse du tout. Je ne suis pas un symbole. Ils ont attaqué des hommes, des femmes, des prénoms, des pères, des mères."
Dernières auditions de la journée : celles de la mère et de la soeur de Romain Dunet, "assassiné au Bataclan lors des premiers tirs", explique sa mère Sylvie.
Sylvie : "la balle est rentré sous son oeil droit, elle est ressortie à l'arrière de la tête. Ce qui veut dire qu'il est mort de face. Et j'ai aimé savoir ça.
Il avait 28 ans. Il est le second de mes trois enfants. Il le sera toujours."
Sylvie : "partout, il avait des amis. Il était riche d'amis. Le samedi 14 novembre au matin, la maison s'est remplie de ses amis. Et jusqu'au jour de son enterrement, la maison a été ouverte ou des dizaines de jeunes venaient régulièrement me parler de Romain."
Sylvie : "sa mort laisse un trou béant dans notre famille. Nous vivons avec. Quelque fois, nous tombons dedans.
Le procès est important pour nous. Pour savoir comment Romain est mort. Pourquoi Romain est mort. Nous ne voulons pas que subir. Nous voulons comprendre."
Sylvie : "j'espère que pas ce procès, une graine s'est posée dans le coeur des accusés.
Je regarde les accusés. Je vois des hommes sont certains ont l'âge de mon fils. Je pense à vos mères."
Clotilde, soeur de Romain prend la parole à son tour, pour parler de notre #13Novembre 2015.
"Avec le recul, et cela peut paraître étrange, je suis soulagée qu'il soit mort et pas blessé. Car je n'aurais pas supporter de voir mon frère à moitié vivant ou à moitié mort."
Clotilde : "nous avons appris assez rapidement la mort de mon frère. Mon autre frère étant pompier, il avait des collègues sur place et on a vu, comme dans un film, des gradés arriver devant la porte."
Clotilde : "ce deuil là a été particulier. Car on s'est aperçus qu'il nous dépassait. Qu'il ne nous appartenait pas.
Ce deuil là, c'était du monde. Beaucoup de monde."
Clotilde : "je suis en colère, encore maintenant, de devoir paraître aux yeux des autres, de devoir coller à l'image que les autres se font des familles de victimes.
Pour moi, mon frère est mort, mais il serait mort dans un accident de voiture, ça aurait été la même chose."
Avant la suspension, le président tient "à donner lecture d'une partie civile qui n'est pas venue mais qui me semble intéressante".
Il s'agit de l'audition d'un fonctionnaire de police, arrivé au Bataclan "vers 21h40" a-t-il indiqué dans son audition.
Alors qu'il était en position dans la rue, ce fonctionnaire a raconté comment "une salve a été tirée dans notre direction sans que nous sachions exactement d'où elle venait. Nous nous sommes repliés. Puis nous nous sommes remis en position."
Le président poursuit la lecture de cette audition dans laquelle ce fonctionnaire de police raconte avoir été secourir une victime qui appelait à l'aide. Il a essuyé plusieurs tirs.
L'audience se poursuit avec la lecture de pièces que la défense de certains avocats ont souhaité verser aux débats.
L'audience est suspendue jusqu'à demain 12h pour les derniers témoignages de victimes.
Rappelons que les plaidoiries des avocats de parties civiles débuteront lundi.
Les paroles déchirantes d'un garçon de cinq ans, les mots pour dire le manque, l'absence, la culpabilité du survivant ... tout cela est à retrouver dans le compte-rendu de cette 124e journée >
franceinter.fr/justice/proces…

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May 20
Bonjour à tous,

125e jour et dernières auditions de parties civiles aujourd'hui au procès des attentats du #13Novembre 2015.

Le compte-rendu de la très émouvante journée d'hier, illustré par @ValPSQR est à retrouver ici > franceinter.fr/justice/proces…
@ValPSQR Aujourd'hui, les toutes dernières victimes qui l'ont souhaité vont témoigner à la barre.

LT à suivre ici.
Je vous retrouve également dans le journal de 13h de @franceinter avec @BrunoDuvic pour le récit de cette 33e semaine.
L'audience reprend avec l'audition de Nicolas, frère de Thomas Duperron, décédé au Bataclan.
"Je n'attendais rien d ce procès, j'y voyais tout au plus une nouvelle épreuve. Je n'ai pas écouté la webradio et très peu lu ou suivi les débats".
Read 90 tweets
May 18
Bonjour à tous,

Les témoignages de victimes se poursuivent au procès des attentats du #13Novembre 2015.
Hier, la cour a notamment entendu les membres du groupe Eagles of Death Metal, au Bataclan ce soir-là.
Le compte-rendu est à retrouver ici > franceinter.fr/justice/proces…
Aujourd'hui, 17 victimes du Bataclan sont attendues à la barre.

LT à suivre ici.

Tous les accusés étant dans le box (comme hier), l'audience peut débuter immédiatement.
Vanessa, 33 ans, s'avance à la barre. "Je travaille dans une agence de communication, comme j'ai l'impression la moitié de Paris. Je suis une femme assez banale. Sauf pour cette phrase que je dis souvent : "j'étais au Bataclan le #13Novembre 2015".
Read 135 tweets
May 17
Bonjour à tous,

Après une semaine de suspension pour cause de contamination au Covid d'un des accusés, le procès des attentats du #13Novembre reprend pour la 33e semaine et 122e jour d'audience.
Toute cette semaine, la cour va entendre les derniers témoignages de victimes, dont aujourd'hui, les membres du groupe Eagles of Death Metal qui ont souhaité s'exprimer à ce procès.

LT à suivre ici.
Retrouvez @sophparm à l'antenne de @franceinter
Le chanteur des Eagles of Death Metal, Jesse Hughes, doit être entendu très prochainement.
Mais avant cela, Ilyad, qui était à la Bonne bière le #13Novembre s'est avancé à la barre.
Il explique avoir pris une balle dans la jambe.
Read 160 tweets
May 6
INFO - Le Covid s'invite à nouveau au procès des attentats du #13Novembre 2015.

L'un des accusés, symptomatique depuis hier, a été testé positif ce matin.
L'audience risque donc d'accuser un nouveau report de 5 à 7 jours, selon le protocole en vigueur.
Les accusés, à l'exception de Farid Kharkhach sont arrivés dans le box.
L'audience s'apprête donc à reprendre...pour quelques minutes du moins. Le temps pour le président d'annoncer le report de l'audience. Audience qui a déjà accusé quatre semaines de retard pour cause de Covid.
Et sinon, nous sommes le 121e jour d'audience, fin de la 32e semaine.
Le compte-rendu de l'audience d'hier avec plusieurs victimes des terrasses, par @sophparm est à retrouver ici>
franceinter.fr/justice/proces…
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May 4
Bonjour à tous,

C'est aujourd'hui le 119e jour d'audience et le début de dix jours de nouvelles auditions de parties civiles. Aujourd'hui, la cour doit ainsi entendre des survivants du Stade de France et des terrasses.
90 victimes sont attendues dans les dix prochains jours.
Le LT sera à suivre ici.
Et @sophparm assurera les compte-rendu d'audience pour l'antenne de @franceinter

Et si vous voulez retrouver le récit de la journée d'hier avec Marc Trévidic et Nicolas Hénin, c'est par ici > franceinter.fr/justice/proces…
L'audience débute. Avant les premières auditions de parties civiles, "nous avons des conclusions" indique le président avant de donner la parole à un avocat, Me Louis Mary.
"Je vous demande de faire entendre Manuel Valls et Jean-Yves Le Drian"
Read 123 tweets
May 2
Bonjour à tous,

Reprise du procès des attentats du #13Novembre 2015 (et oui, c'est toujours en cours) après une semaine de suspension.
117e jour d'audience et dernière ligne droite de cette audience fleuve puisqu'on reprend avec les dernières auditions (témoins et victimes).
Aujourd'hui, trois témoins sont attendus à la barre : le sociologue Bernard Rougier, l'écrivain Mohamed Sifaoui et l'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic.

D'autres témoins sont attendus demain avant une nouvelle session d'audition de 90 victimes à partir de mercredi.
Le LT sera à suivre ici.
Et retrouvez @sophparm à l'antenne de @franceinter

A tout à l'heure.
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