Alors qu'on se demande fébrilement si la #VarioleDuSinge ne va pas provoquer une nouvelle pandémie, un rappel des conditions nécessaires à ce scénario du pire s'impose.
C'est parti !
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La variole du singe, ou variole simienne, est une maladie causée par un orthopoxvirus : l'orthopoxvirus simien.
Depuis l'éradication de la variole humaine (elle aussi provoquée par un orthopoxvirus), elle est reconnue comme l'infection à orthopoxvirus la plus importante.
Comment transmet-on ce virus ?
Théoriquement par projection de gouttelettes respiratoires (de courte portée), mais aussi par contact direct avec une personne infectée (fluides corporels), ou bien encore en contaminant des surfaces, vêtements, etc.
Toutefois, et malgré l'apparition de cas sporadiques au fil des décennies, la transmission interhumaine de l'orthopoxvirus simien n'est jamais apparue comme étant efficace.
Aujourd'hui, cependant, la donne semble avoir changé puisqu'on observe une éclosion ubiquitaire des cas de variole du singe dans des écosystèmes où ce virus n'avait pas l'habitude de performer.
Comment expliquer cette différence ?
Comme vous le savez, les virus détournent la machinerie de la cellule hôte pour se répliquer.
Ce faisant, il arrive que des erreurs de copie s'intègrent dans leur matériel génétique.
Parfois, ces erreurs accouchent de mutations qui peuvent attribuer un avantage au virus, lui permettant de mieux se transmettre...
Dès lors, se pose la question de savoir si une mutation d'envergure n'a pas rendu l'orthopoxvirus plus adapté aux cellules humaines.
Le séquençage devrait nous donner bientôt la réponse.
Maintenant, est-ce que ce virus peut devenir pandémique ?
Pour cela, il faut réunir plusieurs conditions : la première, c'est d'avoir un R0 > 1, autrement dit, qu'une personne infectée en contamine plus d'une autre
et ce dans une population qui n'a pas d'immunité antérieure (tenir compte du déclin de l'immunité mondiale contre les virus du genre orthopoxvirus suite à l'arrêt de la vaccination antivariolique dans les années 80).
Avec un R0 > 1, donc, le nombre de cas augmente à chaque nouvelle génération.
Évidemment, plus le R0 est élevé, plus le virus devient inarrêtable.
A l'inverse, si le R0 est égal à 1, le nombre de cas restera constant (il n'y aura pas de flambée épidémique), et si le R0 est carrément inférieur à 1, pas de souci à se faire : l'épidémie s'éteint d'elle-même à petit feu, puisqu'il y a toujours moins de cas à chaque génération.
Ensuite, le mode de transmission est très important. Si le virus a acquis une bonne capacité à se transmettre par aérosols (à vérifier d'urgence), c'est évidemment un avantage puisqu'il peut contaminer des personnes à longue distance, sans contact direct ou indirect.
Un virus qui transmettrait efficacement de plusieurs façons différentes, nous menant à disperser nos efforts pour le contenir, un tel virus serait bien entendu très problématique (encore une fois, si son R0 excède la valeur seuil de 1).
Ensuite, il y a la période de contagiosité.
Pendant combien de temps une personne qui a attrapé le virus est-elle susceptible de le transmettre ? Plus longue est cette période, plus l'isolement du cas positif devra être long, avec toutes les difficultés que ça implique.
Il faudra également déterminer si on devient contagieux avant ou après l'apparition des symptômes.
Si le virus se transmet pendant la période d'incubation, par des gens qui n'ont même pas conscience d'en être vecteurs (comme avec le COVID-19), c'est très mauvais.
D'autre part, il faut aussi tenir compte du temps de génération du virus. Est-ce qu'on le retransmet vite après l'avoir attrapé, ou bien ce laps de temps est-il plus long ?
De la réponse à cette question dépend l'efficacité du traçage des cas contacts.
Dernier point à surveiller : l'intensité, ou du moins la visibilité des symptômes générés par l'infection.
Peut-elle ou non passer sous les radars ?
A priori, dans le cas de la variole simienne, les éruptions cutanées devraient être de nature à ne pas passer inaperçues.
On peut supposer que les parmi cas rapportées ces derniers jours, très peu, voire aucun ne pensaient être atteints de la variole - synonyme de maladie préhistorique dans l'imaginaire collectif - et qu'ils ont donc tardé à se signaler, promenant le virus dans la nature et
contaminant sans le savoir.
Alors d'un côté, c'est plutôt bon signe dans la mesure où ça souligne le caractère relativement bénin de la plupart des formes symptomatiques.
Mais il ne faudrait pas que ça ait conduit à une diffusion silencieuse trop importante.
Ceci dit, à présent qu'une alerte mondiale commence à poindre, il y a fort à parier que les comportements changent (garder la variole dans un coin de sa tête si intenses céphalées, ganglions tuméfiés et éruptions cutanées suspectes), et que ça nuise à la propagation d'un virus
qui jusqu'ici avançait masqué.
Quoi qu'il en soit, il demeure impossible à ce stade de prédire la trajectoire de ce peut-être virus muté.
Bien sûr que la multiplication des foyers dans différents pays a de quoi faire passer un frisson d'angoisse,
surtout dans une population encore fragilisée (quelle qu'en soit la raison) par la pandémie de COVID-19.
Toutefois, il est bon de rappeler que pour un COVID-19 pandémique, nous avons eu plusieurs "fausses alertes" au XXIème siècle,
au rang desquelles on pourrait citer le SRAS en 2003, la grippe aviaire H5N1 en 2006, le MERS en 2012 ou encore Ebola en 2014.
En d'autres termes, si nous savons maintenant que le pire est toujours possible (en espérant que les autorités sanitaires en profitent pour se montrer proactives), il n'est pas pour autant certain !
Aussi, j'appelle à faire preuve d'une certaine prudence vis-à-vis de tout ce qui sera dit ou relayé dans les prochains jours.
N'oubliez pas que le temps de la science n'est pas toujours le nôtre (hélas, mille fois hélas), et qu'une course effrénée à l'information dans un moment comme celui-ci peut vite s'avérer contre-productif, menant à de la désinformation.
La plus grande prudence est de mise, devant ce virus bien sûr, mais aussi contre toutes les informations encore non vérifiées, non relues par les pairs et non ratifiées par les sociétés savantes.
Prenez donc soin de vous, soyez prudents mais sans céder à l'affolement, si c'est possible !
En attendant, les gestes barrières et le retour du lavage des mains si vous l'aviez abandonné ne sont pas inutiles.
Bonne journée à tous !
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Pendant qu'elle s'obstine à refuser le vaccin à ARNm, la Chine instaure des confinements brutaux pour endiguer la propagation des derniers variants et sous-variants.
Et si c'était l'heure de dresser un bilan de la stratégie #ZeroCovid ?
Données rassurantes : chez les jeunes adultes, il y a moins de risque de myocardite après la dose de rappel (BioNTech/Pfizer) qu'après la deuxième dose.
COVID sévère : et si l'infection de nos cellules immunitaires était en cause ?
C'est du moins ce que suggèrent deux nouvelles études publiées dans Nature en ce mois d'avril.
Voyons un peu de quoi il s'agit.
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Vous vous souvenez ? Au début de la pandémie, on expliquait en gros que les formes sévères venaient de ce que le système immunitaire se retournait contre soi.
On parlait de "tempête de cytokines", de "cascade inflammatoire" sans vraiment identifier le mécanisme sous-tendant
Mais aujourd'hui, nous avons peut-être une idée plus précise de ce qui se passe réellement.
En effet, le virus pourrait infecter et se répliquer dans les cellules immunitaires.
Il est question ici des monocytes et des macrophages.
Rappel du contexte : dans les commentaires sous le dernier fil de @drgomi, j'ai lu en gros que tout irait beaucoup mieux si on avait maintenu le masque obligatoire en intérieur.
Plus précisément, que nous aurions évité la majeure partie des décès actuels grâce à cette mesure.
Spontanément, j'ai rappelé alors que la circulation du virus n'était pas moins intense (loin s'en faut) au moins de janvier : pire, l'on a même enregistré un record peu glorieux de 500 000 cas en 24 heures.
Je vois que ce thread fait beaucoup réagir, tant sur le fond (situation pas catastrophique) que sur la forme (le chambrage envers ceux qui annonçaient 300 morts par jour).
C'est vrai, il n'y a pas 300 morts par jour actuellement.
150, ça reste beaucoup.
Il y a clairement deux écoles qui s'affrontent ici. Les uns déplorent qu'on ait abandonné toute mesure de contrôle de la circulation virale depuis le 14 mars, les autres préconisent une meilleure utilisation de l'arsenal thérapeutique disponible.
L'arsenal thérapeutique, c'est d'abord la vaccination, prioritairement des personnes à risque de forme sévère bien sûr, mais qu'est-ce qu'une personne à risque ?
Au-delà des grosses comorbidités comme les maladies respiratoires ou cardiaques chroniques, ou l'obésité