"Ton histoire, Bourgeoisie,
Est écrite sur ce mur.
Ce n’est pas un texte obscur.
Ta féroce hypocrisie
Est écrite sur ce mur!"
Aujourd'hui c'est la montée au mur des fédérés
un peu d'histoire
1)aujourd’hui c’est la montée au Mur des fédérés…. Mais pourquoi ??
A cet endroit, le 27 mai 1871, avant dernier jour de la semaine sanglante, 144 fédérés furent fusillés.
144 fédérés qui comme tant d’autres avaient donné leur vie pour la Commune
2)Ces morts des combats du Père Lachaise furent jetés dans une fosse commune, au pied du mur, avec tant d’autres que l’on amena ce jour là
Les corps furent hâtivement enfouis, entassés, couvert à la hâte de chaux vive. Recouverts de terre…
3)Pendant 10 ans c’est le silence, la chape de plomb de l’Ordre moral, le silence gêné des républicains opportunistes.
Les Communards qui n’ont pas été exécutés ont été envoyés au bagne, en Nouvelle Calédonie (comme Louise Michel)
4)La fosse au pied du mur est comme abandonnée, sans rien qui ne la signale
5)Dans le secret, les amis de la Commune célèbrent plutôt les débuts victorieux, le 18 mars. Mais certains, certaines vont clandestinement déposer qq fleurs sur la fosse au pied du mur.
(tableau de Pichio, la veuve du fédéré 1877)
6)En 1875, Ernest Pichio, communard proscrit et exilé peint le massacre du Père Lachaise.
Sous le ciel crépusculaire de l’incendie de Paris, les prisonniers acculés au pied du mur, fauchés par les batteries de canons, tombent dans une tranchée évoquant la descente aux enfers
7)Le titre de l’œuvre, "Le Triomphe de l’Ordre", joue avec la censure, mais personne n’est dupe, le tableau est à charge.
Scandale, censure mais par effet pervers logique, vif succès au sein des communautés de bannis.
8)Avec l’installation de la République, au début des années 80, et l'amnistie des communards et communardes, on reparle de la Commune, et l’on évoque la répression.
9)La presse militante propose un rendez vous à la fosse commune, pour donner aux morts l’enterrement dont ils avaient été privés
10)Premier rassemblement au mur le 23 mai 1880, car les autorités interdisent une manifestation place de la Bastille. Un rituel vient de naître.
11)C’est surtout 1 (magnifique) poème qui réveille le mur. Un poème de Pottier, l’auteur de l’Internationale.
Ton histoire, Bourgeoisie,
Est écrite sur ce mur.
Ce n’est pas un texte obscur.
Ta féroce hypocrisie
Est écrite sur ce mur!
12)Jules Jouy, poète depuis oublié, ajoute ses vers l’année suivante
"Tombe sans croix et sans chapelle
Sans lys d’or, sans vitraux d’azur,
Quand le peuple en parle il l’appelle
Le Mur."
13) Car le mur est parfait comme lieu de mémoire, comme métaphore et métonymie de la Commune réprimée, mais aussi, par sa verticalité, comme image de lutte, d’ultime défi.
Il fait des perdants des vaincus héroïques, morts debout
14)Voilà donc que désormais on monte au Mur, drapeau rouge au vent, églantine rouge à la boutonnière !
15)Au début les autorités l’interdisent.
Il y a des heurts, des blessés.
Puis choisissent d’autoriser.
16)Mais les règlements administratifs menacent la fosse commune.
Les anciens s’organisent, obtiennent une concession à perpétuité.
Le sol de la tombe est nivelée, gazonnée.
On pose des crochets pour accrocher les couronnes de fleurs.
17) 1908 inauguration de la première plaque fort consensuelle : « Aux morts de la Commune, 21-28 mai 1871 ».
Pas aux vaincus, pas aux martyrs, pas aux héros mais aux simples morts.
Mais la plaque est là.
18)Et l’on commence à enterrer les anciens de la Commune en face du mur
19)Chaque année tout le monde monte, les anars, les marxistes, les guesdistes, les broussistes…
Bientôt l’on se querelle devant le Mur !
20)Et la police surveille tout, surtout sous le préfet Lépine qui fait arracher des couronnes quand il trouve le message séditieux (et autant vous dire qu’il était tatillon sur la définition de séditieux….)
21) De lieu de mémoire le Mur devient enjeu de pouvoir entre les fractions de la famille socialiste.
Le congrès de Tours en 1920 n’arrange rien ! Communiste et Socialistes montent séparément au Mur.
22)Mais en 1935, dans la dynamique du Front Populaire la montée est unitaire !
Et en 36, après la victoire, 600 000 personnes montent au mur, 8 h durant.
qq unes de journaux de la gauche (unie) en 1936
et ce merveilleux tableau de Boris Taslitzky que j'ai découvert à l'expo au @MuseeLaPiscine à Roubaix (expo qu'à nouveau je vous conseille comme tout le musée, juste merveilleux)
23) Cette foule puissante, le vieux cimetière la retrouvera le 27 mai 1945, après la Libération.
24)Ce qui est sur, c’est que JAMAIS le Mur ne put être volé par la droite ou l’extrême droite !
Ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais ils furent tjrs virés!
25)Reste que ce n’est pas tout à fait le vrai mur, du moins par les vraies pierres. Elles étaient trop abimées par les balles des exécutions.
Le mur a donc été reconstruit.
26) Avec les vraies pierre, un « mur » a été édifié à cote, dans le square Samuel-de-Champlain le long du Père-Lachaise
Avec un monument aux "victimes des révolutions" (sans précision, donc aussi les forces de l'ordre)
Personne n’y va !
et la montée c'est donc aujourd'hui
Attention
L’itinéraire a été modifié sur décision de la préfecture de police
Le cortège partira toujours de la place des Fêtes et rejoindra la rue de Belleville, du Jourdain, des Pyrénées, la place Gambetta, l’avenue Gambetta, et la rue des Rondeaux menant au Père Lachaise
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Mais c'est malin ça!
Comment féminiser les noms de rues sans gêner les riverains habituer au nom de leurs rues?
en rajoutant des prénoms à des rues déjà existantes pour leur donner le nom d'une femme
ainsi, la rue Rodier devient la rue Claude Rodier (9e) (résistante déportée)
La rue Gonnet devient la rue Marguerite Gonnet (11e)
La rue Moret devient la rue Marguerite Moret (11e)
La rue Jacquier devient la rue Paulette Jacquier (14e)
La cité Bauer devient la cité Anne-Marie Bauer (14e)
petit fil sur des monuments aux morts de la guerre de 14-18
Pas les plus nombreux (les monuments patriotiques, ou civiques) mais les moins fréquents, inattendus, ceux qui évoque le pacifisme, les civils, les femmes...
commençons par quelques monuments pacifiste
Le monument de la commune de Gentioux, avec l'inscription " Maudite soit la guerre" et cet enfant, le poing levé
Massacre du 17 octobre 1961 à Paris… Il y a 60 ans N’oublions jamais. (fil à dérouler)
1)Le 17 octobre 1961 a eu lieu la répression d'Etat la plus violente qu'ait jamais provoquée une manifestation de rue en Europe occidentale dans l'histoire contemporaine. Une répression longtemps occultée…
2)Rappelons un peu le contexte En janvier 1961 un référendum avait donné une très nette majorité (75 %) en France métropolitaine comme en Algérie en faveur du processus de paix.
Fil d’histoire sur le viol en France
Sa prise en compte par la justice, par les mouvements féministes, l’évolution de la loi…
(un peu long mais c'est important)
1) Il faut bien voir que les violences faites aux femmes, et notamment les violences sexuelles, ont mis très longtemps à être reconnues, judiciarisées. Des siècles d’impunité qui, même si les lois ont tardivement changé, pèsent encore lourdement de nos jours.
1) Si parfois la justice a bougé, c’est parce que les femmes s’en sont saisies. Parce que l’une des formes d’empowerment des femmes a été de se porter courageusement devant les tribunaux, d’y traîner leurs agresseurs, leurs violeurs.
envie de vous raconter en avance les Trois Glorieuses
27, 28, 29 juillet 1830
vous comprendrez pourquoi
1)Les Trois Glorieuses sont 3 journées insurrectionnelles lors desquelles le peuple parisien soulevé à viré le dernier frère de Louis XVI, Charles X, roi ultra, conservateur, nostalgique de l’Ancien régime
2) Bon posons un peu les forces politiques en présence en ce début de 19e siècle.
A droite les ultras. Nostalgique de l’ancien régime (social et politique).
A gauche, les libéraux, héritiers de 1789, prônant le libéralisme politique (et son suffrage censitaire) et économique