Puisque ce thread de Géraldine Woessner a été fort repris sur de prétendues "fake news" au sujet des pesticides, je crois qu'il n'est pas inutile de revenir dessus tant il contient des approximations et des erreurs.
Le seuil retenu n'est pas la limite de détection mais le seuil réglementaire par défaut, justement choisi par PAN pour éviter le biais de l'amélioration de la détection.
Le seuil sanitaire n'est pas donné par PAN, en effet mais leur propos est justement dire que comme il s'agit de substances destinées à être remplacées (« candidate for substitution »), car sujettes à caution, les résidus devraient être les plus bas possibles.
D'autre part le seuil sanitaire n'est pas la vérité révélée. Ces seuils peuvent être fortement sous-évalués (
).
Surtout qu'ici certaines substances sont perturbatrices endocriniennes, dont les effets à très faibles doses ne sont pas évalués.
Woessner prétend également que le cuivre est ignoré. Je ne sais pas sur quoi elle s'appuie pour une telle affirmation.
En tout cas l'annexe 1 du rapport de PAN liste bien le cuivre parmi les substances sélectionnées.
Elle prétend ensuite qu'on retrouve des médicaments ou des hormones à des concentrations plus élevées que des pesticides dans les aliments.
Je n'ai pas trouvé l'étude qu'elle cite (un lien la prochaine fois ?) mais celle-ci aux USA pubs.acs.org/doi/10.1021/ac…
Ils analysent l'eau souterraine utilisée pour l'eau potable et recherchent des centaines d'hormones et composés pharmaceutiques. Au final, la concentration maximale retrouvée, était de 677 ng/L (soit 0,000677 mg/kg), soit bien en dessous de la limite de 0,01 mg/kg choisie par PAN
Si je me laissais aller à user du même type d'argumentaire que Woessner, alors je l'accuserais de semer la peur sur la consommation d'eau et de vouloir faire croire que boire de l'eau peut tuer.
🤷
Ensuite on passe à la deuxième partie de son thread qui s'intéresse à une étude publiée dans Environment International (sciencedirect.com/science/articl…), relayée par Le Monde via un article de @sfoucart et ensuite reprise par de nombreux journaux.
Le Monde relaie une étude montrant une absence de gains de mortalité chez les personnes qui consomment des fruits et légumes habituellement les plus exposés aux pesticides.
Woessner prétend que le titre est mensonger. C'est pourtant ce que dit précisément l'étude.
Mais après avoir attaqué Le Monde sans aucune justification, Woessner ne s'arrête pas là et attaque maintenant une étude en faisant là aussi des critiques infondées.
Reprenons
« Questionnaires remplis sans contrôle »
Euh… oui, comment on contrôle les réponses de 160 000 personnes ?
Alors on peut imaginer des super protocoles où on contrôle tout, y compris l'exposition aux pesticides mais à une telle échelle ce n'est pas réaliste.
« Tel produit en général n'est pas bio »
Non c'est la fréquence à laquelle on retrouve des résidus en conventionnel dans tel aliment, l'étude ne s'intéresse pas au bio.
« Conventionnel » est littéralement le 3è mot du résumé de l'étude. Comment être passée à côté ?
« Ce qu'on[t] vraiment mangé ces gens ? ON NE SAIT PAS. »
Alors si, on le sait puisqu'il y a eu un questionnaire sur leurs habitudes alimentaires.
Si elle veut dire qu'on ne sait pas à quel point ils ont été exposés aux pesticides. Oui, c'est une imputation statistique.
On sait qu'en moyenne les fraises sont plus exposées que les raisins.
Si une seule personne mange beaucoup de fraises et peu de raisins, elle n'est peut-être pas plus exposée aux pesticides.
Mais en moyenne, sur un grand nombre de personnes, ça tient la route.
Continuons…
« On a cherché à calculer une surmortalité... ET ON NE L'A PAS TROUVÉE ! »
Non, ils ont regardé s'il y avait un lien entre la mortalité et une consommation importante de fruits et légumes (F&L) plus exposés aux pesticides et moins exposés aux pesticides.
« Les cas de morts par cancer sont d'ailleurs 7% moins nombreux »
Alors non, quand il y a un intervalle de confiance qui va de 0,72 à 1,20 (c'est-à-dire de -28% à +20%), on ne conclut pas à une sous-mortalité.
Soit c'est de l'incompétence de dire cela, soit de la malhonnêteté…
Donc l'étude n'a en effet pas identifié une plus faible mortalité chez les personnes qui mangent beaucoup de F&L plus exposés aux pesticides. C'est justement cela qui explique le titre du Monde. On s'attendrait à ce qu'une forte consommation de F&L fasse baisser la mortalité.
Néanmoins l'étude a noté une plus faible mortalité avec la consommation de F&L, mais ceux les moins exposés aux pesticides (ce que Woessner ne rappellera pas). D'où l'idée que les résidus de pesticides pourraient annuler le bénéfice des F&L.
Et Woessner finira par un tweet complotiste.
Ainsi donc, c'est le lobby bio qui dicterait à la presse quoi faire ? A fortiori sur une étude qui ne parle à aucun moment de bio ?! 🙃
Je la rejoins sur un point : oui il faut consommer des F&L, même s'ils ne sont pas bios.
Personne ne dit l'inverse, si ? À part elle qui faisait croire que l'étude portait sur des F&L bio alors que le bénéfice observé par la consommation des F&L étaient bien sur des F&L non bio
Et donc ce thread a été largement repris, notamment par une personne qui dit vouloir promouvoir l'esprit critique, référence au « lobby bio » incluse.
Peut-être que se poser la question de la pertinence de l'argumentaire de Woessner serait un bon début ?
Et ensuite on pourra se poser la question de ce qu'on appelle lobby bio et de comment leurs actions se comparent au lobby de l'agrochimie (qui vient de recruter l'ancienne cheffe de cabinet de l'actuel ministre de l'agriculture).
Bonus : voici les mots qu'on retrouve les plus associés à lobby dans le fil Twitter de G. Woessner. Surprise ! Quel est le lobby qui l'intéresse le plus ? Celui du tabac ? de l'alcool ? de la malbouffe (qui œuvre contre #Nutriscore) ? agro-chimique ? Non : l'affreux lobby bio.
Complément utile sur la puissance du « lobby bio »
L'étude Kuch et Ballschmitter a possiblement été trouvée !
Il s'agit d'une étude identifiant des molécules à des concentrations comprises entre quelques dizaines de pg/L et une centaine de ng/L, soit beaucoup moins que le seuil choisi par PAN.
Les chauves-souris ont décliné à cause d'une maladie (WNS) due à un champignon pathogène introduit dans le nord-est des USA. L'auteur de l'étude défend que les comtés victimes du déclin des chauves-souris l'ont été de manière quasi aléatoire, la rapprochant d'une étude randomisée
Et sur les indicateurs qui permettent de mesurer son échec.
On le sait, Woessner ne rechigne pas à utiliser les arguments les plus spécieux ou malhonnêtes. Elle en fait encore une démonstration éclatante pour tenter de démolir l'IFT et le NODU.
Thread ⤵️
Le plan Ecophyto vise à diminuer l'utilisation des pesticides. Pour mesurer cela, on pourrait se contenter de regarder la quantité achetée chaque année. Mais la quantité est peu représentative de la toxicité.
Un peu comme avec l'alcool : 25cl de bière ce n'est pas la même chose que 25cl de whisky. Et donc on compare les alcools par rapport à des doses de référence.
Une dose d'alcool c'est par exemple un verre de bière (25cl) ou un verre de whisky (2,5cl).
L'officine de désinformation scientifique, nommée AFIS, vient de publier sur le glyphosate un communiqué indigent, y compris à l'aune de leurs propres standards.
1⃣ Déni de connaissances scientifiques
2⃣ "Oubli" d'expertises pertinentes
3⃣ Doubles standards à tous les étages
🧶
Ces critiques sont plus détaillées dans l'article de blog correspondant :
Alimentation bio et cancers : une nouvelle étude est sortie en janvier dernier, elle ne confirme pas les résultats précédents d'une baisse de cancers chez les personnes mangeant plus bio.
Qu'est-ce que ça nous dit sur le sujet ?
Explications…
À l'automne 2018, une étude de Baudry et al avait défrayé la chronique. Elle avait suivi près de 70 000 personnes pendant un peu moins de 5 ans, en moyenne, et avait identifié que le quart mangeant le plus bio avait 25% de cancers en moins.
En regardant séparément pour différents cancers, une baisse significative ressortait pour les cancers du sein post-ménopause et les lymphomes non-hodgkiniens.
3/
L'association des ultras du nucléaire, les @voixdunucleaire, est connue pour avoir produit un "scénario" énergétique irresponsable car tablant sur un prolongement des centrales ☢️ après 70 ans.
Là, elle vient de produire cette infographie parfaitement fallacieuse.
Car…
Car le choix des données prises en compte est discutable mais, pire, même pour les mesures choisies, l'infographie est très malhonnête.
Dans le graphique d'origine, on a donc deux sources de données différentes, aux résultats très différents. Une seule est retenue pour l'infographie des Voix du Nuke : celle qui les arrange le plus car montrant la différence la plus marquée.