Thread by @sebbimarrec

La médias s'épanchent sur le "manque de bras" pour la saison touristique. Problème : le sujet est quasi systématiquement traité par le seul point de vue des employeurs (toujours vertueux et de bonne volonté)... mais rarement des saisonniers (qui ne veulent plus bosser)...
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https://twitter.com/vittart75/status/1529315917578096640

Perso, j'ai connu beaucoup d'employeurs méprisants vis-à-vis de leurs salariés et du droit du travail. Le respect humain est rare dans ces boulots, en particulier dans l'hôtellerie-restauration, où j'ai assisté (et subi) des scènes ahurissantes d'humiliation.

Cris, menaces, brimades, pétages de plombs, sexisme ordinaire des chefs (quasi exclusivement des hommes)... Tout ça s'ajoute à la pression (le client étant roi, y compris s'il est hyper capricieux) et les horaires décalés, parfois sans respect de la période de repos entre 2 jours

La question du logement est évidemment épineuse. Je me souviens avoir candidaté à des postes où la seule solution en la matière s'avérait le camping. Ni l'employeur ni la commune (touristique) n'avait mis en place de solutions, alors que le problème se reposait d'année en année.

Aujourd'hui, les prix des logements se sont envolés, sont devenus (encore) plus rares, et le taux de résidences secondaires a explosé sur le littoral notamment. Des collectivités font mine de découvrir les difficultés que ce cercle vicieux pose à leur économie monotouristique.

Les rémunérations restent assez médiocres, malgré la revalorisation salariale de ce printemps, qui pour les saisonniers reste proche du taux d'inflation. Sans compter : les pauses non-payées, la non-majoration des heures de nuit, les heures supplémentaires "oubliées".

Enfin, nombre de journalistes omettent de rappeler que la dernière réforme de l’assurance chômage orchestrée par Elisabeth Borne est défavorable aux saisonniers. Les contrats ne durent en moyenne que 4 mois, une durée insuffisante pour ouvrir ses droits au chômage.

Avant, c'était justement 4 mois. Le changement date de la réforme de l'Unédic, qui a fait passer cette durée nécessaire à 6 mois. La réforme a également fait baisser le montant de l'allocation de 17 % en moyenne.

Pour les saisonniers qui n'enchaînent pas les contrats, c'est la précarité permanente assurée. Le gouvernement a lésé les saisonniers, alors que leurs conditions étaient déjà dégradées. Beaucoup ont eu le temps d'y réfléchir pendant les confinements, et ne reviendront pas.

Messages aux journalistes, donc : creusez sérieusement le sujet au lieu de simplement vous contenter d'interroger les restaurateurs désemparés. L'impression désagréable est que les saisonniers n'ont pas le droit à la parole, et qu'il n'y a aucun problème humain dans cette affaire

Je précise que j'ai été deux étés saisonnier dans la viticulture, deux étés dans la restauration (dont un à l'étranger, plus paisible même si j'étais payé au lance-pierre). J'ai fait quelques essais et extras, mais aussi un mois dans un des sites naturels les plus visités de 🇫🇷

Il faudrait un TripAdvisor des employeurs de saisonniers pour éviter les expériences traumatisantes... En attendant, si vous cherchez un emploi de saisonnier: interrogez des proches pour avoir des tuyaux, et questionnez les employés du bas de l'échelle, c'est la meilleure méthode

Voici quelques articles et reportages pour appuyer mon propos. Parfois, comme dans ce reportage du 20h de @TF1Info, la perte d'attractivité de ces emplois est évoquée. Un saisonnier témoigne d'un changement par rapport à une précédente expérience ingrate tf1info.fr/vie-pro/video-…

Cet article de @Midilibre parle des "conditions délicates" dans un article consacré à... "un recueil d’anecdotes amusantes" d'anciens saisonniers. Toujours plus sympa et léger d'aborder le sujet sous l'angle : "Après tout, ce sont de bons souvenirs"... midilibre.fr/2022/05/21/fac…

Mais dans l'écrasante majorité des articles, on retrouve le seul point de vue des employeurs et l'inévitable @tgregoire62, président côté saisonniers de l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie, 1ère organisation patronale du secteur. leparisien.fr/economie/emplo…

Le tapis rouge médiatique est déroulé aux représentants de l'UMIH, dont Thierry Grégoire - ses propos sont souvent intéressants par ailleurs. Je suis plus sceptique quand il parle du "comportement d’une minorité de professionnels indélicats" du secteur.
rmc.bfmtv.com/actualites/eco…

La plupart du temps, les problèmes sont appréhendés - et généralement euphémisés - par les employeurs eux-mêmes, souvent membres de structures représentant leur industrie, typiquement l'hôtellerie-restauration.
lepoint.fr/economie/les-v…

[RT] Une journaliste de @F3Aquitaine m'a d'ailleurs contacté car elle cherche un ancien ou une ancienne saisonnier.ère qui pourrait témoigner de son expérience dans le cadre d'une émission mardi après-midi. N'hésitez pas à la contacter en DM.

https://twitter.com/CristofariMA/status/1530635296668323840