Thread by @KaplanBen_Fr

#Automobile #Énergie Dans les critiques de la décision d’imposer l'interdiction de la vente de véhicules thermiques dès 2035, l'argument de « doubler le parc nucléaire » (en France) est marginalement utilisé et faux (on le sait depuis longtemps)...

https://twitter.com/GoldbergNic/status/1535509745892790276

... d'ailleurs cette décision est prise au niveau européen et interroge les mix énergétiques de tous les pays européens, y compris ceux qui ont renoncé au nucléaire au profit d'un mix énergétique EnR +gaz russe ou EnR + GNL qatari ou américain.

Les critiques de la décision d’imposer l'interdiction de la vente de véhicules thermiques dès 2035, n'est d'ailleurs pas non plus une critique des VE en soit: ni de l’efficience de leurs moteurs, ni de leur intérêt pour diminuer les émissions de CO2 sur le cycle de vie complet.

Les critiques légitimes de cette décision prise par le Parlement Européen sont de trois ordres :
1- L'adaptation du modèle industriel du secteur automobile qui va se dérouler brutalement avec des contraintes de normes et pas par une évolution de la demande des clients.

Les conséquences du choc social pour les emplois perdus qui ne pourront pas être reconvertis par l'industrie automobile ou de la mobilité au sens large. Qui va assumer ce choc social de chômage et de reconversion ? Certainement pas l'industrie automobile.

De plus le marché automobile est un marché piloté par la demande en produit pas par les normes: on n’oblige pas un client à acheter un véhicule dont il ne veut pas à moins de réguler l'acquisition des voitures comme dans un pays totalitaire. La Chine est-elle le modèle de l'UE ?

2 - La question du coût des VE est uniquement basé sur des modèles qui prennent en compte le développement de la massification de la production industrielle de VE et donc sur les gains de l'effet d'échelle. Ce n'est pas le seul facteur : la question du coût des matières premières

est primordial compte tenu du nombre limité d'acteurs, tant dans la productions de ressources et leur raffinage et transformation. Autant Elon Musk que Carlos Tavarès alertent sur la question de la sécurisation en matières premières (Nickel, Cobalt...).

De plus les capacités de productions de batteries sont aussi interrogées au niveau européen et au niveau mondial : si il y a une forte demande au niveau mondial la production chinoise ne viendra pas pallier à la déficience de la production européenne dès le début des années 2030.

Le coût a prendre en compte est également celui de l'énergie, or l'alignement du prix de l'électricité en Europe sur le prix du gaz a montré ces derniers mois des effets défavorables pour le consommateur, d'autant que la taxation des produits pétroliers devra bien être compensée.

Ces questions sur le modèle économique des véhicules électriques va avoir un impact sur la démocratisation de l'accès aux véhicules électriques alors qu'en Europe le véhicule le plus vendue est la Dacia Sandero à partir de 10 000 euros...

https://twitter.com/infofrance3/status/1535140705194201090?s=20&t=_yzwWvEEu4tsH3FiVUDSeg

Il faut assumer les conséquences de l'inégalité d'un tel modèle économique sur la fracture sociale... ce ne sera pas non plus à l'industrie automobile de répondre à cette question, ni aux risques d'explosions sociales et politiques que cette conversion à marche forcée provoquera.

3 - La question enfin de l'adaptation du mix énergétique au niveau européen est posée, puisque la décision de passer aux VE dès 2035 est prise au niveau européen et pas au niveau franco-français.

Les décisions d'investissements dans l'évolution des mix énergétiques des pays européens sont questionnés en ce moment avec la rupture des relations avec la Russie et il n'y aura aucun mix énergétique ayant atteint la neutralité carbone d'ici 2035 en Europe...

Est ce que ce mix énergétiques sont compatibles avec une réindustrialisation massive de l'UE tant dans la transformations de matières premières, qu'une industrie de fabrication et de recyclage des batteries, une relocalisation des composants électroniques...

... qui deviennent la principale valeur ajoutée des véhicules ? Le choc d'adaptation industrielle qu'a choisi l'Europe nécessite bcp d'investissements qui devront être rentabilisés or l'UE a choisi de se désynchroniser des cycles de normes du marché chinois et du marché US...

... les deux autres plus gros marchés automobiles, qui bénéficieront ultérieurement des investissements européens sans en avoir pris les risques associés et donc à moindre coût. Est-ce une bonne stratégie ? Je ne crois pas.

Je suis toujours frappé par les articles qui expliquent que c'est très simple, il suffit de « Repenser la mobilité actuelle », comme si ils allaient obliger les consommateurs à rouler en vélo ou en tricycle au lieu de leur SUV... polytechnique-insights.com/tribunes/plane…

A aucun moment ne leur vient à l'esprit que la liberté de consommer est un élément essentiel de nos sociétés démocratiques et qu'un stalino-fascisme qui viserait à imposer quel type de mode de mobilité convient le mieux aux consommateurs est une remise en question de leur liberté