[THREAD] Aujourd'hui, on vous parle d'injonction à l'épilation 👇
Dans l’Egypte antique, l'épilation était considérée comme hygiénique et concernait donc femmes et hommes. À la Renaissance, on épilait seulement les poils visibles : sous les robes, ceux des aisselles et pubiens étaient des atouts de séduction.
Au XIXe siècle, l'épilation, réservée aux actrices, danseuses et prostituées qui montrent leur corps, a donc mauvaise réputation. Un siècle plus tard, l'arrivée des premiers rasoirs jetables, la démocratisation de la baignade et les magazines féminins popularisent la peau lisse.
L'industrie pornographique mainstream pérennise cette tendance en norme : la femme n'a pas de poils.
L'épilation est avant tout un marqueur social : de la mère qui achète les premiers produits, en passant par les copines qui jugent et comparent, les copains qui donnent leur avis et se moquent, nous ne sommes pas libres de ne pas nous épiler.
L'injonction à la dépilation participe à un contrôle des femmes pour les faire correspondre à la norme hétérosexuelle et raciste : ce n'est pas un hasard si les femmes qui ne s'épilent pas sont insultées de lesbiennes ou de singes.
La dynamique de la classe sociale rentre également en compte : il est bien plus difficile d'arrêter de s'épiler quand on est une employée que quand on est une star renommée.
👉L'impact du confinement.
Un sondage OpinionWay pour BIC révélait en avril 2020 le poids social de l'épilation : 40% des femmes ne s'épilaient plus autant qu'avant le confinement. Ce qui veut quand même dire que 60% d'entre elles n'ont donc pas changer leurs habitudes.
Preuve également que l'intériorisation de l'injonction à l'épilation est forte : la différence entre les femmes célibataires et en couple est de seulement 5%.
Pourtant, on a vu fleurir alors de nombreux articles de magazines nous sommant de continuer à nous épiler et des memes sur les réseaux sociaux annonçant la transformation prochaine des femmes en chewbacca.
Aujourd'hui, après des décennies de chasse aux poils, ceux-ci reviennent en grâce, notamment via les stars : Emily Ratajkowski, Jemima Kirke, Bella Thorne, Amandla Stenberg, Miley Cyrus assument fièrement leurs poils sur les réseaux sociaux, dans les magazines ou les tapis rouges
Le fait de garder ses poils est historiquement un acte féministe. Dans les années 60-70, les féministes ont remis en question les diktats de la beauté et révèlé l'aspect oppressif et sexiste de l'épilation : elle est genrée, infantilisante, douloureuse, chronophage, coûteuse etc.
Ne pas s'épiler est alors un geste politique. Aujourd'hui, dans le sillage du mouvement #bodypositive et de la nouvelle vague féministe, garder ses poils s'inscrit autant dans une démarche d'acceptation de soi et de son corps, que dans un acte de résistance au patriarcat.
Selon une étude Ifop réalisée en France en 2021, les chiffres confirment en partie ce retour au naturel :
👉+ 13% des femmes ne s’épilent pas le pubis (28% contre 15% en 2013)
👉+ 12% des femmes ne s'épilent pas les jambes
👉+ 10% des femmes ne s'épilent pas les aisselles
Cela reste à relativiser, car dans le même temps, l'épilation intégrale du maillot progresse également, surtout chez les jeunes :
👉56% des 18-24 ans la pratiquent, un chiffre bien supérieur à la moyenne tous âges confondus (24%) et qui a également augmenté (14% en 2013).
L'influence des modes sur les poils est particulièrement importante sur les sourcils féminins :
👉1920 : simple trait noir (cinéma muet).
👉1930 : trait marron fin très haut (Edith Piaf)
👉1940 : retour au naturel (Elizabeth Taylor)
👉1950 : fin des sourcils fins (Audrey Hepburn)
👉1960 : les styles naturels et dessinés cohabitent
👉1970 : pas d'épilation des sourcils
👉1980 : épais et travaillés (Brooke Shields)
👉1990 : retour du fin très épilé (Kate Moss)
👉2000 : retour au naturel
👉2010 : épais et fournis (Cara Delevigne)
👉2020 : retour du skinny sourcil (Bella Hadid)
Les sourcils sont les seuls poils féminins autorisés : ils sont donc soumis à tout un tas d'injonctions contradictoires et sont sensés être maitrisés.
En 2020, la youtubeuse et influence française La petite Gaby en a fait les frais : en laissant repousser son monosourcil, elle doit faire face à une vague de commentaires haineux auxquels elle répond de la meilleure façon en arborant un style inspiré de Frida Kahlo.
Suite à du harcèlement sur les réseaux sociaux, des femmes ont crées des hashtags comme #januhairy ou #jegardemespoils. L'objectif est de montrer la diversité et la beauté des corps féminins au naturel et offrir ainsi un nouveau référentiel de représentation des femmes.
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[THREAD] Aujourd'hui, on vous parle de vêtements chez les femmes et de toutes les injonctions (contradictoires) qui y sont liées👇
Festival de Cannes, Met Gala ou même Roland Garros, les journalistes s'en donnent à cœur joie : les tenues des femmes sont décortiquées...Attention à l'impair !
Malheureusement, ce regard sur les tenues des femmes ne s'arrêtent pas à ces événements il est présent tous les jours, partout et ce dès la naissance.
[THREAD] Pourquoi n'utilise-t-on jamais le mot "#lesbiennes" ? Comment sont-elles invisibilisées dans la société ? Réponse dans notre thread du jour👇
Dans notre société, dans les médias, les représentations, la pop-culture, dans les discours, sur internet, et même dans le milieu du militantisme, les lesbiennes sont invisibles, ou plutôt... invisibilisées. À commencer par le mot lui-même : lesbienne.
Comme l'explique @alicecoffin dans son livre "Le génie lesbien" : "Le mot "lesbienne" fait peur. Lesbienne, lesbienne, lesbienne, lesbienne. L'écrire, le dire, est une transgression, une émancipation, une révolution. Le terme terrifie."