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Jun 26 25 tweets 6 min read
Gros ramdam au sujet des plaintes pour #viol à l’encontre de la gynécologue et secrétaire d’Etat Chrysoula Zacharopoulou. On a mis le focus sur le mot viol alors qu’il aurait fallu le mettre sur le consentement aux soins, obligatoire depuis la loi du 4 mars 2002. #thread
Il y a celles et ceux qui soutiennent les victimes présumées, haut et fort, parce que ces plaintes font écho à des violences qu’elles ont elles-mêmes subies, elles se souviennent de la froideur du spéculum dans leur chair, inséré trop vite ou par surprise.
Il y a celles et ceux qui s’insurgent : comment peut-on parler de violence dans le cadre d’un examen gynécologique ? Ils ironisent : « Quand on va chez le gynéco, il faut s’attendre à un examen gynéco ! Ce n’est pas pour discuter de Harry Potter ou pour faire un détartrage ! »
Une question a échauffé les esprits. #Viol ou pas viol ? Une plainte fait état de violences, deux de viol par pénétrations vaginales ou anales. D’après l’article 222-23 du Code pénal, le viol est un acte de pénétration « sexuelle »…
Des voix se sont élevées pour dire que dans un contexte d’examen médical, il n’y a pas de pénétration « sexuelle », en d’autres termes pas d’intention sexuelle… En admettant cela, reste que les plaignantes invoquent des gestes pratiqués sans leur #consentement.
Et c’est là où je souhaiterais mettre le focus. La question du consentement. Et faire taire tous ceux qui traitent les femmes de chochottes. Depuis la loi du 4 mars 2002, recueillir l’accord du patient avant tout acte médical est une obligation. Une obligation. POINT BARRE.
« Un acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne ». Le législateur a décidé de protéger le patient par l’obligation de recueillir son #consentement.
Mais il ne suffit pas de voter une loi pour qu’un changement sociétal opère en un claquement de doigt.
Des siècles de paternalisme médical font que la relation soignant-soigné est souvent asymétrique avec d’un côté une personne qui subit les soins (et aussi la maladie) et de l’autre côté la blouse blanche qui dispose du savoir et relègue la communication au second plan.
Le corps médical (et paramédical) a tellement la certitude d’œuvrer pour le bien du patient. Qu’on lui demande de se soumettre à une autorisation du patient pour soigner, ça peut l’agacer…
Si certains soignants (dont la nouvelle génération formée après 2002) recherchent le consentement, il faut se rendre à l’évidence, il reste encore beaucoup à faire pour que la demande de consentement soit systématique.
Plusieurs soignants ont témoigné aujourd’hui pour dire que c’est possible : des petites phrases que l’on glisse automatiquement : êtes-vous d’accord pour que je vous examine ? Puis-je vous ausculter ? Je vous propose de faire un toucher vaginal, êtes-vous d’accord ?
Cela ne choque personne de devoir donner son accord dans plein de domaines de la vie courante pour faire des achats, prendre une assurance, souscrire un prêt bancaires, réparer sa voiture.
Toutes les situations de soins doivent donc recueillir le consentement du patient au préalable.
Il faut arrêter avec le mythe du bon patient qui serait un patient docile, qui se tait et accepte tout sans broncher. (notre amie @galatee le disait si bien) Le patient est une personne qui a besoin de comprendre un soin mais aussi et surtout de se sentir écouté et en confiance.
Le droit au consentement pour tout acte médical date donc de plus de 20 ans. Tous les praticiens n’ont pas changé leurs habitudes, mais le coup de projecteur donné par les plaintes relatives à des violences peut faire bouger les lignes.
Il est temps que les soignants qui ne se plient pas encore aux procédures de recueil de consentement s’y mettent et adoptent de nouvelles habitudes, cela n’est pas très compliqué, cela favorise le dialogue.
Et bien sûr, cela concerne toutes les situations de soins, tous les soignants. Ne va-t-on pas se retrouver dans des situations ubuesques ? objecteront certains. Répéter les mêmes questions sans cesse… On dit bien bonjour, au revoir et merci !!!
A chacun de trouver des solutions. En début d’hospitalisation ou de consultation, on pourrait recueillir le consentement pour l’ensemble des soins tout en précisant au patient qu’il peut se rétracter à tout moment.
Dans certains cas, on peut considérer l’accord tacite pour des soins d’urgence par exemple. Pour autant, une hospitalisation ne peut se faire qu’avec l’accord du patient…
Recueillir le consentement du patient pour effectuer un soin c’est aussi accepter l’éventualité qu’il le refuse. Bien évidemment, en fonction des situations, le praticien donnera de nouvelles explications, recherchera des compromis pour espérer un changement d’avis.
Mais si le patient persiste dans son refus, il est nécessaire de respecter son choix, d’abandonner la posture de celui qui sait ou du bienfaiteur (je sais ce qui est bon pour vous). Sans lui en tenir rigueur, en gardant une attitude bienveillante.
Le patient n’est pas un adversaire, c’est un partenaire dans le parcours de soin, même en cas de désaccord, quand il s'agit d'un soin considéré comme essentiel. Et oui, dans ce cas, il faut le reconnaître, la partie n’est pas simple pour le soignant.
Revenons à l'affaire #Zacharopoulou. A la problématique du consentement, s’ajoute le fait que les soins concernent la sphère sexuelle. Les consultations gynécologiques suscitent chez de nombreuses femmes une appréhension…
Lors d’une consultation gynéco, la femme se met à nu, en répondant à des questions sur sa vie intime, en évoquant ses pratiques sexuelles, ses difficultés, ses traumatismes. Alors, oui, plus que pour d’autres consultations, il y a besoin là de considération et de respect. #Fin

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