Qualifier une situation de "coloniale", comme le rapport France/"#outremer", amène pas mal d'objections.
Si ce n'est pas 1) ultra violent dans la forme ou 2) illégal, c'est qu'il ne s'agirait pas de ça. Mais ça ne tient pas.
Alors, qu'est qui rend une situation "coloniale"?
Une situation peut être dite "coloniale", non pas d'abord parce qu'il y a des crimes/massacres (même si cela accompagne le colonialisme), mais parce qu'il y a un rapport de domination entre deux territoires où celui subalterne sert les intérêts, en premier économique, de l'autre.
Les formes de ce rapport (qui n'est pas qu'économique) peuvent évoluer.
Puis il y a des caractéristiques qui vont distinguer tel processus colonial d'autres formes de colonisation.
Ex: racialisation-industrialisation dans le cas européen, à échelle et conséquences inégalées.
Qu'il s'agisse de "l'outremer" avec la Fr ou des rapports Nord/Sud plus globaux, ce rapport de domination existe et est matérialisé par des institutions, des échanges inégaux, de la dépendance etc, et tout cela est bien *légal*. Ce n'est pas l'illégalité qui constitue ce rapport.
Pareil pour le "crime". Notion à la fois importante et piégée.
Importante car elle permet de nommer les écarts aux règles que les dominants fixent eux-mêmes et qui contredisent leur position de défenseurs autoproclamés du Bien.
(ex: les "crimes coloniaux", tels Mai 67 en Gpe)
Mais piégée parce que s'il faut bien sûr nommer ces moments où la violence atteint son paroxysme, elle peut parfois devenir le critère absolu pour définir le fait colonial.
Résultat la violence constitutive du rapport de domination s'efface derrière le besoin de spectaculaire.
Or, le colonial est bien là, car l'asymétrie fondamentale demeure et qu'il y a non réciprocité entre les groupes sociaux que ce rapport met en jeu.
Malgré évolutions au gré de changements internes comme externes, et diversité au regard de la singularité de chaque pays colonisé:
▶️"l'outremer" est un marché de consommateurs pr la Frce, pas l'inverse
▶️les "ultramarins" migrent en Frce pr fuir le chômage, accéder à des formations non dispo chez eux, l'inverse n'est pas vrai (hautes administrations, création d'entreprises, "aventure", "coup de coeur"etc)
▶️le fait d'être autochtone à un territoire ultramarin relève d'une dépossession de terres et d'une marginalisation historique (voir Kanaky, Guyane..) l'inverse n'est pas vrai
▶️ la dépendance économique fait que le potentiel créatif "ultramarin" est soumis aux intérêts FR ou UE
Donc sera financé ce qui peut servir le "territoire" (je hais ce terme pour parler de nos PAYS) mais surtout la "nation", donc le centre. Le critère du "développement" n'est pas endogène dans l'absolu, mais exogène.
Bref, plein d'autres exemples avec asymétrie et non réciprocité
(j'insiste sur les migrations: l'équivalence entre les conditions qui les fabriquent des 2 côtés est un non sens.
"Oui ms des 2 côtés on n'aime pas les nouveaux venus!"
Oui pr raisons et historique différents. Ce qui m'inquiète en Gpe: racisme anti caribéens, pas "anti blancs")
Une situation est coloniale même quand
▶️les élus des pays subalternes sont foireux, magouilleurs- comme leurs homologues frenchy...
▶️des charlatans utilisent la critique du colonialisme pr leurs intérêts persos
Bref même qd il y a des gens pas-gentils dans le pays dominé :p
Une situation est coloniale également quand bien même:
▶️il y a des pauvres ds le pays colonisateur
▶️les personnes du pays colonisé "adhèrent" à ce système, faute d'alternatives perçues vu le contexte d'indépendances biaisées avec capitalisme et néocolonialisme bien vivants
Mais soyons sûrs que malgré cette "adhésion" par contrainte, manque d'alternatives perçues, antagonisme & malaises st là. Ils ressortent tout le tps. Le rapport colonial qui est un rapport de classe est impossible à étouffer. Malgré les tentatives de neutralisation, pacification.
Ça explose tt le temps. C'est le cas pour la crise sanitaire. Rappel: les "outremer" les plus proches de l'indépendance sont ceux où il y a eu le moins d'antivaxisme, ms ds les autres, la médiation coloniale ds une forme plus "forte", a biaisée l'appréhension de l'enjeu vaccinal.
Long sujet, avec des causes multiples, mais une dont on pourra pas ne pas parler car ce serait une erreur de croire que les causes de tout ça sont identiques à ce qu'il y a eu ailleurs en occident - malgré une circulation évidente des contenus conspi. Parenthèse fermée.
(et on peut dire ça tout en voyant comment des syndicalistes, des anticoloniaux - mais aussi les gauches en France, à leurs façons - se sont plantés sur le sujet covid. La critique doit aussi aller là, mais en comprenant le pb de fond. bref parenthèse refermée pr de bon ;) )
La question qui se pose c'est la traduction politique, au-delà de la contestation pure sans lendemain, de ces antagonisme et malaises, ce qui ne veut pas dire que des gens n'y travaillent pas- il y en a. Mais il y a aussi des positions hégémoniques de certains milieux qui pèsent.
Il y a la team bourge pro France etc qui assument ces intérets, puis il y a la team on veut du changement mais pas trop et qui a une suspicion de tout ce qui s'agite (le travers inverse n'est pas super non plus), aime les révoltes "d'avant" ms celles de mtnt c'est tjrs trop sale.
Comme si les révoltes du passé sur lesquelles on se branle, car tenues à bonne distance par le seul souvenir, n'avaient pas leurs lots "d'impureté": violences mal dirigées, opportunistes, contradictions, manque de vision etc
Dans d'autres contextes, elles avaient aussi leurs pbs
Mais ce n'est pas pareil d'intervenir de façon critique pour mettre de la contradiction utile, aider à réorienter des trucs, que d'opérer (qu'importe que ce soit l'intention ou pas) à disqualifier les révoltes, à renforcer le sens commun hégémonique sur une situation donnée
Mot de la fin : toutes ces objections et complexités n'annulent pas la dimension coloniale du rapport qui lie la France à "l'outremer".
(Je mettrai cette réflexion en format texte sur le blog et fiches sur insta plus tard, et renvoyer à celles d'autres gens dans le même sens)
*en complément*
Une situation peut aussi être dite coloniale:
▶️même s'il y a des dynamiques internes au pays subalterne (quelles sociétés n'en ont pas ?!) qui ne se réduisent pas au rapport avec le pays colonisateur
Cela ne se contredit pas : le caractère colonial agit comme une contrainte structurante, déterminante, mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de dynamiques qui possèdent une relative autonomie
(C'est un peu comme la relation entre capitalisme et racisme, sexisme )
Cela signifie en quelque sorte qu'affronter la question coloniale est une condition *nécessaire* à tout ce qui se veut émancipateur, mais *non suffisante* puisqu'il y a une relative autonomie - à déterminer en situation - de dynamiques locales, ou ds les relations sud/sud par ex
Une situation peut également être dite coloniale:
▶️Même s'il y a des classes aisées voire bourgeoises dans le pays subalterne
(ça c'est pour répondre à l'argument "mais ya des gens qui vivent très bien dans X pays donc en quoi ce serait un colonisé! )
On peut même dire que l'existence d'une bourgeoisie colonisée est une condition nécessaire du colonialisme... soit une classe (même parfois avec ses franges "critiques" - mais n'aimant que la critique qui ne menace pas ses intérêts immédiats) qui assure la reproduction du système
Et pt-être ajouter que si le colonialisme dépossède, appauvrit, ça veut pas dire que dans la population colonisée tout le même subit le même degré de dépossession (il y a des classes sociales, des segmentations raciales, religieuses (selon les contextes) explicites, implicites...
De même que dans le pays colonisateur, tous ne bénéficient pas de ce que le rapport colonial prend au pays colonisé et redistribue chez lui. Là encore parce qu'il y des classes sociales, etc.
Donc disons que le rapport colonial n'annule pas la question de classe, des deux côtés
Simplement, elle (la question de classe) n'opère pas tout à fait pareil, mais des deux côtés elle est déterminée par ce rapport colonial. La formation des classes dans la métropole est liée à la formation de celles dans la colonie (ça se co-construit, sans être identique)
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Christine Kelly, son émission avec Zemmour comme expression de la volonté de Dieu et opportunité de partager sa foi
Ce grd moment de normalisation de l'extrême droite financé par Bolloré est dc présenté ici comme un bienfait au niveau spirituel
Extraits:
La vidéo complète a été postée il y a 2 mois et ne tourne (à ma connaissance) que maintenant dans le whatsapp gwada.
Qu'on se comprenne bien: le pb n'est pas la foi (que je respecte), ou de donner un sens religieux à son travail, mais il ne s'agit pas de n'importe quel travail
La mise en avant médiatique de Zemmour a clairement un but politique (en plus des logiques de buzz)
La concentration des médias par Bolloré sert les idées politiques, religieuses (catho tradi) et les intérêts économiques documentés de ce personnage lemonde.fr/m-le-mag/artic…
Encore vu passer un parallèle foireux de ce genre-là, c chiant
X et Y ont une rhétorique similaire donc ils sont pareils.
Qu'importe que X et Y partent de positions différentes, ont des moyens matériels différents, des horizons différents. C'est pourtant ça qui est déterminant
On se rend pas tjs compte de comment cette approche dépolitisante qui ne pense pas un rapport social ms juste un ensemble "d'idées" hors de ttes contingences, contextes, positions etc ne se trouve pas que ds les trucs caricaturaux de "racisme anti blanc". Ça infuse bcp d'analyses
Et ça a un impact sur comment on pense les solutions car si tu penses juste en terme d'idées mauvaises à combattre, tu t'attaques pas aux conditions qui les produisent. Alors q si tu penses par les conditions tu sais différencier ce qui du côté hégémonique ou pas (= pb principal)
wi et par analogie ça rappelle ttes les contextualisations (nécessaires par principe, ms pr le meilleur et le pire en résultat) sur les H noirs ds rap, ms aussi intra communautaire, couples etc ms le refus absolu de contextualiser les F noires autrement q par "vendues aux blancs"
ça c'est la version prol mais en version sophistiquée (donc qui va passer mieux chez les intello là où la version prol ferait hurler - preuve que leur détestation des formes réac est avant tout un truc de classe) ça s'appellera plutôt "misandrie négrophobe" ou autre truc du genre
on parle de positions politiques qui se situent ds le champ de la contestation, donc à critiquer pr les mauvaises analyses/stratégies/réponses qu'elles offrent, ce n'est pas eux le problème principal (= l'hégémonie).
C'est un truc que je disais à des camarades décolo et panafs qui à cause de la racialisation eurocentrique des questions sexuelles + leur conservatisme se servant de ça comme alibi, parlaient d'un "privilège" homo et trans:
"Bah vas-y transitionne pour voir...ou deviens pédé!"
Ils bafouillaient car savaient que la vie serait pas meilleure, au contraire.
Bonne base pr rappeler que malgré discours et politiques intéressés des occidentaux sur sauver les LGBT noirs/arabes de leurs commu, ça peut être un enfer qd mm
La vie se réduit pas à cette propagande
C'était un moyen de les renvoyer à leur grosse contradiction:
si on pense réellement que la racialisation/la commu est *le* facteur déterminant ds la condition, l'identification, la mobilisation, comprenons le dégât que ça produit de théoriser que certains st du côté des blancs
En dehors des manipulations notoires, ce parallèle fonctionne pr bcp de gens parce qu'il y a une conception idéaliste des phénomènes politiques et sociaux.
Tout est analysé à partir des "idées" (détachées de toute contingence ), lesquelles seraient la base de tout
Donc on compare les "idées" de X et Y sur des sujets donnés (X et Y sont contre l'UE/ veulent changer de constitution / critiquent les riches).
Comparaisons sans regarder là où malgré des postures de ruptures communes, X et Y veulent aller (et les antagonismes apparaissent)
Au-delà de la politique institutionnelle ça donne les parallèles ahurissants (pour qui pense en terme de rapport de pouvoir et pas juste "d'idées") sur "white power/black power". On dira les deux prônent le pouvoir. Ok, un pour le maintenir, l'autre comme moyen de le détruire
Le procureur général du Texas se dit prêt à défendre une loi de 1973 criminalisant la sodomie, en cas de volonté de la Cour Suprême de revenir sur la jurisprudence "Lawrence vs Texas" qui empêche jusque-là aux états d'interdire les relations de même sexe washingtonpost.com/politics/2022/…
Plusieurs choses:
1/l'individu est clairement déjà dans une logique de surenchère pour assurer sa réélection en novembre
2/comme pr l'avortement et "Roe vs Wade", cela ne se ferait pas d'un coup, mais ce genre d'annonces est déjà un signal de durcissement, même en dehors du droit
cela veut dire qu'avant que ça soit possible au niveau légal, de tels discours ont pr effet de
- galvaniser les fafs (agressions physiques par ex)
- pousser des autorités policières, médicales, administratives etc à rendre plus dures des procédures et à profiter de zones grises