Thread by @Cesar_Castellvi

[#AbeShinzo et les médias] Puisqu’il est beaucoup question d’héritage des «  années Abe », cela vaut la peine de faire un point sur les relations que l’ancien Premier ministre a entretenu avec les médias japonais. Je vais essayer de présenter quelques épisodes marquants

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Les années au pouvoir d’Abe Shinzō ne sont pas sans lien avec le déclin du Japon dans le classement de la liberté d’information de @RSF_inter. Malgré ses limites, le classement montre que le Japon est passé de la 11e place en 2011 à la 72e en 2016 (71e en 2022)

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Les raisons de ce déclassement sont nombreuses. On peut penser aux critiques à l’encontre des #KishaKurabu, à la couverture de l’accident de #Fukushima. Mais il s’explique aussi par les différentes pressions exercées par le pouvoir politique pendant les années 2010

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Avant son arrivée à la tête de l’État, une enquête de l’Asahi Shinbun révélait en 2005 l’implication d’Abe dans une campagne de pressions politiques sur la chaîne publique NHK pour que soit modifié un documentaire portant sur les responsabilités du Japon pendant la 2GM

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Au moment de son arrivée en tant que PM en septembre 2006, le Japon est à la 56e place. Après son départ, le pays remontera progressivement jusqu’en 2011, sous l’influence relative de l’ouverture du gouvernement du parti démocrate en matière d’accès à l’information

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Avec le retour d’Abe en 2012, le déclin va s’enclencher. La 1re étape est le passage en force par le gouvernement de la loi de sur la protection des secrets d’État #特定秘密保護法 en 2013, loi qui renforce les difficultés d’accès aux informations issues des administrations
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En 2015, le gouvernement va accentuer ses pressions sur les médias progressistes, en particulier sur la chaîne #TVAsahi en accusant cette dernière de partialité dans ses émissions politiques. Plusieurs commentateurs critiques du gouvernement ont ensuite disparu des écrans

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Dans la même logique, par l’intermédiaire de la ministre des Affaires intérieures et des Communications, Takaichi Kanae
, le gouvernement Abe avait également brandi en 2016 la menace de restrictions d’accès aux ondes pour les chaînes jugées « partiales »
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Les années 2010 ont aussi été marquées par le renforcement de la proximité entre Abe et certains médias. Notons les nominations en 2013 de Momii Katsuto à la tête de la NHK et de Hyakuta Naoki au CA de la chaîne, les deux étant connus pour leur proximité avec Abe

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En 2017, lors d’une session à la Diète consacrée au budget, Abe avait répondu à l’opposition qui lui demandait sa position en tant que leader du PLD que celle-ci était disponible dans les pages du Yomiuri Shinbun et qu’il suffisait de lire le quotidien pour la connaître

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La proximité entre le quotidien conservateur et l’ancien PM était aussi palpable quelques années auparavant, à la suite de plusieurs interviews exclusives données au journal, alors que cette pratique était assez rare dans les quotidiens japonais

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Mis bout à bout, tous ces événements vont conduire en 2016 le représentant spécial de l’ONU pour la liberté d’information à écrire un rapport particulièrement alarmant sur la situation au Japon

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La deuxième partie des années 2010 a ensuite été marquée par une série de scandales, souvent dénoncés par la presse, qu’il s’agisse de quotidiens ou de la presse magazine, mais sans que ces dénonciations ne parviennent réellement à déstabiliser le pouvoir du PM
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Dans un contexte d’affaiblissement économique des médias traditionnels, Abe aura su profiter au maximum de la polarisation éditoriale de nombreuses rédactions, soutenant celles qui lui étaient favorables et attaquant celles qui lui étaient hostiles

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Pour les personnes désireuses d’approfondir le sujet, je recommande la lecture du très riche ouvrage collectif dirigé par Jeff Kingston dans lequel interviennent les spécialistes les plus au fait de ces questions : routledge.com/Press-Freedom-…
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