Les 3 premiers articles du projet de loi "pouvoir d'achat" creusent délibérément et de manière permanente le "trou de la Sécu"...sur lequel le gouvernement pourra ensuite s'appuyer pour justifier la baisse de droits sociaux et notamment la réforme des retraites. #habile
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Article 1: triplement du plafond de la prime Macron et exonération totale de prélèvement sociaux dans la plupart des cas.
En 2020 le dispositif (non évalué) coûtait de l'ordre de 1-1,5 Md aux finances sociales. Combien cela fera-t-il après triplement ?
Article 2: nouvelles exonérations de cotisations pour les indépendants...pas compensées non plus par l'Etat à la Sécurité sociale
Article 3: mesure visant à la généralisation de l'intéressement, un dispositif qui échappe à la plupart des prélèvements sociaux de l'employeur.
Pour les salariés ces dispositifs exonérés augmente le revenu dans l'instant mais n'offrent aucune des garantie d'une hausse de salaire:
- la prime peut disparaître l'an prochain
- elle n'est pas prise en compte dans le calcul des droits au chômage, retraite, maladie
De plus il n'y a pas de doute : ces primes (primes Macron, Intéressement), n'interviennent pas "en plus" mais bien "à la place" des hausses de salaire.
C'est l'avis des économistes mais les employeurs et les syndicats le savent d'expérience.
Pour les comptes sociaux (Sécu, retraite complémentaires, chômage) c'est une perte de recettes massive qui vient s'ajouter à un empilement de mesures existantes et coûteuses.
(voir ce papier qui date un peu: ires.fr/index.php/publ…)
Aussi, ces mesures ne sont pas du tout ciblées sur le pouvoir d'achat des plus modestes:
- Le plafond de la prime Macron est porté à 6000€ de prime par an. Qui touche ça ?
- Le salaire brut à partir duquel les exonérations sont (légèrement) plus faibles est 5000€ par mois.
Enfin le gouvernement aurait la possibilité de faire compenser par l'Etat à la Sécurité sociale ces pertes de recettes...mais ce n'est pas prévu.
De plus il met en place des pertes de recettes permanentes pour la Sécu alors qu'il entend répondre à un problème conjoncturel.
Alors que les besoins de la santé sont immenses, qu'il faut financer la réindexation des retraites, que l'activité partielle a délibérément chargé la Sécu et l'UNEDIC d'une dette qui n'aurait pas du leur revenir, le gouvernement poursuit le définancement de la Sécu.
En aggravant volontairement les pertes de recettes sociales, le gouvernement pratique "la politique des caisses vides" et se crée un levier politique pour justifier les prochaines réformes des retraites et de l'assurance chômage comme une nécessité pour redresser les comptes.
Il y aurait bien sûr d'autres moyens, réglementaires et fiscaux pour amortir et répartir la hausse des prix entre les ménages, et sans pénaliser l'activité mais ce n'est pas le choix qui a été fait. #Fin
Je ne sais pas dans quelle mesure cette compensation concernerait ou non l'ensemble ni comment le gouvernement peut y déroger, mais il est bien certain qu'il existe aujourd'hui des dispositifs de ce type qui ne sont pas compensés.
G. Attal évoque un relèvement du plafond de la "Prime Macron" (Prime de partage de la valeur, PPV) à 10 000 euros/an.
Ce qu'on sait de la PPV:
- elle se substitue largement aux hausses de salaire
-très coûteuse pour la Sécurité sociale et l'Etat
- Très inégalement reçue
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Quelques sources pour creuser:
Conseil d'analyse économique 2023:
"Il semble (...) que l’adoption de dispositifs de partage de la valeur s’accompagne d’une modération salariale avec des effets limités sur la rémunération totale des salariés. "
Un point intéressant dans le programme Front Populaire et qui tranche avec la ligne du RN, c'est qu'il envisage de redonner à l'action publique les moyens financiers d'agir.
Mini fil: 👇
Depuis 2017, les gouvernement ont multipliés des baisse de prélèvements non financés sur les ménages (yc aisés) et les entreprises, qui coûtent chaque année 40 Md d'euros (1,4 point de PIB), et mettent sous pressions les protections collectives.
Ces baisses de prélèvement ne sont pas pour rien dans le déficit très élevé de 2023: elles représentent de l’ordre d’un quart du déficit public.
De plus elles servent d’argument systématique pour justifier les baisses de protection collective au nom de l’équilibre budgétaire.
Le programme du RN suit la même direction. On y trouve comme propositions phares de nombreuses baisses de cotisations sociales sur les entreprises, et des promesses de baisse d’impôt, notamment sur les ménages riches (IR, droit de succession…)
La situation "ni en emploi ni en retraite" concerne en fin de carrière (59 ans) de l'ordre de 20-25% des seniors H et F, et près d'un tiers des ouvriers.
Certains pourront accéder à la retraite à 62 ans par le dispositif d'invalidité, mais une minorité seulement.
La réforme de l’assurance chômage est particulièrement dure, d’autant qu’elle se cumule avec les deux réformes précédentes. #Thread
Les principales mesures :
- baisse de l’éligibilité à l’assurance chômage
- raccourcissement de la durée d’indemnisation maximale (1 an et 3 mois)
- durcissement des conditions de l'indemnisation des seniors.
Il faut ajouter à la liste la suppression annoncée de l’ASS.
La mesure qui concerne l'ensemble des salariés (non seniors) est la diminution de la durée d'indemnisation à 1 an et 3 mois maximum en cas de perte d'emploi (fin de contrat, licenciement, rupture conventionnelle).