Avis au Twitter médical #DocTocToc :
Vu que le système pète, tentons d'optimiser nos échanges et avis.
Un avis, c'est d'abord une question.
Un avis gériatrique, c'est pareil, c'est pas juste "la personne a tel âge, je veux un avis".
Sinon, faut appeler @Dalacine tous les jours parce que la personne a un coeur ou @qffwffq parce qu'elle a un cerveau.
De même, quand vous appelez @Monparnal, vous lui dites pas : j'ai un papier millimétré rouge et blanc avec un trait noir qui fait des vagues.
Du coup, petit fil :
Situations méritant un regard gériatrique après 70-75 ans :
- chute : la chute n'est pas mécanique jusqu'à preuve du contraire : l'entretien bien mené permet de faire passer le : "je me suis pris les pieds dans le tapis" en : "vous avez raison, y'a pas de tapis dans ma cuisine".
C'est une situation critique, en vérité (d'où le plan antichute 2022), au vu des conséquences de moyen/long terme et des intrications avec la cognition (@victoire_leroy).
Les circonstances doivent donc être précisées au max, à l'aide de questions ouvertes (comment ?) puis fermées
(Quand vous dites ça, est-ce que vous l'avez senti venir?), déterminer les facteurs de gravité de la chute (CAUSE grave, CONSÉQUENCE grave, dont si station au sol >1h), la gravité liée à la récidive (fréquence des chutes augmente, >3 FDR, troubles de la marche objectifs) et
La gravité en cas de récidive (ostéoporose, isolement social, anticogaulants/antiagrégants)...
Bref, au vu de la perte d'indépendance fonctionnelle et de la diminution de l'espérance de vie après une chute, faut pas la banaliser, des filières se mettent en place.
Reco HAS 2009.
- perte de poids involontaire/dénutrition (Reco HAS 2021 : IMC < 22Kg/m² ou perte de 5% du poids/1mois ou 10% en 6mois ou SARCOPENIE confirmée -à défaut des outils spécialisés, sans matériel, peut se faire avec 5 levers de chaise sans l'aide des mains en >15sec
+ tour de mollet <31cm-
ET
Toute situation de maladie, aiguë ou chronique ou de réduction des apports ≥ 50 % sur 1semaine / toute réduction des apports pendant >2 semaines.
L'idée est que la dénutrition est grave et qu'elle arrive + vite qu'on ne le croit.
La perte de masse maigre induit, entre autres, un cercle vicieux fonctionnel et immunitaire et il faut donc agir vite et en équipe pluriprofessionnelle, pour notamment penser la révision des traitements médicamenteux et des interventions non médicamenteuses efficients.
- Confusion aiguë : Attention, il s'agit d'un diagnostic syndromique, imposant une recherche étiologique complexe. Le diagnostic repose sur des critères DSM-5 : rupture avec l'état antérieur, caractère aigu et surtout fluctuant sur le nychthémère + des troubles attentionels
(Distraction, concentration difficile sur une tâche,...) avec en plus soit une désorganisation de la pensée (discours incohérent, peu clair) OU un trouble de la vigilance (somnolence, obnubilation, voire coma / Agitation).
L'enquête étiologique doit être méticuleuse, clinique
Puis paraclinique. Plusieurs situations peuvent s'enchaîner et donc, ne pas se contenter de l'hypothèse "triviale" (globe et/ou fécalome, MÊME SI C'EST LA BASE) sans le reste du bilan approprié (cf HAS 2009), sachant que SARS-Cov2 est un grand pourvoyeur de confusion aiguë.
La iatrogénie est également souvent incriminée, elle est souvent médicamenteuse et non médicamenteuse.
On peut aussi la prévenir avec des mesures simples :
- La perte d'indépendance fonctionnelle (souvent appelée perte d'autonomie, par raccourci de l'autonomie FONCTIONNELLE, par opposition à l'autonomie DÉCISIONNELLE), a fortiori si elle est aiguë ET/OU liée à une hospitalisation (cf HAS 2017 : has-sante.fr/jcms/c_2801190…)
Cette situation présente à la fois un risque d'augmenter la morbimortalité mais aussi un risque d'entrée en institution. Les soins adaptés permettent d'améliorer le pronostic fonctionnel, réduire la morbimortalité, les réhospitalisations, favorisent le maintien au domicile...
- Décision AVANT un traitement "lourd" : l'idée est qu'en intervenant en amont, on puisse proposer à la personne le programme de soins adaptés lui permettant de tirer le meilleur profit, selon ses choix personnels, d'une intervention. On assurera aussi le suivi des complications
Éventuelles si elles survenaient malgré les propositions préventives, mais, c'est dommage de savoir que certaines choses auraient pu être évitées...
- troubles cognitifs : retenons que l'avancée en âge se traduit par un ralentissement de la vitesse de traitement, mais SANS RETENTISSEMENT sur l'indépendance fonctionnelle. Ce n'est donc pas "normal". De même que la FATIGUE, le MORAL EN BERNE, ce n'est pas normal.
On peut faire PLEIN de choses utiles pour les gens, même si on ne dispose plus de traitement médicamenteux remboursé pour le traitement des troubles neurocognitifs, on propose, outre le fait de rechercher une cause "curable", des interventions non médicamenteuses adaptées.
- La Prévention : Citons le programme ICOPE (@CentreOMSfragil), qui vise à repérer précocement les difficultés éventuelles AVANT que ça soit trop tard et citons les bénéfices de l'activité physique adaptée (@vivifrail), possible et bénéfique à tout âge.
Concluons, sans avoir été exhaustif : visitez le site de notre société savante @LaSFGG sur sfgg.org!
Tweet épinglé avec quelques fils, parce qu'une vague, c'est l'échec de la prévention (@mimiryudo) : 1. Notre serment est de soigner tout le monde, sans jugement, selon ses besoins, dans la mesure des moyens.
2. Quand les moyens sont à l'os, ne pas masquer la désinformation par une prétendue défense de l'hôpital.
La désinformation tue 2 fois : des personnes non vaccinées qui font des formes COVID graves évitables et des personnes vaccinées non-COVID dont les soins sont désorganisés.
3. Chaque lit COVID armé est une perte de moyens pour les non-COVID.
Sans compter le risque de COVID nosocomial, car on fait bosser les soignants positifs asymptomatiques. (avec les excuses d'Yves Calvi pour la "pleurniche permanente hospitalière" : tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/l…)
On a fait le pari de tout miser sur la vaccination (des seuls pays riches), en abandonnant la limitation maximale de la circulation virale.
C'est la théorie du fromage à trous : une seule mesure ne peut suffire : même si le vaccin protège très bien contre les formes graves,
Et protège modestement contre les formes symptomatiques, c'est une arme insuffisante contre la transmission (ça ne veut surtout pas dire que c'est inutile).
Mais le fait d'avoir tant misé sur le pass qu'on a substitué la vigilance d'une partie des personnes vaccinées au détriment
de l'aération/filtration HEPA, du masque en intérieur (bien porté, arrêt du masque en tissu et arrêt du masque sous pif/menton), d'une vraie politique de tester/tracer/isoler (2 ans que l'OMS explique qu'en faisant ça en temps "calme", on identifie les vecteurs asymptomatiques)..
Même si @auroreberge a raison en disant que l'enjeu est d'éviter d'aller en réanimation et à l'hôpital à cause d'une forme grave de COVID-19, en revanche : une vague, c'est l'échec de la prévention (@mimiryudo). On demande des mesures de prévention au coût social minimum efficace
Un point saillant dans cette épidémie, c'est la notion de facteurs de risque de forme grave.
Comme celui de faire un accident de voiture, il y a des comportements/prédispositions qui l'augmentent (dans le cas de la voiture, baisse de vue, somnolence, fatigue, alcool, vitesse,..),
Il y a les déterminants de la gravité de l'accident en tant que tel (nombre de véhicules impliqués, équipements de protection de chaque personne impliquée, suraccident) et de la gravité individuelle (cinétique, trauma d'un organe vital, ...) et la responsabilité (facteur humain?)
Dire qu'on a pas besoin de se faire vacciner parce qu'on ne serait pas à risque de forme grave, c'est comme rouler dans un trafic dense, sans ceinture sur la voie du milieu d'une nationale 3 voies par temps de pluie avec une voiture aux freins avariés, mais qu'on sait conduire.