Les auteurs commencent par mentionner le fait que les systèmes éducatifs des pays developpes ont fait l'objet de nombreuses réformes au cours des dernières décennies, visant à améliorer l'éducation, reposant sur le principe d'une responsabilisation accrue des
des enseignants par rapport aux résultats des élèves (responsable au sens "accountable", devant répondre de ses actes, pas forcément libre de ses actes). Ces réformes s'éloignent du modèle éducatif centré sur le relationnel et l'engagement
professionnel, pour s'orienter vers un modèle "business", impliquant des instruments de contrôle de performance. Les auteurs se demandent si le changement de culture professionnelle que ces réformes suscite a une influence sur le bien-être des enseignants.
Les auteurs rapportent les données d'études indiquant que les risques de maladies mentales professionnelles sont plus importants dans cette profession que la moyenne. Le changement organisationnel et le manque de soutien hiérarchique sont mentionnés
parmi les principaux facteurs.
Les auteurs signalent que les réformes pédagogiques au RU ont été marquées par le souci d'y introduire systématiquement les dernières technologies digitales.
2 pb signalés concernant le b-ê des enseignants: 1) la méthode: ces réformes sont exécutées de façon managériales ; 2) le contenu: le savoir est externalisé et désocialisé, cessant d'être au cœur de la relation ac les élèves.
Au RU les écoles sont engagées ds un contrat ac le gvt qui fixe règles et objectifs; les enseignants sont récompensés s'ils suivent les règles.
Les enseignants sont évalués en fonction de 43 critères qu'ils doivent respecter.
Les auteurs soulignent l'écart entre le modèle managerial de l'école et l'identité professionnelle des enseignants. Or l'engagement professionnel et le b-ê des enseignants sont fortement associés à cette identité.
L'enquête s'est ensuite appuyée, dans une approche quali, sur des entretiens sémi directif.
Schéma de synthèse de l'analyse des données récoltées:
Éléments mis en évidence: 1) les enseignants signalent tous un manque de temps, face aux réformes continuelles, qui impliquent des changements de méthode fréquents et impactent leur capacité d'atteindre leurs objectifs.
2) les objectifs de résultats fixés par l'institution sont perçus comme une nuisance pour le rôle d'éducateur et la relation aux élèves. Le souci personnel apporté aux élèves et la spontanéité du travail sont érodés par les exigences bureaucratiques,
au détriment de la satisfaction professionnelle. 3) bcp d'enseignants ressentent une forte pression et un manque de confiance de leur hiérarchie et perçoivent le management comme excessivement autoritaire.
4) ils signalent également une charge de travail accrue en raison de l'ajout de taches administratives.
Effets: 1) perte d'autonomie et d'agentivité. Sentiment que la pression aux résultats nuit à la capacité de prendre soin des élèves.
2) incompréhension des attentes et du rôle dévolus, tiraillé entre des exigences contradictoires. 3) perte d'estime de soi, de valeur, frustration, colère.
Conclusions :
- le contrôle de performance change les relations entre collègues et avec les direction, ainsi que la manière de se présenter publiquement des enseignants.
Ceux qui n'arrivent pas à intégrer ce changement de culture et d'identité professionnelle le vivent comme une cause de stress. Une des personne interrogées évoque même des idées suicidaires.
- L'approche managériale de l'éducation donne le sentiment aux enseignants que leurs compétences sont utiles uniquement pour se conformer aux critères de l'administration et non pour l'apprentissage des élèves.
[la série #TheWire avait saisi ces transformations il y a près de 20 ans : ]
- La dissociation entre les compétences évaluées par les critères de performances et le savoir disciplinaire provoque une baisse de l'investissement et un affaiblissement des relations professionnelles.
- La hausse de la charge de travail, résultant de l'accumulation des tâches, donne aussi le sentiment aux interrogés que les coûts de leur investissement surpassent les récompensés qu'ils en obtiennent.
- les commentaires des enseignants et des personnels de direction témoignent d'oppositions entre les conceptions de l'enseignement
L'exigence de "contreparties" ou de "compensations", notamment sous forme d'"activités", en échange des aides sociales s'inscrit dans la logique du workfare, qui se développe depuis plusieurs décennies et se traduit par un glissement de la protection sociale. 🧵
L'expression workfare est apparue aux États-Unis à la fin des années 1960, popularisée notamment par Richard Nixon: « What America needs now is not more welfare but more “workfare” ». L'idée étant que les aides sociales ne devraient pas être accordée
automatiquement aux individus. Il s'agit de s'opposer au principe selon lequel les allocations sociales seraient un droit universel que tout citoyen pourrait faire valoir, en vertu de son appartenance à la collectivité. Ce principe a été particulièrement mis en avant
Si on en croit Bronislaw Geremek et Michel Foucault, les politiques de culpabilisation et de mise au travail forcé des pauvres sont indissociables de la double émergence de l'Etat et du capitalisme. D'un côté, l'état s'est affirmé en développant des techniques de
contrôle des populations sous son autorité, notamment des marginaux. Le contrôle des pauvres, par l'enfermement et le travail, permettait aux autorités étatiques de se substituer aux autorités ecclésiastiques qui assuraient traditionnellement les fonctions
caritatives. D'un autre côté, l'affirmation de la bourgeoisie est allée de pair avec un déclin de la dignité associée traditionnellement à la pauvreté. A la place, c'est l'éthique du travail qui est progressivement mise en valeur, celui qui ne travaille pas