25/ Début 1720 la livre se déprécie fortement sur le marché des changes alors que l’émission monétaire s’accélère pour maintenir le cours de l’action.
La fin de l’année voit se succéder une suite de décisions invraisemblables visant à éviter une inévitable panique bancaire.
26/ La confiance s’évapore rapidement. Les billets s’échangent avec une décote de 50% en juin 1720.
Le cours de l’action est en chute libre, c’est le premier krach boursier!
La banque ferme ses bureaux de change le 17 juillet, entraînant plusieurs journées d’émeutes rue Vivienne.
27/ John Law quitte précipitamment la France pour Venise, où il deviendra de nouveau joueur professionnel. Bien installé dans la haute société vénitienne, il occupe son temps en gérant ce qu’il lui reste de sa fortune.
28/ Le système de Law est entièrement liquidé en 1721. L’ensemble des papiers du système (billets de la Banque Royale, actions de la Compagnie des Indes) sont échangés en titres de créances sur l’Etat, puis brûlés publiquement en octobre 1722.
29/ Avis aux collectionneurs, quelques billets de la Banque Générale ont échappé à cet autodafé et se trouvent encore aujourd’hui sur le marché.
30/ Si le bilan du Système de Law est incontestablement positif pour les comptes publics, il est évidemment négatif pour ses créanciers ; l’Etat s’étant largement désendetté à leur dépens.
31/ Les conséquences néfastes s’observent quant à elles bien des années plus tard.
En effet, le souvenir douloureux du Système a incontestablement compliqué les futures tentatives de réformes financières, fiscales et monétaires dont avait cruellement besoin l’Ancien Régime.
32/ Cet épisode nous rappelle les effets pervers d’une création monétaire massive: bulles spéculatives puis inflation.
Il nous enseigne également qu’une monnaie « non étalonnée sur le métal précieux voit son sort fondamentalement lié à celui de l’endettement public » !
33/ 300 ans plus tard l’imperméabilité de la frontière entre finances publiques et politique monétaire demeure tout aussi dangereuse.
Et le risque d’une croissance du crédit et de la masse monétaire sans lien avec les besoins de l’économie réelle reste tout aussi périlleux.
34/ Je recommande la lecture de « John Law, Le magicien de la dette », de @BMartinot. Cet ouvrage passionnant a été ma principale source pour l’écriture du thread.
Bien obligé de recommander également la très complète biographie du Régent, rédigée par l’excellent J.-C. Petitfils.
1/n Avec le réveil de l’inflation, à l’heure où l’on semble découvrir les conséquences d’une création monétaire massive, retour sur la première grande émission monétaire de l’histoire.
C’était il y a plus de 300 ans, dans la France de l’Ancien Régime.
2/ Nous sommes le 1er septembre 1715. Louis XIV s’éteint après une interminable agonie, à l’image de ses 72 ans de règne.
« Tâchez de soulager vos peuples ! »
Tels sont les derniers mots que le souverain adresse à son successeur, le futur Louis XV, alors âgé de 5 ans et demi.
3/ Philippe d’Orleans obtient alors la régence. Il se voit confier les pleins pouvoir pendant 7 ans, jusqu’à la majorité de Louis VX, fixée à 13 ans.
Charge à lui de laisser au jeune monarque un royaume dans un meilleur état qu’il ne l’avait trouvé, et rien n’est gagné !