Thread by @Cesar_Castellvi

[thread] Pour les personnes qui suivent l’affaire #Abeshinzo et qui s’intéressent à l'auteur de l'attaque, Yamagami Tetsuya, le sociologue Itô Masaaki vient de publier un article très intéressant sur le sujet. gendai.media/articles/98547. Je vais essayer d'en présenter le contenu
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L’article étant assez long, je ne vais pas tout reprendre. Je vais juste souligner quelques points qui m’ont personnellement intéressé
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Pour ce travail, Itô a procédé à une analyse quantitative et qualitative de 1147 tweets que l’auteur du crime a publiés sur Twitter
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Le sociologue analyse les spécificités du discours de Yamagami au regard des positions généralement adoptées par les personnes appelées netto uyo (contraction de netto uyoku, désignant les internautes exprimant des positions conservatrices en ligne)
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Il s’agit d’un groupe aux frontières floues et donc difficile à analyser, mais dont Itô est précisément un spécialiste. Ce livre est une référence en la matière => seikyusha.co.jp/bd/isbn/978478…
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Itô distingue 14 thèmes régulièrement évoqués dans les tweets de Yamagami : l’Église de l’Unification, sa famille, Abe Shinzô, le PLD, la gauche, la Constitution, les USA, la Chine, la Corée, les disparités sociales, le genre, les discriminations, le covid, la famille impériale
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L’analyse fait également ressortir deux formes d’expression des sentiments : les expressions haineuses et les moqueries
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Pour le sociologue, Yamagami est devenu un netto uyo « malgré lui » (ネトウヨにならざるをえなかったネトウヨ). Dans le discours de ce dernier, on retrouve bien les critiques classiques du conservatisme en ligne : critique du progressisme, des minorités, ou de la Corée

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Un autre trait d’union entre Yamagami est les positions des netto uyo est le thème du genre. Ici, le discours misogyne révèle un sentiment d’injustice, Yamagami estimant que les femmes et les minorités ne sont pas les seules victimes dans la société

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Itô montre pourtant comment Yamagami cherche à se défendre des attaques le qualifiant simplement de personne raciste et révisionniste en mettant en avant les liens entre ses positions critiques et sa haine de l’Église de l’Unification

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Le sociologue identifie les liens entre les propos misogynes de Yamagami et sa détestation de l’Église de l’Unification, en relevant l’expérience du déclassement social dont il a souffert à cause de la secte et la frustration de ne pas être perçu lui aussi comme victime

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Pour Itô, le rattachement de Yamagami à la catégorie des netto uyo se manifeste davantage par la critique des positions progressistes que par un véritable alignement avec les idées conservatrices. Il s’en distingue sur deux points en particulier

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À travers ses positions sur le monde académique ou son soutien des personnalités comme Ishiba Shigeru, Itô remarque l’attrait de Yamagami pour une certaine rigueur théorique. Pour le sociologue, cette position tranche avec l’anti-intellectualisme typique des netto uyo

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Un autre exemple porte sur les positions de Yamagami à propos du thème de la succession dans la famille impériale. Ici aussi, ce dernier épouse plutôt une vision progressiste en étant favorable à une succession féminine, ce qui contraste avec ses propos misogynes

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C’est la prise en compte de ces différentes positions qui permet à Itô de parler de Yamagami comme d’un « conservateur en ligne malgré lui », ou d’un « conservateur en ligne inachevé »

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Il repère une tendance néolibérale dans le discours de Yamagami, en relevant les critiques de ce dernier à l’encontre des réponses du gouvernement à la pandémie, notamment sur la question du port du masque qu’il voit comme une intrusion de l’État dans la vie des individus

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Au final, on peut voir dans la pluralité des positions et des discours un reflet de la perte de repère dont souffrent un certain nombre de personnes appartenant à la « lost génération » nées entre la fin des années 1970 et le début des années 1980

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Comme certains l’on déjà remarqué, l’analyse rappelle le travail du sociologue Mita Munesuke sur l’affaire Nagayama Norio dans son livre « L’enfer du regard » 地獄の眼差し. Information exclusive : une traduction de ce livre verra bientôt le jour en français !

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