Thread by @Guimac27

#Thread rapide - Les votes de gauche s'urbanisent et ce n'est pas une vraie découverte. Les données ci-dessous tendent juste à démontrer que la gauche a choisi de viser une autre population que celle historique (suivant la célèbre note de #TerraNova en 2011).

https://twitter.com/Ra_GarVal/status/1561998220884164609

En effet, la note de 2011 expliquait alors au PS qu'il fallait abandonner les ouvriers et les classes populaires pour s'orienter vers de nv électorats plus urbains : minorités sexuelles, minorités religieuses et les femmes (vues comme une minorité pour le think-tank).

Forcé de constater que ce fut bien le virage pris par une grosse partie de la gauche allant des sociaux-libéraux d'EELV à la gauche plus radicale incarnée par la FI (expurgeant de ses rangs certains vus comme trop "nationalistes").

Sauf que ce n'est pas l'unique facteur de cette réorientation des votes et la concentration de ces derniers dans les pôles urbains. Marcel Gauchet le démontre très bien dans son essai intitulé "La droite & la gauche" chez @Gallimard (cf le #MercrediNAR ⤵️)

Il explique aussi que le sinistrisme historique (cc @casimazet) qui était un trait politique 🇫🇷 a subi un vrai coup d'arrêt (acception du PCF d'être classé à gauche et l'arrêt de l'évo des institutions reléguant inlassablement ceux de gauche du moment à droite ensuite).

Les électeurs originels de ces mouvances se sont retrouvés comme abandonnés, leur projet de société n'étant plus assez vendeurs en partie en raison la chute du contre-modèle soviétique. Les mvts et partis de gauche ont décidé de les abandonner (à l'exception de qq1 comme #Ruffin)

Il faut ajouter à cela un morcellement des électorats et archipelisation de la société française (qu'a excellemment bien documenté J. Fourquet dans ses deux bouquins) qui s'expliquent par l'effondrement des deux églises : rouge & catho.

Ce fait sociologique émiettant encore un peu les piliers structurant le paysage politique. Le RN jouant le rôle de "nouveau PCF" (dextrisme dans ce cas), les sociaux-libéraux jouant le rôle des partis libéraux-conservateurs (RPR/UMP -> LREM).

Il ne faut pas oublier 1 point important. L'évolution socio des cadres des partis de gauche : plus urbanisés, plus néo-individualistes (pensée démocrate 🇺🇸) et une absence de capacité/volonté de pensée en dehors des dogmes en vigueur.

Dernier point : l'impensé européen VS national. Les dogmes 🇪🇺 étant en opposition totale avec l'électorat pop rural, ce dernier ne peut décemment voté pour des partis se revendiquant ouvertement ou non d'un européisme parfois béat.

Or l'ensemble du spectre politique à gauche rêve d'une "autre Europe", d'une "Europe sociale" et autre rêve faussement internationaliste mais purement fédéraliste et libéral qui rajoute à l'effet d'abandon déjà en partie expliqué plus haut.

Cet impensé européiste s'explique simplement par la déconnexion (ici constat et non jugement) entre cadres de partis et électeurs pop ruraux. Pour ces partis "l'🇪🇺 c'est l'avenir" alors que les électeurs comprennent bien que c'est un piège qui les contraint.

Piège d'autant plus violent qu'il interdit toutes politiques sociale, économique autre libérale, environnementale, nationale. Piège limitant les partis de gauche à se rabattre en proposition sur le sociétal et les effets d'annonces puisque toute velléité de rupture est proscrite.

Conclusion : la disjonction entre électeur rural et partis de gauche s'expliquent par l'abandon par les partis des thèmes de prédilection desdits électeurs, "démocratisation à l'🇺🇸" des sujets au sein des partis, incapacité de s'approprier le fait national, 1/2

effondrement des grands repères qu'étaient le communisme, le catholicisme, l'idée de nation et son universalisme associé.

Pour qu'une gauche réellement universelle renaisse, elle devra d'abord s'effondrer pour éliminer les blocages et penser la politique comme un tout.

Fin.