[Thread] J'ai beau apporter toutes les nuances, préservant la complexité, sur les sujets agricoles et climatiques (#sécheresse)... Cette volonté a réduire les débats en une réponse binaire (oui/non) me met en colère.
Voici une mise au point claire entre le maïs et le #sorgho.
Le #sorgho est plus résistant aux fortes températures : c'est un fait scientifique.
La température optimale du sorgho est de 35°C, celle du maïs 31°C et le blé 27°C. Sa pollinisation reste cependant sensible au dessus de 35°C tout comme le maïs. Le tournesol c'est plutôt 37°C.
Le #sorgho est moins sensible à la sécheresse : c'est un fait scientifique.
Pour un MEME SOL en forte sécheresse, le sorgho produit 3 fois plus que le maïs.
MAIS, le maïs produit largement plus de matière sèche que le sorgho quand il n'y a pas de stress hydrique !
Sur la base de ces éléments scientifiques, pourquoi le sorgho n'est pas plus répandu en France dans un contexte climatique où l'année 2022 deviendra la norme dans 30 ans ?
En 2017, il représente 0,6% des surfaces contre 15,4% pour le maïs & 53,1% pour le blé tendre (statistica).
▶️Le sorgho n'est PAS une plante magique pour autant.
▶️Il faut savoir sortir des résultats scientifiques & regarder la rentabilité sur le terrain.
Il existe différents frein à une implantation plus large du sorgho en France. Je vous les décris points par points à la suite.
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[Génétique] Il y a encore des marges de progrès génétiques chez le sorgho (rendement, valeur alimentaire...). Les progrès génétiques ont été historiquement concentrés sur des espèces plus répandues en France (maïs, blé etc.).
Le maïs est plus résistant à la sécheresse qu'en 1976.
[Climat] Le climat évolue mais la rentabilité du maïs reste prépondérante (à priori, pour le moment) sur les terres à forte capacité de rétention d'eau. Sur ces terres, dans l'état actuel (et même jusqu'en 2050), le sorgho ne remplacera pas le maïs. A voir post-2050 dans le sud ?
[Sol peu profond] Cependant, pour les sols avec une faible réserve d'eau, la rentabilité du sorgho pourrait devenir prépondérante d'ici 2050. Il sera donc intéressant d'explorer le sorgho sur ces terres d'ici là.
Cela permettra également de faire baisser la pression sur l'eau.
[Filière] Le sorgho a encore peu de débouchés (contrairement aux autres céréales). Il faut avant tout développer sa filière d'avenir (production, transformation, distribution, consommation etc).
Ce n'est pas le rôle des agriculteurs. C'est celui de l'Etat et de l'agroalimentaire.
[Diversification] Ainsi, en produisant du maïs et du sorgho sur les terres qui leur sont respectivement le plus propice, cette diversification garantie une production quels que soient les extrêmes climatiques.
Le sorgho n'a PAS pour vocation de remplacer le maïs en France.
Conclusion :
Le sorgho ne règlera pas tous les problèmes, mais il fait partie des solutions. Le problème est beaucoup plus COMPLEXE qu'un OUI/NON.
Merci de garantir, pour une fois, sur Twitter, la complexité d'un débat et cesser de vouloir mettre les intervenants dans une case.
P.S. : et c'est encore plus complexe quand on ajoute les autres débats ! Agriculture de conservation des sols, consommation de viande, agriculture de précision etc.
Je n'ai détaillé que la pointe de l'iceberg ;) !
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L’accélération de la fréquence des sécheresses et des canicules précipite le dépérissement de nos forêts. La biogéographie des espèces évolue rapidement, laissant certaines d’entre elles en dehors de leur zone climatique de tolérance. Depuis six ans, ce dépérissement s’intensifie brutalement. Si rien ne change, plusieurs espèces pourraient quasiment disparaître de nos paysages d’ici 2100.
Les forêts françaises telles que nous les connaissons aujourd’hui sont en sursis. D’ici 50 ans, elles pourraient avoir profondément changé de visage.
Je vous propose un thread à partir des données de ClimEssences, avec pour commencer… la claque que prend le bouleau, peu adaptée à la sécheresse estivale récurrente. Il possède un système racinaire peu profond, ce qui le rend particulièrement vulnérable.
[1/10]
Le hêtre est une espèce adaptée aux climats frais, humides et tempérés. Il craint la chaleur estivale intense, les sécheresses prolongées et les sols superficiels ou mal alimentés en eau. Or, ces conditions deviennent de plus en plus fréquentes en plaine.
Le dépérissement du hêtre est déjà une réalité. Il devrait s'accélérer dans les années à venir.
[2/10]
Le chêne sessile est moins exigeant en eau que le hêtre, mais plus sensible à la sécheresse que le chêne pubescent ou le chêne vert. Il apprécie des climats tempérés, des sols profonds, frais mais bien drainés et une absence de stress hydrique sévère en été.
Or, ce compromis est de plus en plus rare en plaine d'où il disparaîtra progressivement.
[3/10]
🔴Nous fonçons droit vers un épisode météorologique historique, dont les impacts agricoles sont détaillés dans ce fil. Cette fois-ci, les 40°C ne seront pas des pics isolés, mais concerneront des régions entières. Les seuils de vigilance Rouge pourraient même être atteints*.
Cela fait maintenant neuf jours que les critères de vague de chaleur sont dépassés en France. Il est désormais certain que cette canicule durera au moins 14 jours, ce qui en fait la plus longue canicule pour un mois de juin.
➡️Celle de 1976 s’était étalée du 23 juin au 6 juillet (14 jours), mais avec une intensité bien moindre.
➡️Celle de juin 2005 avait duré 11 jours.
➡️La plus longue canicule française reste celle de juillet 1983, du 9 au 31 (23 jours).
Des températures minimales incroyables sont attendues en Méditerranée, entre 25 et 29°C à l’aube, en lien direct avec une mer qui bat actuellement tous ses records de chaleur pour une fin juin. Des après-midi qui pourraient dépassés les 41°C-42°C.
Nos végétaux sont à bout de souffle. L’indice hydrique des sols s’est effondré. Cultures comme forêts sont désormais dans un état de vulnérabilité extrême, avant même de subir deux journées qui s’annoncent parmi les plus chaudes jamais observées en France.
Dans ce fil, je détaille les principales conséquences cultures par cultures.
*Météo-France est l’organisme officiel chargé d’émettre les niveaux de vigilance.
[1/5]
[Maraîchage] La croissance (en condition irriguée) de tous les légumes tempérés sera ralentie (exemple : tomate, salade, aubergine et carotte). Les seuils de brûlures végétales seront dépassés plus au moins largement suivant la sensibilité et la région.
[2/5]
[Céréale] L'échaudage se fera sur de très vastes zones pour la dernière céréale potentiellement sensible à cette période de l'année : l'orge de printemps. Sur deux jours, les champs les plus exposés (sol peu profonde, plein période de remplissage du grain etc.) pourront perdre plus de 5% du rendement potentiel.
[3/5]
[Thread] Le mois de juin est désormais un véritable mois d’été, aussi chaud que les juillet-août d’autrefois. Ce 11 juin, de très nombreuses stations affichent entre 35 et 37°C. Avec 24,63°C en moyenne nationale, jamais la France n’avait connu une telle chaleur aussi tôt dans l’année.
Si des valeurs similaires ont pu être relevées ponctuellement par le passé, c’est leur fréquence et leur précocité qui deviennent alarmantes.
Nos pics de chaleur gagnent du terrain sur le calendrier, menaçant directement les stades sensibles des cultures agricoles. Voici un thread à dérouler pour comprendre certains enjeux.
[1/5]
[Blé] En ce moment, les grains de blé se remplissent : c’est cette étape cruciale qui détermine une grande partie du rendement.
Mais cette phase est très sensible aux fortes chaleurs (au-dessus de 30°C) et à la sécheresse. On parle alors d’échaudage.
Aujourd’hui, de nombreuses parcelles pourraient déjà avoir perdu 0.5 à 2 % de rendement. Cela peut sembler anodin, mais jour après jour, l’impact s’accumule… et devient significatif.
Ces nouvelles cartes sont disponibles gratuitement sur agrometeorologie.com
[2/6]
[Maraîchage] La tomate est extrêmement sensible aux températures élevées pendant la floraison, en particulier entre l’apparition du bouton floral et la nouaison (formation du fruit). Des températures trop élevées altèrent la viabilité du pollen, inhibent la germination du tube pollinique et peuvent empêcher la fécondation. Résultat : pour les quelques tomates qui sont éventuellement déjà en fleurs, celle-ci peuvent avorter sans former de fruits.
Cet indicateur est aussi disponible sur Il sera étendu à une cinquantaine d'espèces. agrometeorologie.com
[3/6]
Pour tous les rageux qui mettent des postes complètement stupides sous @JMJancovici : oui, la forêt est en train de crever. C'est exact et c'est indéniable.
J'en ai marre de lire des conneries alors je vais apporter les VRAIS chiffres.
Thread 👇
[1/6]
[2/6] J'en ai marre d'entendre toujours les mecs arguments des personnes qui ne sont même pas du milieu et qui ne creusent pas leur sujet.
Oui, les surfaces forestières ont doublé. Mais c'est la SANTE de cette forêt qui nous importe.
[3/6] Eh bien regardons l'état de santé. Notre forêt a entamé un important cycle de dépérissement depuis 6 ans notamment dû au changement climatique et aux maladies sur arbres fragilisés par la sécheresse répétées.
➡️+80% de bois mort.
➡️Patch de mortalité visible par drone
Mon tweet a visiblement déclenché une invasion de climatosceptiques version comptoir PMU, experts autoproclamés du climat.
On reprend point par point, chiffres à l'appui, et je démonte les arguments les + absurdes que j’ai lus aujourd’hui. Accrochez-vous. Pas de quartier. 1/7
"Il a déjà fait plus chaud en mai"
Oui. Mais là, on est le 1er mai. Et en 95 ans de mesures, JAMAIS il n’a fait aussi chaud début mai. On explose tous les précédents, et DE LOIN. Et demain, on grimpe encore… avant la chute. 2/7
"Tu vends la peur avec un événement ponctuel."
Bah non. La récurrence de ces événements fait la climatologie. C’est quoi que t’as pas compris dans "récurrence" ?
À Paris en mai :
➡️ 2% de >30°C entre 1951-1980
➡️ 8% depuis 2000
Soit 4× plus. Voilà. 3/7
Je travaille sur de nouvelles modélisations de biogéographie (= aire de répartition des cultures) pour un réchauffement actuel (RCP6.0) jusqu'en 2100.
Thread sur l'olive, le niébé, le coton, la patate douce.
Voici l'olivier ⬇️ Un futur grand cru d'huile en Alsace en 2070 ? 1/4
[Coton] Le sud-ouest et la vallée du Rhône auraient la faculté de produire du coton français (!) dès 2040. En terme de création de filières (le plus long), 2040 c'est demain ! Attention, cependant, le coton a besoin d'eau. 2/4
[Niébé] C'est un haricot africain qui gagne énormément de potentiel. Vu que c'est une légumineuse, il serait intéressant d'en développer les débouchés et les habitudes alimentaires.
Le plus long n'est pas de planter, mais d'habituer les consommateurs et créer des débouchés. 3/4