A la demande générale, voici l'histoire des papiers gras de la porte Auguste pendant la Première guerre mondiale.
En novembre 1916, un IGMH revenant de sa tournée déplore que "le public jette des vieux papiers, des débris et autres immondices" dans le square de la #porteAuguste.
Un IGMH est un inspecteur général des MH.
Les MH sont les Monuments historiques.
La scène se passe à @nimes. En 1916, la porte d'Arles dite d'Auguste, ancienne porte monumentale d'époque romaine, est alors dans un square entouré de grilles, en contrebas des rues attenantes.
La lettre adressée par l'IGMH au sous-secrétaire d'Etat aux Beaux Arts finit chez l'architecte local qui prend contact avec le Conservateur des musées archéologiques et des monuments de Nîmes, Félix Mazauric.
Le Conservateur des musées de Nîmes répond que c'est un employé municipal qui entretenait le square 2x par semaine mais que "par suite des événements actuels", ce service a été interrompu.
Certes les forts de Vaux et de Douaumont viennent d'être repris mais ça s'entend...
La Ville n'a pas trouvé de remplaçant pour pallier l'absence de l'employé municipal dédié à l'entretien du square (c'est la guerre) mais la Mairie a accepté de détacher des balayeurs toutes les 3 semaines (malgré la pénurie de main d’œuvre) pour nettoyer le square.
"Il n'est pas surprenant, écrit le Conservateur, qu'à la suite de gros coups de mistral comme ceux de ces temps derniers les feuilles et papiers se soient accumulés dans une enceinte que sa situation en contre-bas transforme en véritable réceptacle des rues et maisons voisines."
Cette manœuvre défensive, moins connue que celle de Verdun, est de toute beauté :
- c'est la guerre, personne ne chôme
- les gens sont des porcs, que voulez-vous
- c'est le mistral, ça nous dépasse
- c'est en contre-bas, que faire contre la gravité ?
- ça s'est sali à l'instant
Après la défense, vient le temps de la contre-offensive :
Le Conservateur dit avoir insisté auprès du Maire et obtenu que les balayeurs passent désormais toutes les 2 semaines.
L'entretien ordinaire est ainsi assuré. On attendra la fin des hostilités pour fignoler.
Suite à cette affaire, l'IGMH fera savoir à ses collègues que le Conservateur nîmois est une personne délicieuse qui a agi rapidement et au mieux.
Sad fact : Félix Mazauric meurt prématurément en 1919.
Fun fact : son successeur n'est autre que le commandant Émile Espérandieu, le grand fouilleur d'Alésia et l'auteur du monumental Recueil des bas reliefs de Gaule romaine.
Nous arrivons au terme de cette affaire passionnante, rarement abordée dans les manuels scolaires. La prochaine fois, quelle histoire voulez-vous entendre ?
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Prenons une restauration méconnue de Viollet-le-Duc, la porte Saint-André à @AutunVille. Une des portes du rempart romain d'Augustodunum (chez les Eduens) construite autour du chgmt d'ère.
État de la porte urbaine vers 2010 :
L'impact de la restauration confiée à Viollet-le-Duc est massif, comme on le voit ci-dessous sur la face côté ville :
Pour le tant attendu (si si) #CalendrierAvent, je vous propose de présenter chaque jour une paire de consuls. Nous devons en effet chérir Rome parce que le Sénat l'a faite belle et parce que le peuple romain l'a faite grande.
Id est l'année 87 av. JC, sous le consulat de L. Cornelius Cinna et de Cn. Octavius.
L'année précédente, l'affreux Sylla qui était consul venait de faire déclarer ennemis publics son adversaire Caius Marius et son fils Caius Marius.
Puis il était parti en campagne en Orient.
Sont alors élus au consulat pour l'année 87 :
- Lucius Cornelius Cinna, un fidèle partisan de Marius qui le fait rappeler d'exil et
- Cnaeus Octavius, farouche opposant de Marius, Cinna et du parti populaire en général.
//SPOILER//
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ils ne vont pas s'entendre.
Un peu de dépaysement entre deux semaines de fouilles.
Le pont du Gard n'est ni un pont, ni sur le Gard.
C'est une conduite d'eau (sens littéral d'aqueduc en latin) qui à cet endroit enjambe le Gardon.
Le "Pont du Gard" est donc un tout petit tronçon appartenant à une longue conduite de 50 km, l'aqueduc de Nîmes. L'aqueduc conduit l'eau depuis la source d'Eure à Uzès jusqu'au castellum (château d'eau) de Nîmes. Pourtant, Uzès et Nîmes sont à 23 km de distance...
J'avais promis quelques mots d'explications à propos de mon "que je déteste / surcoté / etc." romain.
Je commence par le "consul que je déteste" et le reste suivra.
Lucius Domitius Ahenobarbus.
Consul en 54, ce membre du parti aristocratique (les optimates, rivaux des populares) était un proche de Caton d’Utique, ennemi acharné de César.
Vous savez qu’en 49 César franchit le Rubicon avec ses troupes, càd quitte sa province de Gaule Cisalpine pour entrer en armes en Italie.
Un petit tour chez nos voisins d'Arles. En territoire romain.
Un théâtre, un festival Péplum dès lundi, un amphithéâtre, quelques blocs sculptés un peu partout et des vestiges de la zone du forum non loin de l'hôtel de ville.
Le centre d'Arles est très joli. La ville a gardé l'empreinte de la colonie romaine qu'elle est devenue par la faveur de César. Arles avait en effet choisi le camp de César, à la différence de Marseille, lors de la guerre civile César vs Pompée en 49 av. JC.
Triste tentative en effet de la part des poêlleurs. Ils voudraient se faire passer pour des chercheurs bénévoles et désintéressés face à un monde scientifique négligeant sa mission et se déchirant pour de l'argent. 🙃
Les archéologues seraient donc
- une minorité : c'est vrai et c'est heureux, en quoi cela nous disqualifie-t-il ?
- d'extrémistes : ici, le terme est utilisé pour désigner ceux qui souhaitent l'application de la loi...
- voulant conserver le monopole de la fouille ⬇️
En France, seul l'Etat peut autoriser une fouille. En ce sens, on pourrait parler de monopole.
Sauf que l'Etat (via les DRAC/SRA) confie les autorisations de fouilles à de multiples acteurs :
- @Inrap
- services archéo de collectivités territoriales @ANACT_officiel ⬇️