Thread by @pbeyssac

On va faire une petite expérience de pensée : évaluation de coin de table sur la pertinence (ou non) de réfléchir à diffuser (ou non) des données en #opendata par rapport à leur volume, sur un exemple récent et volumineux : les données LiDAR #IGN => geoservices.ign.fr/lidarhd

Le LiDAR IGN c'est 10 points/m² du territoire français, ce qui représente à la louche environ 250 Mo compressés par km² du territoire. C'est probablement ce qu'on peut imaginer de plus gros en volume de données susceptibles d'être diffusé en #opendata actuellement.

Le territoire français métropole + DROM-COM = 672 000 km². Donc la totalité des données LiDAR IGN "brutes" (qui prendront encore 3 ans à être collectées) c'est 672 000 * 250 Mo = 168 To. C'est assez gros.

Pour stocker 168 To on peut prendre 9 disques de 20 To chacun, qui consomment approximativement 5 W en fonctionnement. On arrondit à 50 W de total. Disons 2 replications par sécurité/redondance et on monte à 150 W. x2 (je calcule très large) pour la conso des serveurs/infra en +.

Donc on est à 300 W. Maintenant convertissons-ça en CO2eq sur électricité française. 300 W * 24 * 365 = 2600 kWh/an en conso électrique, soit 160 kg COeq/an. [Sur ce quota on fait 1000 km en voiture thermique, pas plus]

J'ajoute un x10 pour tenir compte du cycle de vie (ACV) des serveurs/disques (je me dépêche avant qu'un consultant CO2eq qui passerait par là me traite d'incompétent, menteur par omission ou autres noms d'oiseaux). On arrive à 1600 kg CO2eq/an.

Tout ça c'est 1/6e de l'empreinte d'un français moyen, et un peu moins que l'empreinte idéale qu'un français moyen devrait avoir.

Alors accepter 1/6e de l'empreinte d'UN français moyen pour stocker des informations cartographiques d'intérêt général, ça va... on doit pouvoir se le permettre, ce n'est même pas l'épaisseur du trait, c'est complètement indiscernable, et les usages utiles en regard sont énormes.

Cerise sur le gâteau, en fait même si ce n'est pas diffusé en #opendata, les données sont *de toute façon* à stocker. Donc les diffuser en plus... c'est juste quasi purement du bonus (le comptable de l'IGN qui voit passer la facture d'hébergement va peut-être me haïr, là).

Le projet LiDAR c'est 50 M€ de budget parce que les données ne se collectent pas toutes seules, il faut des heures de vol en avion pour parcourir tout le territoire. On ne parle pas de 1000 gentils kms en voiture, en termes de CO2.

Au total, si l'un des (voire le) plus gros projet français actuel en #opendata, en volume de données, arrive à ces cumuls assez ridicules en impact de stockage/diffusion, est-ce que c'est vraiment la peine de réfléchir énormément à l'impact en volume de tout projet ?