Thread by @JosephDahine

🧵La santé, le système (1/18)

Ça fait longtemps que je cherche les bons mots pour parler de mon inquiétude sur l'état du réseau de la santé et de son personnel.

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#MedTwitterQC

https://twitter.com/JosephDahine/status/1572622228512210945

Comment communiquer l'urgence de la situation ?

Comment illustrer les menaces qui nous guettent à un public dont ce n'est pas le quotidien ?

Comment ne pas sombrer dans le cynisme non plus ?

Le vocabulaire médical est finalement celui qui m'est apparu le plus naturel.

2/

Des fois, j'imagine le système de santé comme un patient malade.

Je me demande quel diagnostic on lui poserait.
Quels organes sont atteints.

Est-il branché sur un respirateur artificiel?
Comment on mesure ses signes vitaux?

Surtout: «Est-ce qu'il y a de l'espoir, Doc?»

3/

Le système de santé a besoin de savoir qu'il existe encore des traitements qu'on peut essayer.

Mais je ne crois pas qu'il y ait une «pillule-miracle».

Probablement que, comme pour nos patients complexes d'aujourd'hui, on a besoin d'une approche multidisciplinaire.

4/

Mais je vais vous dire ce qui m'inquiète le plus. Je crois que c'est son coeur qui est malade. ❤️‍🩹

Son coeur, c'est les gens. C'est le personnel qui y oeuvre.

Allez ausculter, allez les écouter, allez prendre le pouls de ces gens-là.

5/

Dans le dernier mois, j'ai reçu tellement de témoignages, je ne peux plus les ignorer comme étant de simples anecdotes.

En voulez-vous quelques exemples?

6/

«Il me reste 5 ans avant ma retraite, mais pour la première fois de ma carrière, je me demande comment je vais tougher...je pense sérieusement arrêter»

-Une infirmière 25 ans dans le réseau

7/

«Je suis tellement découragée par la façon qu'on me traite, je ferais n'importe quoi pour changer de job. J'irais laver de la vaisselle si y faut. Mais je reste pour garder mon salaire.»

-Une technologue 22 ans dans le réseau

8/

«Je regarde les problèmes de pénurie de main d'oeuvre, pis je ne vois pas comment ça va s'améliorer de mon vivant. Fak je vais quitter le secteur de la santé. »

-Un gestionnaire d'expérience

9/

«Je veux juste qu'on me traite comme un humain. Je donne, je donne, je donne, sans jamais me faire dire merci. À la limite, ça me dérange pas. Mais si j'ai le malheur de demander quelque chose, on me fait sentir comme une moins que rien.»

Une commis, 15 ans d'ancienneté

10/

«Ma fille me disait que toutes ses amies au bac voulaient aller travailler au privé. Messemble que dans mon temps on rêvait d'aller travailler dans les hôpitaux. C'est pu ça, les jeunes infirmières qui commencent. Pis je les comprends. Elles cherchent de bonnes conditions.»

11/

«Comment veux-tu attirer des renforts quand on leur demande une fin de semaine sur deux, être de garde, pis qu'on leur refuse du temps partiel ? À la place d'avoir plus de monde à temps partiel, on perd des temps pleins qui se brûlent.»

-Un groupe de physio/ergo/TS/nutri

12/

«Il y avait 40 infirmières dans mon équipe pour tous les quarts. Il en reste juste 15, surtout de jour. On ferme des lits pis on comble ce qu'on peut avec des agences. »

-Une collègue médecin

13/

Le point commun de ces témoignages, c'est le grand sentiment de désengagement.

J'ai jamais vu autant de gens éteints. Des gens passionnés jadis. Des gens avec des projets.

Tous ces gens aujourd'hui en mode survie.

"Self-preservation", qu'ils appellent.

14/

Ça c'est ceux qui restent.
Et je me demande combien parmi eux songent à quitter.

Parce que beaucoup quittent. Beaucoup devancent leur retraite ou se réorientent.

15/

Mais ceci dit, je suis jeune, j'ai juste 15 ans derrière la cravate dans les hôpitaux et les premières ont probablement été vues à travers un certain regard de naïveté.

Peut-être que d'autres éminences nous parleront d'une crise similaire et que, ben au final, on a survécu.

16/

Car je veux certainement éviter de sombrer dans le défaitisme et le cynisme.

Mais si notre réseau est en arrythmie, y'a besoin d'être cardioversé ⚡️

(bon, j'aurais pu parler d'un électrochoc, mais ce n'est pas le terme adéquat médicalement parlant!)

17/

Je reviens à mon tweet:
«Y a t-il de l'espoir,Doc?»

Parce qu'on a besoin d'espoir.

L'espoir qu'on va:
-Valoriser notre personnel
-Créer de la sécurité psychologique
-Libérer les structures
-Permettre d'innover

L'espoir qu'on donne de l'amour au ❤️ du réseau de la santé.

18/18

Tweet de reconnaissance:

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