Thread by @Stephanie12e

TW VSS
Ceci est mon #metoo.

Pour la 1ère fois, je m'exprime publiquement.
Je n'ai plus peur. De rien, de personne et surtout plus de lui. Je n'ai plus peur qu'on ne me croit pas : c'est arrivé. Je n'ai plus peur de représailles : je suis d'une force infinie.

Je n'ai plus peur, ça ne s'explique pas.

"Est-ce que tu réalises ce que tu as écrit ? Réfléchis un peu. Tu veux jouer mais tu n'assumes pas jusqu'au bout."
Je réalise. Enfin non, pas vraiment, pas tout de suite. Pourquoi est-ce que s'amuser de "pain au chocolat" au lieu de

"chocolatine", pourquoi "Équipe d'Ecosse" plutôt que celle d'Angleterre, pourquoi le repost d'une déclaration politique avec lequel il n'était pas d'accord, pourquoi tout cela déclenche une telle colère ? Alors je m'excuse. Je vais faire attention. Promis.

Oui mais voilà, c'est trop facile de s'excuser. Il sait que je n'ai pas compris. Je ne comprends jamais. Alors je dois réfléchir,punie, sans avoir le droit de lui parler. Je dois comprendre.
Et si j'insiste, si je supplie en larmes, la colère froide se transforme en insultes.

Je suis celle qui a traversé une présidentielle et les législatives le sourire accroché au visage. Je suis celle qui s'est dit tous les jours "ça va aller, tu dois faire des efforts, faire attention.". Je suis de celles qui ont failli ne jamais en revenir.

J'étais pourtant super intelligente, il me l'avait dit, je valais bien mieux que les autres militants. Ça aussi il me l'avait dit. Alors comment pouvais-je être aussi conne ? Qu'est-ce que j'ai pu me la poser cette question. Mais pourquoi je ne fermais pas ma gueule ?

Sauf que ne ne les voyais jamais venir ces tempêtes. Jamais.
Parce moi, j'étais subjuguée par son intelligence, sa culture, sa plume, son parcours. Je voulais apprendre à être pareil. Je voulais être aimée aussi.

Même si je savais que je partais de loin : j'étais brune, il préférait les blondes, il me l'avait assez rappelé. J'étais 1 militante lambda quand lui avait un parcours dans plusieurs partis politiques. Pas un responsable non, jamais même. Sans doute une blessure chez lui.

J'ai appris à montrer un visage heureux pendant 6 mois qu'a duré cette histoire. 6 mois à apprendre à faire attention pour éviter ses colères et le rendre fier de moi. 6 mois avec quelques violences sexuelles (ah ma brave dame, on dira que j'étais consentante, je me le disais).

Puis la rupture. Lui. Il a rencontré quelqu'un d'autre. Je tiens bon, je ne dois rien montrer à personne. Je suis cette femme forte qu'on admire parfois.
Puis la peur. Celle qu'il le dise, que ça devienne public. Il a des photos de moi.

Je suis officiellement en couple. J'essaie de le retirer de mes amis Facebook, je lui dis, je m'excuse de le faire. Il menace, jamais frontalement, tj par sous-entendus que si je veux jouer à ça, je ne suis pas assez grande. Je ferme ma gueule j'avance, je ne sais pas comment.

Je suis déjà un peu morte à l'intérieur.

Enfin il y a ce jour où j'apprends de la bouche d'une amie proche, qui savait tout, qu'elle sort avec lui. C'est le trou noir. Le temps de lui dire de faire attention à elle et je suis engloutie, le repos, enfin...

Aujourd'hui, je pense parfois à elle. Est-elle vraiment heureuse ? Si tu me lis, je te crois, je suis là.
Lui continue sa route ailleurs, une nouvelle virginité, un énième parti qu'il représente parfois. Il dénonce régulièrement les VSS, sans doute convaincu d'être un bon.

Il y a aussi ceux qui savent, qui le connaissent, qui m'ont écoutée, ont eu un mot de compassion sincère et ont continué avec lui. Vous avez choisi votre camp. Je n'oublie pas.

Un jour il tombera. Pas à cause de moi. Je n'ai plus de colère ni de haine. Mais il tombera et ce jour-là, je danserai dans un concert assourdissant de piolets, faucilles et marteaux.

Il n'avait pas le droit.
Le coupable c'est lui.
Je me crois.