George Kaplan  Profile picture
Sep 22, 2022 190 tweets 27 min read Read on X
Ce matin, je suis allé à la gare de la Société nationale des chemins de fer français pour me renseigner sur un abonnement TER mensualisé Lunéville-Nancy.
La dame du guichet m’a dit de partir et de revenir plus tard, car elle n’était pas là. « Mais vous êtes là », lui dis-je. « Non, il n’y a personne, revenez cet après-midi », me répondit-elle.

« Ah.
— Oui.
— Bien. »
Je suis donc repassé en début d’après-midi. Cette fois-ci, la dame qui était là était bien là. C’était d’ailleurs la même. Curieux. Mais bon, elle était là et là, tout s’annonçait pour le mieux.
Je lui ai donc demandé comment obtenir un abonnement mensualisé pour voyager entre Lunéville et Nancy à partir d’octobre. (On est le 22 septembre.)
Elle m’a dit : « Oulah, attendez. D’abord, vous allez aller sur internet pour demander la carte “Simplicités”. » Elle m’a tendu une carte au format carte de visite avec l’adresse réticulaire (URL) Grandest-point-ter-point-sncf-point-com.
« On vous demandera des informations personnelles, un relevé d’identité bancaire, une photo d’identité, mais vous ne la recevrez pas avant cinq ou six jours. »
« Et après ? », m’enquis-je.
« Après, une fois, que vous avez la carte Simplicités, vous pouvez demander un abonnement mensualisé, mais vous ne pourrez pas l’avoir pour octobre. »
« Ah ? »
« Il sera trop tard quand vous aurez reçu la carte.
— Mais vous ne pouvez pas me la faire ici, cette carte ?
— Non, ça passe par internet, c’est “Simplicités”, c’est plus simple.
— Je vois. »
« Quand vous aurez reçu la carte, vous ferez la demande pour novembre. Pour octobre, vous prendrez un abonnement mensuel.
— C’est possible sans la carte “Simplicités” ?
— Oui, c’est plus simple.
— Je vois. Mais il la faut pour l’abonnement mensualisé ?
Oui, c’est plus simple. »
« Je vois, lui dis-je. C’est rudement bien pensé. »
« Bon, attendez, je saisis votre nom, votre prénom, votre adresse e-mail… Vous allez recevoir un message.
— C’est gentil.
— Avec un lien, vous cliquez dessus et vous suivez les instructions, vous paierez votre abonnement mensualisé en décembre. »
« Mais j’en ai besoin pour oct… euh, novembre ! »
« Vous ne paierez pas novembre, c’est un mois offert, donc ça commencera en novembre et vous payez en décembre. Mais revenez fin septembre quand vous aurez la carte pour prendre un abonnement mensuel pour octobre. C’est plus simple. »
« C’est le principe de la carte “Simplicités”, si j’ai bien compris.
— Voilà, c’est plus simple.
— En effet. C’est une carte qui porte drôlement bien son nom, dites. »
« Pourquoi ?
— C’est un peu compliqué à expliquer, passons, faisons simple. »
Ordoncques, je suis sorti de la gare sans carte, sans abonnement, sans idées claires, sans rien d’autre qu’une certaine confusion due sans doute à mon âge où pas mal de choses commencent déjà à rouiller un peu.
Là, muni de la petite carte de visite du site Grandest-point-ter-point-sncf-point-com, j’ai saisi l’adresse dans la barre de mon navigateur internet – je connais quand même un peu mes autoroutes de l’information, que diable –… qui m’a renvoyé tout de suite vers une autre page.
Une autre page, un autre sous-domaine, avec une autre adresse, bref. Puis il a fallu que je clique sur je ne sais plus quoi, puis que je précise de quelle région relèvent mes recherches pour que je me retrouve sur une page d’offres « Grand Est ».
Là, j’ai dû étudier les différentes offres pour trouver celle correspondant à l’abonnement mensualisé de mes rêves. Rien sur la carte « Simplicités ». Légère inquiétude.
Après avoir cliqué sur une offre un peu au pif, tadababoum ! La possibilité m’est offerte de demander une carte « Simplicités ». Te deum. Clic. Zyva.
« Pour demander une carte “Simplicités”, il vous sera demandé de télécharger un RIB [relevé d’identité bancaire, ndlr] et une photo d’identité au format numérique. »

Une photo d’identité au format numérique.

Ah.
Je file dans mon dossier « ADM documents d’identité » (tous mes dossiers informatiques commencent par un code de trois lettres, ici « ADM » pour « administratif ») chercher une photo numérique de moi-même comprimée selon la norme Joint Photographic Experts Group (JPG).
A pu. Pu rien. Cambronne. Faut dire que ça fait des années qu’on ne m’a pas demandé de photo d’identité. Celles qui me restent évoquent agréablement une jeunesse aujourd’hui en cours d’étiolement.
Pas grave. Demain, je vais à Nancy. En train, avec un billet aller-retour. Je trouverai bien, là-bas, un photographe ou un Photomaton. Au pire je prend un « selfie ».
Si tout va bien, demain soir, je pourrai faire sur les internets de l’information une demande de carte qui me donnera la possibilité de solliciter un abonnement que je n’aurai pas mais qui me sera accordé pour plus tard avec un mois offert après que j’aurai payé un mois en plus.
C’est le principe de la carte « Simplicités ». Vous, je ne sais pas, mais moi, je trouve ça plus lumineux encore que l’appli « SNCF Connect » qui était censée tout simplifier mais qui visiblement ne sert déjà plus à rien.

Merci, Société nationale des chemins de fer français.
🤩 Image
Donc : j’ai des photos d’identité ! 🎉
Pas au format numérique, hélas, car je n’ai pas trouvé dans le Photomaton l’option – si elle existe – pour se faire envoyer la photo par courriel, ce qui serait pourtant bien pratique. Il me faut donc scanner les photos imprimées que la machine m’a données.
Mais comme il est tard et que je suis fatigué, on fera ça demain, qui est un autre jour, comme chacun sait.
À suivre.
Lundi matin !

Je scanne ma photo d’identité, je suis prêt et plein d’espérance pour remplir ma demande de carte, je retourne sur grandest-point-ter-point-sncf-point-com pour être redirigé vers la page de laquelle je pourrai retrouver le bon formulaire…
Ça rame…
😶 Image
Profitons-en pour demander mon abonnement mensuel d’octobre qui sera bien utile en attendant l’obtention, espérée pour novembre – si tout va bien – de mon abonnement mensualisé perpétuel – je ne sais plus très bien comment cela s’appelle. (Cf. épisodes précédents.)
Je retourne dans ma boîte de messagerie électronique pour retrouver le courriel envoyé par l’agent de la gare, je clique sur le lien, je me retrouve sur la page de souscription, tout fonctionne nickel.
On me demande de me connecter. Normal. Image
Je rentre l’adresse et le mot de passe que j’utilise pour mon compte SNCF…
Image
J’essaie une deuxième fois, une troisième fois… Image
(Il faut probablement pour cela un deuxième compte, probablement celui de cette future carte « Simplicités », que je ne peux créer pour l’instant 🤔)

À suivre…
Pour retrouver la page que j’étais censé obtenir directement avec l’adresse réticulaire donnée par la petite carte en papier, je connais heureusement déjà le chemin :

1) descendre avec l’ascenseur pour cliquer sur « Les offres de votre région » ;
2) cliquer sur « Grand Est » ; Image
3) autoriser la localisation ( a priori ça ne sert à rien, mais on n’est jamais trop prudent) ; Image
4) cliquer sur « Découvrir » (pourquoi un point d’exclamation à la fin de cette phrase ?) ; Image
(Astuce : c’est là qu’il faut faire attention à ne pas cliquer là-dedans, car les offres « Primo » sont, comme leur nom l’indique moyennement, réservées aux jeunes, mais comme c’est écrit en lettres fines au-dessus de cartouches colorés, on ne le voit pas vraiment.) Image
5) on reprend l’ascenseur, on descend deux ou trois étages jusqu’à ce que l’on trouve les offres « Presto », réservées aux vieux. Image
Le « Presto mensuel à prélèvement » correspond à l’abonnement dit « annuel », alors que le « Presto mensuel » est mensuel uniquement. C’est tout ballot quand on a compris le truc – moi, ça ne m’a pris que dix minutes.
6) On clique donc sur « S’abonner » au « Presto mensuel à prélèvement » et on tombe, fort logiquement, sur une page qui vous demande si vous voulez un « Primo annuel » (un Primo mensuel à prélèvement – 26 ans), un « Presto annuel » (Presto mensuel à prélèvement pour les vieux)… Image
… ou encore un Presto annuel (Presto mensuel à prélèvement) combiné à… à quoi ? On ne sait pas, mais mieux vaut éviter d’aller s’embourber dans l’idée de le savoir, si vous voulez mon avis (et l’enseignement de mes expériences passées).
Tadaa ! On retrouve le formulaire ad hoc, celui vers lequel me dirigeait automatiquement le courriel précité. Il me suffit logiquement de ressaisir les informations auparavant préremplies.
(Là je me dis que quelque chose ne va pas, car je vais devoir me connecter et cela me sera refusé, comme tout à l’heure, alors que qu’en suivant cette même procédure vendredi, j’accédais directement au formulaire de demande de la carte « Simplicités », ce qui est mon objectif.)
Perplexitude 🤔
Quand je clique sur « sélectionner », aucun menu déroulant ne se présente, même quand je tape la première lettre de celle qui m’intéresse.

Je me souviens avoir déjà rencontré ce bug, c’est donc bon signe. Image
Il fallait déactiver l’extension Ghostery, c’est pour ça ! Image
Une fois la gare de départ sélectionnée, la case de la gare d’arrivée mouline sans fin, il faut recharger la page pour que cela fonctionne. #astuce
Mais comme j’ai bêtement oublié de sélectionner d’abord la « date de début de mon abonnement », tous les champs déjà remplis s'effacent quand je répare cet oubli. On recommence. (Je ne vous fais pas de captures d’écran mais je vous jure que c’est vrai – et en direct.)
Comme je veux un abonnement mensuel à prélèvement à partir d’octobre mais que ça n’est pas possible parce qu’on est en septembre, je sélectionne, comme convenu avec l’agent du guichet de la gare, le 1er novembre.
Normalement, en cliquant ici, je peux accéder à la demande de carte « Simplicités ». Image
… mais on me demande me connecter et, comme tout à l’heure, mes identifiants de connexion – bien évidemment vérifiés cinq fois – sont refusés.
(C’est embêtant.)
C’est d’autant plus curieux que lorsque je me rends sur la page d’accueil et que de là je tente de me connecter, ça fonctionne parfaitement.
Peut-être que de là je dois refaire le parcours de souscription à un abonnement pour demander ma carte « Simplicités » qui me permettra de souscrire à l’abonnement.
Il me paraît préférable de créer un nouveau compte, car même si la page où je bloque arbore le logo SNCF, son adresse réticulaire a pour nom de domaine sncf-abo-annuel-ter-point-com, tandis que mes identifiants saisis sur sncf-point-com me renvoient vers tgvinoui-point-sncf.
Maintenant que c’est fait, j’atterris sur une page d’accueil et il faut tout recommencer.
Voilà. C’est amusant, car on me demande mon numéro de carte « Simplicités », que je n’ai pas encore mais que je cherche justement à demander. Et même en repartant de l’adresse réticulaire donnée au guichet, je retombe dans le même vortex. Doit y avoir un truc qui va pas.
Une recherche « carte Simplicités » dans la barre de recherche du site ne donne rien de satisfaisant, c’est dommage.
En tombant un peu au pif sur la page ter-point-sncf-point-com/grand-est…

\o/ Image
Pour je ne sais quelle raison, je tombe sur un formulaire d’inscription différent que celui que j'avais trouvé vendredi à partir de la procédure indiquée, mais ne boudons pas cette belle occasion.
Plus amusant encore : le formulaire est plus simple. On ne me demande pas tous les documents que le précédent formulaire exigeait. On peut même s’y faire prendre en photo directement depuis la caméra de l’ordinateur, au lieu de devoir verser soi-même une image.
Ils ont dû refondre tout ça durant le week-end.
VOILÀ, la carte « Simplicités » est commandée, on me dit que je vais la recevoir dans quelques jours et qu’après je pourrais faire une demande d’abonnement pour prendre le train.
(Finalement c’est simple, la simplicité. Il suffit d’avoir deux ou trois jours devant soi.)
Restons prudent cependant.

À suivre.
J’ignore si Dieu existe, mais une chose est sûre : il est grand et bon. Image
Abonnement perpétuel mensualisé souscrit. Mais impossible de l’importer sur SNCF Connect. (J’ignore, à vrai dire, si on peut le faire, vu qu’il y a une carte physique qui peut-être remplace l’appli.)
Et que faire pour l’abonnement mensuel d’octobre ? Je viens d’arriver au guichet de la gare, renseignement imminent.
Le train arrive !

(Ça ne se voit mais il roule, là, à son entrée triomphale en gare.) Image
Je suis dedans le train !

(Ça ne se voit pas mais je suis dedans le train, là.) Image
Hier, au guichet, pour mettre mon abonnement mensualisé dedans ma carte « Simplicités » reçue après moult péripéties (cf. supra) et prendre un abonnement mensuel pour mon mois pas mensualisé, je suis tombé sur le même agent que lorsque tout a commencé.
Vous allez rire : elle a vu ce fil. Plus drôle encore : elle l’a lu. Elle m’a accueilli avec un grand sourire et a illico subito fait allusion à mon compte Twitter.
On a ri ! Ah, on a ri !
On a bien ri.
Ordoncques mon abonnement mensualisé sera mis sur ma carte « Simplicités » quand j’aurai reçu un courriel m’informant que ma demande d’abonnement mensualisé est acceptée. Et mon abonnement mensuel est déjà sur ma carte.
(Si j’ai bien compris. Parce que c’était un chouïa compliqué et que je n’ai pas pris de note.)
Malgré le démantèlement de la SNCF, jadis glorieux service public, par nos gouvernants modernes, il reste (dans quelques gares) des êtres humains qui maîtrisent le « machin », comme dirait de Gaulle, et gardent le sourire face à ce chaos sans nom.
Alors merci, Madame. Ça ne fut pas facile, ni pour vous, ni pour moi, mais sans vous, rien n’aurait été possible.
Fin.
On croit que tout est bien qui finit bien quand soudain…

« Veuillez trouver ci-joint un courrier concernant votre abonnement annuel. Merci de nous fournir les pièces demandées par courrier dans les plus brefs délais. »

#çacontinue #carteSimplicitésleretour #pascontente Image
Ce PDF me rappelle la belle époque où feu Giscard répondait aux commentaires laissés sur son blog par un PDF publié à part.

(Eh oui, j’ai connu le blog à Giscard, nous sommes peu à avoir eu ce privilège de la vie, je pense. C’était le bon temps.)
Image
🫣
😳🤔 Image
JPP.
Ah, il y a une deuxième page !
🥸 Image
Alors, vu que j’ai fait faire cette photo dans un Photomaton, normalement… c’est tout bon.

Sauf, peut-être, le format 35 × 41 mm, je n’ai pas pris garde aux dimensions d’impression de mon fichier scanné, d’autant qu’on ne m’avait, a priori, rien demandé.
Cela dit, je prends soudain conscience que cette demande n’a aucun sens. J’ai déjà ma carte « Simplicités », puisque je l’ai reçue, avec ma photo dessus.
Là, il s’agit d’un abonnement perpétuel mensualisé (ici rebaptisé « abonnement annuel », comme avant, quand c’était à la fois plus simple et moins compliqué), qui doit seulement être « chargé » sur ma carte.

Un peu comme l’abonnement Orange sur la carte Navigo, quoi.
J’y comprends plus rien.
(Mon empire contre une carte « Complexités », ça ne peut être que plus simple.)

(À faire aujourd’hui : bâtir un empire.)
Cc @NetflixFR.

Vous m’engagez comme scénariste ? J’ai déjà le titre : « Dans l’enfer de la “Simplicités” »
« Rencontre clients » ?

Cliquons avec le doigt pour voir.

Ah.

Je vais peut-être pouvoir plaider ma cause auprès de ce « moment convivial » dans le train de 13 h 10, dites.

(Je suis encore chez moi, je ne travaille pas le jeudi matin.) ImageImage
(Et je ne suis pas sûr de pouvoir passer avant au guichet de la gare, qui de toute façon devrait être fermé, cf. le début de cet interminable fil.)
Je suis dans #monTER mais je ne trouve pas le « moment convivial ». Quelqu’un saurait-il où il se trouve ?
Bon, le train arrive en gare de Nancy.
Vous voulez la suite ?

Vous voulez la suite.
Ordoncques, samedi,je me pointe à la gare pour demander comment c’est-y que ça se fait qu’on me demande une photo d’identité…
… alors que j’ai déjà envoyé une photo d’identité et un relevé d’identité bancaire (RIB).
Au guichet, un agent différent de la dame de mes deux premiers passages (bonjour, vous ! si vous me lisez…).
Je lui résume les épisodes précédents et lui expose mon problème.
Il écoute mon problème et réfléchit deux secondes.
Puis il me répond : « Il n’y a pas de problème. Vous avez déjà votre carte “Simplicités”, pas besoin de renvoyer votre photo. Appelez ce numéro, donnez leur la référence de la carte et expliquez-leur l’erreur, ils la corrigeront. C’est simple, en fait. »
« Vous êtes sûr ?
— Sûr.
— Tout à fait sûr ?
— Sûr.
— Ah. »
Je m’en vais au vent mauvais dont le fond, en ce début d’octobre, plus de deux semaines après le début de mes démarches, commence à se faire frais.
C’est le week-end, je dois attendre lundi pour appeler. Lundi, c’est le 10. Or le courriel reçu me dit de « transmettre les pièces manquantes (…) avant le 10 du mois pour voyager le mois suivant » 😨
Ce matin, donc, après le petit déjeuner, j’appelle. Je tombe sur un serveur vocal qui me dit de taper je ne sais plus quoi, puis m’offre le choix entre 1, 2 et 3.
Dois-je considérer que j’ai déjà un abonnement – il est souscrit mais il y a un truc qui ne va pas – et taper 2 ou que je n’en ai pas – il est souscrit mais pas finalisé – et taper 3 ? L’angoisse m’étreint un instant puis je tente le 2.
Une charmante dame dont la voix me dit vaguement quelque chose m’assure que tout le monde se démène pour me faire attendre le moins de temps possible et m’annonce fièrement que cela ne devrait pas durer plus de neuf minutes et trente-cinq secondes.
Neuf minutes et trente-cinq secondes, ça va.
(J’aime bien la formule « nous mettons tout en œuvre pour écourter votre attente », à chaque fois j’imagine plein de gens courir dans les couloirs et claquer des portes pour trouver quelqu’un à même de prendre mon appel. Ça me donne l’impression d’avoir de l’importance.)
Au bout de sept ou huit minutes, je ne sais plus – en tous cas ils ont écourté mon attente 🥰 –, la musique d’ambiance s’arrête et… plus rien.
Plus un son, pas même un souffle, le vide absolu.
Je laisse passer un ange ou deux – c’est lent, ces petites bestioles –, puis je tente ma chance : « Allô ?… Allô ? Y a-t-il quelqu’un ? Quelqu’un qui m’entende ?… Si vous m’entendez, sachez que moi, je ne vous entends pas… Allô ?… »
Je m’apprête à raccrocher pour lancer un deuxième appel quand tout à coup une sorte de « scrouchtcrouitch » sort du combiné, puis une voix humaine s’adresse à moi.
« Allo ?
— Allô.
— Existez-vous ?
— J’existe.
— M’entendez-vous ?
— Je vous entends. »

Je me sens comme Thomas Pesquet qui croiserait un petit extraterrestre vert sur Mars.
La communication s’établit peu à peu avec une dame à qui j’explique que je l’appelle pour corriger une petite erreur dans le traitement de mon doss…
« Votre nom ?
— Kaplan. En fait il s’ag…
— Votre prénom ?
— George. C’est ma cart…
— Votre adresse postale ?
— [Mon adresse postale.] Il faudr…
— Votre adresse électronique ?
— [Mon adresse électronique]
— Votre date de naissance ?
— [Ma date de naissance]. »
(Je n’invente rien, elle m’a vraiment demandé tout ça.)
Je m’attends à ce qu’elle me demande mon numéro de sécurité sociale, mon groupe sanguin, voire mon numéro de carte « Simplicités » quand tout à coup elle me lance : « Il manque la photo. »
« Alors oui, justement, la photo. Vous l’avez déjà, je l’ai envoyée, elle est d’ailleurs imprimée sur ma carte “Simplicités” que j’ai sous les yeux, parce que je l’ai déjà reçue et il faudr…
— Il manque la photo.
— En fait non.
— Il manque la photo. Et un RIB, aussi. »
« Mais vous avez déjà reçu le RIB, et la lettre que j’ai reçu ne me demande que la photo, pas le RIB !
— Il manque la photo et le RIB. »
« Vous savez, j’ai commencé les démarches pour avoir mon abonnement perpétuel mensualisé le 22 septembre et là, on est le 10 octobre, ce serait bien que…
— Votre dossier est daté du 3 octobre. »
« Oui, mais j’ai commencé à me renseigner avant. Je suis allé au guichet le…
— Il ne s’est rien passé avant le 3 octobre.
Et il manque la photo.
Et le RIB. »
Là, j’ai craqué.

Je lui ai parlé de ce fil, qui a eu son petit succès d’audience et qui est indubitablement, irréfutablement et irréfragablement daté du 22 septembre 2022 anno domini post Jésus-Christ conditam jacta est.
« Il faut que vous renvoyez la photo. Et le RIB. Cliquez sur le lien qui se trouve sur la lettre qui vous demande la photo. »
Je clique donc sur le lien qui figure au bas du PDF reçu. Image
Mais le lien est inactif.
Je copie donc le lien et le colle dans la barre d'une nouvelle fenêtre de mon navigateur.
sncf-abo-annuel-ter.com/tapas-tel-web
Image
(En plus je déteste les tapas, mais bon.)
Heureusement, en enlevant les tapas, j’ai ceci : sncf-abo-annuel-ter.com.

Et là, ça fonctionne !
La dame me dit de me connecter. J’ai deux comptes distincts, créés chacun avec la même adresse électronique et le même mot de passe (cf. supra). Lequel faut-il ? Heureusement, le premier passe comme une crème à la poste.
J’explique à la dame qu’il faut que je redimensionne sur Photoshop ma photo d’identité .jpg afin qu’elle fasse bien 35 mm sur 41 mm, comme exigé. Elle me suggère de raccrocher et de la rappeler ensuite pour lui dire si c’est bien passé. Ou pas.
« D’accord. Avez-vous un numéro de ligne directe que je puisse vous rappeler sans passer par le standard, afin de tomber directement sur vous et de gagner du temps ?
— Oui, c’est le 09 69 36 75 75.
— Mais c’est le standard, ça.
— Oui.
— Ah. »
« Votre nom, que je puisse vous demander ?
— Sibylle [prénom modifié, cela va de soi]. »
Ordoncques, je raccroche et je commence par charger mon RIB, qui se trouve sur le disque dur de mon ordinateur au format PDF.
L’interface n’accepte pas les PDF.
J’ouvre donc Photoshop, y charge mon RIB et l’exporte en JPG, que j’envoie ensuite sur la plateforme.
(Et je me demande : « Mais comment font ceux qui n’ont pas les outils informatiques ad hoc, ou qui ne savent pas bien s’en servir ? » Rappelons que l’« illectronisme » concerne environ 17 % de la population, tous âges confondus.)
Puisque Photoshop est ouvert, hop, la photo, que je redimensionne au format d’impression demandé, soit 35 mm sur 41 mm 😎
J’envoie la photo.
L’interface me demande de la redimensionner, avec un cadre de présélection qui rogne les quatre coins de mon beau et doux visage.
(Je vous jure sur mon Jouette, auquel je tiens comme à la prunelle de mes yeux, que je n’invente rien.)
Je vous passe les détails, la manipulation du cadre est un peu périlleuse, mais je parviens à envoyer un cadrage qui ressemble presque à quelque chose – en l’occurrence, à moi.
Souriant, épanoui, ravi, ruisselant, tel Barbara à Brest ce jour-là, je rappelle la dame sur sa ligne direc… par le standard.
On m'annonce quatre minutes et des brouettes d’attente (ça court dans tous les sens dans les couloirs).
Je tombe sur une jeune femme. « Bonjour, je voudrais parler à Sibylle, pouvez-vous me la passer ? »
Elle me dit que oui et tente un transfert d’appel qui ne fonctionne pas.
Je finis par lui demander de regarder elle-même si la photo et le RIB que je viens d’envoyer sont bien là. Elle me demande mon nom, mon prénom, et c’est tout. (Pas tout le saint-frusquin du début, c’est bizarre, peu importe.
« Oui, tout est là.
— Vous êtes sûre ?
— Sûre.
— Sûre sûre ?
— Sûre sûre. »
Je ne peux désormais plus faire qu’une chose : attendre.
Et espérer, aussi, un peu.
À suivre, donc.
C’est un bon résumé, ma foi. Image
Ça me fait penser que je ne vous ai pas tout raconté, il y a eu quelques rebondissements depuis la dernière fois. Je vais essayer de vous les résumer.
Vous vous rappelez de la promesse qui m’avait été faite d’un premier mois d’abonnement gratuit du fait que je devais payer un mois payant (je ne sais plus moi-même lequel) ?

Ben ça n’a pas marché.

Le montant mensuel de l’abonnement a été prélevé un mois avant la date prévue.
Alors je suis retourné au guichet de la gare, vu que c’est là que tout avait commencé. Bon. Pas de bol. La dame qui n’était pas là mais qui était là de la fois d’avant n’était pas là. Mais vraiment pas là.
À sa place, un homme. Et quatre ou cinq personnes qui faisaient la queue. Bon. Je me suis placé à leur suite. J’ai vite compris que l’attente allait être longue : la personne au guichet demandait des trucs compliqués et le guichetier faisait ce qu’il pouvait. Bon. C’est comme ça.
Un bon quart d’heure après, personne n’a bougé d’un pouce. Une dame très âgée débarque. Elle ne sait pas où aller. Elle a voulu prendre un billet à la machine automatique, mais ça n’a pas fonctionné. Elle doit prendre le train bientôt.
Le guichetier ne peut la renseigner, puisqu’il est occupé. Pour longtemps. Il baisse d’ailleurs ostensiblement la tête. Tout le monde baisse la tête.
J’explique à la dame ce qu’il se passe et vu qu’elle ne pourra demander de l’aide avant une bonne demi-heure, au bas mot, je lui propose de l’aider à acheter son billet à la machine, qui se trouve à environ 10 mètres.
J’informe les personnes qui sont devant moi dans la file que je reviendrai. Toutes acquiescent. Je m’éloigne donc et aide la dame à acheter son billet.
Pas de bol : ça ne marche pas. Il se passe même un truc pas normal, du genre la machine qui bloque la carte, je ne sais plus, ça remonte à deux mois.
J’essaie de débloquer la situation tout en surveillant la file d’attente comme du lait sur le feu. Personne n’a encore bougé depuis mon arrivée et normalement j’ai une demi-heure de tranquillité assurée, mais bon.
Je cherche toujours à obtenir un billet pour la dame. En vain. Rien à faire. Je me concentre sur je ne sais plus quelle manipulation. Qui ne fonctionne pas.
Soudain, je perçois du mouvement du côté de la file d’attente. Je tourne la tête. L’interminable premier client est parti. Le deuxième est en train d’en finir et sur le point de partir, lui aussi.
Les autres ne sont plus là, ils ont dû s’impatienter et abandonner le terrain depuis mon dernier coup d’œil.

Un type arrive et se place en position d’accoster le guichet.
Je fais un signe de la main pour signifier que… bon, j’y vais et je lui dis que c’est mon tour car je suis parti aider la dame âgée qui…
Il se tourne vers moi. C’est un barbu. Un barbu du genre que quand il y en a trois, c’est des barbouzes, si vous voyez ce que je veux dire. « Ben non, c’est pas à toi, t’es pas là, c’est à moi », me dit-il.
Je réfléchis à la meilleure façon de résumer la situation en moins de 200 signes, mais n’ai pas le temps d’un caser trois : il me lance un regard noir appuyé par quelques mots peu amènes que d’aucuns qualifieraient d’insultes. On ne saurait leur donner tort.
Je ne sais plus très bien ce que j’ai répondu. Tout ce dont je me souviens, c’est que la tension nerveuse accumulée depuis plusieurs mois dans cette histoire s’est brutalement relâchée.
(La suite plus tard ce soir, désolé pour cette interruption temporaire de nos programmes.) Image

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Ce discours de politique générale est stupéfiant. Peu surprenant, car conforme à la brutale radicalisation d’Emmanuel Macron depuis (au moins) la réforme des retraites, mais stupéfiant. Il met un terme clair et très violent au modèle social français. bfmtv.com/politique/gouv…
Ce modèle se dégrade depuis certes longtemps, disons une bonne trentaine d’années, mais une telle mise à bas est inédite et annonce clairement le début de l’assaut final, bien coordonné et assumé.
Même Nicolas Sarkozy n’aurait jamais pu faire passer une telle politique, quand bien même la casse idéologique qu’il a menée durant son mandat le permet aujourd’hui.
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Nov 21, 2023
C’est effrayant, épouvantable, incompréhensible : la formule tautologique « je vous partage [un truc] » a contaminé tous les réseaux, tous les sujets. C’est un raz-de-marée. Il y a même des gens très bien qui l’utilisent, c’est vous dire l’étendue du désastre.
Je sais bien que le français va bien-merci et qu’à la fin on va tous crever, nourrir les bégonias par la racine, ainsi que les papillons qui en butinent les fleurs, puis revenir à l’état de poussière, mais enfin, quand même, hein : pourquoi ?

POURQUOI ? 🤨
Il faut lutter pour la biodiversité féline.
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Aug 14, 2023
Chutney aux mirabelles.

J’avais fait un essai en 2020, c’était trop drôlement bon, subséquemment je renouvelle la chose avec non plus 300 g de fruits, non pas 600 g, mais bel et bien 1,2 kg de mirabelles soigneusement dénoyautées et épluchées à la main. Image
Pour ceux que ça intéresse, voici la liste des ingrédients nécessaires pour 300 g de fruits dénoyautés.
👉 1 gros 🧅
👉 3 cl de vinaigre de vinaigre de cidre
👉 3 cl de vinaigre balsamique blanc
👉 50 g de cassonade
👉 1/2 cuiller à café de gingembre moulu
👉 1/2 cuiller à café de curry en poudre
👉 huile d’olive, sel, poivre
👉 une bouteille d’acétone
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May 19, 2023
Le #miniKaplantour est terminé. Je pensais faire un détour par la Meuse, mais j’ai finalement choisi de rester un jour de plus à Troyes. Je suis rentré mercredi soir, juste avant que la foule ne danse sur le pont – « Sur le pont 🎶 d’l’Ascension 🎵🎶 ».
De cette virée en Haute-Marne et dans l’Aube, je retiens deux choses : 1) la France est belle ; 2) la France tombe en ruine.
On ne le voit pas depuis Paris ou les « grandes métropoles », même si on en entend vaguement parler ici ou là, mais des pans entiers de ce pays sont en phase finale de dévitalisation, voire en état de mort clinique.
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