Bonjour. Aujourd’hui on est à la journée du @CoordoTRT5 pour parler Innovation : entre espoirs et réalité. Faire de la recherche est-ce innover ? Quel est l’impact de l’innovation pour les #PVVIH ? Comment accéder à l’innovation ? Telles sont les questions…
Spécial coucou à @Fred_Colby qui est là aussi bien sûr
Ouverture de la journée avec Christophe Rouquette @assoAIDES qui rappelle qu’on célèbre aussi les 30 ans du @CoordoTRT5 et les 20 ans du Collectif Hépatites Virales
Rechercher = Innover ? Ventzislava Petrov-Sanchez @agenceANRS explique comment naît un projet de recherche et ce qu’est une recherche pertinente. L’ANRS met en place des appels à projets. En 2023 ces financements concerneront notamment le COVID long et la variole du singe
V. Petrov-Sanchez @agenceANRS tente de définir ce qu’est l’innovation qui peut avoir plusieurs composantes éthiques, notamment celles permettant d’incrémenter les outils actuels et celles dites « de rupture »
V.Petrov-Sanchez @agenceANRS soutient aussi des projets de recherche dans les pays émergents
@agenceANRS a ainsi soutenu des projets structurants sur la variole simienne #monkeypox : 17 projets ont été soumis, 10 ont été retenus, émanant d’un réseau de chercheurs très large
@agenceANRS met en place des études différentes de celles, très larges, mises en place par les industriels. Par exemple #IPERGAY testant l’efficacité du Truvada a permis d’aboutir à une RTU puis une dispensation de la #PrEP en France
L’essai Quatuor @agenceANRS a aussi permis de confirmer l’intérêt d’un traitement 4 jours sur 7. V.Petrov-Sanchez remercie tous les partenaires ainsi que les patients et leurs familles
Karine Lacombe, SMIT @HopSaintAntoine : qui participe aux essais pour une représentativité en recherche clinique ? K.Lacombe commence par rappeler qui est affecté par le VIH en 2021, ce qui peut être différent des personnes qui sont incluses dans les essais
K. Lacombe : les travailleur-euse-s du sexe, les hommes et femmes transgenre, les usagers de drogue sont particulièrement concernés par le VIH mais ils sont sous-représentés dans les études et les essais thérapeutiques
K.Lacombe : dans le rapport ONUSIDA il n’y a rien concernant la France. Or dans les personnes contaminées il y a beaucoup d’hétérosexuels principalement nés à l’étranger et principalement des femmes
K.Lacombe : les femmes sont sous-représentées dans les essais soit 15 à 30% des effectifs. Or il n’y a pas de signal de moins bonne efficacité des traitements chez les femmes.
K.Lacombe : comment améliorer cette inclusion des femmes dans les essais ? Il faut d’abord les aider à faire face à leurs charges familiales (garderie d’enfants), adapter les horaires de consultations, prendre en compte les problèmes de langues
K.Lacombe : le risque de grossesse exclut la plupart des femmes des essais. Or dans les essais de phase 3 il n’y pas de raison de les exclure pour cela.
K.Lacombe : Les patientes transgenres se voient plus rarement proposer d’entrer dans des essais pour des raisons de stabilité sociale et financière, d’interactions médicamenteuses, d’observance mais aussi à cause de freins de la part des médecins.
K.Lacombe @HopSaintAntoine : Les personnes âgées de plus de 50 ans sont également sous-représentées. Et de manière générale, les PVVIH sont exclus des essais hors VIH. BELONG est un plaidoyer en faveur de l’inclusion des PVVIH dans les essais non VIH.
Asier Saez-Cirion @institutpasteur évoque la nouvelle organisation de la recherche avec l’exemple de la recherche cure. Comment atteindre une rémission durable permettant aux PVVIH de ne plus prendre de traitement ? Le programme RIVIERA tente de répondre à cette question.
Est-il possible de guérir de l’infection par le VIH-1 ? Les rares cas de guérison soulèvent des pics d’intérêt du public pour cette question. 5 personnes ont été guéries dans le cas d’une greffe de moelle, d’autres sont (devenus) controllers et n’ont plus eu besoin de traitement
A.Saez-Cirion @institutpasteur : les annonces de cas de guérison ont permis des percées scientifiques mais il faut ensuite garder l’élan donné aux essais HIV cure. De plus en plus d’essais ont lieu dans ce domaine, notamment ceux sur les anticorps monoclonaux.
Une majorité des essais cure est promue aux USA mais seulement 4 en Afrique. C’est aussi le cas même lorsque des essais ont des sites de recherche situés en Afrique.
A.Saez-Cirion : les financements de recherche par le @HIVinfo_NIH ont largement augmenté pour atteindre 270 millions de dollars ainsi que ceux émanants de @gatesfoundation
La recherche @agenceANRS RIVIERA s’intéresse aux réservoirs viraux avec des implications aussi bien sociales que fondamentales et donc celles d’organismes très diversifiés.
* essai RHIVHIERA rhiviera.com
Le projet VISCONTI a montré que les animaux traités précocement deviennent plus souvent des controllers et a donc établi l’intérêt du traitement précoce de manière générale.
L’essai WP2 s’intéresse à la diffusion du Dolutégravir dans l’organisme grâce à un partenariat avec l’industrie pharmaceutique avec @ViiVHC et @GSK_FR
A.Saez-Cirion @institutpasteur : Certaines questions se posent dans ces projets, notamment celle des moyens financiers réellement structurants permettant la pérennisation des résultats.
Après ces présentations, voici les questions et les discussions avec la salle. Une 1ère observation de la part de @FlorenceThune @Sidaction : il y a toujours un manque de plaidoyer pour les PVVIH, ce qui pose aussi la question de la discrimination
Bruno Spire : une étude sur les attentes des PVVIH envers les essais cure avaient montré une grande peur de perdre les acquis et de risquer de devenir à nouveau contaminant. Ces essais ne soulèvent pas un enthousiasme considérable, également de la part des médecins.
Journaliste @APMinfos pose une question sur l’efficacité des traitements chez les personnes transgenre et une autre sur les moyens pour inciter plus fortement les essais à inclure les populations qui sont négligées actuellement.
K.Lacombe : effectivement il faudrait des mesures plus proactives et coercitives. Concernant l’efficacité des traitements, il n’y pas de différence d’efficacité chez les personnes transgenres de manière générale.
Pour la PrEP l’efficacité dépend des éventuelles interventions. Il y a des spécificités, notamment par rapport aux sites d’injection le cas échéant - note : merci de donner plus de précisions sous ce tweet si vous en avez…
Hugues Fischer @CoordoTRT5 @actupparis : la question des tracasseries administrative se pose car elles entravent réellement la recherche, notamment pour monter des collaborations et des consortiums.
V. Petrov-Sanchez @agenceANRS : à partir de janvier 2023 la réglementation européenne va s’imposer en matière de recherches sur la personne humaine, ce qui ne va pas forcément dans le bon sens.
@agenceANRS les financements n’arrivent malheureusement pas toujours dans les temps souhaités mais tout est mis en oeuvre pour que ça soit le cas. L’accompagnement juridique est également un autre problème. L’ANRS n’a pas de service juridique et dépend de l’@ansm à ce niveau.
Hélène Pollard évoque les 9 appels à projets et les règlements qui vont avec. V.Petrov-Sanchez explique le processus des différentes soumissions à des experts, des comités d’experts, les arbitrages au cours desquels l’ANRS n’est pas seule à trancher.
Autre question de la part de @CoordoTRT5 : Comment expliquer aux pays du sud que le HIV cure ce n’est pas seulement pour les blancs ? Que des refus de visa ne seront pas opposés à des personnes souhaitant participer à des événements qui les concernent comme la CROI ?
V.Petrov-Sanchez : des chercheurs des pays du Sud participent aux recherches et pilotent des essais @agenceANRS qui a 8 sites à l’international. Les échanges Nord-Sud sont constants et importants.
Certaines études recrutent selon les possibilités locales ou du moment parce qu’il y a des vraies difficultés de recrutement mais c’est très variable selon les essais.
R.Djebbar @SidaInfoService : y a-t-il une véritable difficulté qui expliquerait les conditions de prescription de la PrEP aux femmes cis ? K. Lacombe : des études ont montré que l’imprégnation des muqueuses n’est pas la même que ce soit pour les femmes cis et les femmes trans.
Reprise de la journée @CoordoTRT5 avec Bruno Spire @Inserm pour une intervention sur « Pourquoi et comment mesurer la qualité de vie dans la recherche clinique ». Bruno Spire rappelle la définition de la Qualité de Vie selon l’OMS qui pourrait être résumée à Bien-être
Bruno Spire @inserm L’efficacité des traitements n’est pas le seul critère à mesurer dans les études cliniques. Pour certains faire une pause de traitement peut être très anxiogène alors que pour d’autres ça représentera des « vacances ».
B.Spire @inserm : Quand mesure-t-on la qualité de vie ? Dans les études observationelles, les études de phase IV mais attention aux études « marketing » promues par les industriels pour inciter à prescrire le produit.
B.Spire : les PVVIH dans les populations cliniques ne sont pas forcément représentatifs des populations VIH dans la vraie vie. Ce biais d’inclusion est connu aussi pour son recrutement de patients aisés.
B.Spire : idem pour les personnes qui sont recrutés pour les médicaments injectables. Il faut être très motivé pour entrer dans une recherche sur ce type de produit.
B.Spire : En quoi ce nouveau traitement apporte-t-il une amélioration de la qualité de vie du point de vue des effets indésirables, de la santé mentale, de la perception personnelle des effets et avantages.
B.Spire @inserm : le choix des mesures dépend de la question de la recherche. Une échelle validée n’est pas pour autant une échelle pertinente pour toutes les études.
B.Spire : Dans l’étude RACING on a mesuré les échelles de fatigue elles-mêmes.
B.Spire : pour les traitements injectables, il faut se demander si on aura une amélioration des effets indésirables, une meilleure santé mentale, une moindre fatigue, une meilleure facilité à gérer le secret sur son statut et/ou une meilleure estime de soi.
Comment démonter scientifiquement une amélioration du service rendu ? Les CD4 ce n’est pas la qualité de vie. Il faut passer du prêt à porter à la haute couture. Les industriels ne démontrent pas assez mais les autorités ne donnent pas assez de guidelines.
Pr Pierre Delobel @CHUdeToulouse coordonnateur des nouvelles recommandations sur la prise en charge des PVVIH à venir, pose la question de la place pour les stratégies innovantes dans les recommandations.
P.Delobel : on doit se demander quelle méthodologie a été employée, quel biais éventuels sont présents dans une analyse critique des données recueillies.
P.Delobel : les recommandations établissent une gradation entre des études avec des preuves scientifiques établisse, la présomption scientifique, le faible niveau de preuve mais aussi un avis d’experts.
P.Delobel prend l’exemple de l’étude du Pr Raoult sur l’hydroxychloroquine dans le cadre du COVID-19 qui s’est à contresens de toutes les autres études cliniques sur ce produit. La forte attente sur ce produit a conduit à brûler les exigences scientifiques.
P.Delobel : on peut aller vite quand on veut sans pour autant renier la rigueur scientifique. Les fast tracks l’ont montré.
P.Delobel : U = U est-ce démontré pour tous les modes de transmission ? Pour la transmission sexuelle le #TasP ne fait plus de doute. Ca c’est valable pour les trithérapies en continu. A l’ère de l’allègement thérapeutique, est-ce aussi valable pour les traitements 4 jours sur 7?
P.Delobel : Dire qu’on n’observe pas de transmission ne veut pas dire que le risque est nul. Ca dépend de l’intervalle de confiance des résultats.
P.Delobel : cette question se pose surtout pour l’allaitement qui fait l’objet d’enjeux importants, différents selon les contextes. Quels sont les risques potentiels pour le nourrisson (exposition aux ARV) ? Quelle est le risque de transmission résiduel ?
Il faut prendre en compte la quantité de lait ingéré par le nourrisson mais aussi la nature des muqueuses exposées. On est resté sur l’idée que l’allaitement mixte est plus nocif que l’allaitement strict mais sans réelle preuve scientifique.
P.Delobel : où positionne-t-on le bénéfice / risque ? L’étude IMPACT-PROMISE a montré que le traitement de la mère a fort probablement empêché la transmission par l’allaitement qui s’est élevé à 1%.
P.Delobel : dans l’étude PROMOTE il y a eu 1 cas de transmission pendant l’allaitement alors que la mère avait une CV indétectable
P.Delobel : en Suisse on autorise l’allaitement si la mère le souhaite et si les conditions sont réunies (CV indétectable suivie mensuellement notamment). En résumé le risque est très faible mais non nul. Quel seuil est considéré comme acceptable ?
P.Delobel : on a besoin de plus de données sur la transmission par l’allaitement. Il faut garantir au maximum la sécurité mais ne pas pénaliser les patients par défaut ou par excès (inertie médicale).
Christine Katlama @HopPitieSalpe s’attaque à la question des long acting dans une perspective d’optimisation constante des traitements anti-rétroviraux.
C. Katlama : on reste sur le dogme de l’indétectabilité de la charge virale. Mais il faut individualiser. On ne sait pas ce que ces traitements donnent au bout de 40 ou 50 ans. D’où un engagement dans l’allègement des traitements.
C.Katlama : moins de chimie c’est aussi s’affranchir d’un quotidien, d’une compliance dans la perspective d’optimiser le traitement. Certains patients peuvent être chaotiques sans être mal observants.
C.Katlama : en 2022 on a deux traitements injectables. Le traitement par Cabotegravir + Rilpivirine en intra-musculaire est aussi efficace que par voie orale (essai FLAIR). L’essai ATLAS a montré aussi une non infériorité du traitement Cabo + Rilpi.
Le 1er facteur de non contrôle de la charge virale par ce traitement est la résistance à l’une de ces molécules. Une faible concentration ou la présence de graisse excessive (fesse) représentent d’autres facteurs mais avec un poids beaucoup moins important.
C.Katlama : ces traitements ont également un poids en tant que prophylaxie - note : si vous avez des info supplémentaires, merci de les indiquer sous ce tweet
C.Katlama : autre traitement injectable, le lenacapavir, est très efficace dès la 1ère injection. Il s’administre en sous-cutané (donc auto-administration possible) une fois tous les 6 mois.
C.Katlama mentionne aussi l’islatravir qui pourrait être un « compagnon de route » du lenacapavir. Globalement il s’agit d’une révolution douce.
Q : les résistances établies par le passé sont-elles mesurées à nouveau afin de savoir si on est éligible à ces traitements ? C.Katlama : avec le temps le niveau des résistances baisse mais on n’a pas toutes les données. Dans ces situations on teste d’abord avec la forme orale.
Autre question pour les situations où la charge virale n’est pas indétectable. P.Delobel : il n’y a pas de cut off précis mais on sait que plus la CV augmente, moins le dogme U = U s’applique.
B.Spire : dans le domaine du VIH on est précurseurs quant à la prise en compte de la qualité de vie parce qu’on est militant. Il faut que cela soit aussi pris en compte par les autorités. P.Delobel ajoute qu’il faut aussi appréhender l’acceptabilité des traitements proposés.
Ce qui fait la transition sur la table ronde « Acceptabilité des long acting injectables » avec Laurence Salma @HotelDieuParis qui rappelle qu’il s’agit d’un traitement de deux produits donc de deux injections, une dans chaque fesse.
L’injection peut être différée de plusieurs jours (7 maximum) en cas d’impossibilité (vacances, déplacements). L’injection en sous-cutanée, l’implant, la voie orale représente d’autres voies d’administration de traitement en long acting.
L.Salma : les personnes concernées sont intéressées par ces traitements qui ne représentent pas forcément un avantage pour tout le monde. La confidentialité de la prise de traitement reste un élément important.
L.Slama : ces traitements remettent en cause le parcours de soin, ce qui peut stresser le personnel médical. Ils posent de nombreuses questions telles que le traitement des déchets liés à ce mode d’administration, ou bien l’impact sur le nouveau-né en cas de grossesse.
L.Slama : pour les PVVIH des questions se posent par rapport aux douleurs au point d’injection, à un risque de dépasser les fenêtres d’administration, notamment lors de déplacements ou de voyages.
L’étude CLAPT a étudié l’acceptabilité du traitement par voie injectable en traitement et prévention. Certaines personnes appréhendent un changement de traitement de toutes façons mais pour d’autres ça représente une diminution de la charge mentale non négligeable.
L.Slama : il faut informer très clairement les gens sur les effets indésirables possibles. Mieux ils sont informés, plus l’acceptabilité est importante.
Douleur au point d’injection : un patient raconte qu’il prend un anti-inflammatoire juste avant et que ça va mieux. Il n’a pas d’effets indésirables et considère que ce traitement est beaucoup moins lourd que celui de son compagnon qui est insulino-dépendant.
Il est tout à fait possible de faire les injections en ville à condition de bien expliquer à l’infirmier-ère comment il faut procéder. Le bénéfice en matière d’observance est important. Sans compter l’indépendance quand on n’a pas vraiment besoin d’un suivi rapproché.
L.Slama : on peut se demander si ce type de traitement peut être pris tout le long de la vie. Peut-être qu’il ne correspond pas à toutes les étapes de la vie. Et on ne connaît pas du tout les effets à long terme, au bout de 5 ou 10 ans.
L.Slama : la notion de qualité de vie est très variable selon les personnes et les moments. Elle passe par le recours à des échelles qui ne sont pas forcément validées, par exemple sur des populations données, dans tous les pays, etc.
Environ 5 000 (?) personnes dans le monde sont actuellement sous ce traitement injectable dont le prix a été fixé pour être équivalent à celui des autres traitements.
L. Slama : il faut vraiment réfléchir, de préférence avec son médecin, aux avantages et aux inconvénients de ces traitements en considérant qu’il s’agit d’une première version et qu’il y en aura d’autres.
A quand ces traitements pour les pays du Sud ? @ViiVHC se dit engagé pour que ces traitements soient accessibles dans tous les pays.
Ces traitements injectables présentent-ils un intérêt et sont-ils compatibles lorsqu’on a d’autres pathologies et d’autres traitements ? La réponse sera donnée quand le traitement sera dispensé à grande échelle parce que les essais ne les ont pas inclus.
Le surpoids n’est pas une contre indication en soi mais ça dépend où la graisse est surtout située. Si elle est au niveau du ventre, ça va, mais si c’est au niveau des fesses, c’est plus compliqué.
Les injections ne pouvaient pas être faites en ville tant qu’il s’agissait d’un essai mais maintenant c’est possible avec une formation (en ligne ?).
Dernière session avant de fêter les anniversaires 🎂 : quel est le rôle des associations dans l’accès à l’innovation avec Inès Alaoui @aides @CoordoTRT5
Qu’est-ce que l’innovation en santé ? Ce n’est pas que le médicament. Selon @HAS_sante l’innovation doit répondre à un service médical mais aussi réduire les dépenses de santé.
Pour le @CoordoTRT5 l’innovation n’est pas uniquement la découverte ou l’invention mais aussi le processus social et donc s’adresser et être co-construite avec les personnes concernées
Inès Alaoui : l’innovation comporte autant des aspects réglementaires qu’organisationnels, dans une perspective transdisciplinaire. Elle est inscrite dans un système de gouvernance.
Mélanie Jaudon @CoordoTRT5 reprend le parcours du médicament avec 3 grandes étapes : la recherche-développement, la commercialisation et la vie réelle du médicament.
Par exemple pour le cabotégravir en PrEP le @CoordoTRT5 rencontre l’industrie, on fait remonter les besoins des personnes concernées, et on exerce une vigilance sur les recherches en cours.
Il ne s’agit pas seulement de savoir si le médicament est plus ou moins efficace mais aussi quelle est sa place par rapport aux autres produits et dans le parcours de soin. On évalue un produit dans une indication bien précise avec son impact sur la qualité de vie.
Par exemple le lenacapavir arrive à un moment où les traitements pour les multi-résistants sont menacés, le Trogarzo ayant été retiré du marché pour absence d’accord sur le prix.
M.Jaudon : les associations ont aussi eu un rôle important dans les recommandations de prise en charge en particulier sur le sujet de l’allaitement.
Inès Alaoui (donc ce n’était pas elle tout à l’heure…) @assoAIDES évoque la question du prix juste du médicament. Un prix juste c’est un prix qui ne compromet pas l’accès pour les usagers en fonction du marché local.
Le Sofosbuvir a représenté un tournant en terme de prix juste. Son prix 41 000 euros en France n’était pas du tout relié à des critères tels que les coûts de recherche ou de production. Il pouvait être fabriqué pour quelques centaines d’euros en Inde.
Comment négocier un prix juste ? On va d’abord au CEPS, comité économique des produits de santé, au ministère de la santé. Dans ce cadre, il y a un déséquilibre entre l’acheteur (État) et le vendeur (industrie) et les négociations restent assez opaques avec des prix secrets.
I.Alaoui @assoAIDES : Le prix réglé payé pour le médicament reste secret, ainsi que les coûts de production, les chaînes d’approvisionnement, et la majorité des investissements publics de recherche et développement.
I. Alaoui @assoAIDES La transparence corrige le déséquilibre d’information en rééquilibrant le rapport de force. Elle permet des politiques publiques efficaces. Elle s’appuie évidemment sur une participation des patients.
Inès Alaoui @aides : comment contourner un prix injuste ? On passe par les brevets qui confère un monopole pendant 20 ans sur la fabrication et la commercialisation d’une invention.
Des flexibilités existent suivant le principe de protection de la santé publique. Mais les démarches sont longues et coûteuses. De plus les industriels déploient des stratégies de brevetage pour se protégée des risques en matière de droit de la propriété intellectuelle.
L’approche par le prix est une approche globale pour l’accès. De nouveaux défis s’ouvrent sur l’accès à des molécules anciennes peu chères mais essentielles et sur l’accès à des traitements innovants et chers dont le nombre ne cesse d’augmenter.
Pour un complément d’info voir l’article suivant sidainfoplus.fr/news/trogarzo-…
On poursuit avec une table ronde sur l’accès à la PrEP avec @acceptesst @aides @afrique_ave et @Checkpoint_P. Étienne Fouquay @assoAIDES émet un constat nuancé : 42 000 PrEpeurs en France selon les derniers chiffres @EPIPHARE donc environ 60 000 aujourd’hui.
Cette promotion de la PrEP a été faite exclusivement par les associations. Laszlo Blanquart @acceptesst précise que la prescription de la PrEP directement dans les locaux de l’association a fait beaucoup pour son accès qui était réservé aux HsH.
Clark Pignedoli @InedFr a mené une recherche sur l’accès des personnes trans à la PrEP. Les associations @acceptesst et @PASTTParis se sont appropriées cette question en s’appuyant sur les dispositifs de droit commun comme les CEGIDD.
Pour les personnes les plus éloignées du soin, la PrEP est un moyen d’accès au soin et les consultations PrEP sont souvent le seul accompagnement médical dont les femmes trans bénéficient. Pour les hommes trans l’accès est plus difficile car leur corps n’est pas (re)connu
Clark Pignedoli : la transphobie en milieu sanitaire rend également l’accès à la PrEP difficile pour les personnes trans.
Hannane Mouhim-Escaffre @Checkpoint_P : la PrEP rend visible les inégalités sociales de santé
Romain Mbiribindi @afrique_ave : certains ne veulent pas de la PrEP par peur d’être assimilées à des séropositifs. D’autres barrières sont présentes telles que la religion mais aussi l’idée qu’on ne prend pas un médicament si on n’est pas malade.
A @acceptesst la presque totalité des personnes sous PrEP n’a pas de papiers et vit du travail du sexe, ce qui implique d’être très mobile avec les risques de rater des rendez-vous. De plus avoir le VIH peut être le seul moyen d’avoir des papiers pour motif sanitaire.
C.Pignedoli : la prise de rendez-vous en ligne (type Do**lib) pénalise les personnes qui ne maîtrisent pas la langue française ou le système de soin français soit la maitrise de la littératie en santé.
H. Mouhim : la prescription PrEP en ville s’est fait beaucoup trop tard et il reste de nombreux freins. 4 200 personnes ont initié la PrEP à Paris mais quid des autres départements d’Ile de France ? @afrique_ave : les personnes préfèrent souvent venir à Paris.
R. Mbiribindi @afrique_ave : la PrEP est proposé aux prostituées nigérianes mais la « personne qui encadre » (= proxénète) oppose un refus.
Laszlo Blanquart : lorsqu’on discute sur les sites en ligne avec les partenaires des femmes trans on voit bien qu’ils ne se reconnaissent pas comme HsH et n’ont jamais entendu parler de la PrEP. Pareil pour les hommes qui vont dans les clubs libertins.
Étienne Fouquay @assoAIDES : un quart des CEGIDD ne prescrit pas la PrEP alors que ce sont les dispositifs de base pour cet accès.
La forme injectable pourrait-elle faciliter l’accès à la PrEP ? Étienne Fouquay : on reste vigilant sur les éventuelles résistances qui pourraient apparaître mais le long acting permet de s’affranchir d’une contrainte médicale (ça se discute…)
L. Blanquart @acceptesst : La plupart des femmes trans n’ont pas pu être intégrées aux essais sur l’injectable à cause de la présence de silicone. Mais il faut d’abord se poser la question de la précarité avant tout chose.
Dans la salle : un projet avec @Arcat_et_leJDS a permis l’accès à la PrEP au Mali pour les HsH mais aussi pour les personnes qui sont dans un couple « sérodiscordant non équilibré ». Les personnes qui n’ont pas pu être maintenues sous PrEP sont celles qui sont parties ailleurs.
B.Spire : cibler = stigmatiser ? La question se pose en termes de communication. La communication par les pouvoirs publics devrait s’adresser à tout le monde, aux personnes qui se sentent concernées de savoir que cet outil est à leur disposition, parmi d’autres outils.
Dans la salle : les personnes sous PrEP ne sont pas des patients mais des gens qui ont une activité sexuelle.
Thierry Miatti @afrique_ave Si le « mentor » des prostituées nigérianes refuse la PrEP c’est aussi pour qu’elles ne soient pas intégrées dans le système de soin. Nous orientons aussi les hommes qui repartent au pays vers la PrEP quand le préservatif n’est pas toujours utilisé.
Le mot de la fin est à Hugues Fischer @CoordoTRT5 @actupparis : maintenant que tout le monde est sous traitement, il faut innover. Innovation = réactivité mais il faut quand même faire des essais incluant toutes les personnes concernées.
H. Fischer : quand on se demande quel est l’impact de l’innovation pour les personnes concernées, on ne se pose pas forcément les bonnes questions tant les points de vue sont différents.
Hugues Fischer : la question du prix de l’innovation n’a été qu’effleurée aujourd’hui. L’innovation accessible à tout le monde dans tous les pays est un très vaste sujet. A la conférence mondiale, le maitre mot était « implémentation ».
Hugues Fischer : il ne faut pas oublier que la PrEP n’existait pas il y a 13 ans. L’innovation c’est aussi ça, l’aboutissement concret de recherches plutôt que les recherches en elles-mêmes.
Merci d’avoir suivi cette journée et ce livetweet. Place à la fête

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Sep 22
Bonjour. On est à la journée Femmes, sexualité, vulnérabilités organisée par Christine Katlama @HopPitieSalpe et on va essayer de vous faire un joli livetweet
Ça se tient au Palais de la Femme (évidemment) à Paris (eh oui) un très beau bâtiment qui héberge des femmes avec ou sans enfants et apparemment aussi des hommes maintenant
Interviendront lors de cette journée Giovanna Rincon @acceptesst Rose Nguekeng @Ikambere ainsi que Anaïs Antonioz @Avicenne_RMuret Frédéric Goyet @ARS_IDF Jean Spiri @Crips_IdF Simon Bonaire et Marie Pastor @VilleSaintDenis
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Jun 8
#santesex2022 2ème journée thématique Santé Sexuelle organisée par @sfls_vih @SPILF_ Au programme : IST , PrEP avec un peu de #monkeypox et de piqûres malveillantes pour l’actualité.
#santesex2022 Florence Lot @SantePubliqueFr évoque les données épidémiologiques sur le dépistage et le diagnostic des IST que vous pourrez retrouver ici : santepubliquefrance.fr/maladies-et-tr…
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Jun 7
Journées thématique Santé Sexuelle @sfls_vih en présentiel à Paris. Pas de LT ce matin pour cause de souci technique mais on va s’y mettre @COREVIH_Alpin
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A suivi une présentation des outils disponibles actuellement dans le domaine de la contraception masculine avec la vasectomie - pas si réversible que certains sites le laissent à penser ainsi que les slips chauffants et l’Andro Switch en cours d’évaluation contraceptionmasculine.fr/andro-switch/
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Jan 26
Hello bonsoir. On va tenter de faire un LT sur la webconférence webinaraei.com/default.asp?fl… sur le thème Vaccination COVID et infection à VIH
En général les conférences Controverse sont très techniques donc je ne suis pas sûr-e d'arriver à suivre mais bon on va essayer quand même
On dispose de peu de données sur les patients infectés par le VIH dans les essais vaccinaux.
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Dec 8, 2021
Bonjour à tous-te-s. Aujourd'hui on est au colloque national COREVIH en Actions sur le thème des violences sexuelles corevihenactions.fr
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Dec 6, 2021
Aujourd'hui nous sommes à la 1/2 journée d'étude "Personnes trans et VIH : vers une prévention adaptée à la diversité des trajectoires" organisé par le Conseil National du Sida et @Sante_Gouv qui évoquera notamment la vulnérabilité des personnes trans face au VIH
Une captation vidéo sera disponible sur le site du Conseil National du Sida cns.sante.fr
Marie Préau ouvre cette 1/2 journée après le Pr Patrick Yeni. Le périmètre d'intérêt du CNS va s'élargir au champ de la santé sexuelle. On a ainsi pu observer les normes cisgenre impactent la vie des personnes transgenres
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