Bonjour @Beatrice_Rosen. J'espère que vous avez pu profiter de votre soirée cinéma hier soir. Malheureusement, votre tweet me donne le sentiment que vous en avez mal interprété le propos. Je vous propose donc aujourd'hui de résumer ensemble le message du film.
A titre personnel, je ne suis pas critique cinéma mais ayant une formation universitaire en génétique, je pense être en mesure de pouvoir vous en décrypter les messages principaux. Allons-y donc.
GATTACA dépeint un futur dystopique basé sur l'eugénisme et le validisme.
Dans cette société, la valeur de chacun de ses membres est déterminée uniquement par sa capacité à "être performant". Qu'il s'agisse de performance physique ou intellectuelle, un citoyen ni a sa place que s'il est en mesure de participer à cet idéal d'excellence.
Le film nous donne le ton immédiatement à travers les deux premières lignes de dialogue :
"Vous maintenez votre poste de travail dans un tel état de propreté Jérôme.
- C'est le signe d'une conscience sans tâche. N'est-ce pas ce qu'on dit ?"
On nous fait clairement comprendre ici
que les "tâches" ne sont pas tolérées. Tout ce qui dénote, sort du lot, de cet idéal de productivité et de perfection est donc rabaissé. Le film montre alors comment cet idéal fut atteint : par l'usage de la génétique. La société de GATTACA part du postulat suivant :
Un individu est définissable entièrement par son génome. Et c'est uniquement ce qui les intéresse : "Titan, une mission hautement prestigieuse. Cependant pour Jérôme, la sélection était quasiment garantie à la naissance. Il a le bonheur d'avoir tous les dons requis pour une telle
entreprise. Un quotient génétique inégalable." Seul importe donc pour l'ascension sociale et professionnelle que le quotient génétique.
Les enjeux sont donc posés. Le film va ensuite traiter de l'eugénisme et du validisme à travers ses 2 personnages principaux : Vincent et Jérôme
Vincent est un "enfant de la providence". Conçu de manière naturelle, les gamètes à l'origine de sa création n'ont pas été sélectionnés. Comme vous et moi il est prédisposé à être victime de certaines maladies. Celles-ci sont résumées dès sa naissance sous forme de probabilités.
Ces chiffres ne sont rien d'autres que cela : des probabilités, un niveau de risque, mais cette société a décidé que ces risques sont trop élevés pour laisser Vincent atteindre une position sociale importante au sein de la société, qu'il soit réellement malade ou non.
Dès le début, Vincent est alors considéré comme un invalide. Il n'est pas couvert par les assurances qui ne voient que le risque financier qu'il représente. Sa famille considère le moindre rhume, le moindre risque qu'il prend pour sa santé comme potentiellement mortel.
Et quand il s'agit plus tard pour lui d'obtenir un emploi, ses compétences actuelles n'ont pas d'importance. Le plus important reste son profil génétique car la seule chose qui importe ce n'est pas tant qui est vous êtes, mais le potentiel que vous représentez.
Vincent n'est vu que comme un mauvais investissement, peu le niveau d'excellence qu'il a atteint comme démontré par ses résultats. N'ayant pas été conçu pour être excellent, Vincent est victime de la vision eugéniste de cette société qui dresse devant lui un plafond de verre.
Mais qu'en est-il de Jérôme ? Jérôme est un membre de l'élite génétique. Tout dans son sang démontre qu'il est capable de faire tout ce qu'il souhaite au sein de GATTACA. Mais victime d'un accident, il se retrouve infirme, piégé dans un fauteuil roulant.
Jérôme, bien que génétiquement parfait est lui aussi victime du hasard et n'est plus considéré par la société. Il représente la nature validiste de GATTACA. Privé de ses jambes, il ne rentre plus dans cet idéal de productivité et ne mérite donc plus aucun soutien de la société.
Vincent et Jérôme possèdent donc chacun une pièce du puzzle. L'un est en mesure d'être productif, l'autre dispose du potentiel génétique servant de caution au regard de la société.
La suite du film montre alors les péripéties qu'ils vont devoir traverser pour briser le plafond de
verre qui retient Vincent. Étant encore capable d'être productif malgré ses défauts, GATTACA finira par le "laisser passer" même après avoir été démasqué car le médecin reconnaît l'inégalité du système dont son propre fils est victime.
Mais Jérôme quant à lui, est dans une impasse. Son handicap le poursuivra à jamais et ne lui permet plus aucun avenir car il n'a aucune chance d'être considéré comme productif à nouveau. N'ayant plus de moyen d'être utile à quoique ce soit ou à qui que ce soit après le départ de
Vincent, il contemple une dernière fois le symbole de ce qu'il aurait pu être/faire si le hasard lui en avait laissé l'opportunité.
Je pense qu'il est donc temps de conclure. GATTACA montre à travers son histoire les potentielles dérives découlant d'un usage irraisonné de la génétique ainsi que de la pensée validiste. En considérant qu'un individu n'est rien d'autre que la somme de ses gènes et que la valeur
des individus n'est calculée qu'en fonction de leur potentiel de productivité, le film montre le sort qui attend tous ceux qui, par le simple fait du hasard, ne peuvent prétendre à cet idéal. Ne leur reste donc que deux solutions : vivre dans la clandestinité ou mourir.
Et cela peu importe les compétences qu'ils développent ou leur degré de réussite. Vincent le démontrera à deux reprises avec sa capacité à calculer sans erreurs des trajectoires de vol spatial et en battant son frère à la nage. Jérôme lui, en étant médaillé de natation.
On rajoutera également que la drogue, la cigarette et l'alcool sont bien évidemment eux aussi totalement proscrits, chacun de ces facteurs représentant eux aussi des risques. La société n'ayant rien à faire des raisons pour lesquelles vous êtes devenus consommateur puisqu'elle
n'est pas là pour vous aider, mais pour utiliser tout votre "potentiel".
Ainsi donc @Beatrice_Rosen après visionnage du film, vous suggérez de tirer parti de ses enseignements vis à vis de la crise Covid. Je vais donc me lancer dans cet exercice.
Ici, le Covid représente GATTACA elle-même. Il représente la pression sociale imposée à toutes les personnes qui seront incapables de lui survivre. Parce qu'il représente un danger mortel pour les individus les plus fragiles, il les oblige à vivre dans la clandestinité pour être
à l'abri ou provoque leur décès s'ils ne parviennent pas à s'en prémunir. Les mesures de protection telles que le masque, la ventilation ou les confinements en revanche, sont incarnées par le médecin du film. Ce personnage a conscience du problème de société posé par
GATTACA/le Covid et tente d’y remédier en protégeant Vincent/les gens fragiles de la sélection imposée par GATTACA/le Covid. Si l’on termine de filer la métaphore, les personnes qui refusent les mesures de protection contre le Covid sont donc représentés par le directeur Josef.
Il ne croît pas en la valeur de ces personnes et leur refusera toute place au sein de GATTACA/dans une société Covidé pour aucune autre raison que leur faiblesse. En effet, une fois le handicap génétique de Vincent invisibilisé, il le considère comme le meilleur de ses candidats
quand il ne peut le juger que sur ses compétences. En rejetant les mesures sanitaires/la vision prôné par le médecin du film, on renforce donc le Covid/la pression exercée par GATTACA sur les personnes fragiles/ les « enfants de la providence ». De ce fait, on renforce
l’exclusion hors de la société des personnes fragiles, victimes du simple fait du hasard, que cela soit à cause de la loterie génétique ou d’évènements qui ont impactés leur santé et qui les ont fragilisés au cours de leur vie.
C’est une interprétation personnelle bien sûre, mais elle ne me semble pas si fantaisiste. Ce sera tout pour moi. Bonne soirée et bon film !
@threadreaderapp unroll
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Aujourd'hui nous allons parler d'essentialisme génétique. C'est un concept connu des gens formés à la génétique. Pourtant, malgré mes 2 années de Master en génétique et ma thèse sur les origines génétiques des maladies auto-immunes, je n'avais jamais entendu ce terme avant hier.
Pourquoi ? Parce que ce concept se dissous plus vite qu'une aspirine dans un verre d'eau quand on le confronte a la réalité de la génétique. Par conséquent, à quoi bon le nommer/l'étudier lorsque son fondement même s'efface face à l'étude de la génétique elle-même.
Mais donc qu'est-ce que l'essentialisme génétique ? On peut résumer cette croyance ainsi : "les gènes sont à l’origine de notre véritable nature, de l’essence même de notre identité".
Ainsi donc l'essentialisme génétique considère que tout être vivant est la somme de ses gènes.
En particulier nous allons parler :
- d'expression génique (2 à 11)
- de promoteur (12 à 17)
- de plasmide (20 à 29).
Allez-y, prenez le temps de revoir tout ça je vous attends. 3/
Il y a un peu plus d'1 an, j'avais pour projet de faire un Space sur la PCR et la qPCR. Pour ce faire, j'avais préparé un PPT. Malheureusement, le temps et la motivation venant à manquer, je n'ai pas fais aboutir le projet. Aujourd'hui, @VivienMe a suggéré qu'un thread sur la
PCR restait d'utilité. Je vous propose donc de partager ce travail avec vous sous la forme d'un thread.
ATTENTION : Ce thread sera LONG et technique. Il sera partagé en 4 parties:
1 - Bases de biologie cellulaire et moléculaires
2 - PCR
3 - qPCR
4 - qPCR et Biologie médicale
Mon but ici sera de démystifier cette technique afin de la rendre accessible à la compréhension de tous. Le sujet étant long, je ne serai pas en mesure de tout poster aujourd'hui. Le thread se complétera donc au compte goutte au fur et à mesure de mes disponibilités.
Avant de commencer à débunker, il est nécessaire de faire quelques rappels. On va commencer avec l'expression génique. Kékeçé ?
Quand vous achetez une voiture, vous achetez un produit qui a une fonction : vous permettre de vous déplacer facilement sur de longues distances. 2/?
Mais ce produit, cette voiture, n'est pas arrivée entre vos mains par magie, elle a été créée dans une usine. Cette voiture a donc bénéficié d'un lieu de production, elle a bénéficié du savoir accumulé au fil des années par le constructeur pour concevoir des plans, 3/?
Sous ce tweet, j'ai retrouvé un grand nombre d'approximations sur la #PCR qu'il me semble utile de rectifier. Je me fiche complètement du sujet d'origine du tweet, je vais me contenter de citer les réponses et ajouter à chacun un correctif sourcé. 1/?
On commence ici avec ce tweet disant que :
1 - Kary Mullis a créé la PCR en 93 et qu'il a eu le prix Nobel pour ça.
2 - Qu'il aurait affirmé que la PCR ne devrait pas être utilisée pour des tests et sur des virus.
Qu'en est-il réellement ? 2/?
1 - Kary Mullis n'a pas "créé la PCR". Il a simplement eu l'idée d'utiliser des amorces nucléotidiques pour amplifier une région d'ADN voulue.
Par conséquent, oui, l'idée d'origine vient de lui (et on l'en remercie). Mais les témoignages de l'équipe de recherche 3/?
Bon, je vous avoue que je commence à en avoir marre de voir ma TL remplie de #detteimmunitaire. Ça fait des semaines que ça dure et voir ce concept repris à toutes les sauces commence à me faire bouillir. Il est temps que je m’en mêle un peu. 1/?
Je ne serai clairement pas celui qui va mettre fin à la chose, mais puisque je suis en vacances maintenant, j’ai enfin un peu de temps pour vous expliquer en quoi ce concept ne tient pas la route. 2/?
Vous êtes prêts ? Partons tous ensemble pour un merveilleux voyage pour comprendre le fonctionnement du système immunitaire (SI). 3/?